Troisième partie — L’histoire d’Urantia

57. L'Origine d'Urantia

57:0.1 EN OFFRANT, pour les annales d'Urantia, des extraits des archives de Jérusem concernant les antécédents et l'histoire primitive de cette planète, nous avons été invités à évaluer le temps en termes d'usage courant - selon le calendrier actuellement utilisé de trois-cent-soixante-cinq jours un quart et comportant des années bissextiles. En règle générale, nous n'essayerons pas de donner des nombres exacts d'années, bien qu'ils soient connus. Nous utiliserons les nombres entiers les plus voisins, car c'est la meilleure méthode pour présenter ces faits historiques.

57:0.2 Quand nous évoquerons un évènement vieux de un ou deux-millions d'années, nous le daterons de ce nombre d'années comptées en remontant dans le temps, et en prenant pour point de départ les premières décennies du vingtième siècle de l'ère chrétienne. Nous décrirons donc le déroulement de ces évènements lointains selon des périodes arrondies en milliers, en millions et en milliards d'années.

57.1  La Nébuleuse d'Andronover

57:1.1 Urantia a son origine dans votre soleil, et votre soleil est l'un des multiples produits de la nébuleuse d'Andronover, qui fut jadis organisée comme partie composante du pouvoir physique et de la substance matérielle de l'univers local de Nébadon. Et cette grande nébuleuse elle-même prit naissance dans la charge-force universelle de l'espace dans le superunivers d'Orvonton à une époque lointaine, fort lointaine.

57:1.2 Au moment où commence ce récit, les Maitres Organisateurs de Force Primaires du Paradis avaient depuis longtemps la maitrise complète des énergies spatiales qui furent plus tard organisées sous forme de la nébuleuse d'Andronover.

57:1.3 Il y a 987 milliards d'années, l'organisateur de force associé, remplissant alors les fonctions d'inspecteur numéro 811.307 de la série d'Orvonton et qui voyageait hors d'Uversa, rendit compte aux Anciens des Jours que les conditions de l'espace étaient favorables pour inaugurer des phénomènes de matérialisation dans un certain secteur du segment, alors oriental, d'Orvonton.

57:1.4 Il y a 900 milliards d'années, les archives d'Uversa attestent que fut enregistré un permis délivré par le Conseil d'Équilibre d'Uversa au gouvernement du superunivers, autorisant l'envoi d'un organisateur de force et de son personnel dans la région désignée auparavant par l'inspecteur numéro 811.307. Les autorités d'Orvonton chargèrent le premier explorateur de cet univers en puissance d'exécuter l'ordre des Anciens des Jours prévoyant l'organisation d'une nouvelle création matérielle.

57:1.5 L'enregistrement de cette autorisation signifie que l'organisateur de force et son personnel avaient déjà quitté Uversa pour leur long voyage vers le secteur d'espace oriental où, par la suite, ils devaient entreprendre des activités prolongées se terminant par l'émergence d'une nouvelle création physique dans Orvonton.

57:1.6 Il y a 875 milliards d'années, la formation de l'énorme nébuleuse d'Andronover, numéro 876.926, fut dument entreprise. Seule la présence de l'organisateur de force et de son personnel de liaison était nécessaire pour déclencher le tourbillon d'énergie qui devait finalement se transformer en ce vaste cyclone spatial. À la suite du déclenchement de ces rotations nébulaires, les organisateurs de force vivants se retirent tout simplement, perpendiculairement au plan du disque en rotation ; ensuite, les qualités inhérentes à l'énergie assurent l'évolution progressive et ordonnée du nouveau système physique.

57:1.7 À partir de cette époque, l'exposé passe aux agissements des personnalités du superunivers. En réalité, c'est alors que se situe le véritable commencement de l'histoire - à peu près exactement au moment où les organisateurs de force du Paradis s'apprêtent à se retirer après avoir préparé les conditions de l'énergie spatiale pour l'activité des directeurs de pouvoir et des contrôleurs physiques du superunivers d'Orvonton.

57.2  Le Stade Nébulaire Primaire

57:2.1 Toutes les créations matérielles évolutionnaires naissent de nébuleuses gazeuses et circulaires, et toutes ces nébuleuses primaires sont circulaires pendant la première partie de leur existence gazeuse. À mesure qu'elles vieillissent, elles deviennent généralement spirales et, quand leur fonction de formatrices de soleils a terminé son cours, elles prennent souvent la forme finale d'amas d'étoiles ou d'énormes soleils entourés d'un nombre variable de planètes, de satellites et de formations matérielles moindres, ressemblant sous bien des rapports à votre propre minuscule système solaire.

57:2.2 Il y a 800 milliards d'années, la création d'Andronover avait bien pris corps, elle apparaissait comme l'une des magnifiques nébuleuses primaires d'Orvonton. Quand les astronomes des univers voisins observèrent ce phénomène de l'espace, ils y virent très peu de choses susceptibles d'attirer leur attention. Les estimations de gravité faites dans les créations adjacentes indiquaient que des matérialisations spatiales prenaient place dans la région d'Andronover, mais c'était tout.

57:2.3 Il y a 700 milliards d'années, le système d'Andronover atteignit des proportions gigantesques, et des contrôleurs physiques supplémentaires furent envoyés sur neuf créations matérielles environnantes pour fournir leur appui et apporter leur concours aux centres de pouvoir du nouveau système matériel qui évoluait si rapidement. À cette époque lointaine, tous les matériaux légués aux créations subséquentes étaient contenus dans les limites de cette immense roue spatiale qui continuait à tourner et qui, après avoir atteint son diamètre maximum, tournait de plus en plus vite à mesure qu'elle se condensait et se contractait.

57:2.4 Il y a 600 milliards d'années, l'apogée de la période de mobilisation énergétique d'Andronover fut atteint ; la nébuleuse avait acquis son maximum de masse. À ce moment-là, elle était un nuage de gaz circulaire gigantesque d'une forme assez analogue à celle d'un sphéroïde aplati. Ce fut la période initiale de formation différentielle de masse et de variation de vitesse de rotation. La gravité et d'autres influences allaient commencer leur oeuvre de conversion des gaz de l'espace en matière organisée.

57.3  Le Stade Nébulaire Secondaire

57:3.1 L'énorme nébuleuse commença alors à prendre peu à peu la forme spirale et à devenir nettement visible pour les astronomes des univers même lointains. C'est l'histoire naturelle de la plupart des nébuleuses ; avant qu'elles ne commencent à projeter des soleils et n'entreprennent leur tâche de formation d'univers, ces nébuleuses spatiales secondaires sont généralement observées sous l'aspect de phénomènes spiraux.

57:3.2 En observant cette métamorphose de la nébuleuse d'Andronover, les astronomes de cette époque lointaine habitant à proximité virent exactement ce que voient les astronomes du vingtième siècle quand ils tournent leurs télescopes vers l'espace et examinent les nébuleuses spirales actuelles de l'espace extérieur adjacent.

57:3.3 À peu près au moment où le maximum de masse fut atteint, le contrôle de gravité du contenu gazeux commença à faiblir ; il s'ensuivit une phase d'échappement des gaz, le gaz jaillissant sous forme de deux bras gigantesques et distincts qui partirent de deux côtés opposés de la masse-mère. La rotation rapide de l'énorme noyau central donna bientôt un aspect spiroïde aux deux courants de gaz jaillissants. Le refroidissement et la condensation subséquente de portions de ces bras saillants leur donna finalement leur aspect noueux. Ces portions plus denses étaient de vastes systèmes et sous-systèmes de matière physique tourbillonnant dans l'espace au milieu du nuage gazeux de la nébuleuse, tout en restant fermement maintenus sous l'emprise gravitationnelle de la roue mère.

57:3.4 Mais la nébuleuse avait commencée à se contracter, et l'accroissement de sa vitesse de rotation réduisit encore le contrôle de la gravité. Peu après, les régions gazeuses extérieures commencèrent effectivement à échapper à l'emprise immédiate du noyau nébulaire, sortant dans l'espace suivant des circuits de contour irrégulier, revenant aux régions nucléaires pour boucler leurs circuits, et ainsi de suite. Mais ce n'était qu'une phase temporaire de la progression nébulaire. La vitesse toujours croissante du tourbillon devait bientôt lancer dans l'espace d'énormes soleils sur des circuits indépendants.

57:3.5 C'est ce qui se produisit pour Andronover dans des âges extrêmement lointains. La roue d'énergie s'accrut et grandit jusqu'à ce qu'elle eut atteint son maximum d'expansion ; alors, quand la contraction survint, elle tourbillonna de plus en plus vite jusqu'au moment où la phase centrifuge critique fut atteinte et où la grande dislocation commença.

57:3.6 Il y a 500 milliards d'années, le premier soleil d'Andronover naquit. Ce rayon flamboyant échappa à l'emprise de la gravité maternelle et, une fois séparé, se lança dans l'espace vers une aventure indépendante dans le cosmos de la création. Son orbite fut déterminée par le tracé de sa fuite. Les jeunes soleils de ce type deviennent rapidement sphériques et commencent leur longue carrière mouvementée d'étoiles de l'espace. À l'exception des noyaux nébulaires terminaux, la grande majorité des soleils d'Orvonton naquit d'une façon semblable. Ces soleils éjectés passent par diverses périodes d'évolution et de service universel subséquent.

57:3.7 Il y a 400 milliards d'années, la nébuleuse d'Andronover entra dans sa période de recaptation. Beaucoup de petits soleils proches furent recaptés à la suite de l'agrandissement progressif suivi d'une nouvelle condensation du noyau-mère. Bientôt fut inaugurée la phase terminale de condensation nébulaire, période qui précède toujours le fractionnement final de ces immenses agrégats spatiaux d'énergie et de matière.

57:3.8 À peine un million d'années après cette époque, Micaël de Nébadon, un Fils Créateur du Paradis, choisit cette nébuleuse en désintégration pour cadre de son aventure dans la construction d'un univers. Presque immédiatement commença la création des mondes architecturaux de Salvington et des groupes planétaires, sièges des cent constellations. Il fallut presque un million d'années pour achever ces rassemblements de mondes spécialement créés. Les planètes-sièges des systèmes locaux furent construites au cours d'un laps de temps s'étendant de cette époque jusqu'à cinq-milliards d'années environ avant l'ère chrétienne.

57:3.9 Il y a 300 milliards d'années, les circuits solaires d'Andronover étaient bien établis, et le système nébulaire passait par une période transitoire de stabilité physique relative. À peu près à cette époque, l'état-major de Micaël arriva sur Salvington, et le gouvernement d'Uversa, capitale d'Orvonton, reconnut officiellement l'existence physique de l'univers local de Nébadon.

57:3.10 Il y a 200 milliards d'années, la contraction et la condensation d'Andronover progressèrent avec un énorme engendrement de chaleur dans son amas central, ou masse nucléaire. Il apparut de l'espace relatif même dans les régions voisines de la roue mère centrale. Les régions extérieures devenaient plus stables et mieux organisées ; quelques planètes tournant autour des soleils nouveau-nés s'étaient suffisamment refroidies pour convenir à l'implantation de la vie. Les plus anciennes planètes habitées de Nébadon datent de cette époque.

57:3.11 Maintenant, le mécanisme universel parachevé de Nébadon commence à fonctionner pour la première fois, et la création de Micaël est enregistrée sur Uversa en tant qu'univers d'habitation et d'ascension progressive de mortels.

57:3.12 Il y a 100 milliards d'années, la tension de condensation parvint à son apogée sous sa phase nébulaire ; le point maximum de tension calorifique était atteint. Ce stade critique de la lutte entre la chaleur et la gravité dure parfois pendant des âges, mais, tôt ou tard, la chaleur gagne la bataille sur la gravité et la période spectaculaire de la dispersion des soleils commence. Cela marque la fin de la carrière secondaire d'une nébuleuse de l'espace.

57.4  Les Stades Tertiaire et Quaternaire

57:4.1 Le stade primaire d'une nébuleuse est circulaire ; le secondaire est spiral ; le stade tertiaire est celui de la première dispersion des soleils, tandis que le quaternaire comprend le second et dernier cycle de dispersion solaire au cours duquel le noyau-mère finit soit comme amas globulaire, soit comme un soleil solitaire fonctionnant comme centre d'un système solaire terminal.

57:4.2 Il y a 75 milliards d'années, Andronover avait atteint l'apogée de son stade de famille solaire. Ce fut le point culminant de la première période de pertes de soleils. Depuis lors, la plupart de ces soleils sont eux-mêmes entrés en possession de systèmes étendus de planètes, de satellites, d'iles obscures, de comètes, de météores et de nuages de poussière cosmique.

57:4.3 Il y a 50 milliards d'années, la première période de dispersion solaire était achevée ; la nébuleuse terminait rapidement son cycle tertiaire d'existence au cours duquel elle donna naissance à 876.926 systèmes solaires.

57:4.4 L'époque d'il y a 25 milliards d'années fut témoin de l'achèvement du cycle tertiaire de la vie nébulaire, et amena l'organisation et la stabilisation relative des immenses systèmes stellaires dérivés de la nébuleuse ancestrale. Mais le phénomène de contraction physique et de production de chaleur accrue se poursuivit dans la masse centrale du résidu nébulaire.

57:4.5 Il y a 10 milliards d'années commença le cycle quaternaire d'Andronover. Le maximum de température de la masse nucléaire avait été atteint ; le point critique de condensation approchait. Le noyau-mère originel se convulsait sous la pression conjuguée de la tension de condensation de sa propre chaleur interne et de l'effet de marée croissant de l'essaim environnant de systèmes solaires libérés. Les éruptions nucléaires qui devaient inaugurer le second cycle nébulaire de dispersion solaire étaient imminentes. Le cycle quaternaire de l'existence nébulaire allait commencer.

57:4.6 Il y a 8 milliards d'années débuta la colossale éruption terminale. Seuls les systèmes extérieurs sont à l'abri au moment d'un tel bouleversement cosmique. Et ce fut le commencement de la fin de la nébuleuse. Ce dégorgement final de soleils s'étendit sur une période de presque deux milliards d'années.

57:4.7 L'époque d'il y a 7 milliards d'années fut témoin de l'apogée de la dislocation finale d'Andronover. Ce fut la période où naquirent les plus grands soleils terminaux et où les perturbations physiques locales atteignirent leur maximum.

57:4.8 L'époque d'il y a 6 milliards d'années marque la fin de la dislocation terminale et la naissance de votre soleil, le cinquante-sixième avant-dernier de la seconde famille solaire d'Andronover. L'éruption finale du noyau nébulaire engendra 136.702 soleils, la plupart d'entre eux étant des globes solitaires. Le nombre total de soleils et de systèmes solaires issus de la nébuleuse d'Andronover fut de 1.013.628. Le soleil de notre système solaire porte le numéro 1.013.572.

57:4.9 Désormais, la grande nébuleuse d'Andronover n'existe plus, mais elle vit toujours dans les nombreux soleils et les familles planétaires qui ont leur origine dans ce nuage-mère de l'espace. Le dernier résidu nucléaire de cette magnifique nébuleuse brule encore avec une lueur rougeâtre et continue à répandre une lumière et une chaleur modérées sur sa famille planétaire résiduaire de cent-soixante-cinq mondes, qui tournent maintenant autour de cette vénérable mère de deux puissantes générations de monarques de lumière.

57.5  L'Origine de Monmatia - Le Système Solaire d'Urantia

57:5.1 Il y a 5 milliards d'années, votre soleil était un globe incandescent relativement isolé, qui avait recueilli en lui la majeure partie de la matière circulant dans l'espace proche, les résidus du récent bouleversement qui avait accompagné sa naissance.

57:5.2 Aujourd'hui votre soleil a atteint une stabilité relative, mais les cycles de onze ans et demi des taches solaires rappellent qu'il était, dans sa jeunesse, une étoile variable. Durant les premiers temps de votre soleil, la contraction continuelle et l'élévation graduelle de la température qui s'ensuivait provoquèrent d'immenses convulsions à sa surface. Il fallait trois jours et demi à ces soulèvements titanesques pour accomplir un cycle de changements d'éclat. Cet état variable, cette pulsation périodique, rendirent votre soleil extrêmement sensible à certaines influences extérieures qu'il devait bientôt rencontrer.

57:5.3 Ainsi, le cadre de l'espace local était prêt pour l'origine exceptionnelle de Monmatia, nom de la famille planétaire de votre soleil, le système solaire auquel appartient votre monde. Moins de un pour cent des systèmes planétaires d'Orvonton ont eu une origine semblable.

57:5.4 Il y a 4 milliards et demi d'années, l'énorme système d'Angona commença à s'approcher de ce soleil isolé. Le centre de ce grand système était un géant obscur de l'espace, solide, puissamment chargé, et possédant une prodigieuse force d'attraction gravitationnelle.

57:5.5 À mesure qu'Angona s'approchait davantage du soleil, et aux pointes d'expansion des pulsations solaires, des torrents de matière gazeuse étaient projetés dans l'espace comme de gigantesques langues solaires. Au début, ces langues de gaz incandescent retombaient invariablement sur le soleil, mais, à mesure qu'Angona se rapprochait, l'attraction gravitationnelle de ce gigantesque visiteur devint si forte que les langues de gaz se brisèrent en certains points, les racines retombant sur le soleil tandis que les parties extérieures s'en détachaient pour former des corps matériels indépendants, des météorites solaires, qui se mettaient immédiatement à tourner autour du soleil sur leur propre orbite elliptique.

57:5.6 À mesure que le système d'Angona se rapprochait, les épanchements solaires devinrent de plus en plus importants ; une quantité croissante de matière fut extraite du soleil pour former des corps indépendants circulant dans l'espace environnant. Cette situation se développa pendant environ cinq-cent-mille ans, jusqu'à ce qu'Angona eût atteint son point le plus rapproché du soleil ; sur quoi, en conjonction avec une de ses convulsions internes périodiques, le soleil subit une dislocation partielle. Aux antipodes l'un de l'autre et simultanément, d'énormes volumes de matière se dégorgèrent. Du côté d'Angona une grande colonne de gaz solaires fut attirée ; ses deux extrémités étaient plutôt effilées et son centre nettement renflé ; elle échappa définitivement au contrôle gravitationnel immédiat du soleil.

57:5.7 Cette grande colonne de gaz solaires, ainsi séparée du soleil, évolua ensuite en formant les douze planètes du système solaire. Le gaz éjecté par contre-coup du côté opposé du soleil, en synchronisme cyclique avec la gigantesque protubérance ancestrale du système planétaire, s'est condensé depuis lors en formant les météores et la poussière spatiale du système solaire. Toutefois, une grande, une très grande quantité de cette matière fut recaptée ultérieurement par la gravité solaire à mesure que le système d'Angona s'éloignait dans les profondeurs de l'espace.

57:5.8 Bien qu'Angona ait réussi à arracher les matériaux ancestraux des planètes du système solaire et l'énorme volume de matière qui circule maintenant autour du soleil sous forme d'astéroïdes et de météores, il ne parvint pas à s'emparer lui-même d'une partie quelconque de cette matière solaire. Le système visiteur ne passa pas tout à fait assez près pour dérober la moindre substance au soleil, mais il s'en approcha suffisamment pour attirer dans l'espace intermédiaire toute la matière composant le système planétaire présent.

57:5.9 Les cinq planètes intérieures et les cinq planètes extérieures se formèrent bientôt en miniature à partir des noyaux en voie de refroidissement et de condensation dans les extrémités effilées et moins volumineuses de la gigantesque protubérance de gravité qu'Angona avait réussi à détacher du soleil, tandis que Saturne et Jupiter se formèrent à partir des portions centrales plus volumineuses et plus renflées. La puissante attraction gravitationnelle de Jupiter et de Saturne capta bientôt la plupart des matériaux dérobés à Angona, comme l'atteste le mouvement rétrograde de certains de leurs satellites.

57:5.10 Jupiter et Saturne, du fait qu'ils avaient tiré leur origine du centre même de l'énorme colonne de gaz solaires surchauffés, contenaient tellement de matériaux solaires à haute température qu'ils brillaient d'une lumière éclatante et émettaient d'énormes quantités de chaleur ; ils furent en réalité des soleils secondaires durant une brève période qui suivit leur formation en tant que corps spatiaux distincts. Ces deux planètes, les plus grosses du système solaire, sont restées largement gazeuses jusqu'à ce jour, n'ayant même pas encore refroidi au point de se solidifier ou de se condenser complètement.

57:5.11 Les noyaux de contraction gazeuse des dix autres planètes atteignirent bientôt le stade de la solidification, et commencèrent ainsi à attirer à eux des quantités croissantes de la matière météorique circulant dans l'espace environnant. Les mondes du système solaire eurent donc une double origine : des noyaux de condensation gazeuse, accrus plus tard par la capture d'énormes quantités de météores. Ils continuent du reste à capter des météores, mais en beaucoup moins grand nombre.

57:5.12 Les planètes ne tournent pas autour du soleil dans le plan équatorial de leur mère solaire, ce qu'elles feraient si elles avaient été rejetées par la rotation du soleil. Elles circulent plutôt dans le plan de la protubérance solaire causée par Angona, plan qui formait un angle accentué avec celui de l'équateur solaire.

57:5.13 Alors que Angona fut incapable de capter la moindre partie de la masse solaire, votre soleil, lui, ajouta à sa famille de planètes en cours de métamorphose certains matériaux circulant dans l'orbite du système visiteur. Vu l'intensité du champ gravitationnel d'Angona, les planètes tributaires de sa famille décrivaient leurs orbites à une distance considérable du géant obscur. Peu après l'épanchement de la masse ancestrale de votre système planétaire, et tandis qu'Angona était encore à proximité du soleil, trois planètes majeures du systèmes d'Angona passèrent si près de cet ancêtre massif du système solaire que son attraction gravitationnelle, augmentée de celle du soleil, fut suffisante pour l'emporter sur l'emprise de gravité d'Angona et pour détacher définitivement ces trois tributaires du vagabond céleste.

57:5.14 Tous les matériaux du système solaire dérivés du soleil circulaient originellement sur des orbites de direction homogène. Sans l'intrusion de ces trois corps spatiaux étrangers, tous les matériaux du système solaire auraient toujours gardé la même direction de mouvement orbital. Quoi qu'il en soit, l'impact des trois tributaires d'Angona injecta dans le système solaire émergent de nouvelles forces directionnelles d'origine étrangère, d'où l'apparition de mouvement rétrograde. Dans tout système astronomique, le mouvement rétrograde est toujours accidentel et apparaît toujours à la suite de l'impact dû à la collision de corps spatiaux étrangers. De telles collisions ne produisent pas toujours un mouvement rétrograde, mais nul mouvement rétrograde n'apparaît jamais ailleurs que dans un système contenant des masses d'origines diverses.

57.6  Le Stade du Système Solaire - L'Ère de Formation des Planètes

57:6.1 Une période de diminution des décharges solaires suivit la naissance du système solaire. Durant une autre période de cinq-cent-mille ans, le soleil continua à déverser des volumes décroissants de matière dans l'espace environnant. Mais, à cette époque primitive des orbites erratiques, quand les corps environnants se trouvaient à leur périhélie, l'ancêtre solaire était capable de recapter une grande partie de ces matériaux météoriques.

57:6.2 Les planètes les plus proches du soleil furent les premières à avoir leur rotation ralentie par les frictions dues aux effets de marée. Ces influences gravitationnelles contribuent également à stabiliser les orbites planétaires en freinant le rythme de rotation des planètes sur elles-mêmes ; de ce fait, les planètes tournent de plus en plus lentement jusqu'à ce que leur rotation axiale s'arrête. Cela laisse un hémisphère de la planète constamment tourné du côté du soleil ou du corps le plus grand, comme le montrent les exemples de la planète Mercure et de la Lune, cette dernière présentant toujours la même face à Urantia.

57:6.3 Quand les frictions dues aux effets de marée de la Lune et de la Terre seront égalisées, la Terre présentera toujours le même hémisphère à la Lune. Le jour et le mois seront analogues - d'une durée d'environ 47 jours terrestres. Quand cette stabilité des orbites sera atteinte, les frictions dues aux effets de marée agiront en sens inverse, cessant d'écarter la Lune de la Terre et attirant au contraire progressivement le satellite vers la planète. Alors, dans le lointain futur où la Lune se rapprochera à environ dix-huit-mille kilomètres de la Terre, l'action gravitationnelle de cette dernière provoquera la dislocation de la Lune, et cette explosion de gravité due aux effets de marée réduira la Lune en petites particules. Celles-ci pourront se rassembler autour du monde sous forme d'anneaux de matière semblables à ceux de Saturne ou être attirées progressivement sur Urantia sous forme de météores.

57:6.4 Si des corps spatiaux ont la même taille et la même densité, des collisions peuvent se produire. Mais, si deux corps spatiaux de densité semblable ont une taille relativement inégale, quand le plus petit se rapproche progressivement du plus grand, le plus petit se désintègre dès que le rayon de son orbite devient inférieur à deux fois et demie le rayon du corps le plus grand. En fait, les collisions entre géants de l'espace sont rares, mais ces explosions dues à des effets de marée gravitationnelle des corps plus petits sont fréquentes.

57:6.5 Les étoiles filantes se manifestent en essaims parce qu'elles sont des fragments de corps matériels disloqués par la gravité due aux effets de marée exercée par des corps spatiaux voisins et plus grands. Les anneaux de Saturne sont les fragments d'un satellite désintégré. L'une des lunes de Jupiter s'approche maintenant dangereusement de la zone critique de dislocation due aux effets de marée ; d'ici quelques millions d'années, elle sera soit réclamée par la planète, soit soumise à la désintégration par la gravité due aux effets de marée. Il y a longtemps, très longtemps, la cinquième planète de votre système solaire parcourait une orbite irrégulière, s'approchant périodiquement de plus en plus de Jupiter, elle finit par entrer dans la zone critique de désintégration gravitationnelle due aux effets de marée. Elle fut alors rapidement fragmentée et devint l'essaim actuel des astéroïdes.

57:6.6 Il y a 4 milliards d'années eut lieu l'organisation des systèmes de Jupiter et de Saturne sous une forme très semblable à celle d'aujourd'hui, sauf pour leurs lunes dont la taille continua de croitre pendant plusieurs milliards d'années. En fait, toutes les planètes et tous les satellites du système solaire s'accroissent encore aujourd'hui par des captures météoriques continuelles.

57:6.7 Il y a 3 milliards et demi d'années, les noyaux de condensation des dix autres planètes étaient bien formés, et ceux de la plupart des lunes étaient intacts, bien que plusieurs petits satellites se soient ensuite réunis pour former les plus grosses lunes d'aujourd'hui. On peut considérer cet âge comme l'ère de l'assemblage planétaire.

57:6.8 Il y a 3 milliards d'années, le système solaire fonctionnait à peu près comme aujourd'hui. La taille de ses membres continuait à croitre à mesure que les météores spatiaux affluaient à une cadence prodigieuse sur les planètes et sur leurs satellites.

57:6.9 Vers cette époque, votre système solaire fut inscrit sur le registre physique de Nébadon et reçut le nom de Monmatia.

57:6.10 Il y a 2 milliards et demi d'années, la taille des planètes avait immensément grandi. Urantia était une sphère bien développée ; elle avait environ un dixième de sa masse actuelle et s'accroissait toujours rapidement par absorption de météores.

57:6.11 Toute cette prodigieuse activité fait normalement partie de l'édification d'un monde évolutionnaire de l'ordre d'Urantia ; elle constitue les préliminaires astronomiques de la mise en scène permettant le début de l'évolution physique de tels mondes spatiaux qui se préparent aux aventures de vie du temps.

57.7  L'Ère Météorique - L'Ère Volcanique (L'Atmosphère Planétaire Primitive)

57:7.1 Durant toute cette époque primitive, les régions spatiales du système solaire fourmillaient de petits corps formés par fragmentation et condensation. Faute d'une atmosphère protectrice pour les comburer, ces corps spatiaux s'écrasaient directement sur la surface d'Urantia. Ces impacts incessants maintenaient la surface de la planète plus ou moins chaude, et ce phénomène, s'ajoutant à l'action croissante de la gravité à mesure que la planète grossissait, commença à mettre en oeuvre les influences qui amenèrent progressivement les éléments lourds, tels que le fer, à s'accumuler de plus en plus vers le centre de la planète.

57:7.2 Il y a 2 milliards d'années, la Terre commença nettement à gagner sur la Lune. La planète avait toujours été plus grosse que son satellite, mais il n'y avait pas une telle différence de taille avant cette époque au cours de laquelle d'énormes corps spatiaux furent captés par la Terre. Urantia avait alors environ un cinquième de sa taille actuelle et était devenue assez grande pour retenir l'atmosphère primitive qui avait commencé à apparaître par suite du conflit élémental entre l'intérieur chauffé et la croute en voie de refroidissement.

57:7.3 L'activité volcanique proprement dite date de ces temps-là. La chaleur interne de la Terre continua d'augmenter par suite de l'ensevelissement toujours plus profond des éléments radioactifs lourds apportés de l'espace par les météores. L'étude de ces éléments radioactifs révélera que la surface d'Urantia est vieille de plus d'un milliard d'années. L'horloge du radium est votre indicateur le plus fiable pour évaluer scientifiquement l'âge de la planète, mais toutes ces estimations sont trop faibles, parce que les matériaux radioactifs disponibles pour votre enquête viennent tous de la surface terrestre et représentent donc des acquisitions relativement récentes d'Urantia dans ce domaine.

57:7.4 Il y a un milliard et demi d'années, la Terre avait les deux tiers de sa taille actuelle, tandis que la Lune approchait de sa masse présente. L'avance rapide de la Terre sur la Lune quant à la taille lui permit de dérober lentement le peu d'atmosphère que son satellite possédait à l'origine.

57:7.5 L'activité volcanique est alors à son apogée. La Terre entière est un véritable enfer de feu ; sa surface ressemble à celle de son état primitif de fusion avant que les métaux lourds n'aient gravité vers le centre. C'est l'ère volcanique. Néanmoins, une croute, constituée principalement de granit relativement plus léger, se forme progressivement. La scène se prépare pour que la planète puisse un jour entretenir la vie.

57:7.6 L'atmosphère planétaire primitive évolue lentement ; elle contient maintenant une certaine quantité de vapeur d'eau, de l'oxyde de carbone, du gaz carbonique et du gaz chlorhydrique, mais il y a peu ou pas d'azote libre et d'oxygène libre. L'atmosphère d'un monde à l'âge volcanique présente un spectacle étrange. En plus des gaz énumérés, elle est lourdement chargée de nombreux gaz volcaniques. En outre, à mesure que la ceinture atmosphérique se forme, il s'y ajoute les produits de combustion des abondantes pluies de météorites qui s'abattent constamment sur la surface de la planète. Cette combustion des météores maintient l'oxygène atmosphérique à un niveau proche de l'épuisement, et le rythme des bombardements météoriques est encore prodigieux.

57:7.7 Bientôt l'atmosphère devint plus stable et assez refroidie pour déclencher des précipitations de pluie sur la surface rocheuse brulante de la planète. Pendant des milliers d'années, Urantia fut enveloppée dans une immense couche continue de vapeur. Et, au cours de ces âges, le soleil ne brilla jamais sur la surface de la terre.

57:7.8 Une grande partie du carbone de l'atmosphère en fut soustraite pour former les carbonates des différents métaux qui abondaient dans les couches superficielles de la planète. Plus tard, de beaucoup plus grandes quantités de ces gaz carbonés furent consommées par la vie prolifique des premiers végétaux.

57:7.9 Même au cours des périodes ultérieures, les coulées de lave persistantes et les chutes de météores épuisèrent presque complètement l'oxygène de l'air. Même les premiers dépôts de l'océan primitif qui apparaît bientôt ne contiennent ni pierres colorées ni schistes. Après l'apparition de cet océan, il n'y eut pendant longtemps pratiquement pas d'oxygène libre dans l'atmosphère, et il n'en apparut pas en quantité notable avant que les algues marines et d'autres formes de vie végétale ne l'eussent ultérieurement engendré.

57:7.10 L'atmosphère planétaire primitive de l'âge volcanique offre peu de protection contre les impacts dus aux collisions des essaims météoriques. Des millions et des millions de météores peuvent pénétrer la couche d'air et venir s'écraser sous forme de corps solides sur la croute planétaire. Mais, à mesure que le temps passe, il y a de moins en moins de météores assez gros pour résister au bouclier de friction atmosphérique constamment renforcé par l'enrichissement en oxygène des ères plus tardives.

57.8  Stabilisation de la Croute Terrestre - L'Âge des Tremblements de Terre (L'Océan Mondial et le Premier Continent)

57:8.1 La date du commencement effectif de l'histoire d'Urantia se situe il y a un milliard d'années. La planète avait atteint approximativement sa taille actuelle. À peu près à cette époque, elle fut inscrite sur les registres physiques de Nébadon et reçut son nom d'Urantia.

57:8.2 L'atmosphère ainsi que d'incessantes précipitations d'humidité facilitèrent le refroidissement de la croute terrestre. L'action volcanique équilibra de bonne heure la pression calorifique interne et la contraction de la croute. Puis les volcans diminuèrent rapidement et les tremblements de terre firent leur apparition, tandis que l'époque d'adaptation et de refroidissement de la croute progressait.

57:8.3 La véritable histoire géologique d'Urantia commence au moment où la croute terrestre est assez froide pour provoquer la formation du premier océan. Une fois que la condensation de la vapeur d'eau à la surface de la terre en cours de refroidissement eut commencé, elle continua jusqu'à devenir pratiquement complète. Vers la fin de cette période, l'océan recouvrait toute la surface de la planète sur une profondeur moyenne de près de deux kilomètres. Les marées jouaient alors presque comme aujourd'hui, mais l'océan primitif n'était pas salé ; il formait pratiquement un revêtement d'eau douce sur l'ensemble du monde. À cette époque, la majeure partie du chlore était combinée avec divers métaux, mais il y avait assez de chlore combiné avec de l'hydrogène pour rendre cette eau légèrement acidulée.

57:8.4 Au début de cette ère lointaine, il faut considérer Urantia comme une planète entourée d'eau. Plus tard, des coulées de lave d'origine plus profonde, donc plus dense, débouchèrent sur le fond de ce qui est présentement l'Océan Pacifique, et cette partie de la surface recouverte d'eau s'enfonça considérablement. La première masse de sol continental émergea de l'océan mondial pour rétablir l'équilibre et compenser l'épaississement progressif de la croute terrestre.

57:8.5 Il y a 950 millions d'années, Urantia offre l'image d'un grand continent unique entouré d'une vaste nappe d'eau, l'Océan Pacifique. Les volcans sont toujours très nombreux et les tremblements de terre sont à la fois fréquents et violents. Les météores continuent à bombarder la terre, mais ils diminuent à la fois de fréquence et de grosseur. L'atmosphère se clarifie, mais la quantité de gaz carbonique continue à être importante. La croute terrestre se stabilise progressivement.

57:8.6 C'est à cette époque qu'Urantia fut rattachée au système de Satania pour son administration planétaire et inscrite sur le registre de vie de la constellation de Norlatiadek. Alors commença la reconnaissance administrative de la petite sphère insignifiante destinée à devenir la planète sur laquelle Micaël se lancerait ultérieurement dans sa prodigieuse entreprise d'effusion de mortel et participerait aux expériences qui, depuis lors, ont fait connaître localement Urantia sous le nom de « monde de la croix » .

57:8.7 Il y a 900 millions d'années, on vit arriver sur Urantia le premier groupe de reconnaissance de Satania envoyé de Jérusem pour examiner la planète et faire un rapport sur ses possibilités d'adaptation comme station expérimentale de vie. Cette commission comportait vingt-quatre membres et comprenait des Porteurs de Vie, des Fils Lanonandeks, des Melchizédeks, des séraphins et d'autres ordres de vie céleste s'occupant de l'organisation et de l'administration initiales des planètes.

57:8.8 Après une étude soigneuse de la planète, cette commission revint à Jérusem et fit au Souverain du Système un rapport favorable, recommandant d'inscrire Urantia sur le registre d'expérience de la vie. Votre monde fut donc enregistré à Jérusem comme planète décimale, et l'on notifia aux Porteurs de Vie qu'ils recevraient la permission d'instituer de nouveaux modèles de mobilisation mécanique, chimique et électrique au moment de leur arrivée ultérieure avec des ordres pour transplanter et implanter la vie.

57:8.9 En temps voulu, des mesures pour occuper la planète furent prises par la commission mixte des douze sur Jérusem et approuvées par la commission planétaire des soixante-dix sur Édentia. Ces plans proposés par le conseil consultatif des Porteurs de Vie furent définitivement acceptés sur Salvington. Bientôt après, des télédiffusions de Nébadon transmirent la nouvelle qu'Urantia deviendrait le cadre où les Porteurs de Vie exécuteraient, dans Satania, leur soixantième expérience conçue pour amplifier et améliorer le type satanien des modèles de vie de Nébadon.

57:8.10 Peu après que les télédiffusions universelles eurent pour la première fois reconnu Urantia devant tout Nébadon, on lui accorda le plein statut de cet univers. Bientôt après, elle fut enregistrée dans les archives des planètes-sièges du secteur mineur et du secteur majeur du superunivers ; et, avant la fin de cet âge, Urantia avait été inscrite sur le registre de la vie planétaire d'Uversa.

57:8.11 Cet âge tout entier fut caractérisé par des orages violents et fréquents. La croute terrestre primitive était dans un état de flux continuel. Le refroidissement superficiel alternait avec d'immenses flots de lave. Nulle part sur la face de notre monde on ne peut trouver le moindre vestige de cette croute planétaire originelle. Elle a été mélangée trop de fois avec des laves issues des grandes profondeurs et des dépôts ultérieurs de l'océan mondial primitif.

57:8.12 Les résidus modifiés de ces anciennes roches préocéaniques ne se trouvent nulle part, à la surface d'Urantia, en plus grande abondance qu'au nord-est du Canada, autour de la Baie d'Hudson. Ce vaste plateau granitique est composé d'une roche appartenant aux âges préocéaniques. Ces couches rocheuses ont été chauffées, courbées, plissées, froissées, et ont subi maintes et maintes fois ces expériences métamorphiques déformantes.

57:8.13 Tout au long des âges océaniques, d'énormes couches rocheuses stratifiées dépourvues de fossiles se déposèrent sur le fond de cet océan ancien. (Le calcaire peut se former à la suite d'une précipitation chimique ; les calcaires anciens n'ont pas tous été produits par des dépôts de vie marine). On ne trouvera aucune trace de vie dans ces antiques formations rocheuses ; elles ne contiennent pas de fossiles à moins que des dépôts ultérieurs, datant des âges aquatiques, ne se soient mélangés par hasard avec ces couches plus anciennes, antérieures à la vie.

57:8.14 La croute terrestre primitive était fort instable, mais les montagnes n'étaient pas en cours de formation. La planète se contractait sous la pression de la gravité à mesure qu'elle se formait. Les montagnes ne résultent pas de l'effondrement de la croute en voie de refroidissement d'une sphère en contraction ; elles apparaissent plus tard sous l'action de la pluie, de la gravité et de l'érosion.

57:8.15 La masse continentale de cette ère s'accrut jusqu'à couvrir presque dix pour cent de la surface terrestre. Les tremblements de terre violents ne commencèrent pas avant que la masse continentale n'eût émergé bien au-dessus de l'eau. Une fois qu'ils eurent commencé, ils augmentèrent en violence et en fréquence pendant des âges. Depuis bien des millions d'années, les tremblements de terre diminuent, mais Urantia en subit encore une moyenne de quinze par jour.

57:8.16 Il y a 850 millions d'années commença véritablement la première époque de stabilisation de la croute terrestre. La plupart des métaux lourds s'étaient fixés vers le centre du globe, et la croute en voie de refroidissement avait cessé de s'effondrer sur une échelle aussi étendue qu'au cours des âges antérieurs. Un meilleur équilibre s'était établi entre les extrusions de terres et le fond plus dense de l'océan. Sous la croute terrestre, le flux de lave s'étendait à peu près dans le monde entier, ce qui compensait et stabilisait les fluctuations dues au refroidissement, à la contraction et aux glissements superficiels.

57:8.17 La fréquence et la violence des éruptions volcaniques et des tremblements de terre continuèrent à diminuer. L'atmosphère s'épurait des gaz volcaniques et de la vapeur d'eau, mais le pourcentage de gaz carbonique restait élevé.

57:8.18 Les perturbations électriques décroissaient aussi dans l'air et dans la terre. Les coulées de lave avaient amené à la surface un mélange d'éléments qui diversifièrent la croute et isolèrent mieux la planète contre certaines énergies spatiales. Tout ceci contribua beaucoup à faciliter le contrôle de l'énergie terrestre et à régulariser son flux, comme le révèle le fonctionnement des pôles magnétiques.

57:8.19 Il y a 800 millions d'années, on assista à l'inauguration de la première grande époque des terres émergées, l'âge de l'émergence continentale accrue.

57:8.20 Depuis la condensation de l'hydrosphère de la terre, d'abord dans l'océan mondial, puis dans l'Océan Pacifique, il faut se représenter que cette dernière masse d'eau couvrait les neuf dixièmes de la surface terrestre. Les météores qui tombaient dans la mer s'accumulaient au fond de l'océan, car ils sont généralement composés de matériaux denses. Ceux qui tombaient sur le sol furent fortement oxydés, puis usés par l'érosion et enfin entrainés dans les bassins océaniques. Le fond de l'océan devint ainsi de plus en plus lourd, d'autant plus qu'il s'y ajoutait le poids d'une masse d'eau profonde de seize kilomètres à certains endroits.

57:8.21 La pesée croissante qui approfondissait l'Océan Pacifique continua d'agir pour surélever les masses terrestres continentales. L'Europe et l'Afrique commencèrent à émerger des profondeur du Pacifique en même temps que les masses appelées maintenant Australie, Amérique du Nord et du Sud, et Continent Antarctique, tandis que le lit de l'Océan Pacifique continuait à s'enfoncer pour compenser ce mouvement. À la fin de cette période, les terres émergées constituaient presque un tiers de la surface du globe et ne formaient qu'une seule masse continentale.

57:8.22 Cet accroissement de l'élévation des terres entraina les premières différences climatiques de la planète. Élévation du sol, nuages cosmiques et influences océaniques sont les principaux facteurs des fluctuations climatiques. L'arête de la masse continentale asiatique atteignit une hauteur de presque quinze mille mètres lors de l'apogée de l'émergence du sol. S'il y avait eu beaucoup d'humidité dans l'air flottant au-dessus de ces régions très élevées, d'énormes couches de glace se seraient formées et l'âge glaciaire serait arrivé beaucoup plus tôt. Plusieurs centaines de millions d'années s'écoulèrent avant que d'aussi grandes masses continentales ne réapparaissent au-dessus des eaux.

57:8.23 Il y a 750 millions d'années, les premières brèches commencèrent à apparaître dans la masse continentale sous la forme du grand affaissement Nord-Sud qui fut plus tard comblé par les eaux de l'océan. Ces brèches préparèrent la voie à la dérive vers l'ouest des continents de l'Amérique du Nord et du Sud, y compris le Groenland. La longue faille Est-Ouest sépara l'Afrique de l'Europe et détacha du continent asiatique les masses de terre de l'Australie, des Iles du Pacifique et de l'Antarctique.

57:8.24 Il y a 700 millions d'années, Urantia s'approchait des conditions de maturité nécessaire pour entretenir la vie. La dérive continentale se poursuivait ; l'océan pénétrait de plus en plus dans les terres sous forme de longs bras de mer fournissant les eaux peu profondes et les baies abritées qui conviennent si bien comme habitat pour la vie marine.

57:8.25 L'époque d'il y a 650 millions d'années fut témoin d'une nouvelle scission des masses terrestres et, par conséquent, d'une nouvelle extension des mers continentales. Et ces eaux atteignirent rapidement le degré de salinité indispensable à la vie sur Urantia.

57:8.26 Ce sont ces mers et celles qui leur succédèrent qui établirent les annales de la vie d'Urantia, telles qu'on les découvrit par la suite dans des pages de pierres bien conservées, volume après volume, tandis que les ères succédaient aux ères et que les âges s'écoulaient. Ces mers intérieures des temps anciens furent vraiment le berceau de l'évolution.

57:8.27 [Présenté par un Porteur de Vie, membre du Corps originel d'Urantia, et maintenant observateur résident.]

58. L'Établissement de la Vie sur Urantia

58:0.1 IL N'EXISTE dans tout Satania que soixante et un mondes semblables à Urantia - des planètes où la vie est modifiée. Les mondes habités sont en majorité peuplés suivant des techniques établies ; sur ces sphères, les Porteurs de Vie n'ont guère la faculté de s'écarter de leurs plans pour l'implantation de la vie. Mais environ un monde sur dix est désigné comme planète décimale et inscrit sur le registre spécial des Porteurs de Vie. Sur ces planètes, on nous permet d'entreprendre certaines expériences sur la vie pour essayer de modifier, ou peut-être d'améliorer, les types courants d'êtres vivants de notre univers.

58.1  Conditions Préalables à la Vie Physique

58:1.1 Il y a 600 millions d'années, la commission des Porteurs de Vie envoyée de Jérusem arriva sur Urantia et commença l'étude des conditions physiques préparatoires à la promotion de la vie sur le monde numéro 606 du système de Satania. Ceci devait être notre six-cent-sixième expérience d'inauguration des modèles vitaux de Nébadon dans Satania, et notre soixantième occasion d'introduire des changements et d'instituer des modifications dans les types de vie standards et fondamentaux de l'univers local.

58:1.2 Il convient de préciser que les Porteurs de Vie ne peuvent pas promouvoir la vie avant qu'une sphère ne soit mure pour l'inauguration du cycle évolutionnaire. Nous ne pouvons pas davantage provoquer un développement de la vie plus rapide que ce qui peut être supporté et assimilé par le progrès physique de la planète.

58:1.3 Les Porteurs de Vie de Satania avaient projeté un modèle de vie au chlorure de sodium ; aucune mesure ne pouvait donc être prise pour l'implanter avant que les eaux de l'océan ne soient devenues suffisamment saumâtres. Le type de protoplasme d'Urantia ne peut fonctionner que dans une solution convenablement salée. Toute la vie ancestrale - végétale et animale - a évolué dans un habitat de solution salée. Même les animaux terrestres les plus hautement organisés ne pourraient continuer à vivre si cette solution salée essentielle ne circulait pas à travers leur corps dans le courant sanguin qui baigne largement jusqu'à la plus minuscule cellule vivante et l'immerge littéralement dans cette « onde amère » .

58:1.4 Vos ancêtres primitifs se déplaçaient librement dans l'océan salé ; aujourd'hui, cette même solution salée semblable à l'océan circule librement dans votre corps. Elle baigne individuellement chaque cellule dans un liquide chimique comparable, sur tous les points essentiels, à l'eau salée qui stimula les premières réactions protoplasmiques des premières cellules vivantes qui fonctionnèrent sur la planète.

58:1.5 Mais, au moment où cette ère commence, Urantia évolue de toutes les manières vers un état favorable à l'entretien des formes initiales de la vie marine. Lentement mais sûrement, les développements physiques sur terre et dans les régions adjacentes de l'espace préparent le cadre pour des tentatives ultérieures destinées à établir certaines formes de vie, celles dont nous avions décidé qu'elles seraient les mieux adaptées au milieu physique en voie de développement aussi bien sur terre que dans l'espace.

58:1.6 Ensuite la commission satanienne des Porteurs de Vie retourna sur Jérusem, car elle préférait attendre de nouvelles dislocations de la masse continentale, qui fourniraient encore plus de mers intérieures et de baies abritées, avant de commencer effectivement l'implantation de la vie.

58:1.7 Sur une planète où la vie a une origine marine, les conditions idéales pour l'implantation de la vie sont offertes par un grand nombre de mers intérieures et par un long littoral d'eaux peu profondes et de baies abritées ; et, justement, les eaux de votre planète se répartissaient rapidement de cette façon. Ces anciennes mers intérieures avaient rarement plus de cent-cinquante à deux-cents mètres de profondeur, et la lumière solaire peut pénétrer l'eau de l'océan au delà de deux cents mètres.

58:1.8 Ce fut à partir de ces rivages que, dans des climats doux et réguliers d'un âge ultérieur, la vie végétale primitive parvint jusqu'à la terre. La forte teneur en carbone de l'atmosphère offrait aux nouvelles variétés de vie terrestre l'occasion de croitre rapidement et avec luxuriance. Bien que cette atmosphère fût alors idéale pour la croissance des plantes, elle contenait tellement de gaz carbonique que nul animal, et encore moins les hommes, n'auraient pu vivre à la surface de la terre.

58.2  L'Atmosphère d'Urantia

58:2.1 L'atmosphère planétaire laisse filtrer jusqu'à la terre environ un deux-milliardième de l'émanation lumineuse totale du soleil. Si la lumière tombant sur l'Amérique du Nord était payée au taux de deux « cents » par kilowatt-heure, la facture annuelle de la lumière dépasserait 800 millions de milliards de dollars. La facture de la lumière solaire pour Chicago se monterait à bien plus de 100 millions de dollars par jour. Et il ne faut pas oublier que vous recevez du soleil d'autres formes d'énergie, car la lumière n'est pas la seule contribution solaire qui atteigne votre atmosphère. De vastes énergies solaires se déversent sur Urantia en utilisant des longueurs d'onde qui s'étendent à la fois au-dessus et au-dessous du champ de perception de la vision humaine.

58:2.2 L'atmosphère terrestre est presque opaque pour beaucoup de radiations solaires de l'extrémité ultraviolette du spectre. La plupart de ces ondes courtes sont absorbées par une couche atmosphérique continue contenant de l'ozone. Cette couche commence à environ seize kilomètres de la surface de la terre et s'étend vers l'espace sur seize autres kilomètres. Si l'ozone en suspension dans cette région de l'atmosphère se trouvait à la pression qui règne à la surface de la terre, il formerait une couche n'ayant que deux millimètres et demi d'épaisseur. Cette quantité d'ozone relativement faible et apparemment insignifiante protège néanmoins les habitants d'Urantia de l'excès de ces dangereuses et destructrices radiations ultraviolettes présentes dans la lumière du soleil. Mais, si cette couche d'ozone était un tout petit peu plus épaisse, vous seriez privés de ces rayons ultraviolets fort importants et vivifiants qui atteignent actuellement la surface terrestre et sont à l'origine de l'une de vos vitamines parmi les plus essentielles.

58:2.3 Malgré tout, certains des moins imaginatifs de vos mécanistes mortels s'obstinent à considérer la création matérielle et l'évolution humaine comme un accident. Les médians d'Urantia ont rassemblé plus de cinquante-mille faits physiques et chimiques qu'ils jugent incompatibles avec les lois du hasard et qui, d'après eux, démontrent de façon irréfutable la présence d'un dessein intelligent dans la création matérielle. Tout ceci ne tient pas compte de leur catalogue de plus de cent-mille constatations extérieures au domaine de la physique et de la chimie, et qui, affirment-ils, prouve la présence d'un mental dans le plan, la création et l'entretien du cosmos matériel.

58:2.4 Votre soleil déverse un véritable déluge de rayons meurtriers, et la vie agréable que vous menez sur Urantia est due à l'influence « fortuite » de plus de quarante phénomènes protecteurs apparemment accidentels et semblables à l'action de cette couche d'ozone très spéciale.

58:2.5 S'il n'y avait pas l'effet « d'édredon » de l'atmosphère pendant la nuit, la chaleur se perdrait si rapidement par rayonnement qu'il serait impossible de maintenir la vie sans dispositions artificielles.

58:2.6 Les huit ou dix premiers kilomètres de l'atmosphère terrestre constituent la troposphère ; c'est la région des vents et des courants aériens qui produisent les phénomènes météorologiques. Au-dessus de cette région se trouve l'ionosphère interne et immédiatement au-dessus, la stratosphère. Quand on s'élève en partant de la surface de la terre, la température décroit progressivement sur dix à douze kilomètres ; à cette altitude, elle accuse environ 56o centigrades au-dessous de zéro. Cette gamme de températures de 54o à 56o centigrades au-dessous de zéro reste ensuite inchangée pendant que l'on s'élève de soixante-cinq kilomètres ; cette zone de température constante est la stratosphère. À une altitude de soixante-dix ou quatre-vingt kilomètres, la température commence à s'élever, et cette hausse se poursuit jusqu'au niveau des aurores boréales où règne une température de 650o ; c'est cette chaleur intense qui ionise l'oxygène. Mais la température dans une atmosphère aussi raréfiée n'est guère comparable à l'évaluation de la chaleur à la surface de la terre. Rappelez-vous que la moitié de votre atmosphère est concentrée dans les premiers cinq-mille mètres d'altitude. L'épaisseur de l'atmosphère de la terre est indiquée par les plus hautes flèches lumineuses d'aurores boréales - environ six-cent-cinquante kilomètres.

58:2.7 Les phénomènes d'aurores boréales sont directement reliés aux taches du soleil, ces cyclones qui tourbillonnent dans des directions opposées au-dessus et au-dessous de l'équateur solaire, tout comme les ouragans tropicaux d'Urantia tournent en sens inverse selon qu'ils se produisent au-dessus ou au-dessous de l'équateur terrestre.

58:2.8 Le pouvoir qu'ont les taches du soleil de modifier les fréquences de la lumière montre que les foyers d'orages solaires fonctionnent comme d'énormes aimants. Ces champs magnétiques sont capables d'arracher des particules chargées aux cratères des taches solaires et de les projeter dans l'espace jusqu'à l'atmosphère externe de la Terre où leur influence ionisante produit des déploiements spectaculaires d'aurores boréales. C'est pourquoi les plus importants phénomènes de ce genre ont lieu quand les taches du soleil sont à leur apogée - ou peu après - et à ce moment-là les taches solaires sont généralement situées près de l'équateur.

58:2.9 Même l'aiguille de la boussole est sensible à l'influence du soleil, puisqu'elle s'incline légèrement vers l'est au lever du soleil, et légèrement vers l'ouest quand il est près de se coucher. Ce phénomène se produit chaque jour, mais, au moment de l'apogée cyclique des taches solaires, la variation de l'aiguille aimantée est deux fois plus importante. Ces déviations diurnes anormales de la boussole correspondent à un accroissement de l'ionisation de l'atmosphère supérieure produit par la lumière solaire.

58:2.10 C'est la présence de deux niveaux différents de régions conductrices électrisées qui permet la transmission à longue distance de vos émissions de radio sur ondes courtes et longues. Vos transmissions sont parfois troublées par les formidables orages qui se déchainent de temps à autre dans les zones de ces ionosphères externes.

58.3  Le Milieu Spatial

58:3.1 Durant les premiers temps de la matérialisation d'un univers, les régions de l'espace sont parsemées de vastes nuages d'hydrogène, très semblables aux nuages astronomiques de poussière qui caractérisent maintenant beaucoup de régions de l'espace lointain. Une grande partie de la matière organisée que les soleils ardents désagrègent et dispersent sous forme d'énergie rayonnante fut accumulée à l'origine dans ces nuages spatiaux d'hydrogène qui apparurent de très bonne heure. Dans certaines conditions inhabituelles, la désintégration des atomes a lieu également au centre des grandes masses d'hydrogène. De même que dans les nébuleuses extrêmement chaudes, tous ces phénomènes de constitution et de désagrégation atomique comportent l'émission d'un flot de rayons spatiaux d'énergie radiante à courte longueur d'onde. Ces diverses radiations sont accompagnées d'une forme d'énergie spatiale inconnue sur Urantia.

58:3.2 Cette charge d'énergie à courte longueur d'onde de l'espace universel est quatre-cent fois plus intense que toutes les autres formes d'énergie radiantes existant dans les domaines organisés de l'espace. L'émission des rayons spatiaux courts, qu'ils viennent de nébuleuses flamboyantes, de champs électriques à haute tension, de l'espace extérieur ou des vastes nuages de poussière d'hydrogène, est modifiée qualitativement et quantitativement par les fluctuations et les changements soudains de la température, de la gravité et des pressions électroniques.

58:3.3 Ces variations dans l'origine des rayons de l'espace sont déterminées par de nombreux phénomènes cosmiques aussi bien que par les orbites de la matière circulante, qui varient entre des formes presque circulaires et des ellipses extrêmement allongées. Les conditions physiques peuvent aussi être grandement modifiées du fait que les électrons tournent parfois en sens inverse de la matière plus dense, même à l'intérieur de la même zone physique.

58:3.4 Les immenses nuages d'hydrogène sont de véritables laboratoires cosmiques de chimie et abritent toutes les phases de l'évolution de l'énergie et de la métamorphose de la matière. De puissantes activités énergétiques s'exercent également dans les gaz marginaux des grandes étoiles doubles qui se chevauchent si fréquemment et, par conséquent, se mélangent largement. Mais aucune de ces activités énergétiques énormes et très étendues de l'espace n'exerce la moindre influence sur les phénomènes de la vie organisée - le plasma germinatif de tout le vivant. Ces conditions énergétiques de l'espace sont en rapport avec le milieu essentiel pour établir la vie, mais sont sans effet sur les modifications subséquentes des facteurs transmissibles du plasma germinatif, contrairement à certains rayons à plus grande longueur d'onde d'énergie radiante. La vie implantée par les Porteurs de Vie résiste entièrement à tout cet étonnant rayonnement d'énergie universelle à courte longueur d'onde.

58:3.5 Il fallait que toutes ces conditions cosmiques essentielles aient évolué vers un statut favorable avant que les Porteurs de Vie puissent commencer effectivement à établir la vie sur Urantia.

58.4  L'Ère de l'Aurore de la Vie

58:4.1 Le fait que nous soyons appelés Porteurs de Vie ne doit pas vous déconcerter. Nous pouvons apporter la vie aux planètes et nous le faisons, mais nous n'avons pas apporté la vie sur Urantia. La vie sur Urantia est unique et a son origine sur cette planète. Cette sphère est un monde modificateur de vie ; toute la vie qui y apparaît a été élaborée par nous ici même sur cette planète ; il n'y a pas d'autre monde dans tout Satania, ni même dans tout Nébadon, où la vie existe de manière exactement semblable à celle d'Urantia.

58:4.2 Il y a 550 millions d'années, le corps des Porteurs de Vie revint sur Urantia. En coopération avec des puissances spirituelles et avec des forces supraphysiques, nous organisâmes et inaugurâmes les modèles originels de vie de ce monde, et nous les implantâmes dans les eaux hospitalières du royaume. Toute la vie planétaire (à l'exception des personnalités extraplanétaires) qui exista jusqu'à l'époque de Caligastia, le Prince Planétaire, est issue de nos trois implantations de vie marine originelles, identiques et simultanées. Ces trois implantations de vie ont été dénommées : la centrale ou Eurasienne-Africaine, l'orientale ou Australasienne, et l'occidentale, englobant le Groenland et les Amériques.

58:4.3 Il y a 500 millions d'années, la vie végétale primitive des mers était bien établie sur Urantia. Le Groenland et la masse des terres arctiques, ainsi que l'Amérique du Nord et du Sud, commençaient leur longue et lente dérive vers l'ouest. L'Afrique se déplaçait légèrement vers le sud, créant une cuvette Est-Ouest, le Bassin Méditerranéen, entre elle-même et le continent mère. L'Antarctique, l'Australie et la terre marquée par les iles du Pacifique se détachèrent au sud et à l'est, et ont considérablement dérivé depuis lors.

58:4.4 Nous, les Porteurs de Vie, nous avions implanté la forme primitive de vie marine dans les baies tropicales abritées des mers centrales de la faille Est-Ouest produite par la dislocation de la masse continentale. En faisant trois implantations de vie marine, notre but était de nous assurer que chaque grande masse continentale emporterait cette vie avec elle dans ses eaux marines chaudes, quand, plus tard, les terres se scinderaient. Nous prévoyions que de vastes océans sépareraient les masses continentales en dérive au cours de l'ère suivante où la vie terrestre émergerait.

58.5  La Dérive Continentale

58:5.1 La dérive continentale continuait. Le noyau terrestre était devenu aussi dense et rigide que l'acier, car il était soumis à une pression de l'ordre de 3.500 tonnes par centimètre carré ; du fait de l'énorme pression de la gravité, il était et est encore très chaud dans ses profondeurs. La température s'accroit en descendant jusqu'à devenir, au centre de la Terre, légèrement supérieure à la température superficielle du soleil.

58:5.2 Dans ses mille-six-cents kilomètres extérieurs, la masse terrestre est principalement constituée par différentes sortes de roches. Au-dessous se trouvent les éléments métalliques plus concentrés et plus lourds. Tout au long des âges primitifs préatmosphériques, du fait de son état de fusion et de chaleur intense, le monde était presque fluide, si bien que les métaux plus lourds s'enfoncèrent profondément à l'intérieur. Ceux que l'on trouve aujourd'hui près de la surface représentent des extrusions de volcans anciens, d'importantes coulées de lave ultérieures et des dépôts météoriques plus récents.

58:5.3 La croute extérieure avait une épaisseur d'environ soixante-cinq kilomètres. Cette coquille reposait directement sur un support constitué par une mer de basalte en fusion d'une épaisseur variable ; cette couche mobile de lave en fusion était maintenue sous forte pression, mais tendait sans cesse à s'écouler çà et là pour équilibrer les déplacements des pressions planétaires tendant ainsi à stabiliser la croute terrestre.

58:5.4 Aujourd'hui encore, les continents flottent sur le coussin non cristallisé de cette mer de basalte en fusion. Si ce phénomène protecteur n'existait pas, les tremblements de terre les plus violents réduiraient littéralement le monde en pièces. Les tremblements de terre sont dus au glissement et aux déplacements de la croute externe solide, et non aux volcans.

58:5.5 Une fois refroidies, les couches de lave de la croute terrestre forment du granit. La densité moyenne d'Urantia est légèrement supérieure à cinq fois et demie celle de l'eau. La densité du granit est inférieure à trois fois celle de l'eau. Le noyau terrestre est douze fois plus dense que l'eau.

58:5.6 Les fonds marins sont plus denses que les masses continentales, ce qui a pour effet de maintenir les continents au-dessus de l'eau. Quand les fonds marins sont refoulés au-dessus du niveau de la mer, on s'aperçoit qu'ils sont constitués en majeure partie de basalte, forme de lave considérablement plus dense que le granit des masses continentales. D'ailleurs, si les continents n'étaient pas plus légers que le fond des océans, la gravité ferait remonter le bord des océans sur la terre, mais on n'observe pas un tel phénomène.

58:5.7 Le poids des océans contribue aussi à accroitre la pression exercée sur le fond des mers. Les fonds océaniques plus bas, mais comparativement plus lourds, et l'eau qui les recouvre ont un poids voisin de celui des continents, plus élevés mais beaucoup plus légers. Tous les continents tendent pourtant à glisser dans les océans. La pression continentale au niveau des fonds océaniques est d'environ 1.300 kilogrammes par centimètre carré. Cela correspond à la pression d'une masse continentale s'élevant à 5.000 mètres au-dessus du fond de l'océan. La pression de l'eau sur ce fond n'est que d'environ 350 kilogrammes par centimètre carré. Ces pressions différentielles tendent à faire glisser les continents vers le fond des océans.

58:5.8 L'affaissement du fond de l'océan au cours des âges antérieurs à la vie avait élevé une masse continentale solitaire à une hauteur telle qu'il en résulta une forte poussée latérale. Celle-ci tendit à faire glisser vers le bas les rivages orientaux, occidentaux et méridionaux du continent sur les lits sous-jacents de laves semi-visqueuses et jusque dans les eaux environnantes de l'Océan Pacifique. Ce phénomène compensa si parfaitement la pression continentale qu'il ne se produisit pas de large faille sur la rive orientale de cet ancien continent asiatique. Mais, depuis lors, son littoral oriental a toujours été suspendu au-dessus du précipice des profondeurs océaniques qui le bordent et menace encore de glisser dans une tombe marine.

58.6  La Période de Transition

58:6.1 Il y a 450 millions d'années, la transition de la vie végétale à la vie animale se produisit. Cette métamorphose prit place dans les eaux peu profondes des baies et des lagunes tropicales abritées situées sur les longs rivages des continents en train de se séparer. Ce phénomène, entièrement inhérent aux modèles de vie originels, eut lieu progressivement. De nombreux stades de transition intervinrent entre les formes primitives de la vie végétale et les organismes animaux ultérieurs bien définis. Des empreintes limoneuses de transition existent encore aujourd'hui, et il est difficile de les rattacher au règne végétal ou au règne animal.

58:6.2 On peut suivre à la trace l'évolution de la vie végétale à la vie animale, et l'on trouve des séries échelonnées de plantes et d'animaux qui conduisent progressivement des organismes les plus simples aux plus complexes et aux plus évolués. Par contre, vous ne pourrez pas trouver de traits d'union semblables entre les grandes divisions du règne animal, ni entre les types les plus évolués d'animaux préhumains et les hommes de l'aurore des races humaines. Ces soi-disant « chainons manquants » manqueront toujours, pour la simple raison qu'ils n'ont jamais existé.

58:6.3 Des espèces radicalement nouvelles de vie animale surgissent d'une ère à l'autre. Ce n'est pas par suite d'une accumulation progressive de petites variations qu'elles évoluent ; elles surgissent comme ordres de vie nouveaux et parachevés, et apparaissent soudainement.

58:6.4 L'apparition soudaine de nouvelles espèces et d'ordres diversifiés d'organismes vivants est un phénomène entièrement biologique et strictement naturel. Ces mutations génétiques n'ont rien de surnaturel.

58:6.5 Quand les océans eurent un degré de salinité convenable, la vie animale évolua ; il fut relativement simple de faire circuler les eaux saumâtres dans le corps des animaux marins. Mais, lorsque les océans se concentrèrent et que leur teneur en sel augmenta considérablement ces mêmes animaux acquirent par évolution la faculté de réduire la salinité de leurs fluides corporels. Il en fut exactement de même pour les organismes qui apprirent à vivre dans l'eau douce en acquérant la faculté de conserver à leurs fluides corporels une teneur convenable en chlorure de sodium au moyen de techniques ingénieuses de conservation du sel.

58:6.6 L'étude des fossiles marins incrustés dans les roches révèle les luttes ancestrales de ces organismes primitifs pour s'adapter. Les plantes et les animaux ne cessent jamais de faire ces expériences d'adaptation. L'environnement est en perpétuelle modification et les organismes vivants s'efforcent toujours de s'adapter à ces incessantes fluctuations.

58:6.7 L'équipement physiologique et la structure anatomique de tous les nouveaux ordres de vie correspondent à l'action de lois physiques, mais le don subséquent du mental est une effusion des esprits-mentaux adjuvats en rapport avec la capacité innée du cerveau. Bien que n'étant pas une évolution physique, le mental dépend entièrement de la capacité du cerveau obtenue par des développements purement physiques et évolutionnaires.

58:6.8 À travers des cycles presque interminables de gains et de pertes, d'adaptations et de réadaptations, tous les organismes vivants progressent ou régressent d'âge en âge. Ceux qui atteignent l'unité cosmique demeurent, tandis que ceux qui ne parviennent pas à ce but cessent d'exister.

58.7  Le Livre de l'Histoire Géologique

58:7.1 Le vaste ensemble de systèmes rocheux qui constitua la croute externe du monde pendant l'ère de l'aurore de la vie, ou ère Protérozoïque, n'apparaît plus maintenant qu'en peu de points de la surface terrestre. Et, quand il émerge à travers tous les sédiments des âges suivants, on n'y trouve que les restes fossiles de la vie végétale et de la vie animale très primitive. Certaines roches anciennes déposées par les eaux sont mêlées à des couches plus récentes et présentent parfois des restes fossiles de quelques formes antérieures de la vie végétale, alors qu'on peut trouver à l'occasion, dans les couches supérieures, quelques formes plus anciennes des organismes animaux de la vie marine primitive. On rencontre en beaucoup d'endroits les couches rocheuses stratifiées très anciennes qui contiennent des fossiles de la vie marine primitive, tant végétale qu'animale, directement au-dessus de la pierre plus ancienne et indifférenciée.

58:7.2 Les fossiles de cette ère comprennent des algues, des plantes comparables au corail, des protozoaires primitifs et des organismes de transition qui ressemblent aux éponges. Mais l'absence de ces fossiles dans les couches rocheuses primitives ne prouve pas nécessairement que des organismes vivants n'existaient pas ailleurs au moment où elles se sont déposées. La vie fut clairsemée tout au long de ces temps primitifs, et c'est lentement qu'elle fit son chemin à la surface de la terre.

58:7.3 Les roches de cet âge ancien affleurent maintenant ou sont près d'affleurer sur un huitième environ des continents actuellement émergés. L'épaisseur moyenne de cette pierre de transition formant les plus anciennes couches rocheuses stratifiées est d'environ 2.500 mètres. En certains points, l'épaisseur de ces systèmes rocheux anciens atteint 6.500 mètres, mais nombre de couches attribuées à cette ère appartiennent à des périodes plus récentes.

58:7.4 En Amérique du Nord, la couche ancienne et primitive de roches fossilifères affleure à la surface des régions orientales, centrales et septentrionales du Canada. Cette roche apparaît également le long d'une arête Est-Ouest intermittente qui s'étend de la Pennsylvanie et des montagnes anciennes de l'Adirondack en direction de l'ouest par le Michigan, le Wisconsin et le Minnesota. D'autres arêtes s'étendent de Terre-Neuve à l'Alabama et de l'Alaska au Mexique.

58:7.5 Les roches de cette ère sont apparentes çà et là sur l'ensemble du monde, mais il n'y en a pas de plus faciles à interpréter que celles des environs du Lac Supérieur et du Grand Canyon du Colorado, où elles existent en plusieurs couches fossilifères primitives et témoignent des soulèvements et des fluctuations superficielles de ces temps reculés.

58:7.6 Cette couche de pierre, la plus ancienne strate fossilifère de la croute terrestre, a été écrasée, pliée et capricieusement plissée par les effets des tremblements de terre et des volcans primitifs. Les coulées de lave de cette époque firent remonter beaucoup de fer, de cuivre et de plomb près de la surface de la terre.

58:7.7 Il existe peu d'endroits sur la planète où ces activités soient inscrites de façon plus imagée que dans la vallée de Sainte-Croix, dans le Wisconsin. Dans cette région, cent-vingt-sept coulées de lave successives se sont répandues sur le sol qui a été ensuite submergé par les eaux puis recouvert d'un dépôt rocheux. Bien qu'une grande partie de la sédimentation rocheuse supérieure et des coulées de lave intermittentes fassent aujourd'hui défaut et que la partie inférieure du système soit profondément ensevelie dans le sol, environ soixante-cinq ou soixante-dix de ces archives stratifiées des âges passés sont maintenant exposées à la vue.

58:7.8 En ces âges lointains, le niveau d'une grande partie des terres était voisin de celui des mers, de sorte que les plaines furent successivement submergées et découvertes un grand nombre de fois. La croute terrestre entrait juste dans sa dernière période de stabilisation relative. Les ondulations, exhaussements et affaissements provoqués par la dérive continentale antérieure contribuèrent à la fréquence des submergences périodiques des grandes masses continentales.

58:7.9 Au cours de ces temps de la vie marine primitive, d'importantes étendues du rivage continental s'enfoncèrent dans les mers sur des profondeurs allant de quelques mètres à huit-cents mètres. Une grande partie des grès et des conglomérats anciens correspond aux accumulations sédimentaires de ces rivages antiques. Les roches sédimentaires appartenant à cette stratification primitive reposent directement sur des couches datant de bien avant l'origine de la vie et remontant à la première apparition de l'océan mondial.

58:7.10 Certaines couches supérieures de ces dépôts rocheux de transition contiennent de petites quantités de schistes ou d'ardoises de couleur sombre, qui révèlent la présence de carbone organique et témoignent de l'existence des ancêtres des formes de vie végétale qui envahirent la terre au cours de l'âge suivant appelé âge Carbonifère ou âge du charbon. Une grande partie du cuivre contenu dans ces couches rocheuses a été déposée par les eaux. On en trouve parfois dans les fissures des roches plus anciennes ; il vient de la concentration des eaux marécageuses stagnantes d'un ancien littoral abrité. Les mines de fer d'Amérique du Nord et d'Europe sont situées dans des dépôts et des extrusions qui s'étendent en partie dans les roches anciennes non stratifiées, et en partie dans les roches stratifiées plus récentes des périodes transitoires de formation de la vie.

58:7.11 Cette ère témoigne de l'expansion de la vie dans toutes les eaux du monde ; la vie marine est désormais bien établie sur Urantia. Le fond des mers intérieures étendues et peu profondes est progressivement envahi par une profusion de végétation luxuriante, tandis que les eaux du littoral fourmillent des formes simples de la vie animale.

58:7.12 Toute cette histoire est racontée de façon imagée dans les pages fossiles de l'immense « livre de pierre » des archives du monde. Les pages de ces gigantesques archives biogéologiques vous diront infailliblement la vérité à condition d'acquérir l'habileté à les interpréter. Beaucoup de ces anciens fonds marins sont maintenant exhaussés bien au-dessus du niveau de la mer, et leurs dépôts racontent d'âge en âge l'histoire des luttes pour la vie au cours de ces temps primitifs. Comme votre poète l'a dit, il est littéralement vrai que « la poussière que nous foulons fut jadis vivante » .

58:7.13 [Présenté par un membre du Corps des Porteurs de Vie d'Urantia, résidant présentement sur la planète.]

59. L'Ère de la Vie Marine sur Urantia

59:0.1 NOUS ESTIMONS que l'histoire d'Urantia commença il y a environ un milliard d'années et qu'elle s'étend sur cinq ères majeures :

59:0.2 1. L'ère de la prévie comprend les premiers 450 millions d'années, à peu près depuis le moment où la planète atteignit sa taille actuelle jusqu'au moment de l'établissement de la vie. Vos savants appellent cette période Archéozoïque.

59:0.3 2. L'ère de l'aurore de la vie s'étend ensuite sur 150 millions d'années. Cette époque se place entre l'âge précédent, âge de la prévie ou des cataclysmes, et la période suivante de vie marine plus hautement développée. Cette ère est connue de vos chercheurs sous le nom de Protérozoïque.

59:0.4 3. L'ère de la vie marine couvre les 250 millions d'années suivantes ; elle vous est surtout connue sous le nom de Paléozoïque.

59:0.5 4. L'ère de la vie terrestre primitive s'étend sur les 100 millions d'années suivantes et s'appelle Mésozoïque.

59:0.6 5. L'ère des mammifères occupe les derniers 50 millions d'années. Ces temps récents sont connus sous le nom de Cénozoïques.

59:0.7 L'ère de la vie marine couvre donc environ un quart de l'histoire de votre planète. On peut la subdiviser en six longues périodes, caractérisées chacune par certains développements bien définis, tant dans les domaines géologiques que biologiques.

59:0.8 Au moment où commence cette ère, les fonds marins, les grandes plates-formes continentales et les nombreux bassins littoraux peu profonds sont couverts d'une végétation prolifique. Les formes primitives les plus simples de la vie animale se sont déjà développées à partir des organismes végétaux précédents, et les organismes animaux primitifs ont progressivement fait leur chemin le long des rivages étendus des différentes masses continentales jusqu'à ce que les nombreuses mers intérieures fourmillent de vie marine primitive. Fort peu de ces organismes primitifs avaient des coquilles, très peu ont donc été conservés par fossilisation. Néanmoins, la scène était prête pour les premiers chapitres du grand « livre de pierre » consacré à la préservation des annales de la vie, que les âges suivants rédigeront si méthodiquement.

59:0.9 Le continent de l'Amérique du Nord possède de merveilleuses richesses en dépôts fossiles couvrant toute l'ère de la vie marine. Les premières et plus anciennes couches sont séparées des dernières strates de la période précédente par de grands dépôts dus à l'érosion, qui divisent nettement ces deux stades du développement planétaire.

59.1  La Vie Marine Primitive dans les Mers peu Profondes -
L'Âge des Trilobites

59:1.1 À l'aube de cette période, la surface terrestre jouit d'un calme relatif, et la vie est confinée dans les différentes mers intérieures et le long des rivages océaniques ; pour le moment, aucune forme d'organisme terrestre n'est encore apparue. Les animaux marins primitifs sont bien établis et prêts pour le prochain développement évolutionnaire. Les amibes, qui avaient fait leur apparition vers la fin de la période de transition précédente, sont des survivants typiques de ce stade initial de la vie animale.

59:1.2 Il y a 400 millions d'années, la vie marine, tant végétale qu'animale, est assez bien répartie sur l'ensemble du monde. Le climat mondial se réchauffe légèrement et devient plus régulier. Il se produit une inondation générale des rivages des différents continents, en particulier de l'Amérique du Nord et du Sud. De nouveaux océans apparaissent et les masses d'eau plus anciennes s'agrandissent considérablement.

59:1.3 Pour la première fois, la végétation monte en rampant sur la terre ferme, et son adaptation à un habitat non marin y fait bientôt des progrès considérables.

59:1.4 Soudain, et sans gradation ancestrale, les premiers animaux multicellulaires font leur apparition. Les trilobites sont apparus et, pendant des âges, ils dominent les mers. Du point de vue de la vie marine, c'est l'âge des trilobites.

59:1.5 Vers la fin de cette période, une grande partie de l'Amérique du Nord et de l'Europe émergea de la mer. La croute terrestre était temporairement stabilisée ; des montagnes, ou plutôt des hautes terres, surgirent le long des côtes de l'Atlantique et du Pacifique, dans les Antilles et dans le Sud de l'Europe. Toute la région des Caraïbes se trouva considérablement exhaussée.

59:1.6 Il y a 390 millions d'années, les continents se dressaient toujours. On peut trouver, dans certaines parties de l'Est et de l'Ouest de l'Amérique et de l'Europe occidentale, les strates rocheuses déposées à cette époque ; ce sont les plus anciennes roches contenant des fossiles de trilobites. Ces roches fossilifères se déposèrent dans les longs et nombreux bras de mer qui s'enfonçaient profondément à l'intérieur des masses continentales.

59:1.7 Au bout de quelques millions d'années, l'Océan Pacifique commença à envahir les continents américains. L'affaissement des terres fut principalement causé par une adaptation de la croute, bien que l'expansion latérale des terres, ou cheminement continental, ait également joué son rôle.

59:1.8 Il y a 380 millions d'années, l'Asie s'affaissait, tandis que tous les autres continents subissaient une émergence de courte durée. Au cours du progrès de cette époque, l'Océan Atlantique nouvellement apparu fit de grandes incursions sur tous les littoraux avoisinants. L'Atlantique Nord, ou mers arctiques, était alors relié aux eaux du Golfe méridional. Lorsque cette mer du Sud pénétra dans la cuvette Appalachienne, ses vagues s'écrasèrent à l'est contre des montagnes aussi hautes que les Alpes ; mais en général les continents étaient formés de basses terres sans intérêt, totalement dépourvues de beauté naturelle.

59:1.9 Les dépôts sédimentaires de ces âges sont de quatre sortes :

59:1.10 1. Des conglomérats - matériaux déposés près du littoral.

59:1.11 2. Des grès - formés dans des eaux peu profondes dont les vagues étaient pourtant assez fortes pour empêcher la boue de se déposer.

59:1.12 3. Des schistes - déposés dans des eaux plus profondes et plus calmes.

59:1.13 4. Des calcaires - comprenant les dépôts de coquilles de triobites en eau profonde.

59:1.14 Les fossiles de trilobites de cette époque présentent à la fois une certaine uniformité fondamentale et des variantes bien marquées. Les animaux primitifs qui évoluèrent à partir des trois implantations originelles de vie étaient caractéristiques ; ceux qui apparurent dans l'hémisphère occidental étaient légèrement différents de ceux du groupe eurasien et du type australasien ou australien-antarctique.

59:1.15 Il y a 370 millions d'années se produisit la grande inondation qui submergea presque entièrement l'Amérique du Nord et du Sud, et fut suivie par l'effondrement de l'Afrique et de l'Australie. Seules certaines parties de l'Amérique du Nord émergeaient de ces mers cambriennes peu profondes. Cinq-millions d'années plus tard, les mers se retiraient devant l'élévation des terres émergentes. Aucun de ces phénomènes d'affaissement et d'élévation des terres ne fut spectaculaire, car ils s'effectuèrent lentement au cours de millions d'années.

59:1.16 Les couches fossilifères de cette époque, contenant des trilobites, affleurent çà et là dans tous les continents, sauf en Asie Centrale. Ces roches sont horizontales dans beaucoup de régions, mais, dans les montagnes, elles sont inclinées et tordues du fait de la pression et du plissement. En bien des endroits, cette pression a modifié le caractère originel des dépôts. Le grès a été transformé en quartz, les schistes changés en ardoises et le calcaire converti en marbre.

59:1.17 Il y a 360 millions d'années, la terre continuait à s'élever. L'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud étaient nettement au-dessus de l'eau. L'Europe Occidentale et les Iles Britanniques étaient en train d'émerger, à l'exception de quelques parties du pays de Galles qui étaient profondément immergées. Il n'y eut pas de grandes couches de glace pendant ces époques. Les dépôts présumés glaciaires, dont l'apparition est liée à ces couches en Europe, en Afrique, en Chine et en Australie, sont dus à des glaciers de montagne isolés ou à des déplacements de débris glaciaires d'origine plus récente. Le climat mondial était océanique et non continental. Les mers équatoriales étaient plus chaudes qu'aujourd'hui et s'étendaient vers le nord par-dessus l'Amérique du Nord jusqu'aux régions polaires. Le Gulf-Stream parcourait la partie centrale de l'Amérique du Nord et déviait vers l'est pour baigner et réchauffer les rives du Groenland, faisant de ce continent, aujourd'hui couvert d'un manteau de glace, un véritable paradis tropical.

59:1.18 La vie marine était presque uniforme sur l'ensemble du monde et consistait en algues, en organismes unicellulaires, en éponges simples, en trilobites et autres crustacés - crevettes, crabes et homards. Trois mille variétés de brachiopodes, dont deux cents seulement ont survécu, apparurent à la fin de cette période. Ces animaux représentent une variété de la vie primitive qui est parvenue jusqu'à l'époque actuelle pratiquement sans changement.

59:1.19 Mais les trilobites dominaient parmi les créatures vivantes. C'étaient des animaux sexués existant sous de nombreuses formes ; mauvais nageurs, ils flottaient paresseusement dans l'eau ou rampaient le long des fonds marins ; ils s'enroulaient pour se protéger contre les attaques de leurs ennemis apparus plus tardivement. Ils atteignaient une longueur de cinq à trente centimètres et se divisèrent en quatre groupes distincts : carnivores, herbivores, omnivores et « mangeurs de boue » . La faculté qu'avaient ces derniers de se nourrir en grande partie de matières inorganiques - ils furent les derniers animaux multicellulaires à la posséder - explique leur multiplication et leur longue survie.

59:1.20 Tel était le tableau biogéologique d'Urantia à la fin de cette longue période de l'histoire du monde qui embrasse cinquante-millions d'années et qui est appelée Cambrienne par vos géologues.

59.2  Le Stade de la Première Inondation des Continents -
L'Âge des Invertébrés

59:2.1 Les phénomènes périodiques d'élévation et d'affaissement du sol qui caractérisèrent cette époque se produisirent tous progressivement et sans rien de spectaculaire, l'activité volcanique concomitante étant infime ou nulle. Pendant toutes ces élévations et dépressions successives, le continent-mère asiatique ne partagea pas complètement le sort des autres masses terrestres. Il subit de nombreuses inondations, s'affaissa dans une direction puis dans une autre, plus particulièrement au cours de son histoire primitive, mais il ne présente pas les dépôts rocheux uniformes que l'on peut découvrir sur les autres continents. Durant les âges récents, l'Asie a été la plus stable de toutes les masses continentales.

59:2.2 Il y a 350 millions d'années commença la grande période d'inondation de tous les continents, sauf de l'Asie Centrale. Les masses terrestres furent recouvertes à maintes reprises par les eaux ; seules les hautes terres littorales demeurèrent au-dessus de ces mers intérieures oscillantes peu profondes, mais très étendues. Trois inondations majeures marquèrent cette période, mais, avant sa fin, les continents surgirent de nouveau, l'émergence terrestre totale dépassant de quinze pour cent celle qui existe actuellement. La région des Caraïbes était très élevée. Cette période ne se discerne pas très bien en Europe du fait que les fluctuations terrestres y furent moindres, tandis que l'activité volcanique y était plus continue.

59:2.3 Il y a 340 millions d'années se produisit un autre affaissement important des terres, sauf en Asie et en Australie. Les eaux des différents océans du monde subirent un brassage général. Ce fut un grand âge de dépôts calcaires, dont une grande partie provenait d'algues sécrétant de la chaux.

59:2.4 Quelques millions d'années plus tard, de vastes portions des continents américain et de l'Europe commencèrent à émerger des eaux. Dans l'hémisphère occidental, seul un bras de l'Océan Pacifique subsista au-dessus du Mexique et de la région des Montagnes Rocheuses actuelles, mais, vers la fin de cette époque, les côtes de l'Atlantique et du Pacifique recommencèrent à s'affaisser.

59:2.5 L'époque d'il y a 330 millions d'années marque le commencement d'une période de calme relatif sur l'ensemble du monde, avec, de nouveau, beaucoup de terres au-dessus des eaux. La seule exception à ce règne de calme terrestre fut l'éruption du grand volcan de l'Amérique du Nord à l'est du Kentucky, une des plus grandes manifestations volcaniques isolées que la Terre ait jamais connues. Les cendres de ce volcan couvrirent une surface de mille-trois-cents kilomètres carrés sur une profondeur de cinq à six mètres.

59:2.6 Il y a 320 millions d'années se produisit la troisième inondation majeure de cette période. Les eaux couvrirent toutes les terres submergées par le précédent déluge et s'étendirent plus loin dans beaucoup de directions sur l'ensemble de l'Amérique et de l'Europe. L'Est de l'Amérique du Nord et l'Europe Occidentale se trouvèrent sous 3.000 à 4.500 mètres d'eau.

59:2.7 Il y a 310 millions d'années, les masses continentales du monde étaient de nouveau bien surélevées, à l'exception des parties méridionales de l'Amérique du Nord. Le Mexique émergea, créant le Golfe des Antilles qui a toujours conservé sa forme depuis lors.

59:2.8 La vie continue d'évoluer pendant cette période. Une fois de plus, le monde est calme et relativement paisible ; le climat reste doux et uniforme ; les plantes terrestres gagnent des zones de plus en plus éloignées du littoral. Les modèles de vie sont bien développés, quoique l'on trouve peu de fossiles végétaux de cette époque.

59:2.9 Ce fut le grand âge de l'évolution des organismes animaux individuels, bien que de nombreux changements fondamentaux, tels que la transition de la plante à l'animal, se fussent produits auparavant. La faune marine se développa au point que tous les types de vie inférieurs aux vertébrés furent représentés parmi les fossiles des roches déposées à cette époque. Mais tous ces animaux étaient des organismes marins. Nul animal terrestre n'était encore apparu, sauf quelques types de vers qui fouissaient le sol le long des côtes maritimes ; les plantes terrestres n'avaient pas non plus couvert les continents. Il y avait encore trop de gaz carbonique dans l'atmosphère pour permettre l'existence des respirateurs d'air. Fondamentalement, tous les animaux, sauf quelques-uns des plus primitifs, dépendent directement ou indirectement de la vie végétale pour leur existence.

59:2.10 Les trilobites prédominaient encore. Ces petits animaux existaient sous des dizaines de milliers de types et furent les prédécesseurs des crustacés modernes. Certains trilobites avaient entre vingt-cinq et quatre-mille petits yeux ou oeillets minuscules, et d'autres avaient des yeux rudimentaires. À la fin de cette période, les trilobites partageaient la domination des mers avec plusieurs autres formes de la vie invertébrée, mais ils disparurent totalement au commencement de la période suivante.

59:2.11 Les algues sécrétant de la chaux étaient largement répandues. Il existait des milliers d'espèces des ancêtres primitifs des coraux. Les vers de mer étaient abondants et il y avait de nombreuses variétés de méduses désormais éteintes. Les coraux et les types ultérieurs d'éponges évoluèrent. Les céphalopodes étaient bien développés ; leurs survivants sont les modernes nautiles flambés, poulpes, seiches et calmars.

59:2.12 Il existait de nombreuses variétés d'animaux à coquilles, mais leurs coques ne leur étaient pas aussi nécessaires pour se défendre que dans les âges suivants. Les gastéropodes étaient présents dans les eaux des mers anciennes ; ils comprenaient des univalves foreurs, des bigorneaux et des escargots. Les gastéropodes bivalves ont traversé pratiquement sans changement, les millions d'années qui nous séparent de cette époque et comprennent les moules, palourdes, huîtres et pétoncles. Les organismes à coquille et à valve évoluèrent également, et ces brachiopodes vécurent dans ces mers anciennes à peu près sous la même forme qu'aujourd'hui ; leur valve était même munie de charnières, de dentelures et d'autres sortes de dispositifs protecteurs.

59:2.13 Ainsi se termine l'histoire évolutionnaire de la seconde grande période de la vie marine connue de vos géologues sous le nom d'Ordovicienne.

59.3  Le Stade de la Seconde Grande Inondation
(La Période du Corail) - L'Âge des Brachiopodes

59:3.1 Il y a 300 millions d'années commença une autre grande période de submersion des terres. La progression des mers siluriennes anciennes vers le nord et vers le sud se préparait à engloutir la majeure partie de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Les terres n'étaient pas très élevées au-dessus du niveau de la mer, si bien qu'il ne se produisit pas de dépôts important près des rivages. Les mers fourmillaient d'animaux à coquilles calcaires, et la chute de ces coquilles sur le fond de la mer provoqua l'accumulation progressive de couches de calcaire très épaisses. Ce fut le premier dépôt calcaire largement répandu ; il couvre pratiquement l'Europe et l'Amérique du Nord tout entières, mais n'apparaît qu'en peu d'endroits à la surface du sol. L'épaisseur moyenne de cette couche rocheuse ancienne est environ trois-cents mètres, mais, en beaucoup d'endroits, ces dépôts ont été grandement déformés depuis lors par des renversements, des soulèvements et des failles, et beaucoup ont été transformés en quartz, en schiste et en marbre.

59:3.2 On ne trouve ni roches ignées ni laves dans les couches rocheuses de cette période, à l'exception de celles des grands volcans du sud de l'Europe et de l'est du Maine, et des coulées de lave du Québec. L'activité volcanique était en grande partie terminée. Ce fut l'apogée des grands dépôts marins, et il ne se forma que très peu de chaines de montagnes.

59:3.3 Il y a 290 millions d'années, les mers s'étaient largement retirées des continents, et les fonds des océans environnants étaient en train de s'affaisser. Les masses continentales changèrent peu, avant d'être de nouveau submergées. Les premiers plissements montagneux commençaient sur tous les continents ; les plus grands soulèvements de la croute furent alors les Himalayas en Asie et les grandes Montagnes Calédoniennes s'étendant de l'Irlande au Spitzberg par l'Écosse.

59:3.4 C'est dans les dépôts de cet âge que se trouve la majeure partie du gaz, du pétrole, du zinc, et du plomb ; le gaz et le pétrole dérivent des énormes accumulations de matériaux végétaux et animaux qui furent déposés au moment de la précédente submersion terrestre, tandis que les dépôts de minerais représentent la sédimentation de masses d'eau stagnantes. Beaucoup de dépôts de sel gemme datent de cette époque.

59:3.5 Les trilobites déclinaient rapidement ; le centre de la scène fut occupé par de plus gros mollusques, les céphalopodes. Ces animaux atteignirent cinq mètres de long sur trente centimètres de diamètre et devinrent les maitres des mers. Cette espèce d'animaux apparut soudainement et domina la vie marine.

59:3.6 La grande activité volcanique de cet âge eut lieu dans le secteur européen. Depuis des millions et des millions d'années, il ne s'était pas produit d'éruptions volcaniques aussi violentes et aussi étendues que celles qui eurent alors lieu autour de la fosse méditerranéenne, et particulièrement au voisinage des Iles Britanniques. La coulée de lave sur la région des Iles Britanniques apparaît aujourd'hui sous forme de couches alternées de lave et de roches d'une épaisseur de huit-mille mètres. Ces roches furent déposées par les coulées de lave intermittentes qui s'étalèrent sur un lit marin peu profond et se mêlèrent ainsi aux dépôts rocheux ; le tout fut ensuite soulevé à une grande altitude au-dessus de la mer. De violents tremblements de terre se produisirent dans le nord de l'Europe, particulièrement en Écosse.

59:3.7 Le climat océanique restait doux et uniforme ; les mers chaudes baignaient les rives des terres polaires. On peut trouver dans leurs dépôts jusqu'au Pôle Nord des fossiles des brachiopodes et autres spécimens de vie marine. Gastéropodes, brachiopodes, éponges et coraux bâtisseurs de récifs continuèrent à se multiplier.

59:3.8 La fin de cette époque est témoin de la seconde avancée des mers siluriennes et d'un nouveau brassage des eaux océaniques du Nord et du Sud. Les céphalopodes dominent la vie marine, tandis que des formes de vie associées se développent et se différencient progressivement.

59:3.9 Il y a 280 millions d'années, les continents avaient largement émergé de la seconde inondation silurienne. Les dépôts rocheux datant de cette submersion sont connus en Amérique du Nord sous le nom de calcaires du Niagara, parce que le Niagara coule maintenant sur une couche de cette roche. Celle-ci s'étend des montagnes de l'Est à la vallée du Mississippi, mais pas plus loin vers l'ouest, sauf au sud. Plusieurs couches recouvrent le Canada, des portions de l'Amérique du Sud, l'Australie et la majeure partie de l'Europe, l'épaisseur moyenne de cette série de couches du Niagara est d'environ deux cents mètres. On trouve, dans beaucoup de régions, juste au-dessus du dépôt de type Niagara, des amas de conglomérats, de schiste et de sel gemme. Ces accumulations sont dues à des affaissements secondaires. Le sel se fixa dans de grandes lagunes alternativement ouvertes sur la mer, puis coupées de la mer, si bien que l'évaporation laissa des dépôts de sel avec d'autres matières qui étaient en solution dans l'eau. Dans certaines régions, les couches de sel gemme atteignent vingt mètres d'épaisseur.

59:3.10 Le climat est doux et régulier, et des fossiles marins se déposent dans les régions arctiques. Mais, à la fin de cette époque, les mers sont tellement salées qu'il y subsiste peu de vie.

59:3.11 Vers la fin de la submersion silurienne finale, les échinodermes - les lis de pierre - se multiplient rapidement ainsi qu'en témoignent les dépôts de calcaire crinoïde. Les trilobites ont presque disparu et les mollusques sont toujours les rois des mers. La formation de récifs coralliens s'accroit fortement. Au cours de cet âge, les scorpions d'eau primitifs se développent pour la première fois dans les sites les plus favorables. Peu après, et soudain, les véritables scorpions - respirant réellement de l'air - font leur apparition.

59:3.12 Ces développements terminent la troisième période de vie marine, qui couvre vingt-cinq-millions d'années et que vos chercheurs appellent Silurienne.

59.4  Le Stade de la Grande Émergence des Terres
(La Période de la Vie Végétale Terrestre) - L'Âge des Poissons

59:4.1 Au cours du combat séculaire entre la terre et l'eau, les mers ont été relativement victorieuses pendant de longues périodes, mais l'heure de la victoire des terres est toute proche. Les dérives continentales qui se sont produites jusque-là ont presque toujours laissé toutes les terres du monde réunies par de minces isthmes et d'étroits ponts de terre.

59:4.2 Quand la terre émerge de la dernière inondation silurienne, une importante période du développement du monde et de l'évolution de la vie prend fin. C'est l'aurore d'un nouvel âge sur terre. Le paysage nu et sans attrait des temps passés commence à se couvrir d'une verdure luxuriante, et les premières grandes forêts magnifiques sont sur le point d'apparaître.

59:4.3 La vie marine de cet âge était très variée en raison de sa ségrégation primitive des espèces, mais tous ces différents types devaient ultérieurement s'associer et s'entremêler librement. Les brachiopodes atteignirent rapidement leur apogée, puis les arthropodes leur succédèrent et enfin les bernacles firent leur première apparition ; mais l'événement capital fut l'apparition soudaine de la famille des poissons. Cette époque devint l'âge des poissons, période de l'histoire du monde caractérisée par les types d'animaux vertébrés.

59:4.4 Il y a 270 millions d'années, tous les continents émergeaient nettement de la mer. Depuis des millions et des millions d'années, il n'y avait pas eu simultanément autant de terres au-dessus de l'eau ; ce fut l'une des plus grandes époques d'émergence des terres dans l'histoire d'Urantia.

59:4.5 Cinq-millions d'années plus tard, les terres de l'Amérique du Nord et du Sud, de l'Europe, de l'Afrique, de l'Asie du Nord et de l'Australie, furent inondées pendant une courte durée, la submersion de l'Amérique du Nord étant presque complète de temps à autre ; les couches calcaires qui en résultèrent ont des épaisseurs variant de cent-cinquante à quinze-cents mètres. Les différentes mers dévoniennes s'étendirent d'abord dans une direction, puis dans une autre, de sorte que l'immense mer intérieure arctique de l'Amérique du Nord trouva un débouché sur l'Océan Pacifique à travers la Californie du Nord.

59:4.6 Il y a 260 millions d'années, vers la fin de cette époque d'affaissement terrestre, l'Amérique du Nord était partiellement recouverte par des mers communiquant simultanément avec les eaux du Pacifique, de l'Atlantique, de l'Océan Arctique et du Golfe du Mexique. Les dépôts de ces stades plus récents de la première inondation dévonienne ont une épaisseur moyenne d'environ trois-cents mètres. Les récifs coralliens caractéristiques de cette époque indiquent que les mers intérieures étaient limpides et peu profondes. Ces dépôts coralliens apparaissent sur les berges de la rivière Ohio près de Louisville (Kentucky) et ont environ trente mètres d'épaisseur ; ils contiennent plus de deux cents variétés de coraux. Ces formations coralliennes s'étendent à travers le Canada et le Nord de l'Europe jusqu'aux régions arctiques.

59:4.7 Après ces submersions, une grande partie du littoral fut considérablement exhaussée, si bien que les dépôts primitifs furent recouverts de boue ou de schiste. Il existe également une couche de grès rouge caractéristique de l'une des sédimentations dévoniennes ; cette couche rouge s'étend sur une grande partie de la surface de la terre ; on la trouve en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Russie, en Chine, en Afrique et en Australie. Ces dépôts rouges évoquent des conditions climatiques arides ou semi-arides, mais le climat de cette époque resta doux et régulier.

59:4.8 Tout au long de cette période, les terres situées au sud-est de l'Ile de Cincinnati restèrent nettement au-dessus de l'eau. Mais une très grande partie de l'Europe occidentale, comprenant les Iles Britanniques, fut submergée. Au Pays de Galles, en Allemagne et en différents endroits de l'Europe, les roches dévoniennes ont 6.000 mètres d'épaisseur.

59:4.9 Il y a 250 millions d'années se situe l'une des étapes les plus importantes de l'évolution préhumaine, l'apparition de la famille des poissons, des vertébrés.

59:4.10 Les arthropodes, ou crustacés, furent les ancêtres des premiers vertébrés. Les précurseurs de la famille des poissons furent deux ancêtres arthropodes modifiés ; l'un avait un long corps reliant la tête et la queue, et l'autre était un prépoisson sans arête dorsale ni mâchoires. Mais ces types préliminaires furent rapidement détruits quand les poissons, premiers vertébrés du monde animal, apparurent soudainement venant du nord.

59:4.11 Beaucoup des plus grands poissons proprement dits appartiennent à cet âge ; quelques variétés pourvues de dents avaient de huit à dix mètres de long. Les requins d'aujourd'hui sont les survivants de ces espèces anciennes. Les poissons pulmonés et cuirassés atteignirent l'apogée de leur évolution et, avant la fin de cette époque, les poissons s'étaient adaptés à la vie en eau douce et en eau salée.

59:4.12 On trouve de véritables lits osseux de squelettes et de dents de poissons dans les dépôts accumulés vers la fin de cette période ; de riches couches fossiles sont situées le long de la côte de Californie, du fait que beaucoup de baies abritées de l'Océan Pacifique s'enfonçaient dans les terres de cette région.

59:4.13 La terre était rapidement envahie par les nouveaux genres de végétation terrestre. Jusque-là, peu de plantes poussaient sur terre, sauf au bord de l'eau. La prolifique famille des fougères apparut alors soudain et se répandit très vite à la surface des terres en cours d'élévation rapide dans toutes les parties du monde. Des types d'arbres dont le tronc avait soixante centimètres de diamètre et douze mètres de hauteur se développèrent bientôt ; plus tard, les feuilles évoluèrent, mais les variétés primitives n'avaient qu'un feuillage rudimentaire. Il y avait aussi beaucoup de plantes plus petites, mais leurs fossiles sont introuvables, car ces plantes furent généralement détruites par des bactéries, apparues précédemment.

59:4.14 Les continents s'élevaient, et l'Amérique du Nord fut reliée à l'Europe par des ponts terrestres s'étendant jusqu'au Groenland. Aujourd'hui, les restes des plantes terrestres primitives sont conservés sous le manteau de glace du Groenland.

59:4.15 Il y a 240 millions d'années, certaines parties des terres de l'Europe et des deux Amériques commencèrent à s'affaisser. Cet effondrement marqua l'apparition de la dernière et la moins étendue des inondations dévoniennes. Les mers arctiques se déplacèrent de nouveau vers le sud et envahirent une grande partie de l'Amérique du Nord ; l'Atlantique inonda une large portion de l'Europe et de l'Asie occidentale, tandis que le Pacifique Sud recouvrait la majeure partie de l'Inde. Cette inondation fut aussi lente à apparaître qu'à se retirer. Les Monts Catskill, qui longent la rive occidentale du fleuve Hudson, sont un des plus grands monuments géologiques de cette époque que l'on puisse trouver à la surface de l'Amérique du Nord.

59:4.16 Il y a 230 millions d'années, les mers continuaient à se retirer. Une grande partie de l'Amérique du Nord était au-dessus de l'eau et une violente activité volcanique se produisit dans la région du Saint-Laurent. Le Mont-Royal, à Montréal, est la cheminée érodée de l'un de ces volcans. Les dépôts de toute cette époque sont nettement visibles dans les Monts Appalaches en Amérique du Nord, à l'endroit où la rivière Susquehanna a taillé une vallée qui met à nu ces couches successives dépassant 4.000 mètres d'épaisseur.

59:4.17 L'élévation des continents se poursuivait et l'atmosphère s'enrichissait en oxygène. La terre était recouverte d'immenses étendues de fougères de trente mètres de haut et de forêts d'arbres particuliers à cette époque, forêts silencieuses où l'on n'entendait pas le moindre bruit, pas même le bruissement d'une feuille, car ces arbres n'avaient pas de feuilles.

59:4.18 Ainsi se termina l'une des plus longues périodes de l'évolution de la vie marine, l'âge des poissons. Cette époque de l'histoire du monde dura presque cinquante-millions d'années ; vos chercheurs la connaissent sous le nom de Dévonienne.

59.5  Le Stade de Dérive de la Croute Terrestre (La Période Carbonifère des Forêts de Fougères) - L'Âge des Grenouilles

59:5.1 L'apparition des poissons au cours de la période précédente marque le point culminant de l'évolution de la vie marine ; à partir de là, l'évolution de la vie terrestre devient de plus en plus importante. Cette période s'ouvre dans des conditions presque idéales pour l'apparition des premiers animaux terrestres.

59:5.2 Il y a 220 millions d'années, beaucoup de zones continentales, dont la majeure partie de l'Amérique du Nord, se trouvaient au-dessus des eaux. La terre était envahie d'une végétation luxuriante ; ce fut véritablement l'âge des fougères. Il y avait encore du gaz carbonique dans l'atmosphère, mais en moindre proportion.

59:5.3 Peu de temps après, la portion centrale de l'Amérique du Nord fut inondée, ce qui créa deux vastes mers intérieures. Les hautes terres des côtes de l'Atlantique et du Pacifique étaient situées juste au delà du littoral actuel. Ces deux mers se rejoignirent bientôt, mêlant leurs différentes formes de vie. La réunion de leurs faunes marines marqua le commencement du rapide déclin mondial de la vie marine et le début de la période suivante de vie terrestre.

59:5.4 Il y a 210 millions d'années, les eaux chaudes des mers arctiques couvraient la majeure partie de l'Amérique du Nord et de l'Europe. Les eaux polaires antarctiques inondaient l'Amérique du Sud et l'Australie, tandis que l'Afrique et l'Asie étaient considérablement surélevées.

59:5.5 Quand les mers atteignirent leur niveau maximum, un nouveau développement évolutionnaire se produisit soudain. Brusquement, les premiers animaux terrestres apparurent. Il y en eut de nombreuses espèces capables de vivre sur la terre ou dans l'eau. Ces amphibies respirant de l'air se développèrent à partir des arthropodes, dont les vessies natatoires s'étaient transformées en poumons.

59:5.6 Des escargots, des scorpions et des grenouilles sortirent des eaux marines saumâtres et rampèrent sur la terre. Aujourd'hui encore, les grenouilles pondent leurs oeufs dans l'eau, et leurs petits débutent dans l'existence sous forme de poissons minuscules, les têtards. On pourrait appeler cette période l'âge des grenouilles.

59:5.7 Très peu de temps après, les premiers insectes apparurent et envahirent bientôt les continents du monde en même temps que des araignées, des scorpions, des cancrelats, des grillons et des sauterelles. Des libellules mesuraient soixante-quinze centimètres d'envergure. Mille espèces de cancrelats se développèrent, dont certaines atteignirent une taille de dix centimètres.

59:5.8 Deux groupes d'échinodermes se développèrent particulièrement bien ; en fait, ils sont les fossiles pilotes de cette époque. Les grands requins mangeurs de coquillages avaient également atteint un haut degré d'évolution ; ils dominèrent les océans pendant plus de cinq-millions d'années. Le climat était encore doux et régulier ; la vie marine avait peu changé. Les poissons d'eau douce se multipliaient et les trilobites étaient près de disparaître. Il y avait peu de coraux et une grande partie du calcaire était produite par les crinoïdes. Les meilleurs calcaires à bâtir furent déposés à cette époque.

59:5.9 Les eaux de beaucoup de mers intérieures étaient si chargées de chaux et d'autres minéraux qu'elles gênèrent grandement le progrès et le développement de nombreuses espèces marines. Les mers s'éclaircirent finalement à la suite de vastes sédimentations minérales contenant par endroits du zinc et du plomb.

59:5.10 Les dépôts de cet âge carbonifère initial ont une épaisseur de 150 à 600 mètres et se composent de grès, de schiste et de calcaire. Les couches les plus anciennes renferment des fossiles d'animaux et de plantes terrestres et marines, avec beaucoup de graviers et de sédiments. On trouve peu de charbon exploitable dans ces strates anciennes. Dans toute l'Europe, les dépôts de ce genre sont très similaires à ceux de l'Amérique du Nord.

59:5.11 Vers la fin de cette époque, les terres de l'Amérique du Nord commencèrent à s'élever. Il y eut une courte interruption, puis les mers revinrent couvrir environ la moitié de leurs anciens lits. Cette inondation fut brève, et la plupart des terres se retrouvèrent bientôt très au-dessus de l'eau. L'Amérique du Sud était encore reliée à l'Europe par l'Afrique.

59:5.12 Le commencement de la formation des Vosges, de la Forêt Noire et de l'Oural date de cette époque. On retrouve les assises d'autres montagnes plus anciennes en Grande Bretagne et dans toute l'Europe.

59:5.13 Il y a 200 millions d'années, commencèrent les stades vraiment actifs de la période carbonifère. Pendant vingt-millions d'années avant cette époque, les premières couches de charbon avaient commencé à se déposer, mais les processus formatifs de charbon furent alors actifs sur une plus vaste échelle. La durée de l'époque proprement dite des dépôts de charbon dépassa de peu vingt-cinq-millions d'années.

59:5.14 Les terres s'exhaussaient et s'enfonçaient périodiquement à cause des variations du niveau de la mer provoquées par les mouvements des fonds océaniques. Cette instabilité de la croute - le tassement et l'élévation des terres - en corrélation avec la végétation prolifique des marécages littoraux, contribua à former d'immenses dépôts de charbon, ce qui a fait donner à cette période le nom de Carbonifère. Le climat était toujours doux sur l'ensemble du monde.

59:5.15 Les couches de charbon alternent avec du schiste, de la roche, et du conglomérat. L'épaisseur des gisements de charbon du centre et de l'Est des États-Unis varie de douze à quinze mètres ; mais beaucoup de ces dépôts ont été emportés par les eaux au cours d'élévations de terrains ultérieures. Dans certaines parties de l'Amérique du Nord et de l'Europe, les strates carbonifères ont 5.500 mètres d'épaisseur.

59:5.16 La présence des racines d'arbres poussant dans l'argile sous-jacente aux gisements actuels de houille démontre que le charbon a été formé exactement à l'endroit où il se trouve maintenant. Il est constitué par les restes de la végétation exubérante qui croissait dans les marécages et sur les rives des marais de cet âge reculé. Ces résidus ont été préservés par l'eau et modifiés par la pression. Les couches de charbon contiennent souvent à la fois du gaz et du pétrole. Les gisements de tourbe, restes d'une ancienne végétation se transformeraient en un type de charbon s'ils étaient soumis à une température et à une pression appropriées. L'anthracite a été soumis à une pression et à une température plus élevées que les autres charbons.

59:5.17 En Amérique du Nord, le nombre des couches carbonifères des divers gisements indique combien de fois la terre s'éleva et s'affaissa ; ce nombre va de dix dans l'Illinois à vingt en Pennsylvanie, trente-cinq dans l'Alabama et jusqu'à soixante-quinze au Canada. Dans les gisements de charbon, on trouve simultanément des fossiles d'eau douce et des fossiles d'eau salée.

59:5.18 Tout au long de cette époque, les montagnes de l'Amérique du Nord et du Sud furent en mouvement ; les Andes et les très anciennes Montagnes Rocheuses du Sud s'élevèrent. Les grandes régions élevées de la côte de l'Atlantique et du Pacifique commencèrent à s'enfoncer et furent en fin de compte si érodées et submergées que le littoral des deux océans recula approximativement jusqu'à sa position actuelle. Les dépôts de cette inondation ont une épaisseur moyenne d'environ trois-cent mètres.

59:5.19 Il y a 190 millions d'années, la mer carbonifère de l'Amérique du Nord s'étendit vers l'ouest ; elle recouvrit la région actuelle des Montagnes Rocheuses et déboucha sur l'Océan Pacifique à travers la Californie du Nord. Le charbon continua à s'accumuler sur l'ensemble des Amériques et de l'Europe, couche après couche, à mesure que les régions côtières s'élevaient et s'abaissaient au cours de cette période d'oscillations littorales.

59:5.20 L'époque d'il y a 180 millions d'années mit un terme à la période carbonifère au cours de laquelle le charbon s'était formé dans le monde entier - en Europe, aux Indes, en Chine, en Afrique du Nord et dans les Amériques. À la fin de cette période de formation du charbon, la partie de l'Amérique du Nord située à l'est de la vallée du Mississippi s'éleva, et la majeure partie de cette région est restée depuis lors au-dessus du niveau de la mer. Cette époque de soulèvements de terrains marque le commencement de la formation des montagnes actuelles de l'Amérique du Nord, aussi bien dans la région des Appalaches que dans l'Ouest. Des volcans étaient actifs dans l'Alaska et en Californie, ainsi que dans les régions d'Europe et d'Asie où des montagnes étaient en voie de formation. L'Est de l'Amérique et l'Ouest de l'Europe étaient reliés par le continent du Groenland.

59:5.21 L'élévation du terrain commença à modifier le climat maritime des âges précédents et à y subsister les prémisses du climat continental, moins doux et plus variable.

59:5.22 Les plantes de ce temps étaient porteuses de spores que le vent pouvait disséminer dans toutes les directions. Le tronc des arbres carbonifères avait couramment deux mètres de diamètre et souvent trente-cinq mètres de hauteur. Les fougères d'aujourd'hui sont vraiment des reliques de ces âges passés.

59:5.23 Dans l'ensemble, ces temps furent marqués par le développement des organismes vivant dans l'eau douce ; la vie marine antérieure subit peu de changements. Mais la caractéristique dominante de cette période fut l'apparition soudaine des grenouilles et de leurs nombreux cousins. Les caractéristiques de la vie durant la période carbonifère furent les fougères et les grenouilles.

59.6  Le Stade de Transition Climatique
(La Période des Plantes à Graines) - L'Âge des Tribulations Biologiques

59:6.1 Cette période marque la fin du développement évolutionnaire essentiel de la vie marine et l'ouverture de la période de transition qui conduisit aux âges ultérieurs des animaux terrestres.

59:6.2 Au cours de cet âge, la vie fut grandement appauvrie. Des milliers d'espèces marines périrent alors que la vie était à peine établie sur terre. Ce fut un temps de tribulations biologiques, l'âge où la vie disparut presque entièrement de la surface de la terre et des profondeurs des océans. Vers la fin de la longue ère de vie marine, il y avait, sur terre, plus de cent-mille espèces d'organismes vivants. À la fin de la période de transition, moins de cinq-cents avaient survécu.

59:6.3 Les particularités de cette nouvelle période ne sont pas dues tellement au refroidissement de la croute terrestre ou à la longue absence d'activité volcanique qu'à la combinaison inhabituelle d'influences banales et préexistantes : resserrement des mers et exhaussement croissant d'énormes masses continentales. Le doux climat maritime des temps passés était en voie de disparition, et le type plus rude de climat continental s'étendait rapidement.

59:6.4 Il y a 170 millions d'années, de grandes adaptations et de grands changements évolutionnaires se produisirent sur toute la surface de la terre. Les continents s'élevaient sur l'ensemble du monde tandis que les fonds océaniques s'affaissaient. Des chaines montagneuses isolées apparurent. La partie orientale de l'Amérique du Nord s'élevait très haut au-dessus de la mer ; l'Ouest se soulevait lentement. Les continents étaient couverts de lacs salés de toutes tailles et de nombreuses mers intérieures reliées aux océans par de minces détroits. L'épaisseur des strates de cette période transitoire varie de 300 à 2.100 mètres.

59:6.5 Au cours de ces élévations de terrain, la croute terrestre se plissa sur de vastes étendues. Ce fut une époque d'émergence continentale, bien que certains ponts terrestres aient alors disparu et, parmi eux, les continents qui avaient si longtemps relié l'Amérique du Sud à l'Afrique et l'Amérique du Nord à l'Europe.

59:6.6 Les mers intérieures et les lacs s'asséchaient progressivement sur l'ensemble du monde. Des montagnes isolées et des glaciers régionaux commencèrent à apparaître, spécialement dans l'hémisphère Sud, et, dans de nombreuses régions, les dépôts de ces formations glacières locales se retrouvent même parmi les couches supérieures des derniers dépôts de charbon. Deux nouveaux facteurs climatiques apparurent, la glace et l'aridité. Beaucoup de hautes régions de la terre étaient devenues arides et stériles.

59:6.7 Tout au long de ces époques de changements climatiques, de grandes variations se produisirent également dans la végétation terrestre. Les plantes à graines apparurent les premières et procurèrent une meilleure alimentation aux animaux terrestres, qui se multiplièrent par la suite. Les insectes subirent un changement radical. Leurs stades de repos évoluèrent pour s'adapter aux exigences des périodes d'hiver et de sécheresse où la vie est en suspens.

59:6.8 Parmi les animaux terrestres, les grenouilles, qui avaient leur apogée pendant l'âge précédent, déclinèrent rapidement, mais elles survécurent parce qu'elles pouvaient vivre longtemps même dans les mares et les étangs en voie de dessèchement dans ces temps lointains extrêmement éprouvants. Durant l'âge du déclin des grenouilles, la première étape de leur évolution en reptiles se produisit en Afrique. Comme les masses continentales étaient encore reliées entre elles, ces créatures préreptiliennes, respirant de l'air, se répandirent sur le monde entier. À cette époque, l'atmosphère s'était si bien modifiée qu'elle convenait admirablement à l'entretien de la respiration animale. C'est peu après l'arrivée de ces grenouilles préreptiliennes que l'Amérique du Nord fut temporairement isolée, coupée de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Sud.

59:6.9 Le refroidissement progressif des eaux océaniques contribua beaucoup à la destruction de la vie dans les mers. Les animaux marins de ces âges se réfugièrent temporairement dans trois retraites propices : la région actuelle du Golfe du Mexique, la Baie du Gange aux Indes et la Baie de Sicile dans le bassin méditerranéen. C'est à partir de ces trois régions que de nouvelles espèces marines, nées pour affronter l'adversité, partirent plus tard pour repeupler les mers.

59:6.10 Il y a 160 millions d'années, la terre était largement couverte d'une végétation adaptée à l'entretien de la vie animale terrestre, et l'atmosphère était devenue idéale pour la respiration animale. Ainsi se terminent la période de réduction de la vie marine et ces temps d'épreuves biologiques adverses qui éliminèrent toutes les formes de vie, sauf celles qui avaient une valeur de survivance ; ces dernières devenaient ainsi qualifiées pour servir d'ancêtres à la vie plus hautement différenciée et au développement plus rapide des âges suivants de l'évolution planétaire.

59:6.11 La fin de cette période de tribulations biologiques, connue de vos étudiants sous le nom de Permienne, marque également la fin de la longue ère Paléozoïque qui couvre un quart de l'histoire planétaire, soit deux-cent-cinquante-millions d'années.

59:6.12 La vaste pépinière de vie que furent les océans d'Urantia a rempli son rôle. Au cours des longs âges pendant lesquels la terre était impropre à entretenir la vie, avant que l'atmosphère ne contînt assez d'oxygène pour sustenter les animaux terrestres supérieurs, la mer a donné naissance aux formes de vie primitives du royaume et les a entretenues. Maintenant l'importance biologique de la mer diminue progressivement et le second stade de l'évolution commence à se dérouler sur la terre ferme.

59:6.13 [Présenté par un Porteur de Vie de Nébadon, appartenant au corps originel affecté à Urantia.]

60. Urantia pendant l'Ère de la Vie Terrestre Primitive

60:0.1 L'ÈRE de la vie exclusivement marine avait pris fin. L'élévation des terres, le refroidissement de la croute et des océans, le resserrement des mers et leur approfondissement corrélatif, ainsi que le grand accroissement de la surface terrestre dans les latitudes septentrionales contribuèrent tous grandement à modifier le climat du monde dans toutes les régions éloignées de la zone équatoriale.

60:0.2 Les époques terminales de l'ère précédente furent vraiment l'âge des grenouilles, mais ces ancêtres des vertébrés terrestres n'étaient plus dominants, car ils n'avaient survécu qu'en nombre réduit. Très peu de types sortirent vivants des rigoureuses épreuves de la période précédente de tribulations biologiques. Même les plantes porteuses de spores avaient presque disparu.

60.1  L'Âge Primitif des Reptiles

60:1.1 Les dépôts d'érosion de cette période étaient surtout des conglomérats, du schiste et du grès. Le gypse et les couches rouges dans toutes ces sédimentations, en Amérique comme en Europe, indiquent que le climat de ces deux continents était aride. Ces régions arides furent soumises à une forte érosion provoquée par la chute de trombes d'eau violentes et périodiques sur les hautes terres environnantes.

60:1.2 On trouve peu de fossiles dans ces couches, mais on peut observer sur les grès de nombreuses empreintes de reptiles terrestres. Dans beaucoup de régions, les dépôts de grès rouge de trois-cents mètres d'épaisseur de cette époque ne contiennent aucun fossile. Les animaux terrestres ne vécurent de façon continue que dans certaines parties de l'Afrique.

60:1.3 L'épaisseur de ces dépôts d'érosion varie de 900 à 3.000 mètres et atteint même 5.500 mètres sur la côte du Pacifique. Des laves forcèrent plus tard leur chemin entre beaucoup de ces couches. Les Palissades du Fleuve Hudson furent formées par épanchement de laves basaltiques entre ces strates triasiques. L'activité volcanique était intense dans différentes parties du monde.

60:1.4 On trouve des dépôts de cette période en Europe, spécialement en Allemagne et en Russie. Le grès bigarré de l'Angleterre appartient à cette époque. Du calcaire fut déposé dans les Alpes méridionales à la suite d'une invasion de la mer ; il se présente dans cette région sous la forme particulière des murs, des pics et des piliers de calcaire dolomitiques. Cette couche se retrouve sur toute la surface de l'Afrique et de l'Australie. Le marbre de Carrare provient de ce calcaire modifié. On ne trouvera rien de cette période dans les régions méridionales de l'Amérique du Sud, du fait que cette partie du continent resta affaissée et ne présente donc que des dépôts d'origine marine ou aquatique sans solution de continuité avec les époques antérieures et postérieures.

60:1.5 Il y a 150 millions d'années commencèrent les périodes de vie terrestre primitive de l'histoire du monde. En général, la vie n'allait pas très bien, mais elle allait mieux qu'aux époques ardues et hostiles de la fin de l'ère de la vie marine.

60:1.6 Au moment où s'ouvre cette ère, l'est et le centre de l'Amérique du Nord, la moitié nord de l'Amérique du Sud, la majeure partie de l'Europe et l'Asie tout entière sont nettement au-dessus des eaux. Pour la première fois, l'Amérique du Nord est géographiquement isolée, mais pas pour longtemps, car l'isthme de Détroit de Béring émerge bientôt de nouveau, reliant le continent à l'Asie.

60:1.7 De grandes cuvettes se formèrent en Amérique du Nord parallèlement aux côtes de l'Atlantique et du Pacifique. La grande faille du Connecticut oriental apparut, un de ses côtés s'enfonçant finalement de trois kilomètres. Beaucoup de ces cuvettes nord-américaines et de nombreux bassins lacustres d'eau douce et d'eau salée des régions montagneuses furent remplis ultérieurement par des dépôts d'érosion. Plus tard, ces dépressions de terrain comblées furent soulevées à une grande hauteur par des coulées de lave souterraines. Les forêts pétrifiées de beaucoup de régions datent de cette époque.

60:1.8 La côte Pacifique nord-américaine, qui resta généralement au-dessus de l'eau au cours des submersions continentales, s'affaissa à l'exception de la Californie du Sud et d'une grande ile qui existait alors dans ce qui est aujourd'hui l'Océan Pacifique. Cette mer californienne ancienne, riche de vie marine, s'étendait vers l'est et rejoignait le vieux bassin maritime des régions du Middle-West.

60:1.9 Il y a 140 millions d'années, après le seul indice des deux ancêtres préreptiliens qui s'étaient développés en Afrique au cours de l'époque précédente, les reptiles apparurent soudain avec tous leurs attributs. Ils se développèrent rapidement, donnant naissance à des crocodiles, des reptiles à écailles et finalement des serpents de mer et des reptiles volants. Leurs ancêtres de transition disparurent très vite.

60:1.10 Ces dinosaures reptiliens en voie d'évolution rapide devinrent bientôt les rois de cet âge. Ils étaient ovipares et se distinguaient de tous les autres animaux par la petite taille de leur cerveau. celui-ci pesait moins d'une livre et devait contrôler un corps dont le poids finit par atteindre quarante tonnes. Mais les premiers reptiles étaient plus petits, carnivores, et marchaient sur leurs pattes de derrière à la façon des kangourous. Ils avaient des os creux d'oiseaux et n'eurent finalement que trois orteils à leurs pattes postérieures, si bien que beaucoup de leurs empreintes fossiles ont été attribuées à tort à des oiseaux géants. Plus tard, les dinosaures herbivores apparurent par évolution. Ils marchaient à quatre pattes, et une branche de ce groupe acquit peu à peu une armure protectrice.

60:1.11 Plusieurs millions d'années après, les premiers mammifères apparurent. Ils n'avaient pas de placenta et se révélèrent rapidement comme un échec ; aucun d'eux ne survécut. Ils représentèrent un effort expérimental pour améliorer les types de mammifères, mais cette tentative n'eut pas de succès sur Urantia.

60:1.12 La vie marine de cette époque était réduite, mais s'amplifia rapidement grâce à une nouvelle invasion des mers qui provoqua encore une fois la formation de longues côtes littorales d'eaux peu profondes. Ces basses côtes se trouvaient davantage autour de l'Europe et de l'Asie, et c'est pourquoi les plus riches gisements de fossiles se trouvent près de ces continents. Si vous voulez étudier aujourd'hui la vie de cette période, examinez les régions himalayennes, sibériennes et méditerranéennes ainsi que l'Inde et les Iles du bassin Pacifique Sud. Un trait saillant de la vie marine était la présence d'une multitude de belles ammonites dont les fossiles se retrouvent dans le monde entier.

60:1.13 Il y a 130 millions d'années, les mers avaient très peu changé. La Sibérie et l'Amérique du Nord étaient reliées par l'isthme de Détroit de Béring. Une vie marine riche et particulière apparut sur la côte californienne du Pacifique, où plus d'un millier d'espèces d'ammonites se développèrent à partir des types supérieurs de céphalopodes. Au cours de cette période, les modifications de la vie furent certainement révolutionnaires, malgré leur caractère transitionnel et graduel.

60:1.14 Cette ère, qui s'étendit sur plus de vingt-cinq millions d'années, est connue sous le nom de Triasique.

60.2  La Nouvelle Phase de l'Âge des Reptiles

60:2.1 Il y a 120 millions d'années commença une nouvelle phase de l'âge des reptiles. Le grand évènement de cette période fut l'évolution et le déclin des dinosaures. Les animaux terrestres atteignirent alors leur plus grand développement au point de vue de la taille, et avaient virtuellement disparu de la surface de la terre à la fin de cette ère. Des dinosaures de toutes tailles évoluèrent, allant d'une espèce qui mesurait moins de soixante centimètres jusqu'aux énormes dinosaures non carnivores de vingt-deux mètres de longueur, dont la masse ne fut jamais plus égalée par aucune créature vivante.

60:2.2 Les plus grands dinosaures naquirent dans l'ouest de l'Amérique du Nord. Ces monstrueux reptiles sont ensevelis dans toute la région des Montagnes Rocheuses, le long de toute la côte atlantique de l'Amérique du Nord, en Europe occidentale, en Afrique du Sud et aux Indes, mais pas en Australie.

60:2.3 Ces créatures massives perdirent leur force et leur activité en même temps que leur taille augmentait constamment. Elles exigeaient des quantités de nourritures tellement énormes et elles avaient envahi la terre à un tel point qu'elles moururent littéralement de faim et s'éteignirent, faute d'avoir l'intelligence nécessaire pour faire face à la situation.

60:2.4 cette époque, la majeure partie de l'est de l'Amérique du Nord, qui était restée longtemps émergée, avait été nivelée et emportée par érosion dans l'Océan Atlantique, dont la côte s'étendait sur plusieurs centaines de kilomètres plus à l'est qu'aujourd'hui. La partie occidentale du continent était toujours élevée, mais ces régions elles-mêmes furent ultérieurement envahies tant par la mer septentrionale que par le Pacifique qui s'étendit vers l'est jusqu'à la région des Montagnes Noires du Dakota.

60:2.5 Ce fut un âge d'eau douce caractérisé par de nombreux lacs intérieurs, ainsi qu'en témoigne l'abondance des fossiles d'eau douce accumulés dans les gisements dits « Morrison » du Colorado, du Montana et du Wyoming. L'épaisseur de ces dépôts combinés d'eau douce et d'eau salée varie entre 600 et 1.500 mètres ; mais ces couches renferment très peu de calcaire.

60:2.6 La même mer polaire qui s'étendit si loin vers le sud sur l'Amérique du Nord couvrit de la même façon toute l'Amérique du Sud à l'exception des Andes, qui apparurent de bonne heure. La majeure partie de la Chine et de la Russie était inondée, mais c'est en Europe que l'invasion des eaux fut la plus importante. C'est au cours de cette submersion que fut déposée l'admirable pierre lithographique de l'Allemagne du Sud dont les strates ont conservé, comme datant d'hier, des fossiles tels que les ailes les plus délicates des insectes anciens.

60:2.7 La flore de cet âge ressemblait beaucoup à celle du précédent. Les fougères persistaient, tandis que pins et conifères devenaient de plus en plus semblables aux variétés actuelles. Il se formait encore un peu de charbon le long des rives septentrionales de la Méditerranée.

60:2.8 Le retour des mers améliora le climat. Les coraux s'étendirent dans les eaux européennes, ce qui prouve que le climat était encore doux et régulier, mais ils n'apparurent jamais plus dans les mers polaires, qui se refroidissaient lentement. La vie marine de cette époque s'améliora et se développa grandement, spécialement dans les eaux européennes. Coraux et crinoïdes apparurent temporairement en nombre plus grand qu'auparavant, mais ce furent les ammonites qui dominèrent la vie invertébrée des océans ; leur taille moyenne était de l'ordre de sept à dix centimètres, bien qu'une espèce eût atteint un diamètre de deux mètres cinquante. Il y avait des éponges partout, tandis que les seiches et les huîtres continuaient à évoluer.

60:2.9 Il y a 110 millions d'années, les potentiels de la vie marine continuaient d'apparaître. L'oursin de mer fut l'une des mutations les plus remarquables de cette époque. Les crabes, langoustes et autres types de crustacés modernes atteignirent leur plein développement. Des changements marqués se produisirent dans la famille des poissons ; un type d'esturgeon fit sa première apparition, mais les féroces serpents de mer issus des reptiles terrestres infestaient encore toutes les mers et menaçaient de détruire la famille entière des poissons.

60:2.10 Cet âge restait essentiellement celui des dinosaures. Ils envahirent la terre à un tel point qu'au cours de la période précédente d'invasion de la mer, deux espèces s'étaient réfugiées dans l'eau pour subsister. Ces serpents de mer représentent un recul dans l'évolution. Tandis que certaines espèces nouvelles progressent, quelques lignées restent stationnaires et d'autres font marche arrière, retournant à un état antérieur. Et c'est ce qui advint quand ces deux types de reptiles abandonnèrent la terre ferme.

60:2.11 À mesure que le temps passait, les serpents de mer atteignirent une telle dimension qu'ils devinrent léthargiques et finirent par périr faute d'avoir un cerveau assez gros pour assurer la protection de leur immense corps. Leur cerveau pesait moins de soixante grammes en dépit du fait que ces énormes ichtyosaures atteignaient parfois quinze mètres de longueur ; la plupart dépassant dix mètres. Les crocodiles marins furent également une réversion d'un type terrestre de reptile, mais, à la différence des serpents de mer, ces animaux retournaient toujours sur terre pour pondre leurs oeufs.

60:2.12 Peu après que ces deux espèces de dinosaures eurent émigré dans l'eau en vue d'une vaine tentative d'autopréservation, deux autres types furent poussés, par l'âpre lutte pour la vie sur terre, à chercher refuge dans les airs. Mais ces ptérosaures volants ne furent pas les ancêtres des véritables oiseaux des âges suivants. Ils évoluèrent à partir des dinosaures sauteurs aux os creux, et leurs ailes étaient semblables à celles des chauves-souris avec une envergure de six à huit mètres. Ces anciens reptiles volants atteignirent trois mètres de long ; ils avaient des mâchoires extensibles très semblables à celles des serpents modernes. Pendant un certain temps, ces reptiles volants semblèrent être un succès, mais ils ne réussirent pas à évoluer de manière à pouvoir survivre comme navigateurs aériens. Ils représentent les lignées éteintes des précurseurs des oiseaux.

60:2.13 Les tortues se multiplièrent durant cette période et firent leur première apparition en Amérique du Nord. Leurs ancêtres étaient venus d'Asie en suivant l'isthme du Nord.

60:2.14 Il y a cent-millions d'années, l'ère des reptiles tirait à sa fin. Les dinosaures, malgré leur masse énorme, n'étaient que des animaux presque sans cervelle et manquaient de l'intelligence suffisante pour fournir la nourriture nécessaire à des corps aussi gigantesques. C'est pourquoi ces patauds reptiles terrestres périrent en nombre toujours croissant. Désormais l'évolution suivra la croissance du cerveau et non la masse du corps ; le développement du cerveau caractérisera chaque époque successive de l'évolution animale et du progrès planétaire.

60:2.15 Cette période, qui embrasse l'apogée des reptiles et le commencement de leur déclin, s'étend sur près de vingt-cinq-millions d'années ; elle est connue sous le nom de Jurassique.

60.3  Le Stade Crétacé (La Période des Plantes à Fleurs) - L'Âge des Oiseaux

60:3.1 La grande période crétacée tire son nom de la prédominance dans les mers des prolifiques foraminifères producteurs de craie. Cette période conduit Urantia presque à la fin de la longue domination des reptiles et voit apparaître, sur la terre, les plantes à fleurs et les oiseaux. C'est également l'époque où se termine la dérive des continents vers l'ouest et vers le sud ; elle accompagne de gigantesques déformations de la croute terrestre ainsi que d'immenses coulées de lave et une grande activité volcanique.

60:3.2 Vers la fin de la période géologique précédente, la majeure partie des masses continentales était nettement émergée, bien qu'il n'y eût pas encore de pics montagneux. En continuant, la dérive des terres continentales rencontra son premier grand obstacle sur le lit profond du Pacifique. Ce conflit de forces géologiques donna le branle à la formation de toute la chaine de montagnes qui s'étend, dans une direction nord-sud, de l'Alaska au Cap Horn en passant par le Mexique.

60:3.3 Cette période marque ainsi dans l'histoire géologique, le stade de formation des montagnes modernes. Avant cette époque, les pics montagneux étaient rares ; il n'y avait que de hautes crêtes d'une grande largeur. À cette époque, la chaine côtière du Pacifique commençait à s'élever, mais elle était située à onze-cents kilomètres à l'ouest du littoral actuel. Les Sierras commençaient également à se former ; leurs couches de quartz aurifères résultent des coulées de laves de cette époque. Dans l'est de l'Amérique du Nord, la pression de l'Atlantique travaillait également à provoquer une élévation de terrain.

60:3.4 Il y a 100 millions d'années, le continent nord-américain et une partie de l'Europe émergeaient franchement. Le gauchissement des continents américains continuait ; il produisit la métamorphose des Andes sud-américaines et l'élévation progressive des plaines occidentales de l'Amérique du Nord. La majeure partie du Mexique s'enfonça sous la mer, et l'Atlantique Sud envahit la côte orientale de l'Amérique du Sud, atteignant finalement le littoral actuel. L'Océan Atlantique et l'Océan Indien avaient alors sensiblement la même configuration qu'aujourd'hui.

60:3.5 Il y a 95 millions d'années, les masses continentales de l'Amérique et de l'Europe recommencèrent à s'enfoncer. Les mers du Sud se mirent à envahir l'Amérique du Nord et s'étendirent progressivement vers le nord pour rejoindre l'Océan Arctique ; ce fut la seconde en importance des submersions continentales. Lorsque cette mer finit par se retirer, elle laissa le continent à peu près tel qu'il est maintenant. Avant le début de cette grande submersion, les hautes terres de l'est des Appalaches avaient été presque complètement érodées et ramenées au niveau de la mer. Les couches d'argile pure aux nombreuses couleurs, qui sont maintenant utilisées pour fabriquer des poteries, furent déposées sur les régions côtières de l'Atlantique au cours de cet âge ; leur épaisseur moyenne avoisine 600 mètres.

60:3.6 Une grande activité volcanique se manifesta au sud des Alpes et le long de la chaine montagneuse côtière de la Californie actuelle. Les plus grandes déformations de la croute terrestre qui aient eu lieu depuis des millions et des millions d'années se produisirent au Mexique. De grands changements eurent lieu également en Europe, en Russie, au Japon et dans la partie méridionale de l'Amérique du Sud. Le climat devint de plus en plus diversifié.

60:3.7 Il y a 90 millions d'années, les angiospermes émergèrent de ces mers crétacées primitives et envahirent bientôt les continents. Ces plantes terrestres apparurent soudain en même temps que les figuiers, les magnolias et les tulipiers. Peu après, figuiers, arbres à pains et palmiers recouvrirent l'Europe et les plaines occidentales de l'Amérique du Nord. Aucun animal terrestre nouveau n'apparut.

60:3.8 Il y a 85 millions d'années, le Détroit de Béring se ferma, isolant les eaux refroidissantes des mers septentrionales. Jusque-là, la vie marine des eaux du Golfe du Mexique et de l'Atlantique avait grandement différé de celle de l'Océan Pacifique, du fait des variations de température entre ces deux masses d'eau ; cette différence disparut alors.

60:3.9 Les dépôts de craie et de marnes gréseuses vertes donnent leur nom à cette période. Les sédimentations de cette époque sont variées et consistent en craie, schiste, grès et petites quantités de calcaire, ainsi qu'en charbon de qualité inférieure ou lignite ; dans beaucoup de régions, elles contiennent du pétrole. L'épaisseur de ces couches varie de 60mètres dans certains lieux à 3.000mètres dans l'ouest de l'Amérique du Nord et en beaucoup d'endroits de l'Europe. On peut observer ces dépôts dans les parties déformées des contreforts orientaux des Montagnes Rocheuses.

60:3.10 Dans le monde entier, ces couches poreuses semi-rocheuses sont imprégnées de craie ; elles recueillent l'eau à leurs affleurements synclinaux et la dirigent vers le bas pour alimenter une grande partie des régions actuellement arides de la terre.

60:3.11 Il y a 80 millions d'années, de grandes perturbations se produisirent dans la croute terrestre. La dérive continentale vers l'ouest approchait de sa fin, et l'énorme énergie de la lourde inertie acquise par les masses continentales de l'arrière pays bouleversa le littoral Pacifique des deux Amériques ; elle provoqua par contre-coup de profonds changements le long des rives asiatiques du Pacifique. Cette élévation circumpacifique de terres, dont l'apogée est représentée par les chaines de montagnes actuelles, a plus de quarante-mille kilomètres de longueur. Les soulèvements qui accompagnèrent sa naissance furent les plus grandes déformations de surface qui aient eu lieu depuis l'apparition de la vie sur Urantia. Les coulées de laves, tant souterraines que superficielles, furent importantes et étendues.

60:3.12 La période d'il y a 75 millions d'années marque la fin de la dérive continentale. De l'Alaska au Cap Horn, les longues chaines côtières du Pacifique étaient parachevées, mais elles ne comportaient encore que quelques pics.

60:3.13 Le contre-coup de l'arrêt de la dérive continentale accentua l'élévation des plaines occidentales de l'Amérique du Nord tandis qu'à l'est les Appalaches de la région littorale de l'Atlantique, complètement érodés, étaient projetés verticalement vers le haut avec des basculements faibles ou nuls.

60:3.14 Il y a 70 millions d'années se produisirent des déformations de la croute en rapport avec l'élévation maximum de la région des Montagnes Rocheuses. Un large segment de roches chevaucha, sur vingt-cinq kilomètres, la surface de la Colombie Britannique ; à cet endroit les roches cambriennes recouvrent obliquement les couches crétacées. Un autre chevauchement spectaculaire se produisit sur le versant est des Montagnes Rocheuses, près de la frontière canadienne ; on y trouve des couches rocheuses, d'une époque antérieure à la vie, projetées par-dessus les dépôts crétacés alors récents.

60:3.15 Au cours de cet âge, l'activité volcanique régnant sur le monde entier fit surgir de nombreux petits cônes volcaniques isolés. Des volcans sous-marins entrèrent en activité dans la région submergée de l'Himalaya. Une grande partie du reste de l'Asie, y compris la Sibérie, se trouvait également encore sous l'eau.

60:3.16 Il y a 65 millions d'années se produisit l'un des plus grands écoulements de lave de tous les temps. Les couches accumulées par ces coulées et les précédentes se retrouvent dans toute l'Amérique, dans l'Afrique du Nord et du Sud, en Australie et dans certaines parties de l'Europe.

60:3.17 Les animaux terrestres changèrent peu, mais, du fait d'une plus grande émergence continentale, spécialement en Amérique du Nord, ils se multiplièrent rapidement. L'Amérique du Nord fut le grand champ d'évolution des animaux terrestres de ces temps, car la majeure partie de l'Europe était alors submergée.

60:3.18 Le climat était encore chaud et uniforme. Les régions arctiques bénéficiaient d'un temps très comparable à celui du climat actuel du centre et du sud de l'Amérique du Nord.

60:3.19 Une grande évolution avait lieu dans la vie végétale. Parmi les plantes terrestres, les angiospermes prédominaient, et beaucoup d'arbres actuels firent leur première apparition, y compris les hêtres, les bouleaux, les chênes, les noyers, les sycomores, les érables et les palmiers actuels. Fruits, herbes et céréales étaient abondants, et ces herbes et ces arbres porteurs de graines jouèrent dans le monde des plantes le même rôle que les ancêtres de l'homme dans le monde animal ; l'importance de cette étape dans l'évolution n'est dépassée que par l'apparition de l'homme lui-même. Soudain et sans transition préalable, la grande famille des plantes à fleurs apparut par mutation. Cette nouvelle flore recouvrit bientôt le monde entier.

60:3.20 Il y a 60 millions d'années, bien que les reptiles terrestres fussent sur leur déclin, les dinosaures étaient toujours les rois de la terre ; mais la préséance fut prise par les types plus agiles et plus actifs de dinosaures carnivores, appartenant aux variétés sauteuses de petite taille du genre kangourou. Mais, quelque temps auparavant, étaient apparus de nouveaux types de dinosaures herbivores qui se multiplièrent rapidement par suite de l'apparition des plantes terrestres de la famille des herbacées. Un de ces nouveaux dinosaures herbivores était un véritable quadrupède muni de deux cornes et d'un bourrelet en forme de cape sur le garrot. Le type de tortue terrestre de six mètres de diamètre apparut, ainsi que les crocodiles modernes et les vrais serpents des types actuels. De grands changements se produisaient aussi parmi les poissons et d'autres formes de vie marine.

60:3.21 Les préoiseaux échassiers et aquatiques des âges antérieurs n'avaient pas réussi à s'adapter à l'élément aérien, pas plus que les dinosaures volants ; ce furent des espèces éphémères qui s'éteignirent rapidement. Elles subirent le destin des dinosaures : la destruction par insuffisance de substance cérébrale par rapport à leur taille. Ce second essai pour créer des animaux capables de naviguer dans l'atmosphère échoua comme la tentative avortée pour produire des mammifères au cours de cet âge et d'un âge précédent.

60:3.22 Il y a 55 millions d'années, la marche de l'évolution fut marquée par l'apparition soudaine du premier véritable oiseau, une petite créature du genre pigeon, qui fut l'ancêtre de tous les oiseaux. Ce fut le troisième type de créature volante qui apparut sur terre ; elle jaillit directement du groupe reptile, et non des dinosaures volants contemporains ni des types antérieurs d'oiseaux terrestres dentés. C'est pourquoi cette période est connue comme l'âge des oiseaux et celui du déclin des reptiles.

60.4  La Fin de la Période Crétacée

60:4.1 La grande période Crétacée se terminait ; sa clôture marque la fin des grandes invasions des continents par les mers. Ceci est particulièrement vrai pour l'Amérique du Nord où il y avait eu vingt-quatre grandes inondations. Bien que des submersions d'importance moindre se soient produites par la suite, aucune de ces dernières ne peut se comparer aux vastes et longues invasions marines de l'âge crétacé et des âges précédents. Ces périodes où la terre et la mer avaient alternativement le dessus se sont déroulées par cycles de millions d'années. Les élévations et les affaissements des fonds océaniques et des masses continentales se sont effectués selon un rythme multimillénaire. Et ces mêmes mouvements rythmiques de la coute terrestre se perpétueront depuis lors tout au long de l'histoire de la terre, mais avec une amplitude et une fréquence en diminution constante.

60:4.2 Cette période voit aussi la fin de la dérive continentale et la formation des montagnes modernes d'Urantia. Pourtant, la pression des masses continentales et le blocage de la force vive de leur dérive séculaire ne sont pas les seuls facteurs de la formation des montagnes. Le facteur principal et sous-jacent qui détermine l'emplacement d'une chaine montagneuse est l'existence préalable d'une basse terre, ou cuvette, qui a été comblée par les dépôts relativement plus légers de l'érosion terrestre et par les apports marins des âges précédents. L'épaisseur de ces zones de terrains plus légers atteint quelquefois 4.500à 6.000mètres ; c'est pourquoi, quand la croute terrestre est soumise à une pression d'origine quelconque, ces zones plus légères sont les premières à se froisser, à se plisser et à s'élever pour fournir une contrepartie aux forces et aux pressions antagonistes à l'oeuvre dans la croute terrestre ou au-dessous. Il arrive que ces soulèvements de terrains se produisent sans plissements. Mais, en liaison avec l'élévation des Montagnes Rocheuses, il se produisit des plissements et des basculements importants doublés d'énormes chevauchements des différentes couches tant superficielles que souterraines.

60:4.3 Les plus anciennes montagnes du monde sont situées en Asie, au Groenland et en Europe septentrionale au milieu de celles des vieux systèmes Est-Ouest. Les montagnes d'âge moyen appartiennent au groupe circumpacifique et au second système Est-Ouest européen qui naquit sensiblement à la même époque. Ce gigantesque soulèvement, long de près de seize-mille kilomètres, s'étend de l'Europe aux élévations de terrain des Antilles. Les montagnes les plus récentes se trouvent dans le système des Montagnes Rocheuses où, pendant des âges, des élévations de terrain ne s'étaient produites que pour être successivement recouvertes par les eaux, bien que certaines des plus hautes terres aient subsisté sous forme d'iles. Après la période de formation des montagnes d'âge moyen, de véritables hautes terres montagneuses furent soulevées. Elles devinrent ultérieurement les Montagnes Rocheuses actuelles après avoir été ciselées par le génie artistique combiné des éléments naturels.

60:4.4 La région actuelle des Montagnes Rocheuses en Amérique du Nord n'est pas celle de l'élévation de terrain originelle ; cette dernière avait été depuis longtemps nivelée par l'érosion, puis élevée de nouveau. L'actuelle chaine avancée est tout ce qui reste de la chaine originelle resoulevée. Le Pic Pikes et le Pic Longs sont des exemples marquants de cette activité orogénique qui s'étendit au moins sur deux générations de la vie des montagnes. Ces deux pics avaient gardé leur sommet au-dessus de l'eau durant plusieurs inondations antérieures.

60:4.5 Tant sur le plan biologique que sur le plan géologique, cette ère fut active et mouvementée sur terre et dans les eaux. Les oursins de mer se multiplièrent, tandis que coraux et crinoïdes diminuaient. Les ammonites, dont l'influence avait été prépondérante au cours d'une ère précédente, déclinèrent, elles aussi, rapidement. Sur terre, les forêts de fougères furent en grande partie remplacées par des pins et autres arbres actuels, dont les gigantesques séquoias. Vers la fin de cette période, les mammifères placentaires ne sont pas encore apparus, mais le cadre biologique est parfaitement prêt pour l'apparition, dans un âge ultérieur, des ancêtres primitifs des futurs types de mammifères.

60:4.6 Ainsi se termine une longue ère de l'évolution du monde s'étendant de la première apparition de la vie terrestre jusqu'aux temps plus récents des ancêtres immédiats de l'espèce humaine et de ses branches collatérales. Cette ère, appelée Crétacée, couvre cinquante-millions d'années ; elle clôt l'ère prémammifère de la vie terrestre connue sous le nom de Mésozoïque, qui s'étend sur une période de cent-millions d'années.

60:4.7 [Présenté par un Porteur de Vie de Nébadon affecté à Satania et en fonction présentement sur Urantia.]

61. L'Ère des Mammifères sur Urantia

61:0.1 L'ÈRE des mammifères s'étend depuis l'époque des premiers mammifères placentaires jusqu'à la fin de l'âge glaciaire et couvre un peu moins de cinquante-millions d'années.

61:0.2 Au cours de cet âge cénozoïque, le panorama du monde offrait un spectacle séduisant : collines ondulées, larges vallées, grands fleuves et vastes forêts. Pendant cette période, l'Isthme de Panama s'éleva et s'affaissa deux fois, et le pont terrestre du Détroit de Béring fit trois fois de même. Les types d'animaux étaient à la fois nombreux et variés. Les arbres fourmillaient d'oiseaux et le monde entier était un paradis pour les animaux, malgré les luttes incessantes pour la suprématie de leurs espèces en évolution.

61:0.3 Les dépôts accumulés au cours des cinq périodes de cette ère de cinquante-millions d'années contiennent les archives fossiles des dynasties successives de mammifères, et conduisent directement aux temps où l'homme lui-même apparut.

61.1  Le Stade des Nouvelles Terres Continentales - L'Âge des Premiers Mammifères

61:1.1 Il y a 50 millions d'années, les zones continentales du monde se trouvaient en majeure partie au-dessus de l'eau ou seulement légèrement immergées. Les formations et les dépôts de cette période sont à la fois terrestres et marins, mais principalement terrestres. Pendant un temps considérable, les terres s'élevèrent graduellement, mais elles furent en même temps érodées et entrainées vers les basses terres et les mers.

61:1.2 Au début de cette période, les mammifères du type placentaire apparurent soudain en Amérique du Nord ; ils représentaient l'étape la plus importante de l'évolution jusqu'à cette époque. Des ordres de mammifères non placentaires avaient existé auparavant, mais ce nouveau type jaillit directement et soudainement de l'ancêtre reptile préexistant dont la descendance s'était perpétuée au long des temps du déclin des dinosaures. Le père des mammifères placentaires fut un petit dinosaure carnivore très actif, du type sauteur.

61:1.3 Les instincts fondamentaux des mammifères commencèrent à se manifester chez ces types primitifs. Les mammifères possèdent, sur toutes les autres formes de la vie animale, un immense avantage pour survivre du fait qu'ils peuvent :

61:1.4 1. Mettre au monde des petits relativement évolués et bien développés.

61:1.5 2. Nourrir, instruire et protéger leur descendance avec une attention affectueuse.

61:1.6 3. Employer la supériorité de leur pouvoir cérébral pour se perpétuer.

61:1.7 4. Utiliser leur agilité accrue pour échapper à leurs ennemis.

61:1.8 5. Appliquer leur intelligence supérieure pour s'ajuster et s'adapter au milieu.

61:1.9 Il y a 45 millions d'années, les arêtes des continents s'élevèrent corrélativement à un affaissement généralisé des régions côtières. Les races des mammifères évoluaient rapidement. Un petit mammifère reptile du type ovipare prospérait, et les ancêtres des futurs kangourous parcouraient l'Australie. Il y eut bientôt des petits chevaux, des rhinocéros agiles, des tapirs à trompe, des porcs primitifs, des écureuils, des lémurs, des opossums et plusieurs tribus d'animaux simiens. Ils étaient tous petits, primitifs et surtout adaptés à la vie dans les forêts des régions montagneuses. Un grand oiseau terrestre du genre autruche se développa jusqu'à atteindre trois mètres de haut ; il pondait des oeufs de vingt-trois centimètres sur trente-trois et fut l'ancêtre des gigantesques oiseaux transporteurs ultérieurs, qui étaient si remarquablement intelligents et véhiculaient jadis des êtres humains à travers les airs.

61:1.10 Les mammifères du début de l'ère cénozoïque vivaient sur terre, sous l'eau, dans l'air et au sommet des arbres. Ils avaient de une à onze paires de glandes mammaires et étaient tous recouverts d'une épaisse toison. À l'instar des espèces qui devaient apparaître plus tard, ils portaient deux dentitions successives et possédaient un cerveau de grande taille par rapport à leur corps, mais aucune des espèces modernes ne figurait parmi eux.

61:1.11 Il y a 40 millions d'années, les zones terrestres de l'hémisphère nord commencèrent à s'élever ; ce phénomène fut suivi par de nouvelles et vastes sédimentations, et par d'autres activités terrestres comprenant des coulées de laves, des gauchissements, des formations lacustres et des érosions.

61:1.12 Pendant la dernière partie de cette période, presque toute l'Europe fut submergée. À la suite d'un léger exhaussement du sol, le continent se couvrit de lacs et de baies. L'Océan Arctique coula vers le sud par la dépression de l'Oural pour rejoindre la Méditerranée qui s'étendait alors plus au nord ; les hautes terres des Alpes, des Carpates, des Apennins et des Pyrénées émergeaient comme des iles au milieu de la mer. L'Isthme de Panama était émergé ; les océans Atlantique et Pacifique étaient séparés. L'Amérique du Nord était reliée à l'Asie par le pont terrestre du Détroit de Béring et à l'Europe par le Groenland et l'Islande. Le circuit terrestre continental des latitudes nordiques n'était interrompu que par le Détroit de l'Oural, qui reliait les mers arctiques à la Méditerranée agrandie.

61:1.13 De grandes quantités de calcaires foraminifères se déposèrent dans les eaux européennes. Aujourd'hui cette même roche se retrouve à une altitude de 3.000 mètres dans les Alpes, 5.000 mètres dans les Himalayas, et 6.000 mètres au Thibet. Les dépôts crayeux de cette période apparaissent le long des côtes d'Afrique et d'Australie, sur la côte ouest de l'Amérique du Sud et dans la région des Antilles.

61:1.14 Tout au long de cette période dite Éocène, l'évolution des mammifères et des autres formes de vie apparentées se poursuivit presque sans interruption. L'Amérique du Nord était alors reliée par des terres à tous les autres continents sauf l'Australie, et le monde était progressivement envahi par divers types d'une faune mammifère primitive.

61.2  Le Stade Récent d'Inondation - L'Âge des Mammifères Évolués

61:2.1 Cette période fut caractérisée par une nouvelle et rapide évolution des mammifères placentaires, les formes plus avancées de mammifères qui se développèrent au cours de ces temps.

61:2.2 Bien que les mammifères placentaires primitifs fussent issus d'ancêtres carnivores, des espèces herbivores apparurent très vite, et bientôt des familles de mammifères omnivores surgirent également. Les angiospermes constituaient la nourriture principale de ces mammifères, qui se multipliaient rapidement, car la flore terrestre moderne, y compris la majorité des plantes et des arbres actuels, était apparue au cours des périodes antérieures.

61:2.3 Il y a 35 millions d'années commença l'âge de la domination mondiale des mammifères placentaires. Le pont terrestre du Sud était très large et reliait de nouveau l'immense continent Antarctique à l'Amérique du Sud, à l'Afrique du Sud et à l'Australie. Malgré l'amoncellement des terres aux hautes latitudes, le climat du monde restait relativement doux parce que la surface des mers tropicales s'était énormément accrue et que les terres n'étaient pas encore assez élevées pour produire des glaciers. De vastes coulées de laves eurent lieu au Groenland et en Islande, et une certaine quantité de charbon fut déposée entre ces couches.

61:2.4 Des changements prononcés se dessinaient dans la faune de la planète. La vie marine était en train de subir de profondes modifications ; la majeure partie des espèces actuelles d'animaux marins existait déjà, et les foraminifères continuaient à jouer un rôle important. Les insectes ressemblaient beaucoup à ceux de la période précédente. Les dépôts fossiles de Florissant, au Colorado, datent des dernières années de ces temps lointains. La majorité des familles d'insectes actuellement vivants remontent à cette période, mais beaucoup de celles qui existaient alors sont maintenant éteintes, bien que leurs fossiles subsistent.

61:2.5 Sur les continents, cet âge fut par excellence celui de la rénovation et de l'expansion des mammifères. Plus de cent espèces de mammifères antérieurs et plus primitifs s'étaient éteintes avant la fin de cette période. Même les mammifères de grande taille pourvus d'un petit cerveau périrent rapidement. Le cerveau et l'agilité avaient remplacé l'armure et la taille dans le progrès de la survivance des animaux. Comme la famille des dinosaures était sur son déclin, les mammifères assumèrent peu à peu la domination de la terre en détruisant rapidement et complètement le reste de leurs ancêtres reptiles.

61:2.6 Parallèlement à la disparition des dinosaures, d'autres changements importants se produisirent dans les diverses branches de la famille des sauriens. Les membres survivants des familles primitives de reptiles sont les tortues, les serpents et les crocodiles, ainsi que les vénérables grenouilles, seul groupe subsistant pour représenter les plus lointains ancêtres de l'homme.

61:2.7 Divers groupes de mammifères tirèrent leur origine d'un animal unique maintenant éteint. Cette créature carnivore était quelque chose comme le croisement d'un chat et d'un phoque ; elle pouvait vivre sur terre ou dans l'eau, possédait une intelligence supérieure et était très active. En Europe, l'ancêtre de la famille canine apparut par évolution et donna bientôt naissance à de nombreuses espèces de petits chiens. Vers la même époque apparurent les rongeurs, y compris les castors, écureuils, saccophores, souris et lapins, qui représentèrent bientôt une forme de vie importante ; très peu de modifications se sont produites depuis lors dans cette famille. Les derniers dépôts de cette période contiennent des restes fossiles de chiens, de chats, de ratons laveurs et de belettes de forme ancestrale.

61:2.8 Il y a 30 millions d'années, les types modernes de mammifères commencèrent à faire leur apparition. Jusque-là, les mammifères avaient vécu en majorité dans les montagnes, car ils appartenaient à des types montagnards. Soudain commença l'évolution du type ongulé des plaines, l'espèce herbivore différenciée des carnivores à griffes. Ces animaux broutants descendaient d'un ancêtre non différencié qui avait cinq orteils et quarante-quatre dents, et qui disparut avant la fin de cet âge. L'évolution des ongulés ne progressa pas au delà du stade à trois orteils pendant cette période.

61:2.9 Le cheval, remarquable exemple d'évolution, vécut à cette époque en Amérique du Nord et en Europe, mais il n'acheva pas totalement son développement avant l'ère glaciaire ultérieure. Alors que la famille des rhinocéros apparut à la fin de cette période, elle ne connût sa plus grande expansion que plus tard. Une petite créature porcine se développa également et devint l'ancêtre des nombreuses espèces de suidés, de pécaris et d'hippopotames. Chameaux et lamas eurent leur origine en Amérique du Nord vers le milieu de cette période et envahirent les plaines de l'Ouest. Plus tard, les lamas émigrèrent en Amérique du Sud, les chameaux en Europe, et les deux espèces s'éteignirent bientôt en Amérique du Nord. Quelques chameaux survécurent toutefois jusqu'à l'âge glaciaire.

61:2.10 Un fait important se produisit vers cette époque dans l'ouest de l'Amérique du Nord ; les ancêtres primitifs des anciens lémurs apparurent pour la première fois. Bien que cette famille ne puisse pas être considérée comme de vrais lémurs, son apparition marqua l'établissement de la lignée d'où les vrais lémurs sortirent ultérieurement.

61:2.11 À l'instar des serpents terrestres d'un âge antérieur qui s'étaient voués à la vie marine, une tribu entière de mammifères placentaires déserta alors la terre pour établir sa résidence dans les océans. Ils sont, depuis lors, restés dans la mer où ils ont donné naissance aux baleines, dauphins, marsouins, phoques et otaries actuels.

61:2.12 Les oiseaux continuèrent à se développer sur la planète, mais avec peu de changements évolutionnaires importants. La majorité des oiseaux des temps modernes existait déjà, y compris les mouettes, hérons, flamants, buses, faucons, aigles, hiboux, cailles et autruches.

61:2.13 Vers la fin de cette période dite Oligocène, qui couvrit dix-millions d'années, la vie végétale, de même que la vie marine et les animaux terrestres, avait très largement évolué et se trouvait présente sur la planète à peu près comme aujourd'hui. Des spécialisations très poussées apparurent par la suite, mais les formes ancestrales de la majorité des êtres vivants existaient alors.

61.3  Le Stade des Montagnes Modernes - L'Âge de l'Éléphant et du Cheval

61:3.1 L'élévation des terres et la ségrégation des mers changeaient lentement la météorologie du monde ; le temps se refroidissait progressivement, mais le climat restait encore doux. Séquoias et magnolias poussaient au Groenland, mais les plantes subtropicales commençaient à émigrer vers le sud. À la fin de cette période, les plantes et les arbres des climats chauds avaient largement disparu des latitudes septentrionales ; leur place avait été prise par des plantes plus résistantes et par les arbres à feuilles caduques.

61:3.2 Le nombre des variétés d'herbes augmenta considérablement ; les dents de beaucoup d'espèces de mammifères se modifièrent progressivement pour se rapprocher du type actuel de dentition des herbivores broutants.

61:3.3 Il y a 25 millions d'années, une légère immersion des terres se produisit après une longue époque d'émersion. La région des Montagnes Rocheuses resta très élevée, de sorte que des matériaux d'érosion continuèrent à se déposer sur l'ensemble des basses terres de l'Est. Les Sierras furent de nouveau exhaussées ; en fait, elles n'ont pas cessé de s'élever depuis lors. La grande faille verticale californienne de six kilomètres et demi date de ce temps-là.

61:3.4 Il y a 20 millions d'années, les mammifères connurent véritablement leur âge d'or. L'isthme du Détroit de Béring était émergé, ce qui permit à de nombreux groupes d'animaux d'émigrer d'Asie vers l'Amérique du Nord ; ils comprenaient des mastodontes à quatre défenses, des rhinocéros à courtes pattes et de nombreuses variétés de félins.

61:3.5 Les premiers cervidés apparurent, et l'Amérique du Nord fut bientôt envahie par des ruminants - cerfs, boeufs, chameaux, bisons et plusieurs espèces de rhinocéros - mais l'espèce des porcs géants qui atteignaient plus de six pieds de haut [1m80] s'éteignit.

61:3.6 Les immenses éléphants de cette période et des périodes suivantes avaient un grand cerveau aussi bien qu'un grand corps ; ils envahirent bientôt le monde entier à l'exception de l'Australie. Pour une fois, le monde fut dominé par un animal énorme dont le cerveau était suffisamment important pour lui permettre de subsister. En présence de la vie hautement intelligente de ces âges, nul animal de la taille d'un éléphant n'aurait pu survivre à moins de posséder un cerveau de grande dimension et de qualité supérieure. En ce qui concerne l'intelligence et la faculté d'adaptation, le cheval est seul à s'approcher de l'éléphant, lequel n'est surpassé que par l'homme lui-même. Malgré cela, sur les cinquante espèces d'éléphants existant au début de cette période, deux seulement ont survécu.

61:3.7 Il y a 15 millions d'années, les régions montagneuses de l'Eurasie étaient en train de s'élever ; une certaine activité volcanique s'y manifestait un peu partout, sans pourtant avoir rien de comparable aux coulées de lave de l'hémisphère occidental. Ces conditions instables prévalaient sur l'ensemble du monde.

61:3.8 Le détroit de Gibraltar se ferma, et l'Espagne fut relié à l'Afrique par le vieil isthme, mais la Méditerranée s'écoulait dans l'Atlantique par un étroit canal qui traversait la France, tandis que les pics montagneux et les hautes terres formaient des iles à la surface de cette mer ancienne. Plus tard, ces mers européennes commencèrent à se retirer. Plus tard encore, la Méditerranée fut reliée à l'Océan Indien, tandis qu'à la fin de cette période la région de Suez se souleva de sorte que la Méditerranée fut transformée pendant un temps en une mer intérieure salée.

61:3.9 Le pont terrestre de l'Islande fut submergé, et les eaux arctiques se mélangèrent avec celles de l'Océan Atlantique. La côte Atlantique de l'Amérique du Nord se refroidit rapidement, mais la côte Pacifique resta plus chaude qu'à présent. Les grands courants océaniques circulaient et affectaient le climat à peu près comme aujourd'hui.

61:3.10 La vie des mammifère continua d'évoluer. D'immenses troupeaux de chevaux se joignirent aux chameaux dans les plaines occidentales de l'Amérique du Nord ; cet âge fut vraiment celui des chevaux aussi bien que celui des éléphants. Pour sa qualité animale, le cerveau du cheval vient immédiatement après celui de l'éléphant, bien qu'il soit nettement inférieur sur un point : le cheval ne triompha jamais complètement de sa propension profonde à fuir lorsqu'il est effrayé. Le cheval manque du contrôle émotionnel de l'éléphant, tandis que l'éléphant est gravement handicapé par sa taille et son manque d'agilité. Au cours de cette période apparut par évolution un animal qui tenait à la fois du cheval et de l'éléphant, mais il fut bientôt détruit par la famille des félins qui se multipliaient rapidement.

61:3.11 Au moment où Urantia s'engage dans ce que vous appelez « âge sans chevaux » , vous devriez faire une pause et songer à ce que cet animal signifiait pour vos ancêtres. Les hommes employèrent d'abord les chevaux pour se nourrir, puis pour voyager et enfin pour l'agriculture et la guerre. Le cheval a servi l'humanité pendant longtemps et a joué un rôle important dans le développement de la civilisation humaine.

61:3.12 Les développements biologiques de cette période contribuèrent beaucoup à préparer le terrain pour l'apparition ultérieure de l'homme. En Asie Centrale, les véritables types aussi bien de singes primitifs que de gorilles évoluèrent à partir d'un ancêtre commun maintenant éteint. Mais aucune de ces espèces n'est rattachée à la lignée des êtres vivants destinées à donner plus tard les ancêtres de la race humaine.

61:3.13 La famille des canins était représentée par plusieurs groupes, notamment par des loups et des renards ; la tribu des félins l'était par des panthères et de grands tigres aux dents de sabre, ces derniers apparurent d'abord en Amérique du Nord. Les familles félines et canines modernes se multiplièrent dans le monde entier. Belettes, martres, loutres et ratons laveurs prospérèrent et se multiplièrent dans les latitudes septentrionales.

61:3.14 Les oiseaux continuèrent à évoluer bien qu'avec peu de changements. Les reptiles étaient semblables aux types modernes - serpents, crocodiles et tortues.

61:3.15 Ainsi tirait à sa fin une période de l'histoire du monde très intéressante et fertile en évènements. Cette ère de l'éléphant et du cheval est connue sous le nom de Miocène.

61.4  Le Stade Récent d'Élévation Continentale
(La Dernière Grande Migration des Mammifères)

61:4.1 Cette période est marquée par l'élévation préglaciaire des terres en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. La topographie de la terre fut largement modifiée. Des chaines de montagnes naquirent, des fleuves changèrent leurs cours et des volcans isolés apparurent dans le monde entier.

61:4.2 Il y a 10 millions d'années commença un âge de dépôts terrestres locaux disséminés sur les basses terres des continents, mais la plupart de ces sédimentations furent ultérieurement érodées. En ce temps-là, une grande partie de l'Europe était encore immergée, y compris certaines portions de l'Angleterre, de la Belgique et de la France ; la Mer Méditerranée recouvrait une grande partie de l'Afrique du Nord. En Amérique du Nord, des dépôts s'accumulèrent sur de grandes surfaces à la base des montagnes, dans les lacs et dans les grandes cuvettes terrestres. Ces dépôts ont une épaisseur moyenne qui ne dépasse pas soixante mètres ; ils sont plus ou moins colorés, et les fossiles y sont rares. Deux grands lacs d'eau douce existaient dans l'ouest de l'Amérique du Nord. Les Sierras s'élevaient. Les monts Shasta, Hood et Rainier débutaient dans leur carrière ; mais ce n'est pas avant l'âge glaciaire suivant que l'Amérique du Nord commença son cheminement vers la dépression Atlantique.

61:4.3 Pendant une brève période, toutes les terres du monde se trouvèrent de nouveau jointes, à l'exception de l'Australie, et la dernière migration animale à l'échelle mondiale eut lieu. L'Amérique du Nord était reliée à la fois à l'Amérique du Sud et à l'Asie, et des échanges s'effectuaient librement dans le règne animal. Les paresseux, les tatous, les antilopes et les ours d'Asie pénétrèrent en Amérique du Nord, tandis que les chameaux nord-américains allèrent en Chine. Les rhinocéros émigrèrent dans le monde entier à l'exception de l'Australie et de l'Amérique du Sud, mais, à la fin de cette période, leur race s'était éteinte dans l'hémisphère occidental.

61:4.4 En général, la vie de la période précédente continua à évoluer et à se répandre. La famille des félins dominait la vie animale, et la vie marine était presque stationnaire. Beaucoup de chevaux étaient encore du type à trois orteils, mais différentes races modernes allaient surgir ; des lamas et des chameaux du genre girafe se mêlaient aux chevaux dans les plaines à pâturages. La girafe apparut en Afrique avec un cou aussi long qu'aujourd'hui. En Amérique du Sud, les paresseux, les tatous, les fourmiliers et les types sud-américains de singes primitifs évoluèrent. Avant que les continents ne soient définitivement isolés, les mastodontes, ces animaux massifs, émigrèrent dans le monde entier, sauf en Australie.

61:4.5 Il y a 5 millions d'années le cheval atteignit son point d'évolution actuel et émigra d'Amérique du Nord dans le monde entier. Mais la race chevaline s'était éteinte sur le continent d'origine bien avant l'arrivée de l'homme rouge.

61:4.6 Le climat se refroidissait progressivement, les plantes terrestres se déplaçaient lentement vers le sud. C'est d'abord le froid accru dans les régions nordiques qui arrêta les migrations animales par les isthmes du nord ; plus tard, les ponts terrestres de l'Amérique du Nord s'affaissèrent. Bientôt après, la liaison terrestre entre l'Afrique et l'Amérique du Sud fut définitivement submergée, et l'hémisphère occidental se trouva isolé à peu près comme aujourd'hui. À partir de cette époque, des types de vie distincts commencèrent à se développer dans l'hémisphère oriental et dans l'hémisphère occidental.

61:4.7 Ainsi se clôtura cette période de près de dix-millions d'années, alors que l'ancêtre de l'homme n'avait pas encore fait son apparition. Cette époque est généralement désignée sous le nom de Pliocène.

61.5  Le Début de l'Âge Glaciaire

61:5.1 À la fin de la période précédente, les terres du nord-est de l'Amérique du Nord et de l'Europe septentrionale étaient extrêmement élevées sur de grandes surfaces ; en Amérique du Nord, de vastes régions atteignaient une altitude de 9.000 mètres et plus. Des climats doux avaient régné jusqu'alors dans ces régions nordiques, et toutes les eaux arctiques étaient sujettes à l'évaporation ; elles restèrent libres de glaces presque jusqu'à la fin de la période glaciaire.

61:5.2 En même temps que ces terres s'élevaient, les courants océaniques se déplacèrent et les vents saisonniers modifièrent leur direction. Ces conditions provoquèrent en fin de compte sur les hautes terres septentrionales une précipitation d'humidité presque constante par suite des mouvements de l'atmosphère fortement saturée. La neige commença à tomber sur ces régions élevées, donc froides, et elle continua jusqu'à ce qu'elle eut atteint une épaisseur de 6.000 mètres. Les zones de plus grande épaisseur de neige, ainsi que l'altitude, déterminèrent les points centraux des coulées glaciaires sous pression qui se produisirent plus tard. L'âge glaciaire persista tant que ces précipitations excessives continuèrent à couvrir les hautes terres nordiques d'un énorme manteau de neige qui bientôt se métamorphosa en glace compacte mais cheminante.

61:5.3 Les grandes couches glaciaires de cette époque étaient toutes situées sur des hautes terres, et non dans les régions montagneuses où elles se trouvent aujourd'hui. La moitié des formations glaciaires était située en Amérique du Nord, un quart en Eurasie et un quart dans le reste du monde, principalement dans l'Antarctique. L'Afrique était peu touchée par les glaces, mais l'Australie était presque entièrement recouverte par le manteau de glace de l'Antarctique.

61:5.4 Les régions nordiques d'Urantia ont connu six invasions glaciaires séparées et distinctes, bien que des douzaines de progressions et de reculs se soient produits en liaison avec l'activité de chaque couche de glace individuelle. Les glaces de l'Amérique du Nord se rassemblèrent en deux centres, et plus tard en trois. Le Groenland était couvert de glace et l'Islande complètement ensevelie sous une coulée glaciaire. En Europe, la glace recouvrit à différentes époques les Iles Britanniques, à l'exception de la côte sud de l'Angleterre, et s'étendit sur L'Europe occidentale jusqu'en France.

61:5.5 Il y a 2 millions d'années le premier glacier nord-américain commença son mouvement vers le sud. L'âge glaciaire était dans sa genèse, et il fallut à ce glacier presque un million d'années pour avancer, puis pour se retirer vers les centres de pression du nord. Le manteau de glace central s'étendit vers le sud jusqu'au Kansas ; les centres glaciaires de l'est et de l'ouest n'étaient pas alors aussi étendus.

61:5.6 Il y a 1.500.000 ans le premier grand glacier reculait vers le nord. Entre temps, d'énormes quantités de neige étaient tombées sur le Groenland et sur le nord-est de l'Amérique du Nord ; cette masse glaciaire orientale ne tarda pas à couler lentement vers le sud. Ce fut la seconde invasion glaciaire.

61:5.7 Ces deux premières invasions ne furent pas très étendues en Eurasie. Au cours de ces époques primitives de l'âge glaciaire, l'Amérique du Nord était envahie de mastodontes, de mammouths laineux, de chevaux, de chameaux, de cerfs, de boeufs musqués, de bisons, de tardigrades terrestres, de castors géants, de tigres à dents de sabre, de paresseux gros comme des éléphants et de nombreux groupes des familles féline et canine. Mais, à partir de cette époque, leur nombre fut rapidement réduit par le froid croissant de la période glaciaire. Vers la fin de l'âge glaciaire, ces espèces animales s'étaient en majorité éteintes en Amérique du Nord.

61:5.8 En dehors des régions recouvertes de glace, la vie terrestre et aquatique n'avait pas beaucoup changé dans le monde. Entre les invasions glaciaires, le climat était à peu près aussi doux qu'aujourd'hui, peut-être même un peu plus chaud. Après tout, les glaciers n'étaient que des phénomènes locaux, bien qu'ils aient recouvert d'immenses surfaces. Le climat côtier varia grandement entre les périodes d'inactivité glaciaire et celles où d'énormes icebergs se laissaient glisser des côtes du Maine dans l'Atlantique ; d'autres s'échappaient par le Puget Sound vers le Pacifique, ou s'écroulaient avec fracas dans les fjords norvégiens ouverts sur la Mer du Nord.

61.6  L'Homme Primitif dans l'Âge Glaciaire

61:6.1 Le grand événement de cette période glaciaire fut l'apparition évolutive de l'homme primitif. Légèrement à l'ouest de l'Inde, sur une terre maintenant immergée et parmi les descendants des anciens lémurs d'Amérique du Nord émigrés en Asie, les mammifères précurseurs de l'homme apparurent soudainement. Ces petits animaux marchaient principalement sur leurs pattes de derrière ; ils possédaient un gros cerveau proportionnellement à leur taille et comparativement au cerveau des autres animaux. Dans la soixante-dixième génération de cet ordre de vie, un groupe nouveau et supérieur d'animaux se différencia soudain. Ces nouveaux mammifères intermédiaires - qui avaient presque deux fois la taille de leurs ancêtres et possédaient des facultés cérébrales accrues en proportion - venaient à peine de bien s'établir quand les Primates, représentant leur troisième mutation vitale, apparurent soudain. (Au même moment, un développement rétrograde, survenu au coeur de la souche des mammifères intermédiaires, donna naissance aux ancêtres de la race simienne ; depuis ce jour et jusqu'aux temps présents, la branche humaine a progressé selon une évolution graduelle, tandis que les tribus simiennes sont restées stationnaires ou ont même réellement rétrogradé.)

61:6.2 Il y a un million d'années Urantia fut enregistrée comme monde habité. Une mutation à l'intérieur de la souche des Primates en progression produisit soudain deux êtres humains primitifs, les véritables ancêtres de l'humanité.

61:6.3 Cet évènement eut lieu à peu près au moment où commençait la troisième avancée glaciaire ; on voit donc que vos premiers ancêtres naquirent et se formèrent dans un milieu difficile, tonifiant et stimulant. Et les seuls survivants de ces aborigènes d'Urantia, les Esquimaux, préfèrent encore maintenant vivre dans les climats nordiques très froids.

61:6.4 Les êtres humains n'habitèrent pas l'hémisphère occidental avant les derniers temps de l'ère glaciaire ; mais, au cours des époques interglaciaires, ils passèrent vers l'ouest en contournant la Méditerranée et envahirent bientôt le continent européen. Dans les cavernes de l'Europe occidentale, on trouve des ossements humains mêlés à des restes d'animaux aussi bien arctiques que tropicaux, ce qui témoigne que des hommes ont vécu dans ces régions pendant les dernières époques de progression et de recul des glaciers.

61.7  La Suite de l'Âge Glaciaire

61:7.1 Tout au long de la période glaciaire, d'autres activités continuèrent à s'exercer, mais l'action des glaces éclipse tous les autres phénomènes des latitudes nordiques. Nulle autre activité terrestre ne laisse de preuves topographiques aussi nettes. Les gros cailloux caractéristiques et les clivages de la surface, tels que marmites de géants, lacs, pierres déplacées ou pulvérisées, ne sont liés à aucun autre phénomène de la nature. La glace est également responsable des molles ondulations de terrain connues sous le nom de drumlins. De plus, au cours de sa progression, un glacier déplace les rivières et modifie complètement la face de la terre. Seuls les glaciers laissent derrière eux comme débris révélateurs les moraines médianes, latérales et frontales. Ces dépôts, en particulier les moraines médianes, s'étendent vers le nord et l'ouest en partant de la côte orientale de l'Amérique du Nord. On en trouve également en Europe et en Sibérie.

61:7.2 Il y a 750.000 ans la quatrième nappe de glace, formée par l'union des champs glaciaires du centre et de l'est de l'Amérique du Nord, était bien en route vers le sud. À son apogée, elle atteignit le sud de l'Illinois et déplaça le Mississippi de quatre-vingt kilomètres vers l'ouest, tandis que la partie orientale de la nappe s'étendit vers le sud jusqu'au fleuve Ohio et à la Pennsylvanie centrale.

61:7.3 C'est en Asie que la nappe glaciaire sibérienne fit son invasion la plus méridionale, tandis qu'en Europe la glace en progression s'arrêta juste avant la barrière montagneuse des Alpes.

61:7.4 Il y a 500.000 ans, au cours de la cinquième avance glaciaire, un nouveau phénomène accéléra le cours de l'évolution humaine. Soudain, et en une seule génération, les six races de couleur apparurent par mutation à partir de la souche humaine aborigène. Cette date est doublement importante, car elle marque également l'arrivée du Prince Planétaire.

61:7.5 En Amérique du Nord, le cinquième glacier en progression consista en une invasion combinée partant des trois centres glaciaires. Toutefois, le lobe oriental ne s'étendit que peu au sud de la vallée du Saint-Laurent et la nappe occidentale n'avança que peu vers le sud. Par contre, le lobe central s'étendit suffisamment vers le sud pour recouvrir presque entièrement l'État d'Iowa. En Europe, cette invasion glaciaire ne fut pas aussi étendue que la précédente.

61:7.6 Il y a 250.000 ans commença la sixième et dernière poussée glaciaire. En dépit du fait que les hautes terres nordiques avaient commencé à s'affaisser légèrement, cette période vit les plus grands dépôts de neige s'accumuler sur les champs de glace septentrionaux.

61:7.7 Au cours de cette invasion, les trois grandes nappes glaciaires se soudèrent en une seule immense masse, et toutes les montagnes de l'ouest participèrent à cette activité glaciaire. Ce fut la plus grande de toutes les invasions glaciaires en Amérique du Nord ; la glace se déplaça vers le sud à plus de deux-mille-cinq-cents kilomètres de ses centres de pression, et l'Amérique du Nord connut les températures les plus basses de son histoire.

61:7.8 Il y a 200.000 ans, au cours de l'avance du dernier glacier, eut lieu un épisode qui influença beaucoup le cours des évènements sur Urantia - la rébellion de Lucifer.

61:7.9 Il y a 150.000 ans la sixième et dernière invasion glacière atteignit les points extrêmes de sa progression vers le sud ; la nappe occidentale dépassait juste la frontière canadienne, la nappe centrale atteignait le Kansas, le Missouri et l'Illinois, et la nappe orientale recouvrait une grande partie de la Pennsylvanie et de l'Ohio.

61:7.10 C'est ce glacier qui projeta les nombreuses protubérances, ou langues glaciaires, qui sculptèrent les lacs actuels, grands et petits. Le système des Grands Lacs nord-américains fut établi par ce glacier pendant son recul. Les géologues d'Urantia ont retracé de façon très exacte les différents stades de cette évolution et ont correctement conjecturé que ces masses d'eau se sont vidées à des époques différentes, d'abord dans la vallée du Mississippi, puis, vers l'est, dans la vallée de l'Hudson, et finalement, par un passage nordique dans celle du Saint-Laurent. Il y a maintenant trente-sept-mille ans que les eaux du système communicant des Grands Lacs s'écoulent par la voie actuelle du Niagara.

61:7.11 Il y a 100.000 ans, lors du recul du dernier glacier, les immenses nappes polaires de glace commencèrent à se former et le centre des accumulations glaciaires se déplaça considérablement vers le nord. Aussi longtemps que les régions polaires seront couvertes de glaces, il sera pratiquement impossible à un nouvel âge glaciaire de survenir, quelles que puissent être, dans l'avenir, les élévations de terrain ou les modifications des courants océaniques.

61:7.12 Ce dernier glacier mit cent-mille ans à avancer et il lui fallut un laps de temps égal pour achever son retrait vers le nord. Les régions tempérées sont libres de glaces depuis un peu plus de cinquante-mille ans.

61:7.13 Les rigueurs de la période glaciaire détruisirent de nombreuses espèces animales et en modifièrent radicalement beaucoup d'autres. Maintes espèces furent cruellement sélectionnées au cours des migrations répétées rendues nécessaires par les avances et reculs des glaces. Les animaux qui suivirent les déplacements alternés des glaciers sur la terre furent l'ours, le bison, le renne, le boeuf musqué, le mammouth et le mastodonte.

61:7.14 Les mammouths recherchaient les prairies dégagées et les mastodontes préféraient la lisière abritée des régions boisées. Jusqu'à une date récente, les mammouths vagabondèrent du Mexique au Canada ; la variété sibérienne se couvrit de laine. Les mastodontes continuèrent à vivre en Amérique du Nord jusqu'à ce que les hommes rouges les aient exterminés, à peu près comme les hommes blancs massacrèrent plus tard les bisons.

61:7.15 Au cours de la dernière période glaciaire, les chevaux, les tapirs, les lamas et les tigres à dents de sabre disparurent de l'Amérique du Nord. Ils furent remplacés par des paresseux, des tatous et des cabiais ou cochons d'eau remontés de l'Amérique du Sud.

61:7.16 Les migrations forcées de la vie devant les progressions glaciaires amenèrent d'extraordinaires croisements de plantes et d'animaux. Après le retrait de la dernière invasion glaciaire, de nombreuses espèces arctiques, tant animales que végétales, restèrent échouées sur les hauteurs de certains pics montagneux où elles s'étaient réfugiées pour échapper à la destruction par le glacier. C'est pourquoi l'on trouve aujourd'hui ces plantes et ces animaux dissociés sur les hauteurs des Alpes en Europe, et même sur les Appalaches en Amérique du Nord.

61:7.17 L'âge glaciaire est la dernière période géologique parachevée ; elle est dite Pléistocène et s'étend sur plus de deux-millions d'années.

61:7.18 Il y a 35.000 ans s'acheva ce grand âge glaciaire, sauf pour les régions polaires de la planète. Cette date est également significative parce qu'elle coïncide à peu près avec l'arrivée d'un Fils et d'une Fille Matériels, le début de la dispensation Adamique, et le moment où commence la période Holocène ou postglaciaire.

61:7.19 Cet exposé s'étend de l'apparition des mammifères à la régression glaciaire et jusqu'aux temps historiques ; il couvre une période de presque cinquante-millions d'années. C'est la dernière - l'actuelle - période géologique. Vos chercheurs la connaissent sous le nom d'ère Cénozoïque, ou ère des temps récents.

61:7.20 [Parrainé par un Porteur de Vie résident.]

62. Les Races à l'Aurore de l'Homme Primitif

62:0.1 IL Y A environ un million d'années, les ancêtres immédiats de l'humanité firent leur apparition en trois mutations successives et soudaines à partir de la souche primitive du type lémurien de mammifères placentaires. Les facteurs dominants de ces lémurs primitifs dérivaient du plasma vital évolutif du groupe américain occidental ou récent. Mais, avant de donner naissance à la ligne directe des ancêtres de l'homme, cette race fut renforcée par des apports de l'implantation centrale de vie qui avait évolué en Afrique. Le groupe oriental n'apporta qu'une contribution insignifiante à la création effective de l'espèce humaine.

62.1  Les Types Primitifs de Lémurs

62:1.1 Les lémurs primitifs ayant un rapport avec les ancêtres de l'espèce humaine n'avaient pas de parenté directe avec les tribus préexistantes de gibbons et de singes qui vivaient alors en Eurasie et en Afrique du Nord et dont la descendance a survécu jusqu'aux temps présents. Ils n'étaient pas davantage issus des lémurs du type moderne, bien qu'ils aient eu un ancêtre commun éteint depuis longtemps.

62:1.2 Tandis que ces lémurs primitifs évoluaient dans l'hémisphère occidental, les mammifères ancêtres directs de l'humanité s'affermissaient en Asie du Sud-ouest, dans la zone originelle de l'implantation centrale de vie, mais vers la frontière est de cette zone. Plusieurs millions d'années auparavant, les lémurs du type nord-américain avaient émigré vers l'ouest par le pont terrestre de Béring et avaient progressé lentement vers le sud-ouest le long de la côte asiatique. Ces tribus migratrices atteignirent finalement les régions salubres qui s'étendaient entre la Mer Méditerranée, alors beaucoup plus vaste, et les régions montagneuses en cours d'exhaussement de la péninsule Indienne. Dans ces terres situées à l'ouest de l'Inde, elles s'unirent à d'autres lignées propices et établirent ainsi l'ascendance de la race humaine.

62:1.3 Au cours des temps, le littoral de l'Inde situé au sud-ouest des montagnes fut progressivement submergé, et la vie de cette région se trouva complètement isolée. Cette péninsule Mésopotamienne ou Persane n'avait plus aucune voie d'accès ou de fuite, sauf au nord, et cette dernière elle-même fut coupée de façon répétée par des invasions glaciaires se dirigeant vers le sud. C'est dans cette région presque paradisiaque, et à partir des descendants supérieurs de ce type de mammifères lémuriens, que surgirent deux grands groupes, les tribus simiennes des temps modernes et l'espèce humaine d'aujourd'hui.

62.2  Les Mammifères Précurseurs de l'Homme

62:2.1 Il y a un peu plus d'un million d'années apparurent soudain les mammifères précurseurs mésopotamiens descendant directement du type lémurien nord-américain de mammifères placentaires. C'étaient de petites créatures actives, hautes de presque un mètre. Elles ne marchaient pas habituellement sur leurs pattes de derrière, mais pouvaient facilement se tenir debout. Elles étaient velues et agiles, et bavardaient à la manière des singes, mais, contrairement aux tribus simiennes, elles étaient carnivores. Elles avaient un pouce opposable primitif ainsi qu'un gros orteil préhensile extrêmement utile. À partir de ce moment, le pouce opposable se développa chez les espèces préhumaines successives, tandis que leur gros orteil perdait progressivement le pouvoir de préhension. Les tribus ultérieures de singes gardèrent le gros orteil préhensile, mais n'acquirent jamais le pouce typique de l'homme.

62:2.2 Ces mammifères précurseurs atteignaient leur taille adulte vers trois ou quatre ans, et leur durée de vie possible était en moyenne de vingt ans. En règle générale ils portaient un seul petit à la fois, quoiqu'il y eût de temps en temps des jumeaux.

62:2.3 Les membres de cette nouvelle espèce avaient un cerveau plus volumineux par rapport à leur taille que tous les autres animaux ayant vécu jusque-là sur terre. Ils éprouvaient une grande partie des sentiments et possédaient bon nombre des instincts qui devaient caractériser plus tard les hommes primitifs. Ils étaient extrêmement curieux et faisaient montre d'une grande joie lorsqu'ils réussissaient dans une entreprise quelconque. L'appétit pour la nourriture et le désir sexuel étaient bien développés. Une sélection sexuelle se manifestait nettement sous forme d'une cour rudimentaire et du choix des compagnes ou compagnons. Ils étaient capables de lutter farouchement pour défendre les leurs. Très tendres au sein de leurs associations familiales, ils possédaient un sens de l'humilité qui atteignait presque la honte et le remords. Ils étaient très affectueux et d'une fidélité touchante envers leur conjoint, mais, si les circonstances les séparaient, ils choisissaient un nouveau partenaire.

62:2.4 Comme ils étaient de petite taille et que leur intelligence aiguë leur permettait de bien comprendre les dangers de leur habitat forestier, un extraordinaire sentiment de peur se développa chez eux. Cela les amena à prendre les sages mesures de précaution dont l'importance fut capitale pour leur survivance : par exemple, ils construisaient tout en haut des arbres des abris grossiers qui écartaient bien des périls de la vie à ras de terre. L'apparition des tendances à la peur chez l'humanité date plus spécifiquement de ces temps-là.

62:2.5 Ces mammifères précurseurs avaient l'esprit de tribu le plus développé que l'on ait encore jamais vu. Ils étaient certes très grégaires, mais se montraient malgré tout extrêmement batailleurs s'ils étaient troublés d'une façon quelconque dans le cours ordinaire de leur vie quotidienne, et ils faisaient preuve d'un caractère impétueux quand leur colère était à son comble. Toutefois leur nature belliqueuse servit à des fins favorables ; les groupes supérieurs n'hésitèrent pas à entrer en guerre avec leurs voisins inférieurs, et l'espèce s'améliora progressivement par la survivance sélective des meilleurs. Les lémurs précurseurs dominèrent très tôt les créatures plus petites de cette région, et très peu de tribus simiennes anciennes non carnivores réussirent à survivre.

62:2.6 Ces petits animaux agressifs se multiplièrent et envahirent la péninsule mésopotamienne tout entière pendant plus de mille ans, tandis que leur type physique et leur intelligence générale s'amélioraient constamment. Soixante-dix générations exactement après que le type le plus élevé d'ancêtres lémuriens eut donné naissance à cette nouvelle tribu, se produisit un fait nouveau qui marqua le début d'une nouvelle époque : la différenciation soudaine des ancêtres de l'étape vitale suivante dans l'évolution des êtres humains sur Urantia.

62.3  Les Mammifères Intermédiaires

62:3.1 Vers le début de l'évolution des mammifères précurseurs, deux jumeaux, un mâle et une femelle, naquirent au sommet d'un arbre dans l'abri d'un couple de ces créatures agiles. Comparés à leurs ancêtres, ils étaient vraiment de jolies petites créatures. Ils avaient peu de poils sur le corps, ce qui ne constituait pas un inconvénient, car ils vivaient dans un climat chaud et uniforme.

62:3.2 Leur taille d'adultes dépassait un mètre vingt. Ils étaient en tous points plus grands que leurs parents, avec des jambes plus longues et des bras plus courts. Ils avaient des pouces opposables presque parfaits, à peu près aussi bien adaptés aux travaux les plus variés que le pouce des hommes modernes. Ils marchaient debout, car leurs pieds convenaient presque aussi bien à la marche que ceux des races humaines ultérieures.

62:3.3 Leur cerveau était inférieur à celui des êtres humains, et plus petit, mais très supérieur à celui de leurs ancêtres et relativement beaucoup plus volumineux. Les jumeaux manifestèrent très tôt une intelligence supérieure et furent bientôt reconnus comme chefs de toute la tribu des mammifères précurseurs ; ils instituèrent réellement une forme primitive d'organisation sociale et une ébauche de division économique du travail. Le frère et la soeur s'unirent et jouirent bientôt de la société de vingt-et-un enfants très semblables à eux-mêmes, qui avaient tous plus d'un mètre vingt de haut et qui étaient en tout point supérieurs à leur espèce ancestrale. Ce nouveau groupe forma le noyau des mammifères intermédiaires.

62:3.4 Quand les membres de ce groupe nouveau et supérieur devinrent nombreux, la guerre, une guerre implacable contre les précurseurs éclata. Après la fin du terrible conflit, aucun individu de la race ancestrale préexistante ne subsistait. Les descendants de l'espèce, moins nombreux , mais plus puissants et plus intelligents, avaient survécu aux dépens de leur ancêtres.

62:3.5 Ils devinrent alors la terreur de cette partie du monde pendant près de quinze mille ans (six-cents générations). Tous les grands animaux féroces des temps passés avaient péri. Les grosses bêtes originaires de ces régions n'étaient pas carnivores, et les grands félins, lions et tigres, n'avaient pas encore envahi ce recoin particulièrement abrité de la surface terrestre. Grâce à cela, ces mammifères intermédiaires devinrent courageux et subjuguèrent tout leur secteur de la création.

62:3.6 Comparés à l'espèce ancestrale, les mammifères intermédiaires représentaient un progrès sous tous les rapports. Même la durée potentielle de leur vie était plus longue et atteignait vingt-cinq ans. Un certain nombre de traits humains rudimentaires apparurent chez cette espèce nouvelle. En plus des propensions innées que montraient leurs ancêtres, ces mammifères intermédiaires étaient capables d'exprimer leur dégout dans certaines situations répugnantes. Ils possédaient aussi un instinct bien défini de thésaurisation ; ils faisaient des provisions de nourriture pour leurs besoins ultérieurs et étaient très enclins à collectionner des galets ronds et lisses, et certains types de pierres rondes utilisables comme projectiles défensifs et offensifs.

62:3.7 Ces mammifères intermédiaires furent les premiers à manifester une tendance nette à bâtir, ainsi que le montrent leurs rivalités dans la construction de huttes à la cime des arbres et de retraites souterraines percées de multiples tunnels ; ils furent la première espèce de mammifères à rechercher la sécurité à la fois dans des abris arboricoles et souterrains. Délaissant largement les arbres comme lieu de séjour, ils vivaient sur le sol pendant la journée et retournaient dormir la nuit à la cime des arbres.

62:3.8 Au cours des temps, l'accroissement naturel de leur nombre entraina finalement une concurrence sévère pour la nourriture et une rivalité sexuelle culminant en une série de batailles intestines qui détruisirent presque entièrement l'espèce. Les batailles se perpétuèrent jusqu'à ce qu'un groupe de moins de cent individus restât seul vivant. La paix régna une fois de plus ; cette unique tribu survivante rebâtit ses chambres à coucher à la cime des arbres et reprit une fois de plus le cours normal d'une existence semi-pacifique.

62:3.9 Vous pouvez à peine imaginer combien vos ancêtres préhumains ont frisé, à plusieurs reprises, la destruction totale. Si la grenouille ancestrale de toute l'humanité avait sauté cinq centimètres de moins dans une certaine occasion, tout le cours de l'évolution aurait été notablement changé. La mère lémurienne immédiate de l'espèce des mammifères précurseurs échappa d'un cheveu à la mort au moins cinq fois avant d'enfanter le père du nouvel ordre de mammifères supérieurs. La dernière extrémité fut atteinte lorsque la foudre frappa l'arbre dans lequel dormait la future mère des jumeaux Primates. Les deux mammifères intermédiaires parents furent sérieusement choqués et brulés, et trois de leurs sept enfants furent tués par ce coup tombé du ciel. Ces animaux en cours d'évolution étaient presque superstitieux. Les deux membres du couple dont l'habitat situé à la cime de l'arbre avait été foudroyé étaient réellement les dirigeants du groupe le plus progressif de l'espèce mammifère intermédiaire. Suivant leur exemple, plus de la moitié de la tribu comprenant les familles les plus intelligentes s'écarta d'environ trois kilomètres de ce lieu ; elle se mit à construire de nouveaux logis à la cime des arbres et de nouveaux abris souterrains - leurs retraites temporaires en cas de danger soudain.

62:3.10 Peu après avoir terminé sa demeure, le couple vétéran de tant de combats se trouva fièrement père et mère de jumeaux qui étaient les animaux les plus importants et les plus intéressants apparus jusqu'alors en ce monde. En effet, c'étaient les premiers représentants de la nouvelle espèce des Primates qui constitua l'étape vitale suivante de l'évolution préhumaine.

62:3.11 Au moment même où naquirent ces jumeaux primates, un autre couple - un couple particulièrement retardé de la tribu des mammifères intermédiaires dont le mâle et la femelle étaient inférieurs au physique comme au mental - donna également naissance à des jumeaux. Ces jumeaux, un mâle et une femelle, étaient indifférents aux conquêtes ; ils s'occupaient uniquement de trouver de la nourriture, et, comme ils ne voulaient pas manger de chair, ils perdirent bientôt tout intérêt à la recherche des proies. Ces jumeaux attardés furent les fondateurs des tribus simiennes modernes. Leurs descendants recherchèrent les climats doux et l'abondance de fruits tropicaux des régions méridionales plus chaudes ; ils s'y sont perpétués sans grand changement jusqu'à ce jour, à l'exception des branches qui s'unirent à des types antérieurs de gibbons et de singes, et s'abâtardirent en conséquence.

62:3.12 Il est donc facile de voir que la seule parenté de l'homme et du singe réside dans le fait qu'ils descendent tous deux des mammifères intermédiaires chez qui se produisit la naissance simultanée et la ségrégation subséquente de deux paires de jumeaux : la paire inférieure destinée à engendrer les types modernes de singes, de babouins, de chimpanzés et de gorilles ; et la paire supérieure destinée à continuer la lignée ascendante qui donna par évolution l'homme lui-même.

62:3.13 Les hommes modernes et les simiens sont issus de la même tribu et de la même espèce, mais non des mêmes parents. Les ancêtres de l'homme descendent de la lignée supérieure du reste sélectionné de cette tribu mammifère intermédiaire, tandis que les simiens modernes (à l'exception de certains types préexistants de lémurs, de gibbons, de singes et d'autres créatures du même genre) descendent du couple le plus inférieur du groupe mammifère intermédiaire. Ce couple ne survécut qu'en se cachant pendant plus de deux semaines dans une retraite souterraine servant de garde-manger au cours de la dernière bataille acharnée de leur tribu, et en n'en ressortant que bien après la fin des hostilités.

62.4  Les Primates

62:4.1 Remontons à la naissance des jumeaux supérieurs, un mâle et une femelle, les deux membres dirigeants de la tribu des mammifères intermédiaires. Ces deux bébés animaux appartenaient à un ordre inhabituel ; ils avaient encore moins de poil sur le corps que leurs parents et, dès leur prime jeunesse, ils insistèrent pour marcher debout. Leurs ancêtres avaient toujours appris à marcher sur leurs membres postérieurs, mais ces jumeaux primates se tinrent droit spontanément dès le début. Ils atteignirent une hauteur de plus d'un mètre cinquante et leur tête devint relativement plus volumineuse que celle des autres membres de la tribu. Ils apprirent très tôt à communiquer l'un avec l'autre au moyen de signes et de sons, mais ne réussirent jamais à faire comprendre ces nouveaux symboles à leurs semblables.

62:4.2 Quand ils eurent environ quatorze ans, ils s'enfuirent de la tribu et partirent vers l'ouest pour élever leur famille et fonder l'espèce nouvelle des primates. C'est à très juste titre que ces nouvelles créatures sont appelées Primates, car elles furent les ancêtres animaux directs et immédiats de la famille humaine elle-même.

62:4.3 C'est ainsi que les primates vinrent occuper une région située sur la côte ouest de la péninsule mésopotamienne qui s'avançait alors dans les mers du sud, tandis que les tribus étroitement apparentées et moins intelligentes vivaient à la pointe de la péninsule le long de sa côte orientale.

62:4.4 Les primates étaient plus humains et moins bestiaux que les mammifères intermédiaires qui les précédèrent. Les proportions du squelette de cette nouvelle espèce étaient tout à fait similaires à celles des races humaines primitives. Le type humain de mains et de pieds s'était pleinement développé, et ces créatures pouvaient marcher et même courir aussi bien que n'importe lequel de leurs descendants humains ultérieurs. Ils abandonnèrent presque complètement la vie dans les arbres, tout en continuant à utiliser la cime des arbres comme mesure de sécurité pour la nuit, car, à l'instar de leurs ancêtres, ils étaient extrêmement sujets à la peur. L'emploi accru de leurs mains contribua beaucoup à développer la puissance innée de leur cerveau, mais ils ne possédaient pas encore un mental que l'on puisse vraiment qualifier d'humain.

62:4.5 La nature émotionnelle des primates différait peu de celle de leurs aïeux, mais ils faisaient preuve d'une tendance plus humaine dans tous leurs penchants. C'étaient réellement des animaux splendides et supérieurs ; ils atteignaient la maturité vers dix ans, et la durée de leur vie naturelle était d'environ quarante ans. Cela signifie qu'ils auraient pu vivre quarante ans s'ils étaient morts de leur mort naturelle, mais, en ces temps reculés, bien peu d'animaux mouraient de mort naturelle, car la lutte pour la vie était trop âpre.

62:4.6 C'est alors, après un développement couvrant presque neuf-cent générations, soit environ vingt-et-un-mille ans depuis l'apparition des mammifères précurseurs, que les primates donnèrent soudain naissance à deux créatures remarquables, les premiers êtres vraiment humains.

62:4.7 C'est ainsi que les mammifères précurseurs issus du type nord-américain de lémurs furent les ancêtres des mammifères intermédiaires, et que ces derniers donnèrent à leur tour naissance aux primates supérieurs, qui furent les ancêtres immédiats de la race humaine primitive. Les tribus de primates furent le dernier chainon vital dans l'évolution de l'homme, mais, en moins de cinq-mille ans, il ne resta plus un seul primate de ces tribus extraordinaires.

62.5  Les Premiers Êtres Humains

62:5.1 La naissance des deux premiers êtres humains se situe exactement 993.419 ans avant l'année 1934 de l'ère chrétienne.

62:5.2 Ces deux remarquables créatures étaient de véritables êtres humains. Elles possédaient un pouce humain parfait comme beaucoup de leurs ancêtres, mais elles avaient également des pieds aussi bien formés que ceux des races humaines d'aujourd'hui. Ces êtres étaient des marcheurs et des coureurs, non des grimpeurs ; la fonction préhensile du gros orteil était absente, complètement absente. Quand le danger les chassait vers la cime des arbres, ils grimpaient exactement comme le feraient les humains d'aujourd'hui. Ils grimpaient le long des troncs d'arbres comme des ours, et non comme des chimpanzés ou des gorilles en se balançant de branche en branche.

62:5.3 Ces premiers êtres humains (et leurs descendants) devenaient pleinement adultes à douze ans et avaient une durée de vie potentielle d'environ soixante-quinze ans.

62:5.4 De nombreuses émotions nouvelles apparurent de bonne heure chez les deux jumeaux humains. Ils éprouvaient de l'admiration tant pour les objets que pour les autres êtres et faisaient montre d'une extrême vanité. Mais le progrès le plus remarquable dans leur développement émotionnel fut l'apparition soudaine d'un nouveau groupe de sentiments vraiment humains, les sentiments d'adoration comprenant la crainte, le respect, l'humilité et même une forme primitive de gratitude. La peur, jointe à l'ignorance des phénomènes naturels, était sur le point de donner naissance à la religion primitive.

62:5.5 Non seulement ces sentiments humains se manifestaient, mais beaucoup de sentiments plus hautement évolués étaient également présents sous une forme rudimentaire. Ces humains primitifs avaient modérément conscience de la pitié, de la honte et de l'opprobre, et une conscience très aiguë de l'amour, de la haine et de la vengeance ; ils étaient également susceptibles d'éprouver des sentiments marqués de jalousie.

62:5.6 Les deux premiers humains - les jumeaux - furent une grande épreuve pour leurs parents primates. Ils étaient si curieux et si aventureux qu'ils faillirent perdre la vie en de nombreuses occasions avant d'avoir huit ans. Quoi qu'il en soit, ils étaient sérieusement couverts de cicatrices au moment où ils eurent douze ans.

62:5.7 Ils apprirent très tôt à communiquer verbalement. À l'âge de dix ans, ils avaient élaboré un langage plus perfectionné de signes et de mots comportant une cinquantaine d'idées, et largement amélioré et élargi les techniques rudimentaires de communication de leurs ancêtres. En dépit de leurs efforts, ils ne purent enseigner à leurs parents que très peu de leurs signes et symboles nouveaux.

62:5.8 Vers leur neuvième année, ils s'en allèrent un beau jour le long de la rivière et eurent un important entretien. Toutes les intelligences célestes stationnées sur Urantia, y compris moi-même, étaient présentes et observaient le déroulement de ce rendez-vous de midi. Au cours de ce jour mémorable, ils convinrent de vivre l'un avec l'autre et l'un pour l'autre ; cette entente fut la première d'une série d'accords qui culminèrent dans la décision de fuir leurs compagnons animaux inférieurs et de partir vers le nord, sans bien savoir qu'ils allaient ainsi fonder la race humaine.

62:5.9 Nous étions tous très préoccupés par les projets de ces deux petits sauvages, mais nous étions impuissants à contrôler le travail de leur mental. Nous n'avons pas influencé arbitrairement leurs décisions, nous ne le pouvions pas, mais, dans les limites admissibles de nos fonctions planétaires, nous, les Porteurs de Vie, en accord avec nos associés, nous conspirâmes tous pour orienter les jumeaux humains vers le nord, loin de leurs parents velus vivant partiellement dans les arbres. Ainsi, par suite de leur propre choix intelligent, les jumeaux émigrèrent et, à cause de notre supervision, ils émigrèrent vers le nord, vers une région retirée, où ils échappèrent aux possibilités de dégradation biologique par mélange avec les familles inférieures des tribus de primates.

62:5.10 Peu avant de quitter leur forêt natale, ils perdirent leur mère au cours d'une attaque menée par des gibbons. Bien qu'elle ne possédât pas leur intelligence, elle avait, en tant que mammifère, une affection admirable et d'un haut degré pour ses enfants, et sacrifia courageusement sa vie pour tenter de sauver le couple merveilleux. Son sacrifice ne fut pas vain, car elle contint l'ennemi jusqu'à ce que le père arrivât avec des renforts et mît les envahisseurs en fuite.

62:5.11 Peu après que le jeune couple eut abandonné ses compagnons pour fonder la race humaine, leur père primate devint inconsolable - il avait le coeur brisé. Il refusait de manger, même quand la nourriture lui était apportée par ses autres enfants. Ayant perdu ses brillants rejetons, la vie ne lui semblait plus digne d'être vécue parmi ses compagnons ordinaires ; il partit donc errer dans la forêt, fut attaqué par des gibbons hostiles et mourut sous leurs coups.

62.6  L'Évolution du Mental Humain

62:6.1 Nous, les Porteurs de Vie sur Urantia, nous avions vécu la longue veille de l'attente vigilante depuis le jour où nous avions implanté le premier plasma de vie dans les eaux de la planète. L'apparition des premiers êtres réellement volitifs et intelligents nous procura naturellement une grande joie et une satisfaction suprême.

62:6.2 Nous n'avions pas cessé de suivre le développement mental des jumeaux en observant les opérations des sept esprits-mentaux adjuvats affectés à Urantia au moment de notre arrivée sur la planète. Durant le long développement évolutionnaire de la vie planétaire, ces infatigables ministres du mental avaient sans cesse noté leur propre aptitude croissante à entrer en contact avec les facultés cérébrales des animaux, facultés qui s'amplifiaient à mesure que les créatures animales progressaient.

62:6.3 Au début, seul l'esprit d'intuition pouvait agir sur le comportement instinctif et soumis aux réflexes de la vie animale élémentaire. Quand les types plus élevés se différencièrent, l'esprit de compréhension put attribuer à ces créatures la faculté d'associer spontanément des idées. Plus tard, nous vîmes opérer l'esprit de courage ; les animaux en cours d'évolution acquirent réellement une forme rudimentaire de conscience protectrice. À la suite de l'apparition des groupes de mammifères, nous vîmes l'esprit de connaissance se manifester dans une mesure accrue. Puis l'évolution des mammifères supérieurs permit le fonctionnement de l'esprit de conseil, avec la croissance correspondante de l'instinct grégaire et les débuts d'un développement social primitif.

62:6.4 Nous avions observé avec une attention croissante, le service accru des cinq premiers adjuvats pendant toute l'évolution des mammifères précurseurs, des mammifères intermédiaires et des primates. Toutefois, les deux derniers adjuvats, ministres supérieurs du mental, n'avaient jamais pu fonctionner sur le type urantien de mental évolutionnaire.

62:6.5 Imaginez notre joie lorsqu'un jour - les jumeaux avaient à peu près dix ans - l'esprit d'adoration entra pour la première fois en contact avec la pensée de la jumelle, et peu après avec celle du jumeau. Nous savions que quelque chose d'intimement lié au mental humain arrivait à son apogée. Environ un an plus tard, quand ils se résolurent finalement, sous l'effet d'une pensée recueillie et d'une décision murement réfléchie, à fuir le foyer familial et à partir vers le nord, alors l'esprit de sagesse commença à fonctionner sur Urantia et dans le mental de ces deux humains désormais reconnus comme tels.

62:6.6 Il y eut immédiatement un nouvel ordre de mobilisation des sept esprits-mentaux adjuvats. Nous étions vibrants d'espérance ; nous nous rendions compte que l'heure si longtemps attendue approchait ; nous savions que nous étions au seuil de la réalisation de notre effort de longue haleine pour faire naître par évolution des créatures volitives sur Urantia.

62.7  Urantia Reconnue comme Monde Habité

62:7.1 Nous n'eûmes pas longtemps à attendre. À midi, le lendemain de la fuite des jumeaux, le premier éclair d'essai des signaux du circuit de l'univers se produisit au foyer récepteur planétaire d'Urantia. Nous étions naturellement tous très émus à l'idée qu'un grand évènement était imminent ; mais, étant donné qu'Urantia était une station expérimentale de vie, nous n'avions pas la moindre idée de la manière exacte dont nous serions informés que la vie intelligente était reconnue sur la planète. Nous ne restâmes pas longtemps dans l'attente. Le troisième jour après la fuite des jumeaux, et avant le départ du corps des Porteurs de Vie, arriva l'archange de Nébadon chargé de l'établissement des circuits planétaires initiaux.

62:7.2 Ce fut un jour mémorable sur Urantia lorsque notre petit groupe se réunit autour du pôle planétaire de communication spatiale et reçut le premier message envoyé de Salvington sur le circuit mental nouvellement établi de la planète. Dicté par le chef du corps des archanges, ce premier message disait :

62:7.3 « Aux Porteurs de Vie sur Urantia - Salut ! Nous transmettons l'assurance qu'il y eut une grande joie sur Salvington, Édentia et Jérusem quand le signal de l'existence, sur Urantia, d'un mental ayant dignité volitive fut enregistré au quartier général de Nébadon. La décision concertée des jumeaux de fuir vers le nord et de séparer leur descendance de leurs ancêtres inférieurs a été enregistrée. C'est la première décision mentale - d'un mental du type humain - sur Urantia, et elle établit automatiquement le circuit de communication sur lequel ce message initial de reconnaissance est transmis. »

62:7.4 Ensuite arrivèrent, par ce nouveau circuit, les salutations des Très Hauts d'Édentia, qui contenaient des instructions pour les Porteurs de Vie résidents nous interdisant d'interférer avec le modèle de vie que nous avions établi. Nous reçûmes l'ordre de ne pas intervenir dans les affaires du progrès humain. Il ne faut pas en déduire que les Porteurs de Vie interfèrent arbitrairement et machinalement avec la réalisation naturelle des plans évolutionnaires de la planète, car nous ne le faisons pas. Mais, jusqu'alors, nous avions eu la permission d'agir sur l'espace ambiant et de protéger le plasma vital d'une manière spéciale. Et c'est cette supervision extraordinaire, bien que parfaitement naturelle, qui devait prendre fin.

62:7.5 A peine les Très Hauts eurent-ils cessé de parler que le magnifique message de Lucifer, alors souverain du système de Satania, commença à se faire entendre sur la planète. Alors, les Porteurs de Vie entendirent les mots de bienvenue de leur propre chef et reçurent sa permission de retourner sur Jérusem. Ce message de Lucifer contenait l'acceptation officielle de l'oeuvre des Porteurs de Vie sur Urantia et nous absolvait de toute critique future sur n'importe lequel de nos efforts pour améliorer les modèles de vie de Nébadon, tels qu'ils étaient établis dans le système de Satania.

62:7.6 Ces messages de Salvington, d'Édentia et de Jérusem marquèrent officiellement la fin de la supervision séculaire de la planète par les Porteurs de Vie. Nous avions été à la tâche pendant des âges, assistés seulement par les sept esprits-mentaux adjuvats et les Maitres Contrôleurs Physiques. La volonté, le pouvoir de choisir l'adoration et l'ascension, était maintenant apparue chez les créatures évolutionnaires de la planète ; nous comprîmes, alors, que notre oeuvre était achevée, et notre groupe se prépara au départ. Urantia étant un monde modificateur de vie, nous reçûmes la permission de laisser derrière nous deux Porteurs de Vie seniors avec douze assistants ; je fus choisi comme membre de ce groupe et, depuis lors, je suis toujours resté sur Urantia.

62:7.7 Il y a exactement 993.408 ans (avant l'année 1934 de l'ère chrétienne) qu'Urantia a été officiellement reconnue comme planète d'habitat humain dans l'univers de Nébadon. L'évolution biologique avait une fois de plus atteint les niveaux humains de dignité volitive ; l'homme était apparu sur la planète 606 de Satania.

62:7.8 [Parrainé par un Porteur de Vie de Nébadon résidant sur Urantia.]

63. La Première Famille Humaine

63:0.1 URANTIA fut enregistrée en tant que monde habité lorsque les deux premiers êtres humains - les jumeaux - eurent onze ans, et avant qu'ils fussent devenus les parents du premier-né de la seconde génération des véritables êtres humains. Le message archangélique envoyé de Salvington, en cette occasion de reconnaissance planétaire officielle, se terminait par ces paroles :

63:0.2 « Le mental humain est apparu sur la 606 de Satania, et les parents de cette nouvelle race seront appelés Andon et Fonta. Tous les archanges prient pour que ces créatures puissent être rapidement dotées de la présence personnelle du don de l'esprit du Père Universel. »

63:0.3 Andon est le nom nébadonien qui signifie « la première créature semblable au Père et montrant une soif de perfection humaine » . Fonta signifie « la première créature semblable au Fils et montrant une soif de perfection humaine » . Andon et Fonta ne connurent ces noms qu'au moment où ils leur furent attribués lors de leur fusion avec leur Ajusteur de Pensée. Tout au long de leur séjour de mortel sur Urantia, ils s'appelèrent mutuellement Sonta-an et Sonta-en, Sonta-an signifiant « aimé de la mère » et Sonta-en, « aimé du père » . Ils se donnèrent eux-mêmes ces noms dont la signification est une preuve du respect et de l'affection qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre.

63.1  Andon et Fonta

63:1.1 À beaucoup d'égards, Andon et Fonta formèrent le couple d'êtres humains le plus remarquable qui ait jamais vécu à la surface de la terre. Ces deux êtres merveilleux, les véritables parents de toute l'humanité, furent en tous points supérieurs à beaucoup de leurs descendants immédiats, et radicalement différents de tous leurs ancêtres, tant immédiats que lointains.

63:1.2 Les parents de ce premier couple humain étaient apparemment peu différents de la moyenne de leur tribu, bien qu'ils fissent partie de ses membres les plus intelligents du groupe qui apprit le premier à lancer des pierres et à employer des gourdins dans les combats. Ils faisaient également usage d'éclats tranchants de pierres, de silex et d'os.

63:1.3 Alors qu'il vivait encore avec ses parents, Andon avait fixé, à l'aide de tendons d'animaux, un morceau de silex tranchant à l'extrémité d'un gourdin et avait fait, à une douzaine d'occasions au moins, bon usage de cette arme pour sauver sa propre vie et celle de sa soeur qui, tout aussi curieuse et aventureuse que lui, ne manquait jamais de l'accompagner dans toutes ses explorations

63:1.4 La décision prise par Andon et Fonta de s'enfuir de la tribu des primates implique une qualité de mental très supérieure à l'intelligence plus grossière caractéristique de tant de leurs descendants qui s'abaissèrent jusqu'à s'unir avec leurs cousins attardés des tribus simiennes. Mais ils éprouvaient le sentiment vague d'être quelque chose de plus que de simples animaux, parce qu'ils possédaient une personnalité ; ce sentiment était fortifié par la présence intérieure de leur Ajusteur de Pensée.

63.2  La Fuite des Jumeaux

63:2.1 Après qu'Andon et Fonta eurent décidé de fuir vers le nord, ils furent pendant quelque temps pris de frayeur, et spécialement de la peur de déplaire à leur père et à leur famille immédiate. Ils envisagèrent l'éventualité d'être assaillis par des parents hostiles et reconnurent ainsi la possibilité de trouver la mort par la main de membres de leur tribu qui étaient déjà jaloux d'eux. Alors qu'ils étaient plus jeunes, les jumeaux avaient passé la majeure partie de leur temps en compagnie l'un de l'autre et, pour cette raison, n'avaient jamais été trop bien vus de leurs cousins animaux de la tribu des primates. Le fait d'avoir bâti dans les arbres un abri séparé et très supérieur aux autres n'avait pas amélioré leur situation dans la tribu.

63:2.2 C'est dans ce nouveau foyer à la cime des arbres, après qu'ils eurent été réveillés une nuit par un violent orage et alors qu'ils se tenaient peureusement et tendrement embrassés, qu'ils prirent la décision ferme et définitive de fuir leur habitat tribal et leur foyer arboricole.

63:2.3 Ils avaient déjà préparé une retraite sommaire au sommet d'un arbre à environ une demi-journée de marche vers le nord. Ce fut leur cachette secrète et sûre pour le premier jour qu'ils passèrent loin de leur forêt natale. Bien que les jumeaux partageassent la peur mortelle des primates de demeurer sur le sol pendant la nuit, ils se mirent en route vers le nord au crépuscule. Il leur fallut un courage exceptionnel pour entreprendre ce voyage nocturne, même avec la pleine lune, mais ils pensèrent à juste titre que leur absence ne serait probablement pas remarquée et qu'ils auraient moins de chances d'être poursuivis par leurs parents et les membres de leur tribu. Ils arrivèrent sains et saufs peu après minuit au rendez-vous préparé à l'avance.

63:2.4 Au cours de leur voyage vers le nord, ils découvrirent un dépôt de silex à ciel ouvert contenant beaucoup de pierres dont les formes convenaient à divers usages ; ils en firent une provision pour l'avenir. En essayant de tailler ces silex pour leur donner une forme mieux adaptée à certains besoins, Andon découvrit qu'ils produisaient des étincelles et conçut l'idée de faire du feu ; mais cette notion ne pénétra pas profondément sa pensée sur le moment, car le climat était encore salubre et le besoin de feu ne se faisait guère sentir.

63:2.5 Mais le soleil d'automne descendait toujours plus bas dans le ciel et les nuits devenaient de plus en plus froides à mesure que les jumeaux progressaient vers le nord. Ils avaient déjà été obligés d'utiliser des peaux de bêtes pour avoir assez chaud. Avant qu'une lune ne se fût écoulée depuis leur départ du foyer familial, Andon fit part à sa compagne qu'il croyait pouvoir faire du feu avec des silex. Pendant deux mois, ils essayèrent sans succès d'utiliser l'étincelle du silex pour allumer un feu ; chaque jour, le couple cognait des silex et s'efforçait d'enflammer du bois. Finalement, un soir au coucher du soleil, le secret de la technique fut découvert lorsque Fonta eut l'idée de grimper à un arbre voisin pour s'emparer d'un nid abandonné. Le nid était sec et très inflammable, si bien qu'il prit feu d'un seul coup dès qu'une étincelle l'eut atteint. Ils furent si surpris et effrayés de leur succès qu'ils faillirent laisser éteindre leur feu, mais ils le sauvèrent en y ajoutant un combustible approprié, et c'est alors que commença la première recherche de bois de feu par les parents de l'humanité tout entière.

63:2.6 Ce fut un des plus joyeux moments de leur vie brève, mais mouvementée. Toute la nuit, ils restèrent assis à regarder bruler leur feu, comprenant vaguement que leur découverte leur permettrait de défier le climat et d'être ainsi pour toujours indépendants de leurs parents animaux du pays du sud. Après trois jours passés à se reposer et à profiter de leur feu, ils continuèrent leur voyage.

63:2.7 Les ancêtres primates d'Andon avaient souvent entretenu des feux allumés par des éclairs, mais, jusque-là, aucune créature terrestre n'avait possédé une méthode pour obtenir une flamme à volonté. Toutefois, il fallut longtemps pour que les jumeaux apprennent que la mousse sèche et d'autres matériaux permettent d'allumer un feu aussi facilement que des nids d'oiseaux.

63.3  La Famille d'Andon

63:3.1 Deux ans s'étaient presque écoulés depuis la nuit où les jumeaux quittèrent leur foyer quand leur premier enfant naquit. Ils l'appelèrent Sontad, et Sontad fut la première créature née sur Urantia à être enveloppée dans une couche protectrice au moment de sa naissance. La race humaine avait pris son départ et, avec cette nouvelle évolution apparut l'instinct de donner des soins appropriés aux nouveau-nés de plus en plus fragiles, qui devaient caractériser le développement mental progressif des êtres d'ordre intellectuel, par contraste avec les types plus purement animaux.

63:3.2 Andon et Fonta eurent en tout dix-neuf enfants, et ils vécurent assez longtemps pour voir autour d'eux près de cinquante petits-enfants et une demi-douzaine d'arrière-petits-enfants. La famille habitait dans quatre abris rocheux voisins, ou semi-cavernes, dont trois communiquaient par des galeries creusées dans le calcaire tendre à l'aide d'outils en silex mis au point par les enfants d'Andon.

63:3.3 Ces premiers Andonites faisaient preuve d'un esprit de clan très marqué ; ils chassaient en groupes et ne s'écartaient jamais très loin du lieu de leur demeure. Ils semblaient se rendre compte qu'ils formaient un groupe isolé et exceptionnel d'êtres vivants et qu'ils devaient par conséquent éviter de se séparer. Ce sentiment de parenté intime provenait sans aucun doute d'une intensification du ministère mental des esprits adjuvats.

63:3.4 Andon et Fonta travaillèrent sans répit à nourrir et à élever leur clan. Ils vécurent jusqu'à l'âge de quarante-deux ans et furent tous deux tués lors d'un tremblement de terre par la chute d'un rocher en surplomb. Cinq de leurs enfants et onze de leurs petits-enfants périrent avec eux, et près d'une vingtaine de leurs descendants subirent des blessures graves.

63:3.5 À la mort de ses parents, Sontad, malgré un pied gravement blessé, assuma immédiatement la direction du clan avec l'aide habile de sa femme qui était aussi l'ainée de ses soeurs. Leur première tâche fut de rouler des pierres pour ensevelir efficacement leurs parents, leurs frères, leurs soeurs et leurs enfants morts. Il ne faut pas attacher de signification exagérée à cet acte d'ensevelissement. Leurs idées sur la survie après la mort étaient très vagues et fort mal définies, car elles dérivaient essentiellement de leurs rêves fantastiques et variés.

63:3.6 Cette famille d'Andon et de Fonta resta ainsi unie jusqu'à la vingtième génération, quand la lutte pour la nourriture et les frictions sociales se conjuguèrent pour entrainer le début de la dispersion.

63.4  Les Clans Andoniques

63:4.1 Les hommes primitifs - les Andonites - avaient les yeux noirs et le teint bistré, un peu comme un croisement de jaune et de rouge. La mélanine est une substance colorante qui se trouve dans l'épiderme de tous les êtres humains. C'est le pigment originel de l'épiderme andonique. Par l'aspect général et la couleur de la peau, ces premiers Andonites ressemblaient plus aux Esquimaux d'aujourd'hui qu'à aucun autre type d'êtres humains vivants. Ils furent les premières créatures à employer la peau d'animaux pour se protéger contre le froid ; ils n'avaient guère plus de poil sur le corps que les humains d'aujourd'hui.

63:4.2 La vie tribale des ancêtres animaux de ces hommes primitifs avait laissé entrevoir les débuts de nombreuses conventions sociales. L'expansion des émotions et l'accroissement de la puissance cérébrale de ces êtres entrainèrent un développement immédiat de l'organisation sociale et une nouvelle division du travail dans le clan. Ils étaient extrêmement portés à imiter, mais leur instinct de jeu était à peine développé et leur sens de l'humour presque totalement absent. L'homme primitif souriait à l'occasion, mais il ne se laissait jamais aller à rire à gorge déployée. L'humour fut légué ultérieurement à l'homme par la race adamique. Ces êtres humains primitifs n'étaient ni aussi sensibles à la douleur ni aussi réactifs aux situations déplaisantes que beaucoup de mortels apparus plus tard par évolution. L'enfantement ne fut une épreuve douloureuse ou angoissante ni pour Fonta ni pour sa progéniture immédiate.

63:4.3 Ils formaient une merveilleuse tribu. Les hommes étaient capables de lutter héroïquement pour la sauvegarde de leurs compagnes et de leurs descendants ; les femmes étaient affectueusement dévouées à leurs enfants ; mais leur patriotisme était strictement limité au clan proprement dit. Ils étaient très loyaux envers leur famille ; ils étaient prêts à mourir sans hésitation pour défendre leurs enfants, mais ils n'étaient pas capables de concevoir l'idée d'essayer de rendre le monde meilleur pour leurs petits-enfants. L'altruisme n'était pas encore né dans le coeur de l'homme, bien que toutes les émotions essentielles à la naissance de la religion fussent déjà présentes chez ces aborigènes d'Urantia.

63:4.4 Ces hommes primitifs portaient une affection touchante à leurs camarades et avaient certainement une idée réelle, bien que rudimentaire, de l'amitié. Plus tard ce fut un spectacle courant de voir, pendant les batailles sans cesse renouvelées avec les tribus inférieures, un de ces hommes primitifs continuer à lutter vaillamment d'une main tout en essayant avec l'autre de protéger et de sauver un camarade de combat blessé. Bien des traits de caractère parmi les plus nobles et les plus élevés qui s'affirmèrent au cours de l'évolution ultérieure, s'ébauchaient déjà d'une façon émouvante chez ces peuplades primitives.

63:4.5 Le clan andonique originel conserva une lignée de chefs ininterrompue jusqu'à la vingt-septième génération quand, du fait de l'absence de rejeton mâle dans la descendance directe de Sontad, deux prétendants rivaux membres du clan entrèrent en guerre pour la suprématie.

63:4.6 Avant la grande dispersion des clans andoniques, un langage bien développé s'était formé à la suite de leurs premiers efforts pour communiquer entre eux. Ce langage ne cessa de s'enrichir et reçut des additions presque quotidiennes du fait des inventions nouvelles et des adaptations à l'environnement qui voyaient le jour chez ce peuple actif, agité et curieux. Ce langage devint la parole d'Urantia, la langue de la famille humaine primitive, jusqu'à l'apparition ultérieure des races de couleur.

63:4.7 À mesure que le temps passait, les clans andoniques croissaient en nombre, et le contact de ces familles en expansion provoqua des frictions et des malentendus. Deux sujets seulement occupaient la pensée de ces peuplades : chasser pour trouver de la nourriture, et combattre pour se venger d'une injustice ou d'une insulte réelle ou supposée faite par une tribu voisine.

63:4.8 Les querelles de familles prirent de l'importance, des guerres éclatèrent entre les tribus, et les meilleurs éléments des groupes les plus capables et les plus évolués subirent des pertes sérieuses. Certaines de ces pertes furent irréparables ; quelques-unes des lignées douées des aptitudes et des intelligences les plus précieuses furent à jamais perdues pour le monde. Cette première race et sa civilisation primitive furent menacées d'extinction par ces guerres incessantes entre clans.

63:4.9 Il est impossible d'amener des êtres aussi primitifs à vivre longtemps ensemble en paix. L'homme est le descendant d'animaux combatifs ; lorsque des gens incultes sont étroitement associés, ils s'irritent et s'offensent mutuellement. Les Porteurs de Vie connaissent cette tendance des créatures évolutionnaires et prennent leurs dispositions en conséquence pour diviser finalement les êtres humains, en voie de développement, au moins en trois races distinctes et séparées, et plus souvent en six.

63.5  La Dispersion des Andonites

63:5.1 Les premières races issues d'Andon ne s'enfoncèrent pas très loin en Asie et ne pénétrèrent pas dès l'abord en Afrique. La géographie de ces temps-là les orientait vers le nord, et c'est toujours plus au nord que ces peuples voyagèrent jusqu'au moment où ils furent arrêtés par la lente progression du troisième glacier.

63:5.2 Avant que cette immense couche de glace eût atteint la France et les Iles Britanniques, les descendants d'Andon et de Fonta avaient progressé vers l'ouest à travers l'Europe et avaient constitué plus de mille établissements séparés le long des grands fleuves qui conduisent à la Mer du Nord, dont les eaux étaient alors chaudes.

63:5.3 Les membres de ces tribus andoniques furent les premiers habitants installés sur les rives des fleuves de France ; ils vécurent le long de la Somme pendant des dizaines de milliers d'années. La Somme est la seule rivière dont le cours n'ait pas été modifié par les glaciers ; elle s'écoulait vers la mer, en ce temps-là, à peu près comme aujourd'hui. C'est pourquoi l'on trouve le long de sa vallée tant de traces des descendants d'Andon.

63:5.4 Ces aborigènes d'Urantia n'habitaient pas dans les arbres, bien qu'ils eussent gardé l'habitude de se réfugier à leur cime en cas de danger. Ils demeuraient généralement à l'abri des falaises dominant les rivières et dans des grottes à flanc de coteau, qui leur assuraient une bonne vue sur les voies d'accès et les protégeaient contre les éléments. Ils pouvaient ainsi jouir du confort de leurs feux sans être trop incommodés par la fumée. Ils n'étaient pas de véritables troglodytes, bien qu'au cours des âges ultérieurs, les nappes glaciaires plus tardives progressant vers le sud eussent forcé leurs descendants à se réfugier dans des cavernes. Ils préféraient camper près de la lisière d'une forêt et à proximité d'une rivière.

63:5.5 Ils devinrent très vite remarquablement adroits pour camoufler leurs demeures partiellement abritées et montrèrent une grande habileté à construire des huttes de pierre en forme de dômes, qui leur servaient de chambres à coucher et dans lesquelles ils se glissaient la nuit. Ils fermaient l'entrée de leur hutte en roulant devant elle une grosse pierre qu'ils avaient logée à l'intérieur à cet effet, avant de mettre définitivement en place les pierres du toit.

63:5.6 Les Andonites étaient des chasseurs intrépides et adroits. À l'exception des baies sauvages et des fruits de certains arbres, ils se nourrissaient exclusivement de viande. De même qu'Andon avait inventé la hache de pierre, ses descendants découvrirent bientôt le javelot et le harpon, et s'en servirent efficacement. Enfin, un mental capable de créer des outils fonctionnait en accord avec une main capable de les utiliser ; ces premiers humains devinrent très habiles à façonner des outils en silex. Ils faisaient de longs voyages à la recherche du silex, comme les hommes d'aujourd'hui vont aux confins de la terre en quête d'or, de platine ou de diamants.

63:5.7 Dans bien d'autres domaines, ces tribus andoniques firent preuve d'un degré d'intelligence que leurs descendants rétrogrades n'atteignirent pas en un demi-million d'années, bien qu'ils eussent redécouvert, à maintes reprises, diverses méthodes pour allumer du feu.

63.6  Onagar - Le Premier à Enseigner la Vérité

63:6.1 Parallèlement à la dispersion croissante des Andonites, le niveau culturel et spirituel des clans rétrograda pendant près de dix-mille ans, jusqu'aux jours d'Onagar, qui prit en main la direction de ces tribus, ramena la paix parmi elles et, pour la première fois, les amena à adorer « Celui qui donne le Souffle aux hommes et aux animaux » .

63:6.2 La philosophie d'Andon avait été fort confuse ; il avait failli devenir un adorateur du feu à cause du grand confort procuré par sa découverte accidentelle. Pourtant la raison le détourna de l'adoration du feu et l'orienta vers le soleil, source supérieure et imposante de chaleur et de lumière ; mais cette source était trop lointaine, et Andon ne devint pas un adorateur du soleil.

63:6.3 De très bonne heure, les Andonites eurent peur des éléments - tonnerre, foudre, pluie, neige, grêle et glace. Mais la faim restait le mobile le plus constamment pressant de ces temps primitifs et, comme les Andonites tiraient en grande partie leur subsistance des animaux, ils se livrèrent en fin de compte à une forme d'adoration des animaux. Pour Andon, les plus gros animaux comestibles étaient des symboles de puissance créative et de pouvoir fortifiant. De temps en temps, la coutume s'établissait de désigner certains de ces grands animaux comme objets d'adoration. Pendant la vogue d'un animal particulier, on en traçait des silhouettes grossières sur les murs des cavernes. Plus tard, tandis que les arts faisaient des progrès continus, on grava ces dieux animaux sur différents ornements.

63:6.4 Très tôt, les peuples andoniques prirent l'habitude de renoncer à manger la chair de l'animal vénéré par leur tribu. Pour créer une impression plus forte sur l'esprit des jeunes, ils établirent bientôt un cérémonial de vénération autour du corps de l'un de ces animaux révérés ; plus tard encore, cette célébration primitive se transforma chez leurs descendants en cérémonies sacrificielles plus compliquées. Telle est l'origine de l'introduction des sacrifices dans le culte. Cette idée fut élaborée par Moïse dans le rituel hébreu et conservée dans son principe par l'apôtre Paul sous la forme de la doctrine du rachat du péché par « l'effusion de sang » .

63:6.5 La nourriture avait une importance suprême dans la vie des êtres humains primitifs, et ce fait est démontré par la prière enseignée à ces gens simples par Onagar, leur grand instructeur. Voici cette prière :

63:6.6 « O Souffle de Vie, donne-nous aujourd'hui notre nourriture quotidienne, délivre-nous de la malédiction de la glace, sauve-nous de nos ennemis des forêts et reçois-nous avec miséricorde dans le Grand Au-delà. »

63:6.7 Onagar avait son quartier général à Oban, colonie située sur le rivage septentrional de la Méditerranée ancienne, dans la région de la Mer Caspienne actuelle. Cet établissement était un lieu de séjour situé en un point où la piste allant de la Mésopotamie méridionale vers le nord tournait vers l'ouest. D'Oban, Onagar envoya des éducateurs aux établissements éloignés pour répandre sa nouvelle doctrine d'une Déité unique et son concept de la vie future qu'il appelait le Grand Au-Delà. Ces émissaires d'Onagar furent les premiers missionnaires du monde ; ils furent également les premiers êtres humains à faire cuire de la viande, les premiers à utiliser régulièrement le feu pour préparer la nourriture. Ils cuisaient la viande sur des extrémités de baguettes et aussi sur des pierres chaudes ; plus tard, ils rôtirent au feu de gros morceaux, mais leur descendants revinrent presque entièrement à l'usage de la viande crue.

63:6.8 Onagar naquit 983.323 ans avant l'an 1934 de l'ère chrétienne et vécut jusqu'à l'âge de soixante-neuf ans. Le compte rendu des réalisations de ce maitre penseur et chef spirituel des temps qui précédèrent l'arrivée du Prince Planétaire forme un récit passionnant de l'organisation de ces peuples primitifs en une véritable société. Onagar institua un gouvernement tribal efficace, dont les générations successives n'atteignirent pas l'équivalent avant de nombreux millénaires. Jusqu'à l'arrivée du Prince Planétaire, il n'y eut plus jamais sur terre de civilisation d'un aussi haut degré spirituel. Ces gens simples avaient une religion réelle, quoique primitive, qui fut ensuite perdue par leurs descendants, dont la race dégénérait.

63:6.9 Bien qu'Andon et Fonta eussent tous deux reçu un Ajusteur de Pensée, comme beaucoup de leurs descendants, c'est seulement à partir de l'époque d'Onagar qu'Ajusteurs et anges gardiens vinrent en grand nombre sur Urantia. Cette époque fut certainement l'âge d'or de l'homme primitif.

63.7  La Survie d'Andon et de Fonta

63:7.1 Andon et Fonta, les admirables fondateurs de la race humaine, reçurent la consécration de leur valeur au moment du jugement d'Urantia, lors de l'arrivée du Prince Planétaire. Ils émergèrent en temps voulu du régime des mondes des maisons avec le statut de citoyens de Jérusem. Bien qu'ils n'aient jamais été autorisés à retourner sur Urantia, ils sont au courant de l'histoire de la race qu'ils ont fondée. Ils se désolèrent de la trahison de Caligastia, s'attristèrent de l'échec d'Adam, mais se réjouirent infiniment à la nouvelle que Micaël avait choisi leur monde pour théâtre de son effusion finale.

63:7.2 Andon et Fonta fusionnèrent sur Jérusem avec leur Ajusteur de Pensée, comme le firent plusieurs de leurs enfants dont Sontad, mais la majorité de leurs descendants, même immédiats, n'atteignit que la fusion avec l'Esprit.

63:7.3 Peu après leur arrivée sur Jérusem, Andon et Fonta reçurent du Souverain du Système la permission de retourner sur le premier monde des maisons pour y servir en compagnie des personnalités morontielles qui accueillent les pèlerins du temps venant d'Urantia et allant vers les sphères célestes. Ils furent affectés à cette tâche pour une durée indéterminée. À l'occasion des présentes révélations, ils cherchèrent à envoyer des voeux à Urantia, mais leur requête fut sagement rejetée.

63:7.4 Tel est le chapitre le plus héroïque et le plus passionnant de toute l'histoire d'Urantia, le récit de l'évolution, de la lutte pour la vie, de la mort et de la survie éternelle des parents exceptionnels de l'humanité tout entière.

63:7.5 [Présenté par un Porteur de Vie résidant sur Urantia.]

64. Les Races Évolutionnaires de Couleur

64:0.1 VOICI l'histoire des races évolutionnaires d'Urantia depuis les jours d'Andon et de Fonta, il y a presque un million d'années, en passant par l'époque du Prince Planétaire, et jusqu'à la fin de l'ère glaciaire.

64:0.2 La race humaine est vieille de près d'un million d'années. La première moitié de son histoire correspond en gros à l'époque qui précéda l'arrivée du Prince Planétaire sur Urantia. La seconde moitié de l'histoire de l'humanité commence au moment de l'arrivée du Prince Planétaire et de l'apparition des six races de couleur ; elle correspond en gros à la période généralement considérée comme l'Age de la Pierre Taillée.

64.1  Les Aborigènes Andoniques

64:1.1 Les hommes primitifs firent leur apparition évolutionnaire sur terre il y a un peu moins d'un million d'années et furent mis à rude épreuve. Ils cherchèrent instinctivement à échapper au danger d'un croisement éventuel avec les tribus simiennes inférieures. Mais les hautes terres arides du Thibet, avec leurs 9.000 mètres d'altitude empêchaient les migrations vers l'est. Ils ne pouvaient pas non plus se diriger vers le sud ou vers l'ouest parce que la mer Méditerranée était beaucoup plus vaste qu'aujourd'hui et s'étendait à l'est jusqu'à l'Océan Indien. Quand ils allèrent vers le nord, ils rencontrèrent les glaces qui avançaient. Mais, même lorsque leur migration ultérieure fut arrêtée par les glaces, et bien que les tribus en dispersion devinssent de plus en plus hostiles, les groupes les plus intelligents n'envisagèrent jamais d'aller vers le sud vivre au milieu de leurs cousins arboricoles velus d'un niveau intellectuel inférieur.

64:1.2 Parmi les émotions religieuses les plus anciennes de l'homme, nombreuses sont celles qui naquirent de son sentiment d'impuissance dans l'environnement fermé de cette situation géographique : des montagnes à droite, de l'eau à gauche et la glace en face ; mais ces Andonites progressistes ne voulaient pas revenir au sud chez leurs parents inférieurs, qui vivaient dans les arbres.

64:1.3 Contrairement aux habitudes de leurs cousins non humains, les Andonites évitaient les forêts. L'homme a toujours dégénéré dans les forêts ; l'évolution humaine n'a progressé qu'en terrain découvert et sous les latitudes élevées. Le froid et la faim régnant dans les pays découverts stimulent l'activité, l'invention et l'esprit d'entreprise. Tandis que ces tribus andoniques produisaient les pionniers de la race humaine actuelle au milieu des rudes épreuves et des privations des rigoureux climats nordiques, leurs cousins arriérés se prélassaient dans les forêts tropicales méridionales du pays de leur origine primitive commune.

64:1.4 Ces évènements se produisirent à l'époque de la troisième invasion glaciaire, celle que vos géologues appellent la première. Les deux premières furent peu étendues en Europe septentrionale.

64:1.5 Pendant la majeure partie de la période glaciaire, l'Angleterre communiqua avec la France par voie de terre, tandis qu'ultérieurement l'Afrique fut rattachée à l'Europe par le pont terrestre de Sicile. Au moment des migrations andoniques, une voie terrestre continue, passant à travers l'Europe et l'Asie, reliait l'Angleterre à l'ouest avec Java à l'est ; mais l'Australie était de nouveau isolée, ce qui accentua davantage le développement de sa faune particulière.

64:1.6 Il y a 950.000 ans les descendants d'Andon et de Fonta avaient émigré très loin vers l'est et vers l'ouest. Vers l'ouest, ils traversèrent l'Europe et gagnèrent la France et l'Angleterre. À une date ultérieure, ils s'enfoncèrent vers l'est jusqu'à Java où l'on a récemment découvert leurs ossements - ceux du dénommé homme de Java - et ils poursuivirent ensuite leur route jusqu'en Tasmanie.

64:1.7 Les groupes qui se dirigèrent vers l'ouest furent moins contaminés par les branches rétrogrades d'origine ancestrale, commune que ceux de l'est, qui s'allièrent si largement avec leurs cousins animaux attardés. Ces individus non progressistes dérivèrent au sud et s'unirent bientôt aux tribus inférieures. Plus tard, un nombre croissant de leurs descendants abâtardis retournèrent vers le nord et s'unirent aux peuples andoniques en expansion rapide ; ces unions malheureuses firent infailliblement dégénérer la race supérieure. Les groupes primitifs furent de moins en moins nombreux à maintenir le culte du Donneur de Souffle. Cette civilisation à son aurore fut menacée d'extinction.

64:1.8 Il en a toujours été de même sur Urantia. Des civilisations très prometteuses ont successivement dégénéré et ont fini par s'éteindre à cause de la folie consistant à permettre aux individus supérieurs de procréer librement avec les inférieurs.

64.2  Les Peuples de Foxhall

64:2.1 Il y a 900.000 ans les arts d'Andon et de Fonta et la culture d'Onagar étaient en voie de disparition de la face de la terre ; la culture, la religion et même le travail du silex étaient à leur point le plus bas.

64:2.2 C'est à cette époque que des groupes de bâtards inférieurs venant du sud de la France arrivèrent en grand nombre en Angleterre. Ces tribus étaient si largement croisées avec des créatures simiennes des forêts qu'elles étaient à peine humaines. Elles n'avaient pas de religion, mais elles travaillaient grossièrement le silex et avaient assez d'intelligence pour faire du feu.

64:2.3 Elles furent suivies en Europe par un peuple prolifique et quelque peu supérieur, dont les descendants se répandirent bientôt sur l'ensemble du continent, depuis les glaces nordiques jusqu'aux Alpes et à la Méditerranée dans le sud. Ces tribus formaient la race dite de Heidelberg.

64:2.4 Au cours de cette longue période de décadence culturelle, les peuplades de Foxhall en Angleterre et les tribus de Badonan au nord-ouest de l'Inde continuèrent à maintenir quelques traditions d'Andon et certains restes de la culture d'Onagar.

64:2.5 Les peuplades de Foxhall étaient les plus occidentales et réussirent à garder l'essentiel de la culture andonique. Elles conservèrent aussi leurs connaissances sur le travail du silex et les transmirent à leurs descendants, les lointains ancêtres des Esquimaux.

64:2.6 Bien que les vestiges des peuplades de Foxhall aient été découverts les derniers en Angleterre, ces Andonites furent en réalité les premiers êtres humains à vivre dans ces régions. À cette époque, un pont terrestre reliait encore la France à l'Angleterre ; comme la plupart des premiers établissements des descendants d'Andon étaient situés le long des fleuves et des côtes de ces temps anciens, ils se trouvent maintenant sous les eaux de la Manche et de la mer du Nord, à l'exception de trois ou quatre qui sont encore émergés sur la côte anglaise.

64:2.7 Parmi les peuplades les plus intelligentes et les plus spirituellement élevées de Foxhall, beaucoup conservèrent leur supériorité raciale et perpétuèrent leurs coutumes religieuses primitives. Ces peuplades s'allièrent plus tard avec des lignées plus récentes et quittèrent l'Angleterre en allant vers l'ouest à la suite d'une invasion glaciaire ultérieure. Elles ont survécu sous la forme des Esquimaux d'aujourd'hui.

64.3  Les Tribus de Badonan

64:3.1 En dehors des peuplades de Foxhall dans l'ouest, un autre centre combatif de culture persista dans l'est. Ce groupe vivait sur les contreforts des hautes terres du nord-ouest de l'Inde parmi les tribus de Badonan, un arrière-arrière-petit-fils d'Andon. Ces peuplades furent les seuls descendants d'Andon qui ne pratiquèrent jamais de sacrifices humains.

64:3.2 Les Badonites des hautes terres occupaient un vaste plateau entouré de forêts, traversé par des rivières et pourvu de gibier en abondance. Comme certains de leurs cousins du Thibet, ils vivaient dans de grossières huttes de pierre, dans des grottes à flanc de coteau et dans des galeries semi-souterraines.

64:3.3 Tandis que les tribus du nord craignaient de plus en plus la glace, celles qui vivaient près de leur pays d'origine furent terrifiées par l'eau. Elles virent la péninsule de Mésopotamie s'enfoncer graduellement dans l'océan et, bien qu'elle en eût émergé plusieurs fois, les traditions de ces races primitives se bâtirent autour des dangers de la mer et de la crainte d'un engloutissement périodique. Cette peur, jointe à leur expérience des inondations fluviales, explique pourquoi elles choisirent les hautes terres comme lieu de séjour sûr.

64:3.4 À l'est du domaine des peuples de Badonan, dans les monts Siwalik du nord de l'Inde, on trouve, des fossiles qui se rapprochent, plus que nulle part ailleurs sur terre, des types de transition entre l'homme et les différents groupes préhumains.

64:3.5 Il y a 850.000 ans, les tribus évoluées de Badonan commencèrent une guerre d'extermination contre leurs voisins inférieurs à tendances animales. En moins de mille ans, la plupart des groupes animaux de ces régions avaient été soit détruits, soit repoussés dans les forêts du sud. Cette campagne entreprise pour exterminer des êtres inférieurs conduisit à une légère amélioration chez les tribus montagnardes de cette époque. Les descendants mêlés de cette branche badonite améliorée apparurent sur la scène d'activité du monde comme un peuple apparemment nouveau - la race du Néanderthal.

64.4  Les Races du Néanderthal

64:4.1 Les hommes du Néanderthal étaient d'excellents combattants et de grands voyageurs. Partant des hautes terres du nord-ouest de l'Inde, ils se répandirent progressivement à l'est dans la Chine, et à l'ouest jusqu'en France et descendirent même en Afrique du Nord. Ils dominèrent le monde pendant près d'un demi-million d'années jusqu'à l'époque de la migration des races évolutionnaires de couleur.

64:4.2 Il y a 800.000 ans le gibier était très abondant ; de nombreux cervidés ainsi que des éléphants et des hippopotames sillonnaient l'Europe. Le bétail abondait ; des chevaux et des loups se rencontraient en tous lieux. Les hommes du Néanderthal étaient de grands chasseurs, et les tribus vivant en France furent les premières à adopter la pratique consistant à donner le choix des épouses aux meilleurs chasseurs.

64:4.3 Le renne fut extrêmement utile à ces peuples du Néanderthal. Ils s'en servirent pour se nourrir, s'habiller et s'outiller, car ils employèrent à divers usages ses bois et ses os. Ils étaient peu cultivés, mais apportèrent de grandes améliorations au travail des silex, auquel ils firent presque atteindre les niveaux du temps d'Andon. Ils remirent en usage de gros silex attachés à des manches de bois pour servir de haches et de pioches.

64:4.4 Il y a 750.000 ans la quatrième nappe glaciaire s'avançait franchement vers le sud. Avec leurs outils améliorés, les hommes du Néanderthal faisaient des trous dans la glace qui recouvrait les rivières nordiques et pouvaient ainsi harponner les poissons remontant vers ces orifices. Les tribus reculèrent constamment devant l'avance des glaces dont l'invasion la plus étendue en Europe avait alors lieu.

64:4.5 À cette époque, le glacier sibérien atteignit le maximum de sa progression vers le sud, obligeant les hommes primitifs à se déplacer dans la même direction vers leurs pays d'origine. L'espèce humaine s'était alors suffisamment différenciée pour que fût grandement diminué le danger d'un nouveau croisement avec ses parents simiens incapables de progresser.

64:4.6 Il y a 700.000 ans la quatrième invasion glaciaire, la plus grande qu'ait connu l'Europe, était en cours de régression ; les hommes et les animaux retournaient vers le nord. Le climat était frais et humide, et les hommes primitifs prospérèrent de nouveau en Europe et en Asie occidentale. Les forêts s'étendirent progressivement vers le nord sur les terres que le glacier avait si récemment couvertes.

64:4.7 La vie des mammifères avait été peu modifiée par la grande invasion glaciaire. Les animaux se perpétuèrent sur l'étroite bande de terre qui s'étendait entre les glaces et les Alpes, et, quand le glacier se retira, ils se répandirent de nouveau rapidement sur toute l'Europe. Par le pont terrestre de la Sicile, des éléphants à défenses droites, des rhinocéros à large nez, des hyènes et des lions arrivèrent d'Afrique, et ces nouveaux venus exterminèrent virtuellement les tigres à dents de sabre et les hippopotames.

64:4.8 Il y a 650.000 ans le climat continuait à être doux ; vers le milieu de la période interglaciaire, il était devenu si chaud que les Alpes se dénudèrent presque entièrement de leur glace et de leur neige.

64:4.9 Il y a 600.000 ans les glaces avaient atteint le point extrême de leur retraite vers le nord. Après une pause de quelques milliers d'années, elles recommencèrent, pour la cinquième fois, à se déplacer vers le sud. Le climat se modifia peu pendant cinquante-mille ans. Les hommes et les animaux d'Europe ne changèrent presque pas. La légère aridité de la période précédente s'atténua, et les glaciers alpins descendirent très bas dans les vallées des fleuves.

64:4.10 Il y a 550.000 ans l'avance des glaciers chassa de nouveau les hommes et les animaux vers le sud. Mais cette fois-ci les hommes avaient toute la place voulue dans la large bande de terres qui s'enfonçait vers le nord-est en Asie et s'étendait entre la nappe glaciaire et la mer Noire, annexe alors très étendue de la Méditerranée.

64:4.11 À l'époque des quatrième et cinquième invasions glaciaires, la culture grossière des races du Néanderthal continua de se répandre ; mais ses progrès étaient si faibles qu'il sembla vraiment que la tentative de produire un type nouveau et modifié de vie intelligente sur Urantia allait échouer. Pendant près d'un quart de million d'années, ces peuples primitifs se laissèrent aller, chassant et se battant, s'améliorant sporadiquement dans certaines directions, mais, dans l'ensemble, rétrogradant régulièrement par rapport à leurs ancêtres andoniques supérieurs.

64:4.12 Au cours de ces âges de ténèbres spirituelles, l'humanité superstitieuse atteignit ses niveaux de culture les plus bas. La religion des hommes du Néanderthal n'allait réellement pas au delà d'une honteuse superstition. Ils avaient une peur mortelle des nuages, et plus spécialement des brumes et des brouillards. Une religion primitive de la peur des forces naturelles se développa progressivement chez eux, tandis que le culte des animaux déclinait à mesure que l'amélioration des outils et l'abondance du gibier permettaient à ces peuplades de vivre avec moins d'anxiété pour leur nourriture ; les récompenses sexuelles accordées aux meilleurs chasseurs contribuèrent grandement à améliorer la technique de la chasse. Cette nouvelle religion de la peur conduisit à des tentatives pour se concilier les forces invisibles cachées derrière les éléments naturels et atteignit plus tard son apogée avec les sacrifices humains destinés à apaiser ces forces physiques invisibles et inconnues. Cette terrible pratique des sacrifices humains s'est perpétuée chez les peuples les plus arriérés d'Urantia jusqu'au vingtième siècle de notre ère.

64:4.13 Ces premiers hommes du Néanderthal peuvent difficilement être considérés comme des adorateurs du soleil. Ils vivaient plutôt dans la peur de l'obscurité, ils avaient une frayeur mortelle de la tombée de la nuit. Tant que la lune brillait un peu, ils réussissaient à garder leur sang-froid, mais, pendant les nuits sans lune, ils étaient pris de panique et commençaient à sacrifier leurs meilleurs spécimens d'hommes et de femmes pour inciter la lune à briller de nouveau. Ils apprirent bientôt que le soleil reparaît rythmiquement, mais ils attribuaient uniquement le retour de la lune aux sacrifices de membres de leur tribu. À mesure que la race progressait, l'objet et le but des sacrifices changèrent graduellement, mais l'offrande de sacrifices humains comme partie du cérémonial religieux subsista longtemps.

64.5  L'Origine des Races de Couleur

64:5.1 Il y a 500.000 ans les tribus badoniques des hautes terres du nord-ouest de l'Inde se trouvèrent mêlées à une autre grande lutte raciale. Une guerre impitoyable fit rage pendant plus de cent ans et, à la fin de cette longue bataille, il ne subsista qu'une centaine de familles ; mais ces survivants étaient les représentants les plus intelligents et les plus souhaitables de tous les descendants alors vivants d'Andon et de Fonta.

64:5.2 Un évènement nouveau et étrange se produisit alors chez les Badonites des hautes terres. Un homme et une femme vivant dans la partie nord-est des hautes terres alors habitées commencèrent soudain à donner le jour à une famille d'enfants exceptionnellement intelligents. Ce fut la famille Sangik, ancêtre des six races colorées d'Urantia.

64:5.3 Ces enfants Sangiks, au nombre de dix-neuf, n'avaient pas seulement une intelligence supérieure à celle de leurs contemporains ; leur peau manifestait en outre une tendance extraordinaire à prendre différentes couleurs quand elle était exposée à la lumière solaire. Parmi ces dix-neuf enfants, cinq étaient rouges, deux orangés, quatre jaunes, deux verts, quatre bleus et deux indigo. Ces couleurs s'affirmèrent à mesure que les enfants grandissaient et, quand ces jeunes s'unirent plus tard avec des membres de leur tribu, tous leurs descendants tendirent à prendre la couleur de peau de leur ascendant Sangik.

64:5.4 J'interromps maintenant ce récit chronologique pour appeler votre attention sur l'arrivée du Prince Planétaire, qui eut lieu vers cette époque, et pour vous permettre d'étudier séparément les six races Sangiks d'Urantia.

64.6  Les Six Races Sangiks d'Urantia

64:6.1 Sur une planète évolutionnaire ordinaire, les six races évolutionnaires de couleur apparaissent l'une après l'autre. L'homme rouge évolue le premier et parcourt le monde pendant des âges avant que les races colorées suivantes ne fassent leur apparition. La survenance simultanée des six races sur Urantia, et au sein d'une seule famille, fut tout à fait exceptionnelle.

64:6.2 L'apparition des premiers Andonites sur Urantia avait aussi été quelque chose de nouveau dans Satania. Sur aucun autre monde du système local une pareille race de créatures volitives n'était apparue en avance sur les races évolutionnaires de couleur.

64:6.3 1. L'homme rouge. Ces peuples furent de remarquables spécimens de la race humaine, en bien des points supérieurs à Andon et Fonta. Ils formèrent un groupe extrêmement intelligent et furent les premiers enfants Sangiks à développer une civilisation et un gouvernement tribaux. Ils furent toujours monogames ; même leurs descendants de sang mêlé pratiquèrent rarement la polygamie.

64:6.4 Ils eurent plus tard des difficultés sérieuses et prolongées avec leurs frères jaunes en Asie. Ils furent aidés par l'invention, qu'ils firent très tôt, de l'arc et de la flèche, mais ils avaient malheureusement beaucoup hérité de la tendance de leurs ancêtres à se battre entre eux, ce qui les affaiblit au point que les tribus jaunes purent les chasser du continent asiatique.

64:6.5 Il y a environ 85.000 ans, les survivants relativement purs de la race rouge passèrent en masse en Amérique du Nord. L'isthme de Béring s'effondra peu après, ce qui les isola complètement. Nul homme rouge ne retourna jamais en Asie. Mais, dans toute la Sibérie, la Chine, l'Asie centrale, l'Inde et l'Europe, ils laissèrent derrière eux beaucoup de leurs descendants mêlés aux autres races colorées.

64:6.6 Quand les hommes rouges passèrent en Amérique, ils emportèrent nombre des enseignements et des traditions de leur origine première. Leurs ancêtres immédiats avaient été en rapport avec les dernières activités du quartier général mondial du Prince Planétaire. Mais, peu de temps après avoir gagné les Amériques, les hommes rouges commencèrent à perdre de vue ces enseignements, et leur culture intellectuelle et spirituelle subit un fort déclin. Très tôt, ces peuples recommencèrent à se battre si férocement entre eux que les guerres tribales firent craindre une extinction rapide de ce restant relativement pur de la race rouge.

64:6.7 Du fait de ce grand recul, les hommes rouges semblaient condamnés, lorsqu'il y a environ soixante-cinq-mille ans apparut un chef et libérateur spirituel, Onamonalonton. Il apporta une paix temporaire parmi les hommes rouges américains et fit revivre leur culte du « Grand Esprit » . Onamonalonton vécut jusqu'à l'âge de quatre-vingt-seize ans et entretint son quartier général au milieu des grands séquoias de Californie. Beaucoup de ses descendants sont parvenus jusqu'aux temps modernes chez les Indiens Pieds-Noirs.

64:6.8 Avec le temps, les enseignements d'Onamonalonton se transformèrent en traditions vagues. Les guerres fratricides recommencèrent et jamais, depuis l'époque de ce grand éducateur, aucun autre chef ne réussit à rétablir une paix universelle chez les hommes rouges. Les éléments les plus intelligents périrent de plus en plus dans ces luttes entre tribus ; autrement, une grande civilisation aurait été bâtie sur le continent nord-américain par ces hommes rouges capables et intelligents.

64:6.9 Depuis leur passage de Chine en Amérique, les hommes rouges nordiques n'entrèrent jamais plus en contact avec d'autres influences mondiales (à l'exception des Esquimaux) avant d'être découverts plus tard par les hommes blancs. Il est tout à fait regrettable que les hommes rouges aient presque entièrement manqué leur chance d'être régénérés par un mélange ultérieur de sang adamique. Telles que les choses se présentaient, l'homme rouge ne pouvait pas commander l'homme blanc et ne voulait pas le servir volontairement. Dans de telles circonstances, si les deux races ne fusionnent pas, l'une ou l'autre est condamnée.

64:6.10 2. L'homme orangé. Cette race fut essentiellement caractérisée par un besoin pressant de bâtir, de bâtir tout et n'importe quoi, ne serait-ce que d'empiler d'énormes monticules de pierres, juste pour voir quelle tribu édifierait le plus haut. Bien qu'ils ne fussent pas un peuple dynamiquement progressif, les hommes orangés tirèrent grand profit des écoles du Prince et y envoyèrent des délégués pour s'y instruire.

64:6.11 La race orangée fut la première à suivre le littoral de la Méditerranée vers le sud en direction de l'Afrique quand cette mer se retira vers l'ouest. Mais ils ne s'assurèrent jamais de points d'implantation favorables en Afrique et furent exterminés lors de l'arrivée ultérieure de la race verte.

64:6.12 Bien avant sa fin, ce peuple perdit une grande partie de ses bases spirituelles et culturelles. Il connut toutefois une grande renaissance de vie plus élevée grâce aux sages directives du maitre penseur de cette race infortunée, Porshunta, qui leur apporta son ministère à l'époque où leur quartier général se trouvait à Armageddon, il y a environ trois-cent-mille ans.

64:6.13 La dernière grande bataille entre les hommes orangés et les hommes verts fut livrée dans la région de la basse vallée du Nil en Égypte. Cette guerre interminable dura près de cent ans et, quand elle cessa, bien peu de représentants de la race orangée survivaient. Les restes dispersés de ce peuple furent absorbés par les hommes verts, puis par les hommes indigo arrivés plus tard ; mais l'homme orangé cessa d'exister en tant que race il y a environ cent-mille ans.

64:6.14 3. L'homme jaune. Les tribus jaunes primitives furent les premières à abandonner la chasse, à établir des communautés stables et à développer une vie familiale fondée sur l'agriculture. Elles étaient quelque peu inférieures aux hommes rouges du point de vue intellectuel, mais, socialement et collectivement, elles se révélèrent supérieures à toutes les autres peuplades Sangiks pour promouvoir une civilisation raciale. Parce que les différentes tribus développèrent un esprit fraternel et apprirent à vivre ensemble dans une paix relative, elles furent capables de chasser la race rouge devant elles à mesure qu'elles se répandaient en Asie.

64:6.15 Elles s'éloignèrent beaucoup de l'influence du centre spirituel du monde et sombrèrent dans une grande obscurité à la suite de l'apostasie de Caligastia ; mais elles connurent un âge brillant, il y a environ cent-mille ans, quand Singlangton assuma la direction de ces tribus et proclama le culte de la « Vérité Unique » .

64:6.16 Le nombre relativement important de survivants de la race jaune est dû à l'esprit pacifique qui régnait entre leurs tribus. Depuis l'époque de Singlangton jusqu'aux temps de la Chine moderne, les nations de race jaune sont restées parmi les plus pacifiques d'Urantia. Cette race reçut plus tard un legs réduit mais puissant de lignées adamiques importées.

64:6.17 4. L'homme vert. La race verte fut l'un des groupes d'hommes primitifs les moins capables, et fut encore très affaiblie par d'importantes migrations dans différentes directions. Avant leur dispersion, ces tribus connurent une grande renaissance culturelle sous la direction de Fantad, il y a environ trois-cent-cinquante-mille ans.

64:6.18 La race verte se sépara en trois divisions majeures : les tribus du nord furent vaincues, asservies et absorbées par les races jaune et bleue. Le groupe oriental s'amalgama avec les peuples de l'Inde de cette époque, et des restes en subsistent encore parmi ces peuples. La population méridionale pénétra en Afrique où elle détruisit ses cousins orangés, presque aussi inférieurs qu'elle.

64:6.19 Les deux groupes étaient de force égale sur bien des points dans cette lutte, car chacun possédait des lignées de l'ordre des géants : beaucoup de leurs chefs avaient une taille de deux mètres quarante à deux mètres soixante-dix. Ces lignées géantes des hommes verts furent pratiquement limitées à la nation méridionale ou égyptienne.

64:6.20 Les survivants victorieux de la race verte furent absorbés plus tard par la race indigo, dernier des peuples de couleur à se développer et à émigrer à partir du centre originel Sangik de dispersion des races.

64:6.21 5. L'homme bleu. Les hommes bleus furent un grand peuple. De bonne heure, ils inventèrent le javelot et élaborèrent par la suite les rudiments de beaucoup d'arts de la civilisation moderne. L'homme bleu avait la puissance cérébrale de l'homme rouge associée à l'âme et aux sentiments de l'homme jaune. Les descendants d'Adam le préférèrent aux survivants de toutes les autres races colorées.

64:6.22 Les premiers hommes bleus furent attentifs et sensibles aux persuasions des instructeurs de l'état-major du Prince Caligastia ; aussi furent-ils jetés dans une grande confusion quand la traitrise des chefs dénatura plus tard ces enseignements. Tout comme les autres races primitives, ils ne se remirent jamais complètement de la tempête provoquée par la trahison de Caligastia et ils ne surmontèrent non plus jamais totalement leur propension aux luttes intestines.

64:6.23 Cinq-cents ans environ après la chute de Caligastia, eut lieu une large renaissance culturelle et religieuse d'un type primitif - mais néanmoins réelle et bénéfique. Orlandof devint un grand instructeur de la race bleue et ramena de nombreuses tribus au culte du vrai Dieu sous le nom de « Chef Suprême » . Ce fut le plus grand progrès accompli par les hommes bleus jusqu'à la période ultérieure où l'apport du sang adamique les régénéra puissamment.

64:6.24 Les explorations et les recherches effectuées en Europe sur l'âge de la Pierre Taillée ont largement consisté en exhumations d'outils, d'ossements et d'objets décoratifs de ces anciens hommes bleus, car ils s'y sont perpétués jusqu'à une date récente. Ce que vous appelez les races blanches d'Urantia, ce sont les descendants des hommes bleus, modifiés une première fois par un léger mélange avec les jaunes et les rouges, et ensuite fortement régénérés par l'assimilation de la plus grande partie de la race violette.

64:6.25 6. La race indigo. De même que les hommes rouges furent les plus avancés de tous les peuples Sangiks, les hommes noirs en furent les plus retardataires. Ils furent les derniers à émigrer de leurs foyers des hautes terres. Ils allèrent en Afrique, prirent possession du continent et y restèrent toujours depuis lors, à l'exception de ceux qui furent enlevés de force, d'âge en âge, pour devenir esclaves.

64:6.26 Isolés en Afrique, les peuples indigo, comme les hommes rouges, ne profitèrent pas ou très peu de l'élévation raciale qu'ils auraient pu tirer d'un apport de lignées adamiques. Seule en Afrique, la race indigo fit peu de progrès jusqu'aux jours d'Orvonon, durant lesquels elle connut un grand réveil spirituel. Les hommes indigo oublièrent ensuite presque entièrement le « Dieu des Dieux » proclamé par Orvonon, mais ne perdirent pas entièrement le désir d'adorer l'Inconnu ; du moins maintinrent-ils une forme de culte éteinte seulement depuis quelques millénaires.

64:6.27 En dépit de leur retard, les peuples indigo ont exactement le même statut devant les pouvoirs célestes que n'importe quelle autre race terrestre.

64:6.28 Ce furent des âges de luttes violentes entre les différentes races, mais, au voisinage du quartier général du Prince Planétaire, les groupes plus éclairés et plus récemment instruits vécurent ensemble dans une harmonie relative. Toutefois, aucune grande conquête culturelle des races mondiales n'avait encore été réalisée au moment où ce régime fut gravement disloqué par l'éclatement de la rébellion de Lucifer.

64:6.29 Tous ces différents peuples connurent de temps en temps des renaissances culturelles et spirituelles. Mansant fut un grand éducateur de l'époque qui suivit celle du Prince Planétaire. Nous ne mentionnons cependant que les chefs et les maitres exceptionnels dont l'influence marqua et inspira notablement une race tout entière. Au long des temps, de nombreux éducateurs moins importants apparurent en différentes régions ; dans l'ensemble, leur influence salutaire contribua beaucoup à empêcher un effondrement complet de la civilisation culturelle, principalement au cours de la longue période d'obscurantisme entre la rébellion de Caligastia et l'arrivée d'Adam.

64:6.30 Il existe de nombreuses raisons, bonnes et suffisantes, pour faire évoluer soit trois, soit six races colorées sur les mondes de l'espace. Bien que les mortels d'Urantia ne soient peut-être pas bien placés pour apprécier pleinement toutes ces raisons, nous attirons leur attention sur les points suivants :

64:6.31 1. La variété est indispensable pour permettre un large fonctionnement de la sélection naturelle, la survie différentielle des lignées supérieures.

64:6.32 2. On obtient des races meilleures et plus fortes par le croisement de divers peuples quand les différentes races sont porteuses de facteurs héréditaires supérieurs. Les races d'Urantia auraient bénéficié de bonne heure d'une telle fusion si un peuple ainsi amalgamé avait pu être ensuite effectivement régénéré par un profond mélange avec la race adamique supérieure. Toute tentative pour exécuter une telle expérience sur Urantia, dans les conditions raciales actuelles, serait absolument désastreuse.

64:6.33 3. La diversification des races favorise une saine compétition.

64:6.34 4. Les différences de statut dans les races et dans les groupes à l'intérieur de chaque race sont essentielles au développement de la tolérance et de l'altruisme humains.

64:6.35 5. L'homogénéité de la race humaine n'est pas désirable avant que les peuples d'un monde en évolution aient atteint des niveaux relativement élevés de développement spirituel.

64.7  La Dispersion des Races de Couleur

64:7.1 Quand les descendants colorés de la famille Sangik commencèrent à se multiplier et à chercher des possibilités d'expansion dans les territoires voisins, la cinquième invasion glaciaire, la troisième selon les calculs des géologues, avait largement progressé dans son avancée méridionale sur l'Europe et l'Asie. À leur origine, les races colorées primitives furent terriblement éprouvées par les rigueurs et les privations de l'ère glaciaire. Ce glacier recouvrit une portion si étendue de l'Asie que la voie des migrations vers l'Asie orientale fut coupée pendant des milliers d'années. Tant que la mer Méditerranée ne se fut pas retirée à la suite de l'élévation de l'Arabie, il leur fut également impossible d'atteindre l'Afrique.

64:7.2 C'est pourquoi, pendant près de cent-mille ans, les peuples Sangiks se disséminèrent autour de leurs montagnes et se mélangèrent plus ou moins, malgré les antipathies particulières mais naturelles qui se manifestèrent de bonne heure entre les différentes races.

64:7.3 Entre l'époque du Prince Planétaire et celle d'Adam, l'Inde devint le domaine de la population la plus cosmopolite que l'on ait jamais vue à la surface de la terre. Mais il est très malheureux que ce mélange ait contenu tant d'éléments des races verte, orangée et indigo. Ces peuples Sangiks secondaires trouvaient l'existence plus facile et plus agréable dans les pays du sud, et beaucoup émigrèrent plus tard en Afrique. Les peuples Sangiks primaires, les races supérieures, évitèrent les tropiques. Les hommes rouges se dirigèrent vers le nord-est, vers l'Asie, suivis de près par les hommes jaunes, tandis que la race bleue progressait vers le nord-ouest et gagnait l'Europe.

64:7.4 Accompagnant la retraite des glaces, les hommes rouges commencèrent très tôt à émigrer vers le nord-est contournèrent les hautes terres de l'Inde et occupèrent toute la partie nord-est de l'Asie. Ils furent suivis de près par les tribus jaunes qui les chassèrent ensuite d'Asie en Amérique du Nord.

64:7.5 Quand les restes relativement purs de la race rouge abandonnèrent l'Asie, ils formèrent onze tribus avec un peu plus de sept-mille hommes, femmes et enfants. Ces tribus étaient accompagnées de trois petits groupes d'origine mixte, dont le plus important comprenait un mélange des races orangée et bleue. Ces trois groupes ne fraternisèrent jamais totalement avec les hommes rouges et s'enfoncèrent bientôt dans le sud vers le Mexique et l'Amérique Centrale, où ils furent plus tard rejoints par un petit groupe de jaunes et de rouges mélangés. Ces éléments se marièrent tous entre eux et fondèrent une nouvelle race amalgamée beaucoup moins belliqueuse que les hommes rouges de race pure. En l'espace de cinq-mille ans, ces sang-mêlés se scindèrent en trois groupes qui établirent respectivement les civilisations du Mexique, de l'Amérique Centrale et de l'Amérique du Sud. Le rameau sud-américain reçut une légère touche du sang d'Adam.

64:7.6 Dans une certaine mesure, les hommes primitifs jaunes et rouges se croisèrent en Asie ; les descendants de cette union se déplacèrent vers l'est et le long du littoral méridional. En fin de compte, ils furent chassés sur les péninsules et les iles côtières par la race jaune qui se multipliait rapidement. Ils sont à l'origine des hommes bruns d'aujourd'hui.

64:7.7 La race jaune a continué d'occuper les régions centrales de l'Asie orientale. Parmi les six races colorées, c'est celle qui a survécu en plus grand nombre. Les hommes jaunes se sont livrés de temps à autre des guerres raciales, mais n'ont pas soutenu de guerres d'extermination incessantes et implacables comme celles que se firent les hommes rouges, verts et orangés. Ces trois races s'étaient virtuellement détruites elles-mêmes avant d'être finalement à peu près annihilées par leurs ennemis des autres races.

64:7.8 Le cinquième glacier, en Europe, ne s'étendit pas très loin vers le sud ; le chemin des migrations vers le nord-ouest resta donc partiellement ouvert à ces peuplades Sangiks ; quand les glaces commencèrent à se retirer, les hommes bleus, accompagnés de quelques autres petits groupes raciaux, émigrèrent vers l'ouest le long des anciennes pistes des tribus andoniques. Ils envahirent l'Europe par vagues successives et occupèrent la majeure partie du continent.

64:7.9 En Europe, ils rencontrèrent bientôt les descendants néanderthaliens de leur ancêtre primitif commun, Andon. Ces Européens néanderthaliens plus anciens avaient été chassés par le glacier vers le sud et vers l'est et se trouvaient ainsi en position d'affronter et absorber leurs cousins envahisseurs des tribus Sangiks.

64:7.10 Au début, les tribus Sangiks étaient en général plus intelligentes que les descendants dégénérés des hommes andoniques primitifs des plaines et leur étaient très supérieures sur la plupart des points. Le croisement de ces tribus Sangiks avec les peuples du Néanderthal améliora immédiatement la race la plus ancienne. C'est cet apport de sang Sangik, et plus spécialement de celui des hommes bleus, qui amena, chez les peuples de Néanderthal, les progrès qui se manifestèrent lors des vagues successives de tribus de plus en plus intelligentes qui se répandirent en Europe en venant de l'est.

64:7.11 Au cours de la période interglaciaire suivante, cette nouvelle race du Néanderthal s'étendit de l'Angleterre aux Indes. Le restant de la race bleue demeuré dans la vieille péninsule Persique s'amalgama à certains autres éléments, principalement jaunes. Le mélange qui en résulta, quelque peu rehaussé ensuite par la race violette d'Adam, a survécu sous la forme des tribus nomades basanées d'Arabes modernes.

64:7.12 Tous les efforts pour identifier les ancêtres Sangiks des peuples modernes doivent tenir compte de l'amélioration ultérieure des lignées raciales par le mélange subséquent du sang adamique.

64:7.13 Les races supérieures recherchèrent les climats nordiques ou tempérés, tandis que les races orangée, verte et indigo gravitèrent successivement vers l'Afrique par le pont terrestre nouvellement émergé qui séparait de l'Océan Indien la Méditerranée en retrait vers l'ouest.

64:7.14 Les dernières peuplades Sangiks à émigrer du centre d'origine de leurs races furent les hommes indigo. À peu près à l'époque où les hommes verts exterminaient la race orangée en Égypte et, ce faisant, s'affaiblissaient grandement eux-mêmes, le grand exode noir commença vers le sud, le long de la côte de Palestine. Plus tard, quand ces peuples indigo d'une grande vigueur physique envahirent l'Égypte, ils éliminèrent totalement les hommes verts par la seule force de leur nombre. Ces races indigo absorbèrent le restant de la race orangée et une grande partie de la race verte, si bien que certaines tribus indigo se trouvèrent considérablement enrichies par cette amalgamation raciale.

64:7.15 Il apparaît ainsi que l'Égypte fut dominée d'abord par l'homme orangé, puis par l'homme vert, ensuite par l'homme indigo (noir), et plus tard encore par une race métisse formée d'hommes indigo et bleus, et d'hommes verts modifiés. Mais, longtemps avant l'arrivée d'Adam, les hommes bleus d'Europe et les races mélangées d'Arabie avaient chassé la race indigo hors d'Égypte et loin vers le sud du continent africain.

64:7.16 Vers la fin des migrations Sangiks, les races orangée et verte ont disparu, l'homme rouge occupe l'Amérique du Nord, l'homme jaune l'Asie orientale, l'homme bleu l'Europe, et la race indigo a gravité vers l'Afrique. L'Inde est peuplée d'un mélange des races Sangiks secondaires, et l'homme brun, croisement du rouge et du jaune, détient les iles situées au large de la côte asiatique. Une race amalgamée douée d'un potentiel plutôt supérieur occupe les hautes terres de l'Amériques du Sud. Les Andonites les plus purs vivent dans les régions arctiques de l'Europe, en Islande, au Groenland et dans le nord-est de l'Amérique du Nord.

64:7.17 Au cours des périodes de progression maximum des glaces, les tribus andoniques les plus occidentales furent bien près d'être repoussées dans la mer. Elles vécurent pendant des années sur une étroite bande de terre du sud de ce qui est présentement l'Angleterre. Et ce fut le souvenir traditionnel de ces progressions glaciaires répétées qui les incita à prendre la mer quand le sixième et dernier glacier apparut finalement. Ces hommes furent les premiers aventuriers de la mer. Ils construisirent des bateaux et partirent à la recherche de terres nouvelles dans l'espoir qu'elles ne seraient pas soumises aux terrifiantes invasions glaciaires. Quelques-uns d'entre eux atteignirent l'Islande, d'autres le Groenland, mais la grande majorité mourut de faim et de soif en pleine mer.

64:7.18 Il y a un peu plus de quatre-vingt-mille ans, peu après la pénétration des hommes rouges en Amérique par le nord-ouest, le gel des mers nordiques et la progression de champs de glace locaux sur le Groenland contraignirent ces descendants Esquimaux des aborigènes d'Urantia à chercher une terre meilleure, un nouveau foyer. Leur entreprise fut couronnée de succès ; ils traversèrent sains et saufs les détroits resserrés qui séparaient alors le Groenland des masses continentales du nord-est de l'Amérique du Nord. Ils atteignirent le continent à peu près vingt-et-un siècles après l'arrivée des hommes rouges en Alaska. Plus tard, quelques éléments métis d'hommes bleus voyagèrent vers l'ouest et s'amalgamèrent aux Esquimaux les plus récents ; et cette union fut assez bénéfique aux tribus d'Esquimaux.

64:7.19 Il y a environ cinq-mille ans, une tribu amérindienne rencontra par hasard un groupe esquimau isolé sur les rives sud-est de la Baie d'Hudson. Les deux tribus trouvèrent difficile de communiquer l'une avec l'autre, mais il y eut rapidement des mariages entre elles, et ces Esquimaux furent finalement absorbés par les hommes rouges plus nombreux. C'est le seul contact que les hommes rouges d'Amérique du Nord aient eu avec une autre race humaine jusqu'à il y a environ mille ans où des blancs débarquèrent, par hasard, pour la première fois sur la côte Atlantique de l'Amérique du Nord.

64:7.20 Les luttes de ces âges primitifs furent marquées du sceau du courage, de la bravoure et même de l'héroïsme. Nous regrettons tous que tant de traits du caractère rude et de bon aloi de vos premiers ancêtres aient été perdus pour les races plus récentes. Tout en appréciant la valeur de beaucoup de raffinements de la civilisation en progrès, nous regrettons l'absence de la magnifique opiniâtreté et du superbe dévouement de vos premiers ancêtres, qualités qui touchèrent souvent au grandiose et au sublime.

64:7.21 [Présenté par un Porteur de Vie résidant sur Urantia.]

65. Le Supercontrôle de l'Évolution

65:0.1 LA VIE matérielle évolutionnaire de base - la vie prémentale - est formulée par les Maitres Contrôleurs Physiques et transmise par le ministère des Sept Maitres Esprits en conjonction avec les services actifs des Porteurs de Vie mandatés. À la suite du fonctionnement coordonné de cette triple activité créatrice, il se développe une capacité physique organique au fonctionnement du mental - des mécanismes matériels destinés à réagir intelligemment aux stimuli du milieu externe, et ultérieurement aux stimuli internes provenant du mental même des organismes.

65:0.2 Il y a donc trois niveaux distincts de production et d'évolution de la vie :

65:0.3 1. Le domaine physicoénergétique - production de capacité mentale.

65:0.4 2. Le ministère du mental des esprits adjuvats - empiétant sur la capacité d'esprit.

65:0.5 3. La dotation spirituelle du mental mortel - culminant dans l'octroi des Ajusteurs de Pensée.

65:0.6 Les niveaux non enseignables de réaction machinale de l'organisme au milieu sont les domaines des contrôleurs physiques. Les esprits-mentaux adjuvats activent et règlent le mental de type adaptable ou non machinal et enseignable - ces mécanismes de réaction des organismes capables d'apprendre par expérience. De même que les esprits adjuvats manipulent ainsi les potentiels du mental, de même les Porteurs de Vie exercent un contrôle discrétionnaire considérable sur les aspects ambiants des processus évolutionnaires jusqu'au moment où apparaît la volonté humaine - l'aptitude à connaître Dieu et le pouvoir de choisir de l'adorer.

65:0.7 C'est le fonctionnement intégré des Porteurs de Vie, des contrôleurs physiques et des esprit adjuvats qui conditionne le cours de l'évolution organique sur les mondes habités. C'est pourquoi l'évolution - sur Urantia ou ailleurs - est toujours intentionnelle et jamais accidentelle.

65.1  Les Fonctions des Porteurs de Vie

65:1.1 Les Porteurs de Vie sont doués de potentiels de métamorphose de la personnalité que très peu d'ordres de créatures possèdent. Ces Fils de l'univers local sont capables d'opérer dans trois phases différentes d'existence. Ils accomplissent généralement leurs tâches en tant que Fils de la phase moyenne, ce qui représente leur état originel. Mais un Porteur de Vie, à ce stade d'existence, ne pourrait pas agir dans les domaines électrochimiques en tant que transformateur d'énergies physiques et de particules matérielles en unités d'existences vivantes.

65:1.2 Les Porteurs de Vie sont capables de fonctionner et fonctionnent effectivement sur les trois niveaux suivants :

65:1.3 1. Le niveau physique de l'électrochimie.

65:1.4 2. La phase médiane habituelle d'existence quasi morontielle.

65:1.5 3. Le niveau semi-spirituel avancé.

65:1.6 Quand les Porteurs de Vie se préparent à entreprendre une implantation de vie, et qu'ils ont choisi les emplacements propres à leur entreprise, ils convoquent la commission archangélique de transmutation des Porteurs de Vie. Ce groupe est formé de dix ordres de personnalités diverses, y compris les contrôleurs physiques et leurs associés ; et il est présidé par le chef des archanges, qui agit en cette qualité, mandaté par Gabriel et avec la permission des Anciens des Jours. Quand ces êtres sont convenablement mis en circuit, ils peuvent effectuer, sur les Porteurs de Vie, des modifications telles qu'elles leur permettront d'opérer immédiatement sur le niveau physique de l'électrochimie.

65:1.7 Après que les modèles de vie ont été formulés et que les organisations matérielles ont été dument complétées, les forces supramatérielles impliquées dans la propagation de la vie deviennent aussitôt actives, et la vie existe. Les Porteurs de Vie sont alors immédiatement replacés dans l'état médian normal d'existence de leur personnalité, état dans lequel ils peuvent manipuler les éléments vivants et manoeuvrer les organismes en évolution, alors même qu'ils sont dépouillés de toute capacité d'organiser - de créer - de nouveaux modèles de matière vivante.

65:1.8 Après que l'évolution organique a suivi un certain cours et que le libre arbitre du type humain est apparu dans les organismes évolutifs les plus élevés, les Porteurs de Vie doivent soit quitter la planète, soit faire voeu de renoncement ; c'est-à-dire qu'ils doivent prendre l'engagement de s'abstenir, à l'avenir, de toute tentative pour influencer le cours de l'évolution organique. Quand ces voeux sont volontairement prononcés par les Porteurs de Vie qui choisissent de demeurer sur la planète pour conseiller dans l'avenir ceux qui seront chargés de protéger les créatures volitives nouvellement évoluées, il est fait appel à une commission de douze membres, présidée par le Chef des Étoiles du Soir, agissant par l'autorité du Souverain du Système et avec la permission de Gabriel ; les Porteurs de Vie sont alors immédiatement transmués à leur troisième phase d'existence de la personnalité - le niveau semi-spirituel d'existence. Et je fonctionne sur Urantia, sous cette troisième phase d'existence, depuis l'époque d'Andon et de Fonta.

65:1.9 Nous nous réjouissons à l'avance du moment où l'univers sera ancré dans la lumière et la vie, et d'un possible quatrième stade d'existence dans lequel nous serions totalement spirituels, mais la technique par laquelle nous pourrions atteindre cet état désirable et supérieur ne nous a jamais été révélée.

65.2  Le Panorama de l'Évolution

65:2.1 L'histoire de l'ascension de l'homme, depuis l'état d'algue marine jusqu'à la domination de la création terrestre, est en vérité une épopée de combats biologiques et de survie mentale. Les ancêtres primordiaux de l'homme furent littéralement la vase et le limon des fonds océaniques déposés dans les baies et les lagunes chaudes et relativement stagnantes du vaste littoral des antiques mers intérieures, ces eaux mêmes dans lesquelles les Porteurs de Vie établirent les trois implantations de vie indépendantes sur Urantia.

65:2.2 Parmi les types primitifs de végétaux marins qui participèrent aux changements historiques amenant des organismes à la frontière de la vie animale, très peu d'espèces existent encore aujourd'hui. Les éponges sont les survivants de l'un de ces types intermédiaires primitifs ; ces organismes par lesquels s'exécuta la transition graduelle du végétal à l'animal. Ces premières formes transitoires n'étaient pas identiques aux éponges modernes, mais très similaires ; c'étaient de véritables organismes intermédiaires - ni végétaux ni animaux - qui conduisirent finalement au développement de formes de vie véritablement animales.

65:2.3 Les bactéries, simples organismes végétaux d'une nature très primitive, ont très peu changé depuis la prime aurore de la vie ; elles font même preuve d'un certain degré de régression dans leur comportement parasitaire. Beaucoup de champignons représentent également un mouvement rétrograde de l'évolution, du fait que ces plantes ont perdu leur aptitude à produire de la chlorophylle et sont devenues plus ou moins parasitaires. La majorité des bactéries qui provoquent les maladies, et leurs corps auxiliaires, les virus, appartiennent en fait à ce groupe de champignons traitres et parasitaires. Au cours des âges écoulés depuis lors, tout l'immense règne de la vie végétale a évolué à partir d'ancêtres dont descendent aussi les bactéries.

65:2.4 Bientôt, et soudain, apparut le type protozoaire plus élevé de la vie animale. Depuis ces temps très lointains, l'amibe, le type même de l'organisme animal monocellulaire, s'est perpétuée presque sans modification. Elle s'ébat aujourd'hui à peu près comme elle le faisait quand elle représentait la plus récente et la plus grande réalisation de l'évolution de la vie. Cette créature microscopique et ses cousins protozoaires sont au règne animal ce que les bactéries sont au règne végétal ; ils représentent la survivance des premières étapes évolutionnaires de différenciation de la vie en même temps qu'un échec dans leur développement ultérieur.

65:2.5 Les animaux monocellulaires de types primitif ne tardèrent pas à s'associer en colonies, d'abord sur le plan du volvox, et bientôt selon les lignées de l'hydre et de la méduse. Plus tard encore apparurent par évolution les astéries, crinoïdes, oursins, holothuries, myriapodes, insectes, araignées, crustacés, et les groupes très proches des lombrics et des sangsues, bientôt suivis par les mollusques - l'huitre, la pieuvre et l'escargot. Des centaines et des centaines d'espèces apparurent et périrent ; mention est faite seulement de celles qui survécurent à l'interminable lutte. Ces spécimens non progressifs, ainsi que la famille des poissons apparue plus tard, représentent aujourd'hui des types stationnaires d'animaux primitifs et inférieurs, branches de l'arbre de vie qui ne parvinrent pas à progresser.

65:2.6 La scène était ainsi prête pour l'apparition des premiers animaux vertébrés, les poissons. De cette famille des poissons jaillirent deux modifications exceptionnelles, la grenouille et la salamandre. C'est la grenouille qui inaugura dans la vie animale la série de différenciations progressives qui culminèrent finalement dans l'homme lui-même.

65:2.7 La grenouille est l'un des plus anciens survivants parmi les ancêtres de la race humaine, mais elle ne réussit pas non plus à progresser, et son aspect d'aujourd'hui n'a guère changé depuis ces temps reculés. Parmi les races de l'aurore de la vie, la grenouille est l'unique espèce ancestrale qui vive encore à la surface de la terre. Parmi les ancêtres de la race humaine, toutes les espèces intermédiaires entre la grenouille et l'Esquimau ont maintenant disparu.

65:2.8 Les grenouilles donnèrent naissance aux reptiles, une grande famille animale virtuellement éteinte, mais qui, avant de disparaître, fut à l'origine de toute la famille des oiseaux et des nombreux ordres de mammifères.

65:2.9 Le plus grand bond isolé de toute l'évolution préhumaine fut probablement accompli quand un reptile devint oiseau. Les types d'oiseaux d'aujourd'hui - aigles, canards, pigeons et autruches - descendent tous des énormes reptiles des temps préhistoriques.

65:2.10 Le règne des reptiles, descendant de la famille des grenouilles, est représenté aujourd'hui par quatre branches survivantes : deux non progressives, les serpents et les lézards, ainsi que leurs cousins, les crocodiles et les tortues ; une partiellement progressive, la famille des oiseaux ; la quatrième représente les ancêtres des mammifères et la lignée descendant directement jusqu'à l'espèce humaine. Bien que les reptiles du passé aient disparu depuis longtemps, leur énormité a trouvé un écho chez l'éléphant et le mastodonte, tandis que leurs formes particulières se sont perpétuées chez les kangourous sauteurs.

65:2.11 Quatorze phyla seulement sont apparus sur Urantia, les poissons formant le dernier, et aucune classe nouvelle ne s'est développée depuis les oiseaux et les mammifères.

65:2.12 C'est à partir d'un agile petit dinosaure reptilien d'habitudes carnivores, mais pourvu d'un cerveau relativement important, que surgirent soudain les mammifères placentaires. Ils se développèrent rapidement et dans beaucoup de voies différentes ; non seulement ils donnèrent naissance aux variétés communes modernes, mais ils évoluèrent aussi vers des types marins comme les baleines et les phoques, et vers des navigateurs aériens comme la famille des chauves-souris.

65:2.13 L'homme évolua donc à partir des mammifères supérieurs dérivés principalement de l'implantation occidentale de vie effectuée dans les anciennes mers abritées d'orientation est-ouest. Le groupe oriental et le groupe central d'organismes vivants progressèrent favorablement au début vers les niveaux préhumains d'existence animale. À mesure que les âges passèrent, le foyer oriental de la vie se révéla incapable d'atteindre un niveau satisfaisant de statut préhumain d'intelligence, ayant subi des pertes si répétées et si irrémédiables des types les plus élevés de son plasma germinatif qu'il était définitivement privé du pouvoir de réhabiliter des potentialités humaines.

65:2.14 Comme la qualité de capacité mentale à se développer était très nettement inférieure dans le groupe oriental à celle des deux autres groupes, les Porteurs de Vie, avec l'assentiment de leurs supérieurs, manipulèrent le milieu ambiant de façon à circonscrire davantage les lignées préhumaines inférieures de la vie évolutive. D'après les apparences extérieures, l'élimination de ces groupes inférieurs de créatures fut accidentelle, mais en réalité elle fut entièrement intentionnelle.

65:2.15 À une date ultérieure du déploiement évolutionnaire de l'intelligence, les ancêtres lémuriens de l'espèce humaine se trouvèrent beaucoup plus avancés en Amérique du Nord que dans les autres régions ; c'est pourquoi ils furent amenés à migrer de l'aire d'implantation de vie occidentale par le pont terrestre de Béring et le long de la côte vers le sud-ouest de l'Asie, où ils continuèrent à évoluer et bénéficièrent de l'addition de certaines lignées du groupe central de vie. L'homme évolua ainsi à partir de certaines lignées vitales du centre-ouest, mais dans les régions centrales et proche-orientales.

65:2.16 C'est de cette façon que la vie implantée sur Urantia évolua jusqu'à l'ère glaciaire, époque où l'homme lui-même apparut pour la première fois et commença sa carrière planétaire mouvementée. L'apparition de l'homme primitif sur terre, au cours de l'âge glaciaire, ne fut pas fortuite ; elle résulta d'un plan. Les rigueurs et la sévérité climatique de l'ère glaciaire étaient parfaitement adaptées au but recherché : encourager la production d'un type robuste d'être humain doué d'une prodigieuse aptitude à survivre.

65.3  L'Entretien de l'Évolution

65:3.1 Il ne sera guère possible de rendre accessible au mental humain d'aujourd'hui maints évènements bizarres et apparemment grotesques de la progression évolutionnaire primitive. En dépit de leur apparence étrange, toutes ces évolutions d'êtres vivants suivaient un plan préconçu, mais nous n'avons pas le droit d'intervenir arbitrairement dans le développement des modèles de vie une fois qu'ils ont commencé à fonctionner.

65:3.2 Les Porteurs de Vie peuvent employer toutes les ressources naturelles possibles et utiliser toutes les circonstances fortuites susceptibles de concourir au progrès évolutif de l'expérience de vie, mais il ne nous est pas permis d'intervenir mécaniquement dans l'évolution végétale ou animale, ni de manipuler arbitrairement son cours et son orientation.

65:3.3 Vous avez appris que les mortels d'Urantia se sont développés par l'évolution d'une grenouille primitive et que cette lignée ascendante, portée en puissance par une unique grenouille, échappa de justesse à la destruction en une certaine occasion. Mais il ne faut pas en déduire que l'évolution de l'humanité aurait été arrêtée par un accident à cet instant critique. À ce même moment, nous n'observions et n'entretenions pas moins de mille lignées de vie mutantes, différentes et très éloignées les unes des autres, qui auraient pu être dirigées vers divers modèles de développement préhumain. La grenouille ancestrale en question représentait notre troisième sélection, les deux premières lignées ayant péri malgré tous nos efforts pour les conserver.

65:3.4 Même la perte d'Andon et de Fonta avant qu'ils aient procréé une descendance n'aurait pu empêcher l'évolution humaine ; elle l'aurait seulement retardée. Après l'apparition d'Andon et de Fonta et avant que les potentiels de mutation humains de la vie animale fussent épuisés, il n'évolua pas moins de sept-mille lignées favorables qui auraient pu atteindre certains types humains de développement. Du reste, beaucoup de ces bonnes lignées furent assimilées plus tard par les différentes branches de l'espèce humaine en voie d'expansion.

65:3.5 Longtemps avant que le Fils et la Fille Matériels, les élévateurs biologiques, n'arrivent sur une planète, les potentiels humains de l'espèce animale évolutive ont été épuisés. Ce stade biologique de la vie animale est révélé aux Porteurs de Vie par la troisième phase de mobilisation des esprits adjuvats. Ce phénomène se produit automatiquement en même temps que toute la vie animale a épuisé sa capacité à donner naissance à des potentiels mutants d'individus préhumains.

65:3.6 Sur Urantia, l'humanité doit résoudre ses problèmes de développement mortel à l'aide des souches humaines qu'elle possède - aucune race nouvelle n'évoluera plus dans l'avenir à partir de sources préhumaines. Mais ce fait n'écarte nullement la possibilité d'atteindre des niveaux beaucoup plus élevés de développement humain en entretenant intelligemment les potentiels évolutionnaires qui subsistent encore dans les races de mortels. Ce que nous, les Porteurs de Vie, nous faisons pour conserver et promouvoir les lignées de vie avant l'apparition de la volonté humaine, l'homme doit le faire pour lui-même après cet évènement, quand nous nous sommes retirés de toute participation active à l'évolution. D'une manière générale, la destinée évolutionnaire de l'homme repose dans ses propres mains, et l'intelligence scientifique doit, tôt ou tard, remplacer le fonctionnement chaotique d'une sélection naturelle non contrôlée et d'une survie soumise au hasard.

65:3.7 À propos de l'entretien de l'évolution, il convient de souligner que, s'il vous arrive dans un avenir lointain d'être attaché à un corps de Porteurs de Vie, vous aurez d'amples et nombreuses occasions de présenter des suggestions et d'apporter toutes les améliorations possibles aux plans et aux techniques de conduite et de transplantation de la vie. Soyez patients ! Si vous avez de bonnes idées, si votre imagination est fertile en meilleures méthodes d'administration pour n'importe quelle partie des domaines universels, vous aurez certainement l'occasion de les présenter à vos associés et collègues administrateurs dans les âges à venir.

65.4  L'Aventure d'Urantia

65:4.1 Ne perdez pas de vue le fait qu'Urantia nous fut assignée comme monde pour y expérimenter la vie. Nous avons fait sur cette planète notre soixantième tentative pour modifier, et améliorer si possible, l'adaptation à Satania des types de vie de Nébadon, et il est reconnu que nous avons réalisé de nombreux changements bénéfiques dans les modèles de vie standards. Pour être précis, nous avons élaboré sur Urantia et fait ressortir, de façon satisfaisante, au moins vingt-huit particularités de modification de vie qui seront utiles à tout Nébadon dans tous les temps à venir.

65:4.2 Mais jamais sur aucun monde l'établissement de la vie n'est expérimental dans le sens de tenter quelque chose d'inconnu et de non essayé. L'évolution de la vie est une technique toujours progressive, différentielle et variable, mais jamais employée à l'aveuglette, sans contrôle, ni totalement expérimentale au sens accidentel.

65:4.3 De nombreux traits de la vie humaine prouvent abondamment que le phénomène de l'existence mortelle a été intelligemment conçu, que l'évolution organique n'est pas un simple accident cosmique. Lorsqu'une cellule vivante est blessée, elle est capable d'élaborer certaines substances chimiques qui ont le pouvoir de stimuler et d'activer les cellules normales voisines, de manière que celles-ci commencent immédiatement à sécréter d'autres substances qui facilitent les processus de guérison de la blessure. En même temps, ces cellules normales intactes commencent à proliférer - elles se mettent effectivement à l'oeuvre pour créer de nouvelles cellules remplaçant les cellules semblables détruites par l'accident.

65:4.4 Cette action et cette réaction chimiques touchant la guérison des blessures et la reproduction des cellules représentent le choix, fait par les Porteurs de Vie, d'une formule embrassant plus de cent mille phases et traits de réactions chimiques et de répercussions biologiques possibles. Plus d'un demi-million d'expériences spécifiques furent effectuées par les Porteurs de Vie dans leurs laboratoires avant qu'ils ne s'arrêtent définitivement à cette formule pour l'expérience de vie sur Urantia.

65:4.5 Quand les savants d'Urantia connaîtront davantage ces substances chimiques curatives, ils pourront soigner les blessures plus efficacement ; indirectement, ils sauront mieux contrôler certaines maladies graves.

65:4.6 Depuis l'établissement de la vie sur Urantia, les Porteurs de Vie ont amélioré cette technique curative en l'introduisant sur un autre monde de Satania. Elle apporte un plus grand soulagement à la douleur et exerce un meilleur contrôle sur la capacité de prolifération des cellules normales associées.

65:4.7 Il y eut beaucoup de particularités uniques dans l'expérience de vie d'Urantia, mais les deux épisodes les plus remarquables furent l'apparition de la race andonique avant l'évolution des six peuples de couleur, et l'apparition ultérieure et simultanée des mutants Sangiks au sein d'une seule famille. Urantia est le premier monde de Satania où les six races de couleur soient issues de la même famille humaine. Elles surgissent ordinairement, dans des lignées diversifiées, par suite de mutations indépendantes à l'intérieur de la souche animale préhumaine, et apparaissent habituellement sur terre une à une et successivement au cours de longues périodes, en commençant par l'homme rouge, en passant par les diverses autres couleurs, et en finissant par l'indigo.

65:4.8 Une autre variation de procédure importante fut l'arrivée tardive du Prince Planétaire. En règle générale, le prince apparaît sur une planète à peu près au moment où la volonté se développe, et, si ce plan avait été suivi, Caligastia aurait pu venir sur Urantia même du vivant d'Andon et de Fonta au lieu d'arriver presque cinq-cent-mille ans plus tard, simultanément avec l'apparition des six races Sangiks.

65:4.9 Sur un monde habité ordinaire, un Prince Planétaire aurait été accordé à la requête des Porteurs de Vie lors de l'apparition d'Andon et de Fonta, ou peu de temps après. Mais, comme Urantia avait été désignée comme planète où la vie est modifiée, ce fut par accord préalable que les Melchizédeks observateurs, au nombre de douze, furent envoyés comme conseillers auprès des Porteurs de Vie et comme surveillants de la planète jusqu'à l'arrivée ultérieure du Prince Planétaire. Ces Melchizédeks arrivèrent au moment où Andon et Fonta prirent les décisions qui permirent à des Ajusteurs de Pensée d'habiter leur mental humain.

65:4.10 Les efforts faits sur Urantia par les Porteurs de Vie pour améliorer les modèles de vie de Satania eurent nécessairement pour effet de produire de nombreuses formes de vie transitoires apparemment inutiles. Mais les gains qui en ont déjà découlé suffisent à justifier les modifications propres à Urantia des types de vie standard.

65:4.11 Il était dans notre intention de produire de bonne heure une manifestation de la volonté dans la vie évolutionnaire d'Urantia, et nous avons réussi. Habituellement, la volonté n'émerge pas avant que les races de couleur aient longtemps existé ; elle apparaît généralement d'abord chez les types supérieurs d'hommes rouges. Votre monde est la seule planète de Satania où le type humain de volonté soit apparu dans une race antérieure aux races de couleur.

65:4.12 Mais, dans notre effort pour parvenir à cette conjugaison et association des facteurs héréditaires qui conduisit finalement aux ancêtres mammifères de la race humaine, nous nous trouvâmes devant la nécessité de permettre la mise en oeuvre de centaines, voire de milliers d'autres combinaisons et associations de facteurs d'hérédité apparemment inutiles. Vos regards apercevront certainement beaucoup de ces sous-produits étranges de nos efforts quand vous sonderez le passé de la planète, et je comprends parfaitement à quel point certaines de ces choses doivent être troublantes du point de vue limité des hommes.

65.5  Les Vicissitudes de l'Évolution de la Vie

65:5.1 Ce fut une source de regrets pour nous, les Porteurs de Vie, que tous nos efforts pour modifier la vie intelligente sur Urantia aient été pareillement handicapés par de tragiques perversions échappant à notre contrôle : la trahison de Caligastia et la faute adamique.

65:5.2 Mais, dans toute cette aventure biologique, notre plus grande déception fut la réversion, sur une échelle aussi vaste et aussi inattendue, de certaines vies végétales primitives aux niveaux préchlorophylliens de bactéries parasitaires. Cet évènement, dans l'évolution de la vie des plantes, a provoqué de nombreuses maladies désolantes chez les mammifères supérieurs, et particulièrement chez l'espèce humaine, plus vulnérable. Quand nous nous trouvâmes en face de cette situation embarrassante, nous n'attachâmes pas trop d'importance à ces difficultés, car nous savions que l'apport ultérieur du plasma vital adamique renforcerait assez les pouvoirs de résistance de la race amalgamée résultante pour pratiquement l'immuniser contre toutes les maladies provoquées par ce type d'organisme végétal ; mais nos espoirs furent brisés par la malencontreuse faute adamique.

65:5.3 L'univers des univers, y compris le petit monde appelé Urantia, n'est pas administré simplement pour s'adapter à nos convenances ou recevoir notre approbation, et encore moins pour répondre à nos caprices ou pour satisfaire notre curiosité. Sans aucun doute, les êtres sages et tout-puissants qui sont responsables de la gestion de l'univers savent exactement ce qu'ils font ; il convient donc aux Porteurs de Vie et il importe aux penseurs mortels de participer, dans une attente patiente et une coopération sincère, à la règle de la sagesse, au règne de la puissance et à la marche du progrès.

65:5.4 Bien entendu, il existe certaines compensations aux épreuves, telles que l'effusion de Micaël sur Urantia. Mais, indépendamment de toutes ces considérations, les superviseurs célestes les plus récents de votre planète expriment leur confiance pleine et entière dans le triomphe ultime de l'évolution raciale humaine et dans la justification finale de nos plans et de nos modèles de vie originels.

65.6  Les Techniques Évolutionnaires de la Vie

65:6.1 Il est impossible de déterminer avec précision et simultanément la position exacte et la vitesse d'un objet en mouvement ; toute tentative pour mesurer l'une entraine inévitablement une modification de l'autre. L'homme mortel se trouve en face du même genre de paradoxe quand il entreprend l'analyse chimique du protoplasme. Le chimiste peut déterminer la composition chimique du protoplasme mort, mais il ne peut percevoir ni l'organisation physique ni le fonctionnement dynamique du protoplasme vivant. Le savant s'approchera toujours plus près des secrets de la vie, mais il ne les découvrira jamais pour la simple et unique raison qu'il doit tuer le protoplasme pour pouvoir l'analyser. Le protoplasme mort pèse le même poids que le protoplasme vivant, mais ce n'est pas le même.

65:6.2 Il existe un don originel d'adaptation chez les êtres vivants. Dans chaque cellule végétale ou animale vivante, dans chaque organisme vivant - matériel ou spirituel - existe un désir insatiable d'atteindre une perfection toujours accrue d'ajustement au milieu ambiant, d'adaptation de l'organisme et de réalisation de vie accrue. Ces efforts interminables de toutes les créatures vivantes prouvent chez elles l'existence d'une recherche innée de la perfection.

65:6.3 L'étape la plus importante de l'évolution végétale fut le développement de l'aptitude à produire de la chlorophylle et la seconde en importance fut la transformation évolutive de la spore en une graine complexe. En tant qu'agent reproducteur, la spore est très efficace, mais il lui manque les possibilités de variété et de versatilité inhérentes à la graine.

65:6.4 Un des épisodes les plus complexes et les plus utiles de l'évolution des types supérieurs d'animaux a consisté dans le développement de l'aptitude du fer, dans les cellules du sang en circulation, à jouer le double rôle de transporteur d'oxygène et d'éliminateur de gaz carbonique. Et cet accomplissement des cellules rouges du sang montre comment les organismes en évolution peuvent adapter leurs fonctions aux variations et aux changements du milieu ambiant. Les animaux supérieurs, l'homme y compris, oxygènent leurs tissus grâce à l'action du fer contenu dans les cellules rouges du sang, fer qui transporte l'oxygène vers les cellules vivantes et élimine tout aussi efficacement le gaz carbonique. D'autres métaux peuvent toutefois être utilisés pour la même fin. La seiche emploie le cuivre pour cette fonction, et l'ascidie emploie le vanadium.

65:6.5 La continuation de ces ajustements biologiques est illustrée par l'évolution de la dentition des mammifères supérieurs d'Urantia ; les ancêtres éloignés de l'homme eurent jusqu'à trente-six dents, puis commença un rajustement adaptatif vers les trente-deux dents de l'homme primitif et de ses proches parents. Actuellement l'espèce humaine tend lentement à n'avoir plus que vingt-huit dents. Le processus évolutif est toujours activement en cours et s'adapte aux circonstances de la planète.

65:6.6 Mais beaucoup d'ajustements apparemment mystérieux des organismes vivants sont purement chimiques, totalement physiques. À n'importe quel moment, plus de 15 millions de réactions chimiques entre les sécrétions hormonales d'une douzaine de glandes endocrines sont susceptibles de se produire dans le courant sanguin d'un être humain.

65:6.7 Les formes inférieures de la vie végétale réagissent totalement au milieu ambiant physique, chimique et électrique. À mesure que l'on s'élève sur l'échelle de la vie, les ministères du mental des sept esprits adjuvats entrent en action un à un, et le mental se met de plus en plus à ajuster, créer, coordonner et dominer. L'aptitude des animaux à s'adapter à l'air, à l'eau et à la terre n'est pas un don surnaturel, mais un ajustement supraphysique.

65:6.8 La physique et la chimie seules ne peuvent expliquer comment l'être humain a évolué en partant du protoplasme primordial des mers primitives. La faculté d'apprendre, la mémoire et la réaction différentielle au milieu ambiant, est spécifique du mental. Les lois de la physique ne sont pas modifiables par l'éducation ; elles sont invariables et immuables. Il en va de même pour les réactions chimiques, elles sont uniformes et fiables. En dehors de la présence de l'Absolu Non Qualifié, les réactions chimiques et électriques sont prévisibles. Mais le mental peut tirer profit de l'expérience et s'instruire par les habitudes réactionnelles du comportement en réponse à la répétition des stimuli.

65:6.9 Les organismes préintelligents réagissent aux stimuli de l'ambiance, mais les organismes réactifs au ministère du mental peuvent manipuler et ajuster le milieu ambiant lui-même.

65:6.10 Le cerveau physique et le système nerveux associé possèdent une capacité de réaction innée au ministère du mental exactement comme le mental évoluant d'une personnalité possède une certaine capacité innée de réceptivité spirituelle et contient, par conséquent, les potentiels de progrès et d'aboutissement spirituels. L'évolution intellectuelle, sociale, morale et spirituelle dépend du ministère du mental des sept esprits adjuvats et de leurs associés supraphysiques.

65.7  Les Niveaux Évolutionnaires du Mental

65:7.1 Les sept esprits-mentaux adjuvats sont les ministères universels du mental pour les êtres intelligents inférieurs d'un univers local. Cet ordre de mental est administré depuis le siège de l'univers local ou depuis un monde qui lui est relié, mais les capitales systémiques ont une influence pour diriger la fonction du mental inférieur.

65:7.2 Sur un monde évolutionnaire, un grand nombre, un très grand nombre de choses dépendent de l'action de ces sept adjuvats ; mais ils sont des ministres du mental et ne s'occupent pas de l'évolution physique, domaine des Porteurs de Vie. Néanmoins, la parfaite intégration de ces dons d'esprit avec le processus naturel et ordonné du régime instauré par les Porteurs de Vie, et en cours de développement, est responsable de l'incapacité du mortel de discerner dans le phénomène du mental autre chose que l'action de la nature et le travail des processus naturels, bien que vous soyez parfois un peu embarrassés pour expliquer la totalité de ce qui touche aux réactions naturelles du mental quand il est associé à la matière. Du reste, si l'évolution d'Urantia avait suivi de plus près les plans originaux, vous observeriez dans le phénomène du mental encore moins de faits susceptibles de retenir votre attention.

65:7.3 Les sept esprits adjuvats sont plus comparables à des circuits qu'à des entités. Sur les mondes ordinaires, ils sont couplés en circuit avec d'autres fonctions d'adjuvats à travers tout l'univers local. Cependant, sur les planètes où l'on expérimente la vie, ils sont relativement isolés, et, sur Urantia, vu la nature particulière des modèles de vie, les adjuvats inférieurs ont eu beaucoup plus de difficultés pour entrer en contact avec les organismes évolutionnaires que ce n'eût été le cas avec des types vitaux plus normalisés.

65:7.4 De plus, sur un monde évolutionnaire moyen, les sept esprits adjuvats sont beaucoup mieux synchronisés avec les stades progressifs du développement animal qu'ils ne l'ont été sur Urantia. À une exception près, les adjuvats ont éprouvé plus de difficultés à entrer en contact avec le mental évoluant des organismes d'Urantia qu'au cours de toutes leurs opérations dans l'ensemble de l'univers de Nébadon. Sur ce monde se sont développées de nombreuses formes de phénomènes limites - des combinaisons confuses de réactions organiques du type machinal non enseignable et du type non machinal enseignable.

65:7.5 Les sept esprits adjuvats n'entrent pas en contact avec les ordres purement machinaux de réaction organique au milieu ambiant. Ces réactions préintelligentes des organismes vivants appartiennent uniquement aux domaines énergétiques des centres de pouvoir, des contrôleurs physiques et de leurs associés.

65:7.6 L'acquisition du potentiel d'aptitude à apprendre par expérience marque l'entrée en fonction des esprits adjuvats, fonctions qu'ils exercent depuis le mental le plus humble des existences primitives et invisibles jusqu'aux types les plus élevés sur l'échelle évolutionnaire des êtres humains. Ils sont la source et le modèle du comportement, qui autrement serait plus ou moins mystérieux, et des réactions rapides incomplètement comprises du mental envers le milieu matériel ambiant. Ces influences fidèles et toujours sûres doivent poursuivre longtemps leur ministère préalable avant que le mental animal n'atteigne les niveaux humains de réceptivité spirituelle.

65:7.7 Les adjuvats opèrent exclusivement dans l'évolution du mental qui expérimente jusqu'au niveau de la sixième phase, l'esprit d'adoration. À ce niveau se produit un inévitable chevauchement de ministères - le phénomène selon lequel le supérieur descend vers l'inférieur pour se coordonner avec lui en vue d'atteindre ultérieurement des niveaux avancés de développement. Un ministère spirituel encore supplémentaire accompagne l'action du septième et dernier adjuvat, l'esprit de sagesse. Tout au long du ministère du monde de l'esprit, les individus ne subissent jamais de transitions abruptes dans la coopération spirituelle ; ces changements sont toujours graduels et réciproques.

65:7.8 Les domaines de réaction physique (électrochimique) et mentale aux stimuli du milieu ambiant devraient toujours être différenciés. Il faut les reconnaître à leur tour comme des phénomènes autres que les activités spirituelles. Les domaines de la gravité physique, mentale et spirituelle sont des royaumes distincts de réalité cosmique, nonobstant leurs corrélations intimes.

65.8  L'Évolution dans le Temps et l'Espace

65:8.1 Temps et espace sont indissolublement liés ; c'est une association innée. Les délais du temps sont inévitables en présence de certaines conditions de l'espace.

65:8.2 Si vous êtes surpris qu'il faille tant de temps pour effectuer les changements évolutionnaires du développement de la vie, je répondrais que nous ne pouvons pas obtenir que les processus de la vie se déroulent plus vite que les métamorphoses physiques d'une planète ne le permettent. Il nous faut attendre le développement physique naturel d'une planète ; nous n'avons absolument aucun contrôle sur l'évolution géologique. Si les conditions physiques le permettaient, nous pourrions prendre nos dispositions pour parachever l'évolution complète de la vie en beaucoup moins d'un million d'années. Mais nous sommes tous sous la juridiction des Chefs Suprêmes du Paradis, et le temps n'a pas d'existence au Paradis.

65:8.3 L'étalon de mesure du temps de l'individu est la durée de sa vie. Toutes les créatures sont ainsi conditionnées par le temps, et c'est pourquoi elles considèrent l'évolution comme un processus interminable. Pour ceux d'entre nous dont la durée de vie n'est pas limitée par une existence temporelle, l'évolution ne semble pas une opération tellement prolongée. Au Paradis, où le temps n'existe pas, toutes ces choses sont présentes dans le mental de l'Infinité et les actes de l'Éternité.

65:8.4 De même que l'évolution du mental dépend du lent développement des conditions physiques qui la retarde, de même le progrès spirituel dépend de l'expansion mentale ; le retard intellectuel le freine infailliblement. Mais cela ne signifie pas que l'évolution spirituelle dépende de l'éducation, de la culture ou de la sagesse. L'âme peut évoluer indépendamment de la culture mentale, mais non en l'absence de la capacité mentale et du désir - de choisir la survie et la décision d'atteindre une perfection toujours accrue - de faire la volonté du Père qui est aux cieux. Bien que la survie puisse ne pas dépendre de la possession de la connaissance et de la sagesse, la progression en dépend très certainement.

65:8.5 Dans les laboratoires évolutionnaires cosmiques, le mental domine toujours la matière, et l'esprit est toujours en corrélation avec le mental. Si ces différentes dotations n'arrivent pas à se synchroniser et à se coordonner, des retards peuvent se produire ; mais, si l'individu connaît réellement Dieu et désire vraiment le trouver et devenir semblable à lui, alors sa survie est assurée en dépit des handicaps du temps. Le statut physique peut handicaper le mental, et la perversité mentale peut retarder l'aboutissement spirituel, mais, si un homme a choisi de toute son âme, aucun de ces obstacles ne peut triompher de sa volonté.

65:8.6 Quand les conditions physiques sont mures, des évolutions mentales soudaines peuvent avoir lieu. Quand le statut du mental est propice, des transformations spirituelles soudaines peuvent se produire. Quand les valeurs spirituelles reçoivent la considération qui leur est due, les significations cosmiques deviennent alors discernables, et la personnalité se trouve progressivement libérée des handicaps du temps et délivrée des limitations de l'espace.

65:8.7 [Parrainé par un Porteur de Vie de Nébadon résidant sur Urantia.]

66. Le Prince Planétaire d'Urantia

66:0.1 L'AVÈNEMENT d'un Fils Lanonandek sur un monde moyen signifie que la volonté, la faculté de choisir le sentier de la survie éternelle, a pris naissance dans le mental de l'homme primitif. Mais, sur Urantia, le Prince Planétaire arriva presque un demi-million d'années après l'apparition de la volonté humaine.

66:0.2 Il y a environ cinq-cent-mille ans, et concurremment avec l'apparition des six races de couleur ou races Sangik, Caligastia, le Prince Planétaire, arriva sur Urantia. Il y avait alors sur terre presque un demi-milliard d'êtres humains primitifs, largement dispersés sur l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Le quartier général du Prince, établi en Mésopotamie, était à peu près au centre du monde habité.

66.1  Le Prince Caligastia

66:1.1 Caligastia était un Fils Lanonandek, le numéro 9.344 de l'ordre secondaire. Il avait acquis de l'expérience dans l'administration des affaires de l'univers local en général et, au cours des âges plus récents, dans la direction du système local de Satania en particulier.

66:1.2 Antérieurement au règne de Lucifer sur Satania, Caligastia avait été attaché au comité consultatif des Porteurs de Vie sur Jérusem. Lucifer promut Caligastia à une position dans son état-major personnel, et il accomplit assez bien cinq missions successives d'honneur et de confiance.

66:1.3 Caligastia chercha très tôt à obtenir un mandat de Prince Planétaire, mais, à plusieurs reprises, lorsque sa requête fut présentée à l'approbation des conseils de la constellation, elle n'obtint pas l'assentiment des Pères de la Constellation. Caligastia semblait particulièrement désireux d'être envoyé comme chef planétaire sur un monde décimal ou de vie modifiée. Après plusieurs rejets de sa demande, il fut finalement affecté à Urantia.

66:1.4 Caligastia quitta Jérusem pour sa mission de dirigeant d'une planète avec une réputation enviable de fidélité et de dévouement au bien-être de son univers d'origine et de résidence, nonobstant une certaine instabilité caractéristique doublée d'une tendance à désapprouver, en certaines affaires mineures, l'ordre établi.

66:1.5 J'étais présent à Jérusem lorsque le brillant Caligastia quitta la capitale du système. Nul prince planétaire ne s'embarqua jamais pour une carrière de règne sur un monde avec une expérience préparatoire plus riche ni avec de plus belles perspectives que Caligastia en ce jour mémorable, il y a un demi-million d'années. Une chose est certaine : tandis que j'exécutais ma tâche de transmettre le récit de cet évènement sur les télédiffusions de l'univers local, je ne nourrissais pas un instant, même au moindre degré, l'idée que ce noble Lanonandek trahirait si tôt sa mission sacrée de conservateur planétaire et souillerait si horriblement le beau nom de son ordre élevé de fils de l'univers. Je considérais vraiment Urantia comme l'une des cinq ou six planètes les plus privilégiées de tout Satania pour avoir un penseur aussi expérimenté, et aussi brillant et original au gouvernail de ses affaires mondiales. Je ne comprenais pas alors que Caligastia était en train de tomber insidieusement amoureux de lui-même ; je ne saisissais pas encore pleinement les subtilités de l'orgueil personnel.

66.2  L'État-Major du Prince

66:2.1 Le Prince Planétaire d'Urantia ne fut pas envoyé seul pour accomplir sa mission ; il était accompagné du corps habituel d'adjoints administratifs et d'assistants.

66:2.2 À la tête de ce groupe, se trouvait Daligastia, l'adjoint-associé du Prince Planétaire. Daligastia était aussi un Fils Lanonandek secondaire et portait le numéro 319.407 de cet ordre. Il avait rang d'assistant au moment de son affectation comme associé de Caligastia.

66:2.3 L'état-major planétaire comprenait un grand nombre de coopérateurs angéliques et une foule d'autres êtres célestes chargés de faire progresser les intérêts et de promouvoir le bien-être des races humaines. Mais, de votre point de vue, le groupe le plus intéressant était celui des membres corporels de l'état-major du Prince - ceux que l'on appelle parfois les cent de Caligastia.

66:2.4 Ces cent membres rematérialisés de l'état-major du Prince furent choisis par Caligastia parmi plus de 785.000 citoyens ascendants de Jérusem qui se portèrent volontaires pour se lancer dans l'aventure d'Urantia. Chacun des élus venait d'une planète différente, et aucun d'entre eux ne venait d'Urantia.

66:2.5 Ces volontaires de Jérusem furent directement amenés de la capitale du système sur Urantia par transport séraphique. Après leur arrivée, ils furent maintenus enséraphinés jusqu'à ce que l'on ait pu leur procurer des formes de personnalité de double nature de service planétaire spécial, un véritable corps physique formé de chair et de sang, mais également en résonance avec les circuits de vie du système.

66:2.6 Peu de temps avant l'arrivée des cent citoyens de Jérusem, les deux Porteurs de Vie superviseurs, qui résidaient sur Urantia et qui avaient déjà leurs plans mis au point, demandèrent à Jérusem et à Édentia la permission de transplanter le plasma vital de cent survivants sélectionnés de la race d'Andon et de Fonta dans les corps matériels prévus pour les membres corporels de l'état-major du Prince. La requête fut accordée sur Jérusem et approuvée sur Édentia.

66:2.7 En conséquence, les Porteurs de Vie choisirent, dans la postérité d'Andon et de Fonta, cinquante hommes et cinquante femmes qui représentaient la survivance des meilleures lignées de cette race unique. À une ou deux exceptions près, ces Andonites qui contribuèrent à faire progresser la race étaient étrangers les uns aux autres. Partant d'endroits très éloignés, ils furent rassemblés au seuil du quartier général planétaire du Prince grâce aux directives des Ajusteurs de Pensée coordonnées avec des gouvernes séraphiques. Là, les cent humains furent remis entre les mains de la commission fort experte de volontaires venus d'Avalon qui dirigea l'extraction matérielle d'une portion du plasma vital de ces descendants d'Andon. Ce matériau vivant fut ensuite transféré dans les corps matériels construits à l'usage des cent membres Jérusémites de l'état-major du Prince. Entre-temps, ces citoyens nouvellement arrivés de la capitale du système étaient maintenus dans le sommeil du transport séraphique.

66:2.8 Ces opérations, ainsi que la création effective de corps spéciaux pour les cent de Caligastia, donnèrent naissance à de nombreuses légendes dont beaucoup furent ultérieurement confondues avec des traditions plus récentes touchant l'installation planétaire d'Adam et d'Ève.

66:2.9 L'opération de repersonnalisation tout entière, depuis l'arrivée des transports séraphiques amenant les cent volontaires de Jérusem jusqu'au moment où ils reprirent conscience comme êtres ternaires du royaume, dura exactement dix jours.

66.3  Dalamatia - La Cité du Prince

66:3.1 Le quartier général du Prince Planétaire était situé dans la région du Golfe Persique d'alors, dans la région correspondant à la Mésopotamie d'aujourd'hui.

66:3.2 Le climat et le paysage mésopotamiens de ces temps étaient très différents des conditions qui ont parfois prévalu depuis lors ; ils convenaient, sous tous les rapports, aux entreprises de l'état-major du Prince et de ses assistants. Il était nécessaire qu'un climat aussi favorable fît partie de l'ambiance naturelle destinée à inciter les primitifs d'Urantia à faire certains progrès initiaux en culture et en civilisation. La tâche essentielle de ces âges était de transformer ces chasseurs en bergers, avec l'espoir qu'ils évolueraient plus tard en agriculteurs sédentaires et pacifiques.

66:3.3 Le quartier général du Prince Planétaire sur Urantia était un exemple typique de ce genre de stations sur une jeune sphère en voie de développement. Le noyau de l'établissement du Prince était une cité très simple mais très belle, enclose dans une muraille de douze mètres de haut. Ce centre mondial de culture fut nommé Dalamatia en l'honneur de Daligastia.

66:3.4 Le plan de la cité comportait dix subdivisions, avec les bâtiments des quartiers généraux des dix conseils de l'état-major corporel situés au centre de chacune de ces subdivisions. Au milieu de la ville s'élevait le temple du Père invisible. Le quartier général administratif du Prince et de ses associés était réparti en douze salles groupées à proximité immédiate du temple.

66:3.5 Les bâtiments de Dalamatia étaient tous à un étage, à l'exception des quartiers généraux des conseils, qui avaient deux étages, et du temple central du Père de tous, qui était petit, mais comportait trois étages.

66:3.6 La cité était bâtie avec le meilleur matériau de construction de ces temps primitifs - la brique. On avait employé très peu de pierre ou de bois. La construction des maisons et l'architecture des villages furent très améliorées chez les peuplades avoisinantes par l'exemple de Dalamatia.

66:3.7 Près du quartier général du Prince, vivaient des êtres humains de toutes couleurs et de tous les niveaux. C'est parmi ces tribus voisines que furent recrutés les premiers élèves des écoles du Prince. Bien que ces premières écoles de Dalamatia aient été rudimentaires, elles apportaient tout ce qui pouvait être fait pour les hommes et les femmes de cet âge primitif.

66:3.8 L'état-major corporel du Prince attirait continuellement autour de lui les individus supérieurs des tribus environnantes. Après avoir formé et inspiré ces élèves, il les renvoyait chez eux enseigner et guider leurs groupes ethniques respectifs.

66.4  Les Premiers Jours des Cent

66:4.1 L'arrivée de l'état-major du Prince créa une profonde impression. Il fallut presque un millier d'années pour que la nouvelle parvînt au loin, mais les tribus voisines du quartier général mésopotamien furent prodigieusement influencées par les enseignements et la conduite des cent nouveaux habitants d'Urantia. Une grande partie de votre mythologie ultérieure provient des légendes altérées de ces temps anciens où ces membres de l'état-major du Prince furent repersonnalisés sur Urantia en tant que surhommes.

66:4.2 L'obstacle sérieux à la bonne influence de tels maitres extraplanétaires est la tendance des mortels à les considérer comme des dieux ; mais, à part la technique de leur apparition sur terre, les cent de Caligastia - cinquante hommes et cinquante femmes - n'eurent recours ni à des méthodes surnaturelles ni à des manipulations suprahumaines.

66:4.3 L'état-major corporel n'en était pas moins suprahumain. Ses membres commencèrent leur mission sur Urantia en tant qu'êtres ternaires et extraordinaires :

66:4.4 1. Ils étaient corporels et relativement humains, car ils avaient incorporé le véritable plasma vivant d'une des races humaines, celui de la race andonique d'Urantia.

66:4.5 Les cent membres de l'état-major du Prince étaient divisés par moitié quant au sexe, et répartis selon leur statut mortel antérieur. Chaque personne du groupe était capable de participer à la naissance d'un nouvel ordre d'êtres physiques, mais ils avaient été soigneusement avisés de n'avoir recours à la parenté que sous certaines conditions. C'est une coutume pour l'état-major corporel du Prince Planétaire de procréer ses successeurs quelque temps avant de se retirer du service planétaire spécial. Cette procréation a généralement lieu au moment de l'arrivée de l'Adam et de l'Ève Planétaires, ou peu après.

66:4.6 C'est pourquoi ces êtres spéciaux ne savaient guère ou pas du tout quels types de créatures matérielles pourraient naître de leur union sexuelle. Et ils ne le surent jamais, car, avant qu'ils fussent parvenus à cette étape de leur oeuvre mondiale, la rébellion avait renversé le régime tout entier, et ceux qui jouèrent plus tard le rôle de parents avaient été isolés des courants de vie du système.

66:4.7 Ces membres matérialisés de l'état-major de Caligastia avaient la couleur de peau et le langage de la race andonique. Ils se nourrissaient comme les mortels du royaume, avec la différence que les corps recréés de ce groupe se satisfaisaient parfaitement d'un régime dépourvu de viande. C'est une des considérations qui fixa le choix de leur résidence dans une région chaude, riche en fruits et en toutes sortes de noix. La pratique consistant à vivre d'un régime dépourvu de viande remonte au temps des cent de Caligastia, car cette coutume se répandit même au loin et affecta le mode d'alimentation de nombreuses tribus voisines issues de races évolutionnaires autrefois exclusivement carnivores.

66:4.8 2. Les cent étaient des êtres matériels mais suprahumains, du fait qu'ils avaient été reconstitués sur Urantia comme hommes et femmes uniques d'un ordre spécial et élevé.

66:4.9 Tout en jouissant d'une citoyenneté provisoire sur Jérusem, les membres de ce groupe n'avaient pas encore fusionné avec leurs Ajusteurs de Pensée et, quand ils se portèrent volontaires et furent admis au service planétaire en liaison avec les ordres filiaux descendants, leurs Ajusteurs furent détachés. Mais ces Jérusémites étaient des êtres suprahumains - ils possédaient une âme de croissance ascendante. Au cours de la vie de mortel dans la chair, l'âme est à l'état embryonnaire ; elle naît, (ressuscite) dans la vie morontielle et fait l'expérience de la croissance dans les mondes morontiels successifs. Les âmes des cent de Caligastia avaient ainsi grandi par l'expérience progressive des sept mondes des maisons et atteint le statut de citoyenneté sur Jérusem.

66:4.10 Conformément à leurs instructions, les membres de l'état-major ne s'engagèrent pas dans la reproduction sexuelle, mais ils étudièrent minutieusement leur constitution personnelle et explorèrent soigneusement toutes les phases imaginables de liaisons intellectuelles (du mental) et morontielles (de l'âme). C'est au cours de la trente-troisième année de leur séjour à Dalamatia, longtemps avant que le rempart ne fût terminé, que le numéro deux et le numéro sept du groupe danite découvrirent par hasard un phénomène accompagnant la liaison de leur moi morontiel (censément non sexuelle et non matérielle) le résultat de cette aventure se révéla être la première des créatures médianes primaires. Le nouvel être était parfaitement visible pour l'état-major planétaire et pour leurs associés célestes, mais demeurait invisible aux yeux des hommes et des femmes des différentes tribus humaines. Sous l'autorité du Prince Planétaire, tous les membres de l'état-major corporel entreprirent de procréer des êtres similaires et tous y réussirent en suivant les instructions du couple danite de pionniers. C'est ainsi que l'état-major du Prince amena en fin de compte à l'existence le corps originel de 50.000 médians primaires.

66:4.11 Ces créatures de type médian furent très utiles pour exécuter les opérations du quartier général du monde. Elles étaient invisibles aux êtres humains, mais l'existence de ces semi-esprits invisibles fut enseignée aux premiers habitants de Dalamatia, et, pendant des siècles, ils constituèrent la totalité du monde des esprits pour ces mortels en évolution.

66:4.12 3. Les cent de Caligastia étaient personnellement immortels, ou impérissables. Les compléments antidotes des courants de vie du système circulaient dans leurs formes matérielles. Si la rébellion ne leur avait pas fait perdre contact avec les circuits de vie, ils auraient continué à vivre indéfiniment jusqu'à l'arrivée ultérieure d'un Fils de Dieu ou jusqu'au moment où ils auraient été libérés de leurs fonctions pour reprendre leur voyage interrompu vers Havona et le Paradis.

66:4.13 Ces compléments antidotes des courants de vie de Satania provenaient du fruit de l'arbre de vie, un arbuste d'Édentia envoyé sur Urantia par les Très Hauts de Norlatiadek au moment de l'arrivée de Caligastia. À l'époque de Dalamatia, cet arbre poussait dans la cour centrale du temple du Père invisible, et c'était le fruit de cet arbre de vie qui permettait aux êtres matériels de l'état-major du Prince, qui autrement auraient été mortels, de vivre indéfiniment tant qu'ils y avaient accès.

66:4.14 Sans avoir de valeur pour les races évolutionnaires, cette supernourriture suffisait parfaitement pour conférer une vie continue aux cent de Caligastia ainsi qu'aux cent Andonites modifiés qui leur étaient associés.

66:4.15 Il convient d'expliquer à cet égard qu'au moment où les cent Andonites contribuèrent par une fraction de leur plasma germinatif humain à la rematérialisation des membres de l'état-major du Prince, les Porteurs de Vie introduisirent dans les corps mortels de ces Andonites le complément des circuits du système. Cela leur permettait de continuer à vivre concurremment à l'état-major, siècle après siècle, en défiant la mort physique.

66:4.16 Les cent Andonites furent finalement informés de leur contribution aux nouvelles formes de leurs supérieurs, et ces mêmes cent enfants des tribus d'Andon furent maintenus au quartier général à titre d'assistants personnels des membres corporels de l'état-major du Prince.

66.5  L'Organisation des Cent

66:5.1 Les cent étaient organisés pour le service en dix conseils autonomes de dix membres chacun. Lorsque deux conseils au moins siégeaient en session commune, ces assemblées de liaison étaient présidées par Daligastia. Ces dix groupes étaient constitués comme suit :

66:5.2 1. Le conseil de l'alimentation et du bien-être matériel. Ce groupe était présidé par Ang. L'alimentation, la distribution de l'eau, l'habillement et le progrès matériel de l'espèce humaine, tout cela était stimulé par ce corps d'experts. Ils enseignèrent le creusement des puits, le captage des sources et l'irrigation. Ils apprirent aux gens venus des hautes altitudes et des régions nordiques à améliorer leurs méthodes pour traiter les peaux destinées à servir de vêtements ; les professeurs d'arts et de sciences introduisirent plus tard le tissage.

66:5.3 Les méthodes de conservation de la nourriture firent de grands progrès. Les aliments furent conservés par cuisson, séchage et fumage, devenant ainsi la première forme de la propriété. Les hommes apprirent à se prémunir contre les famines qui décimaient périodiquement le monde.

66:5.4 2. Le conseil de la domestication et de l'utilisation des animaux. Ce conseil avait pour tâche de choisir et d'élever les animaux les mieux adaptés pour aider les êtres humains à porter des fardeaux et à se faire transporter, pour fournir de la nourriture et plus tard pour servir à cultiver la sol. Ce corps expert était dirigé par Bon.

66:5.5 Des animaux utiles de plusieurs espèces maintenant éteintes furent dressés, ainsi que d'autres qui se perpétuèrent comme animaux domestiques jusqu'à notre époque. L'homme vivait depuis longtemps en compagnie du chien, et l'homme bleu avait déjà réussi à apprivoiser l'éléphant. Les bovins furent améliorés par un élevage soigné, au point de devenir une précieuse source de nourriture ; le beurre et le fromage devinrent des éléments courants du régime humain. Les hommes apprirent à employer les boeufs pour porter des fardeaux, mais le cheval ne fut domestiqué qu'à une date ultérieure. Les membres de ce corps furent les premiers à enseigner aux hommes l'usage de la roue pour faciliter la traction.

66:5.6 Ce fut à cette époque que les pigeons voyageurs furent employés pour la première fois ; ils étaient emportés pour les long voyages et servaient à envoyer des messages ou à demander de l'aide. Le groupe de Bon réussit à dresser les grands fandors comme oiseaux transporteurs de passagers, mais leur race s'éteignit il y a plus de trente-mille ans.

66:5.7 3. Les consultants chargés de triompher des bêtes de proie. Il n'était pas suffisant que l'homme primitif essaye de domestiquer certains animaux ; il fallait encore qu'il apprenne à se protéger de la destruction par le reste du monde animal hostile. Le groupe instructeur correspondant était commandé par Dan.

66:5.8 Les murailles des anciennes cités avaient pour but aussi bien de protéger contre les bêtes féroces que d'empêcher les attaques inopinées d'humains hostiles. Ceux qui vivaient hors des murs et dans la forêt devaient compter sur des habitations arboricoles, des huttes de pierre et des feux entretenus toute la nuit. C'est pourquoi il était tout à fait normal que ces éducateurs consacrent beaucoup de temps à instruire leurs élèves en matière d'améliorations de l'habitat humain. Grâce à l'emploi de meilleures techniques et de pièges, de grands progrès furent accomplis dans la soumission du monde animal.

66:5.9 4. Le collège chargé de propager et de conserver la connaissance. Ce groupe organisa et dirigea les efforts purement éducatifs de ces âges primitifs. Il était présidé par Fad. Les procédés éducatifs de Fad consistaient à superviser les emplois tout en enseignant des méthodes de travail améliorées. Fad formula le premier alphabet et introduisit un système d'écriture. Son alphabet comprenait vingt-cinq caractères. Ces peuples primitifs écrivaient sur des écorces d'arbres, des tablettes d'argile, des plaques de pierre, un genre de parchemin fait de peaux martelées et une sorte de papier rudimentaire tiré des nids de guêpes. La bibliothèque de Dalamatia, détruite peu après la révolte de Caligastia, contenait plus de deux-millions de manuscrits séparés ; on l'appelait la « maison de Fad » .

66:5.10 Les hommes bleus avaient une prédilection marquée pour l'écriture alphabétique ; ce sont eux qui firent les plus grands progrès dans cette direction. Les hommes rouges préféraient l'écriture picturale, tandis que les races jaunes s'orientèrent vers l'emploi de symboles pour les mots et les idées, très semblables à ceux qu'elles emploient actuellement. Mais l'alphabet et bien d'autres choses importantes furent ensuite perdus pour le monde pendant les désordres qui accompagnèrent la rébellion. L'apostasie de Caligastia détruisit l'espoir d'un langage universel, au moins pour des âges innombrables.

66:5.11 5. La commission de l'industrie et du commerce. Ce conseil était chargé de développer l'industrie parmi les tribus et de promouvoir le commerce entre les divers groupes pacifiques. Son chef était Nod. Toutes les formes de manufacture primitive furent encouragées par les membres de ce corps. Ils contribuèrent directement à élever le niveau de vie en fournissant de nombreuses marchandises nouvelles destinées à frapper l'imagination des hommes primitifs. Ils étendirent énormément le commerce du sel, amélioré par le conseil des sciences et des arts.

66:5.12 C'est parmi les groupes éclairés instruits dans les écoles de Dalamatia que fut pratiqué le premier crédit commercial. Une bourse centrale de crédit fournissait des jetons symboliques qui étaient acceptés au lieu des objets réels de troc. Le monde n'améliora ces méthodes d'affaires que des centaines de milliers d'années plus tard.

66:5.13 6. Le collège de la religion révélée. Ce corps fut lent à fonctionner. La civilisation d'Urantia fut littéralement forgée entre l'enclume de la nécessité et les marteaux de la peur. Ce groupe avait cependant fait des progrès considérables dans sa tentative pour substituer la crainte du Créateur à la peur de la créature (culte des fantômes) quand ses travaux furent interrompus par les désordres accompagnant le mouvement de soulèvement et de sécession. Le président de ce conseil s'appelait Hap.

66:5.14 Aucun membre de l'état-major du Prince ne voulut présenter des révélations susceptibles de compliquer l'évolution ; ils ne le firent que comme un apogée après avoir épuisé les forces de l'évolution. Mais Hap céda aux désirs des habitants de la cité de voir établir une forme de service religieux. Son groupe donna aux Dalamatiens les sept cantiques du culte ainsi que la formule de louange quotidienne, puis leur enseigna finalement la « prière au Père » qui était :

66:5.15 « Père de tous, dont nous honorons le Fils, considère-nous avec faveur. Délivre-nous de la crainte de tout, sauf de toi. Fais de nous une joie pour nos divins maitres et place pour toujours la vérité sur nos lèvres. Délivre-nous de la violence et de la colère ; donne-nous le respect de nos ainés et de ce qui appartient à nos voisins. Pour réjouir notre coeur, donne-nous cette saison de verts pâturages et des troupeaux féconds. Nous prions pour hâter la venue de celui qui nous est promis et doit nous élever, et nous souhaitons de faire ta volonté sur ce monde comme d'autres la font sur d'autres mondes au delà du nôtre. »

66:5.16 Bien que l'état-major du Prince fût limité aux moyens naturels et aux méthodes ordinaires d'amélioration des races, il présenta la promesse du don adamique d'une nouvelle race comme but de la croissance évolutionnaire après que le développement biologique aurait atteint son apogée.

66:5.17 7. Les gardiens de la santé et de la vie. Ce conseil s'occupa d'introduire un système sanitaire et d'encourager une hygiène primitive ; il était dirigé par Lut.

66:5.18 Ses membres enseignèrent beaucoup de choses qui furent perdues dans le désordre des âges ultérieurs et ne furent jamais redécouvertes avant le vingtième siècle. Ils apprirent à l'humanité que cuire, rôtir et faire bouillir étaient des moyens d'éviter les maladies ; ils enseignèrent également que la cuisson des aliments diminuait grandement la mortalité infantile et facilitait le sevrage précoce.

66:5.19 Bon nombre des premiers enseignements donnés par les gardiens de la santé du groupe de Lut furent conservés parmi les tribus terrestres jusqu'à l'époque de Moïse, bien que très dénaturés et profondément modifiés.

66:5.20 Le principal obstacle à la promotion de l'hygiène, chez ces peuples ignorants, consistait dans le fait que les facteurs réels de nombreuses maladies étaient trop petits pour être vus à l'oeil nu, et aussi que ces hommes avaient tous un respect superstitieux pour le feu. Il fallut des milliers d'années pour les persuader de bruler les détritus. Entretemps, on les pressa vivement d'enterrer leurs immondices en putréfaction. Le grand progrès sanitaire de cette époque provint de la propagation des connaissances concernant les propriétés salubres et antiseptiques de la lumière solaire.

66:5.21 Avant l'arrivée du Prince, les bains avaient été un cérémonial exclusivement religieux. Il fut vraiment très difficile de persuader les hommes de laver leur corps pour leur santé. Finalement, Lut incita les éducateurs religieux à inclure les ablutions dans les cérémonies purificatrices qui devaient être accomplies une fois par semaine en liaison avec les dévotions de midi concernant le culte du Père de tous.

66:5.22 Ces gardiens de la santé cherchèrent également à remplacer, par la poignée de main, l'échange de salive ou la boisson de sang qui étaient le sceau de l'amitié personnelle et le gage de la loyauté de groupe. Mais, une fois dégagées de l'influence pressante des enseignements de leurs chefs supérieurs, ces peuplades primitives ne tardèrent pas à reprendre leurs pratiques destructives de santé et propagatrices de maladies, nées de l'ignorance et de la superstition.

66:5.23 8. Le conseil planétaire des arts et des sciences. Ce corps contribua beaucoup à améliorer les techniques industrielles des hommes primitifs et à élever leur concept de la beauté. Son chef s'appelait Mek.

66:5.24 Les arts et les sciences étaient à un niveau très bas dans le monde entier, mais les rudiments de la physique et de la chimie furent enseignés aux Dalamatiens. La poterie et les arts décoratifs furent tous améliorés, et les idéaux de la beauté humaine bien rehaussés, mais la musique ne fit guère de progrès avant l'arrivée de la race violette.

66:5.25 Malgré les incitations réitérées de leurs éducateurs, ces hommes primitifs ne consentirent pas à faire des expériences sur l'énergie de la vapeur ; ils ne purent jamais surmonter leur grande peur du pouvoir explosif de la vapeur en vase clos. Toutefois, ils se laissèrent finalement persuader de travailler les métaux au feu, bien qu'un morceau de métal chauffé au rouge fût pour l'homme primitif un objet de terreur.

66:5.26 Mek contribua beaucoup à élever la culture des Andonites et à améliorer les arts des hommes bleus. Un croisement des hommes bleus avec les souches andoniques produisit des hommes très doués artistiquement, et beaucoup d'entre eux devinrent des maitres sculpteurs. Ils ne travaillaient ni la pierre ni le marbre, mais leurs oeuvres d'argiles, durcies par cuisson, ornaient les jardins de Dalamatia.

66:5.27 Les arts ménagers firent de grands progrès dont la plupart furent perdus pendant les longs âges sombres de la rébellion et ne furent jamais retrouvés avant les temps modernes.

66:5.28 9. Les gouverneurs des relations tribales supérieures. C'était le groupe chargé d'élever la société humaine au niveau d'un État. Son chef était Tut.

66:5.29 Ces dirigeants contribuèrent beaucoup à provoquer des mariages entre membres de tribus différentes. Ils encouragèrent les humains à se faire la cour et à se marier après mûre réflexion et amples occasions de faire connaissance. Les danses purement guerrières furent affinées et mises au service de fins sociales précieuses. De nombreux jeux d'émulation furent introduits, mais les anciens peuples étaient austères ; le sens de l'humour ne fleurissait guère dans ces tribus primitives. Ces pratiques ne survécurent guère aux désordres causés par l'insurrection planétaire.

66:5.30 Tut et ses associés travaillèrent à promouvoir des associations collectives de nature pacifique, à réglementer et à humaniser la guerre, à coordonner les relations entre tribus et à améliorer les gouvernements tribaux. Une culture plus avancée se développa dans les parages de Dalamatia, et cette amélioration des relations sociales eut une influence très heureuse sur les tribus plus lointaines. Mais le type de civilisation qui prévalait au quartier général du Prince était tout à fait différent de la société barbare qui évoluait ailleurs, tout comme au Cap, en Afrique du Sud, la société contemporaine est totalement différente de la culture rudimentaire des Boschimans de petite taille vivant plus au nord.

66:5.31 10. La cour suprême de coordination tribale et de coopération raciale. Ce conseil suprême était dirigé par Van et servait de cour d'appel pour les neuf autres commissions spéciales chargées de superviser les affaires humaines. Ce conseil avait un vaste champ d'action, car il était chargé de toutes les affaires terrestres ne ressortissant pas spécifiquement des autres groupes. Ce corps choisi avait reçu d'Édentia l'approbation des Pères de la Constellation avant d'être autorisé à remplir les fonctions de cour suprême d'Urantia.

66.6  Le Règne du Prince

66:6.1 Le degré de culture d'une planète se mesure à l'héritage social de ses autochtones ; la rapidité de son expansion culturelle est entièrement déterminée par l'aptitude des habitants à assimiler des idées nouvelles et avancées.

66:6.2 L'assujettissement à la tradition produit la stabilité et la coopération en liant sentimentalement le présent au passé, mais, en même temps, il étouffe l'initiative et asservit le pouvoir créateur de la personnalité. Le monde entier était pris dans une impasse de moeurs traditionnelles quand les cent de Caligastia arrivèrent et commencèrent à proclamer le nouvel évangile de l'initiative individuelle à l'intérieur des groupes sociaux du moment. Mais cette règle bénéfique fut si rapidement interrompue que les races n'ont jamais été entièrement libérées de l'esclavage des coutumes ; la mode continue encore à dominer indument Urantia.

66:6.3 Les cent de Caligastia - diplômés des mondes des maisons de Satania - connaissaient bien les arts et la culture de Jérusem, mais une telle connaissance est presque sans valeur sur une planète barbare peuplée d'humains primitifs. Ces êtres sages étaient trop avisés pour entreprendre la transformation soudaine, ou le relèvement en masse, des races primitives de ce temps. Ils comprenaient bien la lenteur de l'évolution de l'espèce humaine et ils s'abstinrent sagement de toute tentative pour modifier radicalement le mode de vie des hommes sur terre.

66:6.4 Chacune des dix commissions planétaires se mit à faire progresser lentement et naturellement les intérêts dont elle avait la charge. Leur plan consistait à attirer les membres des tribus environnantes au mental le mieux développé, et, après les avoir formés, à les renvoyer chez leurs peuples respectifs comme émissaires de progrès social.

66:6.5 Jamais des émissaires étrangers ne furent envoyés à une race, sauf à la demande spécifique du peuple en question. Ceux qui travaillèrent à l'élévation et au progrès d'une tribu ou d'une race données étaient toujours natifs de cette tribu ou de cette race. Les cent n'auraient jamais tenté d'imposer à une tribu les habitudes et les moeurs d'une autre race, même supérieure. Ils travaillaient toujours patiemment à élever et à faire progresser, dans chaque race, les moeurs ayant subi l'épreuve du temps. Les peuples simples d'Urantia apportèrent leurs coutumes sociales à Dalamatia non pour les échanger contre des pratiques nouvelles et meilleures, mais pour qu'elles fussent magnifiées au contact d'une culture plus élevée et en association avec des hommes au mental supérieur. Le processus était lent, mais très efficace.

66:6.6 Les instructeurs de Dalamatia cherchèrent à ajouter une sélection sociale consciente à la sélection purement naturelle de l'évolution biologique. Ils ne déréglèrent pas la société humaine, mais accélérèrent notablement son évolution normale et naturelle. Leur mobile était la progression par l'évolution et non la révolution par la révélation. Il avait fallu des âges à la race humaine pour acquérir le peu de religion et de morale qu'elle possédait, et ces surhommes étaient trop avisés pour dérober à l'humanité ces quelques progrès en la jetant dans la confusion et la consternation qui apparaissent toujours quand des êtres éclairés et supérieurs entreprennent d'élever les races arriérées en les instruisant et en les éclairant à l'excès.

66:6.7 Lorsque des missionnaires chrétiens s'en vont au coeur de l'Afrique, où fils et filles sont censés rester sous l'autorité et la direction de leurs parents pendant toute la vie de ces derniers, ils n'apportent que le désordre et l'effondrement de toute autorité quand ils cherchent, au cours d'une seule génération, à remplacer cette pratique par l'enseignement que les enfants doivent être libérés de toute entrave familiale après l'âge de vingt-et-un ans.

66.7  La Vie à Dalamatia

66:7.1 Bien que d'une beauté exquise et conçu pour inspirer du respect aux primitifs de cet âge, le quartier général du Prince était somme toute modeste. Les bâtiments n'étaient pas particulièrement importants du fait que les instructeurs importés avaient pour but d'encourager le développement éventuel de l'agriculture par l'introduction de l'élevage. Les réserves de terre dans l'enceinte de la cité étaient suffisantes pour que les pâtures et les jardins maraichers puissent nourrir une population d'environ vingt-mille habitants.

66:7.2 Les intérieurs du temple cultuel central et des bâtiments des dix groupes de surhommes superviseurs étaient vraiment de belles oeuvres d'art. Les bâtiments résidentiels étaient des modèles de netteté et de propreté, mais tout y était très simple et tout à fait primitif en comparaison des développements ultérieurs. À ce quartier général de culture, on employait que des méthodes appartenant naturellement à Urantia.

66:7.3 Les membres corporels de l'état-major du Prince habitaient des demeures simples, mais exemplaires, qu'ils entretenaient comme foyers familiaux destinés à inspirer et à impressionner favorablement les étudiants séjournant au centre social et au quartier général éducatif du monde.

66:7.4 L'ordre défini de la vie familiale et le groupement d'une seule famille dans une seule résidence à un endroit relativement stable datent du temps de Dalamatia et furent principalement dus à l'exemple et aux enseignements des cent et de leurs élèves. Le foyer en tant qu'unité sociale ne fut jamais une réussite avant que les superhommes et les superfemmes de Dalamatia eussent amené les humains à aimer leurs petits-enfants et les enfants de leurs petits-enfants et à faire des projets pour eux. Le sauvage aime son fils, mais le civilisé aime également son petit-fils.

66:7.5 Les membres de l'état-major du Prince vivaient par couples comme des pères et des mères. Il est vrai qu'eux-mêmes n'avaient pas d'enfants, mais les cinquante maisons modèles de Dalamatia n'abritaient jamais moins de cinq-cents enfants adoptés, dont beaucoup d'orphelins, choisis parmi les familles supérieures des races andoniques et sangik. Ces enfants bénéficiaient de la discipline et de la formation de ces superparents et ensuite, après avoir passé trois ans dans les écoles du Prince (ils y entraient entre treize et quinze ans), ils étaient tout à fait aptes au mariage et prêts à recevoir leur mandat d'émissaires du Prince auprès des tribus nécessiteuses de leurs races respectives.

66:7.6 Fad patronnait le plan d'éducation de Dalamatia, qui était exécuté sous forme d'une école industrielle dans laquelle les élèves apprenaient par la pratique et se formaient eux-mêmes par l'accomplissement quotidien de tâches utiles. Ce plan d'éducation ne négligeait pas la place de la réflexion et de la sensibilité dans le développement du caractère, mais il mettait au premier plan la formation manuelle. L'instruction était individuelle et collective. L'enseignement était donné par des hommes et des femmes et par les deux agissant conjointement. La moitié de cette instruction collective se faisait en séparant les élèves par sexe, l'autre moitié en éducation mixte. Les étudiants apprenaient individuellement la dextérité manuelle et se réunissaient en groupes ou classes pour acquérir le sens de la société. Ils étaient entrainés à fraterniser avec des groupes tantôt plus jeunes, tantôt plus âgés, et avec des adultes, ainsi qu'à travailler en équipe avec ceux de leur âge. On les familiarisait également avec des associations telles que les groupes familiaux, les équipes de jeu et les classes d'école.

66:7.7 Parmi les derniers étudiants formés en Mésopotamie pour travailler avec leurs races respectives, se trouvaient des Andonites des hautes terres de l'Inde occidentale mêlés à des représentants des hommes rouges et des hommes bleus ; plus tard encore, un petit nombre d'hommes jaunes fut également admis.

66:7.8 Hap offrit aux races primitives une loi morale. Ce code s'appelait « La Voie du Père » et consistait dans les sept commandements suivants :

66:7.9 1. Tu ne craindras ni ne serviras aucun Dieu, sauf le Père de tous.

66:7.10 2. Tu ne désobéiras pas au Fils du Père, le souverain du monde, et tu ne manqueras pas de respect envers ses associés suprahumains.

66:7.11 3. Tu ne mentiras pas quand tu seras appelé devant les juges du peuple.

66:7.12 4. Tu ne tueras ni homme, ni femme, ni enfant.

66:7.13 5. Tu ne déroberas ni les biens ni le bétail de ton voisin.

66:7.14 6. Tu ne toucheras pas à la femme de ton ami.

66:7.15 7. Tu ne feras pas montre d'irrévérence envers tes parents ni envers les anciens de la tribu.

66:7.16 Ceci resta la loi de Dalamatia pendant près de trois-cent-mille ans. De nombreuses pierres sur lesquelles cette loi fut gravée reposent actuellement sous la mer au large de la Mésopotamie et de la Perse. La coutume se forma de garder en mémoire un de ces commandements pour chaque jour de la semaine et de l'employer comme salut et comme action de grâces aux repas.

66:7.17 À cette époque, la mesure du temps était le mois lunaire compté pour vingt-huit jours. À l'exception du jour et de la nuit, c'était la seule unité de temps connue des peuples primitifs. La semaine de sept jours fut introduite par les instructeurs de Dalamatia pour la simple raison que sept est le quart de vingt-huit. La signification du chiffre sept dans le superunivers leur offrit sans aucun doute l'occasion d'insérer un rappel spirituel dans le calcul habituel du temps, mais la période hebdomadaire n'a pas d'origine naturelle.

66:7.18 La campagne était très bien colonisée dans un rayon de cent-soixante kilomètres autour de la cité. Aux alentours immédiats, des centaines d'anciens élèves des écoles du Prince s'engageaient dans l'élevage et mettaient encore autrement en pratique l'instruction qu'ils avaient reçue de son état-major et de ses nombreux assistants humains. Quelques-uns se lancèrent dans l'agriculture et l'horticulture.

66:7.19 L'humanité ne fut pas contrainte au dur labeur de la terre, en pénitence d'un péché supposé. « Tu mangeras le fruit des champs à la sueur de ton front. » ne fut pas un châtiment prononcé contre l'homme pour avoir participé aux folies de la rébellion de Lucifer sous la direction du traitre Caligastia. La culture du sol est inhérente à l'établissement d'une civilisation progressive sur les mondes évolutionnaires, et cette injonction fut le centre de tout l'enseignement du Prince Planétaire et de son état-major pendant les trois-cent-mille ans qui séparèrent leur arrivée sur Urantia des jours tragiques où Caligastia prit parti pour le rebelle Lucifer. Le travail de la terre n'est pas une malédiction ; c'est plutôt une suprême bénédiction pour tous ceux qui peuvent ainsi se livrer à la plus humaine de toutes les activités humaines.

66:7.20 Au moment où la rébellion éclata, Dalamatia avait une population fixe de presque six mille habitants. Ce chiffre comprend les étudiants à demeure, mais ne tient pas compte des visiteurs et des observateurs dont le nombre s'élevait toujours à plus de mille. Mais vous ne pouvez guère, ou pas du tout, vous rendre compte des merveilleux progrès de ces temps très lointains. Les admirables bénéfices de cette époque pour l'humanité furent pratiquement tous effacés par l'horrible confusion et les abjectes ténèbres spirituelles qui suivirent la tromperie et la sédition catastrophiques de Caligastia.

66.8  Les Mécomptes de Caligastia

66:8.1 Quand nous nous penchons sur la longue carrière de Caligastia, nous ne trouvons, dans sa conduite, qu'un seul trait caractéristique susceptible d'attirer l'attention ; il était ultra individualiste. Il avait tendance à prendre parti pour presque tous les protestataires et il accordait généralement sa sympathie à ceux qui exprimaient avec modération des critiques implicites. Nous détectons que cette tendance à mal supporter l'autorité, à s'offenser légèrement de toute forme de contrôle, apparut de bonne heure chez lui. S'il était légèrement froissé des conseils de ses ainés et quelque peu rétif à toute autorité supérieure, il n'en avait pas moins fait preuve de loyauté envers les chefs de l'univers et d'obéissance aux ordres des Pères de la Constellation chaque fois qu'il avait été mis à l'épreuve. Nulle véritable faute ne fut jamais trouvée en lui jusqu'au moment de sa honteuse trahison d'Urantia.

66:8.2 Il convient de remarquer que Lucifer et Caligastia avaient tous deux été patiemment instruits et affectueusement avertis de leur tendance à critiquer et du développement subtil de leur orgueil, qui avait pour corollaire un sentiment exagéré de leur propre importance. Mais tous ces efforts pour les aider avaient été interprétés à tort comme des critiques sans fondement et des ingérences injustifiées dans leur libertés personnelles. Caligastia et Lucifer estimèrent tous deux que leurs conseillers amicaux étaient animés par les mobiles fort répréhensibles qui commençaient à dominer leur propre pensée déformée et leur propre conception erronée. Ils jugèrent leurs généreux conseillers d'après l'évolution de leur propre égoïsme.

66:8.3 À partir de l'arrivée du Prince Caligastia, la civilisation planétaire progressa d'une manière assez normale pendant près de trois-cent-mille ans. À part le fait qu'Urantia était une sphère à vie modifiée, donc sujette à de nombreuses irrégularités et à des épisodes inhabituels de fluctuations évolutionnaires, la carrière de la planète se poursuivit de façon très satisfaisante jusqu'au moment de la rébellion de Lucifer et de la trahison simultanée de Caligastia. Toute la partie de l'histoire qui leur est postérieure a été irrémédiablement modifiée par cette erreur catastrophique ainsi que par l'échec ultérieur d'Adam et d'Ève dans l'accomplissement de leur mission planétaire.

66:8.4 Le Prince d'Urantia sombra dans les ténèbres au moment de la rébellion de Lucifer, précipitant ainsi la planète dans un long désordre. Il fut ensuite privé de l'autorité souveraine par l'action coordonnée des chefs de la constellation et d'autres autorités de l'univers. Il partagea les inévitables vicissitudes de l'isolement d'Urantia jusqu'à l'époque du séjour d'Adam sur la planète et contribua à faire échouer le plan de relèvement des races humaines par l'infusion du sang vital de la nouvelle race violette - les descendants d'Adam et d'Ève.

66:8.5 Le pouvoir qu'avait le Prince déchu de troubler les affaires humaines fut considérablement restreint par l'influence de Machiventa Melchizédek, qui s'incarna à l'époque d'Abraham. Par la suite, au cours de l'incarnation de Micaël, ce Prince traitre fut finalement dépouillé de toute autorité sur Urantia.

66:8.6 La doctrine d'un démon personnel sur Urantia, bien qu'elle ait quelque fondement dans la présence planétaire du traitre et inique Caligastia, est néanmoins totalement fictive lorsqu'elle enseigne qu'un tel « démon » peut influencer le mental humain normal à l'encontre de son libre choix naturel. Même avant l'effusion de Micaël sur Urantia, ni Caligastia ni Daligastia ne furent jamais capables d'opprimer les mortels ni de forcer aucun individu normal à faire quoi que ce soit à l'encontre de sa volonté humaine. Le libre arbitre humain est suprême en matière de morale. Même l'Ajusteur de Pensée intérieur se refuse à contraindre l'homme à former une seule pensée ou à accomplir un seul acte contraires au choix de la volonté personnelle de l'homme.

66:8.7 Maintenant, ce rebelle du royaume, dépouillé de tout pouvoir de nuire à ses anciens sujets, attend que les Anciens des Jours d'Uversa jugent en dernier ressort tous ceux qui ont participé à la rébellion de Lucifer.

66:8.8 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

67. La Rébellion Planétaire

67:0.1 IL EST impossible de comprendre les problèmes associés à l'existence de l'homme sur Urantia sans avoir des notions sur certaines grandes époques du passé, notamment sur l'occurrence et les conséquences de la rébellion planétaire. Bien que ce soulèvement n'ait pas eu de conséquences sérieuses sur le progrès de l'évolution organique, il modifia notablement le cours de l'évolution sociale et du développement spirituel. Toute l'histoire supraphysique de la planète fut profondément influencée par cette calamité dévastatrice.

67.1  La Trahison de Caligastia

67:1.1 Caligastia avait eu la charge d'Urantia depuis trois-cent-mille ans lorsque Satan, l'assistant de Lucifer, fit l'une de ses visites d'inspection périodiques. Quand Satan arriva sur la planète, son aspect ne ressemblait en rien à vos caricatures de son infâme majesté. Il était, et il est toujours, un fils Lanonandek d'un grand éclat. « Et ce n'est pas étonnant, car Satan lui-même est une brillante créature de lumière. »

67:1.2 Au cours de cette inspection, Satan informa Caligastia de la « Déclaration de Liberté » que Lucifer se proposait alors de faire et, ainsi que nous le savons maintenant, le Prince tomba d'accord pour trahir la planète dès que la rébellion serait annoncée. Les personnalités loyales de l'univers éprouvent un dédain particulier pour le Prince Caligastia à cause de cette trahison préméditée de sa mission. Le Fils Créateur exprima ce mépris lorsqu'il dit : « Tu ressembles à ton chef, Lucifer, et tu as perpétué son iniquité d'une façon coupable. Il fut un falsificateur dès qu'il commença à s'exalter lui-même, parce qu'il ne demeurait pas dans la vérité. »

67:1.3 Dans tout le travail administratif d'un univers local, nulle mission importante n'est jugée plus sacrée que celle d'un Prince Planétaire qui assume la responsabilité du bien-être et de la direction des mortels évolutionnaires sur un monde nouvellement habité. De toutes les formes du mal, aucune n'a d'effet plus destructeur sur le statut de la personnalité que la trahison d'une mission et la déloyauté envers des amis confiants. En commettant délibérément ce péché, Caligastia faussa si complètement sa personnalité que son mental ne fut plus jamais pleinement capable de retrouver son équilibre.

67:1.4 Il existe de nombreuses façons d'envisager le péché, mais, du point de vue philosophique universel, le péché est le comportement d'une personnalité qui résiste sciemment à la réalité cosmique. On peut considérer l'erreur comme une fausse conception ou comme une déformation de la réalité. Le mal est une réalisation incomplète des réalités universelles ou un ajustement défectueux à ces dernières. Mais le péché est une résistance intentionnelle à la réalité divine - un choix conscient de s'opposer au progrès spirituel - tandis que l'iniquité consiste à défier ouvertement et avec persistance la réalité reconnue ; elle représente un tel degré de désintégration de la personnalité qu'elle frise la démence cosmique.

67:1.5 L'erreur suggère un manque d'acuité intellectuelle ; le mal, un défaut de sagesse ; et le péché, une pauvreté spirituelle abjecte ; mais l'iniquité dénote que le contrôle de la personnalité est en voie de disparaître.

67:1.6 Quand le péché a tant de fois été choisi et si souvent répété, il peut devenir une habitude. Les pécheurs impénitents peuvent facilement devenir iniques et se rebeller de tout leur être contre l'univers et toutes ses réalités divines. Alors que toutes les formes de péché peuvent être pardonnées, nous doutons qu'un être inique confirmé puisse jamais éprouver de regrets sincères pour ses méfaits ou accepter le pardon de ses péchés.

67.2  Le Début de la Rébellion

67:2.1 Peu après l'inspection de Satan et alors que l'administration planétaire était à la veille de réaliser de grandes choses sur Urantia, un jour au milieu de l'hiver des continents septentrionaux, Caligastia tint une longue conférence avec son associé Daligastia, à la suite de laquelle ce dernier convoqua les dix conseils d'Urantia en session extraordinaire. Cette assemblée fut ouverte par la déclaration que le Prince Caligastia était sur le point de se proclamer souverain absolu d'Urantia et exigeait que tous les groupes administratifs abdiquent en remettant toutes leurs fonctions et tous leurs pouvoirs entre les mains de Daligastia, désigné comme mandataire en attendant la réorganisation du gouvernement planétaire et la redistribution consécutive de ces charges d'autorité administrative.

67:2.2 La présentation de cette ahurissante exigence fut suivie du magistral appel de Van, président du conseil suprême de coordination. Cet éminent administrateur et juriste de talent stigmatisa la proposition de Caligastia en la dénonçant comme un acte frisant la rébellion planétaire. Il conjura ses collègues de s'abstenir de toute participation tant que l'on n'aurait pas interjeté appel auprès de Lucifer, Souverain du Système de Satania ; il obtint l'appui de l'état-major tout entier. En conséquence, un appel fut fait à Jérusem d'où revinrent immédiatement des ordres désignant Caligastia comme souverain suprême d'Urantia et enjoignant une obéissance absolue et sans réserve à ses commandements. C'est en réponse à ce message stupéfiant que le noble Van fit son fameux discours de sept heures dans lequel il accusait formellement Daligastia, Caligastia et Lucifer d'outrager la souveraineté de l'univers de Nébadon ; il fit alors appel aux Très Hauts d'Édentia pour être soutenu et confirmé.

67:2.3 Entretemps, les circuits du système avaient été coupés ; Urantia était isolée. Tous les groupes de vie céleste présents sur la planète se trouvèrent soudain isolés sans préavis, c'est-à-dire totalement privés de tous avis et conseils extérieurs.

67:2.4 Daligastia proclama officiellement Caligastia « Dieu d'Urantia et suprême au-dessus de tout » . Face à cette proclamation, l'alternative était claire ; chaque groupe se retira et commença ses délibérations, discussions destinées finalement à déterminer le sort de toutes les personnalités suprahumaines sur la planète.

67:2.5 Les séraphins, les chérubins et les autres êtres célestes furent impliqués dans les décisions de cette lutte implacable, de ce long et coupable conflit. De nombreux groupes suprahumains qui se trouvaient par hasard sur Urantia au moment de son isolement y furent retenus et, à l'instar des séraphins et de leurs associés, contraints de choisir entre le péché et la droiture - entre les voies de Lucifer et la volonté du Père invisible.

67:2.6 Cette lutte se poursuivit pendant plus de sept ans. Tant que chaque personnalité touchée n'eut pas pris sa décision définitive, les autorités d'Édentia ne voulurent pas interférer et n'intervinrent pas. C'est alors seulement que Van et ses associés loyaux reçurent leur justification et furent dégagés de leur longue anxiété et de leur intolérable incertitude.

67.3  Les Sept Années Décisives

67:3.1 La nouvelle que la rébellion avait éclaté sur Jérusem, capitale de Satania, fut diffusée par le conseil des Melchizédeks. Les Melchizédeks chargés des affaires urgentes furent immédiatement envoyés à Jérusem, et Gabriel se porta volontaire pour représenter le Fils Créateur dont l'autorité avait été mise au défi. En même temps que l'annonce de l'état de rébellion dans Satania, le système fut mis en quarantaine, isolé de ses systèmes frères. Il y eut « guerre dans le ciel » dans le quartier général de Satania et elle s'étendit à toutes les planètes du système local.

67:3.2 Sur Urantia, quarante membres de l'état-major corporel des cent (y compris Van) refusèrent de se joindre à l'insurrection. De nombreux assistants humains (modifiés et autres) de l'état-major furent également de nobles et braves défenseurs de Micaël et du gouvernement de son univers. Il y eut une terrible perte de personnalités parmi les séraphins et les chérubins. Près de la moitié des séraphins administratifs et des séraphins provisoirement attachés à la planète firent cause commune avec leur chef et avec Daligastia pour défendre la cause de Lucifer. quarante-mille-cent-dix-neuf médians primaires se joignirent à Caligastia, mais les autres restèrent fidèles à leur mission.

67:3.3 Le Prince félon rassembla les médians déloyaux et d'autres groupes de personnalités rebelles, et les organisa pour exécuter ses ordres, tandis que Van rassemblait les médians loyaux et d'autres groupes fidèles, et commençait la grande bataille pour sauver l'état-major planétaire et les autres personnalités célestes bloquées sur Urantia.

67:3.4 Durant la lutte, les loyalistes s'installèrent dans un établissement peu protégé et sans remparts situé à quelques kilomètres à l'est de Dalamatia, mais leurs habitations étaient gardées jour et nuit par les médians loyaux toujours vigilants et attentifs, et ils avaient en leur possession l'inestimable arbre de vie.

67:3.5 Lors de l'éclatement de la rébellion, des chérubins et des séraphins loyaux, aidés de trois médians fidèles, assurèrent la garde de l'arbre de vie et permirent seulement aux quarante loyalistes de l'état-major et à leurs associés humains modifiés d'avoir accès aux fruits et aux feuilles de cette plante énergétique. Ces Andonites modifiés associés à Van étaient au nombre de cinquante-six, seize des assistants andonites de l'état-major déloyal refusant de suivre leurs maitres dans la rébellion.

67:3.6 Au long des sept années décisives de la rébellion de Caligastia, Van se consacra totalement à prendre soin de son armée loyale d'hommes, de médians et d'anges. La clairvoyance spirituelle et la constance morale qui permirent à Van de conserver cette attitude inébranlable de loyauté envers le gouvernement de l'univers étaient le produit d'une pensée claire, d'un raisonnement sage, d'un jugement logique, d'une motivation sincère, d'un but désintéressé, d'une loyauté intelligente, d'une mémoire expérientielle, d'un caractère discipliné et d'une personnalité consacrée sans réserve à faire la volonté du Père paradisiaque.

67:3.7 Ces sept années d'attente furent un temps d'examen de conscience et de discipline de l'âme. De pareilles crises dans les affaires de l'univers démontrent la prodigieuse influence du mental comme facteur de choix spirituel. Éducation, formation et expérience sont des facteurs qui entrent dans la plupart des décisions vitales de toute créature morale évolutionnaire, mais il est parfaitement possible à l'esprit intérieur d'entrer en contact direct avec les pouvoirs qui déterminent les décisions de la personnalité humaine et de permettre ainsi à la volonté totalement consacrée de la créature d'accomplir des actes stupéfiants de dévotion loyale à la volonté et aux voies du Père paradisiaque. C'est précisément ce qui arriva dans l'expérience d'Amadon, l'associé humain modifié de Van.

67:3.8 Amadon est le héros humain le plus remarquable de la rébellion de Lucifer. Ce descendant mâle d'Andon et de Fonta fut l'un des cent mortels qui avaient apporté leur plasma vivant à l'état-major du Prince, et il ne cessa pas, depuis cet évènement, d'être attaché à Van à titre d'associé et d'assistant humain. Amadon choisit de rester aux côtés de son chef pendant toute cette longue lutte éprouvante ; ce fut un spectacle inspirant de voir cet enfant des races évolutionnaires demeurer insensible aux sophismes de Daligastia, tandis qu'au cours des sept années de la lutte, lui et ses associés loyaux résistaient avec une fermeté inébranlable à tous les enseignements trompeurs du brillant Caligastia.

67:3.9 Caligastia, avec un maximum d'intelligence et une vaste expérience des affaires de l'univers, s'égara - il embrassa le péché. Amadon, avec un minimum d'intelligence et une absence totale d'expérience universelle, resta opiniâtrement au service de l'univers et fidèle à son associé. Van employa à la fois mental et esprit dans une magnifique et efficace combinaison de résolution intellectuelle et de clairvoyance spirituelle ; il atteignit ainsi le niveau expérientiel de réalisation de la personnalité de l'ordre le plus élevé auquel on puisse parvenir. Quand le mental et l'esprit sont pleinement unis, ils ont le potentiel nécessaire pour créer des valeurs suprahumaines, voire même des réalités morontielles.

67:3.10 On pourrait raconter indéfiniment les évènements sensationnels de ces jours tragiques, mais enfin la dernière personnalité en jeu prit sa décision définitive, et alors, mais alors seulement, un Très Haut d'Édentia arriva en compagnie des Melchizédeks chargés des problèmes d'urgence pour se saisir de l'autorité sur Urantia. Les annales panoramiques du règne de Caligastia furent effacées sur Jérusem et la période probatoire de la réhabilitation planétaire commença.

67.4  Les Cent de Caligastia après la Rébellion

67:4.1 Après avoir procédé à l'appel nominatif final, on constata que les membres corporels de l'état-major du prince s'étaient répartis comme suit : Van et tous les membres de sa cour de coordination étaient restés loyaux. Ang et trois membres du conseil de l'alimentation avaient survécu. Tout le conseil de la domestication des animaux avait rejoint la rébellion, ainsi que tous les consultants chargés de la protection contre les bêtes de proie. Fad et cinq membres du collèges d'enseignement étaient sauvés. Nod et toute la commission de l'industrie et du commerce suivaient Caligastia. Hap et tout le collège de la religion révélée restaient loyaux avec Van et son noble groupe. Lut et tout le conseil de la santé étaient perdus. Le conseil de l'art et de la science resta loyal dans sa totalité, mais Tut et tous ses membres de la commission des gouvernements tribaux s'égarèrent. Sur les cent, quarante étaient donc sauvés. Ils furent transférés plus tard sur Jérusem, d'où ils reprirent leur périple vers le Paradis.

67:4.2 Les soixante membres de l'état-major planétaire qui prirent parti pour la rébellion choisirent Nod pour chef. Ils travaillèrent de tout coeur pour le Prince rebelle, mais s'aperçurent bientôt qu'ils étaient privés du soutien des circuits vitaux du système. Ils prirent conscience du fait qu'ils avaient été rabaissés au statut des êtres mortels. Ils étaient certes suprahumains, mais en même temps matériels et mortels. Dans un effort pour accroitre leur nombre, Daligastia ordonna un recours immédiat à la reproduction sexuée, sachant parfaitement que les soixante membres originels de l'état-major qui l'avaient suivi et leurs quarante-quatre associés andoniques modifiés étaient condamnés à mourir tôt ou tard. Après la chute de Dalamatia, l'état-major déloyal émigra vers le nord et vers l'est. Les descendants de ces membres furent connus longtemps sous le nom de Nodites, et leur lieu d'habitation comme « pays de Nod » .

67:4.3 La présence de ces extraordinaires surhommes et superfemmes, abandonnés par suite de la rébellion et s'unissant bientôt aux fils et aux filles de la terre, donna aisément naissance aux histoires traditionnelles des dieux descendant du ciel pour s'unir aux mortels. Telle fut l'origine des mille et une légendes de nature mythique, mais fondées sur les faits consécutifs à la rébellion, qui prirent place plus tard dans les contes et les traditions folkloriques de divers peuples dont les ancêtres étaient entrés en contact avec les Nodites et leurs descendants.

67:4.4 Privés de subsistance spirituelle, les rebelles de l'état-major moururent finalement de mort naturelle. Une grande part de l'idolâtrie ultérieure des races humaines doit son origine au désir de perpétuer le souvenir de ces êtres hautement honorés de l'époque de Caligastia.

67:4.5 Au moment de leur arrivée sur Urantia, les cent de l'état-major avaient été temporairement détachés de leurs Ajusteurs de Pensée. Immédiatement après l'arrivée des administrateurs provisoires Melchizédeks, les personnalités loyales (à l'exception de Van) furent renvoyées à Jérusem et réunies à leurs Ajusteurs en attente. Nous ne connaissons pas le sort des soixante rebelles de l'état-major ; leurs Ajusteurs demeurent toujours sur Jérusem. Les choses resteront sans doute en l'état jusqu'à ce que l'ensemble de la rébellion de Lucifer ait été définitivement jugé et que l'on ait statué sur le sort de tous ses participants.

67:4.6 Il était très difficile à des êtres comme les anges et les médians de concevoir que de brillants dirigeants de confiance comme Caligastia et Daligastia puissent s'égarer - commettre un péché perfide. Ces êtres qui succombèrent au péché - ils n'entrèrent pas en rébellion délibérément ni de façon préméditée - furent fourvoyés par leurs supérieurs, abusés par les chefs en qui ils avaient confiance. Il était également facile de gagner le soutien des mortels évolutionnaires à mentalité primitive.

67:4.7 En grande majorité, les êtres humains et suprahumains qui furent victimes de la rébellion de Lucifer sur Jérusem et sur les différentes planètes induites en erreur se sont depuis longtemps repentis de leur folie. Nous croyons vraiment que tous ces pénitents sincères seront réhabilités d'une manière ou d'une autre, et réintégrés à une phase déterminée du service de l'univers quand les Anciens des Jours auront jugé en dernier ressort les affaires de la rébellion de Satania, ce qu'ils ont récemment entrepris.

67.5  Les Résultats Immédiats de la Rébellion

67:5.1 Une grande confusion régna dans Dalamatia et aux alentours pendant près de cinquante ans après l'instigation de la rébellion. Une tentative fut faite pour réorganiser radicalement et complètement le monde entier ; la révolution prit la place de l'évolution en tant que politique de progrès culturel et d'amélioration raciale. Un progrès soudain du niveau culturel apparut parmi les éléments supérieurs et partiellement éduqués résidant à Dalamatia ou dans le voisinage, mais, quand on essaya d'appliquer ces nouvelles méthodes radicales aux peuplades éloignées, il en résulta immédiatement un désordre indescriptible et un pandémonium racial. La liberté fut rapidement transformée en licence par les hommes primitifs à moitié évolués de cette époque.

67:5.2 Très tôt après la rébellion, tout l'état-major séditieux se trouva engagé dans une défense énergique de la cité contre les hordes de demi-sauvages qui assiégeaient ses murs en application des doctrines de liberté qui leur avaient été prématurément enseignées. Des années avant que le magnifique quartier général fût englouti par les vagues des mers du sud, les tribus mal dirigées et mal instruites de l'arrière-pays de Dalamatia s'étaient déjà abattues dans un assaut de demi-sauvages sur la cité splendide, chassant vers le nord l'état-major de la sécession et ses associés.

67:5.3 Le plan de Caligastia pour reconstruire immédiatement la société humaine selon ses idées sur les libertés individuelles et collectives se révéla rapidement un échec plus ou moins complet. La société s'effondra vite à son ancien niveau biologique, et la lutte pour le progrès dut recommencer entièrement à partir d'un point à peine plus avancé qu'au début du régime de Caligastia, car le soulèvement avait laissé le monde dans la pire des confusions.

67:5.4 Cent-soixante-deux ans après la rébellion, un raz de marée balaya Dalamatia ; le quartier général planétaire s'enfonça au-dessous du niveau de la mer et n'émergea plus avant la disparition de presque tous les vestiges de la noble culture de ces âges splendides.

67:5.5 Quand la première capitale du monde fut engloutie, elle n'abritait que des types inférieurs des races sangiks d'Urantia, des renégats qui avaient déjà converti le temple du Père en un sanctuaire dédié à Nog, le faux dieu de la lumière et du feu.

67.6  Van - L'Inébranlable

67:6.1 Les partisans de Van se retirèrent de bonne heure dans les hautes terres à l'ouest de l'Inde, où ils furent à l'abri des attaques lancées par les races en pleine confusion des basses terres. De ce lieu de retraite, ils songèrent à préparer la réhabilitation du monde, comme leurs antiques prédécesseurs badonites avaient jadis inconsciemment travaillé au bien-être de l'humanité juste avant la naissance des tribus sangiks.

67:6.2 Avant l'arrivée des administrateurs provisoires Melchizédeks, Van confia la gestion des affaires humaines à dix commissions de quatre membres chacune, commissions identiques à celles du régime du Prince. Les Porteurs de Vie résidents les plus anciens assurèrent la direction temporaire de ce conseil de quarante, qui fonctionna pendant les sept années d'attente. Des groupes semblables d'Amadonites se chargèrent de ces responsabilités quand les trente-neuf membres loyaux de l'état-major retournèrent à Jérusem.

67:6.3 Ces Amadonites descendaient du groupe de 144 Andonites loyaux auquel appartenait Amadon, et auxquels il donna son nom. Ce groupe comprenait trente-neuf hommes et cent-cinq femmes. Sur ce nombre, cinquante-six avaient un statut d'immortalité et, à l'exception d'Amadon, ils furent tous transférés avec les membres loyaux de l'état-major. Les éléments restants de ce noble groupe continuèrent leur oeuvre sur terre jusqu'à la fin de leur vie de mortels, sous la direction de Van et d'Amadon. Ils formèrent le levain biologique qui se multiplia et continua d'assurer la direction du monde pendant les longs âges ténébreux qui suivirent la rébellion.

67:6.4 Van fut laissé sur Urantia jusqu'à l'arrivée d'Adam et y demeura le chef en titre de toutes les personnalités suprahumaines opérant sur la planète. Amadon et lui furent sustentés pendant plus de cent-cinquante-mille ans par la technique de l'arbre de vie en liaison avec le ministère de vie spécialisé des Melchizédeks.

67:6.5 Les affaires d'Urantia furent longtemps administrées par un conseil d'administrateurs provisoires planétaires, douze Melchizédeks confirmés par ordre du chef doyen de la constellation, le Très Haut Père de Norlatiadek. Les administrateurs provisoires Melchizédeks étaient assistés d'un comité consultatif consistant en : un des aides loyaux du Prince déchu, les deux Porteurs de Vie résidents, un Fils Trinitisé faisant son apprentissage, un Fils Instructeur volontaire, une Brillante Étoile du Soir d'Avalon (venant périodiquement), les chefs des séraphins et des chérubins, des conseillers venus de deux planètes voisines, le directeur général de la vie angélique subalterne et Van, commandant en chef des créatures médianes. C'est ainsi qu'Urantia fut gouvernée et administrée jusqu'à l'arrivée d'Adam. Il n'y a rien d'étrange à ce qu'une place ait été assignée au loyal et courageux Van dans le conseil des administrateurs provisoires planétaires qui administra pendant si longtemps les affaires d'Urantia.

67:6.6 Les douze administrateurs provisoires Melchizédeks d'Urantia firent une oeuvre héroïque. Ils préservèrent les restes de la civilisation, et leur politique planétaire fut fidèlement exécutée par Van. Moins de mille ans après la rébellion, Van avait disséminé plus de trois-cent-cinquante groupes pionniers dans le monde. Ces avant-postes de la civilisation consistaient largement en descendants des Andonites loyaux légèrement croisés de races sangiks (particulièrement d'hommes bleus) et de Nodites.

67:6.7 Malgré le terrible recul provoqué par la rébellion, il restait sur terre beaucoup de bonnes lignées biologiquement prometteuses. Sous le contrôle supérieur des administrateurs provisoires Melchizédeks, Van et Amadon continuèrent leur oeuvre. Ils encouragèrent l'évolution naturelle de la race humaine, faisant progresser l'évolution physique des hommes jusqu'au point culminant justifiant l'envoi d'un Fils et d'une Fille Matériels sur Urantia.

67:6.8 Van et Amadon restèrent sur terre jusque peu après l'arrivée d'Adam et d'Ève. Quelques années après, ils furent transférés à Jérusem, où Van fut réuni à son Ajusteur qui l'attendait. Van sert maintenant pour le compte d'Urantia en attendant l'ordre de reprendre le long, long chemin vers la perfection du Paradis et vers la destinée non révélée du Corps des Mortels de la Finalité en voie d'assemblement.

67:6.9 Il convient de noter qu'au moment où Van fit appel aux Très Hauts d'Édentia, après que Lucifer eut soutenu Caligastia sur Urantia, les Pères de la Constellation notifièrent immédiatement une décision appuyant Van sur tous les points en litige. Ce verdict ne réussit pas à atteindre Van parce que les circuits planétaires de communication furent coupés pendant sa transmission. C'est tout récemment que cette directive effective fut découverte en la possession d'un transmetteur-relais d'énergie chez qui elle avait été bloquée depuis l'isolement d'Urantia. Sans cette découverte faite à la suite des recherches des médians d'Urantia, la transmission de cette décision aurait attendu le rétablissement d'Urantia dans les circuits de la constellation. Cet accident apparent dans les communications interplanétaires était possible parce que les transmetteurs d'énergie peuvent recevoir et transmettre l'information, mais ne peuvent prendre l'initiative des communications.

67:6.10 Le statut technique de Van dans les annales juridiques de Satania ne fut pas effectivement et définitivement établi avant l'enregistrement sur Jérusem du jugement des Pères d'Édentia.

67.7  Les Répercussions Lointaines du Péché

67:7.1 Les conséquences personnelles (centripètes) du rejet volontaire et persistant de la lumière par une créature sont à la fois inévitables et individuelles ; elles n'intéressent que la Déité et la créature en question. Cette récolte d'iniquité destructrice de l'âme est la moisson intérieure de la créature volitive inique.

67:7.2 Il n'en est pas de même pour les répercussions externes du péché. Les conséquences impersonnelles (centrifuges) du péché commis sont inévitables et collectives, et touchent toutes les créatures qui opèrent dans la zone affectée par ces évènements.

67:7.3 Cinquante-mille ans après l'effondrement de l'administration planétaire, les affaires terrestres étaient si désorganisées et retardées que la race humaine avait très peu gagné par rapport au statut évolutionnaire général existant au moment de l'arrivée de Caligastia, trois-cent-cinquante-mille ans auparavant. A certains égards, des progrès avaient été accomplis, à d'autres, beaucoup de terrain avait été perdu.

67:7.4 Le péché n'est jamais purement localisé dans ses effets. Les secteurs administratifs de l'univers sont semblables à des organismes ; la condition d'une personnalité doit, dans une certaine mesure, être partagée par tous. Le péché étant une attitude de la personne vis-à-vis de la réalité, il est destiné à faire apparaître sa moisson inhérente négative sur tous les niveaux connexes de valeurs universelles. Mais les pleines conséquences des idées erronées, des mauvaises actions ou des projets entachés de péché sont subies seulement au niveau de l'accomplissement proprement dit. La transgression de la loi de l'univers peut être fatale dans le domaine physique sans impliquer sérieusement le mental ni porter atteinte à l'expérience spirituelle. Le péché n'est chargé de conséquences fatales pour la survie de la personnalité que s'il représente l'attitude de l'être tout entier, le choix de son mental et la volonté de son âme.

67:7.5 Le mal et le péché ont des conséquences dans les domaines matériels et sociaux, et peuvent même parfois retarder le progrès spirituel sur certains niveaux de réalité universelle, mais le péché d'un être quelconque ne dérobe jamais à un autre le droit divin de jouir de la survie de la personnalité. La survie éternelle ne peut être mise en péril que par les décisions du mental et le choix de l'âme de l'intéressé lui-même.

67:7.6 Le péché commis sur Urantia ne retarda presque pas l'évolution biologique, mais il eut pour effet de priver les races humaines du plein bénéfice de l'héritage adamique. Le péché retarde énormément le développement intellectuel, la croissance morale, le progrès social et l'aboutissement spirituel des masses. Mais il n'empêche pas l'individu choisissant de connaître Dieu et d'accomplir sincèrement la volonté divine de parvenir à l'accomplissement spirituel le plus élevé.

67:7.7 Caligastia se rebella, Adam et Ève firent défaut, mais nulle personne née ensuite sur Urantia n'a souffert de ces erreurs dans son expérience spirituelle individuelle. Tous les mortels nés sur Urantia depuis la rébellion de Caligastia ont été quelque peu pénalisés dans le temps, mais le bien-être futur de leurs âmes n'a jamais été le moins du monde compromis dans l'éternité. Nul ne subit jamais une privation spirituelle essentielle à cause du péché d'autrui. Le péché est pleinement personnel pour ce qui est de la culpabilité morale ou des conséquences spirituelles, nonobstant ses profondes répercussions dans le domaine social, intellectuel et administratif.

67:7.8 Nous ne pouvons sonder la sagesse qui permet de telles catastrophes, mais nous pouvons toujours discerner les effets bénéfiques de ces troubles locaux quand ils se reflètent sur l'ensemble de l'univers.

67.8  Le Héros Humain de la Rébellion

67:8.1 Bien des êtres courageux s'opposèrent à la rébellion de Lucifer sur les divers mondes de Satania, mais les annales de Salvington décrivent Amadon comme le caractère le plus remarquable de tout le système à cause de sa glorieuse résistance au raz de marée de la sédition et de son inébranlable dévotion à Van - ils restèrent tous deux inflexibles dans leur loyauté envers la suprématie du Père invisible et de son Fils Micaël.

67:8.2 Au moment où se produisirent ces évènements mémorables, j'occupais un poste sur Édentia et j'ai toujours conscience de la profonde joie que j'éprouvais en prenant connaissance des messages de Salvington qui nous rapportaient jour après jour l'incroyable opiniâtreté, la dévotion transcendante et la merveilleuse loyauté de ce descendant jadis à moitié sauvage de la branche originelle et expérimentale de la race andonique.

67:8.3 D'Édentia jusqu'à Uversa en passant par Salvington, pendant sept longues années, la première question de tous les êtres célestes subordonnés, au sujet de la rébellion de Satania, était encore et toujours : « Que devient Amadon d'Urantia ? Tient-il toujours bon ? »

67:8.4 Si la rébellion de Lucifer a handicapé le système local et ses mondes déchus, si la perte de ce Fils et de ses associés égarés a freiné temporairement le progrès de la constellation de Norlatiadek, considérez par contre l'effet produit par l'immense retentissement de la conduite inspirante de cet unique enfant de la nature et du groupe résolu de ses 143 camarades qui luttèrent inébranlablement pour les concepts les plus élevés de gestion et d'administration de l'univers contre la formidable pression adverse exercée par leurs supérieurs déloyaux. Permettez-moi de vous assurer que cet exploit a déjà fait plus de bien dans l'univers de Nébadon et le superunivers d'Orvonton, et pèse davantage dans la balance que le total du mal et des malheurs créés par la rébellion de Lucifer.

67:8.5 Toute cette aventure éclaire magnifiquement et d'une manière émouvante la sagesse du plan universel du Père pour mobiliser le Corps de la Finalité Mortelle au Paradis et recruter en grande partie ce vaste groupe de mystérieux serviteurs de l'avenir dans l'argile commune des mortels en progression ascendante - précisément des mortels semblables à l'inébranlable Amadon.

67:8.6 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

68. L'Aurore de la Civilisation

68:0.1 VOICI le commencement du récit du long, très long combat de l'espèce humaine allant de l'avant, partant d'un statut à peine meilleur qu'une existence animale, et passant par les âges intermédiaires pour arriver aux temps plus récents où une civilisation réelle, bien qu'imparfaite, s'était développée parmi les races supérieures de l'humanité.

68:0.2 La civilisation est une acquisition raciale ; elle n'est pas inhérente à la biologie ; c'est pourquoi tous les enfants doivent être élevés dans un milieu culturel, et la jeunesse de chaque génération successive doit recevoir à nouveau son éducation. Les qualités supérieures de la civilisation - scientifiques, philosophiques et religieuses - ne se transmettent pas d'une génération à l'autre par héritage direct. Ces réalisations culturelles ne sont préservées que par la conservation éclairée du patrimoine social.

68:0.3 L'évolution sociale d'ordre coopératif fut inaugurée par les instructeurs de Dalamatia. Pendant trois-cent-mille ans, l'humanité fut élevée dans l'idée qu'il fallait agir collectivement. L'homme bleu profita plus que tous les autres de ces enseignements premiers ; l'homme rouge en profita dans une certaine mesure et l'homme noir, moins que tous les autres. À des époques plus récentes, les races jaune et blanche ont présenté le développement social le plus avancé d'Urantia.

68.1  La Socialisation Protectrice

68:1.1 Quand les hommes sont amenés à se rapprocher étroitement, ils apprennent souvent à s'aimer mutuellement, mais les hommes primitifs ne débordaient pas naturellement de sentiments fraternels ni du désir de contacts sociaux avec leurs semblables. C'est plutôt par de tristes expériences que les races primitives apprirent que « l'union fait la force » ; et c'est ce manque d'attirance fraternelle naturelle qui fait actuellement obstacle à une réalisation immédiate de la fraternité des hommes sur Urantia.

68:1.2 De bonne heure, l'association devint le prix de la survie. L'homme isolé était impuissant s'il ne portait pas une marque tribale témoignant de son appartenance à un groupe qui se vengerait certainement de toute attaque contre lui. Même à l'époque de Caïn, il était funeste d'aller seul au loin sans porter la marque de quelque groupe. La civilisation est devenue l'assurance de l'homme contre une mort violente, et ses primes sont payées par la soumission aux nombreuses exigences légales de la société.

68:1.3 La société primitive fut ainsi fondée sur les nécessités réciproques et sur l'accroissement de sécurité dûs aux associations. C'est sous l'empire de la peur de l'isolement et grâce à une coopération donnée à contre-coeur que la société humaine a évolué pendant des cycles millénaires.

68:1.4 Les hommes primitifs apprirent de bonne heure que les groupes sont beaucoup plus grands et plus forts que la simple somme des individus qui les composent. Cent hommes unis et travaillant à l'unisson peuvent déplacer un gros bloc de pierre ; une vingtaine de gardiens de la paix bien entrainés peuvent contenir une foule en colère. C'est ainsi que naquit la société, non d'une simple association numérique, mais plutôt grâce à l'organisation de coopérateurs intelligents. Mais la coopération n'est pas une caractéristique naturelle de l'homme ; celui-ci apprend à coopérer d'abord par peur, et plus tard parce qu'il découvre que c'est très avantageux pour faire face aux difficultés du temps présent et pour se protéger contre les périls supposés de l'éternité.

68:1.5 Les peuples qui s'organisèrent ainsi de bonne heure en sociétés primitives obtinrent de meilleurs résultats dans leurs attaques contre la nature ainsi que dans leur défense contre leurs semblables. Ils avaient de plus grandes possibilités de survie. La civilisation a donc constamment progressé sur Urantia malgré ses nombreux reculs. Et c'est uniquement parce que la valeur de survie est accrue par l'association que les nombreuses bévues des hommes n'ont réussi jusqu'à présent ni à arrêter ni à détruire la civilisation humaine.

68:1.6 La société culturelle contemporaine est un phénomène plutôt récent. Cela est bien démontré par la survie, à l'heure actuelle, de conditions sociales aussi primitives que celles des aborigènes australiens et des Boschimans et Pygmées d'Afrique. Chez ces peuplades arriérées, on peut encore observer quelque peu l'hostilité tribale, la suspicion personnelle et d'autres traits hautement antisociaux si caractéristiques de toutes les races primitives. Ces misérables restes des peuples asociaux de jadis témoignent éloquemment du fait que la tendance individualiste naturelle de l'homme ne peut lutter avec succès contre les organisations et associations de progrès social plus efficaces et plus puissantes. Ces races antisociales arriérées et soupçonneuses, dont les dialectes changent tous les soixante ou quatre-vingt kilomètres, montrent dans quel monde vous auriez risqué de vivre s'il n'y avait pas eu les enseignements de l'état-major corporel du Prince Planétaire et les apports ultérieurs du groupe adamique des élévateurs raciaux.

68:1.7 L'expression moderne « retour à la nature » est une illusion de l'ignorance, une croyance à la réalité d'un ancien « âge d'or » fictif. La légende de l'âge d'or a pour seule base le fait historique de l'existence de Dalamatia et d'Éden, mais ces sociétés améliorées étaient loin de réaliser les rêves utopiques.

68.2  Les Facteurs de Progrès Social

68:2.1 La société civilisée résulte des efforts initiaux des hommes pour surmonter leur aversion de l'isolement, ce qui n'implique pas nécessairement une affection mutuelle, et l'état turbulent présent de certains groupes primitifs illustre bien les difficultés que traversèrent les premières tribus. Bien que les membres d'une civilisation puissent se heurter et se combattre, et bien que la civilisation elle-même puisse apparaître comme un ensemble incohérent de tentatives et de luttes, elle n'en démontre pas moins un effort soutenu, et non la monotonie mortelle de la stagnation.

68:2.2 Le niveau de l'intelligence a puissamment contribué au rythme de la progression culturelle, mais la société a essentiellement pour but de diminuer l'élément risque dans le mode de vie individuel. Elle a progressé à l'allure même où elle a réussi à diminuer la souffrance et à augmenter l'élément plaisir dans la vie. C'est ainsi que le corps social tout entier avance lentement vers le but de sa destinée - la survie ou la disparition - selon que son but est la préservation du moi ou le plaisir égoïste. La préservation du moi fait naître la société, tandis que l'excès des jouissances égoïstes détruit la civilisation.

68:2.3 Un société s'occupe de se perpétuer, de se conserver et de se satisfaire, mais l'humaine réalisation de soi est digne de devenir l'objectif immédiat de beaucoup de groupes culturels.

68:2.4 L'instinct grégaire dans l'homme naturel ne suffit pas à expliquer le développement d'organisations sociales semblables à celles qui existent présentement sur Urantia. Bien que cette propension innée soit à la base de la société humaine, une grande part de la sociabilité de l'homme est un acquêt. Deux grandes influences qui contribuèrent aux associations primitives d'êtres humains furent la faim et l'amour sexuel, besoins instinctifs que les hommes partagent avec le monde animal. Deux autres sentiments ont rapproché les êtres humains et les ont maintenus rapprochés, la vanité et la peur, plus particulièrement la peur des fantômes.

68:2.5 L'histoire n'est que le compte rendu de la lutte millénaire des hommes pour leur nourriture. L'homme primitif ne pensait que lorsqu'il avait faim ; économiser de la nourriture fut son premier renoncement, son premier acte d'autodiscipline. Avec le développement de la société, la faim cessa d'être le seul motif d'association. De nombreuses autres sortes de faims, le désir d'assouvir des besoins divers conduisirent tous l'humanité à s'associer plus étroitement. Mais la société d'aujourd'hui est déséquilibrée par la croissance excessive de prétendus besoins humains. La civilisation occidentale du XXe siècle gémit d'épuisement sous l'énorme poids mort du luxe et la multiplication désordonnée des envies et des désirs humains. La société moderne subit la tension d'une des phases les plus dangereuses d'interassociation à grande échelle et d'interdépendance hautement complexe.

68:2.6 La pression sociale de la faim, de la vanité et de la peur des fantômes était continue, mais celle de la satisfaction sexuelle était temporaire et sporadique. À lui seul, le désir sexuel ne contraignait pas les hommes et les femmes primitifs à assumer les lourdes charges de l'entretien d'un foyer. Le foyer primitif était fondé sur l'effervescence sexuelle du mâle privé de satisfactions fréquentes, et sur le profond amour maternel de la femme, amour qu'elle partage, dans une certaine mesure, avec les femelles de tous les animaux supérieurs. La présence d'un enfant sans défense détermina la première différenciation entre les activités masculines et féminines ; la femme dut entretenir une résidence fixe où elle pouvait cultiver le sol. Depuis les temps les plus reculés, l'endroit où se tient la femme a toujours été considéré comme le foyer.

68:2.7 La femme devint donc de bonne heure indispensable à l'évolution du plan social, moins à cause d'une éphémère passion sexuelle que par suite du besoin de nourriture ; elle était une partenaire essentielle à la conservation de soi. Elle était un fournisseur de nourriture, une bête de somme et une compagne capable de supporter des mauvais traitements sans ressentiment violent ; en plus de tous ces traits désirables, elle était un moyen toujours présent de satisfaction sexuelle.

68:2.8 Presque toutes les valeurs durables de la civilisation ont leurs racines dans la famille. La famille fut le premier groupement pacifique couronné de succès, car l'homme et la femme apprirent à concilier leurs antagonismes tout en enseignant les occupations pacifiques à leurs enfants.

68:2.9 La fonction du mariage, dans l'évolution, est d'assurer la survie de la race, et non simplement de réaliser un bonheur personnel. Les vrais objectifs du foyer consistent à se préserver et à se perpétuer. La satisfaction égoïste est accessoire ; elle n'est essentielle que comme stimulant assurant l'association sexuelle. La nature exige la survivance, mais les arts de la civilisation ne cessent d'accroitre les plaisirs du mariage et les satisfactions de la vie familiale.

68:2.10 Si nous élargissons la notion de vanité pour y faire entrer l'orgueil, l'ambition et l'honneur, nous pouvons alors discerner non seulement comment ces propensions contribuent à former des associations humaines, mais aussi comment elles maintiennent les hommes réunis, puisque ces sentiments seraient vains sans un public devant qui parader. À la vanité s'adjoignirent bientôt d'autres sentiments et d'autres impulsions nécessitant un cadre social pour s'exhiber et s'assouvir. Ce groupe de sentiments donna naissance aux premières manifestations de tous les arts et cérémonies, et de toutes les formes de compétitions et de jeux sportifs.

68:2.11 La vanité contribua puissamment à la naissance de la société, mais, au moment où ces révélations sont faites, les efforts tortueux d'une génération vaniteuse menacent d'inonder et de submerger toute la structure complexe d'une civilisation hautement spécialisée. Le besoin de plaisirs a depuis longtemps supplanté la faim ; les objectifs sociaux légitimes de la préservation du moi se transforment rapidement en formes viles et menaçantes de satisfactions égoïstes. La préservation du moi édifie la société ; le déchainement des satisfactions égoïstes détruit infailliblement la civilisation.

68.3  L'Influence Socialisante de la Peur des Fantômes

68:3.1 Les désirs primitifs produisirent la société originelle, mais la peur des fantômes assura sa cohésion et imprima à son existence un aspect extrahumain. La peur ordinaire avait une origine physiologique : la peur de la douleur physique, la faim inassouvie ou quelque calamité terrestre ; mais la peur des fantômes fut une sorte de terreur nouvelle et formidable.

68:3.2 Le plus important facteur individuel, dans l'évolution de la société humaine, fut probablement de rêver des fantômes. Bien que la plupart des rêves eussent troublé profondément le mental primitif, les fantômes apparus en rêve terrorisèrent littéralement les premiers hommes et amenèrent les rêveurs superstitieux à se jeter dans les bras les uns des autres avec une volonté sincère d'association pour se protéger mutuellement contre les dangers invisibles, vagues et imaginaires du monde des esprits. Rêver des fantômes fut une des différences qui apparut le plus tôt entre le mental humain et le mental animal. Les animaux n'imaginent pas la survie après la mort.

68:3.3 À part le facteur des fantômes, toute la société fut fondée sur des instincts biologiques et des besoins fondamentaux. Mais la peur des fantômes introduisit dans la civilisation un nouveau facteur, une peur qui s'écarte et va au delà des besoins élémentaires de l'individu, et s'élève même bien au-dessus des luttes pour préserver les collectivités. La crainte des esprits des trépassés mit en lumière une nouvelle et étonnante forme de peur, une terreur effroyable et puissante, qui donna un coup de fouet aux ordres sociaux relâchés des premiers âges et provoqua la formation des groupes primitifs, plus sérieusement disciplinés et mieux contrôlés de ces temps anciens. Par la peur superstitieuse de l'irréel et du surnaturel, cette superstition insensée, qui subsiste encore en partie, prépara le mental des hommes à une découverte ultérieure, celle de « la crainte du Seigneur qui est le commencement de la sagesse » . Les peurs sans fondement dues à l'évolution sont destinées à être supplantées par le respect craintif de la Déité inspiré par la révélation. Le culte primitif de la peur des fantômes devint un lien social puissant et, depuis ce jour bien lointain, l'humanité s'est toujours plus ou moins efforcée d'atteindre la spiritualité.

68:3.4 La faim et l'amour rapprochèrent les hommes ; la vanité et la peur des fantômes les gardèrent unis ; mais ces seuls sentiments, sans l'influence des révélations pacificatrices, sont incapables de supporter les tensions provoquées par les suspicions et les irritations des associations humaines. Sans l'aide des sources suprahumaines, la tension sociale aboutit à une rupture quand elle atteint certaines limites ; et ces influences mêmes de mobilisation sociale - faim, amour, vanité et peur - conspirent alors à plonger l'humanité dans la guerre et les effusions de sang.

68:3.5 La tendance à la paix de la race humaine n'est pas un don naturel ; elle dérive des enseignements de la religion révélée, de l'expérience accumulée des races progressives et plus spécialement des enseignements de Jésus, le Prince de la Paix.

68.4  L'Évolution des Moeurs

68:4.1 Toutes les institutions sociales modernes proviennent de l'évolution des coutumes primitives de vos ancêtres sauvages ; les conventions d'aujourd'hui sont les coutumes d'hier élargies et modifiées. Ce que l'habitude est pour l'individu, la coutume l'est pour le groupe, et les coutumes des groupes se transforment en usages populaires ou en traditions tribales - en conventions de masse. Toutes les institutions de la société humaine contemporaine ont leur modeste origine dans ces premières amorces.

68:4.2 Il faut se rappeler que les moeurs prirent naissance dans un effort pour adapter la vie des groupes aux conditions d'existence en masse ; les moeurs furent la première institution sociale de l'homme. Toutes ces réactions tribales résultèrent de l'effort accompli pour éviter la douleur et l'humiliation tout en cherchant à jouir des plaisirs et du pouvoir. L'origine des usages populaires, à l'instar de celle des langages, est toujours inconsciente et non intentionnelle, donc toujours enveloppée de mystère.

68:4.3 La peur des fantômes conduisit l'homme primitif à envisager le surnaturel ; elle établit ainsi des bases solides pour les puissantes influences sociales de l'éthique et de la religion, qui à leur tour préservèrent intactes de génération en génération les moeurs et les coutumes de la société. Les moeurs se trouvèrent de bonne heure établies et cristallisées par la croyance que les trépassés tenaient jalousement à la manière dont ils avaient vécu et dont ils étaient morts. On croyait donc qu'ils puniraient implacablement les vivants osant traiter avec une négligence dédaigneuse les règles de vie qu'ils avaient respectées pendant qu'eux-mêmes vivaient dans la chair. Cette doctrine est parfaitement illustrée par le respect que la race jaune porte actuellement à ses ancêtres. Les religions primitives qui apparurent plus tard renforcèrent puissamment l'action de la peur des fantômes en stabilisant les moeurs, mais le développement de la civilisation a progressivement libéré l'humanité des liens de la peur et de l'esclavage de la superstition.

68:4.4 Avant la libération et la libéralisation apportées par l'enseignement des maitres de Dalamatia, l'homme était la victime impuissante du rituel des moeurs ; le sauvage primitif était prisonnier d'un cérémonial sans fin. Tout ce qu'il faisait depuis son réveil matinal jusqu'au moment où il s'endormait, le soir, dans sa caverne devait être accompli exactement d'une certaine façon, conformément aux usages populaires de sa tribu. Il était esclave de la tyrannie des usages ; sa vie ne comportait rien de libre, de spontané, ni d'original. Aucun progrès naturel ne le menait vers une existence mentale, morale ou sociale supérieure.

68:4.5 L'homme primitif était enserré dans l'étau de la coutume ; le sauvage était un véritable esclave des usages ; mais, de temps à autres, apparurent des types variants de personnalités qui osèrent inaugurer de nouvelles manières de penser et des méthodes de vie améliorées. Néanmoins, l'inertie de l'homme primitif constitue le frein de sécurité biologique contre la précipitation consistant à se lancer trop soudainement dans les dérèglements désastreux accompagnant une civilisation qui progresse trop vite.

68:4.6 Toutefois, ces coutumes ne sont pas un mal sans contrepartie ; leur évolution devrait se poursuivre. Il est presque fatal pour le maintien de la civilisation de vouloir les modifier globalement par une révolution radicale. La coutume a été le fil de continuité de la civilisation. La voie de l'histoire humaine est jonchée de vestiges de coutumes abandonnées et de pratiques sociales surannées ; mais nulle civilisation n'a survécu en abandonnant ses moeurs, à moins d'avoir adopté des coutumes meilleures et mieux appropriées.

68:4.7 La survie d'une société dépend principalement de l'évolution progressive de ses moeurs. Le processus d'évolution des coutumes est fondé sur le désir d'expérimenter. Des idées nouvelles sont mises en avant - la concurrence s'ensuit. Une civilisation progressive embrasse les idées avancées et elle dure ; le temps et les circonstances choisissent en dernier ressort le groupe le plus apte à survivre. Cela ne signifie pas que chaque changement distinct et isolé dans la composition de la société humaine ait été un gain. Non ! certes non ! car il y eut maints et maints reculs dans la longue lutte de la civilisation d'Urantia vers le progrès.

68.5  Les Techniques du Sol - Les Arts d'Entretien

68:5.1 La terre est le théâtre de la société ; les hommes en sont les acteurs. L'homme doit toujours adapter son jeu pour se conformer à la situation de la terre. L'évolution des moeurs dépend toujours du rapport hommes-sol. Ceci est vrai, bien qu'il soit difficile de le discerner. Les techniques des hommes pour traiter le sol, ou arts d'entretien, ajoutées à leur niveau de vie, forment le total des usages populaires constituant les moeurs. Et la somme des adaptations humaines aux exigences de la vie correspond à sa civilisation culturelle.

68:5.2 Les premières cultures de l'homme apparurent le long des fleuves de l'hémisphère oriental ; d'autre part, il y eut quatre grandes étapes dans la marche en avant de la civilisation :

68:5.3 1. Le stade de la cueillette. La contrainte alimentaire, la faim, conduisit à la première forme d'organisation industrielle, les chaines primitives de cueillette de la nourriture. La ligne des marcheurs de la faim parcourant un pays en glanant la nourriture s'étendait parfois sur quinze kilomètres. Ce fut le stade primitif de culture nomade et c'est le mode de vie des Boschimans d'Afrique aujourd'hui.

68:5.4 2. Le stade de la chasse. L'invention des armes-outils permit aux hommes de devenir des chasseurs et de se libérer ainsi en grande partie de l'esclavage de la nourriture. Un Andonite réfléchi, qui s'était sérieusement meurtri le poing dans un combat violent, redécouvrit l'idée d'utiliser, au lieu de son bras, un long bâton à l'extrémité duquel il avait attaché, avec des tendons, un morceau de silex dur pour remplacer le poing. De nombreuses tribus firent, chacune de leur côté, des découvertes de ce genre, et ces diverses formes de marteaux représentèrent l'un des grands pas en avant de la civilisation humaine. Certains indigènes australiens n'ont guère dépassé ce stade à l'heure actuelle.

68:5.5 Les hommes bleus devinrent des chasseurs et des trappeurs experts. En barrant les rivières, ils prenaient de grandes quantités de poissons dont ils séchaient le surplus en prévision de l'hiver. De nombreuses formes de pièges et de traquenards ingénieux furent employées pour attraper le gibier, mais les races les plus primitives ne chassaient pas les animaux de grande taille.

68:5.6 3. Le stade pastoral. Cette phase de la civilisation fut rendue possible par la domestication des animaux. Les Arabes et les indigènes d'Afrique figurent parmi les peuples pastoraux les plus récents.

68:5.7 La vie pastorale apporta une atténuation supplémentaire à l'esclavage alimentaire. L'homme apprit à vivre sur l'intérêt de son capital, sur le croit de son troupeau. Il eut ainsi plus de loisirs pour faire des progrès et se cultiver.

68:5.8 La société prépastorale avait été une société de coopération sexuelle, mais l'extension de l'élevage plongea la femme dans un abime d'esclavage social. Aux époques primitives, l'homme avait la charge d'assurer la nourriture animale tandis que la femme devait fournir les légumes comestibles. La dignité du statut féminin s'abaissa donc considérablement dès que l'homme entra dans l'ère pastorale de son existence. La femme dut encore travailler pour produire les aliments végétaux nécessaires à la vie, alors que l'homme n'eut plus qu'à recourir à son troupeau pour fournir de la nourriture animale en abondance. L'homme devint ainsi relativement indépendant de la femme, et le statut de la femme déclina régulièrement pendant tout l'âge pastoral. Vers la fin de cette période, la femme n'était guère plus qu'un animal humain, réduit à travailler et à porter la descendance de l'homme, tout comme les animaux des troupeaux sur qui l'on comptait pour travailler et mettre bas leurs petits. Les hommes de l'âge pastoral portaient un grand amour à leurs troupeaux ; il est d'autant plus regrettable qu'ils n'aient pu développer une affection plus profonde pour leurs femmes.

68:5.9 4. Le stade agricole. Cette ère fut déterminée par la culture des plantes, qui représente le type le plus élevé de civilisation matérielle. Caligastia et Adam s'efforcèrent tous deux d'enseigner l'horticulture et l'agriculture. Adam et Ève furent des jardiniers et non des pasteurs, car, à cette époque, le jardinage était une forme avancée de culture. La culture des plantes exerce une influence ennoblissante sur toutes les races de l'humanité.

68:5.10 L'agriculture fit plus que quadrupler le rapport hommes-sol du monde. Elle peut se combiner avec les occupations pastorales du stade précédent. Quand les trois stades chevauchent, l'homme chasse et la femme cultive le sol.

68:5.11 Il y a toujours eu des frictions entre les bergers et les laboureurs. Le chasseur et le pasteur sont militants et belliqueux ; l'agriculteur est plus pacifique. L'association avec les animaux suggère la lutte et la force ; l'association avec les plantes instille l'esprit de patience, de quiétude et de paix. L'agriculture et l'industrie sont les activités de la paix. Mais leur faiblesse commune, en tant qu'activités sociales sur le plan mondial, est leur monotonie et leur manque d'aventures.

68:5.12 La société humaine a évolué en partant du stade de la chasse et passé par celui de l'élevage pour atteindre le stade territorial de l'agriculture. Chaque étape de cette progression de la civilisation fut marquée par une diminution constante du nomadisme ; les hommes se mirent à vivre de plus en plus à leur foyer.

68:5.13 Maintenant, l'industrie s'ajoute à l'agriculture, avec un accroissement correspondant de l'urbanisation et une multiplication des groupes non agricoles parmi les classes de citoyens. Mais une civilisation industrielle ne peut espérer survivre si ses dirigeants ne se rendent pas compte que les développements sociaux, même les plus élevés, doivent toujours reposer sur une base agricole saine.

68.6  L'Évolution de la Culture

68:6.1 L'homme est une créature du sol, un enfant de la nature ; quels que soient ses efforts pour échapper à la terre, il est certain d'échouer en dernier ressort. « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière » est littéralement vrai pour l'humanité tout entière. La lutte fondamentale de l'homme a été, est et sera toujours pour la terre. Les premières associations d'êtres humains primitifs eurent pour objectif de gagner ces batailles pour la terre. Le rapport hommes-sol est sous-jacent à toute civilisation sociale.

68:6.2 L'intelligence de l'homme accrut le rendement de la terre grâce aux arts et aux sciences ; en même temps, l'accroissement naturel de sa descendance fut quelque peu contrôlé, assurant ainsi les moyens d'existence et les loisirs permettant d'établir une civilisation culturelle.

68:6.3 La société humaine est contrôlée par une loi décrétant que la population doit varier en proportion directe des arts du sol et en proportion inverse d'un niveau de vie donné. Tout au long de ces âges primitifs, encore plus qu'à présent, le loi de l'offre et de la demande concernant l'homme et la terre détermina la valeur estimative de l'un et de l'autre. Pendant les périodes où les terres libres abondaient - territoires inoccupés - le besoin d'hommes était grand, et la valeur de la vie humaine fortement rehaussée en conséquence ; les pertes de vies étaient alors considérées comme plus horribles. Pendant les périodes de rareté des terres et de surpeuplement correspondant, la vie humaine représentait comparativement une moindre valeur, si bien que la guerre, les famines et les épidémies étaient alors considérées avec moins d'inquiétude.

68:6.4 Quand le rendement de la terre diminue, ou quand la population s'accroit, l'inévitable lutte reprend et les pires traits de la nature humaine remontent à la surface. L'accroissement du rendement de la terre, l'extension des arts mécaniques et la réduction de la population tendent tous à encourager le meilleur côté de la nature humaine.

68:6.5 Un société de pionniers produit des manoeuvres non qualifiés ; les beaux-arts et le véritable progrès scientifique, ainsi que la culture spirituelle, ont toujours mieux prospéré dans les grands centres de vie soutenus par une population agricole et industrielle pour lesquels le rapport hommes-sol est légèrement moindre. Les villes multiplient toujours le pouvoir de leurs habitants, pour le bien comme pour le mal.

68:6.6 La dimension des familles a toujours subi l'influence du niveau de vie. Plus le niveau s'élève, plus le nombre d'enfants décroit, jusqu'au point où la famille se stabilise ou s'éteint graduellement.

68:6.7 Tout au long des âges, les niveaux de vie ont déterminé la qualité d'une population survivante en contraste avec sa seule quantité. Les niveaux de vie d'une classe localisée donnent naissance à de nouvelles castes sociales, à de nouvelles moeurs. Quand les niveaux de vie deviennent trop compliqués ou comportent un luxe excessif, ils tournent rapidement au suicide. Les castes résultent directement de la forte pression sociale d'une concurrence aiguë due à la densité de la population.

68:6.8 Les races primitives eurent souvent recours à des pratiques restrictives de la population ; toutes les tribus primitives tuaient les enfants difformes ou maladifs. Avant l'époque de l'achat des épouses, on tuait souvent les petites filles à leur naissance. Les nouveaux-nés étaient parfois étranglés, mais la méthode la plus courante était l'exposition. Un père de jumeaux insistait généralement pour que l'un des deux soit tué, car on croyait que les naissances multiples étaient dues à la magie ou à l'infidélité. Pourtant, les jumeaux de même sexe étaient généralement épargnés. Bien que ces tabous sur les jumeaux aient été jadis presque universels, ils ne firent jamais partie des moeurs des Andonites ; ces peuples considéraient toujours les jumeaux comme d'heureux présages.

68:6.9 De nombreuses races apprirent la technique de l'avortement, et cette pratique devint très courante après l'établissement du tabou sur les enfants de célibataires. Les jeunes filles eurent longtemps pour coutume de tuer leur enfant, mais, dans les groupes plus civilisés, ces enfants illégitimes devinrent pupilles de leur grand-mère maternelle. De nombreux clans primitifs furent virtuellement exterminés par les pratiques conjointes de l'avortement et de l'infanticide. Toutefois, malgré la tyrannie des moeurs, il était très rare de voir tuer des enfants une fois qu'ils avaient pris le sein - l'amour maternel est trop fort.

68:6.10 Il subsiste encore au vingtième siècle des restes de ces pratiques primitives de contrôle des naissances. Dans une tribu d'Australie, les mères refusent d'élever plus de deux ou trois enfants. Il n'y a pas très longtemps, les membres d'une tribu cannibale mangeaient chaque enfant cinquième né. À Madagascar, certaines tribus détruisent encore tous les enfants nés certains jours néfastes, et cette pratique provoque la mort d'environ vingt-cinq pour cent des nouveau-nés.

68:6.11 Du point de vue mondial, le surpeuplement n'a jamais posé de question grave dans le passé, mais, si les guerres se raréfient et si la science réussit à maitriser progressivement les maladies humaines, il peut devenir un problème sérieux dans un proche avenir. À ce moment-là, la grande épreuve de sagesse dans la conduite du monde se présentera. Les dirigeants d'Urantia auront-ils la clairvoyance et le courage de favoriser la multiplication d'êtres humains moyens et stabilisés, ou de favoriser celle des groupes extrêmes, d'une part ceux qui dépassent la normale et d'autre part la masse considérablement croissante des êtres inférieurs à la normale ? L'homme normal devrait être encouragé ; il est l'épine dorsale de la civilisation et la source des génie mutants de la race. L'homme inférieur à la normale devrait être gardé sous le contrôle de la société ; il ne devrait pas en être produit plus qu'il n'en faut pour travailler aux niveaux inférieurs de l'industrie, aux tâches qui demandent une intelligence dépassant le niveau animal, mais qui exigent des activités d'un niveau tellement inférieur qu'elles deviennent véritablement un esclavage et un asservissement pour les types supérieurs de l'humanité.

68:6.12 [Présenté par un Melchizédek jadis stationné sur Urantia.]

69. Les Institutions Humaines Primitives

69:0.1 SUR le plan émotionnel, l'homme transcende ses ancêtres animaux par son aptitude à apprécier l'humour, l'art et la religion. Sur le plan social, l'homme montre sa supériorité en fabriquant des outils, en communiquant sa pensée et en établissant des institutions.

69:0.2 Quand des êtres humains restent longtemps groupés en société, ces collectivités entrainent toujours la création de certaines tendances d'activités qui culminent en institutions. Presque toutes les institutions humaines ont fait apparaître une économie de travail tout en contribuant dans une certaine mesure à accroitre la sécurité collective.

69:0.3 L'homme civilisé tire une grande fierté du caractère, de la stabilité et de la permanence des institutions établies, mais toutes les institutions humaines ne représentent que l'accumulation des moeurs du passé telles qu'elles ont été conservées par les tabous et revêtues de dignité par la religion. Ces legs deviennent des traditions, et les traditions se métamorphosent finalement en conventions.

69.1  Les Institutions Humaines Fondamentales

69:1.1 Toutes les institutions humaines répondent à quelque besoin social, passé ou présent, bien que leur développement excessif amoindrisse infailliblement la valeur propre de l'individu en éclipsant la personnalité et en restreignant les initiatives. L'homme devrait contrôler ses institutions et non se laisser dominer par ces créations d'une civilisation qui progresse.

69:1.2 Les institutions humaines appartiennent à trois classes générales :

69:1.3 1. Les institutions d'autoconservation. Ces institutions comprennent les pratiques nées de la faim et des instincts de conservation qui lui sont liés. Nous citerons l'industrie, la propriété, la guerre d'intérêt et toute la machinerie régulatrice de la société. Tôt ou tard, l'instinct de la peur conduit à établir ces institutions de survivance au moyen de tabous, de conventions et de sanctions religieuses. Mais la peur, l'ignorance et la superstition ont joué un rôle prédominant dans la création et le développement ultérieur de toutes les institutions humaines.

69:1.4 2. Les institutions d'autoperpétuation. Ce sont les créations de la société nées de l'appétit sexuel, de l'instinct maternel et des sentiments affectifs supérieurs des races. Elles embrassent les sauvegardes sociales du foyer et de l'école, de la vie familiale, de l'éducation, de l'éthique et de la religion. Elles comprennent les coutumes du mariage, la guerre défensive et l'édification des foyers.

69:1.5 3. Les pratiques de satisfaction égoïste. Ce sont les pratiques nées des tendances à la vanité et des sentiments d'orgueil ; elles comprennent les coutumes d'habillement et de parure personnelle, les usages sociaux, les guerres de prestige, la danse, les amusements, les jeux et d'autres formes de plaisirs sensuels. Mais la civilisation n'a jamais produit d'institutions spéciales pour les satisfactions égoïstes.

69:1.6 Ces trois groupes de pratiques sociales sont intimement reliés et interdépendants. Ils représentent sur Urantia une organisation complexe qui fonctionne comme un seul mécanisme social.

69.2  L'Aurore de l'Industrie

69:2.1 L'industrie primitive prit lentement forme comme assurance contre les terreurs de la famine. Dès le début de son existence, l'homme commença à prendre exemple sur certains animaux qui emmagasinent de la nourriture pendant les périodes de surabondance en vue des jours de pénurie.

69:2.2 Avant l'apparition de l'ancienne économie et de l'industrie primitive, les tribus étaient en général réduites au dénuement et à de véritables souffrances. L'homme primitif devait entrer en compétition avec la totalité du monde animal pour trouver sa nourriture. Le poids de la compétition entraine toujours l'homme vers le niveau de la bête ; la pauvreté est son état naturel et tyrannique. La richesse n'est pas un don de la nature ; elle résulte du travail, de la connaissance et de l'organisation.

69:2.3 L'homme primitif se rendit rapidement compte des avantages de l'association. L'association conduisit à l'organisation, et le premier résultat de l'organisation fut la division du travail, avec son économie immédiate de temps et de matériaux. Ces spécialisations du travail naquirent d'une adaptation aux pressions extérieures - suivant les lignes de moindre résistance. Les sauvages primitifs n'ont jamais volontairement ni de bonne grâce fourni un travail réel. C'est la contrainte des nécessités qui les força à s'y plier.

69:2.4 L'homme primitif détestait travailler beaucoup et ne se dépêchait jamais, à moins de se trouver en face d'un grand danger. Le temps considéré comme élément du travail, l'idée d'accomplir une tâche donnée dans une certaine limite de durée, sont des notions entièrement modernes. Les anciens n'étaient jamais pressés par le temps. Ce fut la double exigence d'une lutte intense pour l'existence et de la progression constante des niveaux de vie qui poussa les races primitives, naturellement indolentes, dans les voies de l'industrie.

69:2.5 Le travail et les efforts de conception distinguent l'homme de la bête dont les efforts sont essentiellement instinctifs. La nécessité de travailler est la plus grande bénédiction pour l'homme. Tous les membres de l'état-major du Prince travaillaient ; ils firent beaucoup pour ennoblir le travail physique sur Urantia. Adam fut un jardinier ; le Dieu des Hébreux travaillait - il était le créateur et le soutien de toutes choses. Les Hébreux furent la première tribu à attacher un prix suprême à l'industrie ; ils furent le premier peuple à décréter que « celui qui ne travaille pas ne mangera pas » . Mais beaucoup de religions du monde retournèrent à l'idéal primitif de l'oisiveté. Jupiter était un joyeux viveur et Bouddha devint un adepte réfléchi des loisirs.

69:2.6 Les tribus Sangik furent assez industrieuses quand elles demeurèrent loin des tropiques. Mais il y eut un très, très long combat entre les adeptes paresseux de la magie et les apôtres du travail - les prévoyants de l'avenir.

69:2.7 La première prévoyance humaine eut pour objet la conservation du feu, de l'eau et de la nourriture. Mais l'homme primitif était un joueur né ; il voulait toujours avoir quelque chose pour rien et, dans ces temps anciens, les succès obtenus par un travail assidu furent trop souvent attribués à la magie. La magie mit longtemps à céder la place à la prévoyance, à l'abnégation et à l'industrie.

69.3  La Spécialisation du Travail

69:3.1 Dans la société primitive, les divisions du travail furent déterminées par des circonstances d'abord naturelles, puis sociales. L'ordre primitif des spécialisations fut le suivant :

69:3.2 1. La spécialisation fondée sur le sexe. Le travail de la femme se trouva déterminé par la présence sélective des enfants ; par nature, les femmes aiment davantage les bébés que ne le font les hommes. La femme devint ainsi la travailleuse routinière, tandis que l'homme chassait et combattait, passant par des périodes nettement marquées de travail et de repos.

69:3.3 Tout au long des âges, les tabous ont contribué à maintenir strictement la femme dans son domaine propre. L'homme a fort égoïstement choisi le travail le plus agréable, laissant à la femme les corvées courantes. L'homme a toujours eu honte de faire le travail de la femme, mais la femme n'a jamais montré de répugnance à accomplir celui de l'homme. Fait étrange à noter, l'homme et la femme ont toujours travaillé de concert à construire et meubler leur foyer.

69:3.4 2. Les modifications dues à l'âge et à la maladie. Ces différences déterminèrent la division suivante du travail : les hommes âgés et les infirmes furent chargés de bonne heure de la fabrication des outils et des armes. On les affecta plus tard à la construction des réseaux d'irrigations.

69:3.5 3. Les différenciations fondées sur la religion. Les medecine-men furent les premiers êtres humains à être exemptés de travail physique ; ils furent les pionniers des professions libérales. Les forgerons formaient un petit groupe concurrent des medecine-men comme magiciens. Leur habileté au travail des métaux les fit craindre. Les « forgerons blancs » et les « forgerons noirs » donnèrent naissance à la croyance primitive aux magies blanche et noire. Cette croyance s'attacha plus tard à la superstition des bons et des mauvais fantômes, des bons et des mauvais esprits.

69:3.6 Les forgerons furent le premier groupe non religieux à bénéficier de privilèges spéciaux. Ils étaient considérés comme neutres pendant les guerres, et ces loisirs supplémentaires les conduisirent à devenir, en tant que classe, les politiciens de la société primitive. Mais les forgerons abusèrent grossièrement de leurs privilèges et devinrent l'objet d'une haine universelle que leurs concurrents les medecine-men s'empressèrent d'attiser. Dans cette première épreuve de force entre la science et la religion, la religion, ou plutôt la superstition, triompha. Après avoir été chassés des villages, les forgerons tinrent les premières auberges, les premières hôtelleries aux abords des agglomérations.

69:3.7 4. Les maitres et les esclaves. Les relations entre vainqueurs et vaincus produisirent une nouvelle différenciation du travail, qui signifia le commencement de l'esclavage humain.

69:3.8 5. Les différenciations fondées sur divers dons physiques et mentaux. Les différences inhérentes aux hommes favorisèrent d'autres divisions du travail, car tous les êtres humains ne naissent pas égaux.

69:3.9 Les premiers spécialistes de l'industrie furent les tailleurs de silex et les maçons, puis vinrent les forgerons. Ensuite, les spécialisations collectives se développèrent ; des familles et des clans entiers se vouèrent à certains genres de travaux. L'origine de l'une des plus anciennes castes de prêtres, en dehors des sorciers tribaux provint de la glorification superstitieuse d'une famille de remarquables fabricants de sabres.

69:3.10 Les premiers spécialistes collectifs de l'industrie furent les exportateurs de sel gemme et les potiers. Les femmes fabriquaient la poterie simple et les hommes, la poterie de fantaisie. Dans certaines tribus, le tissage et la couture étaient faits par les femmes, dans d'autres, par les hommes.

69:3.11 Les premiers commerçants furent des femmes ; elles étaient employées comme espionnes, et leur commerce était un accessoire. Le commerce prit bientôt de l'expansion, les femmes servant d'intermédiaires, de revendeurs. Puis apparut une classe de marchands qui prirent une commission, un bénéfice, pour leurs services. La croissance du troc entre groupes donna naissance au commerce, et l'échange de la main-d'oeuvre spécialisée suivit l'échange des denrées.

69.4  Les Débuts du Commerce

69:4.1 De même que le mariage par contrat fit suite au mariage par capture, de même le commerce par échange suivit la saisie par raids. Mais une longue période de piraterie intervint entre les pratiques primitives du troc silencieux et le commerce ultérieur par des méthodes d'échanges modernes.

69:4.2 Les premiers trocs furent effectués par des commerçants armés qui laissaient leurs biens en un point neutre. Les femmes tinrent les premiers marchés ; elles furent les commerçants les plus anciens parce que c'étaient elles qui portaient les fardeaux ; les hommes étaient des guerriers. Les comptoirs de vente apparurent très tôt sous forme de murs suffisamment larges pour empêcher les commerçants de s'atteindre mutuellement avec leurs armes.

69:4.3 On se servait d'un fétiche pour monter la garde auprès des biens déposés pour le troc silencieux. Ces lieux de marché étaient à l'abri du vol ; rien ne pouvait en être retiré qui ne fût troqué ou vendu ; avec un fétiche de garde, les biens étaient toujours en sureté. Les premiers commerçants étaient scrupuleusement honnêtes au sein de leurs propres tribus, mais trouvaient tout à fait normal de tromper des étrangers éloignés. Les premiers Hébreux eux-mêmes observaient un code éthique distinct pour leurs affaires avec les Gentils.

69:4.4 Le troc silencieux se perpétua pendant des âges avant que les hommes n'acceptent de se réunir sans armes sur la place sacrée du marché. Ces mêmes places de marchés devinrent les premiers emplacements de sanctuaires et furent connues plus tard, dans certaines régions, comme « ville de refuge » . Tout fugitif atteignant le lieu du marché était sain et sauf, à l'abri de toute attaque.

69:4.5 Les premiers poids utilisés furent des grains de blé et d'autres céréales. La première monnaie d'échange fut un poisson ou une chèvre. Plus tard, la vache devint une unité de troc.

69:4.6 L'écriture moderne a son origine dans les premiers enregistrements commerciaux ; la première littérature de l'homme fut un document poussant au commerce, une publicité pour le sel. Beaucoup de guerres primitives furent livrées pour la possession de gisements naturels, par exemple de silex, de sel ou de métaux. Le premier traité officiel signé entre des tribus concernait l'exploitation en commun d'un gisement de sel. Ces lieux de traités fournirent à des tribus variées des occasions de se mêler et d'échanger amicalement et pacifiquement des idées.

69:4.7 L'écriture progressa en passant par les stades « du bâton-message » , des cordes à noeuds, des dessins figuratifs, des hiéroglyphes et des wampums (ceintures de coquillages) avant d'atteindre les alphabets symboliques primitifs. La transmission des messages se fit d'abord au moyen de signaux de fumée, puis de coureurs, de cavaliers, de chemins de fer et d'avions, doublés du télégraphe, du téléphone et des radiocommunications.

69:4.8 Les commerçants de l'antiquité firent circuler, dans le monde habité, des idées nouvelles et des méthodes améliorées. Le commerce, lié à l'aventure, conduisit à l'exploration et à la découverte. Et tout ceci donna naissance aux moyens de transport. Le commerce a été le grand civilisateur en provoquant la fécondation croisée des cultures.

69.5  Les Débuts du Capital

69:5.1 Le capital est un travail comportant renonciation au présent en faveur de l'avenir. Les économies représentent une forme d'assurance pour l'entretien et la survivance. La thésaurisation de la nourriture développa la maitrise de soi et créa les premiers problèmes de capital et de travail. L'homme qui possédait de la nourriture, en admettant qu'il puisse la protéger contre les voleurs, avait un net avantage sur celui qui n'en avait pas.

69:5.2 Le banquier primitif était l'homme le plus vaillant de la tribu. Il gardait en dépôt les trésors du groupe, et le clan tout entier était prêt à défendre sa hutte en cas d'attaque. L'accumulation des capitaux individuels et des richesses collectives conduisit donc immédiatement à une organisation militaire. A l'origine, ces précautions étaient destinées à défendre la propriété contre les pillards étrangers, mais on prit bientôt l'habitude de maintenir l'entrainement de l'organisation militaire en lançant des raids sur les propriétés et les richesses des tribus voisines.

69:5.3 Les mobiles essentiels de l'accumulation du capital furent :

69:5.4 1. La faim - associée à la prévoyance. L'économie et la conservation de la nourriture signifiaient puissance et confort pour ceux qui étaient assez prévoyants pour pourvoir ainsi aux besoins futurs. Le stockage de la nourriture était une bonne assurance contre les risques de famine et de désastre. Tout l'ensemble des moeurs primitives avait en réalité pour but d'aider les hommes à subordonner le présent à l'avenir.

69:5.5 2. L'amour de la famille - le désir de pourvoir à ses besoins. Le capital représente l'épargne d'un bien malgré la pression des nécessités du jour, afin de s'assurer contre les exigences de l'avenir. Une partie de ce besoin à venir peut concerner la postérité de l'épargnant.

69:5.6 3. La vanité - le désir de faire étalage de l'accumulation de ses biens. La possession de vêtements de rechange fut l'une des premières marques de distinction. La vanité du collectionneur flatta de bonne heure l'orgueil des hommes.

69:5.7 4. Le rang social - le vif désir d'acheter un prestige social et politique. Une noblesse commercialisée surgit très tôt ; l'admission dans ses rangs dépendait de services particuliers rendus à la royauté ou était ouvertement accordée contre un versement d'argent.

69:5.8 5. Le pouvoir - la soif d'être le maitre. Le prêt de trésors était employé comme moyen d'asservissement, car, dans ces temps anciens, le taux de l'intérêt était de cent pour cent par an. Les prêteurs se faisaient eux-mêmes rois en se créant une armée permanente de débiteurs. Les serviteurs esclaves comptèrent parmi les premières formes de propriété que l'on accumulait. Dans l'antiquité, l'esclavage pour dettes s'étendait même jusqu'à la possession du corps après la mort.

69:5.9 6. La peur des fantômes des morts - le salaire payé aux prêtres pour être protégé. Les hommes commencèrent de bonne heure à faire des présents funéraires aux prêtres avec l'idée que cet emploi de leurs biens faciliterait leurs progrès dans la vie future. Les prêtres devinrent ainsi très riches ; ils furent les magnats des capitalistes d'autrefois.

69:5.10 7. Le désir sexuel - le désir d'acheter une ou plusieurs femmes. La première forme de commerce entre les hommes fut l'échange de femmes ; il précéda de beaucoup le commerce des chevaux. Mais jamais le troc d'esclaves pour des raisons sexuelles n'a fait progresser la société ; un tel trafic fut et est toujours une honte raciale, car il a toujours et simultanément gêné le développement de la vie familiale et pollué les aptitudes biologiques des peuples supérieurs.

69:5.11 8. Les nombreuses formes de satisfaction égoïste. Certains ont cherché la fortune parce qu'elle conférait le pouvoir ; d'autres peinèrent pour acquérir des biens parce que cela leur rendait la vie facile. Les hommes primitifs (et d'autres plus tard) avaient tendance à dilapider leurs ressources en luxe. Les boissons alcooliques et les drogues piquaient la curiosité des races primitives.

69:5.12 A mesure que la civilisation se développa, les hommes eurent de nouvelles raisons d'épargner ; de nouveaux besoins s'ajoutaient rapidement à la faim originelle. La pauvreté devint un tel sujet d'horreur que seuls les riches étaient censés aller directement au ciel quand ils mouraient. La propriété devint une valeur si respectée qu'il suffisait de donner un festin prétentieux pour effacer le déshonneur d'un nom.

69:5.13 L'accumulation des richesses devint rapidement la marque de la distinction sociale. Dans certaines tribus, des individus allaient jusqu'à amasser des biens pendant des années uniquement pour faire sensation en les brulant à l'occasion de quelque fête ou en les distribuant largement aux membres de leur tribu. Cela en faisait de grands hommes. Les peuples modernes eux-mêmes se complaisent en de somptueuses distributions de cadeaux de Noël, tandis que les hommes riches dotent les grandes institutions philanthropiques et éducatives. Les techniques de l'homme varient, mais sa nature ne change aucunement.

69:5.14 Il est toujours équitable de rappeler que bien des hommes riches de l'antiquité distribuèrent une grande partie de leur fortune par peur d'être tués par ceux qui convoitaient leurs trésors. Des hommes fortunés sacrifiaient communément des douzaines d'esclaves pour montrer leur dédain des richesses.

69:5.15 Bien que le capital ait contribué à libérer les hommes, il a énormément compliqué leur organisation sociale et industrielle. Son emploi abusif par des capitalistes injustes n'infirme pas le fait que le capital est la base de la société industrielle moderne. Grâce à lui et aux inventions, la génération actuelle jouit d'un degré de liberté qui n'a jamais été atteint auparavant sur terre. Nous notons cela comme un fait et non pour justifier les nombreux abus que des personnes égoïstes et inconséquentes, qui en ont la garde, font du capital.

69.6  L'Importance du Feu dans la Civilisation

69:6.1 La société primitive avec ses quatre sections - industrielle, régulatrice, religieuse et militaire - se forma en employant le feu, les animaux, les esclaves et la propriété.

69:6.2 La capacité de faire du feu a séparé, d'un seul coup et pour toujours, l'homme de l'animal ; c'est l'invention ou la découverte humaine fondamentale. Le feu permit à l'homme de demeurer sur le sol la nuit, car tous les animaux en ont peur. Le feu encouragea les rapports sociaux à la tombée du jour. Non seulement il protégeait du froid et des bêtes féroces, mais il était aussi employé comme protection contre les fantômes. On rechercha d'abord sa lumière plutôt que sa chaleur ; beaucoup de tribus arriérées refusent encore aujourd'hui de dormir sans qu'une flamme brule toute la nuit.

69:6.3 Le feu fut un grand civilisateur, car il fournit à l'homme le premier moyen d'être altruiste sans rien perdre ; un homme pouvait offrir des braises à un voisin sans se priver lui-même de feu. Au foyer familial, le feu était entretenu par la mère ou par la fille ainée ; il fut le premier éducateur, car il exigeait de la vigilance et forçait à faire confiance. Le foyer primitif n'était pas constitué par une construction, mais par la famille elle-même réunie autour du feu, de l'âtre familial. Quand un fils fondait un nouveau foyer, il emportait un brandon de l'âtre familial.

69:6.4 Bien qu'Andon, l'inventeur du feu, eût évité de le traiter comme un objet d'adoration, beaucoup de ses descendants considérèrent la flamme comme un fétiche ou un esprit. Ils ne surent pas tirer bénéfice du feu pour l'hygiène, car ils se refusaient à bruler leurs détritus. L'homme primitif craignait le feu et cherchait toujours à le garder dans de bonnes dispositions ; c'est pourquoi il l'aspergeait d'encens. En aucune circonstance les anciens n'auraient craché dans un feu, pas plus qu'ils n'auraient passé entre quelqu'un et un feu allumé. L'humanité primitive tenait même pour sacrés les pyrites de fer et les silex utilisés pour allumer le feu.

69:6.5 C'était un péché d'éteindre une flamme ; si une hutte prenait feu, on la laissait bruler. Les feux des temples et des sanctuaires étaient sacrés et ne devaient jamais s'éteindre. On avait cependant coutume de rallumer de nouveaux feux chaque année ou après une calamité quelconque. Les femmes furent choisies comme prêtresses parce qu'elles étaient les gardiennes des feux familiaux.

69:6.6 Les premiers mythes sur le feu descendu de chez les dieux naquirent de l'observation d'incendies provoqués par la foudre. Les idées sur l'origine surnaturelle du feu conduisirent directement à son adoration, et le culte du feu donna naissance à la coutume du « passage dans les flammes » , pratique qui fut conservée jusqu'à l'époque de Moïse. L'idée que l'on passe à travers le feu après la mort persiste toujours. Le mythe du feu fut un grand lien dans les temps primitifs et subsiste encore dans le symbolisme des Parsis.

69:6.7 Le feu conduisit à la cuisson des aliments ; « mange-cru » devint un terme de dérision. La cuisson diminua la dépense d'énergie vitale nécessaire pour digérer la nourriture et laissa ainsi à l'homme primitif quelques forces pour se cultiver socialement ; en même temps, l'élevage réduisait l'effort indispensable pour se procurer des aliments et donnait du temps pour les activités sociales.

69:6.8 Il ne faut pas oublier que le feu ouvrit la porte à la métallurgie et conduisit plus récemment à la découverte de la puissance de la vapeur et de nos jours aux utilisations de l'électricité.

69.7  L'Emploi des Animaux

69:7.1 A l'origine, le monde animal tout entier était l'ennemi de l'homme ; les êtres humains durent apprendre à se protéger contre les bêtes. L'homme commença par manger les animaux, mais apprit plus tard à les domestiquer et à les dresser pour le servir.

69:7.2 La domestication des animaux apparut fortuitement. Les sauvages chassaient les troupeaux à peu près comme les Indiens américains chassaient le bison. En encerclant le troupeau, ils pouvaient garder le contrôle des animaux et ne les tuer que dans la mesure où ils en avaient besoin pour se nourrir. Ils construisirent plus tard des enclos et capturèrent des troupeaux entiers.

69:7.3 Il fut facile d'apprivoiser certains animaux, mais beaucoup d'entre eux, à l'instar des éléphants, ne se reproduisaient pas en captivité. On découvrit bientôt que certaines espèces supportaient la présence de l'homme et se reproduisaient en captivité. La domestication des animaux s'instaura ainsi par l'élevage sélectif, art qui a fait de grands progrès depuis l'époque de Dalamatia.

69:7.4 Le chien fut le premier animal à être domestiqué ; la difficile expérience de son dressage commença lorsqu'un certain chien, après avoir accompagné un chasseur toute une journée, le suivit jusque chez lui. Pendant des générations, le chien servit de nourriture, pour la chasse et les transports et d'animal de compagnie. A l'origine, les chiens ne faisaient que hurler, mais plus tard ils apprirent à aboyer. Le flair subtil du chien fit naître l'idée qu'il était capable de voir les esprits, et c'est ainsi qu'apparut le culte du chien-fétiche. L'emploi de chiens de garde permit pour la première fois au clan tout entier de dormir la nuit. On prit alors l'habitude d'employer des chiens de garde pour protéger le foyer contre les esprits aussi bien que contre les ennemis matériels. Quand le chien aboyait, c'était signe qu'un homme ou une bête approchait, mais, quand il hurlait, les esprits ne devaient pas être loin. Même aujourd'hui, beaucoup de gens croient encore que le hurlement d'un chien la nuit est un signe de mort.

69:7.5 Tant que les hommes furent des chasseurs, ils restèrent assez bons pour les femmes, mais, après la domestication des animaux, alors que régnait en outre la confusion de Caligastia, beaucoup de tribus traitèrent leurs femmes d'une façon honteuse, en n'ayant pas beaucoup plus d'égards pour elles que pour leurs animaux. Les traitements brutaux infligés aux femmes par les hommes constituent l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire humaine.

69.8  L'Esclavage en tant que Facteur de Civilisation

69:8.1 Les hommes primitifs n'hésitèrent jamais à réduire leurs compagnons en esclavage. La femme fut le premier esclave, un esclave familial. Les peuplades pastorales asservirent les femmes en en faisant des partenaires sexuelles inférieures. Cette sorte d'esclavage sexuel découla directement de l'indépendance accrue des hommes par rapport aux femmes.

69:8.2 Il n'y a pas si longtemps, l'esclavage était le sort des prisonniers de guerre qui refusaient la religion de leurs vainqueurs. Dans les temps les plus anciens, les captifs étaient mangés ou torturés à mort, ou contraints de se combattre mutuellement, ou sacrifiés aux esprits, ou réduits en esclavage. L'esclavage fut un grand progrès sur le massacre des vaincus et le cannibalisme.

69:8.3 L'esclavage fut un pas en avant vers un traitement plus clément des prisonniers de guerre. L'embuscade d'Aï, suivie du massacre total des hommes, des femmes et des enfants, le roi seul étant épargné pour satisfaire la vanité du vainqueur, est une image fidèle des boucheries barbares auxquelles se livraient même des peuples supposés civilisés. Le coup de main contre Og, roi de Basan, fut tout aussi brutal et radical. Les Hébreux « détruisaient complètement » leurs ennemis et s'emparaient de tous leurs biens à titre de butin. Ils imposaient un tribut à toutes les villes sous peine de « destruction de tous les mâles » . Mais beaucoup de tribus de la même époque manifestaient moins d'égoïsme tribal et avaient depuis longtemps commencé à adopter les captifs supérieurs.

69:8.4 Les chasseurs, par exemple les hommes rouges américains, ne pratiquaient pas l'esclavage. Ils adoptaient leurs captifs ou bien ils les tuaient. L'esclavage n'était pas répandu chez les peuples pasteurs parce qu'ils avaient besoin de peu d'ouvriers. En temps de guerre, les peuplades de bergers avaient l'habitude de tuer tous les hommes captifs et de n'emmener en esclavage que les femmes et les enfants. Le code de Moïse contenait des dispositions spécifiques pour que ces captives deviennent des épouses. Si elles ne plaisaient pas, les Hébreux avaient le droit de les chasser, mais ils n'avaient pas le droit de vendre comme esclaves leurs épouses répudiées - ce fut au moins un progrès de la civilisation. Bien que le niveau social des Hébreux fût grossier, il était malgré tout très supérieur à celui des tribus environnantes.

69:8.5 Les pasteurs furent les premiers capitalistes ; leurs troupeaux représentaient un capital, et ils vivaient sur l'intérêt - le croit naturel. Ils n'étaient guère enclins à confier ces richesses aux soins d'esclaves ou de femmes. Plus tard, ils firent des prisonniers masculins, qu'ils forcèrent à cultiver le sol. Telle est l'origine première du servage - l'homme attaché à la terre. Les Africains apprenaient facilement à travailler la terre, et c'est pourquoi ils devinrent la grande race esclave.

69:8.6 L'esclavage fut un maillon indispensable dans la chaine de la civilisation humaine. Il constitua le pont sur lequel la société passa du chaos et de l'indolence à l'ordre et aux activités de la civilisation ; il contraignit au travail les peuples arriérés et paresseux, ce qui procura à leurs supérieurs les richesses et les loisirs permettant le progrès social.

69:8.7 L'institution de l'esclavage força l'homme à inventer les mécanismes régulateurs de la société primitive ; elle donna naissance aux premières formes de gouvernement. L'esclavage exige une forte réglementation ; il disparut virtuellement pendant le Moyen Age européen parce que les seigneurs féodaux ne pouvaient plus contrôler leurs esclaves. Les tribus arriérées des anciens temps, tout comme les aborigènes australiens d'aujourd'hui, n'eurent jamais d'esclaves.

69:8.8 Il est vrai que l'esclavage fut opprimant, mais c'est à l'école de l'oppression que les hommes apprirent l'industrie. Les esclaves partagèrent en fin de compte les bienfaits d'une société supérieure qu'ils avaient bien involontairement contribué à bâtir. L'esclavage crée une organisation culturelle et des réalisations sociales, mais attaque bientôt insidieusement la société par l'intérieur et se révèle la plus grave des maladies sociales destructrices.

69:8.9 Les inventions mécaniques modernes ont rendu l'esclavage suranné. L'esclavage, comme la polygamie, sont en voie de disparaître parce qu'ils ne payent pas. Par contre, il s'est toujours révélé désastreux de libérer d'un seul coup un grand nombre d'esclaves ; leur émancipation progressive donne lieu à moins de troubles.

69:8.10 A l'heure actuelle, les hommes ne sont plus des esclaves sociaux, mais des milliers de personnes permettent à l'ambition de les asservir par des dettes. L'esclavage involontaire a cédé la place à une forme nouvelle et améliorée de servitude industrielle modifiée.

69:8.11 Bien que l'idéal de la société soit la liberté universelle, l'oisiveté ne devrait jamais être tolérée. Toute personne valide devrait être forcée d'accomplir une quantité de travail au moins suffisante pour la faire vivre.

69:8.12 La société moderne fait marche arrière. L'esclavage a presque disparu ; les animaux domestiques sont en train d'en faire autant, et la civilisation revient au feu - au monde inorganique - pour l'énergie dont elle a besoin. L'homme est sorti de l'état sauvage grâce au feu, à l'esclavage et aux animaux. Aujourd'hui, il reprend la route inverse ; il rejette le concours des esclaves et l'assistance des animaux, et recherche à arracher aux réserves élémentaires de la nature de nouveaux secrets et de nouvelles sources de richesses et de puissance.

69.9  La Propriété Privée

69:9.1 Bien que la société primitive fût virtuellement communautaire, les hommes primitifs ne pratiquaient pas les doctrines modernes du communisme. Le communisme de ces premiers temps n'était ni une pure théorie ni une doctrine sociale ; il était un ajustement automatique simple et pratique. Ce communisme empêchait le paupérisme et la misère. La mendicité et la prostitution étaient à peu près inconnues dans ces anciennes tribus.

69:9.2 Le communisme primitif ne nivela pas spécialement les hommes par le bas ; il n'exalta pas la médiocrité, mais donna une prime à l'oisiveté et à la paresse, étouffa l'industrie et détruisit l'ambition. Le communisme fut l'échafaudage indispensable à la croissance de la société primitive, mais il céda la place à l'évolution d'un ordre social plus élevé, parce qu'il allait à l'encontre de quatre puissantes inclinations humaines :

69:9.3 1. La famille. L'homme ne cherche pas seulement à accumuler des biens ; il désire léguer son capital à sa progéniture. Mais, dans la société communautaire primitive, le capital laissé par un homme au moment de sa mort était soit consommé immédiatement, soit réparti entre les membres de son groupe. On n'héritait pas d'une propriété - les droits successoraux étaient de cent pour cent. La coutume ultérieure d'accumuler des capitaux et de transmettre la propriété par héritage représenta un progrès social très net, et ceci en dépit des grossiers abus ultérieurs accompagnant le mauvais emploi du capital.

69:9.4 2. Les tendances religieuses. L'homme primitif voulait également se constituer une propriété comme un point de départ pour sa vie dans sa prochaine existence. Ce mobile explique pourquoi l'on garda si longtemps la coutume d'ensevelir les biens personnels d'un défunt avec lui. Les anciens croyaient que seuls les riches survivaient à la mort avec quelque dignité et plaisir dans l'immédiat. Ceux qui enseignèrent les religions révélées, et plus spécialement les éducateurs chrétiens, furent les premiers à proclamer que les pauvres pouvaient obtenir leur salut dans les mêmes conditions que les riches.

69:9.5 3. Le désir de liberté et de loisirs. Aux premiers temps de l'évolution sociale, la mainmise du groupe sur les revenus individuels était pratiquement une forme d'esclavage ; le travailleur devenait l'esclave de l'oisif. La faiblesse autodestructrice de ce communisme fut que les imprévoyants prirent l'habitude de vivre aux crochets des économes. Même dans les temps modernes, les imprévoyants comptent sur l'état (sur les contribuables économes) pour prendre soin d'eux. Ceux qui n'ont pas de capitaux s'attendent toujours à être nourris par ceux qui en ont.

69:9.6 4. Le besoin de sécurité et de puissance. Le communisme fut finalement éliminé par les fraudes d'individus progressistes et prospères qui eurent recours à divers subterfuges pour éviter de devenir esclaves des paresseux oisifs de leur tribu. Au début, toute thésaurisation fut secrète, car l'insécurité des temps primitifs empêchait d'accumuler visiblement des capitaux. Même plus tard, il fut extrêmement dangereux d'amasser de trop grandes richesses ; on était sûr que le roi forgerait quelque accusation pour confisquer les biens d'un homme fortuné. D'ailleurs, quand un homme riche mourait, les funérailles étaient retardées jusqu'à ce que la famille ait fait don d'une forte somme à une institution publique ou au roi, ce qui était une forme de taxe successorale.

69:9.7 Dans les tout premiers temps, les femmes étaient propriété de la communauté et la mère dominait la famille. Les chefs primitifs possédaient toutes les terres et étaient propriétaires de toutes les femmes ; un mariage ne pouvait se conclure sans le consentement du chef de la tribu. Quand le communisme disparut, les femmes devinrent propriété individuelle, et le père de famille assuma peu à peu le pouvoir domestique. C'est ainsi que le foyer apparut ; les coutumes prédominantes de polygamie furent progressivement remplacées par la monogamie. (La polygamie est la survivance du concept d'esclavage de la femme dans le mariage. La monogamie est l'idéal, libre de tout esclavage, de l'association incomparable d'un seul homme et d'une seule femme dans la merveilleuse et difficile entreprise d'édifier un foyer, d'élever des enfants, de se cultiver mutuellement et de s'améliorer.)

69:9.8 A l'origine, tous les biens, y compris les outils et les armes, étaient propriété commune de la tribu. La propriété privée comprit d'abord toutes les choses qu'un individu avait personnellement touchées. Si un étranger buvait dans une coupe, cette coupe était désormais la sienne. Plus tard, toute place où du sang avait été versé devenait la propriété de la personne ou du groupe blessé.

69:9.9 La propriété privée fut donc respectée à l'origine parce qu'on la supposait chargée d'une certaine partie de la personnalité de son possesseur. L'honnêteté à l'égard de la propriété reposait en sécurité sur cette superstition ; nulle police n'était nécessaire pour protéger les biens personnels. Il n'y avait pas de vols à l'intérieur du groupe, mais les hommes n'hésitaient pas à s'approprier les biens des autres tribus. Les relations de propriété ne prenaient pas fin avec la mort ; de bonne heure, les effets personnels furent brulés, puis ensevelis avec le défunt et, plus tard, hérités par la famille survivante ou par la tribu.

69:9.10 Les effets personnels d'ordre ornemental tirèrent leur origine du port d'amulettes ; la vanité doublée de la peur des fantômes amena les hommes primitifs à résister à toute tentative de les délester de leurs amulettes favorites auxquelles ils attribuaient plus de valeur qu'au nécessaire.

69:9.11 L'emplacement où il dormait fut l'une des premières propriétés de l'homme. Plus tard, des domiciles furent attribués par le chef de la tribu, qui détenait toute la propriété foncière pour le compte du groupe. Bientôt, l'emplacement du feu conféra la propriété. Plus tard encore, un puits constitua un droit sur les terres attenantes.

69:9.12 Les trous d'eau et les puits figurèrent parmi les premières possessions privées. Toutes les pratiques fétichistes furent employées pour protéger les trous d'eau, les puits, les arbres, les récoltes et le miel. Quand la foi dans les fétiches disparut, des lois furent élaborées pour protéger la propriété privée. Mais les lois sur les gibiers, les droits de chasse, précédèrent de beaucoup les lois foncières. Les hommes rouges américains ne comprirent jamais la propriété privée des terres ; ils ne pouvaient saisir le point de vue de l'homme blanc.

69:9.13 La propriété privée fut marquée de bonne heure par des insignes de famille, lointaine origine des emblèmes héraldiques. Les biens fonciers pouvaient aussi être placés sous la garde des esprits. Les prêtres « consacraient » un terrain qui reposait alors sous la protection des tabous magiques érigés sur lui. On disait des propriétaires de ce terrain qu'ils avaient un « titre de prêtre » . Les Hébreux portaient un grand respect à ces bornes familiales : « Maudit soit celui qui déplace la borne de son voisin. » Ces jalons de pierre portaient les initiales du prêtre. Les arbres eux-mêmes devenaient propriété privée quand ils étaient marqués d'initiales.

69:9.14 Dans les temps primitifs, seules les récoltes étaient propriétés privées, mais des récoltes successives conféraient un droit ; l'agriculture fut ainsi la genèse de la propriété privée des terres. Les individus ne reçurent d'abord une terre que pour la durée de leur vie ; à leur mort, la terre revenait à la tribu. Les tout premiers droits fonciers donnés aux individus par la tribu furent des tombeaux - des cimetières familiaux. A une époque plus récente, la terre appartint à ceux qui l'entourèrent d'une barrière. Mais les villes se réservèrent toujours certaines terres comme pâtures publiques et pour servir en cas de siège ; les « terrains communaux » sont la survivance des formes primitives de propriété collective.

69:9.15 Ce fut finalement l'État qui attribua la propriété aux individus, en se réservant le droit de lever des impôts. Une fois qu'ils eurent assuré leurs titres, les propriétaires fonciers purent percevoir des loyers, et la terre devint une source de revenus - un capital. Finalement la terre devint vraiment négociable, avec des ventes, des transferts, des hypothèques et des forclusions.

69:9.16 La propriété privée accrut la liberté et renforça la stabilité ; mais la possession privée de la terre ne reçut de sanction sociale qu'après l'échec du contrôle et de la direction par la communauté. Elle fut bientôt suivie de l'apparition successive d'esclaves, de serfs et de classes sociales dépourvus de terres. Mais le perfectionnement du machinisme délivre progressivement l'homme de l'esclavage des travaux serviles.

69:9.17 Le droit de propriété n'est pas absolu ; il est purement social. Mais les gouvernements, les lois, l'ordre, les droits civils, les libertés sociales, les conventions, la paix et le bonheur que connaissent les peuples modernes se sont tous développés autour de la propriété privée des biens.

69:9.18 L'ordre social actuel n'est pas nécessairement juste - il n'est ni divin ni sacré - mais l'humanité fera bien d'aller lentement pour procéder à des modifications. Le système que vous avez mis en place est bien supérieur à tous ceux qu'ont connus vos ancêtres. Quand vous changerez l'ordre social, assurez-vous que vous le ferez pour un ordre meilleur. Ne vous laissez pas convaincre d'expérimenter avec les formules rejetées par vos aïeux. Allez de l'avant, ne reculez pas ! Laissez l'évolution se poursuivre ! Ne faites pas un pas en arrière.

69:9.19 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

70. L'Évolution du Gouvernement Humain

70:0.1 À PEINE l'homme eut-il partiellement résolu le problème de sa subsistance qu'il fut confronté à la tâche de réglementer les contacts humains. Le développement de l'industrie exigeait des lois, de l'ordre et un ajustement social ; la propriété privée nécessitait un gouvernement.

70:0.2 Sur un monde évolutionnaire, les antagonismes sont naturels, la paix ne s'assure que par un système social régulateur. La réglementation sociale est inséparable de l'organisation sociale ; une association implique une autorité qui contrôle. Le gouvernement oblige à coordonner les antagonismes entre tribus, clans, familles et individus.

70:0.3 Le gouvernement est un développement inconscient ; il évolue par tâtonnements. Il possède une valeur de survie et, en conséquence, il devient traditionnel. L'anarchie accroissait la misère ; c'est pourquoi les gouvernements (la loi et l'ordre relatifs) émergèrent lentement ou sont en train d'apparaître. Les exigences coercitives de la lutte pour l'existence ont littéralement poussé la race humaine sur la route progressive de la civilisation.

70.1  La Genèse de la Guerre

70:1.1 La guerre est l'état naturel et l'héritage de l'homme en évolution ; la paix est l'étalon social mesurant le développement de la civilisation. Avant que les races en progrès n'aient été partiellement organisées au point de vue social, l'homme était très individualiste, extrêmement méfiant et querelleur à un point incroyable. La violence est la loi de la nature, l'hostilité est la réaction automatique des enfants de la nature, tandis que la guerre n'est que ces mêmes activités poursuivies collectivement. Dans toutes les circonstances où le tissu dont est fait la civilisation est soumis à des tensions à cause des complications découlant du progrès de la société, il se produit, partout et toujours, un retour immédiat et ruineux à ces méthodes initiales pour ajuster, par la violence, les frictions provenant des relations entre humains.

70:1.2 La guerre est une réaction animale contre les malentendus et les irritations ; la paix accompagne la solution civilisée de tous ces problèmes et difficultés. Les races sangiks, ainsi que plus tard les Adamites et les Nodites dégénérés, étaient tous belliqueux. Les Andonites apprirent de bonne heure la règle d'or ; aujourd'hui encore, leurs descendants Esquimaux vivent principalement selon ce code ; la coutume est forte parmi eux, et ils sont relativement exempts d'antagonismes violents.

70:1.3 Andon apprit à ses enfants à résoudre leurs litiges en les faisant frapper chacun un arbre avec un bâton tout en maudissant l'arbre ; le premier dont le bâton cassait était proclamé vainqueur. Plus tard, les Andonites réglèrent leurs différends en organisant des séances publiques au cours desquelles les adversaires se raillaient et se ridiculisaient mutuellement, tandis que l'auditoire désignait le vainqueur par acclamations.

70:1.4 Mais le phénomène de la guerre ne pouvait apparaître avant que la société ait assez évolué pour expérimenter effectivement des périodes de paix et sanctionner des pratiques guerrières. Le concept même de la guerre implique un certain degré d'organisation.

70:1.5 Après l'apparition de groupements sociaux, les irritations individuelles commencèrent à se fondre dans les sentiments collectifs, et ceci favorisa la tranquillité à l'intérieur des tribus, mais aux dépens de la paix entre tribus. La paix fut donc d'abord la prérogative du groupe interne, ou tribu, qui détestait et haïssait toujours le groupe externe, les étrangers. L'homme primitif considérait comme louable de verser le sang étranger.

70:1.6 Mais même ceci ne réussit pas au début. Quand les premiers chefs essayèrent d'aplanir des malentendus, ils se virent souvent obligés d'autoriser, au moins une fois par an, des combats à coup de pierre dans la tribu. Les membres du clan se divisaient en deux groupes et se lançaient dans une bataille qui durait toute la journée, sans aucune autre raison que de s'amuser ; ils aimaient réellement se battre.

70:1.7 La guerre subsiste parce que l'homme est humain, qu'il descend de l'animal par évolution et que tous les animaux sont belliqueux. Parmi les premières causes de guerre, on compte :

70:1.8 1. La faim, qui conduisit à des razzias sur la nourriture. La rareté des terres a toujours amené la guerre, et, au cours de ces luttes, les premières tribus pacifiques furent pratiquement exterminées.

70:1.9 2. La pénurie des femmes - une tentative pour suppléer à l'insuffisance d'aide domestique. Le rapt des femmes a toujours provoqué la guerre.

70:1.10 3. La vanité - le désir d'exhiber les prouesses de la tribu. Les groupes supérieurs combattaient pour imposer leur mode vie aux peuples inférieurs.

70:1.11 4. Les esclaves - le besoin de recrues pour la main-d'oeuvre.

70:1.12 5. La vengeance constituait le motif de guerre quand une tribu croyait qu'une autre tribu voisine avait occasionné la mort d'un des siens. Le deuil se prolongeait jusqu'à ce qu'une tête fut rapportée. La guerre de vengeance fut considérée comme justifiée jusqu'à une époque relativement moderne.

70:1.13 6. Le délassement - la guerre était envisagée comme une récréation par les jeunes de ces temps reculés. Quand il n'y avait pas de prétexte assez bon et suffisant pour déclencher une guerre, quand la paix devenait oppressante, les tribus voisines avaient l'habitude de faire des sorties de combat semi-amical afin de se lancer dans une escarmouche en tant que délassement, de jouir d'un simulacre de bataille.

70:1.14 7. La religion - le désir de convertir à un culte. Toutes les religions primitives sanctionnaient la guerre. C'est seulement tout récemment que la religion a commencé à la désapprouver. Malheureusement, l'ancien clergé était en général allié à la puissance militaire. L'une des grandes mesures des âges pour la paix fut la tentative de séparer l'Église de l'État.

70:1.15 Les anciennes tribus faisaient toujours la guerre à la demande de leurs dieux, sur ordre de leurs chefs ou de leurs sorciers. Les Hébreux croyaient en un tel « Dieu des batailles » ; l'histoire de leur raid contre les Madianites est un récit typique de la cruauté atroce des anciennes guerres de tribus ; cette attaque, avec le massacre de tous les mâles et la tuerie subséquente de tous les enfants mâles ainsi que de toutes les femmes qui n'étaient pas vierges, aurait fait honneur aux moeurs d'un chef de tribu d'il y a deux-cent-mille ans. Et tout ceci fut accompli au « nom du Seigneur Dieu d'Israël » .

70:1.16 Le présent récit décrit l'évolution de la société - la solution naturelle des problèmes des races - l'homme élaborant sa propre destinée sur terre. De telles atrocités ne sont pas commises à l'instigation de la Déité, nonobstant la tendance des hommes à en faire porter la responsabilité à leurs dieux.

70:1.17 La miséricorde militaire a été lente à se manifester dans l'humanité. Même pendant qu'une femme, Déborah, régnait sur les Hébreux, la même cruauté systématique persista. Lors de sa victoire sur les Gentils, le commandant des troupes de Déborah fit « passer toute l'armée au fil de l'épée ; il n'en subsista pas un seul » .

70:1.18 Très tôt dans l'histoire de la race, on employa des armes empoisonnées. Toutes sortes de mutilations furent pratiquées. Saül n'hésita pas à réclamer cent prépuces de Philistins comme dot à payer par David pour sa fille Mical.

70:1.19 Les premières guerres eurent lieu entre tribus entières, mais, plus tard, lorsque deux individus appartenant à des tribus différentes avaient une dispute, ils se battaient en duel au lieu d'entrainer les deux tribus dans une bataille générale. La coutume s'établit également pour deux armées de tout miser sur l'issue du combat entre deux représentants choisis de part et d'autre, comme ce fut le cas pour David et Goliath.

70:1.20 Le premier adoucissement de la guerre consista à faire des prisonniers. Puis les femmes furent exemptées des hostilités, et ensuite vint la récognition des non-combattants. Des castes militaires et des armées permanentes se développèrent bientôt pour marcher de pair avec la complexité croissante du combat. De bonne heure, il fut interdit aux guerriers de s'adjoindre des femmes et ces dernières avaient depuis longtemps cessé de combattre, bien qu'elles aient toujours nourri et soigné les soldats, et les aient exhortés à se battre.

70:1.21 La pratique de déclarer la guerre représenta un grand progrès. Ces déclarations d'intention de se battre dénotaient l'avènement d'un sens de l'équité qui fut suivi par le développement graduel des règles de la guerre « civilisée » . Très tôt, l'usage s'établit de ne pas combattre près des lieux consacrés à la religion et, plus tard, de ne point se battre pendant certains jours sanctifiés. Ensuite vint la reconnaissance générale du droit d'asile ; les réfugiés politiques reçurent une protection.

70:1.22 La guerre évolua ainsi graduellement de la primitive chasse à l'homme au système plus ordonné des nations « civilisées » plus récentes. Cependant, l'attitude sociale d'amitié ne remplace que lentement celle d'inimitié.

70.2  La Valeur Sociale de la Guerre

70:2.1 Dans les âges passés, une guerre féroce provoquait des changements sociaux et facilitait l'adoption d'idées neuves qui autrement n'auraient pas vu naturellement le jour en dix-mille ans. Le prix terrible payé pour ces avantages certains consistait en des reculs temporaires de la société à l'état sauvage ; la raison civilisée était forcée d'abdiquer. La guerre est un remède puissant, très couteux et fort dangereux ; elle guérit souvent certains troubles sociaux, mais parfois elle tue le patient, elle détruit la société.

70:2.2 La nécessité constante de la défense nationale crée de nombreux ajustements sociaux nouveaux et progressifs. De nos jours, la société jouit du bénéfice d'une longue liste d'innovations utiles qui furent d'abord uniquement militaires ; elle doit même à la guerre la danse, dont l'une des formes premières était un exercice militaire.

70:2.3 La guerre eut une valeur sociale pour les civilisations du passé parce qu'elle :

70:2.4 1. Imposait de la discipline, obligeait à la coopération.

70:2.5 2. Donnait une prime à la force d'âme et au courage.

70:2.6 3. Encourageait et renforçait le nationalisme.

70:2.7 4. Détruisait les peuples faibles et inaptes.

70:2.8 5. Supprimait l'illusion d'égalité primitive et stratifiait sélectivement la société.

70:2.9 La guerre a eu une certaine valeur évolutive et sélective, mais, tout comme l'esclavage, elle doit être un jour abandonnée au cours des lents progrès de la civilisation. Les guerres d'antan encourageaient les voyages et les relations culturelles ; maintenant, ces fins sont mieux servies par les méthodes modernes de transport et de communication. Les guerres d'antan fortifiaient les nations, mais les luttes modernes disloquent la culture civilisée. Les guerres anciennes aboutissaient à décimer les peuples inférieurs ; le résultat net des conflits modernes est la destruction sélective des meilleures souches humaines. Les guerres du passé favorisaient l'organisation et le rendement, mais ceux-ci sont maintenant devenus les buts de l'industrie moderne. Au cours des temps passés, la guerre était un ferment social qui poussait la civilisation en avant ; ce résultat s'obtient mieux maintenant par l'ambition et l'invention. Les guerres anciennes soutenaient le concept d'un Dieu des batailles, mais l'homme moderne a été informé que Dieu est amour. La guerre a servi bien des desseins utiles dans le passé, elle a été un échafaudage indispensable pour construire la civilisation, mais elle court rapidement à sa faillite culturelle - elle devient totalement incapable de donner en gains sociaux des dividendes proportionnés aux pertes terribles qui l'accompagnent.

70:2.10 Jadis, les médecins croyaient à la saignée pour guérir de nombreuses maladies, mais, depuis lors, ils ont découvert des remèdes plus efficaces pour la plupart de ces troubles. De même il faudra certainement que la saignée internationale de la guerre fasse place à la découverte de meilleures méthodes pour guérir les maux des nations.

70:2.11 Les nations d'Urantia se sont déjà engagées dans la lutte gigantesque entre le militarisme nationaliste et l'industrialisme. Sous bien des rapports, ce conflit est analogue à la lutte séculaire entre les pâtres-chasseurs et les cultivateurs. Mais, si l'industrialisme doit triompher du militarisme, il doit éviter les dangers qui l'assaillent. Les périls de l'industrie naissante sur Urantia sont :

70:2.12 1. La forte tendance au matérialisme, l'aveuglement spirituel.

70:2.13 2. L'adoration de la puissance de la richesse, la dénaturation des valeurs.

70:2.14 3. Les vices attenants au luxe, le manque de maturité culturelle.

70:2.15 4. Les dangers croissants de l'indolence, l'insensibilité à l'esprit de service.

70:2.16 5. L'accroissement d'une mollesse raciale indésirable, la dégénérescence biologique.

70:2.17 6. La menace d'esclavage industriel standardisé, la stagnation de la personnalité. Le travail ennoblit, mais les corvées fastidieuses abêtissent.

70:2.18 Le militarisme est autocrate et cruel - voire sauvage. Il favorise l'organisation sociale parmi les conquérants, mais il désintègre les vaincus. L'industrialisme est plus civilisé et devrait être mené de manière à encourager les initiatives et l'individualisme. La société devrait favoriser l'originalité par tous les moyens.

70:2.19 Ne commettez pas l'erreur de glorifier la guerre ; discernez plutôt ce qu'elle a fait pour la société afin de pouvoir imaginer plus exactement le rôle de ses substituts pour continuer à faire progresser la civilisation. À défaut de substituts adéquats, vous pouvez être certains que la guerre continuera encore longtemps.

70:2.20 Les hommes n'accepteront jamais la paix, en tant que mode normal de vie, avant d'avoir été convaincus, entièrement et à maintes reprises, que la paix est ce qu'il y a de mieux pour leur bien-être matériel, et aussi avant que la société ait sagement fourni des substituts pacifiques pour satisfaire à l'une de leurs tendances inhérentes, celle de laisser périodiquement libre cours à une poussée collective destinée à libérer les sentiments et les énergies perpétuellement accumulés provenant des réactions de l'instinct humain de conservation.

70:2.21 Mais, même en passant, la guerre devrait être honorée en tant qu'école d'expérience qui a contraint une race d'individualistes arrogants à se soumettre à une autorité hautement concentrée - un chef exécutif. La guerre à l'ancienne mode conduisait à choisir pour chefs les hommes naturellement éminents, mais la guerre moderne ne le fait plus. Pour découvrir des chefs, la société doit maintenant se tourner du côté des conquêtes pacifiques : l'industrie, la science et les réalisations sociales.

70.3  Les Associations Humaines Primitives

70:3.1 Dans la société la plus primitive, la horde est tout ; même les enfants lui appartiennent en commun. La famille évoluante remplaça la horde dans la puériculture, tandis que les clans et tribus émergeants prenaient sa place en tant qu'unités sociales.

70:3.2 L'appétit sexuel et l'amour maternel instaurent la famille, mais aucun véritable gouvernement n'apparaît avant que des groupes suprafamiliaux aient commencé à se former. Aux temps préfamiliaux de la horde, le commandement était assuré par des individus choisis sans formalités. Les Boschimans africains n'ont jamais dépassé ce stade primitif ; leurs hordes n'ont pas de chefs.

70:3.3 Les familles s'unirent par des liens de sang en clans, en assemblées de parents, et les clans se transformèrent, plus tard, en tribus, en communautés territoriales. La guerre et la pression extérieure forcèrent les clans de parenté à s'organiser en tribus, mais ce furent le commerce et le négoce qui assurèrent la cohésion de ces groupes primitifs avec un certain degré de paix intérieure.

70:3.4 La paix sur Urantia sera amenée bien davantage par des organisations de commerce international que par toute la sophistique sentimentale des plans chimériques de paix. Les relations commerciales ont été facilitées par le développement du langage et par des méthodes perfectionnées de communications, ainsi que par l'amélioration des moyens de transport.

70:3.5 L'absence d'un langage commun a toujours entravé la croissance des groupes pacifiques, mais l'argent est devenu le langage universel du commerce moderne. La cohésion de la société moderne est en grande partie assurée par le marché industriel. L'appât du gain est un important élément civilisateur quand le désir de servir s'y ajoute.

70:3.6 Au début, chaque tribu était entourée par des zones concentriques de peur et de soupçons croissants, d'où l'ancienne coutume de tuer tous les étrangers et, plus tard, de les réduire en esclavage. La vieille idée d'amitié signifiait l'adoption dans le clan ; on croyait que l'on continuait à appartenir à son clan après la mort - ce fut l'un des premiers concepts de la vie éternelle.

70:3.7 La cérémonie d'adoption consistait à boire le sang l'un de l'autre. Dans certains groupes on échangeait de la salive au lieu de boire du sang ; ce fut l'origine du baiser conventionnel. Et toutes les cérémonies d'association, qu'elles fussent de mariage ou d'adoption, se terminaient toujours par des festins.

70:3.8 Plus tard, on employa du sang dilué dans du vin rouge et, finalement, on but seulement du vin pour sceller la cérémonie d'adoption ; celle-ci était notifiée par l'attouchement des coupes de vin et consommée par l'absorption de la boisson. Les Hébreux employèrent une forme modifiée de cette cérémonie d'adoption. Leurs ancêtres arabes utilisaient le serment prêté pendant que la main du candidat reposait sur l'organe génital du natif de la tribu. Les Hébreux traitaient les étrangers adoptés avec bienveillance et fraternité. « L'étranger qui séjourne parmi vous sera pour vous comme quelqu'un né parmi vous, et tu l'aimeras comme toi-même. »

70:3.9 « L'amitié de l'hôte » était une relation d'hospitalité temporaire. Quand les invités en visite partaient, on cassait un plat en deux moitiés, dont l'une était donnée à l'ami partant pour servir d'introduction appropriée à une tierce personne qui pourrait arriver plus tard en visite. Il était de règle, pour les convives, de payer leur écot en racontant des histoires de leurs voyages et aventures. Les conteurs d'antan devinrent si populaires que les moeurs finirent par leur interdire d'exercer leurs talents aux époques de la chasse ou des moissons.

70:3.10 Les premiers traités de paix furent les « liens de sang » . Les ambassadeurs de paix de deux tribus en guerre se rencontraient, se rendaient hommage et ensuite se mettaient à piquer leur peau jusqu'à ce qu'elle saigne ; après quoi, ils suçaient mutuellement leur sang et déclaraient la paix.

70:3.11 Les premières missions de paix consistèrent en des délégations d'hommes amenant leurs plus belles jeunes filles pour assouvir l'appétit sexuel de leurs ex-ennemis, cet appétit étant utilisé pour combattre les tendances belliqueuses. La tribu ainsi honorée rendait la visite, avec son offrande de jeunes filles ; sur quoi, la paix était fermement établie et, bientôt, des mariages entre les familles des chefs étaient sanctionnés.

70.4  Clans et Tribus

70:4.1 Le premier groupe pacifique fut la famille ; vinrent ensuite le clan, la tribu et plus tard la nation, qui devint en fin de compte l'État territorial moderne. Le fait que les groupes pacifiques, de nos jours, se soient développés depuis longtemps au delà des liens du sang pour englober des nations est fort encourageant, malgré le fait que les nations d'Urantia dépensent encore des sommes immenses pour des préparatifs de guerre.

70:4.2 Les clans étaient des groupes liés par le sang, au sein de la tribu. Ils devaient leur existence à certains intérêts communs, tels que :

70:4.3 1. Leur filiation remontant à un ancêtre commun.

70:4.4 2. La fidélité à un totem religieux commun.

70:4.5 3. L'emploi d'un même dialecte.

70:4.6 4. Le partage d'un même lieu de séjour.

70:4.7 5. La crainte des mêmes ennemis.

70:4.8 6. Le partage d'une expérience militaire commune.

70:4.9 Les chefs des clans étaient toujours subordonnés au chef de la tribu ; les premiers gouvernements tribaux furent une vague confédération de clans. Les aborigènes australiens n'ont jamais développé une forme tribale de gouvernement.

70:4.10 Les chefs pacifiques des clans régnaient en général par la ligne maternelle ; les chefs guerriers des tribus établirent la ligne paternelle. La cour des chefs de tribu et des premiers rois se composait des chefs de clans. La coutume voulait qu'ils fussent invités plusieurs fois par an à se présenter devant le roi, ce qui lui permettait de les surveiller et de mieux s'assurer leur coopération. Les clans jouèrent un rôle très utile dans les autarchies locales, mais retardèrent considérablement la croissance de nations grandes et fortes.

70.5  Les Débuts du Gouvernement

70:5.1 Toute institution humaine a eu un commencement, et le gouvernement civil est un produit de l'évolution progressive au même titre que le mariage, l'industrie et la religion. À partir des premiers clans et des tribus primitives, se développèrent progressivement les régimes successifs de gouvernement humain qui ont apparu et disparu pour arriver finalement aux formes de réglementation civile et sociale qui caractérisent le deuxième tiers du XXe siècle.

70:5.2 Avec l'apparition graduelle des unités familiales, les bases du gouvernement furent établies dans l'organisation du clan, le groupement de familles consanguines. Le premier véritable corps gouvernemental fut le conseil des anciens. Ce groupe régulateur se composait d'hommes âgés qui s'étaient distingués de quelque manière efficace. La sagesse et l'expérience furent appréciées de bonne heure même par l'homme barbare, et il s'ensuivit une longue période de domination par les ainés. Ce règne oligarchique de l'âge se transforma petit à petit en l'idée du patriarcat.

70:5.3 Les premiers conseils des anciens contenaient le potentiel de toutes les fonctions gouvernementales : l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Quand le conseil interprétait les moeurs courantes, il était un tribunal ; quand il établissait de nouveaux modes d'usages sociaux, il était une assemblée législative ; dans la mesure où ces décrets et promulgations étaient mis en vigueur, il était le pouvoir exécutif. Le président du conseil des anciens fut un des précurseurs du chef de tribu subséquent.

70:5.4 Certaines tribus avaient des conseils féminins et, de temps à autre, bien des tribus furent régies par des femmes. Certaines tribus d'hommes rouges conservèrent l'enseignement d'Onamonalonton en suivant les décisions unanimes du « conseil des sept » .

70:5.5 Il a été difficile au genre humain d'apprendre que ni la paix ni la guerre ne peuvent être régies par une assemblée consultative. Les « palabres » primitives furent rarement utiles. La race apprit de bonne heure qu'une armée commandée par un groupe de chefs de clans n'avait aucune chance contre une forte armée n'ayant qu'un seul chef. La guerre a toujours engendré des rois.

70:5.6 Au début, les chefs militaires furent choisis uniquement pour le service militaire et ils abandonnèrent un peu de leur autorité pendant les périodes de paix où leurs devoirs étaient davantage d'ordre social. Mais, peu à peu, ils commencèrent à empiéter sur les intervalles de paix avec tendance à continuer leur règne d'une guerre à la suivante. Souvent, ils veillaient à ce qu'une guerre ne mît pas trop longtemps à suivre la précédente. Ces seigneurs guerriers primitifs n'aimaient point la paix.

70:5.7 Plus tard, certains chefs furent choisis pour d'autres raisons que le service militaire, et sélectionnés à cause de leurs exceptionnelles qualités physiques ou de leurs remarquables aptitudes personnelles. Les hommes rouges avaient souvent deux groupes de chefs - les sachems, ou chefs de paix, et les chefs militaires héréditaires. Les chefs de paix étaient également des juges et des éducateurs.

70:5.8 Quelques-unes des premières communautés furent régies par des medecine-men qui agirent souvent en tant que chefs. Un seul homme exerçait les fonctions de prêtre, de médecin et de chef exécutif. Les premiers insignes royaux avaient très souvent commencé par être des symboles ou des emblèmes de vêtements sacerdotaux.

70:5.9 Ce fut par ces étapes que la branche exécutive du gouvernement prit graduellement corps. Les conseils des clans et des tribus continuaient leur activité à titre consultatif et en tant que précurseurs des départements législatif et judiciaire qui apparurent plus tard. En Afrique, de nos jours, toutes ces formes de gouvernement primitifs existent effectivement parmi les diverses tribus.

70.6  Le Gouvernement Monarchique

70:6.1 Un gouvernement d'État efficace n'apparut qu'avec l'arrivée d'un chef ayant pleine autorité exécutive. Les hommes découvrirent que l'on ne peut avoir de gouvernement efficace qu'en conférant le pouvoir à une personnalité, et non en soutenant une idée.

70:6.2 Le pouvoir souverain prit naissance dans l'idée de l'autorité ou de la richesse des familles. Quand un roitelet patriarcal devenait un véritable roi, on l'appelait parfois « père de son peuple » . Plus tard, on crut que les rois étaient issus de héros. Plus tard encore, le pouvoir devint héréditaire parce que l'on croyait à l'origine divine des rois.

70:6.3 La royauté héréditaire empêchait l'anarchie qui avait précédemment sévi entre la mort d'un roi et l'élection de son successeur, et provoqué des catastrophes. La famille avait un chef biologique et le clan un chef naturel sélectionné, mais la tribu et, plus tard, l'État n'avaient pas de chef naturel ; ce fut un motif supplémentaire pour rendre héréditaires les pouvoirs des rois-chefs. L'idée des familles royales et de l'aristocratie fut également fondée sur la coutume de « posséder un nom » dans les clans.

70:6.4 La succession des rois fut finalement considérée comme surnaturelle. On crut que le sang royal remontait à l'époque de l'état-major matérialisé du Prince Caligastia. Les rois devinrent ainsi des personnalités fétiches et furent démesurément craints ; une forme spéciale de langage fut adoptée à l'usage de la cour. Encore récemment, on a cru que l'attouchement des rois guérissait les maladies, et certains peuples d'Urantia considèrent encore que leurs souverains ont une origine divine.

70:6.5 Le roi-fétiche d'antan était souvent gardé dans l'isolement ; on le considérait comme trop sacré pour être vu, sauf pendant les jours de fête ou saints. On choisissait ordinairement un représentant pour le personnifier ; c'est là l'origine des premiers ministres. Le premier fonctionnaire ministériel fut un administrateur des aliments ; d'autres ne tardèrent pas à suivre. Les souverains nommèrent bientôt des représentants chargés du commerce et de la religion ; le développement des cabinets ministériels fut une mesure directe pour dépersonnaliser l'autorité exécutive. Les adjoints des premiers rois formèrent la noblesse attitrée, et l'épouse du roi fut graduellement élevée à la dignité de reine à mesure que les femmes en vinrent à être plus estimées.

70:6.6 Des souverains sans scrupules acquirent de grands pouvoirs par la découverte de poisons. La magie pratiquée dans les premières cours était diabolique ; les ennemis du roi mouraient bientôt. Toutefois, les tyrans, même les plus despotes, étaient assujettis à certaines restrictions ; ils étaient au moins freinés par la peur toujours présente d'être assassinés. Les medecine-men, les sorciers guérisseurs et les prêtres ont toujours puissamment freiné les rois. Par la suite, l'aristocratie des propriétaires fonciers exerça une influence restrictive, et, de temps à autre, les clans et tribus se soulevaient tout simplement et renversaient leurs despotes et tyrans. Quand les souverains déposés étaient condamnés à mort, on leur accordait souvent le choix de se suicider, d'où l'origine de l'ancienne popularité du suicide en certaines circonstances.

70.7  Les Clubs Primitifs et les Sociétés Secrètes

70:7.1 Les liens du sang déterminèrent les premiers groupes sociaux. Les clans de parenté s'agrandirent par association. Les mariages intertribaux furent l'étape suivante d'accroissement du groupe, et la tribu complexe résultante forma le premier véritable corps politique. Le progrès suivant dans le développement social fut l'évolution des cultes religieux et des clubs politiques. Ils apparurent en premier lieu comme sociétés secrètes, entièrement religieuses à l'origine. Ensuite, ils fixèrent des règles. D'abord ce furent des clubs d'hommes ; plus tard apparurent des groupes de femmes. Bientôt, ils se divisèrent en deux classes : politico-sociale et mystico-religieuse.

70:7.2 Ces sociétés avaient de nombreuses raisons pour rester secrètes, telles que :

70:7.3 1. La crainte d'attirer le courroux des dirigeants pour avoir violé quelque tabou.

70:7.4 2. Le désir de pratiquer des rites religieux minoritaires.

70:7.5 3. L'intention de préserver de précieux secrets « d'esprits » ou de commerce.

70:7.6 4. La possession de quelque talisman ou de la connaissance d'une magie spéciale.

70:7.7 Le fait même du secret conférait à tous les membres de ces sociétés le pouvoir du mystère vis-à-vis du reste de la tribu. Le secret flatte également la vanité ; les initiés formaient l'aristocratie sociale de leur temps. Après leur initiation, les jeunes gens chassaient avec les hommes, tandis qu'auparavant ils cueillaient les légumes avec les femmes. Et l'humiliation suprême, la disgrâce vis-à-vis de la tribu, consistait à échouer aux épreuves de puberté et à être ainsi obligé de rester hors de la demeure des hommes en compagnie des femmes et des enfants, à être tenu pour efféminé. D'ailleurs les non-initiés n'avaient pas la permission de se marier.

70:7.8 Les peuples primitifs apprirent de très bonne heure à leurs jeunes adolescents à maitriser leurs impulsions sexuelles. La coutume s'établit de séparer les garçons de leurs parents à partir de la puberté jusqu'au mariage, et de confier leur éducation et leur formation aux sociétés secrètes des hommes. L'une des fonctions principales de ces clubs était de conserver un contrôle sur les jeunes gens adolescents afin d'éviter les naissances illégitimes.

70:7.9 La prostitution commercialisée débuta quand ces clubs d'hommes payèrent en argent le droit de disposer de femmes d'autres tribus. Mais les groupes primitifs étaient remarquablement exempts de licence sexuelle.

70:7.10 La cérémonie d'initiation de la puberté s'étendait généralement sur une période de cinq années. Beaucoup d'entailles douloureuses et de tortures que l'on s'infligeait soi-même faisaient partie de ces cérémonies. La circoncision fut pratiquée d'abord comme rite d'initiation dans une de ces confraternités secrètes. Les marques de la tribu étaient incisées sur le corps comme faisant partie de l'initiation de la puberté ; le tatouage fut à l'origine un insigne d'appartenance. De telles tortures, ainsi que de multiples privations, avaient pour but d'endurcir ces jeunes gens, de leur donner une idée des réalités de la vie et de ses tribulations inévitables. Ce résultat est mieux atteint par les jeux athlétiques et les épreuves physiques qui furent instaurés plus tard.

70:7.11 Mais les sociétés secrètes cherchaient réellement à améliorer la moralité des adolescents. L'un des buts principaux des cérémonies de puberté était de faire comprendre aux garçons qu'ils ne devaient pas toucher aux épouses des autres hommes.

70:7.12 Après ces années de discipline et d'entrainement rigoureux, et juste avant leur mariage, on laissait généralement aux jeunes gens une courte période de loisirs et de liberté après laquelle ils revenaient se marier en acceptant pour le reste de leur vie l'asservissement aux tabous de leur tribu. Cette ancienne coutume a subsisté jusqu'aux temps modernes dans l'idée stupide de « jeter sa gourme » .

70:7.13 Beaucoup de tribus sanctionnèrent ultérieurement la formation de clubs secrets de femmes, dont le but était de préparer les jeunes filles adolescentes à devenir des épouses et des mères. Après leur initiation, les jeunes filles étaient éligibles pour le mariage et recevaient la permission de participer à « la présentation des filles à marier » , les débuts mondains de cette époque. Des ordres féminins avec voeux de célibat apparurent de bonne heure.

70:7.14 Bientôt, des clubs non secrets firent leur apparition quand des groupes masculins et féminins de célibataires formèrent leurs organisations séparées. En réalité, ces associations furent les premières écoles. Tandis que les clubs d'hommes et les clubs de femmes s'adonnaient souvent à des persécutions mutuelles, certaines tribus plus évoluées, après contact avec les éducateurs de Dalamatia, expérimentèrent l'enseignement mixte avec des internats pour chaque sexe.

70:7.15 Les sociétés secrètes contribuèrent à instaurer des castes sociales, principalement à cause du caractère mystérieux de leurs initiations. Les membres de ces sociétés portèrent d'abord des masques pour effrayer les curieux et les écarter de leurs rites de deuil - du culte des ancêtres. Ce rituel se transforma plus tard en pseudoséances au cours desquelles des fantômes étaient censés avoir apparu. Les sociétés anciennes de la « nouvelle naissance » utilisaient des signes et employaient un langage secret spécial ; elles proscrivaient aussi certains aliments et boissons. Elles jouaient le rôle de police de nuit et avaient, par ailleurs, une activité très étendue dans le domaine social.

70:7.16 Toutes les associations secrètes imposaient un serment à leurs adhérents, prescrivaient la confiance et enseignaient la conservation des secrets. Ces ordres secrets impressionnaient les foules et en avaient le contrôle ; ils agissaient également comme sociétés de vigilance et pratiquaient ainsi la loi de Lynch. Leurs membres furent les premiers espions des tribus en guerre et formèrent la première police secrète en temps de paix. Mieux encore, ils maintinrent les rois peu scrupuleux dans un état d'anxiété. Pour leur faire contrepoids, les rois entretinrent leur propre police secrète.

70:7.17 Ces sociétés donnèrent naissance aux premiers partis politiques. Le premier gouvernement de parti fut celui des « forts » contre les « faibles » . Dans les temps anciens, un changement d'administration ne survenait qu'après une guerre civile qui prouvait amplement que les faibles étaient devenus forts.

70:7.18 Ces clubs furent employés par les marchands pour faire rentrer leurs créances et par les souverains pour recouvrer des impôts. La taxation fiscale a été une longue lutte, dont l'une des premières formes fut la dime, le dixième du produit de la chasse ou du butin. À l'origine, les impôts furent prélevés pour maintenir le train de vie de la maison royale, mais on découvrit qu'il était plus facile de les recouvrer en les déguisant sous forme d'une offrande pour contribuer au service des temples.

70:7.19 Petit à petit, ces associations secrètes se transformèrent en oeuvres charitables, puis évoluèrent en sociétés religieuses primitives annonciatrices des Églises. Finalement, quelques-unes de ces sociétés devinrent communes à plusieurs tribus ; ce furent les premières confréries internationales.

70.8  Les Classes Sociales

70:8.1 L'inégalité mentale et physique des êtres humains provoque l'apparition de classes sociales. Les seuls mondes sans couches sociales sont les plus primitifs ou les plus avancés. À son aurore, une civilisation n'a pas encore commencé la différenciation des niveaux sociaux, tandis qu'un monde ancré dans la lumière et la vie a, dans une large mesure, fait disparaître ces divisions de l'humanité, si caractéristiques de toutes les étapes intermédiaires de l'évolution.

70:8.2 À mesure que la société est sortie de la sauvagerie pour entrer dans la barbarie, ses composants humains ont tendu à se grouper en classes pour les raisons générales suivantes :

70:8.3 1. Raisons naturelles - contact, parenté et mariage ; les premières distinctions sociales furent basées sur le sexe, l'âge et le sang - la parenté avec le chef.

70:8.4 2. Raisons personnelles - la récognition des aptitudes, de l'endurance, de l'habileté et de la force d'âme, bientôt suivie par celle de la maitrise du langage, du savoir et de l'intelligence générale.

70:8.5 3. Raisons de chance - la guerre et l'émigration aboutirent à séparer des groupes humains. L'évolution des classes fut fortement influencée par les conquêtes, les rapports entre vainqueurs et vaincus, tandis que l'esclavage amena la première division générale de la société entre hommes libres et serfs.

70:8.6 4. Raisons économiques - riches et pauvres. La fortune et la possession d'esclaves furent une base qui engendra l'une des classes de la société.

70:8.7 5. Raisons géographiques - des classes se formèrent par suite de l'établissement de la population dans des régions urbaines ou rurales. Villes et campagnes ont respectivement contribué à la différenciation entre éleveurs-cultivateurs et marchands-industriels, avec leurs réactions et leurs points de vue divergents.

70:8.8 6. Raisons sociales - des classes se sont graduellement formées selon l'appréciation populaire de la valeur sociale de différents groupes. Parmi les première divisions de ce genre, on trouve les démarcations entre prêtres-éducateurs, chefs-guerriers, capitalistes-marchands, manoeuvres ordinaires et esclaves. L'esclave ne pouvait jamais devenir un capitaliste, mais le salarié pouvait parfois entrer dans les rangs capitalistes.

70:8.9 7. Raisons professionnelles - au fur et à mesure que les professions se multiplièrent, elles tendirent à établir des castes et des corporations. Les travailleurs se scindèrent en trois groupes : les cadres professionnels y compris les medecine-men, puis les ouvriers qualifiés et enfin les manoeuvres non spécialisés.

70:8.10 8. Raisons religieuses - les premiers clubs cultuels donnèrent naissance à leurs propres classes à l'intérieur des clans et tribus ; la piété et le mysticisme ont longtemps perpétué la prêtrise en tant que groupe social distinct.

70:8.11 9. Raisons raciales - la présence de deux ou plusieurs races, dans une nation ou une unité territoriale donnée, produit généralement des castes de couleur. Le système originel des castes aux Indes était basé sur la couleur, comme d'ailleurs celui de l'ancienne Égypte.

70:8.12 10. Raisons d'âge - jeunesse et maturité. Dans les tribus, les garçons demeuraient sous la surveillance de leur père tant que ce dernier vivait, tandis que les filles étaient laissées aux soins de leur mère jusqu'à leur mariage.

70:8.13 Des classes flexibles et mouvantes sont indispensables à une civilisation évoluante, mais, quand les classes deviennent des castes, quand les niveaux sociaux se pétrifient, le progrès de la stabilité se paye pas une déperdition de l'initiative privée. La caste sociale résout le problème de trouver votre place dans l'industrie, mais elle restreint considérablement le développement individuel et empêche pratiquement la coopération sociale.

70:8.14 Du fait que les classes sociales se sont formées naturellement, elles persisteront jusqu'à ce que les hommes arrivent à les faire disparaître progressivement par évolution en manipulant avec intelligence les ressources biologiques, intellectuelles et spirituelles d'une civilisation en progrès, et notamment les suivantes :

70:8.15 1. Le renouvellement biologique des souches raciales - l'élimination sélective des lignées humaines inférieures. Cela tendra à effacer de nombreuses inégalités humaines.

70:8.16 2. L'entrainement éducatif de la puissance cérébrale accrue par cette amélioration biologique.

70:8.17 3. La stimulation religieuse des sentiments de parenté et de fraternité humaines.

70:8.18 Mais ces mesures ne peuvent porter leurs véritables fruits que dans les lointains millénaires de l'avenir, bien que d'importantes améliorations sociales doivent suivre immédiatement le maniement intelligent, sage et patient de ces facteurs accélérateurs du progrès culturel. La religion est le puissant levier qui élève la civilisation au-dessus du chaos, mais elle est impuissante sans le point d'appui d'un mental sain et normal, solidement basé sur une hérédité également saine et normale.

70.9  Les Droits de l'Homme

70:9.1 La nature ne confère aucun droit à l'homme. Elle ne lui donne que la vie et un monde où la vivre. La nature ne lui assure même pas le droit de rester vivant, comme on peut s'en rendre compte en imaginant ce qui se passerait probablement si un homme sans armes rencontrait face à face un tigre affamé dans une forêt vierge. Le don primordial que la société fait aux hommes est la sécurité.

70:9.2 La société a graduellement affirmé ses droits qui, à l'heure présente, sont les suivants :

70:9.3 1. L'assurance d'un approvisionnement en vivres.

70:9.4 2. La défense militaire - la sécurité par l'état de préparation.

70:9.5 3. La sauvegarde de la paix interne - la prévention contre les violences personnelles et les désordres sociaux.

70:9.6 4. Le contrôle sexuel - le mariage, l'institution de la famille.

70:9.7 5. La propriété - le droit de posséder.

70:9.8 6. L'encouragement de l'émulation individuelle et collective.

70:9.9 7. La prise de dispositions pour éduquer et former la jeunesse.

70:9.10 8. L'aménagement des échanges et du commerce - le développement industriel.

70:9.11 9. L'amélioration de la condition et de la rémunération des travailleurs.

70:9.12 10. La garantie de la liberté des pratiques religieuses afin que toutes les autres activités sociales puissent être exaltées en devenant spirituellement motivées.

70:9.13 Quand des droits sont si anciens que l'on ne peut connaître leur origine, ils sont souvent appelés droits naturels. Cependant, les droits humains ne sont pas réellement naturels ; ils sont entièrement sociaux. Ils sont relatifs et toujours changeants, et ne représentent rien de plus que les règles du jeu - une mise au point reconnue des rapports qui régissent les phénomènes toujours changeants de la concurrence humaine.

70:9.14 Ce que l'on peut considérer comme un droit à une époque donnée ne l'est plus à une autre. La survie d'un grand nombre de déficients et de dégénérés n'est pas due à leur droit naturel d'encombrer la civilisation du XXe siècle, mais simplement au fait que la société de l'époque, les moeurs, l'ont ainsi décrété.

70:9.15 L'Europe du Moyen Age reconnaissait peu de droits humains. Chaque homme appartenait alors à quelqu'un d'autre, et les droits n'étaient que des privilèges ou des faveurs accordés par l'État ou l'Église. La révolte contre cette erreur fut également une erreur parce qu'elle fit croire que tous les hommes naissent égaux.

70:9.16 Les hommes faibles et inférieurs ont toujours lutté pour avoir des droits égaux ; ils ont toujours insisté pour que l'État oblige ceux qui sont forts et supérieurs à subvenir à leurs besoins et à compenser encore autrement les insuffisances qui sont trop souvent le résultat naturel de leur propre indifférence et de leur indolence.

70:9.17 Mais cet idéal d'égalité est né de la civilisation ; il ne se trouve pas dans la nature. Même la culture démontre de manière probante l'inégalité naturelle des hommes en faisant ressortir leurs capacités inégales à l'assimiler. La réalisation soudaine et non évolutive d'une prétendue égalité naturelle ferait rapidement rétrograder les hommes civilisés aux grossiers usages et coutumes des époques primitives. La société ne peut offrir des droits égaux à tous, mais elle peut promettre d'administrer loyalement et équitablement les droits variables de chacun. La société a la responsabilité et le devoir de fournir aux enfants de la nature une occasion équitable et paisible de pourvoir à leurs besoins, de participer à la reproduction et de jouir en même temps de certaines satisfactions égoïstes, la somme de ces trois facteurs constituant le bonheur humain.

70.10  L'Évolution de la Justice

70:10.1 La justice naturelle est une théorie élaborée par les hommes ; elle n'est pas une réalité. Dans la nature, la justice est purement théorique, totalement fictive. La nature ne fournit qu'une seule sorte de justice - la conformité inévitable des résultats aux causes.

70:10.2 La justice telle que les hommes la conçoivent consiste à faire valoir ses droits, et c'est pourquoi elle est une affaire d'évolution progressive. Le concept de justice peut bien faire partie constituante d'un mental doué d'esprit, mais la justice toute faite ne surgit pas spontanément dans les mondes de l'espace.

70:10.3 L'homme primitif attribuait tous les phénomènes à une personne. Quand un sauvage trépassait, on ne se demandait pas ce qui l'avait fait périr, mais qui l'avait tué. Le meurtre accidentel n'était donc pas reconnu et, lors de la punition d'un crime, le mobile du coupable n'était aucunement pris en considération. Le jugement était rendu d'après le tort causé.

70:10.4 Dans les sociétés les plus primitives, l'opinion publique agissait directement ; il n'y avait pas besoin d'agents de la justice. La vie primitive ne connaissait pas d'intimité. Les voisins d'un homme étaient responsables de sa conduite ; ils avaient donc le droit de fureter dans ses affaires personnelles. La société était réglementée d'après la théorie que la communauté des membres du groupe doit s'intéresser au comportement de chaque individu et, dans une certaine mesure, en avoir le contrôle.

70:10.5 On crut de très bonne heure que des esprits dispensaient la justice par l'entremise des medecine-men et des prêtres. Cela fit des membres de ces ordres les premiers détectives et agents de la loi. Leurs méthodes primitives pour découvrir les crimes consistaient à faire subir des ordalies du feu, du poison et de la douleur. Ces épreuves sauvages n'étaient rien de plus que de grossières techniques d'arbitrage ; elles ne réglaient pas nécessairement les différends avec justice. Par exemple, quand on administrait un poison, l'accusé était tenu pour innocent s'il le vomissait.

70:10.6 L'Ancien Testament relate une de ces ordalies, un test de culpabilité conjugale. Si un homme suspectait sa femme de lui être infidèle, il l'emmenait chez le prêtre et exposait ses soupçons, après quoi le prêtre préparait un breuvage composé d'eau bénite et de balayures du sol du temple. À la suite d'un cérémonial approprié comprenant des malédictions menaçantes, on obligeait la femme accusée à boire l'écoeurante potion. Si elle était coupable « l'eau qui cause la malédiction entrera en elle et deviendra amère, et son ventre enflera, et ses cuisses pourriront, et la femme sera en exécration à son peuple » . Si par hasard une femme pouvait avaler cette immonde boisson sans montrer de symptômes de maladie physique, elle était acquittée des accusations portées par son mari jaloux.

70:10.7 Ces méthodes atroces de détection des crimes furent pratiquées à une époque ou à une autre par presque toutes les tribus en évolution. Le duel est une survivance moderne du jugement par ordalies.

70:10.8 Il ne faut pas s'étonner que les Hébreux et d'autres tribus semi-civilisées aient pratiqué ces techniques primitives d'administration de la justice il y a plus de trois mille ans, mais il est stupéfiant que des hommes réfléchis aient ultérieurement inséré ces restes de barbarie dans les pages d'un recueil d'écrits sacrés. La simple réflexion devrait rendre évident que nul être divin n'a jamais donné aux mortels des instructions aussi injustes concernant la détection et le jugement des infidélités conjugales soupçonnées.

70:10.9 La société adopta de bonne heure l'attitude de compensation par représailles ; oeil pour oeil, vie pour vie. Les tribus en évolution reconnurent toutes le droit de vengeance par le sang. La vengeance devint le but de la vie primitive, mais, depuis lors, la religion a grandement modifié ces premières pratiques tribales. Les instructeurs de la religion révélée ont toujours proclamé : « À moi la vengeance, dit le Seigneur. » Dans les temps primitifs, les meurtres par la vengeance n'étaient pas tellement différents de ceux que l'on commet aujourd'hui en alléguant la loi non écrite.

70:10.10 Le suicide était un mode courant de représailles. Si un homme était incapable de se venger lui-même durant sa vie, il mourait persuadé qu'il pourrait revenir comme fantôme et exercer sa colère contre son ennemi. Cette croyance était très générale, et la menace de se suicider sur le seuil d'un ennemi était donc habituellement suffisante pour l'amener à composition. L'homme primitif n'attachait pas grand prix à la vie. Le suicide à propos de vétilles était commun, mais les enseignements des Dalamatiens réduisirent beaucoup cette coutume, et, à une époque plus récente, les loisirs, le confort, la religion et la philosophie se sont alliés pour rendre la vie plus douce et plus désirable. Les grèves de la faim présentent toutefois une analogie moderne avec ces anciens procédés de représailles.

70:10.11 L'une des premières expressions de progrès dans la loi tribale concernait la reprise de la vendetta comme une affaire de la tribu. Il est cependant étrange de constater que, même alors, un homme pouvait tuer sa femme sans punition, pourvu qu'il eût entièrement payé le prix de son achat. Cependant, aujourd'hui encore, les Esquimaux laissent à la famille lésée le soin de décider et d'administrer la sanction d'un crime, même s'il s'agit d'un meurtre.

70:10.12 Un autre progrès fut l'imposition d'amendes pour avoir violé un tabou, l'institution de pénalités. Ces amendes constituèrent les premiers revenus publics. La pratique de payer « l'argent du sang » entra également en vogue comme substitut de la vengeance du sang. Les dommages correspondants étaient habituellement payés en femmes ou en bétail ; il fallut longtemps pour que des amendes réelles, des compensations monétaires, fussent imposées comme punition d'un crime. Puisque l'idée de punition d'un crime représentait essentiellement une compensation, toutes les choses, y compris la vie humaine, finirent par avoir un prix que l'on pouvait payer à titre de dommages-intérêts. Les Hébreux furent les premiers à abolir la pratique de payer l'argent du sang. Moïse leur enseigna qu'ils ne devaient « point prendre de rançon pour la vie d'un meurtrier coupable d'avoir tué ; il sera certainement mis à mort » .

70:10.13 La justice fut donc exercée d'abord par la famille, ensuite par le clan et, plus tard, par la tribu. L'administration de la véritable justice date du moment où la revanche fut enlevée aux groupes privés et apparentés pour être confiée aux soins du groupe social, l'État.

70:10.14 La punition d'un coupable en le brulant vif fut jadis de pratique courante. Elle était admise par beaucoup d'anciens chefs, y compris Hammourabi et Moïse. Ce dernier ordonna que beaucoup de crimes, en particulier les crimes graves de nature sexuelle, fussent punis en brulant le coupable sur un bucher. Si « la fille d'un prêtre » ou de tout autre citoyen de marque s'adonnait publiquement à la prostitution, les Hébreux avaient coutume de le « bruler au feu » .

70:10.15 La trahison - le fait de « vendre » ou de trahir un membre de la tribu - fut le premier crime capital. Le vol du bétail était universellement puni par une exécution sommaire, et, encore récemment, le vol de chevaux a été puni de la même manière. Mais, à mesure que le temps passait, on apprit que la punition du crime avait moins de valeur préventive par sa sévérité que par sa certitude et sa rapidité.

70:10.16 Quand la société ne réussit pas à punir les crimes, la rancune du groupe s'affirme généralement sous forme de lynchage. L'établissement de sanctuaires fut un moyen d'échapper à ces accès de colère collective. Le lynchage et le duel représentent le comportement des individus qui refusent d'abandonner à l'État le redressement privé.

70.11  Lois et Tribunaux

70:11.1 Il est tout aussi difficile de faire des distinctions tranchées entre les moeurs et les lois que d'indiquer exactement, à l'aurore, à quel moment le jour a succédé à la nuit. Les moeurs sont des lois et des règlements de police en gestation. Quand elles sont établies depuis longtemps, les moeurs mal définies tendent à se cristalliser en lois précises, en règles concrètes et en conventions sociales bien précises.

70:11.2 Au commencement, la loi est toujours négative et prohibitive ; dans les civilisations en progrès, elle devient de plus en plus positive et directrice. La société primitive opérait négativement ; elle accordait à l'individu le droit de vivre en imposant à tous les autres le commandement « Tu ne tueras point » . Tout octroi de droits ou de libertés à un individu implique une restriction de la liberté de tous les autres, ce qui est effectué par le tabou, la loi primitive. L'idée tout entière du tabou est négative par inhérence, car la société primitive était entièrement négative dans son organisation, et l'administration primitive de la justice consistait à imposer les tabous. Mais, à l'origine, les lois ne s'appliquaient qu'aux membres de la tribu, comme on en vit plus tard un exemple chez les Hébreux qui avaient, pour traiter avec les Gentils, un code éthique différent de leur code intérieur.

70:11.3 Le serment prit naissance aux jours de Dalamatia dans un effort pour rendre les témoignages plus véridiques. Les serments consistaient alors à prononcer une malédiction sur soi-même. Auparavant, nul individu n'aurait voulu témoigner contre son groupe natal.

70:11.4 Le crime consistait en une attaque contre les moeurs de la tribu, le péché était la transgression des tabous bénéficiant de l'approbation des fantômes, et il y eut une longue confusion due à ce que l'on ne parvenait pas à séparer le crime du péché.

70:11.5 L'intérêt personnel fit instaurer le tabou interdisant de tuer, la société le sanctifia sous forme de moeurs traditionnelles, tandis que la religion en consacra la coutume comme une loi morale ; les trois facteurs contribuèrent ainsi à rendre la vie humaine plus sûre et plus sacrée. Dans les premiers temps, la société se serait désagrégée si les droits n'avaient pas eu la sanction de la religion ; la superstition fut la police morale et sociale des longs âges évolutionnaires. Les anciens prétendaient tous que leurs lois antiques, les tabous, avaient été données à leurs ancêtres par les dieux.

70:11.6 La loi est une transcription codifiée d'une longue expérience humaine, une opinion publique cristallisée et légalisée. Les moeurs furent la matière première, l'expérience accumulée, à partir de laquelle les intelligences directrices ultérieures formulèrent les lois écrites. Les anciens juges n'avaient pas de lois. Quand ils signifiaient une décision, ils disaient simplement : « C'est la coutume. »

70:11.7 La référence à des précédents dans les décisions des tribunaux représente l'effort des juges pour adapter les lois écrites aux conditions changeantes de la société. Elle permet l'adaptation progressive aux conditions sociales évoluantes, conjuguée avec la solennité de la continuité traditionnelle.

70:11.8 Les différends sur la propriété étaient tranchés selon des principes fort variés tels que :

70:11.9 1. La destruction de la propriété contestée.

70:11.10 2. La force - les contestants en décidaient par un combat.

70:11.11 3. L'arbitrage - une tierce partie décidait.

70:11.12 4. L'appel aux anciens - et, plus tard, aux tribunaux.

70:11.13 Les premiers tribunaux furent des rencontres pugilistiques réglementées où les juges étaient simplement des arbitres. Ils veillaient à ce que le combat se poursuive selon les règles approuvées. Avant d'engager une action devant le tribunal, chacun des lutteurs déposait une somme entre les mains du juge pour garantir le paiement des frais et de l'amende par le vaincu. « La force était encore le droit. » Plus tard, les arguments verbaux furent substitués aux coups physiques.

70:11.14 Toute l'idée de la justice primitive ne consistait pas tant à être équitable qu'à régler la contestation et à empêcher ainsi les désordres publics et la violence privée. Les hommes primitifs n'éprouvaient guère de ressentiments contre ce que l'on considérerait aujourd'hui comme une injustice ; il était admis que ceux qui disposaient du pouvoir l'emploieraient égoïstement. Néanmoins, on peut déterminer très exactement le statut de n'importe quelle civilisation par le sérieux et l'équité de ses tribunaux, et par l'intégrité de ses juges.

70.12  L'Attribution de l'Autorité Civile

70:12.1 La grande lutte dans l'évolution du gouvernement a concerné la concentration du pouvoir. Les administrateurs de l'univers ont appris par expérience que la meilleure manière de régler la vie des peuples évolutionnaires sur les mondes habités est un gouvernement civil du type représentatif où l'équilibre du pouvoir est maintenu par une bonne coordination entre les branches exécutive, législative et judiciaire.

70:12.2 Alors que l'autorité primitive était basée sur la force, sur la puissance physique, le gouvernement idéal est le système représentatif où le commandement est fondé sur l'aptitude ; mais, en ces temps de barbarie, la guerre sévissait beaucoup trop pour permettre à un gouvernement représentatif de fonctionner efficacement. Dans la longue lutte entre la division de l'autorité et l'unité de commandement, ce furent les dictateurs qui gagnèrent. Les pouvoirs initiaux et diffus du conseil primitif des anciens se concentrèrent progressivement en la personne du monarque absolu. Après l'instauration de véritables rois, les groupes d'anciens subsistèrent comme corps consultatifs quasi législatifs-judiciaires. Plus tard, des législatures à statut coordonné firent leur apparition, et, finalement, des cours suprêmes de jugement furent établies en dehors des législatures.

70:12.3 Les rois faisaient appliquer les moeurs, la loi originelle non écrite. Plus tard, ils imposèrent les actes législatifs, la cristallisation de l'opinion publique. Les assemblées populaires en tant qu'expression de l'opinion publique furent lentes à apparaître, mais marquèrent un grand progrès social.

70:12.4 Les pouvoirs des premiers rois étaient grandement limités par les moeurs - par la tradition ou l'opinion publique. À une époque plus récente, certaines nations d'Urantia ont codifié ces moeurs en des documents formant une base pour gouverner.

70:12.5 Les mortels d'Urantia ont droit à la liberté. Il leur appartient de créer leurs systèmes gouvernementaux, d'adopter leurs constitutions ou d'autres chartes d'autorité civile et de procédure administrative. Après avoir fait cela, ils devraient choisir pour chefs exécutifs leurs compagnons les plus compétents et les plus dignes. Ils ne devraient élire, pour représentants dans la branche législative, que des personnes intellectuellement et moralement qualifiées pour en assumer les responsabilités sacrées ; et, pour juges de leurs tribunaux élevés et suprêmes, que des personnes douées d'une aptitude naturelle et rendues sages par une profonde expérience.

70:12.6 Si les hommes veulent conserver leur liberté, il leur faut, après avoir choisi leur charte de libération, s'arranger pour qu'elle soit interprétée sagement, intelligemment et sans peur, afin d'empêcher :

70:12.7 1. L'usurpation d'un pouvoir injustifié par la branche exécutive ou par la branche législative.

70:12.8 2. Les machinations d'agitateurs ignorants et superstitieux.

70:12.9 3. Le retard dans les progrès scientifiques.

70:12.10 4. L'impasse de la domination par la médiocrité.

70:12.11 5. La domination par des minorités corrompues.

70:12.12 6. Le contrôle par des aspirants dictateurs ambitieux et habiles.

70:12.13 7. Les dislocations désastreuses dues aux paniques.

70:12.14 8. L'exploitation par des hommes sans scrupules.

70:12.15 9. La transformation des citoyens en esclaves fiscaux de l'État.

70:12.16 10. Le défaut d'équité sociale et économique.

70:12.17 11. L'union de l'Église et de l'État.

70:12.18 12. La perte de la liberté personnelle.

70:12.19 Tels sont les desseins et les buts des tribunaux constitutionnels agissant comme gouverneurs sur les rouages du gouvernement représentatif d'un monde évolutionnaire.

70:12.20 La lutte de l'humanité pour perfectionner le gouvernement sur Urantia concerne la mise au point des canaux administratifs, leur adaptation aux besoins courants en perpétuel changement, l'amélioration de la répartition des pouvoirs à l'intérieur du gouvernement, et ensuite la sélection de chefs administratifs vraiment sages. Il existe une forme de gouvernement divine et idéale, mais elle ne peut être révélée ; elle doit être lentement et laborieusement découverte par les hommes et les femmes de chaque planète dans tous les univers du temps et de l'espace.

70:12.21 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

71. Développement de l'État

71:0.1 L'ETAT marque une évolution utile de la civilisation ; il représente le gain net que la société a retiré des ravages et des souffrances de la guerre. Même l'habileté politique n'est qu'une accumulation de techniques pour ajuster les rivalités de forces entre les tribus et nations en lutte.

71:0.2 L'État moderne est l'institution qui a survécu dans la longue bataille pour le pouvoir collectif. Un pouvoir supérieur a finalement prévalu et produit une créature de fait - l'État - avec le mythe moral que le citoyen est absolument obligé de vivre et de mourir pour l'État. Mais l'État n'a pas de genèse divine ; il n'a même pas été fondé par une action humaine intelligemment voulue ; il est purement une institution évolutionnaire et a pris naissance d'une manière entièrement automatique.

71.1  L'État Embryonnaire

71:1.1 L'État est une organisation réglementaire territoriale et sociale. L'État le plus fort, le plus efficace et le plus durable se compose d'une seule nation dont la population possède un langage, des moeurs et des institutions communes.

71:1.2 Les premiers États étaient petits et furent tous le résultat de conquêtes. Ils ne naquirent pas d'associations volontaires. Beaucoup furent fondés par des nomades conquérants qui s'abattaient sur de paisibles bergers ou sur des cultivateurs établis pour les subjuguer et les réduire en esclavage. Ces États résultant de conquêtes étaient obligatoirement stratifiés ; les classes étaient inévitables, et les luttes de classes ont toujours été sélectives.

71:1.3 Les tribus nordiques d'hommes rouges américains ne réussirent jamais à s'organiser réellement en État. Elles ne progressèrent pas au delà d'une vague confédération de tribus, une forme d'État très primitive. Celle qui se rapprocha le plus d'un véritable État fut la fédération des Iroquois, mais ce groupe de six nations ne fonctionna jamais tout à fait comme un État et ne réussit pas à survivre parce qu'il lui manquait certains éléments essentiels de la vie nationale moderne tels que :

71:1.4 1. L'acquisition et l'héritage de la propriété privée.

71:1.5 2. Des villes doublées d'une industrie et d'une agriculture.

71:1.6 3. Des animaux domestiques utiles.

71:1.7 4. Une organisation pratique de la famille. Les hommes rouges s'accrochaient à la famille maternelle et à l'héritage d'oncle à neveu.

71:1.8 5. Un territoire défini.

71:1.9 6. Un chef exécutif vigoureux.

71:1.10 7. L'esclavage des prisonniers - ils les adoptaient ou les massacraient.

71:1.11 8. Des conquêtes décisives.

71:1.12 Les hommes rouges étaient trop démocratiques ; ils avaient un bon gouvernement, mais qui échoua. Ils auraient finalement donné naissance à un État s'ils n'avaient prématurément rencontré la civilisation plus avancée des hommes blancs qui employaient les méthodes gouvernementales des Grecs et des Romains.

71:1.13 La réussite de l'État romain fut basée sur :

71:1.14 1. La famille paternelle.

71:1.15 2. L'agriculture et la domestication des animaux.

71:1.16 3. La concentration de la population - les villes.

71:1.17 4. La propriété privée des objets et de la terre.

71:1.18 5. L'esclavage - les classes de citoyens.

71:1.19 6. La conquête et la réorganisation des peuples faibles et arriérés.

71:1.20 7. Un territoire défini avec des routes.

71:1.21 8. Des chefs personnels et forts.

71:1.22 La grande faiblesse de la civilisation romaine, et l'un des facteurs de l'effondrement final de l'empire, fut la prise de dispositions soi-disant libérales et progressistes pour émanciper les garçons à vingt-et-un ans et pour libérer inconditionnellement les jeunes filles en leur laissant la faculté d'épouser un homme de leur choix ou de circuler dans le pays en s'adonnant à l'immoralité. Le tort causé à la société ne provint pas de ces réformes elles-mêmes, mais de la manière soudaine et générale dont elles furent adoptées. L'effondrement de Rome montre à quoi l'on peut s'attendre quand un État subit une expansion trop rapide accompagnée d'une dégénérescence interne.

71:1.23 L'État embryonnaire fut rendu possible par le déclin des liens du sang au profit des liens territoriaux, et ces fédérations de tribus étaient généralement cimentées fermement par des conquêtes. Un véritable État est caractérisé par une souveraineté qui transcende toutes les disputes mineures et les différences entre les groupes ; cependant, de nombreuses classes et castes subsistent dans les organisations d'État plus tardives, comme vestiges des tribus et clans des anciens temps. Les États territoriaux plus grands et ultérieurs livrèrent une bataille longue et acharnée à ces groupes de clans consanguins et moins nombreux, et le gouvernement tribal se révéla comme une précieuse transition entre l'autorité de la famille et celle de l'État. Au cours des temps plus récents, de nombreux clans prirent origine dans le commerce et dans d'autres associations industrielles.

71:1.24 Quand l'État ne réussit pas à s'intégrer, il en résulte une régression des techniques gouvernementales aux conditions antérieures ; on en trouve un exemple dans le féodalisme du Moyen Age européen. Durant cet âge de ténèbres, l'État territorial s'effondra ; on en revint aux petits groupes des châteaux-forts et à la réapparition des clans et des stades tribaux de développement. Des semi-États semblables existent encore maintenant en Asie et en Afrique, mais ils ne représentent pas tous des régressions évolutionnaires ; beaucoup forment les noyaux embryonnaires des États de l'avenir.

71.2  L'Évolution du Gouvernement Représentatif

71:2.1 Bien que la démocratie soit un idéal, elle est un produit de la civilisation et non de l'évolution. Allez lentement ! Choisissez soigneusement ! Car voici les dangers de la démocratie :

71:2.2 1. La glorification de la médiocrité.

71:2.3 2. Le choix des chefs ignorants et vils.

71:2.4 3. L'incapacité de reconnaître les faits fondamentaux de l'évolution sociale.

71:2.5 4. Le danger du suffrage universel aux mains de majorités frustes et indolentes.

71:2.6 5. L'obéissance servile à l'opinion publique ; la majorité n'a pas toujours raison.

71:2.7 L'opinion publique, l'opinion commune, a toujours retardé la société. Elle est néanmoins précieuse, car, tout en freinant l'évolution sociale, elle préserve la civilisation. L'éducation de l'opinion publique est la seule méthode saine et sûre pour accélérer la civilisation. La force n'est qu'un expédient temporaire, et la croissance culturelle sera d'autant plus accélérée que les balles de fusil céderont la place aux bulletins de vote. L'opinion publique (les moeurs) est l'énergie fondamentale et originelle dans l'évolution sociale et le développement de l'État ; mais, pour avoir une valeur pour l'État, il faut que son expression soit dépourvue de violence.

71:2.8 La mesure du progrès d'une société est directement déterminée par le degré auquel l'opinion publique parvient à contrôler la conduite personnelle et les règlements d'État sans recourir à la violence. L'apparition du premier gouvernement réellement civilisé coïncida avec le moment où l'opinion publique fut investie des pouvoirs du droit de vote personnel. Les élections populaires ne décident pas toujours de la chose correcte à faire, mais elles représentent la manière juste de commettre même une erreur. L'évolution ne produit pas instantanément une perfection superlative, mais plutôt un ajustement comparatif avec des progrès pratiques.

71:2.9 L'évolution d'une forme pratique et efficace de gouvernement représentatif comporte les dix étapes ou stades suivants :

71:2.10 1. La liberté des personnes. L'esclavage, le servage et toutes les formes de servitude humaine doivent disparaître.

71:2.11 2. La liberté mentale. À moins qu'une population libre ne soit éduquée - qu'on lui ait appris à penser intelligemment et à faire des projets sagement - la liberté fait généralement plus de mal que de bien.

71:2.12 3. Le règne de la loi. On ne peut jouir de la liberté que si la volonté et les caprices des chefs humains sont remplacés par des actes législatifs conformes à la loi fondamentale acceptée.

71:2.13 4. La liberté de parole. Un gouvernement représentatif est impensable sans la possibilité pour les aspirations et opinions humaines de s'exprimer librement sous toutes les formes.

71:2.14 5. La sécurité de la propriété. Nul gouvernement ne peut durer longtemps s'il ne réussit pas à assurer le droit de jouir de la propriété privée sous une forme quelconque. Les hommes ont le désir ardent d'utiliser leurs biens personnels, d'en avoir le contrôle, de les donner, de les vendre, de les louer et de les léguer.

71:2.15 6. Le droit de pétition. Un gouvernement représentatif implique le droit pour les citoyens d'être entendus. Le privilège de la pétition est inhérent à la libre citoyenneté.

71:2.16 7. Le droit de gouverner. Il ne suffit pas d'être entendu. Il faut que le pouvoir de pétition progresse jusqu'à la direction effective du gouvernement.

71:2.17 8. Le suffrage universel. Le gouvernement représentatif présuppose un électorat intelligent, efficace et universel. Le caractère de ce gouvernement sera toujours déterminé par le caractère et l'envergure de ceux qui le composent. À mesure que la civilisation progressera, le suffrage, tout en restant universel pour les deux sexes, sera efficacement modifié, regroupé et différencié encore autrement.

71:2.18 9. Le contrôle des fonctionnaires. Nul gouvernement civil ne jouera de rôle utile et efficace à moins que ses citoyens ne possèdent et n'emploient de sages techniques pour guider et contrôler les détenteurs de charges publiques et les fonctionnaires.

71:2.19 10. Des représentants intelligents et formés. La survie de la démocratie dépend de la réussite des gouvernements représentatifs, et cette réussite est conditionnée par la pratique de ne nommer aux charges publiques que les individus techniquement formés, intellectuellement compétents, socialement loyaux et moralement dignes. Ces dispositions sont indispensables pour préserver le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

71.3  Les Idéaux de l'État

71:3.1 La forme politique ou administrative d'un gouvernement a peu d'importance pourvu qu'elle fournisse les éléments essentiels du progrès civil - la liberté, la sécurité, l'éducation et la coordination sociale. Le cours de l'évolution sociale est déterminé par ce que l'État fait, et non par ce qu'il est. Après tout, nul État ne peut transcender les valeurs morales de ses citoyens mises en évidence par leurs chefs choisis. L'ignorance et l'égoïsme assurent la chute d'un gouvernement, même du type le plus élevé.

71:3.2 Si regrettable que ce soit, l'égoïsme national a été indispensable à la survie sociale. La doctrine du peuple élu a été un facteur primordial dans la fusion des tribus et l'édification des nations jusque dans les temps modernes. Mais nul État ne peut atteindre des niveaux idéaux de fonctionnement avant que toutes les formes d'intolérance aient été maitrisées. L'intolérance est éternellement l'ennemi du progrès humain ; la meilleure manière de la combattre est de coordonner la science, le commerce, les divertissements et la religion.

71:3.3 L'État idéal fonctionne sous la poussée de trois puissantes impulsions coordonnées :

71:3.4 1. La loyauté bienveillante dérivée de la réalisation de la fraternité humaine.

71:3.5 2. Le patriotisme intelligent basé sur de sages idéaux.

71:3.6 3. La clairvoyance cosmique interprétée en termes de faits, de besoins et de buts planétaires.

71:3.7 Les lois de l'État idéal sont peu nombreuses. Elles ont dépassé l'âge négatif des tabous pour entrer dans l'ère du progrès positif de la liberté individuelle résultant d'une meilleure maitrise de soi. Non seulement un État supérieur oblige ses citoyens à travailler, mais il les incite à utiliser de façon profitable et exaltante les loisirs croissants dont ils peuvent jouir à mesure que le progrès de l'âge des machines les libèrent des corvées. Les loisirs doivent contribuer à produire aussi bien qu'à consommer.

71:3.8 Nulle société n'a progressé bien loin en autorisant la paresse et en tolérant la misère. D'autre part, il est impossible d'éliminer la pauvreté et la dépendance tant que l'on soutient largement des lignées tarées et dégénérées, et qu'on leur permet de se reproduire librement.

71:3.9 Une société morale devrait viser à préserver le respect de soi parmi ses citoyens et à fournir à tout individu normal des chances convenables de réalisation de soi. L'adoption de ce plan d'accomplissement social donnerait naissance à une société culturelle de l'ordre le plus élevé. L'évolution sociale devrait être encouragée par une supervision gouvernementale exerçant un minimum de contrôle réglementaire. Le meilleur État est celui qui coordonne le plus en gouvernant le moins.

71:3.10 Les idéaux de l'État doivent être atteints par évolution, par la lente croissance de la conscience civique, par la récognition que le service social est une obligation et un privilège. Après la fin de l'administration par les pillards politiques, les hommes commencent par assumer les fardeaux du gouvernement comme un devoir, mais, plus tard, ils recherchent ce ministère comme un privilège, comme le plus grand des honneurs. Le statut d'un niveau quelconque de civilisation est fidèlement dépeint par l'envergure des citoyens qui se portent volontaires pour accepter les responsabilités de l'État.

71:3.11 Dans un État démocratique véritable, le gouvernement des villes et des provinces est assuré par des experts et organisé exactement comme toutes les autres formes d'associations de personnes dans les domaines économiques et commerciaux.

71:3.12 Dans les États évolués, on estime que le service politique représente le plus haut degré de dévouement de la citoyenneté. La plus grande ambition des citoyens les plus sages et les plus nobles est de gagner la récognition civile, d'être élus ou nommés à un poste gouvernemental de confiance. Les gouvernements de ces États confèrent leurs plus hauts honneurs, en reconnaissance de services, à leurs fonctionnaires civils et sociaux. Les honneurs sont ensuite octroyés, dans l'ordre suivant, aux philosophes, aux éducateurs, aux savants, aux industriels et aux militaires. Les parents sont dument récompensés par l'excellence de leurs enfants. Quant aux chefs purement religieux, ils sont les ambassadeurs d'un royaume spirituel et reçoivent leur véritable récompense dans un autre monde.

71.4  La Civilisation Progressive

71:4.1 L'économie, la société et le gouvernement doivent évoluer s'ils veulent subsister. Les conditions statiques sur un monde évolutionnaire dénotent la décadence. Seules persistent les institutions qui vont de l'avant avec le courant de l'évolution.

71:4.2 Le programme progressif d'une civilisation en expansion englobe :

71:4.3 1. La préservation des libertés individuelles.

71:4.4 2. La protection des foyers.

71:4.5 3. La promotion de la sécurité économique.

71:4.6 4. La lutte préventive contre les maladies.

71:4.7 5. L'instruction obligatoire.

71:4.8 6. L'emploi obligatoire.

71:4.9 7. L'utilisation profitable des loisirs.

71:4.10 8. Les soins aux malheureux.

71:4.11 9. L'amélioration de la race.

71:4.12 10. La promotion des sciences et des arts.

71:4.13 11. L'avancement de la philosophie - la sagesse.

71:4.14 12. L'accroissement de la clairvoyance cosmique - la spiritualité.

71:4.15 Ces progrès dans les arts de la civilisation conduisent directement à la réalisation des buts humains et divins les plus élevés recherchés par les mortels - l'accomplissement social de la fraternité des hommes et le statut personnel d'être conscient de Dieu. Ce statut se révèle dans le désir suprême de chaque individu de faire la volonté du Père qui est aux cieux.

71:4.16 L'apparition d'une fraternité authentique signifie qu'un ordre social est arrivé où tous les hommes se réjouissent de porter les fardeaux les uns des autres et désirent réellement pratiquer la règle d'or. Toutefois, une telle société idéale ne peut voir le jour tant que les faibles et les méchants ne cessent de guetter l'occasion de tirer des avantages injustes et impies de ceux qui sont principalement poussés par leur dévouement au service de la vérité, de la beauté et de la bonté. Dans cette situation, il n'y a qu'une seule ligne de conduite pratique à suivre. Les adeptes de la règle d'or peuvent établir une société progressiste dans laquelle ils vivront selon leurs idéaux, tout en maintenant une défense adéquate contre leurs compagnons ignorants qui pourraient chercher soit à exploiter leur prédilection pour la paix, soit à détruire leur civilisation en progrès.

71:4.17 L'idéalisme ne peut jamais survivre sur une planète en évolution si les idéalistes de chaque génération se laissent exterminer par les ordres humains inférieurs. Le grand test de l'idéalisme est le suivant : une société évoluée peut-elle maintenir un état de préparation militaire qui assure sa sécurité contre toute attaque par ses voisins belliqueux, sans céder à la tentation d'employer cette force militaire en opérations offensives contre d'autres peuples en vue de bénéfices égoïstes ou d'agrandissement national ? La survie nationale exige un état de préparation, et seul l'idéalisme religieux peut empêcher de prostituer la préparation en agression. Seul l'amour (la fraternité) peut détourner les forts d'opprimer les faibles.

71.5  L'Évolution de la Compétition

71:5.1 La compétition est indispensable au progrès social, mais, si elle est désordonnée, elle engendre la violence. Dans la société actuelle, la compétition est en voie de remplacer lentement la guerre en déterminant la place de chaque individu dans l'industrie en même temps qu'elle décide de la survie des industries elles-mêmes. (Le meurtre et la guerre ont des statuts différents devant les moeurs ; le meurtre a été mis hors la loi depuis les premiers jours de la société, tandis que la guerre n'a encore jamais été proscrite par l'humanité dans son ensemble.)

71:5.2 Un État idéal n'entreprend de régler la conduite sociale que juste assez pour éliminer la violence dans la compétition individuelle et pour empêcher l'injustice dans l'initiative personnelle. Voici un grand problème pour les hommes d'État : Comment peut-on garantir la paix et la tranquillité dans l'industrie, faire payer les impôts pour soutenir le pouvoir de l'État et, en même temps, empêcher la fiscalité de handicaper l'industrie, et l'État de devenir parasitaire ou tyrannique ?

71:5.3 Dans les âges primitifs de tous les mondes, la compétition est indispensable au progrès de la civilisation. À mesure que l'évolution des hommes progresse, la coopération devient de plus en plus effective ; dans les civilisations avancées, elle est plus efficace que la compétition. Les hommes primitifs sont stimulés par la compétition. L'évolution primitive est caractérisée par la survie des êtres biologiquement valides, mais la meilleure manière de promouvoir les civilisations ultérieures est la coopération intelligente, la confrérie compréhensive et la fraternité spirituelle.

71:5.4 Il est exact que la concurrence industrielle conduit à des gaspillages excessifs et qu'elle est très inefficace, mais nulle tentative pour éliminer cette perte d'activité économique ne devrait être encouragée si les ajustements correspondants impliquent la plus légère atteinte à l'une quelconque des libertés individuelles fondamentales.

71.6  Le Mobile du Profit

71:6.1 L'économie d'aujourd'hui, motivée par la recherche du profit, est condamnée, à moins que les mobiles de service ne puissent s'ajouter aux mobiles de profit. La concurrence impitoyable basée sur l'intérêt égoïste à vues étroites finit par détruire les choses mêmes qu'elle cherche à maintenir. L'intention de rechercher exclusivement un profit pour soi-même est incompatible avec les idéaux chrétiens - et bien plus encore avec les enseignements de Jésus.

71:6.2 Dans l'économie, la recherche du profit se situe, par rapport à la recherche du service, à la même place relative que la peur par rapport à l'amour dans la religion. Mais il ne faudrait pas détruire ou supprimer brusquement la recherche du profit. Elle maintient assidument au travail bien des mortels qui autrement seraient indolents. Elle stimule l'énergie sociale, mais il n'est pas nécessaire que ses objectifs restent perpétuellement égoïstes.

71:6.3 La recherche du profit dans les activités économiques est entièrement vile et totalement indigne d'un ordre social avancé ; elle est néanmoins un facteur indispensable dans les phases initiales de la civilisation. Il ne faut pas enlever aux hommes le mobile du profit avant qu'ils aient fermement incorporé des buts non lucratifs dans leurs efforts économiques et leurs services sociaux - le besoin transcendant d'une sagesse superlative, d'une fraternité fascinante et d'une perfection dans l'accomplissement spirituel.

71.7  L'Éducation

71:7.1 Un État durable est fondé sur la culture, dominé par des idéaux et motivé par le service. Le but de l'éducation devrait consister à acquérir de l'habileté, rechercher la sagesse, réaliser son individualité et atteindre les valeurs spirituelles.

71:7.2 Dans l'État idéal, l'éducation continue tout au long de la vie, et la philosophie devient parfois la principale visée de ses citoyens. Les membres d'un tel État démocratique recherchent la sagesse pour accroitre leur clairvoyance concernant le sens des relations humaines, les significations de la réalité, la noblesse des valeurs, les buts de la vie et les gloires de la destinée cosmique.

71:7.3 Les Urantiens devraient avoir la vision d'une société culturelle nouvelle et supérieure. L'éducation fera un bond et atteindra de nouveaux niveaux de valeur lors de la disparition du système économique purement basé sur la recherche du profit. L'éducation a été trop longtemps régionaliste et militariste, exaltant l'ego et cherchant le succès personnel ; il faut qu'elle devienne finalement mondiale et idéaliste, permettant aux individus de s'épanouir et de saisir le point de vue cosmique.

71:7.4 L'éducation est récemment sortie de l'emprise du clergé pour passer sous celle des hommes de loi et des hommes d'affaires. En fin de compte, elle devra être confiée aux philosophes et aux savants. Il faut que les éducateurs soient des êtres libres, de vrais meneurs d'hommes, afin que la philosophie, la recherche de la sagesse, puisse devenir la principale visée de l'éducation.

71:7.5 L'éducation, c'est l'affaire de toute la vie ; il faut que l'éducation continue pendant toute la vie, de façon que l'humanité acquière graduellement l'expérience des niveaux ascendants de la sagesse humaine, qui sont les suivants :

71:7.6 1. La connaissance des choses.

71:7.7 2. La réalisation des significations.

71:7.8 3. L'appréciation des valeurs.

71:7.9 4. La noblesse du travail - le devoir.

71:7.10 5. La motivation des buts - la moralité.

71:7.11 6. L'amour du service - le caractère.

71:7.12 7. La clairvoyance cosmique - le discernement spirituel.

71:7.13 Ensuite, grâce à ces accomplissements, nombre d'hommes s'élèveront au niveau ultime que le mental mortel puisse atteindre, la conscience de Dieu.

71.8  Le Caractère de l'État

71:8.1 Le seul caractère sacré de tout gouvernement humain est la division de l'État en trois domaines, ceux des fonctions exécutive, législative et judiciaire. L'univers est administré selon un tel plan qui sépare les fonctions et l'autorité. À part ce divin concept de réglementation sociale ou de gouvernement civil efficace, peu importe la forme d'État qu'un peuple se choisisse, pourvu que la citoyenneté progresse toujours vers le but d'un meilleur contrôle de soi-même et de services sociaux accrus. L'acuité intellectuelle, la sagesse économique, l'intelligence sociale et le courage moral d'un peuple se reflètent fidèlement dans l'aspect de l'État.

71:8.2 L'évolution de l'État entraine une progression de niveau en niveau comme suit :

71:8.3 1. La création d'un gouvernement triple ayant des départements exécutifs, législatifs et judiciaires.

71:8.4 2. La liberté pour des citoyens d'exercer des activités sociales, politiques et religieuses.

71:8.5 3. L'abolition de toutes les formes d'esclavage et de servitude humaine.

71:8.6 4. La capacité des citoyens à réglementer l'établissement des impôts.

71:8.7 5. L'instauration d'une éducation universelle - l'instruction depuis le berceau jusqu'à la tombe.

71:8.8 6. L'ajustement approprié entre les autorités locales et le gouvernement national.

71:8.9 7. L'encouragement de la science et la victoire sur la maladie.

71:8.10 8. La juste récognition de l'égalité des sexes et la fonction coordonnée des hommes et des femmes, au foyer, à l'école et à l'église, avec des services féminins spécialisés dans l'industrie et le gouvernement.

71:8.11 9. L'élimination de l'esclavage des corvées par l'invention de machines, et la maitrise subséquente de l'âge mécanique.

71:8.12 10. La victoire sur les dialectes - le triomphe d'un langage universel.

71:8.13 11. La fin des guerres - l'arbitrage international des différends raciaux et nationaux par des cours continentales de nations, coiffées par un tribunal planétaire suprême recruté automatiquement parmi les chefs des cours continentales arrivant périodiquement à la retraite. Les décisions des tribunaux continentaux sont exécutoires ; le rôle du tribunal mondial est consultatif - moral.

71:8.14 12. La tendance, dans le monde entier, à rechercher la sagesse - l'exaltation de la philosophie. L'évolution d'une religion mondiale laissant présager l'entrée de la planète dans les phases primitives d'ancrage dans la lumière et la vie.

71:8.15 Telles sont les conditions préalables d'un gouvernement de progrès et les marques distinctives d'un État idéal. Urantia est loin de la réalisation de ces idéaux élevés, mais les races civilisées ont fait leurs débuts - l'humanité est en marche vers des destinées évolutionnaires plus hautes.

71:8.16 [Parrainé par un Melchizédek de Nébadon.]

72. Le Gouvernement sur une Planète Voisine

72:0.1 AVEC LA permission de Lanaforge et l'approbation des Très Hauts d'Édentia, je suis autorisé à vous décrire certains aspects de la vie sociale, morale et politique de la race humaine la plus évoluée d'une planète peu éloignée appartenant au système de Satania.

72:0.2 Parmi tous les mondes de Satania, qui furent isolés pour avoir participé à la rébellion de Lucifer, c'est cette planète dont l'histoire ressemble le plus à celle d'Urantia. La similitude des deux sphères explique indubitablement pourquoi la permission de faire cette présentation extraordinaire fut accordée, car il est fort inhabituel aux chefs systémiques de laisser raconter sur une planète les affaires d'une autre.

72:0.3 La planète en question fut égarée comme Urantia par la déloyauté de son Prince Planétaire en liaison avec la rébellion de Lucifer. Elle reçut un Fils Matériel peu après l'arrivée d'Adam sur Urantia, et ce Fils fit également défaut ; cela laissa ce monde isolé, car jamais un Fils Magistral ne fut attribué à ces races mortelles.

72.1  La Nation Continentale

72:1.1 Malgré tous ces handicaps planétaires, une civilisation très supérieure est en voie d'évolution sur un continent isolé ayant à peu près les dimensions de l'Australie. Cette nation compte environ 140 millions d'habitants. Ils sont de race mixte, avec prédominance de sang bleu et de sang jaune, et une proportion de sang violet un peu plus élevée que chez la race dite blanche d'Urantia. Ces différentes races ne sont pas encore pleinement mêlées, mais elles fraternisent et se fréquentent de façon très acceptable. La durée moyenne de la vie humaine sur ce continent est maintenant de quatre-vingt-dix ans, soit quinze pour cent de plus que pour n'importe quel autre peuple de cette planète.

72:1.2 La mécanisme industriel de cette nation bénéficie d'un grand avantage dû à la topographie exceptionnelle de son continent. Les hautes montagnes, sur lesquelles de fortes pluies tombent huit mois par an, sont situées au centre même du pays. Ce dispositif naturel favorise l'emploi de l'énergie hydraulique et facilite grandement l'irrigation du quart occidental relativement aride du continent.

72:1.3 Ces peuples sont autarciques, c'est-à-dire qu'ils peuvent vivre indéfiniment sans rien importer des nations environnantes. Leurs ressources naturelles sont surabondantes, et ils ont appris, par des techniques scientifiques, la manière de compenser la pénurie de certains produits indispensables à la vie. Ils ont un commerce intérieur très actif, mais peu de commerce extérieur à cause de l'hostilité universelle de leurs voisins moins progressifs.

72:1.4 Dans les grandes lignes, cette nation continentale a suivi la tendance évolutionnaire de la planète. Son développement entre le stade de la tribu et l'apparition de puissants chefs et rois occupa des milliers d'années. La monarchie absolue fut suivie de nombreux genres différents de gouvernements. Républiques avortées, États communautaires et dictateurs apparurent et disparurent en une profusion sans fin. Cette croissance se poursuivit jusqu'à cinq siècles environ avant l'époque actuelle. Durant une période de fermentation politique, l'un des puissants triumvirs-dictateurs de la nation changea alors de sentiment. Il offrit d'abdiquer volontairement à condition que l'un des deux autres chefs, le plus indigne des deux qui restaient, renonce également à sa dictature. La souveraineté du continent fut donc placée entre les mains d'un seul chef. L'État unifié progressa sous une forte loi monarchique pendant plus de cent ans durant lesquels une magistrale charte de liberté fut mise au point.

72:1.5 La transition subséquente entre la monarchie et une forme représentative de gouvernement fut graduelle. Les rois subsistèrent comme de simples figurants sociaux ou sentimentaux et finirent par disparaître quand la lignée de leurs descendants mâles s'éteignit. La république en place présentement a maintenant juste deux-cents ans d'existence, durant lesquels elle a progressé d'une manière continue vers les techniques gouvernementales que nous allons décrire. Les derniers développements dans les domaines industriel et politique ont été effectués au cours des dix années qui viennent de s'écouler.

72.2  L'Organisation Politique

72:2.1 La nation continentale dont nous parlons a maintenant un gouvernement représentatif avec une capitale nationale située au centre du pays. Le gouvernement central consiste en une solide fédération de cent États relativement libres. Ces États élisent pour dix ans leurs gouverneurs et leurs législateurs, dont aucun n'a le droit d'être réélu. Des juges d'État sont nommés à vie par les gouverneurs et confirmés par leurs législatures qui comprennent un représentant par tranche de cent-mille citoyens.

72:2.2 Il y a cinq types différents de gouvernements urbains, selon la dimension de la ville, mais aucune ville n'est autorisée à avoir plus d'un million d'habitants. Dans l'ensemble, l'organisation municipale est très simple, directe et économique. Les rares postes d'administration urbaine sont ardemment recherchés par les citoyens du type le plus élevé.

72:2.3 Le gouvernement fédéral comporte trois départements coordonnés, l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Le chef exécutif fédéral est élu tous les six ans par suffrage territorial universel. Il n'est pas rééligible, sauf sur la demande d'au moins soixante-quinze parlements d'État appuyés par leurs gouverneurs d'État respectifs, et, dans ce cas, pour un terme seulement. Il est conseillé par un supercabinet composé de tous les ex-chefs exécutifs encore vivants.

72:2.4 Le département législatif comprend trois chambres :

72:2.5 1. La chambre haute est élue par des groupes de travailleurs de l'industrie, des professions libérales, de l'agriculture et d'autres métiers, votant selon leur fonction économique.

72:2.6 2. La chambre basse est élue par certaines organisations de la société comprenant les groupes sociaux, politiques et philosophiques non inclus dans l'industrie et les autres métiers. Tous les citoyens honorablement connus participent à l'élection des deux classes de représentants, mais ils sont groupés différemment selon que l'élection concerne la chambre haute ou la chambre basse.

72:2.7 3. La troisième chambre - les doyens des hommes d'État - englobe les vétérans du service civique et comprend de nombreuses personnes distinguées nommées par le chef exécutif, par les administrateurs régionaux (subfédéraux), par le chef du tribunal suprême, et par les présidents de chacune des deux autres chambres législatives. Ce groupe est limité à cent membres qui sont élus à la majorité par les anciens hommes d'État eux-mêmes. Les titulaires sont nommés à vie et, si une vacance se produit, la personne figurant sur la liste des candidats et qui a recueilli le plus grand nombre de votes se trouve régulièrement élue. Ce corps a une action purement consultative, mais il est un grand régulateur de l'opinion publique et il exerce une puissante influence sur toutes les branches du gouvernement.

72:2.8 Une partie importante du travail administratif est exécutée par les dix autorités régionales (subfédérales) dont chacune consiste en l'association de dix États. Ces départements régionaux sont entièrement exécutifs et administratifs, sans fonctions législatives ni judiciaires. Les dix chefs exécutifs régionaux sont nommés personnellement par le chef exécutif fédéral pour une durée égale à celle de son propre mandat - six ans. Le tribunal fédéral suprême approuve la nomination de ces dix administrateurs régionaux. Bien que leur mandat ne puisse être renouvelé, chacun de ceux qui se retirent devient automatiquement l'associé et le conseiller de son successeur. Par ailleurs, les chefs régionaux choisissent leur propre état-major d'agents administratifs.

72:2.9 L'action judiciaire s'exerce dans la nation par deux systèmes majeurs de tribunaux - les tribunaux civils et les tribunaux socioéconomiques. Les tribunaux civils fonctionnent aux trois niveaux suivants :

72:2.10 1. Les cours mineures de juridiction municipale et locale, dont les décisions sont susceptibles d'appel auprès des hauts tribunaux d'État.

72:2.11 2. Les cours suprêmes des États, dont les décisions sont finales dans toutes les affaires où le gouvernement fédéral n'est pas impliqué et où les droits et libertés des citoyens ne sont pas en danger. Les administrateurs régionaux ont le pouvoir de soumettre immédiatement n'importe quel cas à la barre du tribunal fédéral suprême.

72:2.12 3. La cour fédérale suprême - le haut tribunal pour le jugement des litiges nationaux et des appels provenant des tribunaux des États. Ce tribunal suprême se compose de douze hommes âgés de plus de quarante ans et de moins de soixante-quinze ans, ayant servi au moins deux ans dans un tribunal d'État. Ils sont nommés à cette haute position par le chef exécutif avec l'approbation de la majorité du supercabinet et de la troisième chambre de l'assemblée législative. Toutes les décisions de ce corps judiciaire suprême sont prises à la majorité d'au moins deux tiers des voix.

72:2.13 Les tribunaux socioéconomiques fonctionnent dans les trois divisions suivantes :

72:2.14 1. Tribunaux des familles, associés aux départements législatif et exécutif des foyers et du système social.

72:2.15 2. Tribunaux de l'enseignement - les corps juridiques reliés aux systèmes scolaires des États et des régions, et associés aux branches exécutive et législative du mécanisme administratif de l'éducation.

72:2.16 3. Tribunaux de l'industrie - les tribunaux juridictionnels investis de la pleine autorité pour régler tous les malentendus économiques.

72:2.17 La cour fédérale suprême ne juge pas les cas socioéconomiques à moins d'y être invitée par la troisième branche législative du gouvernement national, la chambre des anciens votant à la majorité des trois quarts. Autrement, toutes les décisions des hauts tribunaux familiaux, éducatifs et industriels sont sans appel.

72.3  La Vie au Foyer

72:3.1 Sur le continent dont nous parlons, la loi interdit à deux familles de vivre sous le même toit. Les habitations collectives ayant été proscrites, la plupart des maisons à appartements ont été démolies. Cependant, les célibataires vivent encore dans des clubs, des hôtels et d'autres bâtiments collectifs. Le plus petit logis familial autorisé doit comporter un demi-hectare de terre. Toutes les terres et tous les bâtiments à usage de foyers sont exempts de taxes jusqu'à dix fois le minimum de surface exigé pour une famille.

72:3.2 La vie de famille de ce peuple s'est grandement améliorée au cours du dernier siècle. Il est obligatoire, aussi bien pour les pères que pour les mères, d'assister aux cours des écoles de puériculture pour parents. Même les agriculteurs qui résident dans de petits hameaux de campagne suivent ces cours par correspondance et se rendent aux centres voisins d'instruction orale une fois tous les dix jours - toutes les deux semaines, car la semaine est de cinq jours.

72:3.3 Les familles ont une moyenne de cinq enfants qui restent pleinement sous le contrôle de leurs parents. Si l'un des deux parents ou les deux font défaut, la garde est exercée par les personnes désignées par les tribunaux des familles. Toute famille considère comme un grand honneur de se voir confier la garde d'un orphelin de père et de mère. Des concours ont lieu entre parents, et l'orphelin est attribué au foyer de ceux qui font preuve des meilleures qualifications parentales.

72:3.4 Ces gens considèrent le foyer comme l'institution fondamentale de leur civilisation. Ils escomptent que la partie la plus précieuse de l'éducation et de la formation du caractère d'un enfant sera fournie par ses parents et à son foyer. Les pères consacrent presque autant d'attention que les mères à la formation des enfants.

72:3.5 Toute l'éducation sexuelle est donnée à la maison par les parents ou les gardiens légaux. L'instruction morale est offerte par des maitres pendant les périodes de repos dans les ateliers-écoles, mais il n'en va pas de même pour l'éducation religieuse. On estime que celle-ci est le privilège exclusif des parents, car la religion est considérée comme faisant partie intégrante de la vie de famille. L'instruction religieuse n'est donnée publiquement que dans les temples de philosophie, car aucune institution purement religieuse ressemblant aux églises d'Urantia ne s'est développée parmi ces populations. Dans leur philosophie, la religion est l'effort pour connaître Dieu et pour manifester de l'amour à ses semblables en les servant, mais cela n'est nullement typique du statut religieux des autres nations de cette planète. Chez celle que nous étudions, la religion est si complètement une affaire de famille qu'il n'existe pas de lieux publics exclusivement consacrés à des assemblées religieuses. Pour employer le langage des Urantiens, l'Église et l'État sont entièrement séparés politiquement, mais il existe un étrange chevauchement de la religion et de la philosophie.

72:3.6 Jusqu'à il y a vingt ans, les instructeurs spirituels (comparables aux pasteurs d'Urantia), qui visitent périodiquement chaque famille pour examiner les enfants et vérifier qu'ils ont été convenablement instruits par leurs parents, étaient placés sous la supervision du gouvernement. Ces conseillers et examinateurs spirituels se trouvent maintenant sous la direction de la Fondation du Progrès Spirituel, une institution nouvellement créée et soutenue par des contributions volontaires. Il est possible que cette institution n'évolue pas davantage avant l'arrivée d'un Fils Magistral du Paradis.

72:3.7 Les enfants restent légalement soumis à leurs parents jusqu'à l'âge de quinze ans, où ils reçoivent leur première initiation aux responsabilités civiques. Ensuite, tous les cinq ans et durant cinq périodes successives, des exercices similaires ont lieu pour les groupes de même âge. Les obligations vis-à-vis des parents y sont chaque fois diminuées, tandis que de nouvelles responsabilités civiques et sociales envers l'État sont assumées. Le droit de vote est conféré à vingt ans, le droit de se marier sans le consentement des parents n'est pas accordé avant vingt-cinq ans, et les enfants doivent quitter leur foyer quand ils atteignent l'âge de trente ans.

72:3.8 Les lois du mariage et du divorce sont uniformes dans toute la nation. Le mariage avant vingt ans - âge de l'admission au suffrage - n'est pas permis. L'autorisation de se marier n'est accordée qu'un ans après le préavis d'intention, et après que les deux fiancés ont présenté des certificats montrant qu'ils ont été dument instruits dans les écoles de parents au sujet des responsabilités de la vie conjugale.

72:3.9 Les règles de divorces sont assez lâches, mais on ne peut obtenir le jugement de séparation émis par le tribunal des familles avant qu'un an se soit écoulé depuis l'enregistrement de la demande, et les années, sur cette planète, sont considérablement plus longues que sur Urantia. Malgré les lois qui rendent le divorce facile aujourd'hui, la proportion des divorces n'atteint que le dixième de celle des races civilisées d'Urantia.

72.4  Le Système Éducatif

72:4.1 Le système éducatif de cette nation est obligatoire et mixte dans les écoles que les élèves fréquentent entre cinq et dix-huit ans, avant d'aller à l'université. Ces écoles sont extrêmement différentes de celles d'Urantia. Il n'y a pas de salles de classe, on ne poursuit qu'une étude à la fois et, après les trois premières années, tous les élèves deviennent des instituteurs adjoints pour instruire ceux qui en savent moins qu'eux. On n'emploie des livres que pour se procurer les renseignements qui aident à résoudre les problèmes surgissant dans les ateliers-écoles et les fermes-écoles. On produit dans ces ateliers une grande partie des meubles employés sur le continent et de nombreux appareils mécaniques - car c'est une grande époque d'invention et de machinisme. Attenante à chaque atelier se trouve une bibliothèque pratique où les élèves peuvent consulter les livres de référence nécessaire. Pendant toute la période éducative, on enseigne également l'agriculture et l'horticulture dans les vastes fermes contiguës à chaque école locale.

72:4.2 On n'apprend aux débiles mentaux que l'agriculture et l'élevage, et on les envoie, pour la vie, dans des colonies de surveillance spéciales où ils sont séparés par sexes pour empêcher la procréation, qui est interdite à tous les anormaux. Ces mesures restrictives sont en vigueur depuis soixante-quinze ans. Les mandats d'internement sont délivrés par les tribunaux des familles

72:4.3 Tout le monde prend un mois de vacances chaque année. L'année a dix mois ; les écoles préuniversitaires sont ouvertes pendant neuf mois ; les vacances se passent à voyager avec les parents ou des amis. Ces voyages font partie du programme d'éducation des adultes et se continuent pendant toute la vie ; les fonds pour y faire face sont accumulés par les mêmes méthodes que les fonds d'assurance vieillesse.

72:4.4 Un quart du temps à l'école est consacré aux jeux - aux compétitions athlétiques. Les élèves progressent dans les concours locaux, puis provinciaux, puis régionaux, vers les épreuves nationales d'habileté et de prouesses. Les concours oratoires et musicaux ainsi que les épreuves de science et de philosophie occupent également l'attention des élèves depuis les sections locales mineures jusqu'aux épreuves récompensées par des honneurs nationaux.

72:4.5 La direction de l'école est une réplique du gouvernement national avec ses trois branches en corrélation. Le personnel enseignant opère à titre consultatif comme la troisième division législative. L'objet principal de l'éducation sur ce continent consiste à faire de chaque élève un citoyen capable de gagner sa vie.

72:4.6 Tous les élèves qui sortent diplômés du système scolaire préuniversitaire à dix-huit ans sont des artisans habiles. Alors commencent l'étude des livres et la recherche des connaissances spéciales, soit dans les universités, soit dans les écoles d'adultes. Quand un brillant élève achève son travail en avance sur le programme, on lui accorde en récompense le temps et les moyens d'exécuter un projet de son invention, qui lui est cher. Tout le système éducatif est prévu pour éduquer l'individu d'une manière appropriée.

72.5  L'Organisation Industrielle

72:5.1 La situation industrielle chez ce peuple est loin de ses idéaux. Le capital et le travail ont encore leurs difficultés, mais ils tendent à se conformer à un plan de coopération sincère. Sur ce continent exceptionnel, les ouvriers deviennent de plus en plus les actionnaires de toutes les affaires industrielles ; tout travailleur intelligent se transforme lentement en un petit capitaliste.

72:5.2 Les antagonismes sociaux diminuent, et la bonne volonté grandit rapidement. L'abolition de l'esclavage (il y a plus de cent ans) n'a suscité aucun problème grave parce qu'il a été effectué graduellement en libérant deux pour cent des esclaves chaque année. Le droit de citoyenneté fut accordé aux esclaves qui passaient d'une manière satisfaisante des épreuves morales, mentales et physiques. Beaucoup de ces esclaves supérieurs étaient des prisonniers de guerre ou des enfants de ces captifs. Il y a environ cinquante ans, la nation déporta le reste de ses esclaves inférieurs ; plus récemment encore, elle entreprit la tâche de réduire le nombre des individus appartenant aux classes dégénérées et vicieuses.

72:5.3 Ce peuple a récemment développé de nouvelles techniques pour dissiper les malentendus industriels et pour corriger les abus économiques ; elles représentent une amélioration marquée sur les anciennes méthodes employées pour résoudre ces problèmes. La violence a été proscrite comme procédé pour régler les différends personnels ou industriels. Les salaires, les profits et les autres questions industrielles ne sont pas rigidement réglementés ; mais ils sont en général contrôlés par les corps législatifs industriels, tandis que toutes les querelles issues de l'industrie sont jugées par les tribunaux de l'industrie.

72:5.4 Les tribunaux de l'industrie n'existent que depuis trente ans, mais fonctionnent d'une manière très satisfaisante. Les dernières dispositions prévoient que les tribunaux de l'industrie reconnaîtront dorénavant que les rémunérations légales sont de trois sortes :

72:5.5 1. Le taux légal d'intérêt sur le capital investi.

72:5.6 2. Une rémunération raisonnable de la qualification mise au service des opérations industrielles.

72:5.7 3. Des salaires justes et équitables pour la main-d'oeuvre.

72:5.8 Pour faire face à ces obligations, on commence par se référer aux contrats. Si les bénéfices ont diminué, les trois classes subissent une réduction temporaire proportionnelle. Ensuite, tous les bénéfices dépassant ces charges fixes sont considérés comme des dividendes et distribués au prorata à chacune des trois divisions, capital, qualification et main-d'oeuvre.

72:5.9 Tous les dix ans, les chefs exécutifs régionaux fixent et décrètent les heures légales de labeur quotidien rémunéré. L'industrie travaille actuellement quatre jours par semaine de cinq jours, le cinquième jour étant consacré aux délassements. Ces gens travaillent six heures par jours ouvrables et, à l'instar des étudiants, neuf mois sur les dix de l'année. Les vacances sont généralement employées à voyager. De nouveaux modes de transport ayant été récemment développés, toute la nation pense à voyager. Le climat est propice aux déplacements environ huit mois sur dix, et les habitants tirent le meilleur parti des occasions qui leur sont offertes.

72:5.10 Il y a deux-cents ans, la recherche du profit dominait complètement l'industrie, mais aujourd'hui elle est rapidement remplacée par des impulsions différentes et supérieures. La compétition est active sur ce continent, mais elle a été transférée en grande partie de l'industrie aux jeux, à l'habileté, aux réalisations scientifiques et aux réussites intellectuelles. Elle est fort vive dans les services sociaux et dans la loyauté envers le gouvernement. Chez ce peuple, le service public devient rapidement le principal but de l'ambition. L'homme le plus riche du continent travaille six heures par jour dans le bureau de son usine de mécanique et se hâte ensuite d'aller à la branche locale de l'école d'administration pour hommes d'État où il cherche à se qualifier pour le service public.

72:5.11 La main-d'oeuvre acquiert plus de considération sur ce continent. Tous les citoyens valides de plus de dix-huit ans travaillent, soit à leur foyer et dans les fermes, soit dans une industrie reconnue, soit aux travaux publics qui absorbent les chômeurs temporaires, soit enfin dans le corps du travail obligatoire dans les mines.

72:5.12 Ce peuple commence également à développer une nouvelle forme de dégout social - le dégout de l'oisiveté aussi bien que de la fortune non gagnée. Lentement mais sûrement, ils triomphent de leurs machines. Eux aussi luttèrent jadis pour la liberté politique et ensuite pour la libération économique. Ils commencent maintenant à jouir des deux et, en outre, à apprécier leurs loisirs bien gagnés qu'ils peuvent consacrer à mieux s'épanouir.

72.6  L'Assurance Vieillesse

72:6.1 Cette nation fait un effort résolu pour remplacer l'espèce de charité destructrice du respect de soi-même par des garanties de sécurité pour la vieillesse, par des assurances gouvernementales dignes. Cette nation fournit une éducation à tous les enfants et une occupation à tous les hommes ; elle peut donc mettre en oeuvre avec succès un plan d'assurance pour la protection des vieux et des infirmes.

72:6.2 Chez ce peuple, toutes les personnes doivent se retirer des fonctions lucratives à l'âge de soixante-cinq ans, à moins de recevoir du commissaire d'État au travail un permis leur donnant droit de travailler jusqu'à soixante-dix ans. Cette limite d'âge ne joue ni pour les fonctionnaires ni pour les philosophes. Les mutilés physiques ou les invalides permanents peuvent être inscrits à n'importe quel âge sur la liste des retraités sur un ordre du tribunal contresigné par le commissaire aux pensions du gouvernement régional.

72:6.3 Les fonds pour les pensions de vieillesse proviennent de quatre sources :

72:6.4 1. Le gain d'une journée par mois est réquisitionné à cet effet par le gouvernement fédéral, et tout le monde travaille dans ce pays.

72:6.5 2. Les legs - nombre de citoyens riches laissent des fonds à cet effet.

72:6.6 3. Les gains du travail obligatoire dans les mines de l'État. Après que les ouvriers enrôlés par conscription ont pourvu à leurs propres besoins et mis de côté leur contribution à leur propre retraite, tout l'excédent du bénéfice de leur travail est versé à ce fonds pour les pensions.

72:6.7 4. Le revenu des ressources naturelles. Toutes les richesses naturelles du continent sont détenues comme dépôt social par le gouvernement fédéral, et le revenu qu'elles procurent est employé à des buts sociaux tels que la lutte préventive contre les maladies, l'éducation des génies et l'entretien des élèves spécialement prometteurs dans les écoles pour hommes d'État. La moitié du revenu des ressources naturelles va au fonds pour les pensions de la vieillesse.

72:6.8 Bien que des fondations provinciales et régionales basées sur les calculs d'actuaires fournissent de nombreuses formes d'assurances protectrices, les pensions de vieillesse sont exclusivement administrées par le gouvernement fédéral et par l'intermédiaire des dix départements régionaux.

72:6.9 Ces fonds gouvernementaux ont été administrés honnêtement depuis longtemps. Après la trahison et le meurtre, c'est à la trahison de la confiance publique que les tribunaux infligent les châtiments les plus sévères. La déloyauté sociale et politique est maintenant considérée comme le plus odieux des crimes.

72.7  Les Impôts

72:7.1 Le gouvernement fédéral n'est paternaliste que dans l'administration des pensions de vieillesse et l'aide apportée au génie et à l'imagination créative. Les gouvernements d'État s'occupent un peu plus des individus, tandis que les gouvernements locaux sont beaucoup plus paternalistes ou socialistes. La ville (ou l'une de ses subdivisions) s'occupe d'affaires telles que la santé, l'hygiène, l'urbanisme, les embellissements, l'adduction d'eau, l'éclairage, le chauffage, les récréations, la musique et les communications.

72:7.2 Dans toute l'industrie, la première préoccupation est la santé. Certaines phases de bien-être physique sont considérées comme des prérogatives de l'industrie et de la communauté, mais les problèmes de la santé individuelle et familiale restent uniquement des affaires personnelles. En médecine comme dans toutes les questions purement personnelles, le plan du gouvernement consiste de plus en plus à s'abstenir de toute ingérence.

72:7.3 Les villes n'ont ni le pouvoir de taxer ni le droit d'emprunter. Elles reçoivent de la trésorerie d'État une allocation par habitant ; il faut compléter ce revenu par le bénéfice de leurs entreprises socialisées et en donnant des licences pour l'exercice de diverses activités commerciales.

72:7.4 Les facilités de transit rapide, qui permettent une extension considérable des limites urbaines, sont placées sous contrôle municipal. Les départements urbains des pompiers sont soutenus par les fondations de protection et d'assurance contre l'incendie. Tous les bâtiments de la ville ou de la campagne sont ignifugés - et l'ont été depuis plus de soixante-quinze ans.

72:7.5 Il n'y a pas de gardiens de la paix appointés par les municipalités ; les forces de police sont entretenues par les gouvernements des États. Les hommes de ce département sont recrutés à peu près exclusivement parmi les célibataires de vingt-cinq à cinquante ans. Le plupart des États taxent assez lourdement les célibataires, mais ceux qui entrent dans les rangs de la police d'État sont dispensés de cet impôt. Dans la moyenne des États, les forces de police n'atteignent que le dixième de leur importance d'il y a cinquante ans.

72:7.6 Il n'y a guère d'uniformité dans les plans fiscaux des cent États relativement libres et souverains, car les conditions économiques ou autres varient grandement dans les différents secteurs du continent. La constitution de chaque État comporte dix clauses fondamentales qui ne peuvent être modifiées sans le consentement de la cour fédérale suprême, et l'une d'elle empêche d'établir un impôt de plus de un pour cent par an sur la valeur d'un bien quelconque, les domiciles urbains ou ruraux restant totalement exemptés.

72:7.7 Le gouvernement fédéral n'a pas le droit de s'endetter, et il faut un référendum à la majorité des trois quarts pour permettre à un État d'emprunter, sauf pour les besoins de la guerre. En cas de guerre, puisque le gouvernement fédéral ne peut contracter de dettes, le Conseil National de la Défense a le pouvoir d'exiger des États une contribution en argent aussi bien qu'en hommes et en matériels, selon les besoins. Tout emprunt doit être remboursé en moins de vingt-cinq ans.

72:7.8 Les revenus destinés à entretenir le gouvernement fédéral proviennent des cinq sources suivantes :

72:7.9 1. Les droits d'importation. Toutes les importations sont soumises à un droit de douane destiné à protéger le niveau de vie, qui est beaucoup plus élevé sur ce continent que dans n'importe quelle autre nation de la planète. Les tarifs douaniers sont fixés par le plus haut tribunal de l'industrie après que les deux chambres du parlement industriel ont ratifié les recommandations du chef exécutif des affaires économiques, lequel est nommé conjointement par ces deux corps législatifs. La chambre haute industrielle est élue par les travailleurs, la chambre basse par les capitalistes.

72:7.10 2. Les redevances. Le gouvernement fédéral encourage les inventions et les créations originales dans les dix laboratoires régionaux. Il aide les génies de tous genres - artistes, auteurs et savants - et protège leurs brevets. En retour, il prélève la moitié des bénéfices provenant de toutes leurs inventions et créations, qu'elles concernent des machines, des livres, des oeuvres d'art, des plantes ou des animaux.

72:7.11 3. Les taxes successorales. Le gouvernement fédéral prélève un impôt successoral progressif allant de un à cinquante pour cent selon l'importance de la succession et certaines autres conditions.

72:7.12 4. L'équipement militaire. Le gouvernement tire des sommes considérables de la location d'équipements militaires et navals pour des usages commerciaux ou récréatifs.

72:7.13 5. Les ressources naturelles. Le revenu des ressources naturelles, quand il n'est pas entièrement affecté aux projets spécifiques consignés dans la charte des États Fédéraux, est versé au trésor national.

72:7.14 Les crédits budgétaires fédéraux, sauf les fonds de guerre évalués par le Conseil National de la Défense, sont proposés dans la haute chambre législative, soumis à l'accord de la chambre basse, approuvés par le chef exécutif et finalement validés par la commission du budget fédéral. Les cent membres de cette commission sont nommés par les gouverneurs des États et élus par le corps législatif des États pour servir pendant vingt-quatre ans. Ils se renouvellent par quart tous les six ans. Tous les six ans également, à la majorité des trois quarts, ce corps choisit un chef dans ses rangs, et celui-ci devient par là même directeur-contrôleur de la trésorerie fédérale.

72.8  Les Écoles Spéciales

72:8.1 En plus du programme fondamental d'instruction obligatoire entre les âges de cinq ans et de dix-huit ans, on entretient les écoles spéciales suivantes :

72:8.2 1. Les écoles d'administration. Elles se divisent en trois classes : les écoles nationales, régionales et celles des États. Les offices publics de la nation sont groupés en quatre divisions. La première division de responsabilité publique concerne principalement l'administration nationale ; tous les détenteurs de postes dans ce groupe doivent avoir le double diplôme des écoles d'administration régionales et nationales. Dans la seconde division, les candidats peuvent accepter un poste politique, électoral ou par nomination, après avoir obtenu leur diplôme de l'une des dix écoles régionales d'administration ; leur mission concerne des responsabilités dans l'administration régionale et dans le gouvernement des États. La troisième division comprend des responsabilités dans les États, et ses fonctionnaires ont seulement besoin d'avoir le grade correspondant à l'administration des États. Les fonctionnaires de la quatrième et dernière division n'ont besoin d'aucun diplôme d'administration, tous leurs postes étant attribués par nomination. Ils représentent des situations mineures d'assistants, de secrétaires ou de techniciens, remplies par les membres des différentes professions libérales qui opèrent avec capacité administrative gouvernementale.

72:8.3 Les juges des tribunaux mineurs et des tribunaux des États sont diplômés des écoles d'administration des États. Les juges des tribunaux jugeant les affaires sociales, éducatives et industrielles sont diplômés des écoles régionales. Les juges du tribunal fédéral suprême doivent avoir des diplômes des trois classes d'écoles d'administration.

72:8.4 2. Les écoles de philosophie. Ces écoles sont affiliées aux temples de philosophie et plus ou moins attachées à la religion en tant que fonction publique.

72:8.5 3. Les Instituts scientifiques. Ces écoles techniques sont coordonnées avec l'industrie plutôt qu'avec le système éducatif. Elles sont administrées en quinze divisions.

72:8.6 4. Les écoles de formation professionnelle. Ces institutions spéciales procurent la formation technique pour les diverses professions libérales, qui sont au nombre de douze.

72:8.7 5. Les écoles militaires et navales. Près du quartier général national et dans les vingt-cinq centres militaires côtiers, on entretient les institutions consacrées à l'instruction militaire des citoyens volontaires âgés de dix-huit à trente ans. Pour être admis à ces écoles avant vingt-cinq ans, le consentement des parents est exigé.

72.9  Le Plan du Suffrage Universel

72:9.1 Bien qu'un diplôme de l'une des écoles d'administration provinciales, régionales ou fédérales ait été obligatoire pour faire acte de candidature à toutes les fonctions publiques, les chefs éclairés de cette nation découvrirent un sérieux défaut dans leur plan de suffrage universel. Il y a environ cinquante ans, ils prirent des dispositions constitutionnelles pour adopter un mode de scrutin modifié comportant les caractéristiques suivantes :

72:9.2 1. Chaque homme et chaque femme de vingt ans et plus dispose d'une voix. Quand ils atteignent cet âge, tous les citoyens doivent accepter d'appartenir à deux groupes d'électeurs : ils s'inscrivent au premier selon leur fonction économique - industrielle, libérale, agricole ou commerciale ; ils entrent dans le second selon leurs inclinations politiques, philosophiques et sociales. Tous les travailleurs appartiennent ainsi à un groupe électoral économique. À l'instar des associations non économiques, ces corporations ont des règlements très semblables à ceux du gouvernement national avec sa triple division des pouvoirs. L'inscription à un groupe ne peut plus être changée pendant douze ans.

72:9.3 2. Sur la proposition des gouverneurs des États ou des chefs exécutifs régionaux, et sur confirmation des conseils régionaux suprêmes, les personnes qui ont rendu de grands services à la société, ou fait preuve d'une sagesse extraordinaire au service du gouvernement, peuvent recevoir un droit de vote additionnel, mais pas plus souvent que tous les cinq ans, et sans dépasser neuf voix additionnelles. Le suffrage maximum d'un électeur à vote multiple est donc de dix voix. De même, les savants, les inventeurs, les éducateurs, les philosophes et les chefs spirituels sont ainsi reconnus et honorés d'un pouvoir politique accru. Ces privilèges civiques élevés sont conférés par les conseils suprêmes des États et des régions d'une manière très semblable aux diplômes offerts par les écoles spéciales. Les bénéficiaires sont fiers de joindre ces symboles de reconnaissance civique, à côté de leurs autres diplômes, à la liste de leurs accomplissements personnels.

72:9.4 3. Tous les individus condamnés au travail obligatoire dans les mines et tous les fonctionnaires payés par le revenu des impôts perdent leur droit de vote pendant la période où ils exécutent ces services. Cette disposition ne s'applique pas aux personnes âgées qui reçoivent une pension après avoir pris leur retraite à soixante-cinq ans.

72:9.5 4. Il y a cinq échelons de suffrage traduisant la moyenne des impôts payés durant chaque période quinquennale. Les contribuables ayant beaucoup payé reçoivent un droit de vote supplémentaire allant jusqu'à cinq voix. Cette concession est indépendante de toute autre reconnaissance, mais en aucun cas un électeur ne dispose de plus de dix voix.

72:9.6 5. Au moment où l'on adopta ce plan électoral, la méthode territoriale de vote fut abandonnée en faveur du système fonctionnel ou économique. Tous les citoyens votent maintenant en tant que membres de groupes industriels, sociaux ou professionnels, indépendamment de leur résidence. Le corps électoral est donc composé de groupes intégrés, unifiés et intelligents qui élisent seulement leurs meilleurs membres aux postes gouvernementaux de confiance et de responsabilité. Ce plan de suffrage fonctionnel ou collectif comporte une exception : l'élection d'un chef exécutif fédéral tous les six ans s'effectue par un vote national où nul citoyen ne dispose de plus d'une voix.

72:9.7 Ainsi, sauf dans l'élection du chef exécutif, le suffrage est exercé par des groupements économiques, professionnels, intellectuels et sociaux de citoyens. L'État idéal est organique, et chaque groupe libre et intelligent d'habitants représente un organe vital et fonctionnel à l'intérieur du plus grand organisme gouvernemental.

72:9.8 Les écoles d'administration ont le pouvoir d'engager une action devant les tribunaux d'État pour faire retirer le droit de vote à tout individu taré, oisif, apathique ou criminel. Ces gens reconnaissent que, si une nation a cinquante pour cent d'éléments inférieurs ou dégénérés possédant le droit de vote, elle est condamnée à périr. Ils croient que la domination de la médiocrité provoque l'effondrement de n'importe quelle nation. Le vote est obligatoire, et les électeurs qui ne déposent pas leur bulletin sont frappés de lourdes amendes.

72.10  Dispositions à l'égard du Crime

72:10.1 Les méthodes de ce peuple pour traiter les criminels, les fous et les dégénérés, bien qu'ils puissent plaire sous certains aspects, paraîtront assurément choquants sous d'autres aspects à la plupart des Urantiens. Les anormaux et les criminels ordinaires sont placés par sexes dans différentes colonies agricoles où ils font plus que de subvenir à leurs besoins. Les criminels les plus invétérés et les aliénés incurables sont condamnés par les tribunaux à mourir dans des chambres à gaz. De nombreux crimes autres que le meurtre, y compris la trahison de la confiance du gouvernement, comportent aussi la peine de mort, et l'action de la justice est certaine et rapide.

72:10.2 Ce peuple est en train de sortir de l'ère négative de la loi pour entrer dans l'ère positive. Récemment l'on est allé jusqu'à essayer d'empêcher préventivement les crimes en condamnant à la détention à vie, dans les colonies pénitentiaires, les individus que l'on croit être potentiellement des assassins ou de grands criminels. Si ces condamnés démontrent ultérieurement qu'ils sont devenus plus normaux, ils peuvent être libérés sur parole ou graciés. Le nombre des homicides sur ce continent n'atteint qu'un pour cent de celui des autres nations.

72:10.3 Des efforts pour empêcher la reproduction des criminels et des tarés ont été entrepris il y a plus de cent ans et ont déjà donné des résultats très satisfaisants. Il n'existe ni prisons ni hôpitaux pour les aliénés. Il y a à cela une bonne raison, c'est que ces groupes sont dix fois moins nombreux que sur Urantia.

72.11  L'État de Préparation Militaire

72:11.1 Les diplômés des écoles militaires fédérales peuvent être promus comme « gardiens de la civilisation » en sept grades, selon leur compétence et leur expérience, par le président du Conseil National de la Défense. Ce conseil est composé de vingt-cinq membres nommés par les tribunaux familiaux, éducatifs et industriels les plus élevés ; il est confirmé par la cour fédérale suprême et présidé d'office par le chef d'état-major des affaires militaires coordonnées. Ses membres servent jusqu'à l'âge de soixante-dix ans.

72:11.2 Les cours suivis par ces officiers durent quatre ans et sont invariablement liés à la maitrise d'un métier ou d'une profession. L'instruction militaire n'est jamais donnée sans que l'on y associe cette éducation industrielle, scientifique ou professionnelle. Quand l'instruction militaire est terminée, l'intéressé a reçu, pendant ses quatre ans de cours, la moitié de l'éducation donnée dans n'importe quelle école spéciale, où les cours durent également quatre ans. De cette manière, on évite la formation d'une classe de militaires de carrière en fournissant à un grand nombre d'hommes l'occasion de gagner leur vie tout en acquérant la première moitié d'une instruction technique ou professionnelle.

72:11.3 Le service militaire en temps de paix est purement volontaire. On s'engage dans chaque branche de service pour quatre ans, pendant lesquels chaque homme poursuit des études dans une branche spéciale en plus de la maitrise de la tactique militaire. L'éducation musicale est l'une des principales visées des écoles militaires centrales et des vingt-cinq camps d'entrainement répartis à la périphérie du continent. Durant les périodes de ralentissement dans l'industrie, des milliers de chômeurs sont employés automatiquement à renforcer les défenses militaires du continent sur terre, sur mer et dans les airs.

72:11.4 Bien que ces gens entretiennent de puissants effectifs de guerre pour se défendre contre les invasions des peuples hostiles environnants, on peut inscrire à leur crédit que, depuis plus de cent ans, il n'ont employé ces ressources militaires à aucune guerre offensive. Ces gens se sont civilisés au point où ils peuvent vigoureusement défendre la civilisation sans céder à la tentation d'employer leur potentiel de guerre à des agressions. Ils n'ont pas connu de guerres civiles depuis l'établissement de l'État continental unifié, mais, au cours des derniers siècles, ils ont été appelés à soutenir neuf guerres défensives acharnées, dont trois contre de puissantes confédérations de pouvoirs mondiaux. Bien que cette nation entretiennent une défense adéquate contre toute attaque par des voisins hostiles, elle consacre beaucoup plus de soins à éduquer des hommes d'État, des savants et des philosophes.

72:11.5 Quand elle est en paix avec le monde, tous les mécanismes mobiles de défense sont pleinement employés aux affaires, au commerce et aux divertissements. Quand la guerre est déclarée, la nation tout entière est mobilisée. Pendant la durée des hostilités, toute l'industrie paye son personnel au tarif des soldes militaires, et les chefs de tous les départements militaires deviennent membres du cabinet du chef exécutif.

72.12  Les Autres Nations

72:12.1 Bien que la société et le gouvernement de ce peuple unique soient, sous beaucoup de rapports, supérieurs à ceux des nations d'Urantia, il faudrait préciser que, sur les autres continents (il y en a onze sur cette planète), les gouvernements sont nettement inférieurs à ceux des nations les plus évoluées d'Urantia.

72:12.2 À l'heure actuelle, ce gouvernement supérieur projette d'établir des relations d'ambassades avec les peuples inférieurs, et, pour la première fois, a surgi un grand chef religieux qui recommande l'envoi de missionnaires aux nations environnantes. Nous craignons que cette nation soit sur le point de faire l'erreur que tant d'autres ont commise en essayant d'imposer une culture et une religion supérieures à d'autres races. Quel merveilleux résultat on obtiendrait sur ce monde si cette nation continentale de culture avancée se bornait à sortir de chez elle afin de ramener les hommes d'élite des peuples voisins pour ensuite, après les avoir éduqués, les renvoyer comme émissaires de culture chez leurs frères plongés dans l'ignorance ! Bien entendu, si un Fils Magistral devait bientôt venir chez cette nation évoluée, de grands évènements pourraient se produire rapidement sur ce monde.

72:12.3 Ce récit des affaires d'une planète voisine est fait par autorisation spéciale dans le but de faire progresser la civilisation et d'accélérer l'évolution gouvernementale sur Urantia. On pourrait donner beaucoup plus de détails qui, sans aucun doute, intéresseraient et surprendraient les Urantiens, mais les révélations ci-dessus vont à la limite de ce que notre mandat nous permet.

72:12.4 Les Urantiens devraient toutefois prendre note que leur sphère soeur de la famille de Satania n'a bénéficié ni de missions magistrales ni de missions d'effusion des Fils du Paradis. Les divers peuples d'Urantia ne sont pas non plus séparés les uns des autres par des disparités de culture offrant le même contraste que cette nation continentale avec les autres nations de la même planète.

72:12.5 L'effusion de l'Esprit de Vérité fournit la base spirituelle pour réaliser de grands accomplissements dans l'intérêt de la race humaine de la planète qui en bénéficie. Urantia est donc beaucoup mieux préparée pour mettre au point un gouvernement planétaire avec ses lois, ses mécanismes, ses conventions, ses symboles et son langage - qui tous pourraient contribuer si puissamment à établir la paix mondiale sous l'égide de la loi et laisser présager l'aurore d'un véritable âge d'efforts spirituels. Un tel âge est le seuil spirituel conduisant aux âges utopiques de lumière et de vie.

72:12.6 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

73. Le Jardin d'Éden

73:0.1 LA décadence culturelle et l'indigence spirituelle résultant de la chute de Caligastia et de la confusion sociale qui en résulta eurent peu d'effet sur le statut biologique ou physique des peuples d'Urantia. L'évolution organique se poursuivit à grand pas, tout à fait indépendamment du recul moral et culturel qui suivit si rapidement la dissidence de Caligastia et de Daligastia. Il y a presque quarante-mille ans, vint un moment dans l'histoire planétaire où les Porteurs de Vie en service prirent note qu'au point de vue purement biologique, le progrès du développement des races d'Urantia approchait de son apogée. Les administrateurs provisoires Melchizédeks partagèrent cette opinion et acceptèrent volontiers de se joindre aux Porteurs de Vie pour demander aux Très Hauts d'Édentia de faire inspecter Urantia en vue d'autoriser l'envoi d'élévateurs biologiques, un Fils et une Fille Matériels.

73:0.2 Cette requête fut adressée aux Très Hauts d'Édentia parce qu'ils avaient exercé une juridiction directe sur beaucoup d'affaires d'Urantia depuis la chute de Caligastia et la carence temporaire d'autorité sur Jérusem.

73:0.3 Tabamantia, superviseur souverain des séries de mondes décimaux ou expérimentaux, vint inspecter la planète. Après examen du progrès racial, il recommanda dument que des Fils Matériels fussent accordés à Urantia. Un peu moins de cent ans après son inspection, Adam et Ève, un Fils et une Fille Matériels du système local, arrivèrent et commencèrent leur tâche difficile. Il leur fallait essayer de débrouiller les affaires confuses d'une planète retardée par la rébellion et mise au ban par isolement spirituel.

73.1  Les Nodites et les Amadonites

73:1.1 Sur une planète normale, l'arrivée du Fils Matériel annonce généralement l'approche d'un grand âge d'inventions, de progrès matériels et d'éclairement intellectuel. L'ère postadamique est le grand âge scientifique sur la plupart des mondes, mais il n'en fut pas ainsi sur Urantia. Bien que la planète fut peuplée de races physiquement aptes, les tribus languissaient dans des abimes de sauvagerie et de stagnation morale.

73:1.2 Dix-mille ans après la rébellion, pratiquement tous les gains de l'administration du Prince avaient été annulés ; les races du monde n'étaient guère plus avancées que si ce Fils égaré n'était jamais venu sur Urantia. Les traditions de Dalamatia et la culture du Prince Planétaire ne subsistaient que chez les Nodites et les Amadonites.

73:1.3 Les Nodites étaient les descendants des membres rebelles de l'état-major du Prince et tiraient leur nom de leur premier chef, Nod, qui avait jadis présidé la commission de l'industrie et du commerce de Dalamatia. Les Amadonites étaient les descendants des Andonites qui avaient choisi de rester loyaux avec Van et Amadon. « Amadonite » est davantage une dénomination culturelle et religieuse qu'un nom racial ; du point de vue racial, les Amadonites étaient essentiellement les Andonites. « Nodite » est un nom à la fois culturel et racial, car les Nodites eux-mêmes constituaient la huitième race d'Urantia.

73:1.4 Il existait une hostilité traditionnelle entre les Nodites et les Amadonites. Cette inimitié revenait constamment à la surface toutes les fois que les descendants des deux groupes essayaient de se lancer dans une entreprise commune. Même plus tard, dans les affaires d'Éden, il leur fut extrêmement difficile de travailler ensemble en paix.

73:1.5 Peu après la destruction de Dalamatia, les partisans de Nod se divisèrent en trois groupes. Le groupe central resta dans le voisinage immédiat de son foyer originel, près du fond du golfe Persique. Le groupe oriental émigra vers les hauts plateaux d'Élam, juste à l'est de la vallée de l'Euphrate. Le groupe occidental résida sur le rivage méditerranéen nord-est de la Syrie et dans le territoire adjacent.

73:1.6 Ces Nodites s'étaient souvent mariés avec les races sangiks et avaient laissé une progéniture de qualité. Quelques descendants des rebelles Dalamatiens rejoignirent ultérieurement Van et ses partisans loyaux dans les terres situées au nord de la Mésopotamie. Là, au voisinage du lac Van et dans la région au sud de la mer Caspienne, les Nodites se mêlèrent et se mélangèrent aux Amadonites, et furent comptés au nombre des « puissants hommes d'autrefois » .

73:1.7 Avant l'arrivée d'Adam et d'Ève, ces groupes - les Nodites et les Amadonites - étaient les races les plus évoluées et les plus cultivées de la Terre.

73.2  Projets de Jardin

73:2.1 Pendant près de cent ans avant l'inspection de Tabamantia, Van et ses associés, opérant à partir de leur quartier général d'éthique et de culture mondiale situé sur de hautes terres, avaient prêché la venue d'un Fils promis de Dieu, un élévateur racial, un instructeur de la vérité et un successeur digne de confiance au traitre Caligastia. La majorité des habitants du monde, en ces jours-là, n'accordait guère ou pas d'intérêt à ces prédictions, mais ceux qui se trouvaient en contact immédiat avec Van et Amadon prirent cet enseignement au sérieux et commencèrent à faire des projets pour recevoir effectivement le Fils de la promesse.

73:2.2 Van raconta à ses plus proches collaborateurs l'histoire des Fils Matériels sur Jérusem, en leur disant ce qu'il avait connu d'eux avant de venir sur Urantia. Il savait bien que les Fils Adamiques vivaient toujours dans des foyers simples et charmants entourés de jardins. Quatre-vingt-trois ans avant l'arrivée d'Adam et d'Ève, il proposa à ceux qui l'entouraient de se consacrer à proclamer la venue des Fils Matériels et à préparer un foyer-jardin pour les recevoir.

73:2.3 Depuis leur quartier général des hautes terres et depuis soixante-et-un établissements très dispersés, Van et Amadon recrutèrent un corps de plus de trois-mille travailleurs enthousiastes et de bonne volonté. Ils se réunirent en une assemblée solennelle où ils se dédièrent à la mission de préparer l'arrivée du Fils promis - ou tout au moins attendu.

73:2.4 Van divisa ses volontaires en cent compagnies avec un capitaine pour chacune et un associé qui servait dans son état-major personnel comme officier de liaison. Il garda Amadon comme associé personnel. Ces commissions commencèrent toutes sérieusement leurs travaux préliminaires, et la commission du site du jardin se mit à parcourir le pays à la recherche de l'endroit idéal.

73:2.5 Bien que Caligastia et Daligastia eussent été privés d'une grande partie de leur pouvoir de nuire, ils firent tout ce qui leur était possible pour contrecarrer et gêner le travail de préparation du Jardin. Mais leurs manoeuvres malignes furent largement compensées par les activités loyales de presque dix-mille médians qui travaillèrent infatigablement à faire progresser l'entreprise.

73.3  L'Emplacement du Jardin

73:3.1 Le comité du site fut absent pendant près de trois ans. Il fit un rapport favorable sur trois emplacements possibles : le premier était une ile du golfe Persique ; le second était un emplacement fluvial qui servit plus tard pour le second jardin ; le troisième était une longue péninsule étroite - presque une ile - qui faisait saillie vers l'ouest sur la côte orientale de la Méditerranée.

73:3.2 Le comité était presque unanime à préférer la troisième solution. Ce site fut choisi, et deux années furent occupées à transférer le quartier général culturel du monde, y compris l'arbre de vie, sur cette péninsule méditerranéenne. À l'exception d'un seul groupe, tous les habitants de la péninsule évacuèrent paisiblement les lieux lorsque Van et sa suite arrivèrent.

73:3.3 Cette péninsule méditerranéenne jouissait d'un climat salubre et d'une température régulière. La stabilité du temps était due aux montagnes qui l'entouraient et au fait que ce territoire était virtuellement une ile dans une mer intérieure. Il pleuvait abondamment sur les hautes terres environnantes, mais rarement sur Éden proprement dit. Par contre, chaque nuit, du réseau très développé de canaux d'irrigation, « un brouillard s'élevait » pour rafraichir la végétation du Jardin.

73:3.4 Le rivage de la péninsule était très surélevé, et l'isthme qui la reliait au continent n'était large que de quarante-trois kilomètres à son point le plus étroit. Le grand fleuve qui arrosait le Jardin descendait des hautes terres de la péninsule, coulait vers l'orient jusqu'au continent par l'isthme de la péninsule, et de là traversait les basses terres de la Mésopotamie jusqu'à la mer située au delà. Il était grossi de quatre affluents, qui prenaient leur source dans les collines côtières de la péninsule édénique. C'étaient les « quatre têtes » du fleuve qui « sortait d'Éden » et que l'on confondit plus tard avec les affluents des fleuves qui entouraient le second jardin.

73:3.5 Les pierres précieuses et les métaux abondaient dans les montagnes entourant le Jardin, mais on n'y prêtait que très peu d'attention. L'idée dominante était de glorifier l'horticulture et d'exalter l'agriculture.

73:3.6 Le site choisi pour le Jardin était probablement le plus bel endroit de cette sorte dans le monde entier, et le climat y était alors idéal. Nulle part ailleurs il n'y avait d'emplacement susceptible de se prêter aussi parfaitement à devenir un tel paradis d'expression botanique. L'élite de la civilisation d'Urantia se rassemblait en ce lieu de rencontre. À l'extérieur et au delà, le monde vivait dans les ténèbres, l'ignorance et la sauvagerie. Éden était l'unique point lumineux d'Urantia. Par nature, il était un rêve de beauté, et il devint bientôt un poème où la gloire des paysages était exquise et perfectionnée.

73.4  L'Établissement du Jardin

73:4.1 Quand les Fils Matériels, les élévateurs biologiques, commencent leur séjour sur un monde évolutionnaire, leur demeure est souvent appelée le Jardin d'Éden, parce qu'elle est caractérisée par la beauté florale et la splendeur botanique d'Édentia, capitale de la constellation. Van connaissait bien ces coutumes et veilla en conséquence à ce que la péninsule tout entière fut consacrée au Jardin. Des projets de pâturages et d'élevages furent établis pour les terres contiguës de la zone continentale. Du règne animal, on ne trouvait dans le parc que les oiseaux et les diverses espèces d'animaux domestiques. Van avait ordonné qu'Éden soit un jardin et seulement un jardin. Jamais il n'y eut d'animaux abattus dans son enceinte. Toute la viande mangée par les ouvriers du Jardin pendant les années de sa construction provenait des troupeaux entretenus sous bonne garde sur le continent.

73:4.2 La première tâche fut de construire un mur de briques à travers l'isthme de la péninsule. Après son achèvement, on put se mettre sans encombre au vrai travail d'embellissement du paysage et de construction des foyers.

73:4.3 Un jardin zoologique fut créé en construisant un mur plus petit juste au delà du mur principal. L'espace intermédiaire, occupé par toutes sortes d'animaux sauvages, servait de défense supplémentaire contre les attaques hostiles. Cette ménagerie fut organisée en douze grandes divisions, avec des sentiers muraux séparant les groupes et conduisant aux douze portes du Jardin. Le fleuve et ses pâturages adjacents occupaient la zone centrale.

73:4.4 On n'employa que des volontaires pour préparer le Jardin ; jamais aucun salarié n'y prit part. Ils cultivaient le Jardin et soignaient leurs troupeaux pour vivre ; ils recevaient aussi des contributions en nourriture de la part de croyants du voisinage. Et cette grande entreprise fut menée à bonne fin, malgré les difficultés accompagnant le désordre du statut mondial pendant ces temps troublés.

73:4.5 Ne sachant pas dans quel délai le Fils et la Fille attendus pourraient venir, Van causa une grande déception en suggérant qu'il fallait aussi entrainer les jeunes générations à poursuivre l'entreprise au cas où l'arrivée d'Adam et d'Ève serait retardée. Cette suggestion parut impliquer un manque de foi chez Van et provoqua un trouble considérable accompagné de nombreuses désertions. Mais Van persista dans son plan de préparation et combla les places vides des déserteurs avec des volontaires plus jeunes.

73.5  Le Foyer du Jardin

73:5.1 Au centre de la péninsule édénique se trouvait le charmant temple de pierre du Père Universel, le sanctuaire sacré du Jardin. Le quartier général administratif fut établi vers le nord, et les maisons des ouvriers et de leurs familles furent construites vers le sud. À l'ouest, on réserva les terrains nécessaires aux écoles que l'on se proposait de bâtir pour le système éducatif du Fils attendu, tandis qu'à « l'est d'Éden » , on construisait les domiciles destinés au Fils de la promesse et à sa descendance en ligne directe. Les plans architecturaux d'Éden prévoyaient des foyers et des terres abondantes pour un million d'êtres humains.

73:5.2 Au moment de l'arrivée d'Adam, le Jardin n'était qu'au quart achevé, mais il avait déjà des milliers de kilomètres de rigoles d'irrigation et plus de vingt-mille kilomètres de routes et de sentiers pavés. Un peu plus de cinq-mille bâtiments en briques s'élevaient dans les divers secteurs, et les arbres et les plantes étaient innombrables. Le nombre des maisons constituant une agglomération dans le parc était limité à un maximum de sept. Bien que les structures du Jardin fussent simples, elles étaient fort artistiques. Les routes et les sentiers étaient bien construits, et le dessin des paysages était exquis.

73:5.3 Les dispositifs sanitaires du Jardin étaient très en avance sur tout ce que l'on avait tenté jusqu'alors sur Urantia. L'eau potable d'Éden était maintenue saine par la stricte observation des règlements d'hygiène destinés à conserver sa pureté. À ces époques primitives, la négligence de ces règles entrainait beaucoup d'ennuis, mais Van inculqua peu à peu à ses associés l'importance qu'il y avait à ne rien faire tomber dans les réservoirs d'eau du Jardin.

73:5.4 Un réseau d'égouts fut établi plus tard, mais, en attendant, les Édénites pratiquèrent l'enfouissement scrupuleux de tous les déchets ou des matières en décomposition. Les inspecteurs d'Amadon faisaient leur ronde tous les jours en recherchant les causes possibles de maladie. Les Urantiens n'ont pas repris conscience de l'importance de la lutte préventive contre les maladies humaines avant la fin du XIXe siècle et au XXe siècle de l'ère chrétienne. Avant la dislocation du régime adamique, on avait construit en briques un système couvert d'égouts qui passaient sous les murs du Jardin et se vidaient dans la rivière d'Éden plus d'un kilomètre en aval de la muraille extérieure.

73:5.5 À l'époque de l'arrivée d'Adam, des spécimens de la plupart des plantes de cette région du monde poussaient dans Éden. D'importantes améliorations avaient déjà été apportées aux fruits, aux céréales et aux noix. Beaucoup de légumes et de céréales modernes y furent cultivés pour la première fois, mais des dizaines de variétés de plantes nutritives furent ultérieurement perdues pour le monde.

73:5.6 Environ cinq pour cent du Jardin était utilisé pour une culture artificielle intensive, quinze pour cent n'était que partiellement exploité, le reste de la surface fut laissé plus ou moins à l'état naturel en attendant l'arrivée d'Adam, car on estima préférable d'achever le parc selon ses idées.

73:5.7 C'est ainsi que le Jardin d'Éden fut préparé pour la réception de l'Adam promis et de son épouse, et ce Jardin aurait fait honneur à un monde évoluant sous une administration devenue parfaite et un contrôle normal. Adam et Ève furent très contents du plan général d'Éden, tout en apportant de nombreux changements à l'aménagement de leur demeure personnelle.

73:5.8 Bien que le travail d'embellissement ne fût pas tout à fait terminé au moment de l'arrivée d'Adam, l'endroit était déjà un joyau de splendeur botanique ; durant les débuts de son séjour en Éden, l'ensemble du Jardin prit une nouvelle forme et assuma de nouvelles proportions de beauté et de grandeur. Ni avant ni après cette époque, Urantia n'a jamais abrité une exposition d'horticulture et d'agriculture aussi superbe et aussi complète.

73.6  L'Arbre de Vie

73:6.1 Au centre du temple du Jardin, Van planta l'arbre de vie qu'il avait si longtemps gardé, dont les feuilles étaient destinées à « la guérison des nations » , et dont les fruits l'avaient si longtemps sustenté sur terre. Van savait bien qu'Adam et Ève dépendraient aussi de ce don d'Édentia pour se maintenir en vie une fois qu'ils se seraient matérialisés sur Urantia.

73:6.2 Sur les capitales des systèmes, les Fils Matériels n'ont pas besoin de l'arbre de vie pour subsister. C'est seulement dans leur repersonnalisation planétaire qu'ils dépendent de cet accessoire pour être physiquement immortels.

73:6.3 Il est possible que « l'arbre de la connaissance du bien et du mal » soit une figure de rhétorique, une désignation symbolique couvrant une multitude d'expériences humaines, mais « l'arbre de vie » n'était pas un mythe ; il était réel et fut longtemps présent sur Urantia. Lorsque les Très Hauts d'Édentia approuvèrent la nomination de Caligastia comme Prince Planétaire d'Urantia, et celle des cent citoyens de Jérusem pour son état-major administratif, ils envoyèrent, sur la planète, par les Melchizédeks, un arbuste d'Édentia, qui grandit et devint l'arbre de vie sur Urantia. Cette forme de vie non intelligente est propre aux sphères-sièges des constellations ; on la trouve également sur les mondes-sièges des univers locaux et des superunivers, ainsi que sur les sphères de Havona, mais non sur les capitales systémiques.

73:6.4 Cette superplante emmagasinait certaines énergies de l'espace, antidotes des éléments produisant la sénescence dans l'existence animale. Le fruit de l'arbre de vie agissait comme une batterie d'accumulateurs superchimiques, libérant mystérieusement, lorsqu'on le mangeait, la force prolongatrice de vie de l'univers. Cette forme de sustentation était complètement inutile aux mortels évolutionnaires d'Urantia, mais elle était spécifiquement utile aux cent membres matérialisés de l'état-major de Caligastia et aux cent Andonites modifiés, qui avaient apporté une contribution de leur plasma vital à l'état-major du Prince et, qui en retour, avaient reçu en pleine propriété le complément de vie qui leur rendait possible d'utiliser le fruit de l'arbre de vie pour prolonger indéfiniment leur existence qui, sans cela, eût été une existence de mortels.

73:6.5 Pendant le règne du Prince, l'arbre planté en terre croissait dans la cour circulaire centrale du temple du Père. Quand la rébellion éclata, Van et ses associés firent croitre, à nouveau, l'arbre, à partir du coeur, dans leur campement temporaire. Cet arbuste d'Édentia fut ensuite emporté dans leur retraite des hautes terres où il servit à Van et Amadon pendant plus de cent-cinquante-mille ans.

73:6.6 Lorsque Van et ses associés préparèrent le Jardin pour Adam et Ève, ils transportèrent l'arbre d'Édentia dans le Jardin d'Éden où il poussa, de nouveau, dans la cour circulaire centrale d'un temple du Père. Adam et Ève prenaient périodiquement un repas de ses fruits pour entretenir leur forme duelle de vie physique.

73:6.7 Quand les plans du Fils Matériel furent détournés de la bonne voie, Adam et sa famille n'obtinrent pas l'autorisation d'emporter le coeur de l'arbre du Jardin. Quand les Nodites envahirent Éden, on leur raconta qu'ils deviendraient comme « des dieux s'ils mangeaient du fruit de l'arbre » . À leur grande surprise, ils le trouvèrent non gardé. Ils mangèrent abondamment de son fruit pendant des années, mais cela ne leur produisit aucun effet. Ils étaient tous des mortels matériels du royaume, dépourvus du facteur qui agit comme complément du fruit de l'arbre. Leur inaptitude à bénéficier de l'arbre de vie les rendit furieux et, à l'occasion d'une de leurs guerres intestines, ils détruisirent le temple et l'arbre par le feu. Seul le mur de pierre subsista jusqu'à l'engloutissement ultérieur du Jardin dans les eaux. Ce fut le second temple du Père à être ruiné.

73:6.8 Il fallut alors que toute chair sur Urantia suive le cours naturel de la vie et de la mort. Adam, Ève, leurs enfants, les enfants de leurs enfants et leurs associés moururent tous dans la suite des temps, devenant ainsi soumis au plan d'ascension de l'univers local, où la résurrection sur les mondes des maisons suit la mort physique.

73.7  Le Sort d'Éden

73:7.1 Après le départ d'Adam, le premier jardin fut diversement occupé par les Nodites, les Cutites et les Suntites. Il devint, plus tard, le lieu d'habitation des Nodites du nord qui s'opposaient à la coopération avec les Adamites. Il y avait près de quatre-mille ans que la péninsule avait été envahie par ces Nodites inférieurs lorsque le fond oriental de la mer Méditerranée s'enfonça, entrainant sous les eaux la péninsule édénique tout entière. L'évènement eut lieu en liaison avec une violente activité des volcans du voisinage et la submersion de l'isthme reliant la Sicile et l'Afrique. En même temps que ce vaste effondrement, la côte orientale de la Méditerranée fut considérablement surélevée. Telle fut la fin de la plus belle création naturelle qu'Urantia ait jamais abritée. L'enfoncement ne fut pas soudain ; il fallut plusieurs centaines d'années pour submerger complètement la totalité de la péninsule.

73:7.2 Nous ne pouvons considérer cette disparition du Jardin comme résultant en aucune manière de l'avortement des plans divins ou des fautes d'Adam et d'Ève. Nous estimons que la submersion d'Éden ne fut rien d'autre qu'une occurrence naturelle, mais il nous semble que la date de l'engloutissement du Jardin fut fixée pour coïncider à peu près avec celle où les réserves de la race violette suffiraient pour entreprendre la réhabilitation des peuples du monde.

73:7.3 Les Melchizédeks avaient conseillé à Adam de ne pas inaugurer le programme d'élévation et de mélange des races avant que sa propre famille ne compte un demi-million de membres. Le Jardin ne fut jamais destiné à être la demeure permanente des Adamites. Ceux-ci devaient être les émissaires d'une nouvelle vie pour le monde entier et se mobiliser pour une effusion désintéressée sur les races de la terre qui en avaient bien besoin.

73:7.4 Les instructions données à Adam par les Melchizédeks impliquaient qu'il aurait à établir des quartiers généraux raciaux, continentaux et divisionnaires dirigés par ses fils et ses filles immédiats, tandis que lui et Ève partageraient leur temps entre ces diverses capitales mondiales comme conseillers et coordonnateurs du ministère mondial d'élévation biologique, de progrès intellectuel et de réhabilitation morale.

73:7.5 [Présenté par Solonia, « la voix séraphique dans le Jardin » .]

74. Adam et Ève

74:0.1 ADAM ET ÈVE arrivèrent sur Urantia 37.848 ans avant l'an 1934 de l'ère chrétienne, au milieu de la belle saison, au moment où le Jardin était à l'apogée de sa floraison. À midi, et sans être annoncés, les deux convois séraphiques, accompagnés du personnel de Jérusem chargé du transport sur Urantia des élévateurs biologiques, atterrirent lentement sur la surface de la planète en rotation, à proximité du temple du Père Universel. Tout le travail de rematérialisation des corps d'Adam et d'Ève fut exécuté dans l'enceinte de ce sanctuaire récemment créé. Après leur arrivée, il s'écoula dix jours avant qu'ils fussent recréés sous leur forme humaine duelle pour être présentés au monde comme ses nouveaux dirigeants. Ils reprirent conscience simultanément. Les Fils et Filles Matériels servent toujours ensemble. En tous temps et en tous lieux, l'essence de leur service est de n'être jamais séparés. Ils sont destinés à travailler par couples, et il est rare qu'ils remplissent séparément leurs fonctions.

74.1  Adam et Ève sur Jérusem

74:1.1 L'Adam et l'Ève planétaires d'Urantia étaient membres du plus ancien corps de Fils Matériels sur Jérusem, où ils étaient inscrits conjointement sous le numéro 14 311. Ils appartenaient à la troisième série physique, et leur taille était de deux mètres cinquante.

74:1.2 À l'époque où Adam fut choisi pour aller sur Urantia, il était employé avec sa compagne dans les laboratoires d'essais et d'épreuves physiques de Jérusem. Pendant plus de quinze-mille ans, ils avaient dirigé le département d'énergie expérimentale appliquée à la modification des formes vivantes. Longtemps auparavant, ils avaient été instructeurs dans les écoles de citoyenneté pour les nouveaux arrivants sur Jérusem. Tout ceci doit être gardé présent à la mémoire en connexion avec le récit de la conduite du couple sur Urantia.

74:1.3 Lorsque fut émise la proclamation appelant des volontaires pour la mission d'aventure adamique sur Urantia, tous les Fils et Filles du corps doyen des Fils Matériels se portèrent candidats. Les examinateurs Melchizédeks, avec l'approbation de Lanaforge et des Très Hauts d'Édentia, choisirent finalement l'Adam et l'Ève qui vinrent ultérieurement faire fonction d'élévateurs biologiques sur Urantia.

74:1.4 Adam et Ève étaient restés fidèles à Micaël pendant la rébellion de Lucifer. Le couple fut néanmoins appelé devant le Souverain du Système et tout son cabinet pour être examiné et recevoir des instructions. Les affaires d'Urantia leur furent exposées complètement en détail. On leur expliqua à fond les plans qu'ils devaient suivre en acceptant la responsabilité de régir un monde aussi déchiré par des luttes. Ils prêtèrent conjointement serment de fidélité aux Très Hauts d'Édentia et à Micaël de Salvington. Ils furent dument avisés de se considérer comme soumis au corps urantien des administrateurs provisoires Melchizédeks jusqu'à ce que ce corps gouvernemental juge bon d'abandonner la direction de la planète dont il avait la charge.

74:1.5 Adam et Ève laissèrent derrière eux, sur la capitale de Satania et ailleurs, cent descendants - cinquante fils et cinquante filles - créatures magnifiques qui avaient échappé aux embuches de la progression et étaient tous en place comme fidèles serviteurs de confiance de l'univers à l'époque où leurs parents partirent pour Urantia. Ils étaient tous présents dans le superbe temple des Fils Matériels pour assister aux célébrations d'adieux associées aux dernières cérémonies d'acceptation de l'effusion. Les enfants accompagnèrent leurs parents au siège de dématérialisation de leur ordre ; ils furent les derniers à leur souhaiter bon voyage et un succès divin tandis que le couple sombrait dans la perte de conscience de la personnalité préalable à la préparation au transport séraphique. Les enfants passèrent quelque temps au rendez-vous de famille en se réjouissant de ce que leurs parents dussent bientôt devenir les chefs visibles et, en réalité, les seuls dirigeants de la planète 606 du système de Satania.

74:1.6 C'est ainsi qu'Adam et Ève quittèrent Jérusem au milieu des acclamations et des bons voeux de ses citoyens. Ils partirent vers leurs nouvelles responsabilités, bien équipés et pleinement instruits de tous leurs devoirs et de tous les dangers qu'ils rencontreraient sur Urantia.

74.2  L'Arrivée d'Adam et d'Ève

74:2.1 Adam et Ève s'endormirent sur Jérusem et, lorsqu'ils se réveillèrent sur Urantia, dans le temple du Père en présence de la grande foule assemblée pour les accueillir, ils se trouvèrent en face de deux êtres dont ils avaient beaucoup entendu parler, Van et son fidèle associé Amadon. Ces deux héros de la sécession de Caligastia furent les premiers à souhaiter la bienvenue dans leur nouveau foyer-jardin.

74:2.2 La langue d'Éden était un dialecte andonique tel que le parlait Amadon. Van et Amadon avaient notablement amélioré ce langage en créant un nouvel alphabet de vingt-quatre lettres ; ils espéraient le voir devenir la langue d'Urantia à mesure que la culture édénique se répandrait dans le monde. Adam et Ève avaient acquis la pleine maitrise de ce dialecte humain avant leur départ de Jérusem, de sorte que le fils andonite entendit le chef supérieur de son monde lui parler dans sa propre langue.

74:2.3 Ce jour-là, il y eut grande excitation et joie dans tout le Jardin d'Éden, tandis que les coureurs se précipitaient au rendez-vous des pigeons voyageurs assemblés de près et de loin, et criaient : « Lâchez les oiseaux ; qu'ils portent la nouvelle que le Fils promis est venu. » Année après année, des groupes de croyants avaient fidèlement entretenu le nombre voulu de pigeons élevés à leurs foyers précisément pour cette occasion.

74:2.4 Tandis que la nouvelle de l'arrivée d'Adam se répandait au loin, des milliers de membres des tribus voisines acceptèrent les enseignements de Van et d'Amadon et, pendant bien des mois, des pèlerins continuèrent à affluer dans Éden pour saluer Adam et Ève et rendre hommage à leur Père invisible.

74:2.5 Peu après leur réveil, Adam et Ève furent escortés à la réception officielle sur le grand tertre situé au nord du temple. Cette colline naturelle avait été agrandie et aménagée pour l'installation des nouveaux dirigeants du monde. C'est là qu'à midi, le comité de réception d'Urantia souhaita la bienvenue à ce Fils et à cette Fille du système de Satania. Amadon présidait ce comité, qui était composé de douze membres : un représentant de chacune des six races sangiks ; le chef en exercice des médians ; Annan, une fille loyale porte-parole des Nodites ; Noé, fils de l'architecte constructeur du Jardin et exécuteur des plans de son père décédé ; et les deux Porteurs de Vie résidant sur Urantia.

74:2.6 L'acte suivant fut la remise de la responsabilité de la garde de la planète à Adam et Ève par le doyen Melchizédek, chef du conseil des administrateurs provisoires d'Urantia. Le Fils et la Fille Matériels prêtèrent serment de fidélité aux Très Hauts de Norlatiadek et à Micaël de Nébadon. Ils furent proclamés souverains d'Urantia par Van, qui abandonnait ainsi l'autorité nominale qu'il avait détenue pendant plus de cent-cinquante-mille ans en vertu d'une décision des administrateurs provisoires Melchizédeks.

74:2.7 Adam et Ève furent revêtus de robes royales à cette occasion, le moment de leur installation officielle dans la souveraineté du monde. Les arts de Dalamatia n'avaient pas tous été perdus sur la planète ; le tissage était encore pratiqué au temps d'Éden.

74:2.8 On entendit alors la proclamation des archanges et la voix télédiffusée de Gabriel ordonnant le second appel nominal de jugement pour Urantia et la résurrection des survivants endormis de la seconde dispensation de grâce et de miséricorde sur la 606 de Satania. La dispensation du Prince est passée ; l'âge d'Adam, la troisième époque planétaire, s'ouvre au milieu de scènes grandioses et simples ; et les nouveaux souverains d'Urantia inaugurent leur règne dans des conditions apparemment favorables, malgré le désordre général provoqué par l'absence de coopération de leur prédécesseur en autorité sur la planète.

74.3  Adam et Ève font connaissance avec la Planète

74:3.1 Maintenant, après leur installation officielle, Adam et Ève devinrent douloureusement conscients de leur isolement planétaire. Silencieuses étaient les télédiffusions familières, et absents tous les circuits de communications extraplanétaires. Leurs compagnons de Jérusem étaient allés sur des planètes où tout se passait normalement, avec un Prince Planétaire bien établi et un état-major expérimenté prêt à les recevoir et à coopérer avec eux durant leurs expériences initiales sur ces mondes. Mais, sur Urantia, la rébellion avait tout changé. Ici le Prince Planétaire n'était que trop présent et, quoique privé de la majeure partie de son pouvoir de faire du mal, il restait capable de rendre difficile et quelque peu hasardeuse la tâche d'Adam et d'Ève. Ce soir-là, tandis qu'ils se promenaient dans le Jardin, sous l'éclat de la pleine lune, en discutant de leurs plans pour le lendemain, le Fils et la Fille de Jérusem étaient graves et désillusionnés.

74:3.2 C'est ainsi que se termina le premier jour d'Adam et d'Ève sur Urantia, la planète isolée et troublée de la trahison de Caligastia. Ils marchèrent et parlèrent tard dans la nuit, leur première nuit sur terre - et ils se sentirent très seuls.

74:3.3 Le deuxième jour d'Adam sur terre se passa en session avec les administrateurs provisoires planétaires et le conseil consultatif. Les Melchizédeks et leurs associés en apprirent davantage à Adam et Ève sur les détails de la rébellion de Caligastia et l'effet de ce soulèvement sur le progrès du monde. Dans l'ensemble, ce long récit de la mauvaise gestion des affaires de la planète était une histoire décourageante. Adam et Ève apprirent tous les faits concernant l'effondrement complet du plan de Caligastia pour accélérer le processus de l'évolution sociale. Ils parvinrent aussi à comprendre clairement et entièrement la folie de toute tentative pour obtenir une civilisation planétaire avancée indépendamment du plan divin de progression. C'est ainsi que se termina une journée triste, mais bien instructive - leur second jour sur Urantia.

74:3.4 Le troisième jour fut consacré à une inspection du Jardin. Installés sur les grands oiseaux transporteurs - les fandors - Adam et Ève contemplèrent de haut les vastes étendues du Jardin tandis qu'ils étaient transportés dans les airs au-dessus du plus magnifique paysage de la terre. Ce jour d'inspection se termina par un énorme banquet en l'honneur de tous ceux qui avaient travaillé à créer ce jardin d'une beauté et d'une splendeur édéniques. De nouveau, jusque tard dans la soirée de leur troisième jour, le Fils et sa compagne se promenèrent dans le Jardin et parlèrent de l'immensité de leurs problèmes.

74:3.5 Le quatrième jour, Adam et Ève firent un discours à l'assemblée du Jardin. Du haut du tertre inaugural, ils parlèrent au peuple de leurs plans pour réhabiliter le monde et esquissèrent les méthodes par lesquelles ils chercheraient à relever la culture sociale d'Urantia des bas niveaux auxquels elle était tombée par suite du péché et de la rébellion. Ce fut un grand jour ; il se termina par un banquet pour le conseil d'hommes et de femmes qui avaient été sélectionnés pour prendre des responsabilités dans la nouvelle administration des affaires du monde. Notez bien ! Il y avait, dans ce groupe, des femmes aussi bien que des hommes, et c'était la première fois qu'un tel évènement se produisait sur terre depuis l'époque de Dalamatia. Ce fut une innovation abasourdissante de voir Ève, une femme, partager, avec un homme, les honneurs et les responsabilités des affaires du monde. C'est ainsi que se termina leur quatrième journée sur terre.

74:3.6 Le cinquième jour fut occupé à organiser le gouvernement temporaire, l'administration qui devait fonctionner jusqu'au moment où les administrateurs provisoires Melchizédeks quitteraient Urantia.

74:3.7 Le sixième jour fut consacré à inspecter de nombreux types d'hommes et d'animaux. Le long des murs orientaux d'Éden, Adam et Ève furent escortés toute la journée, observant la vie animale de la planète et arrivant à mieux comprendre ce qu'il fallait faire pour établir de l'ordre dans la confusion d'un monde habité par une telle variété de créatures vivantes.

74:3.8 Les personnes qui accompagnèrent Adam et Ève dans ce déplacement furent grandement surprises de constater combien Adam comprenait pleinement la nature et la fonction des milliers et des milliers d'animaux qu'on lui montrait. Dès qu'il avait jeté un coup d'oeil sur un animal, il indiquait sa nature et son comportement. Adam pouvait, au premier regard, donner, à toutes les créatures matérielles qu'il voyait, des noms décrivant leur origine, leur nature et leur fonction. Ceux qui le conduisaient dans sa tournée d'inspection ne savaient pas que le nouveau chef du monde était l'un des anatomistes les plus experts de Satania. Ève était tout aussi savante. Adam stupéfia ses associés en leur décrivant une foule de créatures vivantes trop petites pour être aperçues à l'oeil nu par des humains.

74:3.9 Lorsque le sixième jour de leur séjour sur terre fut écoulé, Adam et Ève se reposèrent pour la première fois dans leur nouveau foyer « à l'est d'Éden » . Les six premières journées de l'aventure d'Urantia avaient été très remplies, et le couple escomptait avec grand plaisir une journée entière dégagée de toute activité.

74:3.10 Mais les circonstances en décidèrent autrement. L'expérience de la veille où Adam avait analysé avec tant d'intelligence et de profondeur la vie animale d'Urantia, son magistral discours inaugural et ses charmantes manières avaient à ce point gagné le coeur et subjugué la pensée des habitants du Jardin, que non seulement ils étaient disposés à accepter pour chefs le Fils et la Fille nouvellement arrivés de Jérusem, mais, en majorité, ils étaient presque prêts à tomber à genoux et à les adorer comme des dieux.

74.4  Le Premier Soulèvement

74:4.1 Cette nuit-là, celle qui suivit le sixième jour, pendant qu'Adam et Ève sommeillaient, il se passait des choses étranges à proximité du temple du Père dans le secteur central d'Éden. Sous la douce lumière de la lune, des centaines d'hommes et de femmes enthousiastes et surexcités écoutèrent pendant des heures les arguments passionnés de leurs chefs. Ils avaient de bonnes intentions, mais ne pouvaient absolument pas comprendre la simplicité des manières fraternelles et démocratiques de leurs nouveaux souverains. Longtemps avant l'aurore, les nouveaux administrateurs temporaires des affaires du monde arrivèrent à la conclusion quasi unanime qu'Adam et sa compagne étaient beaucoup trop modestes et effacés. Ils décidèrent que la Divinité était descendue sur terre sous forme corporelle, et qu'Adam et Ève étaient en réalité des dieux, ou si proches de l'être qu'ils étaient dignes d'un culte respectueux.

74:4.2 Les évènements stupéfiants des six premiers jours d'Adam et d'Ève sur terre dépassaient complètement l'entendement du mental mal préparé des hommes d'Urantia, même des meilleurs. La tête leur tournait. Ils furent entrainés par la proposition d'amener le noble couple au temple du Père, à midi, afin que tous les assistants puissent s'incliner en adoration respectueuse et se prosterner en humble soumission ; et les habitants du Jardin étaient réellement sincères dans toute leur conduite.

74:4.3 Van protesta. Amadon était absent, ayant la charge de la garde d'honneur qui avait veillé toute la nuit auprès d'Adam et d'Ève. Mais la protestation de Van fut balayée. On lui dit que lui aussi était trop modeste, trop effacé, et qu'il n'était pas loin d'être un dieu lui-même ; autrement, comment aurait-il pu vivre si longtemps sur terre et amener un évènement aussi considérable que la venue d'Adam ? Les Édénites surexcités étaient sur le point de le saisir et de le transporter sur le haut du tertre pour l'adorer, lorsque Van réussit à frayer son chemin hors de la foule. Sachant communiquer avec les médians, il envoya en toute hâte leur chef à Adam.

74:4.4 L'aurore du septième jour d'Adam et d'Ève sur terre approchait lorsqu'ils entendirent la saisissante nouvelle de la proposition de ces mortels bien intentionnés, mais malavisés. Alors, tandis que les oiseaux transporteurs se hâtaient pour venir chercher Adam et Ève et les amener au temple, les médians, qui sont capables de faire de telles choses, les transportèrent au temple du Père. Il était très tôt ce matin du septième jour, et du haut du tertre, où il avait si récemment été reçu, Adam fit un discours pour expliquer les ordres de filiation divine et fit comprendre au mental de ces habitants de la terre que seuls le Père et ceux qu'il désigne peuvent faire l'objet d'un culte. Adam précisa qu'il accepterait tous les honneurs et recevrait toutes les marques de respect, mais refuserait toujours d'être adoré.

74:4.5 Ce fut un jour mémorable. Juste avant midi, à peu près au moment où arrivait le messager séraphique apportant de Jérusem le constat d'installation des souverains planétaires, Adam et Ève s'écartèrent de la foule, montrèrent du doigt le temple du Père, et dirent : « Allez maintenant vers l'emblème matériel de la présence invisible du Père et inclinez-vous en adorant celui qui nous a tous créés et qui nous maintient en vie. Que cet acte soit la promesse sincère que vous ne serez plus jamais tentés de rendre un culte à d'autres qu'à Dieu. » Ils firent tous ce qu'Adam leur avait commandé. Le Fils et la Fille Matériels se tenaient seuls sur le tertre la tête inclinée, tandis que le peuple se prosternait autour du temple.

74:4.6 Telle fut l'origine de la tradition du jour du sabbat. Dans Éden, le septième jour fut toujours consacré à l'assemblée de midi au temple ; la coutume persista longtemps de consacrer le reste de la journée à la culture personnelle. La matinée était consacrée aux améliorations physiques, l'heure de midi au culte spirituel, l'après-midi à la culture mentale, tandis que le soir se passait en réjouissances sociales. Ce ne fut jamais une loi dans Éden, mais cela resta la coutume tant que l'administration adamique conserva son pouvoir sur terre.

74.5  L'Administration d'Adam

74:5.1 Pendant près de sept ans après l'arrivée d'Adam, les administrateurs provisoires Melchizédeks restèrent à leur poste, mais le moment finit par arriver où ils transmirent l'administration des affaires du monde à Adam et retournèrent à Jérusem.

74:5.2 Les adieux des administrateurs provisoires occupèrent toute une journée ; au cours de la soirée, les Melchizédeks donnèrent individuellement leurs derniers conseils à Adam et Ève et leur offrirent leurs meilleurs voeux. Adam avait plusieurs fois demandé à ses conseillers de rester sur terre avec lui, mais ses requêtes avaient toujours été rejetées. Le moment était venu où les Fils Matériels devaient assumer la pleine responsabilité de la conduite des affaires du monde. Donc, à minuit, les transports séraphiques de Satania quittèrent la planète avec quatorze êtres à destination de Jérusem, car le transfert de Van et d'Amadon eut lieu en même temps que le départ des douze Melchizédeks.

74:5.3 Tout alla relativement bien, pendant un certain temps sur Urantia, et il apparut qu'Adam finirait par être à même de mettre sur pied un plan pour promouvoir l'expansion graduelle de la civilisation édénique. Conformément à l'avis des Melchizédeks, il commença par encourager les arts de manufacture avec l'idée de développer les relations commerciales avec le monde extérieur. Quand Éden se désagrégea, il y avait plus de cent ateliers primitifs en fonctionnement, et des relations commerciales étendues avaient été établies avec les tribus environnantes.

74:5.4 Pendant des âges, Adam et Ève avaient été instruits dans la technique d'amélioration d'un monde prêt à recevoir leur contribution spécialisée à l'avancement de la civilisation évolutionnaire. Mais, maintenant, ils se trouvaient en face de problèmes urgents tels que l'établissement de la loi et de l'ordre dans un monde de sauvages, de barbares et d'êtres humains à demi civilisés. À part l'élite de la population terrestre rassemblée dans le Jardin, seuls de rares groupes, çà et là, semblaient quelque peu susceptibles de recevoir la culture adamique.

74:5.5 Adam fit un effort héroïque et résolu pour établir un gouvernement mondial, mais il rencontra une résistance obstinée à tous les tournants. Adam avait déjà mis en oeuvre, dans tout Éden, un système de contrôle collectif et avait fédéré tous les groupes en une ligue édénique. Mais des troubles, des troubles graves, eurent lieu quand il sortit du Jardin et chercha à appliquer ces idées aux tribus extérieures. Dès qu'Adam et ses associés cherchèrent à travailler hors du Jardin, ils se heurtèrent à la résistance directe et bien organisée de Caligastia et de Daligastia. Le Prince déchu avait été déposé comme souverain du monde, mais n'avait pas été retiré de la planète. Il était toujours présent sur terre et capable, au moins dans une certaine mesure, de résister à tous les plans d'Adam pour réhabiliter la société humaine. Adam essaya de mettre les races en garde contre Caligastia, mais sa tâche fut rendue très difficile parce que son ennemi acharné était invisible aux yeux des mortels.

74:5.6 Même parmi les Édénites, on trouvait des mentalités confuses qui penchaient vers l'enseignement de Caligastia sur la liberté personnelle effrénée ; elles causèrent à Adam des difficultés sans fin en démolissant toujours les plans les mieux préparés pour une progression ordonnée et un développement substantiel. Adam fut finalement obligé de renoncer à son programme de construction sociale immédiate et revint à la méthode d'organisation de Van ; il divisa les Édénites en compagnies de cent, avec un capitaine pour chacune et des lieutenants responsables pour chaque groupe de dix.

74:5.7 Adam et Ève étaient venus pour instituer un gouvernement représentatif à la place d'un gouvernement monarchique, mais sur toute la surface de la terre, ils ne trouvèrent nul gouvernement digne de ce nom. Pour l'instant, Adam abandonna tout effort pour établir un gouvernement représentatif. Avant l'effondrement du régime édénique, il réussit à établir près d'une centaine de centres commerciaux et sociaux, où de fortes personnalités commandaient en son nom. La plupart de ces centres avaient été organisés d'avance par Van et Amadon.

74:5.8 L'envoi d'ambassadeurs d'une tribu à une autre date du temps d'Adam. Ce fut un grand pas en avant dans l'évolution du gouvernement.

74.6  La Vie Familiale d'Adam et d'Ève

74:6.1 Le terrain du foyer d'Adam couvrait treize-cents hectares. Aux alentours immédiats de ce domaine, des dispositions avaient été prises pour pouvoir loger plus de trois-cent-mille de ses descendants d'hérédité pure, mais on ne construisit jamais que la première unité des bâtiments projetés. Avant que la famille adamique eût grandi au delà de cette réserve initiale, tout le plan édénique avait été bouleversé et le Jardin, évacué.

74:6.2 Adamson fut le premier-né de la race violette sur Urantia, suivi d'une soeur puis d'Èveson, le second fils d'Adam et d'Ève. Avant le départ des Melchizédeks, Ève était mère de cinq enfants, trois fils et deux filles. Les deux suivants furent des jumeaux. Avant sa faute, elle avait mis au monde soixante-trois enfants, trente-deux filles et trente-et-un fils. Lorsqu'Adam et Ève quittèrent le Jardin, leur famille comportait quatre générations comptant 1.647 descendants directs d'hérédité pure. Après leur départ du Jardin, ils eurent encore quarante-deux enfants sans compter les deux descendants de parenté conjointe avec une souche mortelle d'Urantia. Ces chiffres ne comprennent pas la descendance adamique chez les Nodites et les races évolutionnaires.

74:6.3 Quand les enfants adamiques cessaient de se nourrir au sein de leur mère, à l'âge d'un an, ils ne buvaient pas de lait d'animaux. Ève pouvait se procurer le lait d'une grande variété de noix et le jus de nombreux fruits ; connaissant parfaitement la chimie et l'énergie de ces aliments, elle les combinait pour nourrir ses enfants jusqu'à l'apparition de leurs dents.

74:6.4 La cuisson était universellement employée en dehors du secteur adamique proprement dit d'Éden, mais on ne cuisait rien au foyer d'Adam. Les membres de sa famille trouvaient leur nourriture - des fruits, des noix et des céréales - toute prête à mesure qu'elle mûrissait. Ils mangeaient une fois par jour, un peu après midi. Adam et Ève absorbaient aussi « de la lumière et de l'énergie » directement à partir de certaines énergies spatiales en conjonction avec le soutien de l'arbre de vie.

74:6.5 Le corps d'Adam et Ève émettait une lumière diffuse, mais ils s'habillaient toujours conformément aux coutumes de leurs associés. Ils étaient très légèrement vêtus dans la journée, mais s'enveloppaient, le soir, dans des couvertures. L'origine du halo traditionnel autour de la tête des gens supposés pieux et saints date du temps d'Adam et d'Ève. Les émanations lumineuses de leur corps étant presque totalement obscurcies par leurs vêtements, seule la lueur émanant de leurs têtes était perceptible. Les descendants d'Adamson décrivirent toujours de la sorte leur concept des individus dont le développement spirituel était supposé extraordinaire.

74:6.6 Adam et Ève pouvaient communiquer, l'un avec l'autre et avec leurs enfants au premier degré, à une distance d'environ quatre-vingt kilomètres. Cet échange de pensées s'effectuait au moyen des délicats alvéoles à gaz situés à proximité étroite de leur structure cervicale. Par ce mécanisme, ils pouvaient envoyer et recevoir des vibrations de pensée, mais ce pouvoir fut instantanément suspendu lorsqu'ils abandonnèrent leur mental à la discorde et à la désagrégation du mal.

74:6.7 Les enfants adamiques fréquentaient leurs propres écoles jusqu'à l'âge de seize ans, et les ainés donnaient des leçons aux cadets. Les petits changeaient d'activité toutes les trente minutes, et les plus grands, toutes les heures. Ce fut certainement un spectacle nouveau sur Urantia de voir les enfants d'Adam et d'Ève déployer une activité joyeuse et vivifiante pour le seul plaisir de jouer. Les jeux et l'humour des races modernes proviennent en grande partie de la souche adamique. Tous les Adamites appréciaient beaucoup la musique et avaient aussi un sens aigu de l'humour.

74:6.8 L'âge moyen des fiançailles était de dix-huit ans, et les jeunes gens suivaient alors un cours d'instruction de deux ans pour se préparer à assumer les responsabilités conjugales. À vingt ans, ils avaient le droit de se marier ; après le mariage, ils commençaient le travail de leur vie ou une préparation spéciale à cet effet.

74:6.9 La pratique ultérieure de certaines nations de permettre aux familles royales, qui prétendaient descendre des dieux, les mariages entre frères et soeurs, date des traditions des descendants d'Adam, qui étaient bien obligés de se marier entre eux. Adam et Ève officiaient toujours lors des cérémonies de mariage de la première et de la seconde génération du Jardin.

74.7  La Vie dans le Jardin

74:7.1 À part les quatre années où ils fréquentaient les écoles de l'ouest, les enfants d'Adam vivaient et travaillaient à l'est d'Éden. Jusqu'à l'âge de seize ans, ils recevaient une éducation intellectuelle conforme aux méthodes des écoles de Jérusem. De seize à vingt ans, ils s'instruisaient dans les écoles d'Urantia, à l'autre extrémité du Jardin, où ils servaient aussi de professeurs pour les classes inférieures.

74:7.2 Le système des écoles occidentales du Jardin avait pour but essentiel la vie sociale. Les récréations matinales étaient consacrées à la pratique de l'horticulture et de l'agriculture, et celles de l'après-midi, à des jeux de compétition. Les soirées étaient employées à des rapports sociaux et à l'entretien d'amitiés personnelles. L'éducation religieuse et sexuelle était considérée comme relevant du foyer, comme le devoir des parents.

74:7.3 L'instruction dans les écoles comprenait des cours concernant :

74:7.4 1. La santé et les soins du corps.

74:7.5 2. La règle d'or, l'étalon des rapports sociaux.

74:7.6 3. La relation des droits individuels avec les droits collectifs et les obligations envers la communauté.

74:7.7 4. L'histoire et la culture des diverses races terrestres.

74:7.8 5. Les méthodes pour améliorer et faire progresser le commerce mondial.

74:7.9 6. La coordination des conflits entre devoirs et sentiments.

74:7.10 7. La pratique des jeux, de l'humour et des substituts sous forme de compétition pouvant remplacer les batailles physiques.

74:7.11 Les écoles, et en fait toutes les activités du Jardin, étaient toujours ouvertes aux visiteurs. Les observateurs non armés étaient largement admis à Éden pour de courtes visites. Pour séjourner dans le Jardin, un Urantien devait être « adopté » . On l'instruisait du plan et du dessein de l'effusion adamique ; il notifiait son intention d'adhérer à cette mission, et proclamait ensuite sa fidélité à la règle sociale d'Adam et à la souveraineté spirituelle du Père Universel.

74:7.12 Les lois du Jardin étaient basées sur les anciens codes de Dalamatia et promulguées sous sept titres :

74:7.13 1. Les lois de santé et d'hygiène.

74:7.14 2. Les règles sociales du Jardin.

74:7.15 3. Le code des échanges et du commerce.

74:7.16 4. Les lois de la bonne foi et de la concurrence.

74:7.17 5. Les lois de la vie familiale.

74:7.18 6. Le code civil de la règle d'or.

74:7.19 7. Les sept commandements de la loi morale suprême.

74:7.20 La loi morale d'Éden était peu différente des sept commandements de Dalamatia, mais les Adamites enseignaient nombre de raisons supplémentaires pour les justifier. Par exemple, au sujet de l'injonction contre le meurtre, la présence intérieure de l'Ajusteur de Pensée était donnée comme un motif additionnel pour ne pas détruire la vie humaine. On enseignait que « quiconque verse le sang de l'homme par l'homme aura son propre sang versé, car Dieu a fait l'homme à son image » .

74:7.21 L'heure d'Éden pour le culte public était midi ; le coucher du soleil était l'heure du culte familial. Adam fit de son mieux pour décourager l'emploi de prières toutes faites, enseignant qu'une prière efficace doit être entièrement individuelle, qu'elle doit représenter le « désir de l'âme » ; mais les Édénites continuèrent à employer les prières et les formes traditionnelles transmises depuis l'époque de Dalamatia. Adam s'efforça aussi de substituer des offrandes de fruits de la terre aux sacrifices de sang dans les cérémonies religieuses, mais ne fit guère de progrès dans ce sens avant la dislocation du Jardin.

74:7.22 Adam tenta d'expliquer aux races l'égalité des sexes. La manière dont Ève travaillait aux côtés de son mari impressionna profondément tous les habitants du Jardin. Adam leur enseigna nettement que la femme apporte, au même titre que l'homme, les facteurs de vie qui s'unissent pour former un nouvel être. Auparavant les hommes avaient supposé que toute procréation résidait dans les « reins du père » . Ils avaient considéré la mère comme un simple instrument pour nourrir l'enfant à naître et allaiter le nouveau-né.

74:7.23 Adam enseigna à ses contemporains tout ce qu'ils pouvaient comprendre, mais, comparativement parlant, ce n'était pas grand-chose. Néanmoins, les individus les plus intelligents des races de la terre attendaient impatiemment le moment où ils auraient la permission de se marier avec les enfants supérieurs de la race violette. Quel monde différent Urantia serait devenu, si ce grand plan pour élever les races avait été mis à exécution ! Même à la manière dont les choses se sont passées, le faible apport de sang que les peuples évolutionnaires ont reçu incidemment de la race importée a procuré des gains prodigieux.

74:7.24 C'est ainsi qu'Adam travailla pour le bien-être et l'élévation du monde de son séjour, mais c'était une tâche bien difficile que de conduire dans la meilleure voie ces peuples mêlés et bâtards.

74.8  La Légende de la Création

74:8.1 L'histoire de la création d'Urantia en six jours fut basée sur la tradition qu'Adam et Ève avaient passé précisément six jours à leur examen initial du Jardin. Cette circonstance apporta une sanction presque sacrée à la période de temps de la semaine, qui avait originellement été introduite par les Dalamatiens. Le fait qu'Adam ait passé six jours à inspecter le Jardin et à formuler des plans préliminaires d'organisation n'était pas préconçu, mais fut élaboré au jour le jour. Le choix du septième jour pour le culte fut tout à fait fortuit et lié aux évènements que nous venons de relater.

74:8.2 La légende du monde créé en six jours fut une pensée venue après coup, en fait plus de trente-mille ans plus tard. Il est possible qu'un passage du récit, l'apparition soudaine du soleil et de la lune, provienne des traditions selon lesquelles le monde avait jadis émergé soudain d'un nuage dense de poussière cosmique qui avait longtemps obscurci le soleil et la lune.

74:8.3 L'histoire de la création d'Ève à partir d'une côte d'Adam est un résumé confus de l'arrivée d'Adam et de la chirurgie céleste concernant l'échange de substances vivantes associé à la venue de l'état-major corporel du Prince Planétaire plus de 450.000 ans auparavant.

74:8.4 La majorité des peuples du monde a été influencée par la tradition que des formes physiques furent créées pour Adam et Ève lors de leur arrivée sur Urantia. La croyance que l'homme a été créé avec de l'argile fut à peu près universelle dans l'hémisphère oriental ; on retrouve cette tradition tout autour du monde depuis les Philippines jusqu'en Afrique. De nombreux groupes ethniques acceptèrent l'histoire de l'homme tiré de l'argile par une forme spéciale de création, alors qu'antérieurement ils croyaient à la création progressive : l'évolution.

74:8.5 En dehors des influences de Dalamatia et d'Éden, l'humanité tendait à croire à l'ascension graduelle de la race humaine. Le fait de l'évolution n'est pas une découverte moderne ; les anciens comprenaient le lent caractère évolutionnaire du progrès humain. Les Grecs primitifs en avaient une idée claire, malgré leur proximité de la Mésopotamie. Bien que les diverses races de la terre se fussent déplorablement embrouillées dans leurs notions sur l'évolution, nombre de tribus primitives croyaient et enseignaient qu'elles descendaient de divers animaux. Les peuplades primitives prirent l'habitude de choisir pour « totems » les animaux qu'elles supposaient avoir eus pour ancêtres. Plusieurs tribus indiennes nord-américaines se croyaient issues de castors et de coyotes. Certaines tribus africaines enseignent qu'elles descendent de l'hyène, une tribu malaise du lémur, un groupe de Nouvelle Guinée du perroquet.

74:8.6 À cause de leur contact immédiat avec les restes de la civilisation des Adamites, les Babyloniens élargirent et embellirent l'histoire de la création de l'homme ; ils prétendaient qu'il était descendu directement des Dieux, que la race avait une origine aristocratique, ce qui était incompatible même avec la doctrine de la création à partir de l'argile.

74:8.7 Le récit de la création, dans l'Ancien Testament, date de longtemps après l'époque de Moïse, qui n'enseigna jamais aux Hébreux une histoire aussi déformée. En fait, il avait présenté aux Israélites un récit simple et condensé de la création, espérant par là donner du poids à son appel à l'adoration du Créateur, le Père Universel, qu'il nommait le Seigneur Dieu d'Israël.

74:8.8 Dans ses premiers enseignements, Moïse évita fort sagement de remonter au delà de l'époque d'Adam et, puisque Moïse était l'instructeur suprême des Hébreux, les histoires d'Adam furent intimement reliées à celles de la création. Les traditions plus anciennes reconnaissaient une civilisation préadamique ; cela ressort clairement du fait que les éditeurs ultérieurs, qui avaient l'intention d'éliminer toute référence aux affaires humaines antérieures à Adam, négligèrent de faire disparaître la référence révélatrice de l'émigration de Caïn dans la « terre de Nod » , où il prit femme.

74:8.9 Pendant longtemps après leur installation en Palestine, les Hébreux n'eurent pas de langage écrit d'emploi général. Ils apprirent l'usage de l'alphabet par leurs voisins les Philistins, qui étaient des réfugiés politiques de la civilisation supérieure de Crète. Les Hébreux écrivirent peu jusqu'à l'an 900 avant J.-C. Faute de langage écrit avant cette date tardive, différentes histoires de la création circulaient chez eux, mais, après la captivité de Babylone, ils eurent davantage tendance à accepter une version mésopotamienne modifiée.

74:8.10 La tradition juive se cristallisa autour de Moïse et, parce qu'il s'était efforcé de faire remonter la généalogie d'Abraham jusqu'à Adam, les juifs supposèrent qu'Adam était le premier homme de toute l'humanité. Yahweh était le créateur, et puisqu'Adam était censé être le premier homme, il fallait que Yahweh eût créé le monde juste avant de créer Adam. La tradition des six jours d'Adam fut alors imbriquée dans l'histoire, avec pour résultat que, près de mille ans après le séjour de Moïse sur terre, la tradition de la création du monde en six jours fut écrite et lui fut ultérieurement attribuée.

74:8.11 Lorsque les prêtres juifs retournèrent à Jérusalem, ils avaient déjà achevé d'écrire leur récit du commencement des choses. Ils prétendirent bientôt que cette narration était une histoire de la création écrite par Moïse et récemment découverte. Par contre, les Hébreux contemporains d'environ 500 ans avant J.-C. ne considéraient pas ces écrits comme des révélations divines, mais plutôt de la même manière que les peuples ultérieurs considèrent les récits mythologiques.

74:8.12 Ce document falsifié, censé représenter l'enseignement de Moïse, fut porté à l'attention de Ptolémée, le roi grec d'Égypte, qui le fit traduire en grec par une commission de soixante-dix érudits pour sa nouvelle bibliothèque d'Alexandrie. Ce récit trouva ainsi sa place parmi les écrits qui firent ensuite partie des collections ultérieures d' « écrits sacrés » des religions hébraïque et chrétienne. Par identification avec ces derniers systèmes théologiques, ces conceptions ont profondément influencé pendant très longtemps la philosophie de nombreux peuples occidentaux.

74:8.13 Les instructeurs chrétiens perpétuèrent la croyance que la race humaine avait été créée par un acte souverain. Tout ceci conduisit directement à former l'hypothèse qu'il y avait eu jadis un âge d'or de félicité utopique, et à la théorie de la chute de l'homme ou du surhomme, qui expliquait la condition de la société qui n'avait rien d'utopique. Ces aperçus sur la vie et la place de l'homme dans l'univers étaient au moins décourageants puisqu'ils se basaient sur une croyance à la régression plutôt qu'à la progression, et qu'ils impliquaient également une Déité vengeresse épanchant sa colère sur la race humaine comme sanction des erreurs de certains anciens administrateurs planétaires.

74:8.14 L'âge d'or « est un mythe, mais Éden était un fait, et la civilisation du Jardin fut effectivement ruinée. Adam et Ève persévérèrent dans le Jardin pendant cent-dix-sept ans, après quoi, par l'impatience d'Ève et les erreurs de jugement d'Adam, ils eurent la présomption de s'écarter de la voie ordonnée, ce qui amena rapidement la catastrophe sur eux-mêmes et retarda d'une façon désastreuse le développement progressif de tout Urantia.

74:8.15 [Relaté par Solonia, « la voix séraphique dans le Jardin » .]

75. La Faute d'Adam et d'Ève

75:0.1 APRÈS plus de cent ans d'efforts sur Urantia, Adam ne pouvait constater que très peu de progrès à l'extérieur du Jardin ; le monde en général ne semblait guère s'améliorer. L'amélioration de la race paraissait bien lointaine, et la situation semblait désespérée au point de nécessiter un remède non prévu dans les plans originaux. Du moins, c'est ce qui traversait souvent le mental d'Adam, et il en fit bien des fois part à Ève. Adam et sa compagne étaient loyaux, mais ils étaient isolés de leurs semblables et très affligés du triste état de leur monde.

75.1  Le Problème d'Urantia

75:1.1 La mission adamique sur Urantia, planète expérimentale, déchirée par la rébellion et isolée, était une entreprise formidable. Le Fils et la Fille matériels ne tardèrent pas à se rendre compte de la difficulté et de la complexité de leur affectation planétaire. Néanmoins, ils se mirent courageusement à l'oeuvre pour résoudre leurs nombreux problèmes, mais, quand ils s'attaquèrent au travail majeur d'éliminer les êtres dégénérés et défectueux des lignées humaines, ils furent tout à fait consternés. Ils ne voyaient aucun moyen de sortir du dilemme et ne pouvait prendre conseil de leurs supérieurs ni sur Jérusem ni sur Édentia. Ils étaient là, isolés et devant affronter jour après jour quelque imbroglio nouveau et compliqué, ou quelque problème apparemment insoluble.

75:1.2 Dans des conditions normales, le premier travail d'un Adam et d'une Ève Planétaires eût été de coordonner et de mélanger les races. Mais, sur Urantia, ce projet semblait à peu près sans espoir, car les races étaient bien prêtes biologiquement, mais n'avaient jamais été débarrassées de leurs lignées retardataires et défectueuses.

75:1.3 Adam et Ève se trouvaient sur une sphère qui n'était aucunement préparée pour la proclamation de la fraternité des hommes, un monde tâtonnant dans une obscurité spirituelle abjecte et affligée d'une confusion rendue pire par l'avortement de la mission de l'administration précédente. Le mental et la morale étaient à un bas niveau et, au lieu de pouvoir entreprendre leur tâche d'unification religieuse, le Fils et la Fille Matériels devaient recommencer complètement la conversion des habitants aux plus simples formes de croyance religieuse. Au lieu de trouver une langue prête à être adoptée, ils devaient faire face à la confusion mondiale de centaines et centaines de dialectes locaux. Nul Adam du service planétaire ne fut jamais attaché à un monde plus difficile ; les obstacles semblaient insurmontables et les problèmes insolubles pour des créatures.

75:1.4 Adam et Ève étaient isolés, et le prodigieux sentiment de solitude qui s'appesantissait sur eux fut encore accru par le départ assez rapide des administrateurs provisoires Melchizédeks. C'est seulement indirectement, par le truchement des ordres angéliques, qu'ils pouvaient communiquer avec un être quelconque extérieur à la planète. Peu à peu, leur courage allait s'affaiblissant, leur entrain se perdait et, parfois, leur foi était prête à chanceler.

75:1.5 Telle est la véritable image de la consternation de ces deux nobles âmes tandis qu'elles réfléchissaient aux tâches qui les confrontaient. Toutes deux se rendaient compte avec acuité de l'énorme entreprise qu'impliquait l'exécution de leur affectation planétaire.

75:1.6 Il est probable que jamais des Fils Matériels de Nébadon n'eurent à faire face à une tâche aussi difficile, et apparemment désespérée, qu'Adam et Ève devant la pénible situation d'Urantia. Ils auraient cependant fini par réussir s'ils avaient été plus perspicaces et plus patients. Tous deux, et spécialement Ève, étaient vraiment trop impatients ; ils répugnaient à s'atteler à la longue, très longue épreuve d'endurance. Ils désiraient voir des résultats immédiats, et ils les virent, mais les résultats ainsi acquis se révélèrent des plus désastreux pour eux-mêmes et pour leur monde.

75.2  Le Complot de Caligastia

75:2.1 Caligastia faisait de fréquentes visites au Jardin et eut de nombreux entretiens avec Adam et Ève, mais ils les trouva intransigeants devant toutes ses suggestions de compromis et de raccourcis aventureux. Ils avaient devant eux un tableau suffisant des résultats de la rébellion pour être efficacement immunisés contre toutes ces propositions insidieuses. Les ouvertures de Daligastia restaient sans influence même sur les jeunes descendants d'Adam. Bien entendu, ni Caligastia ni son associé n'avaient le pouvoir d'influencer une personne quelconque contre sa volonté, et encore moins de persuader les enfants d'Adam de mal faire.

75:2.2 Il faut se rappeler que Caligastia était encore en titre le Prince Planétaire d'Urantia, un Fils dévoyé, mais néanmoins élevé, de l'univers local. Il ne fut définitivement déposé que lors du passage de Christ Micaël sur Urantia.

75:2.3 Mais le Prince déchu était persévérant et résolu. Il renonça bientôt à convaincre Adam et décida de tenter une perfide attaque de flanc contre Ève. Le Malin conclut que son unique espoir de réussite résidait dans l'emploi adroit de personnes qualifiées appartenant aux couches supérieures du groupe nodite, les descendants des anciens associés de son état-major corporel. Il établit ses plans en conséquence pour prendre au piège la mère de la race violette.

75:2.4 Ève n'eut jamais la moindre intention de faire quoi que ce soit pour desservir les plans d'Adam ou compromettre leur mission planétaire de confiance. Connaissant la tendance des femmes à rechercher des résultats immédiats plutôt que de faire avec prévoyance des plans à effets plus lointains, les Melchizédeks, avant leur départ, avaient spécialement mis Ève en garde contre les dangers spécifiques menaçant leur position isolée sur la planète, et en particulier ils l'avaient avertie de ne jamais se désolidariser de son mari, c'est-à-dire de ne pas essayer de méthodes secrètes ou personnelles pour faire progresser leurs entreprises communes. Ève avait très scrupuleusement suivi ces instructions pendant plus de cent ans, et il ne lui était pas venu à l'idée qu'un danger s'attacherait aux visites dont elle était gratifiée par un chef nodite nommé Sérapatatia, visites de plus en plus privées et confidentielles. Toute l'affaire se développa si graduellement et si naturellement qu'Ève fut prise au dépourvu.

75:2.5 Les habitants du Jardin avaient été en contact avec les Nodites depuis les premiers jours d'Éden. Ils avaient reçu beaucoup d'aide et une précieuse collaboration de ces descendants mixtes des membres défaillants de l'état-major de Caligastia, et c'était à travers eux que le régime édénique allait maintenant être complètement ruiné et renversé.

75.3  La Tentation d'Ève

75:3.1 Adam venait d'achever son premier siècle de séjour sur terre lorsque Sérapatatia, ayant perdu son père, devint chef de la confédération occidentale ou syrienne des tribus nodites. Sérapatatia était un homme au teint brun, un brillant descendant de l'ancien chef de la commission de la santé à Dalamatia, qui avait épousé une femme de la race bleue douée d'un mental supérieur, un des plus remarquables de ces temps lointains. A travers toutes les générations, cette lignée avait détenu l'autorité et exercé une grande influence sur les tribus nodites occidentales.

75:3.2 Sérapatatia avait fait plusieurs visites au Jardin et avait été profondément impressionné par la droiture de la cause d'Adam. Peu après avoir pris le commandement des Nodites syriens, il annonça son intention d'établir des attaches avec le travail d'Adam et d'Ève dans le Jardin. La majorité de son peuple le suivit dans ce programme, et Adam fut réconforté par la nouvelle que la plus puissante et la plus intelligente des tribus voisines s'était ralliée presque en bloc au soutien de son programme pour améliorer le monde ; c'était nettement encourageant. Peu après ce grand évènement, Adam et Ève reçurent Sérapatatia et son nouvel état-major dans leur propre maison.

75:3.3 Sérapatatia devint l'un des lieutenants d'Adam les plus capables et les plus efficaces. Il était entièrement honnête et complètement sincère dans toutes ses activités. Il ne fut jamais conscient, même plus tard, que le rusé Caligastia se servait de lui comme d'un instrument accessoire.

75:3.4 Bientôt Sérapatatia devint vice-président de la commission édénique des relations tribales, et de nombreux plans furent préparés pour poursuivre plus vigoureusement le ralliement des tribus lointaines à la cause du Jardin.

75:3.5 Il eut de nombreuses conférences avec Adam et Ève - spécialement avec Ève - où ils discutèrent bien des projets pour améliorer leurs méthodes. Un jour, durant une conversation avec Ève, Sérapatatia eut l'idée qu'en attendant de pouvoir recruter un grand nombre des représentants de la race violette, il serait très utile que quelque chose puisse être fait entretemps pour le progrès immédiat des tribus qui demeuraient très dépourvues. Sérapatatia soutint que, si les Nodites, la race la plus progressiste et la plus coopérative, pouvaient avoir un chef qui naisse chez eux avec une part de sang violet, cela constituerait un lien puissant qui attacherait plus étroitement ces peuplades au Jardin. Tout ceci fut sérieusement et honnêtement considéré comme bénéfique pour le monde, puisque l'enfant, qui devait être élevé et instruit dans le Jardin, exercerait une grande influence bénéfique sur le peuple de son père.

75:3.6 Il y a lieu de souligner de nouveau que Sérapatatia était complètement honnête et totalement sincère dans toutes ses propositions. Jamais il ne soupçonna qu'il jouait le jeu de Caligastia et de Daligastia. Sérapatatia était entièrement fidèle au plan consistant à accumuler une forte réserve de la race violette avant de tenter le relèvement à l'échelle mondiale des peuplades confuses d'Urantia. Mais cela demanderait des centaines d'années pour être accompli, et il était impatient. Il voulait obtenir quelques résultats immédiats - des choses qu'il puisse voir pendant sa vie. Il fit comprendre clairement à Ève qu'Adam était souvent découragé par le peu de résultats qu'il avait obtenu pour élever le monde.

75:3.7 Pendant plus de cinq ans, ces plans furent mûris secrètement. A la fin, ils avaient atteint le point où Ève consentit à avoir un entretien secret avec Cano, le penseur le plus brillant et le chef le plus actif de la colonie voisine des Nodites sympathisants. Cano était très bien disposé envers le régime adamique ; en fait, il était le sincère chef spirituel des Nodites des environs qui souhaitaient des relations amicales avec le Jardin.

75:3.8 La réunion fatale eut lieu au crépuscule d'un soir d'automne, non loin de la demeure d'Adam. Ève n'avait encore jamais rencontré le beau et enthousiaste Cano - qui était un magnifique spécimen de survivance de la structure corporelle supérieure et de la remarquable intelligence de ses lointains ancêtres de l'état-major du Prince. Cano, lui aussi, croyait entièrement à la droiture du projet de Sérapatatia. (En dehors du Jardin, la polygamie se pratiquait couramment.)

75:3.9 Influencée par la flatterie, l'enthousiasme et une grande force de persuasion personnelle, Ève consentit séance tenante à se lancer dans l'entreprise tant discutée et à ajouter son petit projet de salut du monde au plan divin plus vaste et de plus grande envergure. Avant d'avoir tout à fait réalisé ce qui se passait, le pas fatal avait été franchi. C'en était fait.

75.4  La Réalisation de la Faute

75:4.1 Les êtres célestes vivant sur la planète étaient en émoi. Adam reconnut que quelque chose allait mal et demanda à Ève de venir auprès de lui dans le Jardin. Alors, pour la première fois, Adam entendit l'histoire du plan longuement mûri pour accélérer le progrès du monde en opérant simultanément dans deux directions : la poursuite du plan divin concomitante avec l'exécution du projet de Sérapatatia.

75:4.2 Tandis que le Fils et la Fille Matériels s'entretenaient ainsi dans le Jardin éclairé par la lune, « la voix dans le Jardin » leur reprocha leur désobéissance. Cette voix n'était autre que la mienne, lorsque j'annonçai au couple édénique qu'il avait transgressé le pacte du Jardin, qu'il avait désobéi aux instructions des Melchizédeks et qu'il avait failli à son serment de fidélité au souverain de l'univers.

75:4.3 Ève avait consenti à participer à la pratique du bien et du mal. Le bien est l'exécution des plans divins ; le péché est une transgression délibérée de la volonté divine ; le mal est le défaut d'adaptation des plans et d'ajustement des techniques qui se traduit par la dysharmonie de l'univers et la confusion planétaire.

75:4.4 Chaque fois que le couple du Jardin avait mangé du fruit de l'arbre de vie, l'archange gardien les avait prévenus qu'il fallait s'abstenir de céder aux suggestions de Caligastia tendant à conjuguer le bien et le mal. Ils avaient été avertis dans les termes suivants : « Le jour où vous mélangerez le bien et le mal, vous ressemblerez sûrement aux mortels du royaume ; vous mourrez certainement. »

75:4.5 Lors de l'occasion fatale de leur rencontre secrète, Ève avait signalé à Cano cet avertissement souvent répété, mais Cano, ne connaissant ni l'importance ni le sens de ces remontrances, l'avait assurée que des hommes et des femmes ayant de bons mobiles et des intentions sincères ne pouvaient faire de mal, que sûrement elle ne mourrait pas mais vivrait plutôt à nouveau dans la personne de son enfant qui grandirait pour bénir et stabiliser le monde.

75:4.6 Bien que ce projet de modifier le plan divin eût été conçu et exécuté avec une entière sincérité et uniquement avec les mobiles les plus élevés pour le bien-être du monde, il constituait un mal parce qu'il représentait la mauvaise manière d'atteindre de justes fins, parce qu'il s'écartait du droit chemin, du plan divin.

75:4.7 Il est vrai qu'Ève avait trouvé Cano plaisant à regarder, et qu'elle réalisait tout ce que son séducteur lui promettait au moyen « d'une connaissance nouvelle et accrue des affaires humaines et d'une compréhension plus vive de la nature humaine en complément d'une compréhension de la nature adamique » .

75:4.8 Cette nuit-là, dans le Jardin, je parlai au père et à la mère de la race violette comme c'était mon devoir en ces tristes circonstances. J'écoutai entièrement le récit de tout ce qui avait conduit Mère Ève à commettre la faute et je leur donnai à tous deux des avis et des conseils au sujet de la situation immédiate. Certains furent suivis, d'autres dédaignés. Cet entretien est décrit dans vos annales comme « le Seigneur Dieu appelant Adam et Ève dans le Jardin et leur demandant : Où êtes-vous ? » . Les générations ultérieures avaient pour habitude d'attribuer directement à une intervention personnelle des Dieux tout ce qui était inhabituel ou extraordinaire, que ce soit d'ordre physique ou spirituel.

75.5  Les Répercussions de la Faute

75:5.1 La désillusion d'Ève fut vraiment pathétique. Adam discerna toute la malheureuse conjoncture. Malgré son abattement et son coeur brisé, il ne manifesta que de la pitié et de la sympathie pour sa compagne égarée.

75:5.2 Ce fut dans le désespoir de la réalisation de l'échec qu'Adam, le lendemain de la faute d'Ève, rechercha Laotta, la brillante femme nodite qui dirigeait les écoles occidentales du Jardin, et commit avec préméditation la même folie qu'Ève. Mais ne vous méprenez pas : Adam ne fut pas séduit ; il savait exactement ce qu'il faisait ; il choisit délibérément de partager le sort d'Ève. Il aimait sa compagne d'une affection suprahumaine, et l'idée de la possibilité d'une veille solitaire sans elle sur Urantia dépassait ce qu'il pouvait supporter.

75:5.3 Quand ils apprirent ce qui était arrivé à Ève, les habitants du Jardin devinrent furieux et ingouvernables. Ils déclarèrent la guerre aux Nodites installés dans le voisinage. Sortant par les portes d'Éden, ils se précipitèrent sur cette population non préparée et la détruisirent de fond en comble. Aucun homme, aucune femme, aucun enfant ne furent épargnés, et Cano, le père de Caïn encore à naître, périt également.

75:5.4 Lorsqu'il comprit clairement ce qui était arrivé, Sérapatatia s'effondra dans la consternation ; la crainte et le remords lui firent perdre la raison et, le lendemain, il alla se noyer dans le grand fleuve.

75:5.5 Les enfants d'Adam cherchèrent à réconforter leur mère affolée tandis que leur père errait seul pendant trente jours. A la fin de ce délai, le bon sens reprit le dessus ; Adam revint à son foyer et commença à faire des plans pour leur future ligne de conduite.

75:5.6 Les conséquences des folies des parents malavisés sont bien souvent partagées par leurs enfants innocents. Les nobles et intègres fils et filles d'Adam et d'Ève étaient accablés par l'inexplicable tristesse due à l'incroyable tragédie dans laquelle ils avaient été si soudainement et si brutalement précipités. Cinquante ans plus tard, les ainés de ces enfants ne s'étaient pas encore remis du chagrin et de la douleur de ces jours tragiques, et spécialement de la terreur éprouvée pendant la période de trente jours où leur père avait été absent du foyer, tandis que leur mère affolée ignorait complètement son sort et l'endroit où il se trouvait.

75:5.7 Ces mêmes trente jours furent, pour Ève, comme de longues années de chagrin et de souffrance. Cette noble âme ne se remit jamais complètement de cette période atroce de douleur mentale et de tristesse spirituelle. Nul aspect de leurs privations et de leurs tribulations ultérieures ne peut même se comparer, dans la mémoire d'Ève, à ces terribles journées, et à ces affreuses nuits de solitude et d'intolérable incertitude. Elle apprit l'action irréfléchie de Sérapatatia sans savoir si son compagnon s'était tué de désespoir ou avait été enlevé de la terre en punition de la faute qu'elle avait commise. Et, lorsqu'Adam revint, Ève éprouva une joie et une reconnaissance qui ne furent jamais effacées par le dur service de leur longue et difficile association de vie.

75:5.8 Le temps passait, mais Adam ne fut certain de la nature de leur infraction que soixante-dix jours après la faute d'Ève, quand les administrateurs provisoires Melchizédeks revinrent sur Urantia et assumèrent la juridiction sur les affaires du monde. Alors, il sut qu'Ève et lui avaient échoué.

75:5.9 Mais bien d'autres ennuis se préparaient. La nouvelle de l'anéantissement de la colonie nodite proche d'Éden ne tarda pas à être connue des tribus de Sérapatatia dans le nord, et une grande armée s'assembla bientôt pour marcher sur le Jardin. Ce fut le commencement d'une longue guerre acharnée entre les Adamites et les Nodites, car ces hostilités durèrent bien après qu'Adam et ses partisans eurent émigré vers le second jardin, dans la vallée de l'Euphrate. Il y eut « une inimitié intense et prolongée entre cet homme et la femme, entre la semence de l'un et la semence de l'autre » .

75.6  Adam et Ève Quittent le Jardin

75:6.1 Lorsqu'Adam apprit que les Nodites étaient en marche, il demanda conseil aux Melchizédeks, mais ceux-ci refusèrent de lui donner un avis. Ils se bornèrent à lui dire d'agir au mieux de son idée et lui promirent leur coopération amicale, dans toute la mesure du possible, dans la ligne de conduite qu'il aurait choisie. Les Melchizédeks avaient reçu l'interdiction de s'immiscer dans les plans personnels d'Adam et d'Ève.

75:6.2 Adam savait que lui et Ève avaient échoué ; la présence des administrateurs provisoires Melchizédeks le lui annonçait ; mais il ne savait encore rien de leur statut personnel, ni de leur sort futur. Il tint, pendant toute la nuit, une conférence avec douze cents partisans loyaux qui s'engagèrent à suivre leur chef. Le lendemain à midi, ces pèlerins s'en allèrent d'Éden à la recherche de nouvelles demeures. Adam n'aimait pas la guerre et choisit, en conséquence, d'abandonner sans opposition le premier jardin aux Nodites.

75:6.3 La caravane édénique fut arrêté le troisième jour de sa sortie du Jardin par les transports séraphiques arrivant de Jérusem. Pour la première fois, Adam et Ève furent renseignés sur ce qu'allait être le sort de leurs enfants. Tandis que les transporteurs se tenaient prêts, les enfants qui étaient arrivés à l'âge du choix (vingt ans) reçurent l'option de rester sur Urantia avec leurs parents ou de devenir pupilles des Très Hauts de Norlatiadek. Les deux tiers choisirent d'aller sur Édentia ; environ un tiers décida de rester avec leurs parents. Tous les enfants qui n'étaient pas d'âge à choisir furent emmenés sur Édentia. Nul n'aurait pu assister à la pénible séparation du Fils et de la Fille Matériels d'avec leurs enfants sans réaliser que la voie des transgresseurs est rude. Ces descendants d'Adam et d'Ève sont à présent sur Édentia et nous ignorons ce que l'on fera d'eux.

75:6.4 Ce fut une bien triste caravane qui se prépara à continuer son voyage. Peut-on imaginer plus tragique ! Être venus sur un monde avec tant d'espoirs, avoir été accueillis sous d'aussi heureux auspices, puis quitter Éden dans la disgrâce et encore perdre les trois quarts de leurs enfants avant même d'avoir trouvé une nouvelle résidence !

75.7  La Dégradation d'Adam et d'Ève

75:7.1 Ce fut pendant l'arrêt de la caravane édénique qu'Adam et Ève furent renseignés sur la nature de leur transgression et informés du sort qui les attendait. Gabriel apparut pour prononcer le jugement, et voici le verdict : « L'Adam et l'Ève Planétaires d'Urantia sont jugés en faute ; ils ont violé le pacte de leur mission de confiance comme chefs de ce monde habité. »

75:7.2 Abattus par leur sentiment de culpabilité, Adam et Ève furent cependant grandement réconfortés par l'annonce que leurs juges sur Salvington les avaient absous de toute accusation d'avoir « outragé le gouvernement de l'univers » . Ils n'avaient pas été jugés coupables de rébellion.

75:7.3 Le Fils et la Fille édéniques furent informés qu'ils s'étaient abaissés eux-mêmes au statut des mortels du royaume et qu'il leur fallait désormais se conduire comme un homme et une femme d'Urantia en envisageant l'avenir des races du monde comme le leur.

75:7.4 Longtemps avant qu'Adam et Ève eussent quitté Jérusem, leurs instructeurs leur avaient pleinement expliqué les conséquences de tout manquement vital aux plans divins. Je les avais personnellement prévenus maintes et maintes fois, aussi bien avant qu'après leur arrivée sur Urantia, que la réduction au statut de chair mortelle serait le résultat certain, la pénalité sûre, qui accompagnerait infailliblement une carence dans l'exécution de leur mission planétaire. Mais il est essentiel d'avoir certaines notions du statut d'immortalité de l'ordre matériel de filiation pour comprendre clairement les conséquences entrainées par la faute d'Adam et d'Ève.

75:7.5 1. Adam et Ève, comme leurs semblables de Jérusem, maintenaient leur statut d'immortalité par association intellectuelle avec le circuit de gravité mentale de l'Esprit. Quand ce soutien vital est rompu par disjonction mentale, alors, quel que soit le niveau spirituel de l'existence de la créature, le statut d'immortalité est perdu. Le statut mortel, suivi de la décomposition physique, était la conséquence inévitable de la faute intellectuelle d'Adam et d'Ève.

75:7.6 2. Le Fils et la Fille Matériels d'Urantia étaient personnalisés dans la similitude de la chair mortelle de ce monde ; ils dépendaient donc, de plus, d'un double système circulatoire, le premier dérivé de leur nature physique et le second, de la superénergie accumulée dans le fruit de l'arbre de vie. L'archange conservateur de l'arbre avait toujours averti Adam et Ève qu'un manquement à la confiance culminerait dans une dégradation de statut ; l'accès à cette source d'énergie leur fut refusé à la suite de leur faute.

75:7.7 Caligastia avait réussi à prendre Adam et Ève au piège, mais n'avait pas réalisé son dessein de les entrainer dans une rébellion ouverte contre le gouvernement de l'univers. Ce qu'ils avaient fait était réellement mal, mais jamais ils ne furent coupables d'avoir outragé la vérité, ils ne s'étaient pas non plus engagés consciemment dans une rébellion contre la juste autorité du Père Universel et de son Fils Créateur.

75.8  La Prétendue Chute de l'Homme

75:8.1 Adam et Ève sont vraiment déchu de leur état supérieur de filiation matérielle jusqu'à l'humble statut des hommes mortels, mais ce ne fut pas la chute de l'homme. Malgré les conséquences immédiates de la faute adamique, la race humaine fut élevée. Bien que le plan divin du don de la race violette aux peuples d'Urantia ait avorté, les races mortelles ont tiré un immense profit de la contribution limitée qu'Adam et sa descendance apportèrent aux races d'Urantia.

75:8.2 Il n'y pas eu de « chute de l'homme » . L'histoire de la race humaine est une évolution progressive, et l'effusion adamique a laissé les peuples du monde grandement améliorés par rapport à leur condition biologique antérieure. Les lignées supérieures d'Urantia contiennent maintenant des facteurs héréditaires dérivés de pas moins de quatre sources séparées : andonite, sangik, nodite et adamique.

75:8.3 Adam ne devrait pas être considéré comme une source de malédiction pour la race humaine. Certes, il échoua dans l'exécution du plan divin, il transgressa son pacte avec la Déité ; son statut de créature et celui de sa compagne furent très certainement abaissés, mais, nonobstant tout cela, leur contribution à la race humaine a beaucoup fait progresser la civilisation sur Urantia.

75:8.4 En estimant les résultats de la mission adamique sur votre monde, la justice exige que l'on reconnaisse la condition de la planète. Adam fut confronté à une tâche presque désespérée lorsqu'il fut transporté avec sa belle compagne de Jérusem sur ce monde obscur et perturbé. Pourtant, s'ils avaient suivi les conseils des Melchizédeks et de leurs associés, et s'ils avaient été plus patients, ils auraient fini par réussir. Mais Ève écouta la propagande insidieuse pour la liberté personnelle et la liberté d'agir sur la planète. Elle fut conduite à faire une expérience avec le plasma vital de l'ordre matériel de filiation, en ce sens qu'elle permit à ce vivant dépôt de confiance de se mêler prématurément à celui d'un ordre qui était alors mixte ; ce dernier était celui du modèle originel des Porteurs de Vie et avait été combiné antérieurement avec celui des êtres reproducteurs jadis attachés à l'état-major du Prince Planétaire.

75:8.5 Au cours de toute votre ascension au Paradis, vous ne gagnerez jamais rien en essayant impatiemment de vous dérober au divin plan établi, au moyen de raccourcis, d'inventions personnelles ou d'autres expédients pour améliorer le chemin de la perfection, vers la perfection et pour la perfection éternelle.

75:8.6 Somme toute, il n'y eut, probablement sur aucune planète de Nébadon, un avortement de sagesse plus décourageant, mais il n'est pas surprenant que ces faux pas se produisent dans les affaires des univers évolutionnaires. Nous faisons partie d'une création gigantesque, et il n'y a rien d'étrange à ce que tout ne se passe pas à la perfection. Notre univers n'a pas été créé parfait ; la perfection est notre but éternel et non notre origine.

75:8.7 Si l'univers était mécaniste, si la Grande Source-Centre Première n'était qu'une force et non aussi une personnalité, si toute la création était un immense agrégat de matière physique dominé par des lois précises caractérisées par des actions énergétiques invariables, alors la perfection pourrait prévaloir, même sans que le statut de l'univers soit parachevé. Il n'y aurait nul désaccord, nulle friction. Mais, dans notre univers en évolution, de perfection et d'imperfection relatives, nous nous réjouissons que des désaccords et des malentendus soient possibles, car ils apportent la preuve du fait et de l'action de la personnalité dans l'univers. Si notre création est une existence dominée par la personnalité, alors vous pouvez être assurés que la survie, le progrès et l'aboutissement de la personnalité sont possibles ; nous pouvons avoir confiance dans la croissance, l'expérience et l'aventure de la personnalité. Combien l'univers est glorieux parce qu'il est personnel et progressif, et non simplement mécanique ou même passivement parfait !

75:8.8 [Présenté par Solonia, « la voix séraphique dans le Jardin » .]

76. Le Second Jardin

76:0.1 LORSQU'Adam décida de quitter le premier jardin sans s'opposer aux Nodites, il ne pouvait aller vers l'ouest avec ses partisans, car les Édénites n'avaient pas de bateaux convenant à une telle aventure sur mer. Ils ne pouvaient aller vers le nord, car les Nodites du nord étaient déjà en marche vers Éden. Ils craignaient d'aller au sud, car les collines de cette région étaient infestées de tribus hostiles. La seule voie ouverte était vers l'est ; ils s'orientèrent donc vers les régions alors plaisantes situées entre le Tigre et l'Euphrate. Beaucoup de ceux qui avaient été laissés en arrière prirent plus tard la route de l'est pour rejoindre les Adamites dans leur nouvelle demeure de la vallée.

76:0.2 Caïn et Sansa naquirent tous deux avant que la caravane adamique eût atteint sa destination entre les deux fleuves de Mésopotamie. Laotta, la mère de Sansa, mourut à la naissance de sa fille. Ève eut des couches difficiles, mais survécut grâce à sa vigueur supérieure. Elle s'attacha à Sansa, l'enfant de Laotta, et l'éleva avec Caïn. Sansa grandit et fit montre de grandes aptitudes. Elle devint la femme de Sargan, chef des races bleues nordiques, et contribua au progrès des hommes bleus de cette époque.

76.1  Les Édénites Pénètrent en Mésopotamie

76:1.1 Il fallut presque une année entière à la caravane d'Adam pour atteindre l'Euphrate. Ils le trouvèrent en crue et campèrent près de six semaines dans les plaines de l'ouest avant de le traverser pour pénétrer dans le pays situé entre les deux fleuves, qui allait devenir le second jardin.

76:1.2 Quand les habitants de ce territoire avaient appris que le roi et le grand-prêtre du Jardin d'Éden marchaient vers eux, ils avaient fui en hâte dans les montagnes de l'est. Lorsqu'Adam arriva, il trouva que tout le territoire désiré avait été évacué. C'est là, dans ce nouveau site, qu'Adam et ses aides se mirent au travail pour bâtir de nouvelles demeures et établir un nouveau centre de culture et de religion.

76:1.3 Adam savait que l'endroit était l'un des trois sites originellement sélectionnés par le comité chargé de rechercher des emplacements possibles pour le Jardin proposé par Van et Amadon. Les deux fleuves eux-mêmes formaient, à cette époque, une bonne défense naturelle. Un peu au nord du second jardin, l'Euphrate et le Tigre se rapprochaient beaucoup, de sorte qu'il suffisait de construire une muraille de quatre-vingt-dix kilomètres pour protéger le territoire vers le sud entre les fleuves.

76:1.4 Après l'installation dans le nouvel Éden, il devint nécessaire d'adopter des méthodes de vie rudimentaires ; il semblait véritablement que la terre avait été maudite. La nature suivait de nouveau son libre cours. Les Adamites étaient maintenant contraints d'arracher leur subsistance à une terre vierge et de faire face aux réalités de la vie devant les hostilités et incompatibilités naturelles de l'existence humaine. Ils avaient trouvé le premier jardin partiellement préparé pour eux, mais il leur fallut créer le second par le travail de leurs propres mains et « à la sueur de leur front » .

76.2  Caïn et Abel

76:2.1 Moins de deux ans après Caïn, naquit Abel, le premier enfant d'Adam et Ève né dans le second jardin. Quand Abel eut atteint l'âge de douze ans, il décida de devenir pâtre ; Caïn avait choisi la voie de l'agriculture.

76:2.2 Or, en ces temps-là, on avait l'habitude de faire offrande au clergé de ce dont on disposait. Les pâtres apportaient des animaux de leurs troupeaux, les fermiers, des fruits des champs ; selon cette coutume, Caïn et Abel faisaient également des offrandes périodiques aux prêtres. Les deux garçons avaient maintes fois débattu des mérites respectifs de leurs métiers, et Abel ne fut pas long à noter que l'on marquait de la préférence pour ses sacrifices d'animaux. C'est en vain que Caïn fit appel à la tradition du premier Éden, à l'ancienne préférence pour les fruits des champs. Abel ne voulut pas l'admettre et se gaussa de son ainé déconfit.

76:2.3 Au temps du premier Éden, Adam avait vraiment cherché à décourager les offrandes d'animaux sacrifiés, de sorte que Caïn avait un précédent pour justifier ses prétentions. Il était toutefois difficile d'organiser la vie religieuse du second Éden. Adam était harassé par mille et un détails associés au travail de construction, de défense et d'agriculture. Étant spirituellement très déprimé, il confia l'organisation du culte et de l'éducation aux collaborateurs de souche nodite qui avaient déjà occupé ces fonctions dans le premier jardin ; même dans un délai aussi bref, les prêtres nodites officiants commencèrent à revenir aux normes et aux règles des temps préadamiques.

76:2.4 Les deux garçons ne s'entendirent jamais bien, et cette affaire de sacrifices contribua encore à aviver la haine entre eux. Abel savait qu'il était le fils d'Adam et d'Ève et ne manquait jamais de faire ressortir à Caïn qu'Adam n'était pas son père. Caïn n'était pas de pure race violette, puisque son père appartenait à la race nodite croisée ultérieurement avec les hommes bleus et rouges et avec la souche andonique aborigène. Tout cela, ainsi que son hérédité naturelle belliqueuse, amena Caïn à nourrir une haine de plus en plus grande pour son jeune frère.

76:2.5 Les jeunes gens avaient respectivement dix-huit et vingt ans lorsque la querelle entre eux fut définitivement réglée. Un jour, les sarcasmes d'Abel mirent son frère combatif dans une telle fureur que Caïn, dans sa colère, se précipita sur lui et le tua.

76:2.6 L'observation de la conduite d'Abel établit la valeur du milieu et de l'éducation comme facteurs de développement du caractère. Abel avait un héritage idéal, et l'hérédité git au fond de tout caractère, mais l'influence d'une ambiance inférieure neutralisa virtuellement cet héritage magnifique. Abel fut grandement influencé, surtout dans ses premières années, par son milieu défavorable. Il serait devenu une personne entièrement différente s'il avait vécu jusqu'à vingt-cinq ou trente ans ; sa superbe hérédité se serait alors fait jour. Tandis qu'un bon milieu ne peut guère contribuer à triompher réellement des handicaps de caractère résultant d'une hérédité vile, un mauvais milieu peut très efficacement gâter une excellente hérédité, au moins durant les premières années de la vie. Un bon milieu social et une éducation convenable forment le terrain et l'atmosphère indispensables pour tirer le meilleur parti d'une bonne hérédité.

76:2.7 Les parents d'Abel connurent sa mort lorsque ses chiens ramenèrent ses troupeaux à la maison sans leur maitre. Caïn devenait rapidement pour Adam et Ève le sinistre souvenir de leur folie, et ils l'encouragèrent dans sa décision de quitter le Jardin.

76:2.8 La vie de Caïn en Mésopotamie n'avait pas été franchement heureuse, parce qu'il symbolisait la faute d'une manière trop frappante. Ceux qui l'entouraient n'étaient pas méchants avec lui, mais il ne lui avait pas échappé que, dans leur subconscient, ils éprouvaient du ressentiment contre lui. Caïn ne portait pas de marque tribale et savait qu'en conséquence il serait tué par les premiers hommes des tribus voisines qui le rencontreraient. La peur et un certain remords l'amenèrent à se repentir. Caïn n'avait jamais été habité par un Ajusteur, il avait toujours bravé la discipline familiale et dédaigné la religion de son père. Il alla maintenant trouver Ève, sa mère, pour lui demander de l'aide et des directives spirituelles, et, dès qu'il rechercha sincèrement l'assistance divine, un Ajusteur vint l'habiter. Cet Ajusteur, habitant à l'intérieur et regardant à l'extérieur, donna à Caïn un net avantage de supériorité qui le classa avec la tribu d'Adam, laquelle était grandement crainte.

76:2.9 Caïn partit donc pour le pays de Nod, à l'est du second jardin. Il devint un grand chef parmi l'un des groupes du peuple de son père et accomplit, dans une certaine mesure, les prédictions de Sérapatatia, car il établit la paix durant toute sa vie entre sa division de Nodites et les Adamites. Caïn épousa Remona, sa cousine éloignée, et leur premier fils, Énoch, devint chef des Nodites élamites. Pendant des siècles, les Élamites et les Adamites continuèrent à vivre en paix.

76.3  La Vie en Mésopotamie

76:3.1 À mesure que le temps passait dans le second jardin, les conséquences de la faute devenaient de plus en plus apparentes. Adam et Ève souffraient beaucoup d'être privés de leur ancienne demeure de beauté et de tranquillité, et de leurs enfants déportés sur Édentia. Il était vraiment pathétique d'observer ce magnifique couple réduit au statut de l'incarnation ordinaire du royaume ; mais il supportait avec grâce et courage son état diminué.

76:3.2 Adam passait sagement la majeure partie de son temps à enseigner à ses enfants et à ses associés l'administration civile, les méthodes éducatives et les pratiques religieuses. S'il n'avait pas eu cette prévoyance, un pandémonium se serait déchainé au moment de sa mort. En fait, la mort d'Adam apporta peu de changements dans la conduite des affaires de son peuple. Longtemps avant leur disparition, Adam et Ève avaient reconnu que leurs enfants et leurs partisans avaient graduellement appris à oublier leurs jours de gloire dans Éden. Pour la majorité de leurs partisans, il valait mieux oublier la grandeur d'Éden ; de la sorte, ils avaient moins de chances d'éprouver un mécontentement injustifié dans leur environnement moins heureux.

76:3.3 Les chefs civils des Adamites descendaient héréditairement des fils du premier jardin. Le premier fils d'Adam, Adamson (Adam ben Adam), fonda un centre secondaire de la race violette au nord du second Éden. Le deuxième fils d'Adam, Èveson, devint un chef et un administrateur magistral ; il fut le grand collaborateur de son père. Èveson ne vécut pas tout à fait aussi longtemps qu'Adam, et son fils ainé Jansad devint le successeur d'Adam à la tête des tribus adamites.

76:3.4 Les chefs religieux (la prêtrise) commencèrent avec Seth, le plus âgé des fils survivants d'Adam et d'Ève nés dans le second jardin. Il naquit cent-vingt-neuf ans après l'arrivée d'Adam sur Urantia. Seth se plongea dans le travail d'améliorer le statut spirituel du peuple de son père et devint le chef des nouveaux prêtres du second jardin. Son fils, Énos, fonda le nouvel ordre de culte, et son petit-fils, Kenan, institua le service des missionnaires auprès des tribus environnantes, proches et lointaines.

76:3.5 Le clergé séthite fut une entreprise triple embrassant la religion, la santé et l'éducation. On enseignait aux prêtres de cet ordre à officier aux cérémonies religieuses, à servir comme médecins et inspecteurs d'hygiène, et à être professeurs dans les écoles du jardin.

76:3.6 La caravane d'Adam avait transporté les semences et les bulbes de centaines de plantes ainsi que des céréales du premier jardin jusqu'au pays situé entre les deux fleuves. Les Adamites avaient aussi amené de vastes troupeaux et quelques spécimens de tous les animaux domestiques. Cela leur valait de grands avantages sur les tribus voisines. Ils profitaient de nombreux bienfaits de la culture antérieure du Jardin originel.

76:3.7 Jusqu'au moment de quitter le premier jardin, Adam et sa famille avaient toujours vécu de fruits, de céréales et de noix. Sur la route de Mésopotamie, ils avaient pour la première fois mangé des herbes et des légumes. La consommation de la viande fut pratiquée de bonne heure dans le second jardin, mais Adam et Ève ne l'introduisirent jamais dans leur menu régulier. Adamson, Èveson et tous les enfants de la première génération du premier jardin ne devinrent pas non plus des mangeurs de viande.

76:3.8 Les Adamites dépassaient considérablement les peuplades environnantes en accomplissements culturels et en développement intellectuel. Ils produisirent le troisième alphabet et posèrent de nombreux fondements avant-coureurs de l'art, de la science et de la littérature modernes. Ici, dans les pays compris entre le Tigre et l'Euphrate, ils conservèrent les arts de l'écriture, du travail des métaux, de la poterie et du tissage. Ils élaborèrent un type d'architecture qui ne fut pas dépassé pendant des millénaires.

76:3.9 La vie de famille des hommes violets était idéale pour cette époque et cet âge. Les enfants étaient soumis à des cours d'entrainement concernant l'agriculture, l'artisanat et l'élevage, ou alors on leur apprenait à remplir la triple charge d'un Séthite : être prêtre, médecin et instructeur.

76:3.10 Quand vous penserez aux prêtres séthites, ne confondez pas ces nobles professeurs de santé et de religion, ces vrais éducateurs aux pensées élevées, avec les clergés avilis et mercantiles des tribus ultérieures et des nations avoisinantes. Leurs concepts religieux de la Déité et de l'univers étaient élevés et plus ou moins exacts ; leurs règles hygiéniques étaient excellentes pour l'époque, et leurs méthodes d'éducation n'ont jamais été dépassées depuis lors.

76.4  La Race Violette

76:4.1 Adam et Ève furent les fondateurs de la race violette, la neuvième race humaine apparue sur Urantia. Adam et sa descendance avaient des yeux bleus, et les hommes de la race violette étaient caractérisés par des teints clairs et des cheveux blonds (jaunes, roux et châtains).

76:4.2 Ève accouchait sans douleur, ainsi que les femmes des races évolutionnaires primitives. Seules les femmes des races mixtes issues de l'union des races évolutionnaires avec les Nodites et, plus tard, avec les Adamites éprouvaient de violentes douleurs à la naissance d'un enfant.

76:4.3 À l'instar de leurs semblables sur Jérusem, Adam et Ève tiraient leur énergie d'une double nutrition ; ils absorbaient à la fois de la nourriture et de la lumière, et en outre certaines énergies supraphysiques non révélées sur Urantia. Leurs descendants terrestres n'héritèrent pas de ce don ancestral d'absorption d'énergie et de circulation de la lumière. Ils avaient une circulation simple du type humain d'entretien par le sang. C'est à dessein qu'ils étaient mortels tout en ayant une longue vie, mais, à chaque génération successive, leur longévité diminuait et se rapprochait des normes humaines.

76:4.4 Adam et Ève et leurs enfants de la première génération n'utilisaient pas la chair des animaux comme nourriture. Ils subsistaient entièrement avec « les fruits des arbres » . Après la première génération, tous les descendants d'Adam commencèrent à manger des laitages, mais beaucoup d'entre eux continuèrent à suivre un régime sans viande, comme le pratiquaient de nombreuses tribus du sud avec lesquelles ils s'unirent ultérieurement. Plus tard, la plupart de ces tribus végétariennes émigrèrent vers l'est et survécurent telles qu'elles sont présentement mêlées aux peuples de l'Inde.

76:4.5 Adam et Ève avaient une vue physique et une vue spirituelle toutes deux très supérieures à celles des peuples d'aujourd'hui. Leurs sens spéciaux étaient beaucoup plus aiguisés ; ils étaient capables de voir les médians et les armées d'anges, les Melchizédeks et Caligastia, le Prince déchu qui vint plusieurs fois conférer avec son noble successeur. Pendant plus de cent ans après la faute, ils conservèrent leur aptitude à voir ces êtres célestes. Ces sens spéciaux étaient moins aiguisés chez leurs enfants et tendaient à diminuer avec chaque génération successive.

76:4.6 Les enfants adamiques étaient généralement habités par un Ajusteur, car ils possédaient tous une capacité indubitable de survie. Ces descendants supérieurs n'étaient pas aussi sujets à la peur que les enfants évolutionnaires. Si la peur persiste à un tel degré chez les races modernes d'Urantia, c'est parce que vos ancêtres ont reçu très peu de plasma vital d'Adam à cause de l'avortement rapide des plans d'élévation physique raciale.

76:4.7 Les cellules du corps des Fils Matériels et de leur progéniture sont beaucoup plus résistantes aux maladies que celles des êtres évolutionnaires natifs de la planète. Les cellules corporelles des races indigènes sont apparentées aux organismes vivants microscopiques et ultramicroscopiques pathogènes. Ces faits expliquent pourquoi les peuples d'Urantia doivent fournir tant d'efforts dans la voie de la science pour résister à tant de désordres physiques. Vous résisteriez beaucoup mieux aux maladies s'il coulait dans les veines de vos races plus de sang adamique.

76:4.8 Après s'être établi dans le second jardin donnant sur l'Euphrate, Adam décida de laisser après lui le maximum possible de son plasma vital pour en faire bénéficier le monde après sa mort. C'est pourquoi Ève fut mise à la tête d'une commission de douze personnes pour l'amélioration de la race et, avant la mort d'Adam, cette commission avait choisi 1.682 femmes du type le plus évolué d'Urantia, qui furent toutes fécondées par le plasma vital adamique. À l'exception de 112, leurs enfants atteignirent tous l'âge adulte, de sorte que le monde bénéficia ainsi d'un supplément de 1.570 hommes et femmes supérieurs. Ces candidates à la maternité furent choisies dans toutes les tribus environnantes et représentaient la majorité des races de la terre, mais la plupart d'entre elles descendaient des lignées supérieures des Nodites et elles formèrent le début de la puissante race Andite. Leurs enfants naquirent et furent élevés dans le milieu tribal de leurs mères respectives.

76.5  La Mort d'Adam et d'Ève

76:5.1 Peu après l'établissement du second Éden, Adam et Ève furent dument informés que leur repentir était acceptable, qu'ils seraient cependant condamnés à subir le sort des mortels de leur monde, mais qu'ils pourraient certainement être admis aux rangs des survivants endormis d'Urantia. Ils crurent pleinement à cet évangile de résurrection et de réhabilitation que les Melchizédeks leur avaient annoncé de façon si touchante. Leur transgression avait été une erreur de jugement et non le péché d'une rébellion consciente et délibérée.

76:5.2 En tant que citoyens de Jérusem, Adam et Ève n'avaient pas d'Ajusteur de Pensée, et n'en eurent pas non plus sur Urantia durant leur séjour dans le premier Jardin. Peu après leur réduction au statut mortel, ils devinrent conscients d'une nouvelle présence en eux et s'éveillèrent à la notion que le statut humain accompagné d'un repentir sincère avaient rendu possible à des Ajusteurs de les habiter. Le fait de savoir qu'ils étaient habités par un Ajusteur encouragea grandement Adam et Ève durant tout le reste de leur vie. Ils savaient aussi qu'ils avaient échoué comme Fils et Fille Matériels de Satania, mais ils savaient que la carrière du Paradis leur restait ouverte en tant que fils ascendeurs de l'univers.

76:5.3 Adam connaissait la résurrection dispensationnelle qui avait eu lieu simultanément avec son arrivée sur la planète, et il croyait que lui et sa compagne seraient probablement repersonnalisés en connexion avec l'arrivée de l'ordre suivant de filiation. Il ne savait pas que Micaël, souverain de cet univers, devait bientôt apparaître sur Urantia. Il s'attendait à ce que le prochain Fils à venir fût de l'ordre des Avonals. Même ainsi, ce fut toujours un réconfort pour Adam et Ève de méditer l'unique message personnel qu'ils reçurent jamais de Micaël, bien qu'il représentât pour eux quelque chose de difficile à comprendre. Parmi d'autres expressions d'amitié et d'encouragement, ce message disait : « J'ai pris en considération les circonstances de votre faute. Je me suis rappelé le désir de votre coeur d'être toujours fidèles à la volonté de mon Père. Vous serez rappelés de l'étreinte du sommeil mortel quand je viendrai sur Urantia, si les Fils subordonnés de mon royaume ne vous envoient pas chercher auparavant. »

76:5.4 Ce fut un grand mystère pour Adam et Ève. Ils pouvaient comprendre, dans ce message, la promesse voilée de la possibilité d'une résurrection spéciale, ce qui les encouragea grandement, mais ils ne pouvaient saisir ce que signifiait la notification qu'ils pourraient reposer jusqu'à l'époque d'une résurrection associée à l'apparition personnelle de Micaël sur Urantia. Le couple édénique proclama donc toujours qu'un Fils de Dieu viendrait un jour. Ils communiquèrent à ceux qu'ils aimaient la croyance, ou au moins l'espoir ardent, que le monde de leurs erreurs et de leurs chagrins pourrait être le royaume où le souverain de cet univers déciderait d'agir comme Fils Paradisiaque d'effusion. Cela semblait trop beau pour être vrai, mais Adam garda néanmoins l'idée qu'Urantia déchirée de luttes pourrait, après tout, devenir le monde le plus heureux du système de Satania et la planète la plus enviée de tout Nébadon.

76:5.5 Adam vécut 530 ans ; il mourut de ce que l'on peut appeler vieillesse. Son mécanisme physique finit simplement par s'user ; le processus de désagrégation gagna progressivement sur le processus de réparation, et la fin inévitable arriva. Ève était morte dix-neuf ans auparavant d'une faiblesse du coeur. Ils furent tous deux enterrés au centre du temple de service divin qui avait été construit selon leurs plans peu après que la muraille de la colonie eut été achevée. Ce fut l'origine de la coutume d'enterrer les pieux notables des deux sexes sous le dallage des lieux de culte.

76:5.6 Sous la direction des Melchizédeks, le gouvernement supramatériel d'Urantia continua, mais le contact physique direct avec les races évolutionnaires avait été rompu. Depuis les temps lointains de l'arrivée de l'état-major corporel du Prince Planétaire, en passant par l'époque de Van et d'Amadon, et jusqu'à l'arrivée d'Adam et d'Ève, des représentants physiques du gouvernement de l'univers avaient toujours été stationnés sur la planète. Mais, avec la faute adamique, ce régime prit fin après avoir duré plus de 450.000 ans. Dans les sphères spirituelles, des aides angéliques continuèrent à lutter en conjonction avec les Ajusteurs de Pensée, les deux groupes travaillant héroïquement à sauver l'individu ; mais nul plan détaillé et complet pour le bien-être du monde à longue échéance ne fut promulgué aux mortels de la terre avant l'arrivée de Machiventa Melchizédek, à l'époque d'Abraham. Avec le pouvoir, la patience et l'autorité d'un Fils de Dieu, celui-ci posa les fondements d'un nouveau relèvement et d'une réhabilitation spirituelle de la malheureuse Urantia.

76:5.7 L'infortune n'a cependant pas été le seul lot d'Urantia ; cette planète a aussi été la plus heureuse dans l'univers local de Nébadon. Les erreurs des ancêtres des Urantiens et les fautes des premiers dirigeants de ce monde ont plongé la planète dans un état de confusion désespéré encore intensifié par le mal et le péché. Les Urantiens doivent estimer entièrement bénéfique que cet arrière-plan même de ténèbres ait si fortement attiré l'attention de Micaël de Nébadon qu'il choisit cette planète comme cadre pour y révéler la personnalité aimante du Père qui est aux cieux. Ce n'est pas parce qu'Urantia avait besoin d'un Fils Créateur pour remettre en ordre ses affaires embrouillées ; c'est plutôt parce que le mal et le péché sur Urantia offraient au Fils Créateur un arrière-plan plus frappant pour révéler l'amour, la miséricorde et la patience incomparables du Père du Paradis.

76.6  La Survie d'Adam et d'Ève

76:6.1 Adam et Ève entrèrent dans leur repos mortel avec une foi solide dans les assurances des Melchizédeks. Ceux-ci leur avaient promis qu'ils s'éveilleraient un jour du sommeil de la mort pour recommencer à vivre sur les mondes des maisons, qui leur étaient si familiers avant leur mission dans la chair physique de la race violette d'Urantia.

76:6.2 Ils ne restèrent pas longtemps dans l'oubli du sommeil inconscient des mortels du royaume. Le troisième jour après la mort d'Adam, le surlendemain de son respectueux enterrement, Lanaforge prescrivit un appel nominal spécial des remarquables survivants de la faute adamique sur Urantia. Ses ordres, confirmés par le Très Haut d'Édentia en fonction et ratifiés par l'Union des Jours de Salvington agissant au nom de Micaël, furent remis à Gabriel. En conformité avec ce commandement de résurrection spéciale portant le numéro 26 de la série d'Urantia, Adam et Ève furent repersonnalisés et reconstitués dans la salle de résurrection des mondes des maisons de Satania en même temps que 1.316 de leurs compagnons de l'expérience du premier jardin. De nombreuses autres âmes loyales avaient déjà été transférées au moment de l'arrivée d'Adam sur Urantia, qui fut accompagnée d'un jugement dispensationnel des survivants endormis et des ascendeurs vivants qualifiés.

76:6.3 Adam et Ève passèrent rapidement par les mondes d'ascension progressive et atteignirent la citoyenneté de Jérusem. Ils redevenaient ainsi résidants de leur planète d'origine, mais cette fois-ci comme membres d'un ordre différent de personnalités de l'univers. Ils avaient quitté Jérusem comme citoyens permanents - Fils de Dieu ; ils y revenaient comme citoyens ascendants - fils de l'homme. Ils furent immédiatement attachés au service d'Urantia sur la capitale systémique, et furent, plus tard, nommés membres du conseil des vingt-quatre qui constitue présentement le corps de contrôle consultatif d'Urantia.

76:6.4 Ainsi se termine l'histoire de l'Adam et de l'Ève Planétaires d'Urantia, une histoire d'épreuves, de tragédie et de triomphe, au moins de triomphe personnel pour votre Fils et votre Fille Matériels bien intentionnés mais induits en erreur. À la fin, ce sera indubitablement aussi une histoire de triomphe ultime pour leur monde et ses habitants ballottés par la rébellion et assaillis par le mal. En résumé, Adam et Ève ont puissamment contribué à accélérer la civilisation et le progrès biologique de la race humaine. Ils laissèrent sur terre une grande culture, mais cette civilisation était trop avancée pour pouvoir survivre devant la dilution prématurée et le naufrage final de l'héritage d'Adam. Ce sont les peuples qui font une civilisation ; la civilisation ne fait pas les peuples.

76:6.5 [Présenté par Solonia, « la voix séraphique dans le Jardin » .]

77. Les Créatures Médianes

77:0.1 LA PLUPART des mondes habités de Nébadon hébergent un ou plusieurs groupes d'êtres exceptionnels existant sur un niveau de fonctionnement vital situé à peu près à mi-chemin entre celui des mortels du royaume et celui des ordres angéliques, d'où leur nom de créatures médianes. Elles paraissent être un accident du temps, mais sont si répandues et apportent une aide si précieuse que nous les avons acceptées depuis longtemps comme l'un des ordres essentiels de notre ministère planétaire conjugué.

77:0.2 Deux ordres distincts de médians opèrent sur Urantia : le corps primaire, ou doyen, qui vint à l'existence aux jours lointains de Dalamatia, et le groupe secondaire, ou plus jeune, qui date de l'époque d'Adam.

77.1  Les Médians Primaires

77:1.1 Les médians primaires ont leur genèse dans une combinaison unique du matériel et du spirituel sur Urantia. Sur d'autres mondes et dans d'autres systèmes, nous savons qu'il existe des créatures similaires, mais elles ont pris naissance par des techniques dissemblables.

77:1.2 Il est bon de toujours se rappeler que les effusions successives des Fils de Dieu sur une planète en évolution produisent des changements notables dans l'économie spirituelle du royaume. Elles modifient parfois le jeu de l'association des agents matériels et des agents spirituels sur une planète au point de créer des situations vraiment difficiles à comprendre. Le statut des cent membres corporels de l'état-major du Prince Caligastia illustre précisément une association exceptionnelle de cette sorte. En tant que citoyens morontiels ascendants de Jérusem, ils étaient des créatures supramatérielles sans prérogative de reproduction. En tant que ministres planétaires descendant sur Urantia, ils étaient des créatures matérielles sexuées capables de procréer une descendance matérielle (comme quelques-uns le firent plus tard). Ce que nous ne pouvons expliquer d'une manière satisfaisante, c'est la manière dont ces cent personnes ont pu jouer le rôle de parents sur un niveau supramatériel, et pourtant c'est exactement ce qui advint. Une liaison supramatérielle (non sexuelle) entre un membre du sexe masculin et un membre du sexe féminin de l'état-major corporel du Prince se traduisit par l'apparition du premier-né des médians primaires.

77:1.3 On s'aperçut immédiatement qu'une créature de cet ordre, à mi-chemin entre le niveau humain et le niveau angélique, rendrait de grands services en s'occupant des affaires de l'état-major du Prince. En conséquence, chaque couple de l'état-major corporel reçut l'autorisation de créer un être similaire. Le résultat de cet effort fut le premier groupe de cinquante créatures médianes.

77:1.4 Après avoir observé, pendant une année, le travail de ce groupe unique, le Prince Planétaire autorisa la reproduction des médians sans restriction. Ce plan fut exécuté tant que le pouvoir de création subsista, et c'est ainsi que le corps originel de 50.000 médians prit naissance.

77:1.5 Une période de six mois intervenait entre la production des médians successifs et, lorsque mille de ces êtres furent nés de chaque couple, il n'en naquit plus jamais aucun. Et nous ne disposons d'aucune explication quant à la raison pour laquelle ce pouvoir fut épuisé à l'apparition du millième descendant direct. Toutes les expérimentations ultérieures n'aboutirent qu'à des échecs.

77:1.6 Ces créatures constituèrent le corps des renseignements de l'administration du Prince. Elles se répandirent en tous lieux, observant et étudiant les races du monde, et rendant d'autres services inestimables au Prince et à son état-major dans le travail consistant à influencer la société humaine éloignée du quartier général planétaire.

77:1.7 Ce régime dura jusqu'aux jours tragiques de la rébellion planétaire qui prit au piège un peu plus des quatre cinquièmes des médians primaires. Le corps loyal entra au service des administrateurs provisoires Melchizédeks et opéra sous le commandement nominal de Van jusqu'à l'époque d'Adam.

77.2  La Race Nodite

77:2.1 Bien que nous relations ici l'origine, la nature et les fonctions des créatures médianes d'Urantia, la parenté entre les deux ordres - primaire et secondaire - rend nécessaire d'interrompre l'histoire des médians primaires afin de suivre la descendance des membres rebelles de l'état-major corporel du Prince Caligastia depuis la rébellion planétaire jusqu'à l'époque d'Adam. Ce fut cette lignée héréditaire qui, aux premiers temps du second jardin, fournit la moitié des ancêtres de l'ordre secondaire des créatures médianes.

77:2.2 Les membres corporels de l'état-major du Prince avaient été matérialisés sous forme de créatures sexuées en vue de participer au plan de procréation d'une descendance incorporant les qualités conjuguées de leur ordre spécial, unies à celles des souches sélectionnées des tribus d'Andon ; tout ceci était destiné à anticiper sur l'apparition ultérieure d'Adam. Les Porteurs de Vie avaient projeté la naissance d'un nouveau type de mortels englobant l'union des descendants conjoints de l'état-major du Prince avec la première génération des enfants d'Adam et d'Ève. Ils avaient donc mis sur pied un plan envisageant un nouvel ordre de créatures planétaires, dont ils espéraient qu'elles seraient les chefs et instructeurs de la société humaine. Ces êtres étaient destinés à la souveraineté sociale, et non à la souveraineté civile. Mais, puisque ce projet avorta à peu près complètement, nous ne connaîtrons jamais de quelle aristocratie de dirigeants bienveillants, ni de quelle culture incomparable Urantia fut privée. En effet, lorsque les membres de l'état-major corporel se reproduisirent ultérieurement, ce fut à la suite de la rébellion et après qu'ils eurent été privés de leur connexion avec les courants vitaux du système.

77:2.3 L'ère postérieure à la rébellion sur Urantia vit se produire bien des évènements inhabituels. Une grande civilisation - la culture de Dalamatia - se disloquait. « Les Nephilims (Nodites) étaient sur la terre en ces temps-là et, lorsque ces fils des dieux allèrent vers les filles des hommes et qu'elles conçurent d'eux, leurs enfants furent les puissants hommes de jadis, les hommes de renom. » Bien qu'ils ne fussent guère « fils des dieux » , les membres de l'état-major et leurs premiers descendants étaient considérés comme tels par les mortels évolutionnaires de ces temps lointains ; la tradition en vint même à magnifier leur stature. Telle est donc l'origine du conte folklorique à peu près universel des dieux qui descendirent sur terre et s'y allièrent avec les filles des hommes pour engendrer une ancienne race de héros. Toute cette légende devint encore plus confuse avec les mélanges raciaux des Adamites qui naquirent ultérieurement dans le second jardin.

77:2.4 Les cent membres corporels de l'état-major du Prince portaient le plasma germinatif des lignées humaines andoniques. S'ils s'engageaient dans la reproduction sexuée, on pouvait donc naturellement s'attendre à ce que leur progéniture ressemblât tout à fait à celle d'autres parents andonites. Mais quand les soixante rebelles de l'état-major, les partisans de Nod, s'adonnèrent effectivement à la reproduction sexuée, leurs enfants se révélèrent de loin supérieurs, dans presque tous les domaines, aux peuplades andonites aussi bien qu'aux peuplades sangiks. Cette excellence inattendue ne concernait pas seulement leurs qualités physiques et intellectuelles, mais aussi leurs capacités spirituelles.

77:2.5 Les caractères mutants apparus dans la première génération nodite résultaient de certains changements opérés dans la configuration et les constituants chimiques des facteurs héréditaires du plasma germinatif andonique. Ces modifications furent causées par la présence, dans le corps des membres de l'état-major, des puissants circuits d'entretien de la vie du système de Satania. Ces circuits vitaux amenèrent les chromosomes du modèle spécialisé d'Urantia à se rapprocher davantage de la spécialisation normalisée pour Satania des manifestations vitales fixées pour Nébadon. La technique de cette métamorphose du plasma germinatif, par l'action des courants vitaux systémiques, présente certaines analogies avec les procédés par lesquels les savants d'Urantia modifient le plasma germinatif des plantes et des animaux par l'emploi des rayons X.

77:2.6 C'est ainsi que les peuples nodites naquirent de certaines modifications particulières et inattendues se produisant dans le plasma vital que les chirurgiens d'Avalon avaient transféré des corps des contributeurs andonites à ceux des membres de l'état-major corporel.

77:2.7 On se rappelle que les cent Andonites ayant contribué à fournir ce plasma germinatif furent, à leur tour, mis en possession du complément organique de l'arbre de vie, de sorte que les courants vitaux de Satania se répandirent également dans leur corps. Les quarante-quatre Andonites modifiés qui suivirent l'état-major dans la rébellion se marièrent aussi entre eux et apportèrent une grande contribution aux meilleures souches des peuplades nodites.

77:2.8 Ces deux groupes, embrassant 104 individus porteurs de plasma germinatif andonite modifié, constituent les ancêtres des Nodites, la huitième race apparue sur Urantia. Cette nouvelle caractéristique de la vie humaine représente une autre phase de l'exécution du plan originel consistant à utiliser Urantia comme monde à vie modifiée, mais il s'agissait d'un développement inattendu de ce plan.

77:2.9 Les Nodites de sang pur étaient une race magnifique, mais ils se mêlèrent graduellement aux peuples évolutionnaires de la terre, de sorte qu'une grande dégénérescence ne tarda pas à se produire. Dix-mille ans après la rébellion, ils avaient rétrogradé au point que la durée moyenne de leur vie ne dépassait guère celle des races évolutionnaires.

77:2.10 Quand les archéologues déterrent les tablettes d'argile relatant l'histoire des plus tardifs Sumériens descendant des Nodites, ils découvrent des listes de rois sumériens remontant à plusieurs millénaires. À mesure que ces archives remontent plus loin dans le passé, la durée du règne des rois antérieurs s'accroit de vingt-cinq ou trente ans jusqu'à cent-cinquante ans et davantage. Cet allongement de la durée du règne des anciens rois signifie que certains des premiers chefs nodites (descendants immédiats des membres de l'état-major du Prince) vivaient effectivement plus longtemps que leurs successeurs. Les tablettes dénotent aussi un effort pour faire remonter les dynasties jusqu'à l'époque de Dalamatia.

77:2.11 Les longévités relatées dans les annales de ces personnages sont dues également à une confusion entre les mois et les années comme unités de temps. On peut faire la même remarque dans la généalogie biblique d'Abraham et dans les archives primitives des Chinois. La confusion entre le mois, ou période de 28 jours, et l'année de plus de 350 jours introduite plus tard est responsable de la tradition de ces longues vies humaines. On cite le cas d'un homme qui vécut plus de neuf cents « ans » . Cette durée ne représente pas tout à fait soixante-dix de nos années ; pendant des âges, elle fut considérée comme très longue, et désignée plus tard par « trois vingtaines et dix » .

77:2.12 Le calcul du temps par mois de vingt-huit jours persista bien après l'époque d'Adam. Mais, quand les Égyptiens entreprirent de réformer le calendrier, il y a environ sept-mille ans, ils le firent avec une grande précision et introduisirent l'année de 365 jours.

77.3  La Tour de Babel

77:3.1 Après l'engloutissement de Dalamatia, les Nodites se dirigèrent vers le nord et l'est et fondèrent bientôt la ville de Dilmun, qui devint leur nouveau quartier général racial et culturel. Environ cinquante-mille ans après la mort de Nod, les descendants de l'état-major du Prince devinrent trop nombreux pour trouver leur subsistance dans les terres du voisinage immédiat de leur nouvelle ville de Dilmun. Après qu'ils eurent étendu leurs contacts vers l'extérieur pour se marier avec des membres des tribus andonites et sangiks limitrophes de leurs frontières, leurs dirigeants comprirent qu'il fallait faire quelque chose pour préserver leur unité raciale. En conséquence, ils convoquèrent un conseil des tribus qui, après bien des délibérations, adopta le plan de Bablot, un descendant de Nod.

77:3.2 Bablot proposait d'ériger un temple prétentieux de glorification raciale au centre du territoire alors occupé par les Nodites. Ce temple devait avoir une tour dont le monde n'aurait jamais vu l'équivalent. Il était destiné à être un mémorial monumental en souvenir de leur grandeur. Un bon nombre des descendants de Nod auraient voulu que ce monument fût érigé à Dilmun, mais d'autres soutenaient qu'un édifice aussi considérable devait être situé à bonne distance des dangers de la mer ; ils se souvenaient des traditions de l'engloutissement de Dalamatia, leur première capitale.

77:3.3 Bablot prévoyait que les nouveaux bâtiments allaient devenir le noyau du futur centre de la culture et de la civilisation nodites. Son avis finit par prévaloir, et l'on commença la construction conformément à ses plans. La nouvelle ville devait porter le nom de Bablot, architecte et bâtisseur de la tour. Le site porta plus tard le nom de Bablod, et finalement celui de Babel.

77:3.4 Mais les Nodites restaient quelque peu divisés dans leurs sentiments au sujet des plans et des buts de cette entreprise. Leurs dirigeants n'étaient pas non plus entièrement d'accord sur les plans de construction ni sur l'utilisation des bâtiments lors de leur achèvement. Après quatre ans et demi de travail, une grande dispute s'éleva sur l'objet et le motif de la construction de la tour. Le différend s'envenima tellement que tout travail fut interrompu. Les porteurs de vivres répandirent la nouvelle de la dissension, et un grand nombre de tribus commencèrent à se rassembler au site de la construction. Trois points de vue s'affrontaient sur les motifs de bâtir la tour :

77:3.5 1. Le groupe le plus nombreux, environ la moitié, désirait voir construire la tour comme monument commémoratif de l'histoire et de la supériorité raciale des Nodites. Il estimait qu'elle devait être un grand et imposant bâtiment suscitant l'admiration de toutes les générations futures.

77:3.6 2. La fraction suivante par ordre d'importance voulait que la tour fût destinée à commémorer la culture de Dilmun. Ses partisans prévoyaient que Bablot deviendrait un grand centre de commerce, d'art et de manufacture.

77:3.7 3. Le contingent le plus faible estimait que l'érection de la tour offrait une occasion de réparer la folie des ancêtres qui avaient participé à la rébellion de Caligastia. Ses partisans soutenaient que la tour devait être consacrée à l'adoration du Père de tous, et que toute la raison d'être de la nouvelle ville devait consister à remplacer Dalamatia - à fonctionner comme centre culturel et religieux pour les barbares des environs.

77:3.8 Le groupe religieux fut rapidement battu aux voix. La majorité rejeta la notion que ses ancêtres avaient été coupables de rébellion ; elle s'irritait de ce stigmate racial. Ayant éliminé l'un des trois facteurs de la dispute, et faute de régler les deux autres par des débats, les Nodites eurent recours à la bataille. Les religieux, les non-combattants, s'enfuirent chez eux vers le sud, tandis que leurs compagnons se battirent jusqu'à ce qu'ils fussent à peu près complètement exterminés.

77:3.9 Il y a environ douze-mille ans, une seconde tentative fût faite pour construire la tour de Babel. Les races mêlées des Andites (Nodites et Adamites) entreprirent d'élever un nouveau temple sur les ruines du premier édifice, mais le projet ne recueillit pas de soutiens suffisants ; il succomba sous le poids de sa propre prétention. Cette région fut longtemps appelée le pays de Babel.

77.4  Les Centres de Civilisation Nodites

77:4.1 La dispersion des Nodites fut une conséquence immédiate du conflit interne au sujet de la tour de Babel. Cette guerre intérieure réduisit considérablement le nombre des Nodites du sang le plus pur et porta, sous beaucoup de rapports, la responsabilité de leur échec dans l'établissement d'une grande civilisation préadamique. À partir de cette date, la culture nodite déclina pendant plus de cent-vingt-mille ans jusqu'à ce qu'elle fut relevée par une infusion de sang adamique. Mais, même à l'époque d'Adam, les Nodites étaient encore un peuple capable. Nombre de leurs descendants de sang mêlé comptèrent parmi les bâtisseurs du Jardin, et plusieurs capitaines des groupes de Van étaient des Nodites. Certains des penseurs les plus qualifiés de l'état-major d'Adam appartenaient à cette race.

77:4.2 Trois sur quatre des grands centres nodites furent établis immédiatement après le conflit de Bablot :

77:4.3 1. Les Nodites occidentaux ou syriens. Les survivants du groupe nationaliste, les partisans du mémorial racial, se dirigèrent vers le nord et s'unirent avec les Andonites pour fonder les centres nodites ultérieurs du nord-ouest de la Mésopotamie. Ils formaient le groupe le plus nombreux des Nodites en voie de dispersion et contribuèrent beaucoup à l'apparition de la souche assyrienne.

77:4.4 2. Les Nodites orientaux ou élamites. Les partisans de la culture et du commerce émigrèrent en grand nombre vers l'est dans Élam, et s'y unirent avec les tribus sangiks mêlées. Les Élamites d'il y a trente ou quarante-mille ans avaient largement acquis la nature sangik, tout en continuant à entretenir une civilisation supérieure à celle des barbares environnants.

77:4.5 Après l'établissement du second jardin, on prit l'habitude d'appeler « terre de Nod » cette proche colonie nodite. Pendant la longue période de paix relative entre ce groupe nodite et les Adamites, les deux races se croisèrent largement, car les Fils de Dieu (les Adamites) prirent de plus en plus l'habitude d'épouser les filles des hommes (les Nodites).

77:4.6 3. Les Nodites centraux ou présumériens. Un petit groupe, à l'embouchure du Tigre et de l'Euphrate, conserva mieux son intégrité raciale. Il subsista pendant des millénaires et fournit, en fin de compte, les ancêtres nodites qui se mêlèrent aux Adamites pour fonder les peuples sumériens des temps historiques.

77:4.7 Tout ceci explique comment les Sumériens apparurent si soudainement et si mystérieusement sur la scène d'action en Mésopotamie. Les chercheurs ne pourront jamais retrouver la trace de ces tribus et la remonter jusqu'à l'origine des Sumériens qui se situe il y a deux-cent-mille ans après l'engloutissement de Dalamatia. Sans avoir de traces d'origine ailleurs dans le monde, ces anciennes tribus se silhouettent soudain sur l'horizon de la civilisation avec une culture adulte et supérieure comprenant des temples, le travail des métaux, l'agriculture, l'élevage, la poterie, le tissage, des lois commerciales, un code civil, un cérémonial religieux et un ancien système d'écriture. Au commencement de l'ère historique, elles avaient perdu depuis longtemps l'alphabet de Dalamatia et adopté l'écriture particulière provenant de Dilmun. Bien que virtuellement perdu pour le monde, le langage sumérien n'était pas sémitique ; il avait de nombreux éléments communs avec les langues dites aryennes.

77:4.8 Les documents détaillés laissés par les Sumériens décrivent le site d'une colonie remarquable située sur le golfe Persique près de l'ancienne ville de Dilmun. Les Égyptiens appelaient Dilmat cette ville de gloire ancienne, tandis que, plus tard, les Sumériens adamisés confondirent à la fois la première et la deuxième ville nodite avec Dalamatia, et désignèrent les trois sous le nom de Dilmun. Des archéologues ont déjà trouvé d'anciennes tablettes sumériennes d'argile qui parlent de ce paradis terrestre « où les Dieux bénirent, pour la première fois, l'humanité par l'exemple d'une vie civilisée et cultivée » . Ces tablettes, qui décrivent Dilmun, le paradis des hommes et de Dieu, reposent maintenant dans le silence des galeries poussiéreuses de nombreux musées.

77:4.9 Les Sumériens connaissaient bien le premier et le second Éden, mais, malgré le grand nombre de leurs mariages avec les Adamites, ils continuèrent à considérer les habitants du jardin du nord comme une race étrangère. Orgueilleux de la culture nodite plus ancienne, les Sumériens dédaignèrent ces nouvelles perspectives de gloire en faveur de la grandeur et des traditions paradisiaques de la ville de Dilmun.

77:4.10 4. Les Nodites et Amadonites du nord - les Vanites. Ce groupe avait surgi avant le conflit de Bablot. Ces Nodites les plus septentrionaux descendaient de ceux qui avaient cessé d'obéir à Nod et à ses successeurs pour se rallier à Van et à Amadon.

77:4.11 Quelques-uns des premiers associés de Van s'installèrent près des rives du lac qui porte encore son nom, et leurs traditions naquirent autour de cet endroit. L'Ararat devint leur montagne sacrée et prit, pour les Vanites des temps ultérieurs, une signification très analogue à celle du mont Sinaï pour les Hébreux. Il y a dix-mille ans, les Vanites ancêtres des Assyriens enseignaient que leur loi morale de sept commandements avait été donnée à Van par les Dieux sur le mont Ararat. Ils croyaient fermement que Van et son associé Amadon avaient été enlevés vivants de la planète pendant qu'ils se livraient à l'adoration au sommet de la montagne.

77:4.12 Le mont Ararat était la montagne sainte de la Mésopotamie du nord, et comme une grande partie de vos traditions de ces anciens temps fut acquise en liaison avec l'histoire babylonienne du déluge, il n'est pas surprenant que le mont Ararat et sa région aient été imbriqués ultérieurement dans l'histoire juive de Noé et du déluge universel.

77:4.13 Environ 35.000 ans avant l'ère chrétienne, Adamson visita l'un des centres les plus orientaux des anciennes colonies vanites pour y fonder son centre de civilisation.

77.5  Adamson et Ratta

77:5.1 Après avoir tracé les antécédents nodites des ancêtres des médians secondaires, nous devons maintenant tourner notre attention vers la moitié adamique de leurs ancêtres, car les médians secondaires sont également les petits-enfants d'Adamson, le premier-né de la race violette sur Urantia.

77:5.2 Adamson figurait dans le groupe des enfants d'Adam et d'Ève qui choisirent de rester sur terre avec leurs parents. Or le fils ainé d'Adam avait souvent entendu Van et Amadon raconter l'histoire de leur foyer dans les hautes terres du nord et, quelque temps après l'établissement du second jardin, il décida de partir à la recherche de ce pays des rêves de sa jeunesse.

77:5.3 Adamson avait alors 120 ans et avait été le père de trente-deux enfants de pur sang violet dans le premier jardin. Il voulait rester avec ses parents et les aider à établir le second jardin, mais il était profondément troublé par la perte de sa compagne et de leurs enfants, qui avaient tous choisi d'aller sur Édentia avec les autres enfants adamiques ayant préféré devenir pupilles des Très Hauts.

77:5.4 Adamson ne voulait pas abandonner ses parents sur Urantia et n'était pas enclin à fuir les épreuves et les dangers, mais il trouva que l'ambiance du second jardin était fort peu satisfaisante. Il contribua beaucoup aux activités initiales de défense et de construction, mais décida de partir pour le nord à la première occasion. Bien que son départ eût été fort amical, Adam et Ève furent très peinés de perdre leur fils ainé, de le voir se lancer dans un monde étranger et hostile d'où ils craignaient qu'il ne revînt jamais.

77:5.5 Une troupe de vingt-sept compagnons suivit Adamson vers le nord à la recherche des peuplades de son imagination d'enfance. Au bout d'un peu plus de trois ans, le groupe d'Adamson trouva réellement l'objet de son aventure et, parmi ces peuplades, Adamson découvrit une merveilleuse et belle jeune femme de vingt ans, qui se disait être la dernière descendante de sang pur de l'état-major du Prince. Cette femme, nommée Ratta, dit que ses ancêtres descendaient tous de deux membres de l'état-major déchu du Prince. Elle était la dernière de sa race et n'avait ni frères ni soeurs vivants. Elle avait à peu près décidé de ne pas se marier et de vivre sans laisser de postérité, mais elle tomba amoureuse du majestueux Adamson. Après avoir entendu l'histoire d'Éden et la manière dont les prédictions de Van et d'Amadon s'étaient effectivement réalisées, puis en écoutant le récit de la faute du Jardin, elle n'eut plus qu'une seule idée - épouser ce fils et héritier d'Adam. L'idée gagna rapidement Adamson et, au bout de trois mois et quelques jours, ils se marièrent.

77:5.6 Adamson et Ratta eurent une famille de soixante-sept enfants. Ils donnèrent naissance à une grande lignée de dirigeants du monde, mais firent quelque chose de plus. Rappelons que ces deux êtres étaient réellement suprahumains. Chaque fois qu'ils avaient quatre nouveaux enfants, le quatrième était d'un ordre exceptionnel. Il était souvent invisible. Jamais, dans l'histoire de la planète, une telle chose ne s'était produite. Ratta en fut profondément troublée - et devint même superstitieuse - mais Adamson connaissait bien l'existence des médians primaires et conclut qu'il se passait une chose semblable sous ses yeux. Quand vint au monde le deuxième descendant de cet ordre au comportement étrange, il décida de lui faire épouser le premier, car l'un était un garçon et l'autre une fille ; ce fut l'origine de l'ordre secondaire des médians. Presque deux-mille d'entre eux furent amenés à l'existence en moins d'un siècle avant que ce phénomène ne prît fin.

77:5.7 Adamson vécut 396 ans. Il retourna maintes fois visiter son père et sa mère. Tous les sept ans, il partait avec Ratta vers le sud pour se rendre dans le second jardin, et, entretemps, les médians le tenaient au courant de ce qui concernait le bien-être de son peuple. Durant la vie d'Adamson, ils rendirent grand service en bâtissant un centre mondial indépendant de vérité et de droiture.

77:5.8 Durant toute leur longue vie, Adamson et Ratta eurent ainsi à leur disposition ce corps d'assistants merveilleux, qui travaillèrent avec eux à propager la vérité supérieure et à répandre des normes élevées de vie spirituelle, intellectuelle et physique. Le résultat de cet effort pour améliorer le monde ne fut jamais entièrement effacé par les régressions ultérieures.

77:5.9 Les Adamsonites entretinrent une haute culture pendant près de sept-mille ans à partir de l'époque d'Adamson et de Ratta. Plus tard, ils se mêlèrent aux Nodites et aux Andonites du voisinage et furent également inclus parmi les « puissants hommes de jadis » . Certains progrès de cet âge subsistèrent et devinrent une partie latente du potentiel culturel qui s'épanouit plus tard sous l'aspect de la civilisation européenne.

77:5.10 Leur centre de civilisation était situé dans la région à l'est de l'extrémité sud de la mer Caspienne, près du Kopet Dagh. À faible hauteur sur les contreforts du Turkestan, se trouvent les vestiges de ce qui fut jadis le quartier général adamsonite de la race violette. Dans ces sites des hautes terres situés dans une ancienne et étroite ceinture fertile au pied des contreforts de la chaine du Kopet, quatre civilisations différentes, entretenues par quatre groupes distincts de descendants d'Adamson, virent le jour à des périodes diverses. Ce fut le second de ces groupes qui émigra vers l'ouest en Grèce et dans les iles de la Méditerranée. Le reste des descendants d'Adamson émigra vers le nord et l'ouest pour pénétrer en Europe avec les races mixtes de la dernière vague des Andites sortant de Mésopotamie. Ils comptèrent aussi parmi les envahisseurs andites-aryens de l'Inde.

77.6  Les Médians Secondaires

77:6.1 Alors que les médians primaires ont eu une origine presque suprahumaine, ceux de l'ordre secondaire sont les descendants de la pure souche d'Adam unie à une descendance humanisée d'ancêtres communs à ceux du corps primaire.

77:6.2 Parmi les enfants d'Adamson, il y eut exactement seize de ces étranges procréateurs des médians secondaires. Ces enfants exceptionnels étaient également divisés entre les deux sexes, et chaque couple était capable de produire un médian secondaire tous les soixante-dix jours par une technique conjuguée de liaison sexuelle et non sexuelle. Un tel phénomène n'avait jamais été possible sur terre avant cette époque et ne s'est jamais reproduit depuis lors.

77:6.3 Ces seize enfants vécurent et moururent comme des mortels du royaume (exception faite de leurs traits particuliers), mais leurs descendants, stimulés électriquement, vivent indéfiniment sans être soumis aux limitations de la chair mortelle.

77:6.4 Chacun des huit couples donna finalement naissance à 248 médians, et c'est ainsi que fut constitué le corps secondaire originel de 1.984 membres. Il y a huit sous-groupes de médians secondaires ; ceux du premier groupe sont appelés par a-b-c le premier, le second, le troisième, etc. ; ceux du second groupe d-e-f le premier, le second, le troisième, etc. ; et ainsi de suite pour les autres groupes.

77:6.5 Après la faute d'Adam, les médians primaires retournèrent au service des administrateurs provisoires Melchizédeks ; le groupe secondaire resta attaché au centre d'Adamson jusqu'à la mort de ce dernier. Trente-trois de ces médians secondaires, les chefs de leur organisation à la mort d'Adamson, essayèrent d'entrainer l'ordre tout entier au service des Melchizédeks et d'effectuer ainsi une liaison avec le corps primaire. N'ayant pas réussi à accomplir leur projet, ils abandonnèrent leurs compagnons et passèrent en bloc au service des administrateurs provisoires planétaires.

77:6.6 Après la mort d'Adamson, le reste des médians secondaires exerça une étrange influence inorganisée et sans attaches sur Urantia. À partir de ce moment-là, et jusqu'à l'époque de Machiventa Melchizédek, ils menèrent une existence irrégulière et désordonnée. Ils furent partiellement repris sous contrôle par ce Melchizédek, mais restèrent une abondante source d'ennuis jusqu'aux jours de Christ Micaël. Durant son séjour sur terre, ils prirent tous des décisions définitives sur leur destinée future, et la majorité loyale s'enrôla, alors, sous la direction des médians primaires.

77.7  Les Médians Rebelles

77:7.1 La majorité des médians primaires s'adonna au péché à l'époque de la rébellion de Lucifer. Quand on fit le compte des dégâts de la rébellion planétaire, on découvrit, parmi d'autres pertes, que 40.119 médians primaires sur les 50.000 originels s'étaient ralliés à la sécession de Caligastia.

77:7.2 Le nombre initial de médians secondaires était de 1.984. Parmi eux, 873 ne se rangèrent pas sous la direction de Micaël et furent dument internés lors du jugement planétaire d'Urantia le jour de la Pentecôte. Nul ne peut prévoir l'avenir de ces créatures déchues.

77:7.3 Les deux groupes de médians rebelles sont maintenant détenus en prison en attendant le jugement final des affaires de la rébellion systémique, mais ils accomplirent beaucoup d'actes étranges sur terre avant l'inauguration de la dispensation planétaire actuelle.

77:7.4 Ces médians déloyaux étaient capables de se révéler aux yeux des mortels dans certaines circonstances, et c'était spécialement le cas pour les associés de Belzébuth, chef des médians secondaires apostats. Il ne faut cependant pas confondre ces créatures exceptionnelles avec certains chérubins et séraphins rebelles qui vécurent aussi sur terre jusqu'à l'époque de la mort et de la résurrection du Christ. Certains écrivains de l'antiquité désignaient les médians rebelles sous le nom de mauvais esprits et de démons, et les séraphins apostats sous celui de mauvais anges.

77:7.5 Sur aucun monde, les mauvais esprits ne peuvent posséder le mental d'un mortel après qu'un Fils d'effusion du Paradis y a vécu. Par contre, avant le séjour de Christ Micaël sur Urantia - avant l'arrivée universelle des Ajusteurs de Pensée et l'effusion de l'esprit du Maitre sur toute chair - ces médians rebelles étaient effectivement capables d'influencer le mental de certains mortels inférieurs et de contrôler quelque peu leurs actes. Ils y parvenaient d'une manière très analogue à celle des médians loyaux quand ceux-ci servent efficacement à préserver le contact du mental des humains membres du corps de réserve de la destinée urantien, pendant que leur Ajusteur se détache en fait de leur personnalité pour une période de contact avec des intelligences suprahumaines.

77:7.6 Il ne s'agit pas d'une simple figure de rhétorique lorsque vos annales disent : « Et ils Lui amenèrent toutes sortes de malades, ceux qui étaient possédés par des démons et ceux qui étaient lunatiques. » Jésus savait et reconnaissait la différence entre la folie et la possession démoniaque, bien que ces états fussent grandement confondus dans le mental de ses contemporains.

77:7.7 Même avant la Pentecôte, nul esprit rebelle ne pouvait dominer un mental humain normal et, depuis ce jour, même le mental faible de mortels inférieurs échappe à cette possibilité. Depuis l'arrivée de l'Esprit de Vérité, quand on prétend chasser des démons, on confond une croyance à la possession démoniaque avec l'hystérie, la folie et la débilité mentale. L'effusion de Micaël a définitivement libéré tout mental humain du risque d'une possession démoniaque, mais il ne faudrait pas imaginer pour cela que ce risque n'existait pas dans les âges antérieurs.

77:7.8 Tout le groupe des médians rebelles est maintenant en prison par ordre des Très Hauts d'Édentia. Ils ne sévissent plus dans ce monde, à l'affut de méfaits à commettre. Indépendamment de la présence des Ajusteurs de Pensée, l'effusion de l'Esprit de Vérité sur toute chair a rendu pour toujours impossible aux esprits déloyaux, quelle que soit leur espèce ou leur nature, d'envahir, de nouveau, même le mental humain le plus débile. Depuis le jour de la Pentecôte, une chose telle que la possession démoniaque ne peut plus jamais exister.

77.8  Les Médians Unis

77:8.1 Au dernier jugement de ce monde, lorsque Micaël transféra les survivants endormis du temps, les créatures médianes furent laissées sur place pour aider au travail spirituel et semi-spirituel sur la planète. Ils opèrent maintenant comme un corps unique englobant les deux ordres et comptant 10.992 membres. Les Médians Unis d'Urantia sont maintenant gouvernés alternativement par le doyen de chaque ordre. Ce régime a prévalu depuis leur amalgamation en un seul groupe peu après la Pentecôte.

77:8.2 Les membres de l'ordre le plus ancien, ou primaire, sont généralement connus sous des numéros. On leur donne souvent des noms tels que 1-2-3 le premier, 4-5-6 le premier, et ainsi de suite. Sur Urantia, les médians adamiques sont désignés alphabétiquement pour les distinguer de l'appellation numérique des médians primaires.

77:8.3 Les êtres des deux ordres sont immatériels quant à la nourriture et à l'absorption d'énergie, mais ils partagent beaucoup de traits humains ; ils peuvent prendre plaisir à votre humour aussi bien que participer à votre culte. Quand ils sont attachés à des mortels, ils entrent dans l'esprit du travail, du repos et du jeu humains, mais les médians ne dorment pas et ne possèdent pas de pouvoirs de procréation. En un certain sens, ceux du groupe secondaire sont différenciés selon les lignes masculine et féminine, et l'on parle souvent d'eux comme de « lui » ou d' « elle » . Des couples de cet ordre travaillent fréquemment ensemble.

77:8.4 Les médians ne sont ni des hommes ni des anges, mais, par nature, les médians secondaires sont plus proches des hommes que des anges. Ils appartiennent d'une certaine manière à vos races, ce qui les rend très compréhensifs et compatissants dans leurs contacts avec les êtres humains. Ils apportent une aide inestimable aux séraphins dans leur travail en faveur des diverses races de l'humanité, et avec elles. Les deux ordres de médians sont indispensables aux séraphins qui servent de gardiens personnels aux mortels.

77:8.5 Les Médians Unis d'Urantia sont organisés pour servir avec les séraphins planétaires, selon leurs dons innés et leur habileté acquise, dans les quatre groupes suivants :

77:8.6 1. Les messagers médians. Ils portent des noms ; ils forment un groupe peu nombreux et apportent une grande aide sur un monde évolutionnaire pour assurer des communications personnelles rapides et sûres.

77:8.7 2. Les sentinelles planétaires. Les médians sont les gardiens, les sentinelles des mondes de l'espace. Ils remplissent les importantes fonctions d'observateurs des nombreux phénomènes et types de communications qui présentent de l'intérêt pour les êtres surnaturels du royaume. Ils patrouillent le domaine spirituel invisible de la planète.

77:8.8 3. Les personnalités de contact. Les médians sont toujours employés dans l'établissement de contacts avec les êtres mortels des mondes matériels, tels que le sujet par qui les présentes communications furent transmises. Ils sont un facteur essentiel de ces liaisons entre le niveau matériel et le niveau spirituel.

77:8.9 4. Les aides du progrès. Ce sont les médians les plus spiritualisés. Ils sont répartis comme assistants auprès des divers ordres de séraphins qui opèrent en groupes spéciaux sur la planète.

77:8.10 Les médians diffèrent considérablement dans leurs aptitudes à établir des contacts avec les séraphins au-dessus d'eux et avec leurs cousins humains au-dessous d'eux. Par exemple, il est extrêmement difficile aux médians primaires d'établir un contact direct avec des agents matériels. Ils sont beaucoup plus proches des êtres du type angélique, et sont donc habituellement affectés à travailler avec les forces spirituelles présentes sur la planète et à leur apporter leur ministère. Ils agissent comme compagnons et guides des visiteurs célestes et des hôtes estudiantins, tandis que les créatures secondaires sont presque exclusivement attachées au ministère des êtres matériels du royaume.

77:8.11 Les 1.111 médians secondaires loyaux sont engagés dans d'importantes missions sur terre. Par comparaison avec leurs associés primaires, ils sont nettement matériels. Ils existent juste au delà du champ de vision humain et possèdent une latitude d'adaptation suffisante pour établir à volonté un contact physique avec ce que les hommes appellent « des objets matériels » . Ces créatures uniques ont certains pouvoirs définis sur les choses du temps et de l'espace, y compris les animaux du royaume.

77:8.12 Beaucoup de phénomènes physiques attribués aux anges ont été accomplis par les créatures médianes secondaires. Lorsque les premiers instructeurs de l'évangile de Jésus furent jetés en prison par les ignorants chefs religieux de l'époque, un véritable « ange du Seigneur ouvrit de nuit les portes de la prison et les conduisit dehors » . Par contre, dans le cas de la délivrance de Pierre, après l'exécution de Jacques sur l'ordre d'Hérode, ce fut un médian secondaire qui accomplit le travail attribué à un ange.

77:8.13 Aujourd'hui, leur principal travail est celui d'invisibles associés de liaison personnelle des hommes et des femmes qui constituent le corps de réserve planétaire de la destinée. Ce fut l'oeuvre de ce corps secondaire, habilement aidé par quelques membres du corps primaire, qui provoqua, sur Urantia, la coordination des personnalités et des circonstances, qui incita finalement les superviseurs planétaires célestes à prendre l'initiative de certaines requêtes ; celles-ci aboutirent à l'octroi des autorisations rendant possible la série de révélations dont le présent fascicule fait partie. Mais il y a lieu de préciser clairement que les créatures médianes ne sont pas impliquées dans les spectacles lamentables qui sont donnés sous le qualificatif général de « spiritisme » . Tous les médians résidant actuellement sur Urantia ont un statut honorable, et aucun n'a de connexion avec les phénomènes dits de « médiumnité » . En général, ils ne permettent pas aux humains d'être témoins de leurs activités physiques parfois nécessaires, ni de leurs autres contacts avec le monde matériel, tels que les sens humains les perçoivent.

77.9  Les Citoyens Permanents d'Urantia

77:9.1 Les médians peuvent être considérés comme le premier groupe d'habitants permanents rencontrés sur les diverses sortes de mondes dans les univers ; par opposition aux ascendeurs évolutionnaires tels que les créatures humaines et les armées angéliques. On rencontre de tels citoyens permanents à divers points de l'ascension vers le Paradis.

77:9.2 Contrairement aux ordres variés d'êtres célestes affectés au ministère d'une planète, les créatures médianes vivent sur un monde habité. Les séraphins viennent et s'en vont, mais les médians restent et resteront, et le fait d'être nés sur la planète ne les empêche pas d'y servir de ministres. Ils assurent l'unique régime continu qui harmonise et relie les administrations changeantes des armées séraphiques.

77:9.3 En tant que véritables citoyens d'Urantia, les médians portent un intérêt de parenté à la destinée de cette sphère. Ils forment une association résolue, travaillant avec persistance au progrès de leur planète natale. Leur détermination ressort de la devise de leur ordre : « Ce que les Médians Unis entreprennent, les Médians Unis l'accomplissent. »

77:9.4 Bien que leur aptitude à traverser les circuits énergétiques rende possible à n'importe quel médian de quitter la planète, ils se sont engagés individuellement à ne pas partir avant le jour où les autorités de l'univers les libéreront. Les médians sont fixés sur une planète jusqu'aux âges de lumière et de vie. À l'exception de 1-2-3 le premier, nul médian loyal n'est jamais parti d'Urantia.

77:9.5 1-2-3 le premier, doyen de l'ordre primaire, fut libéré de ses devoirs planétaires immédiats peu après la Pentecôte. Ce noble médian resta fermement aux côtés de Van et d'Amadon pendant les jours tragiques de la rébellion planétaire, et son commandement intrépide contribua à réduire les défections dans son ordre. Il sert à présent sur Jérusem comme membre du conseil des vingt-quatre, et il a déjà rempli une fois, depuis la Pentecôte, la fonction de gouverneur général d'Urantia.

77:9.6 Les médians sont attachés à la planète ; toutefois, de même que les mortels parlent aux voyageurs venus de loin et se renseignent ainsi sur les lieux lointains de la planète, de même les médians s'entretiennent avec des voyageurs célestes pour s'instruire de ce qui se passe dans les endroits éloignés de l'univers. Ils deviennent ainsi familiers avec ce système et cet univers local, et même avec Orvonton et ses créations soeurs, et ils se préparent de la sorte à la citoyenneté sur les niveaux supérieurs d'existence des créatures.

77:9.7 Les médians sont amenés à l'existence pleinement adultes - sans passer par une période de croissance ni de développement à partir de l'immaturité - mais ils ne cessent jamais de croitre en sagesse et en expérience. À l'instar des mortels, ils sont des créatures évolutionnaires et possèdent une culture qui est un accomplissement évolutionnaire authentique. Il y a beaucoup de grands penseurs et de puissants esprits parmi les médians d'Urantia.

77:9.8 Sous un aspect plus large, la civilisation d'Urantia est la production conjointe des mortels et des médians de cette planète, et ceci reste vrai malgré la différence existant, à l'heure actuelle, entre leurs deux niveaux de culture, différence qui ne sera pas comblée avant les âges de lumière et de vie.

77:9.9 La culture des médians est le produit d'un groupe de citoyens planétaires immortels ; elle est donc relativement immunisée contre les vicissitudes temporelles qui assaillent la civilisation humaine. Les générations d'hommes oublient, mais le corps des médians se souvient, et cette mémoire est le trésor des traditions sur votre monde habité. C'est pourquoi la culture d'une planète reste toujours présente sur cette planète ; dans des circonstances appropriées, ces précieux souvenirs d'évènements passés sont mis à la disposition des hommes. C'est ainsi que l'histoire de la vie et des enseignements de Jésus a été donnée par les médians d'Urantia à leurs cousins dans la chair.

77:9.10 Les médians sont les habiles ministres qui comblent le fossé, apparu après la mort d'Adam et d'Ève, entre les affaires matérielles et les affaires spirituelles d'Urantia. Ils sont également vos frères ainés, vos camarades dans la longue lutte pour atteindre sur Urantia un statut ancré de lumière et de vie. Les Médians Unis forment un corps qui a été mis à l'épreuve de la rébellion ; ils joueront fidèlement leur rôle dans l'évolution planétaire jusqu'à ce que ce monde atteigne le but des âges, jusqu'au jour lointain où, en fait, la paix régnera sur terre et où, en vérité, il y aura de la bonne volonté dans le coeur des hommes.

77:9.11 À cause du précieux travail accompli par ces médians, nous avons conclu qu'ils forment une partie vraiment essentielle de l'économie spirituelle des royaumes. Sur les mondes où la rébellion n'a pas gâché les affaires planétaires, ils rendent encore plus de services aux séraphins.

77:9.12 Toute l'organisation des esprits supérieurs, des armées angéliques et des compagnons médians se consacre avec enthousiasme à réaliser le plan du Paradis pour l'ascension progressive et l'aboutissement à la perfection des mortels évolutionnaires. C'est l'un des travaux célestes de l'univers - le magnifique plan de survie consistant à faire descendre Dieu jusqu'à l'homme et ensuite, par une sorte d'association sublime, de ramener l'homme à Dieu dans une éternité de service et une divinité d'accomplissement - pour les mortels comme pour les médians.

77:9.13 [Présenté par un Archange de Nébadon.]

78. La Race Violette après les Jours d'Adam

78:0.1 LE Second Éden fut le berceau de la civilisation pendant près de trente-mille ans. Les peuples adamiques se maintinrent là, en Mésopotamie, et envoyèrent leur progéniture aux confins de la terre. Plus tard, quand ils s'amalgamèrent avec les tribus nodites et sangiks, ils furent connus sous le nom d'Andites. De cette région partirent les hommes et les femmes qui inaugurèrent les activités des temps historiques et accélérèrent prodigieusement les progrès culturels sur Urantia.

78:0.2 Ce fascicule décrit l'histoire planétaire de la race violette, en commençant peu après la faute d'Adam, environ 35.000 ans avant l'ère chrétienne. Le récit se poursuit par la fusion de la race violette avec les races nodites et sangiks, vers l'an 15.000 avant l'ère chrétienne, pour former le peuple Andite, qui disparut de son foyer de Mésopotamie environ 2.000 ans avant l'ère chrétienne.

78.1  Répartition Raciale et Culturelle

78:1.1 Bien que le mental et la morale des races fussent à un niveau assez bas au moment de l'arrivée d'Adam, leur évolution physique s'était poursuivie sans être aucunement affectée par la crise de la rébellion de Caligastia. La contribution d'Adam au statut biologique des races, malgré l'échec partiel de son entreprise, rehaussa énormément les humains d'Urantia.

78:1.2 Adam et Ève apportèrent aussi beaucoup d'éléments précieux au progrès social, moral et intellectuel de l'humanité. La civilisation fut immensément vivifiée par la présence de leurs descendants. Mais, il y a 35.000 ans, le monde dans son ensemble était peu cultivé. Certains centres de civilisation existaient çà et là, mais la majeure partie d'Urantia languissait à l'état sauvage. La répartition raciale et culturelle était la suivante :

78:1.3 1. La race violette - les Adamites et les Adamsonites. Le principal centre de culture adamite se trouvait dans le second jardin situé dans le triangle du Tigre et de l'Euphrate ; ce fut vraiment le berceau des civilisations occidentales et indiennes. Le centre secondaire ou nordique de la race violette était le quartier général adamsonite situé à l'est de la rive sud de la mer Caspienne, près des monts Kopet. C'est à partir de ces deux centres que se répandirent dans les pays voisins la culture et le plasma vital qui vivifièrent immédiatement toutes les races.

78:1.4 2. Les Présumériens et autres Nodites. Il existait aussi en Mésopotamie, près de l'embouchure des fleuves, des restes de l'ancienne culture du temps de Dalamatia. Avec l'écoulement des millénaires, ce groupe se mêla complètement aux Adamites du nord, mais ne perdit jamais entièrement ses traditions nodites. Divers autres groupes de Nodites qui s'étaient installés au Levant furent en général absorbés par la race violette au cours de son expansion ultérieure.

78:1.5 3. Les Andonites entretinrent cinq ou six colonies assez représentatives au nord et à l'est du quartier général d'Adamson. D'autres Andonites étaient dispersés dans le Turkestan, et certains groupes isolés d'entre eux subsistèrent dans toute l'Eurasie, spécialement dans les régions montagneuses. Ces aborigènes occupaient encore les terres septentrionales du continent eurasien ainsi que l'Islande et le Groenland, mais ils avaient été, depuis longtemps, chassés des plaines d'Europe par les hommes bleus, et des vallées des fleuves asiatiques plus éloignés par la race jaune en expansion.

78:1.6 4. Les hommes rouges occupaient les deux Amériques après avoir été chassés d'Asie plus de cinquante-mille ans avant l'arrivée d'Adam.

78:1.7 5. La race jaune. Les peuples chinois étaient bien établis dans le contrôle de l'Asie orientale. Leurs colonies les plus avancées se trouvaient au nord-ouest de la Chine moderne, dans les régions limitrophes du Tibet.

78:1.8 6. La race bleue. Les hommes bleus étaient dispersés dans toute l'Europe, mais leurs meilleurs centres de culture étaient situés dans les vallées alors fertiles du bassin méditerranéen et dans le nord-ouest de l'Europe. L'absorption des hommes du Néanderthal avait grandement retardé la culture des hommes bleus, mais, par ailleurs, ils étaient les plus dynamiques, les plus aventureux et les plus explorateurs de tous les peuples évolutionnaires d'Eurasie.

78:1.9 7. L'Inde prédravidienne. Le mélange complexe des races aux Indes - englobant toutes les races de la terre, mais surtout la verte, l'orangée et la noire - entretenait une culture légèrement supérieure à celle des régions extérieures.

78:1.10 8. La civilisation saharienne. Les éléments supérieurs de la race indigo avaient leurs colonies les plus progressives dans les terres qui forment maintenant le grand désert du Sahara. Ce groupe indigo-noir contenait de nombreuses lignées des races orangée et verte submergées.

78:1.11 9. Le bassin méditerranéen. La race la plus complètement mélangée en dehors de l'Inde occupait ce qui est maintenant le bassin méditerranéen. Les hommes bleus du nord et les Sahariens du sud s'y rencontrèrent et s'y mêlèrent avec des Nodites et des Adamites orientaux.

78:1.12 Telle était l'image du monde avant les débuts des grandes expansions de la race violette, il y a environ vingt-cinq-mille ans. L'espoir de la civilisation future se trouvait dans le second jardin, entre les fleuves de Mésopotamie. Cette région de l'Asie du sud-ouest contenait le potentiel d'une grande civilisation, la possibilité de répandre dans le monde les idées et les idéaux des temps de Dalamatia et de l'époque d'Éden sauvés du naufrage.

78:1.13 Adam et Ève avaient laissé derrière eux une progéniture limitée mais puissante, et les observateurs célestes, sur Urantia, attendaient anxieusement de voir comment se comporteraient ces descendants du Fils et de la Fille Matériels égarés.

78.2  Les Adamites dans le Second Jardin

78:2.1 Pendant des milliers d'années, les fils d'Adam travaillèrent le long des fleuves de Mésopotamie, résolvant vers le sud leurs problèmes d'irrigation et de contrôle des inondations, perfectionnant leurs défenses au nord, et s'efforçant de préserver leurs traditions de la gloire du premier Éden.

78:2.2 L'héroïsme dont ils firent preuve dans la direction du second jardin constitue l'une des épopées les plus étonnantes et inspirantes de l'histoire d'Urantia. Ces âmes splendides ne perdirent jamais entièrement de vue les buts de la mission adamique ; c'est pourquoi les Adamites combattirent vaillamment l'influence des tribus environnantes et inférieures, tandis qu'ils envoyèrent volontairement leurs fils et filles les mieux doués en un flot constant d'émissaires auprès des races de la terre. Cette expansion épuisait parfois leur propre culture, mais ce peuple supérieur réussit toujours à se reconstituer.

78:2.3 La civilisation, la société et le statut culturel des Adamites se situaient très au-dessus du niveau général des races évolutionnaires d'Urantia. Il n'y avait de civilisation comparable que parmi les colonies de Van et d'Amadon et chez les Adamsonites. Mais la civilisation du second Éden était une structure artificielle - elle ne résultait pas d'une évolution - et, en conséquence, elle était condamnée à dégénérer jusqu'à son niveau évolutionnaire naturel.

78:2.4 dam laissa derrière lui une grande culture intellectuelle et spirituelle, mais elle était pauvre en applications mécaniques, car toute civilisation est limitée par les ressources naturelles disponibles, le génie inné et les loisirs suffisants pour assurer la mise en oeuvre des inventions. La civilisation de la race violette était fondée sur la présence d'Adam et les traditions du premier Éden. Après la mort d'Adam et à mesure que les millénaires qui passaient estompaient les traditions, le niveau culturel des Adamites ne cessa de décliner jusqu'à ce que l'équilibre ait été atteint entre le statut des peuplades environnantes et l'évolution naturelle des capacités culturelles de la race violette.

78:2.5 Cependant, vers l'an 19.000 avant l'ère chrétienne, les Adamites formaient une véritable nation comptant 4.500.000 habitants, et ils avaient déjà déversé des millions de leurs descendants chez les peuples des alentours.

78.3  Les Premières Expansions des Adamites

78:3.1 La race violette conserva, pendant de nombreux millénaires, les traditions pacifiques d'Éden, ce qui explique le long retard des Adamites à faire des conquêtes territoriales. Quand ils souffraient d'un excès de population, au lieu de faire la guerre pour s'assurer plus de territoires, ils envoyaient l'excédent de leurs habitants comme instructeurs auprès des autres races. L'effet culturel de ces premières migrations n'était pas durable, mais l'absorption des éducateurs, des commerçants et des explorateurs adamiques fortifiait biologiquement les peuplades environnantes.

78:3.2 Quelques Adamites se dirigèrent de bonne heure à l'ouest vers la vallée du Nil ; d'autres allèrent vers l'est et pénétrèrent en Asie, mais ils formaient une minorité. Les mouvements de masse des époques plus tardives s'orientèrent largement vers le nord et de là vers l'ouest. Dans l'ensemble, ce fut une poussée graduelle, mais incessante vers le nord, la majorité des émigrants se dirigeant vers le nord, puis tournant vers l'ouest autour de la mer Caspienne et pénétrant en Europe.

78:3.3 Il y a environ 25.000 ans, un grand nombre des Adamites les plus purs étaient bien en route pour émigrer vers le nord et, à mesure qu'ils avançaient dans cette direction, ils devenaient de moins en moins adamiques. À la fin, quand ils occupèrent le Turkestan, ils s'étaient complètement mêlés aux autres races, et particulièrement aux Nodites. Les éléments de pure race violette ne pénétrèrent profondément en Europe et en Asie qu'en très petit nombre.

78:3.4 Entre l'an 30.000 et l'an 10.000 avant l'ère chrétienne, des mélanges raciaux faisant époque eurent lieu dans toute l'Asie du sud-ouest. Les habitants des hautes terres du Turkestan étaient un peuple viril et vigoureux. Au nord-ouest de l'Inde, une bonne partie de la culture du temps de Van subsistait. Encore au nord de ces colonies, les meilleurs Andonites primitifs s'étaient conservés. Et ces deux races de culture et de caractère supérieurs furent absorbées par les Adamites se déplaçant vers le nord. Cette amalgamation conduisit à adopter bien des idées nouvelles ; elle facilita les progrès de la civilisation et fit avancer considérablement toutes les phases de l'art, de la science et de la culture sociale.

78:3.5 Quand la période des migrations adamiques primitives prit fin, vers l'an 15.000 avant l'ère chrétienne, il y avait déjà plus de descendants d'Adam en Europe et en Asie centrale que partout ailleurs dans le monde, et même qu'en Mésopotamie. Les races bleues européennes avaient été largement imprégnées. Les pays que l'on appelle aujourd'hui la Russie et le Turkestan étaient occupés dans toutes leurs régions méridionales par un grand réservoir d'Adamites mêlés de Nodites, d'Andonites et de Sangiks rouges et jaunes. L'Europe du sud et la lisière de la Méditerranée étaient habités par une race mixte d'Andonites et de Sangiks - orangés, verts et indigo - avec une touche de la souche adamite. L'Asie Mineure et les pays du centre-est de l'Europe étaient occupés par des tribus de prédominance andonite.

78:3.6 Une race mêlée de couleur, grandement renforcée vers cette époque par des arrivées de Mésopotamiens, se maintenait en Égypte et se préparait à prendre le relais de la culture en voie de disparition de la vallée de l'Euphrate. Les peuplades noires se déplaçaient vers le sud de l'Afrique ; comme la race rouge, elles étaient virtuellement isolées.

78:3.7 La civilisation saharienne avait été disloquée par la sécheresse, et celle du bassin méditerranéen par les inondations. Les races bleues n'avaient pas encore réussi à développer une culture avancée. Les Andonites étaient encore éparpillés dans les régions de l'Asie centrale et arctique. Les races verte et orangée avaient été exterminées en tant que races. La race indigo se dirigeait vers le sud de l'Afrique pour y commencer sa lente et longue dégénérescence raciale, qui se poursuivit longtemps.

78:3.8 Les peuples de l'Inde restaient stagnants, avec une civilisation qui ne progressait pas. Les hommes jaunes consolidaient leur mainmise sur l'Asie centrale. Les hommes bruns n'avaient pas encore inauguré leur civilisation dans les iles du Pacifique proches de l'Asie.

78:3.9 Ces répartitions raciales, associées à de vastes changements de climat, préparèrent la scène du monde pour l'inauguration de l'ère Andite de la civilisation d'Urantia. Ces premières migrations s'étendirent sur une période de dix millénaires, entre l'an 25.000 et l'an 15.000 avant l'ère chrétienne. Les migrations ultérieures ou andites eurent lieu entre l'an 15.000 et l'an 6.000 avant l'ère chrétienne.

78:3.10 Les Adamites des premières migrations mirent tellement de temps à traverser l'Eurasie qu'ils perdirent, en cours de route, une grande partie de leur culture. Seuls les Andites venus plus tard se déplacèrent avec une rapidité suffisante pour conserver leur culture édénique à de grandes distances de la Mésopotamie.

78.4  Les Andites

78:4.1 Les races andites étaient les mélanges primaires de la race violette en ligne directe et des Nodites avec l'addition de peuplades évolutionnaires. En général, il faut penser aux Andites comme ayant un pourcentage de sang adamique bien plus élevé que les races modernes. Dans l'ensemble, on emploie le terme Andite pour désigner les peuples possédant un sixième à un huitième d'hérédité violette. Les Urantiens modernes, même ceux des races blanches nordiques, contiennent un pourcentage bien inférieur du sang d'Adam.

78:4.2 Les tout premiers peuples andites eurent leur origine dans les régions adjacentes à la Mésopotamie il y a plus de vingt-cinq-mille ans et consistèrent en un mélange d'Adamites et de Nodites. Le second jardin était entouré de zones concentriques où les habitants avaient de moins en moins de sang violet, et c'est sur la périphérie de ce creuset racial que naquit la race andite. Plus tard, quand les Adamites et les Nodites migrateurs pénétrèrent dans les régions alors fertiles du Turkestan, ils se mêlèrent rapidement à leurs habitants supérieurs, et le mélange racial qui en résulta étendit, vers le nord, le type andite.

78:4.3 Les Andites furent, à tous points de vue, la meilleure race humaine apparue sur Urantia depuis l'époque des peuplades de pure race violette. Ils englobèrent la plupart des types supérieurs des restes survivants des races adamite et nodite, et, plus tard, quelques-unes des meilleures lignées d'hommes jaunes, bleus et verts.

78:4.4 Ces premiers Andites n'étaient pas des Aryens, mais des Préaryens. Ils n'étaient pas blancs, mais « préblancs » . Ils n'étaient ni un peuple occidental ni un peuple oriental, mais c'est l'hérédité andite qui donne au mélange polyglotte des races dites blanches cette homogénéité générale que l'on a appelée caucasoïde.

78:4.5 Les lignées les plus pures de la race violette avaient conservé la tradition adamique de rechercher la paix, ce qui explique pourquoi les premiers déplacements raciaux eurent plutôt la nature de migrations pacifiques. Mais, à mesure que les Adamites s'unirent avec les Nodites, qui étaient alors une race belliqueuse, leurs descendants Andites devinrent, pour leur époque, les militaristes les plus habiles et les plus sagaces qui aient jamais vécu sur Urantia. Les déplacements des Mésopotamiens prirent désormais un caractère de plus en plus militaire et s'apparentèrent davantage à de réelles conquêtes.

78:4.6 Les Andites étaient aventureux ; ils avaient des dispositions vagabondes. Une addition de souches sangiks ou Andonite tendit à les stabiliser. Mais, même ainsi, leurs descendants n'eurent pas de cesse avant d'avoir effectué la circumnavigation du globe et découvert le dernier des continents lointains.

78.5  Les Migrations Andites

78:5.1 La culture du second jardin persista pendant vingt-mille ans, mais elle subit un déclin continu jusqu'à l'an 15.000 avant l'ère chrétienne, où la régénération de la prêtrise séthite et le commandement d'Amosad inaugurèrent une ère brillante. Les vagues massives de civilisation qui se répandirent plus tard sur l'Eurasie suivirent immédiatement la grande renaissance du Jardin consécutive à de nombreuses unions des Adamites avec les Nodites mixtes des environs pour former les Andites.

78:5.2 Ces Andites firent faire de nouveaux progrès en Eurasie et en Afrique du Nord. De Mésopotamie jusqu'au Sinkiang inclus, la culture andite dominait, et les migrations continues vers l'Europe étaient constamment compensées par de nouvelles arrivées de Mésopotamie. Mais il ne serait pas exact de parler des Andites en Mésopotamie comme d'une race proprement dite avant les prodromes des migrations finales des descendants mixtes d'Adam. Dès cette époque, même les races du second jardin étaient tellement mêlées qu'elles ne pouvaient plus être considérées comme adamites.

78:5.3 La civilisation du Turkestan était constamment vivifiée et rénovée par les nouveaux arrivants de Mésopotamie, et spécialement par les cavaliers andites venus plus tardivement. La langue mère dite aryenne était en cours de formation dans les hautes terres du Turkestan ; elle était un mélange du dialecte andonique de cette région avec le langage des Adamsonites et des Andites ultérieurs. Bien des langages modernes dérivent de ce langage primitif des tribus d'Asie Centrale qui conquirent l'Europe, l'Inde et la partie supérieure des plaines de Mésopotamie. C'est cet ancien idiome qui donna aux langues occidentales la similitude que l'on appelle aryenne.

78:5.4 Vers l'an 12.000 avant l'ère chrétienne, les trois quarts des races andites du monde résidaient dans le nord et l'est de l'Europe et, lorsque eut lieu l'exode ultérieur et final de Mésopotamie, soixante-cinq-pour-cent des dernières vagues d'émigration pénétrèrent en Europe.

78:5.5 Les Andites émigrèrent non seulement vers l'Europe, mais vers la Chine du nord et l'Inde, tandis que de nombreux groupes allaient jusqu'aux confins de la terre comme missionnaires, éducateurs et commerçants. Ils apportèrent une contribution considérable aux groupes des peuplades sangiks du Sahara septentrional. Toutefois, seul un petit nombre d'instructeurs et de commerçants pénétra en Afrique plus au sud que le cours supérieur du Nil. Plus tard, des Andites mixtes et des Égyptiens descendirent le long des côtes est et ouest de l'Afrique bien au-dessous de l'équateur, mais sans atteindre Madagascar.

78:5.6 Ces Andites étaient les conquérants dits Dravidiens, et plus tard Aryens, de l'Inde, et leur présence en Asie centrale rehaussa considérablement les ancêtres des Touraniens. De nombreux individus de cette race allèrent en Chine, tant par le Sinkiang que par le Tibet, et ajoutèrent des qualités désirables aux souches chinoises ultérieures. De temps à autre, de petits groupes arrivaient jusqu'au Japon, à Formose, aux Indes orientales et en Chine du sud, mais très peu pénétrèrent dans ce dernier pays par la voie côtière.

78:5.7 Cent-trente-deux membres de cette race s'embarquèrent au Japon sur une flottille de petits bateaux et finirent par atteindre l'Amérique du sud. Par des mariages mixtes avec les natifs des Andes, ils donnèrent naissance aux ancêtres des chefs ultérieurs des Incas. Ils traversèrent le Pacifique par petites étapes, en s'arrêtant sur les nombreuses iles qu'ils rencontraient sur leur route. Les iles de Polynésie étaient à la fois plus nombreuses et plus grandes qu'aujourd'hui, et ces marins andites, ainsi que quelques compagnons de voyage, modifièrent biologiquement les groupes indigènes au cours de leur transit. À la suite de la pénétration andite, de nombreux centres florissants de civilisation se développèrent sur ces terres maintenant submergées. L'Ile de Pâques fut longtemps le centre religieux et administratif de l'un de ces groupes disparus. Toutefois, parmi les Andites qui naviguèrent sur le Pacifique de ces temps lointains, les cent-trente-deux mentionnés furent les seuls à jamais atteindre le continent des Amériques.

78:5.8 Les migrations conquérantes des Andites se poursuivirent jusqu'à leurs dernières dispersions entre l'an 8.000 et l'an 6.000 avant l'ère chrétienne. Quand ils se répandaient hors de Mésopotamie, ils épuisaient constamment les réserves biologiques de leur terre natale, tandis qu'ils renforçaient notablement les peuples environnants. Dans toutes les nations où ils affluèrent, ils apportèrent une contribution d'humour, d'art, d'aventure, de musique et de manufacture. Ils étaient habiles à domestiquer les animaux et experts en agriculture. À cette époque tout au moins, leur présence améliorait généralement les croyances religieuses et les pratiques morales des races plus anciennes. C'est ainsi que la culture mésopotamienne se répandit doucement sur l'Europe, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Nord et les iles du Pacifique.

78.6  Les Dernières Dispersions Andites

78:6.1 Les trois dernières vagues d'Andites déferlèrent de Mésopotamie entre l'an 8.000 et l'an 6.000 avant l'ère chrétienne. Ces trois grandes vagues culturelles furent refoulées de Mésopotamie par la pression des tribus montagnardes à l'est et par le harcèlement des hommes des plaines de l'ouest. Les habitants de la vallée de l'Euphrate et des territoires adjacents partirent, pour leur exode final, dans plusieurs directions :

78:6.2 Soixante-cinq pour cent pénétrèrent en Europe par la route de la mer Caspienne pour conquérir les races blanches en voie d'apparition (le mélange des hommes bleus et des premiers Andites) et s'amalgamer avec elles.

78:6.3 Dix pour cent, y compris un important groupe de prêtres séthites, traversèrent les hautes terres élamites vers l'est jusqu'au plateau de l'Iran et au Turkestan. Beaucoup de leurs descendants furent ultérieurement repoussés dans les Indes avec leurs frères Aryens des régions plus septentrionales.

78:6.4 Dix pour cent des Mésopotamiens ayant émigré vers le nord s'orientèrent ensuite vers l'est pour entrer dans le Sinkiang, où ils se mêlèrent aux Andites jaunes qui y habitaient. La majorité des descendants bien doués de cette union pénétra plus tard en Chine et contribua beaucoup à l'amélioration immédiate de la fraction nordique de la race jaune.

78:6.5 Dix-pour-cent des Andites en fuite traversèrent l'Arabie et entrèrent en Égypte.

78:6.6 Cinq-pour-cent des Andites, appartenant à la plus haute culture du district côtier à l'embouchure du Tigre et de l'Euphrate, avaient évité de se marier avec les individus inférieurs des tribus voisines et refusèrent de quitter leurs foyers. Ce groupe représentait la survivance de nombreuses lignées nodites et adamites supérieures.

78:6.7 Les Andites avaient à peu près entièrement évacué cette région vers l'an 6.000 avant l'ère chrétienne, bien que leurs descendants, largement mêlés aux races sangiks environnantes et aux Andonites d'Asie Mineure, y fussent présents pour livrer bataille aux envahisseurs du nord et de l'est à une date beaucoup plus tardive.

78:6.8 L'âge culturel du second jardin prit fin par l'infiltration croissante des souches inférieures environnantes. La civilisation se déplaça vers l'ouest dans la vallée du Nil et les iles de la Méditerranée, où elle continua à progresser et à prospérer longtemps après que sa source d'origine en Mésopotamie eut dégénéré. L'afflux sans contrôle des peuplades inférieures prépara la voie à la conquête ultérieure de toute la Mésopotamie par les barbares nordiques qui en chassèrent ce qui restait de lignées douées d'aptitudes. Même à une époque plus récente, le reliquat des éléments cultivés s'irritait encore de la présence de ces envahisseurs ignorants et grossiers.

78.7  Les Inondations en Mésopotamie

78:7.1 Les riverains des fleuves étaient habitués aux inondations en certaines saisons. Ces débordements périodiques étaient des évènements annuels de leur vie. Mais de nouveaux périls menacèrent la Mésopotamie par suite de changements géologiques progressifs dans le nord.

78:7.2 Pendant des milliers d'années après l'engloutissement du premier Éden, les montagnes voisines de la côte orientale de la Méditerranée et celles du nord-ouest et du nord-est de la Mésopotamie continuèrent à s'exhausser. Cette élévation des hautes terres s'accéléra grandement vers l'an 5.000 avant l'ère chrétienne, et ce facteur, s'ajoutant à des chutes de neige considérablement accrues sur les montagnes du nord, causa chaque printemps des inondations sans précédent dans la vallée de l'Euphrate. Ces inondations printanières empirèrent d'année en année, si bien que les habitants des régions riveraines furent chassés vers les hautes terres orientales. Pendant près de mille ans, des dizaines de villes furent pratiquement abandonnées à cause de l'extension de ces déluges.

78:7.3 Près de cinq-mille ans plus tard, les prêtres hébreux, en captivité à Babylone, cherchèrent à faire remonter à Adam l'origine du peuple juif et éprouvèrent de grandes difficultés à faire cadrer les fragments de leur histoire. L'un d'eux eut l'idée de renoncer à l'effort, de laisser le monde entier s'engloutir dans sa perversité, à l'époque du déluge de Noé, et de se trouver ainsi en meilleure posture pour attribuer directement, comme ancêtre à Abraham, l'un des trois fils survivants de Noé.

78:7.4 Les traditions relatant une époque où les eaux couvraient toute la surface de la terre sont universelles. L'histoire d'une inondation mondiale à une certaine époque des âges passés est commune à de nombreuses races. L'histoire biblique de Noé, de l'arche et du déluge est une invention de la prêtrise hébraïque durant sa captivité à Babylone. Il n'y a jamais eu de déluge universel depuis que la vie fut établie sur Urantia. La seule fois où la surface de la terre fut entièrement couverte par les eaux eut lieu pendant les âges archéozoïques, avant que la terre sèche ait commencé à apparaître.

78:7.5 Mais Noé vécut réellement ; il était un viticulteur d'Aram, colonie fluviale proche d'Érech. D'année en année, il conserva des notes écrites sur les crues du fleuve. On le couvrit de ridicule tandis qu'il parcourait l'amont et l'aval du fleuve en recommandant de construire toutes les maisons en bois et en forme de bateau, et de faire monter, chaque nuit, à bord, tous les animaux de la famille à l'approche de la saison des inondations. Il se rendait chaque année dans les colonies riveraines du voisinage et avertissait les habitants de la date à laquelle les crues se produiraient. Il vint finalement une année où l'inondation annuelle fut considérablement accrue par de fortes pluies, si bien que la montée subite des eaux emporta tout son village. Seuls Noé et sa proche famille furent sauvés par leur maison flottante.

78:7.6 Ces inondations achevèrent de disloquer la civilisation andite. À la fin de cette période diluvienne, le second jardin n'existait plus. C'est seulement dans le sud et parmi les Sumériens que subsista quelque trace de son ancienne gloire.

78:7.7 On peut retrouver, dans ces régions de Mésopotamie, ainsi qu'au nord-est et au nord-ouest, des restes de cette civilisation qui compte parmi les plus anciennes. Il existe des vestiges encore antérieurs de l'époque de Dalamatia sous les eaux du golfe Persique. Quant au premier Éden, il git englouti sous l'extrémité orientale de la mer Méditerranée.

78.8  Les Sumériens - Les Derniers Andites

78:8.1 Quand la dernière dispersion des Andites brisa l'armature biologique de la civilisation mésopotamienne, une petite minorité de cette race supérieure resta dans son pays natal près de l'embouchure des fleuves. C'étaient les Sumériens ; vers l'an 6.000 avant l'ère chrétienne, leur souche était largement devenue andite, bien que le caractère de leur culture fût plutôt nodite et qu'ils fussent restés attachés aux anciennes traditions de Dalamatia. Néanmoins, ces Sumériens des régions côtières furent les derniers Andites en Mésopotamie ; mais, à cette date tardive, les races mésopotamiennes étaient déjà entièrement mêlées, ainsi qu'en témoignent les types de crânes que l'on trouve dans les tombeaux de cette époque.

78:8.2 Ce fut durant la période des inondations que Suse connût sa grande prospérité. La première cité, ou ville basse, fut inondée, de sorte que la seconde, ou ville haute, lui succéda comme quartier général des métiers particuliers à ce temps. Plus tard, quand les crues diminuèrent, Ur devint le centre de l'industrie de la poterie. Il y a sept-mille ans, Ur se trouvait sur le golfe Persique. Depuis lors, les dépôts d'alluvions des fleuves ont prolongé la terre jusqu'à ses limites actuelles. Les colonies d'aval souffrirent moins des inondations que celles d'amont, parce que leurs ouvrages de protection étaient meilleurs et que les embouchures des fleuves allaient en s'élargissant.

78:8.3 Les paisibles cultivateurs de céréales des vallées du Tigre et de l'Euphrate avaient été longtemps harcelés par les raids des barbares du Turkestan et du plateau iranien. À cette époque, une invasion concertée de la vallée de l'Euphrate fut provoquée par la sécheresse croissante des pâturages des hautes terres. Cette invasion fut d'autant plus grave que les chasseurs et les pâtres du voisinage possédaient un grand nombre de chevaux apprivoisés. Ce fut la possession des chevaux qui leur donna une immense supériorité militaire sur leurs riches voisins du sud. En peu de temps, ils envahirent la Mésopotamie et en expulsèrent les dernières vagues de culture, qui se répandirent sur toute l'Europe, l'Asie occidentale et l'Afrique du Nord.

78:8.4 Les conquérants de la Mésopotamie comptaient, dans leurs rangs, un grand nombre des meilleures lignées andites des races mixtes nordiques du Turkestan, y compris certaines souches d'Adamsonites. Ces tribus du nord, moins évoluées mais plus vigoureuses, assimilèrent rapidement et volontiers les restes de la civilisation de Mésopotamie. Elles formèrent bientôt les peuplades mêlées que l'on trouve dans la vallée de l'Euphrate au commencement des temps historiques. Elles ranimèrent vite certaines phases de la civilisation moribonde de Mésopotamie, en adoptant les arts des tribus de la vallée et une grande partie de la culture des Sumériens. Elles cherchèrent même à construire une troisième tour de Babel, et adoptèrent plus tard ce nom pour désigner leur nation.

78:8.5 Quand ces cavaliers barbares du nord-est envahirent toute la vallée de l'Euphrate, ils ne triomphèrent pas des survivants Andonites qui habitaient vers l'embouchure du fleuve sur le golfe Persique. Ces Sumériens furent capables de se défendre à cause de leur intelligence supérieure, de leurs armes meilleures et du vaste système de canaux militaires qu'ils avaient ajouté à leur plan d'irrigation par étangs communicants. Ils formaient un peuple uni parce qu'ils avaient une religion collective uniforme. Ils purent ainsi maintenir leur intégrité raciale et nationale bien après que leurs voisins du nord-ouest eurent été divisés en cités-États isolées. Aucun de ces groupes urbains ne fut capable de vaincre les Sumériens unis.

78:8.6 Les envahisseurs du nord apprirent bientôt à faire confiance à ces pacifiques voisins et à apprécier leurs aptitudes d'éducateurs et d'administrateurs. Les Sumériens furent fort respectés et recherchés comme éducateurs dans les arts et l'industrie, comme dirigeants commerciaux et comme chefs civils par toutes les peuplades du nord, et aussi depuis l'Égypte à l'ouest jusqu'aux Indes à l'est.

78:8.7 Après la dislocation de la première confédération sumérienne, les cités-États qui suivirent furent gouvernées par des descendants apostats des prêtres séthites. Ces prêtres ne prirent le nom de rois qu'après avoir conquis les villes voisines. Les rois citadins ultérieurs ne réussirent pas à former de puissantes confédérations avant l'époque de Sargon, parce qu'ils étaient jaloux de leurs dieux. Chaque ville croyait que son dieu municipal était supérieur à tous les autres dieux et, en conséquence, les habitants refusaient de se subordonner à un chef commun.

78:8.8 Sargon, le prêtre de Kish, mit fin à cette longue période de gouvernements faibles par les prêtres urbains. Il se proclama roi et partit à la conquête de toute la Mésopotamie et des pays avoisinants. Pour le moment, cela mit fin aux cités-États commandées et tyrannisées par les prêtres , où chaque ville avait son propre dieu municipal et pratiquait son propre cérémonial.

78:8.9 Après la rupture de cette confédération de Kish, il y eut entre les villes de la vallée une longue période de guerres constantes pour la suprématie. Le gouvernement eut des fortunes diverses et son siège oscilla entre Sumer, Akkad, Kish, Érech, Ur et Suse.

78:8.10 Environ 2.500 ans avant l'ère chrétienne, les Sumériens subirent de graves défaites par les Suites et les Guites du nord. Lagash, la capitale sumérienne bâtie sur des tertres alluvionnaires, tomba. Érech se maintint pendant trente ans après la chute d'Akkad. À l'époque de l'établissement du règne de Hammourabi, les Sumériens avaient été absorbés dans la masse des Sémites du nord, et les Andites de Mésopotamie furent effacés des pages de l'histoire.

78:8.11 Entre l'an 2.500 et l'an 2.000 avant l'ère chrétienne, les nomades commirent toutes sortes d'excès, depuis l'Atlantique jusqu'au Pacifique. Ce fut avec les Nérites qu'eut lieu l'invasion finale du groupe caspien des descendants mésopotamiens des races andonites et andites mêlées. Ce que les barbares n'avaient pas fait pour ruiner la Mésopotamie, les changements ultérieurs de climat réussirent à l'accomplir.

78:8.12 Telle est l'histoire de la race violette après l'époque d'Adam, et du sort de son foyer national entre le Tigre et l'Euphrate. Son ancienne civilisation tomba à cause de l'émigration de ses éléments supérieurs et de l'immigration de ses voisins inférieurs. Mais, longtemps avant que les cavaliers barbares eussent conquis la vallée, la culture du Jardin s'était largement répandue en Asie, en Afrique et en Europe, pour y produire les ferments qui donnèrent la civilisation urantienne du vingtième siècle.

78:8.13 [Présenté par un Archange de Nébadon.]

79. L'Expansion Andite en Orient

79:0.1 L'ASIE est le berceau de la race humaine. Ce fut sur une péninsule du sud de ce continent que naquirent Andon et Fonta ; dans les hautes terres de ce qui est maintenant l'Afghanistan, leur descendant Badonan fonda un centre primitif de culture qui subsista plus d'un demi-million d'années. C'est là, dans ce foyer oriental de la race humaine, que les peuplades sangiks se différencièrent de la souche andonique, et l'Asie fut leur premier foyer, leur premier terrain de chasse, leur premier champ de bataille. L'Asie du sud-ouest vit passer les civilisations successives des Dalamatiens, des Nodites, des Adamites et des Andites ; les potentiels de la civilisation moderne se répandirent sur le monde en partant de ces régions.

79.1  Les Andites du Turkestan

79:1.1 Pendant plus de vingt-cinq-mille ans, presque jusqu'à l'an 2.000 avant l'ère chrétienne, les Andites furent prépondérants au coeur de l'Eurasie, bien que leur influence allât en diminuant. Dans les basses terres du Turkestan, les Andites tournèrent à l'ouest autour des lacs intérieurs vers l'Europe ; ils s'infiltrèrent aussi vers l'est en partant des hautes terres de cette région. Le Turkestan oriental (Sinkiang) et, à un moindre degré, le Tibet, furent les anciennes portes par lesquelles ces peuplades de Mésopotamie pénétrèrent dans les montagnes conduisant vers les terres nordiques des hommes jaunes. L'infiltration andite de l'Inde partit des plateaux du Turkestan vers le Punjab, et des pâturages de l'Iran à travers le Béloutchistan. Ces migrations primitives n'étaient nullement des conquêtes ; elles représentaient plutôt le courant continuel des tribus andites s'infiltrant dans les Indes occidentales et en Chine.

79:1.2 Pendant près de quinze-mille ans, des centres de culture mixte andite subsistèrent dans le bassin du fleuve Tarim au Sinkiang, et au sud sur les plateaux du Tibet, où les Andites et les Andonites s'étaient largement mêlés. La vallée de Tarim était le poste oriental le plus avancé de la véritable culture des Andites. Ils y établirent leurs colonies et entrèrent en relations commerciales d'une part à l'est avec les Chinois progressifs et d'autre part au nord avec les Andonites. À cette époque, la région du Tarim était fertile et les pluies y étaient abondantes. À l'est, le Gobi était une vaste plaine herbeuse où les éleveurs de troupeaux se transformaient graduellement en agriculteurs. Cette civilisation périt quand les vents de pluie tournèrent au sud-est, mais, en son temps, elle rivalisait même avec celle de la Mésopotamie.

79:1.3 Vers l'an 8.000 avant l'ère chrétienne, l'aridité lentement croissante des hauts plateaux de l'Asie centrale commença à chasser les Andites vers les fonds de vallées et les côtes maritimes. Non seulement cette sécheresse les poussa vers les vallées du Nil, de l'Euphrate, de l'Indus et du Fleuve Jaune, mais elle provoqua un nouveau développement de la civilisation andite. Les commerçants apparurent en grand nombre et formèrent une nouvelle classe d'hommes.

79:1.4 Quand les conditions climatiques leur rendirent la chasse peu profitable, les Andites migrateurs ne suivirent pas la ligne de conduite évolutionnaire des anciennes races en devenant des bergers. Le commerce et la vie citadine firent leur apparition. Depuis l'Égypte, la Mésopotamie et le Turkestan, jusqu'aux fleuves de Chine et des Indes, les tribus les plus civilisées commencèrent à se rassembler dans des villes consacrées à la manufacture et au commerce. Adonia, située près de la ville actuelle d'Ashkhabad, devint la métropole commerciale de l'Asie centrale. Par voie de terre et par voie d'eau, le commerce des pierres, des métaux, du bois et de la poterie fut accéléré.

79:1.5 Mais la sécheresse toujours croissante provoqua graduellement le grand exode andite du sud et de l'est de la mer Caspienne. Le flux de la migration vers le nord s'inversa vers le sud, et les cavaliers de Babylone commencèrent à envahir la Mésopotamie.

79:1.6 L'aridité croissante de l'Asie centrale agit à son tour pour réduire la population et la rendre moins belliqueuse. Quand la décroissance des pluies au nord obligea les Andonites nomades à s'orienter vers le sud, les Andites partirent du Turkestan en un prodigieux exode. Ce fut la pénétration finale des peuplades dites aryennes dans le Levant et dans les Indes. Elle marqua l'apogée de la longue dispersion des descendants mixtes d'Adam au cours de laquelle tous les peuples asiatiques et la plupart des peuplades insulaires du Pacifique furent améliorés, dans une certaine mesure, par ces races supérieures.

79:1.7 Ainsi, tandis qu'ils se dispersaient sur l'hémisphère oriental, les Andites furent dépossédés de leur pays natal de Mésopotamie et du Turkestan, car ce fut ce vaste déplacement des Andonites vers le sud qui dilua la présence des Andites en Asie centrale presque au point de les faire disparaître.

79:1.8 Mais, même au vingtième siècle après le Christ, on trouve des traces de sang andite parmi les Touraniens et les Tibétains, ainsi qu'en témoignent les types blonds que l'on rencontre occasionnellement dans ces régions. Les annales chinoises primitives décrivent la présence de nomades aux cheveux roux au nord des colonies pacifiques du Fleuve Jaune, et il subsiste encore des peintures qui représentent fidèlement la présence des deux types andite-blond et mongol-brun dans le bassin du Tarim de jadis.

79:1.9 La dernière manifestation du génie militaire, maintenant disparu, des Andites de l'Asie centrale eut lieu en l'an 1200 de l'ère chrétienne lorsque les Mongols, sous le commandement de Gengis Khan, commencèrent la conquête de la majeure partie du continent asiatique. Comme les Andites de jadis, ces guerriers proclamèrent l'existence « d'un seul Dieu dans le ciel » . La dislocation rapide de leur empire retarda longtemps les rapports culturels entre l'Orient et l'Occident, et nuisit beaucoup à la croissance du concept monothéiste en Asie.

79.2  La Conquête de l'Inde par les Andites

79:2.1 L'Inde est le seul endroit où toutes les races d'Urantia se soient trouvées mêlées, l'invasion andite y ajoutant la dernière souche représentée. Les races sangiks prirent naissance dans les hautes terres du nord-ouest de l'Inde. Des membres de chaque race sans exception pénétrèrent, à leurs débuts, dans le subcontinent de l'Inde, laissant derrière eux le mélange de races le plus hétérogène qui ait jamais existé sur Urantia. L'Inde ancienne opéra comme une nasse pour les races en migration. La base de la péninsule était autrefois un peu plus étroite que maintenant, car une grande partie des deltas de l'Indus et du Gange s'est formée au cours des derniers cinquante-mille ans.

79:2.2 Les tout premiers mélanges de races aux Indes consistèrent en une fusion des races migratrices rouge et jaune avec les aborigènes andonites. Plus tard, ce groupe fut affaibli par l'absorption de la plus grande portion des peuplades vertes orientales maintenant éteintes ainsi qu'un grand nombre d'individus de la race orange ; il fut ensuite légèrement amélioré par une admission limitée d'hommes bleus, mais souffrit extrêmement quand il assimila un grand nombre de membres de la race indigo. Mais les soi-disant aborigènes de l'Inde ne sont guère représentatifs de ces peuplades primitives ; ils en forment plutôt la lisière la plus inférieure au sud et à l'est, qui ne fut jamais complètement absorbée par les Andites primitifs ni par leurs cousins Aryens apparus plus tard.

79:2.3 Vers l'an 20.000 avant l'ère chrétienne, la population occidentale de l'Inde s'était déjà imprégnée de sang adamique, et jamais, dans l'histoire d'Urantia, un peuple quelconque ne combina tant de races différentes. Mais il est malheureux que les lignées sangiks secondaires aient prédominé, et ce fut une vraie calamité que les hommes bleus et rouges aient été si peu nombreux dans ce creuset racial du passé lointain ; s'il y avait eu plus de lignées sangiks primaires, cela aurait beaucoup contribué à rehausser une civilisation qui aurait pu être encore supérieure. La situation se développait comme suit : les hommes rouges se détruisaient eux-mêmes dans les Amériques, les hommes bleus se répandaient en Europe, et les premiers enfants d'Adam (ainsi que la plupart de leurs descendants) répugnaient à s'unir aux peuples de couleur plus sombre, aussi bien aux Indes qu'en Afrique ou ailleurs.

79:2.4 Vers l'an 15.000 avant l'ère chrétienne, la poussée de la population croissante dans tout le Turkestan et l'Iran provoqua la première émigration de grande envergure des Andites vers l'Inde. Pendant plus de quinze siècles, ces peuples supérieurs affluèrent à travers les hautes terres du Béloutchistan, se répandirent dans les vallées de l'Indus et du Gange, et gagnèrent lentement le Deccan au sud. Cette pression andite du nord-ouest chassa nombre de peuplades inférieures du sud et de l'est en Birmanie et en Chine du sud, mais pas suffisamment pour sauver les envahisseurs d'une annihilation raciale.

79:2.5 L'Inde ne réussit pas à asseoir son hégémonie sur l'Eurasie, et son échec fut largement une affaire de topographie. La pression des populations venant du nord ne fit que repousser la majorité des habitants vers le sud, ce qui surpeupla le territoire de plus en plus étroit du Deccan entouré de tous côtés par la mer. S'il y avait eu des terres voisines offrant un exutoire à l'émigration, les peuplades inférieures auraient été expulsées dans toutes les directions, et les souches supérieures auraient établi une civilisation plus évoluée.

79:2.6 En fait, les conquérants andites primitifs firent un effort désespéré pour préserver leur identité et endiguer la marée d'engloutissement racial en restreignant rigoureusement les mariages mixtes. Malgré cela, vers l'an 10.000 avant l'ère chrétienne, les Andites avaient été absorbés, mais la masse entière de la population avait été notablement améliorée par cette absorption.

79:2.7 Les mélanges de races sont toujours avantageux en ce sens qu'ils favorisent la variété de talents culturels et contribuent aux progrès de la civilisation, mais, si les éléments inférieurs des souches raciales prédominent, la réussite ne dure pas longtemps. On ne peut préserver une culture polyglotte que si les lignées supérieures se reproduisent avec une marge de sécurité suffisante par rapport aux inférieures. Si les inférieures se reproduisent sans restriction, alors que les supérieures limitent leur progéniture, cela conduit infailliblement au suicide de la civilisation culturelle.

79:2.8 Si les conquérants andites avaient été trois fois plus nombreux qu'ils ne le furent, ou s'ils avaient chassé ou détruit le tiers le moins désirable des habitants mêlés d'orangé, de vert et d'indigo, l'Inde serait devenue l'un des pôles directeurs mondiaux de la civilisation culturelle ; elle aurait alors indubitablement attiré une plus grande partie des vagues d'émigration mésopotamiennes ultérieures qui affluèrent au Turkestan et se dirigèrent de là vers l'Europe par le nord.

79.3  L'Inde Dravidienne

79:3.1 Le mélange des conquérants andites de l'Inde avec les indigènes produisit finalement les peuplades mixtes dites dravidiennes. Les premiers et purs Dravidiens possédaient une grande aptitude aux accomplissements culturels, mais cette qualité s'affaiblit continuellement à mesure que leur hérédité andite s'atténuait progressivement. Et c'est cela qui condamna la civilisation indienne naissante, il y a près de douze-mille ans ; mais l'infusion de sang d'Adam, même en petite quantité, provoqua une accélération notable du développement social. Cette race composite produisit immédiatement la civilisation comportant les talents les plus variés qu'il y eut alors sur terre.

79:3.2 Peu de temps après avoir conquis l'Inde, les Andites dravidiens perdirent leurs attaches raciales et culturelles avec la Mésopotamie, mais les liaisons furent rétablies par l'ouverture ultérieure des lignes maritimes et des routes de caravanes. Au cours des dix derniers millénaires, l'Inde n'a jamais entièrement perdu contact à l'ouest avec la Mésopotamie et à l'est avec la Chine, bien que les barrières montagneuses aient grandement favorisé les relations avec l'Occident.

79:3.3 La culture supérieure et les tendances religieuses des peuples de l'Inde datent des premiers temps de la domination dravidienne ; elles sont dues en partie au grand nombre de prêtres séthites qui pénétrèrent aux Indes, tant au cours des premières invasions andites que pendant les invasions aryennes ultérieures. Le fil conducteur du monothéisme traversant l'histoire religieuse de l'Inde part donc des enseignements des Adamites dans le second jardin.

79:3.4 Dès l'an 16.000 avant l'ère chrétienne, une compagnie de cent prêtres séthites pénétra aux Indes et réussit presque à conquérir religieusement la moitié occidentale de ce peuple polyglotte, mais leur religion ne subsista pas. En l'espace de cinq-mille ans, leur doctrine de la Trinité du Paradis avait dégénéré pour devenir le symbole trin du dieu du feu.

79:3.5 Toutefois, pendant plus de sept-mille ans et jusqu'à la fin des migrations andites, le statut religieux des habitants de l'Inde fut très supérieur à celui du reste de la terre. À cette époque, l'Inde promettait de produire la civilisation culturelle, religieuse, philosophique et commerciale la plus avancée du monde. Si les Andites n'avaient pas été complètement submergés par les peuplades du sud, cette destinée se serait probablement réalisée.

79:3.6 Les centres dravidiens de culture étaient situés dans les vallées des fleuves, principalement de l'Indus et du Gange, et dans le Deccan le long des trois grands fleuves qui coulent à travers les Ghâtes Orientales vers la mer. Leurs colonies le long de la côte maritime des Ghâtes Occidentales, durent leur importance aux relations par mer avec la Sumérie.

79:3.7 Les Dravidiens furent parmi les premiers peuples à construire des villes et à se lancer, à une grande échelle, dans les affaires d'importation et d'exportation, tant par voie terrestre que par voie maritime. Dès l'an 7.000 avant l'ère chrétienne, d'importantes caravanes de chameaux faisaient régulièrement le voyage de la lointaine Mésopotamie. Les bateaux dravidiens s'avançaient le long de la côte en traversant la mer d'Arabie jusqu'aux ports sumériens du golfe Persique, et s'aventuraient sur les eaux de la Baie du Bengale jusqu'aux Indes orientales. Les marins et marchands importèrent de Sumérie un alphabet ainsi que l'art d'écrire.

79:3.8 Ces relations commerciales contribuèrent largement à diversifier encore davantage une culture déjà cosmopolite, et provoquèrent très tôt l'apparition de nombreux raffinements et même d'objets de luxe de la vie citadine. Quand les Aryens, survenus plus tard, entrèrent aux Indes, ils ne reconnurent pas, chez les Dravidiens, leurs cousins andites absorbés par les races sangiks, mais ils trouvèrent une civilisation bien développée. Malgré des limitations biologiques, les Dravidiens avaient fondé une civilisation supérieure qui fut largement propagée dans toute l'Inde et qui a survécu au Deccan jusque dans les temps modernes.

79.4  L'Invasion de l'Inde par les Aryens

79:4.1 La seconde pénétration andite aux Indes fut l'invasion par les Aryens ; elle s'étendit sur une période de près de cinq-cents ans au milieu du troisième millénaire avant le Christ. Cette migration marqua l'exode final des Andites hors de leur foyer du Turkestan.

79:4.2 Les premiers centres aryens étaient éparpillés sur la moitié nord de l'Inde, surtout au nord-ouest. Ces envahisseurs ne parachevèrent jamais la conquête du pays, et leur négligence causa ultérieurement leur perte. Leur minorité numérique les rendit vulnérables à l'absorption par les Dravidiens du sud, qui envahirent plus tard toute la péninsule, à l'exception des provinces himalayennes.

79:4.3 Les Aryens n'exercèrent qu'une très faible action raciale aux Indes, sauf dans les provinces du nord. Au Deccan, leur influence fut culturelle et religieuse plutôt que raciale. La persistance plus prolongée du sang dit aryen dans l'Inde du nord n'est pas seulement due à ce que les Aryens restèrent en plus grand nombre dans ces régions, mais aussi au fait qu'ils furent renforcés ultérieurement par d'autres conquérants, commerçants et missionnaires. Jusqu'au premier siècle avant le Christ, il y eut une infiltration continue de sang aryen dans le Punjab, le dernier influx accompagnant les campagnes militaires des Hellènes.

79:4.4 Dans la plaine du Gange, les Aryens et les Dravidiens finirent par se mêler et engendrèrent une haute culture ; ce centre fut ultérieurement renforcé par des apports du nord-est venant de Chine.

79:4.5 Aux Indes, de nombreux types d'organisations sociales fleurirent de temps à autre, allant des systèmes semi-démocratiques des Aryens à des formes despotiques et monarchiques de gouvernement. Mais le trait le plus caractéristique de la société fut la persistance des grandes castes sociales instituées par les Aryens dans leur effort pour perpétuer leur identité raciale. Ce système minutieux de castes a été préservé jusqu'à nos jours.

79:4.6 Parmi les quatre grandes castes, toutes, sauf la première, furent établies dans un effort futile pour empêcher l'amalgamation raciale des conquérants aryens avec leurs sujets inférieurs. Mais la caste majeure, celle des prêtres-instructeurs, provient des Séthites. Les brahmanes du vingtième siècle de l'ère chrétienne sont les descendants culturels en ligne directe des prêtres du second jardin, bien que leurs enseignements diffèrent considérablement de ceux de leurs illustres prédécesseurs.

79:4.7 Quand les Aryens pénétrèrent aux Indes, ils apportèrent avec eux leurs concepts de la Déité tels que ceux-ci avaient été préservés dans ce qui subsistait des traditions de la religion du second jardin. Mais les prêtres brahmanes ne furent jamais capables de résister à la force vive païenne établie par le soudain contact avec les religions inférieures du Deccan après la disparition raciale des Aryens. La vaste majorité de la population tomba donc dans l'esclavage des superstitions asservissantes de religions inférieures. C'est ainsi que l'Inde ne réussit pas à produire la haute civilisation que les temps les plus anciens laissaient entrevoir.

79:4.8 L'éveil spirituel du sixième siècle avant le Christ ne persista pas aux Indes ; il s'était graduellement éteint même avant l'invasion musulmane. Toutefois, il peut arriver, un jour, qu'un plus grand Gautama surgisse pour conduire l'Inde à la recherche du Dieu vivant ; alors le monde observera l'épanouissement du potentiel culturel d'un peuple, aux talents variés, resté longtemps inerte sous l'influence engourdissante d'une vision spirituelle non progressive.

79:4.9 La culture repose bien sur une base biologique, mais les castes à elles seules ne purent perpétuer la culture aryenne, car la religion, la vraie, est la source indispensable de l'énergie supérieure qui pousse les hommes à établir une civilisation supérieure fondée sur la fraternité humaine.

79.5  Les Hommes Rouges et les Hommes Jaunes

79:5.1 Alors que l'histoire de l'Inde est celle de sa conquête par les Andites et de leur absorption finale par les peuples évolutionnaires plus anciens, l'histoire de l'Asie orientale est plus spécialement celle des Sangiks primaires et, en particulier, celle des hommes rouges et des hommes jaunes. Ces deux races échappèrent largement au mélange avec la lignée avilie du Néanderthal qui retarda si considérablement les hommes bleus en Europe ; les hommes rouges et jaunes préservèrent ainsi le potentiel supérieur du type sangik primaire.

79:5.2 Les hommes du Néanderthal étaient répandus sur toute la largeur de l'Eurasie, mais leur aile orientale était la plus contaminée par des lignées animales dégradées. Ces types subhumains furent repoussés vers le sud par le cinquième glacier, la même calotte glacière qui bloqua si longtemps la migration des Sangiks vers l'Asie orientale. Quand les hommes rouges se dirigèrent vers le nord-est en contournant les hautes terres de l'Inde, ils trouvèrent l'Asie du nord-est dépourvue de ces types subhumains. Les races rouges s'organisèrent en tribus plus tôt que tous les autres peuples, et elles furent les premières à émigrer du foyer sangik d'Asie centrale. Les lignées inférieures du Néanderthal furent détruites ou chassées du continent par les tribus jaunes qui émigrèrent ultérieurement, mais les hommes rouges avaient régné souverainement en Asie orientale pendant près de cent-mille ans avant l'arrivée des tribus jaunes.

79:5.3 Il y a plus de trois-cent-mille ans, la masse principale des hommes jaunes entra en Chine en venant du sud, par migration, le long de la côte maritime. À chaque millénaire, ils pénétrèrent de plus en plus loin à l'intérieur des terres, mais n'établirent pas le contact avec leurs frères tibétains migrateurs avant une époque relativement récente.

79:5.4 La pression d'une population croissante amena la race jaune, qui se déplaçait vers le nord, à pénétrer dans les terrains de chasse des hommes rouges. Cet empiétement, doublé d'un antagonisme racial naturel, aboutit à des hostilités croissantes, et c'est ainsi que commença la lutte décisive pour la possession des terres fertiles de l'Asie lointaine.

79:5.5 Le récit de cette bataille millénaire entre les races jaune et rouge est une épopée de l'histoire d'Urantia. Pendant plus de deux-cent-mille ans, ces deux races supérieures se firent une guerre acharnée et incessante. Au cours des premières batailles, les hommes rouges eurent généralement le dessus ; leurs expéditions ravageaient les colonies jaunes. Mais les hommes jaunes étaient de bons élèves dans l'art de la guerre et manifestèrent de bonne heure une aptitude marquée à vivre en paix avec leurs compatriotes. Les Chinois furent les premiers à apprendre que l'union fait la force. Les tribus rouges continuèrent à se battre entre elles et commencèrent bientôt à subir des défaites répétées de la part des implacables agresseurs chinois qui poursuivaient leur marche inexorable vers le nord.

79:5.6 Il y a cent-mille ans, les tribus décimées de la race rouge luttaient, acculées au mur du dernier glacier alors en recul. Dès qu'ils leur fut possible de passer vers l'est par l'isthme de Béring, ces tribus ne tardèrent pas à quitter les rives inhospitalières du continent asiatique. Il y a maintenant 85.000 ans que les derniers hommes rouges de race pure sont partis d'Asie, mais leur longue lutte a laissé son empreinte génétique sur la race jaune victorieuse. Les Chinois du nord ainsi que les Sibériens andonites assimilèrent beaucoup d'éléments des souches rouges et en tirèrent un bénéfice considérable.

79:5.7 Les indiens d'Amérique du Nord n'entrèrent jamais en contact même avec les descendants andites d'Adam et Ève, car ils avaient été dépossédés de leurs terres natales d'Asie environ cinquante-mille ans avant l'arrivée d'Adam. Durant l'âge des migrations andites, les lignées rouges pures se répandaient sur l'Amérique du Nord sous forme de tribus nomades, de chasseurs pratiquant l'agriculture dans une mesure limitée. Ces races et groupes culturels restèrent à peu près complètement isolés du reste du monde depuis leur arrivée dans les Amériques jusqu'à la fin du premier millénaire de l'ère chrétienne, où elles furent découvertes par les races blanches d'Europe. Jusque-là, les tribus nordiques d'hommes rouges n'avaient jamais vu d'hommes plus proches des blancs que les Esquimaux.

79:5.8 La race jaune et la race rouge sont les deux seules qui aient jamais atteint un haut degré de civilisation en dehors de l'influence des Andites. Le plus ancien centre de culture des Amérindiens fut celui d'Onamonalonton en Californie, mais, en l'an 35.000 avant l'ère chrétienne, il avait disparu depuis longtemps. Au Mexique, en Amérique centrale et dans les montagnes de l'Amérique du Sud, des civilisations plus tardives et plus durables furent fondées par une race à prédominance rouge, mais contenant un mélange considérable d'hommes jaunes, orangés et bleus.

79:5.9 Ces civilisations furent des produits évolutionnaires des Sangiks, bien qu'un faible apport de sang andite eût atteint le Pérou. À l'exception des Esquimaux en Amérique du Nord et de quelques Andites polynésiens en Amérique du Sud, les peuples de l'hémisphère occidental n'eurent aucun contact avec le reste du monde avant la fin du premier millénaire de l'ère chrétienne. Dans le plan originel des Melchizédeks pour améliorer les races d'Urantia, il avait été prévu qu'un million de descendants en ligne directe d'Adam se rendraient dans les Amériques pour rehausser la race rouge.

79.6  L'Aurore de la Civilisation Chinoise

79:6.1 Quelque temps après avoir repoussé les hommes rouges en Amérique du Nord, les Chinois, en expansion, chassèrent les Andonites des vallées fluviales d'Asie orientale en les repoussant vers le nord, en Sibérie, et vers l'ouest, au Turkestan, où ils entrèrent bientôt en contact avec la culture supérieure des Andites.

79:6.2 En Birmanie et dans la péninsule d'Indochine, les cultures de l'Inde et de la Chine se mêlèrent pour donner naissance aux civilisations successives de ces régions. La race verte disparue a persisté dans ces pays en plus grande proportion que nulle part ailleurs dans le monde.

79:6.3 De nombreuses races différentes habitèrent les iles du Pacifique. En général, les iles du sud, qui étaient alors plus grandes, furent envahies par des peuplades ayant un fort pourcentage de sang vert et indigo. Les iles du nord furent occupées par des Andonites et, plus tard, par des races comportant une grande proportion de souches jaunes et rouges. Les ancêtres du peuple japonais ne furent pas chassés du continent asiatique avant l'an 12.000 avant l'ère chrétienne ; ils furent délogés par une puissante poussée des tribus chinoises nordiques descendant vers le sud le long de la côte. Leur exode final ne résulta pas tant de la pression de la population que de l'initiative d'un chef qu'ils finirent par considérer comme un personnage divin.

79:6.4 À l'instar des peuples de l'Inde et du Levant, les tribus victorieuses de race jaune établirent leurs premiers centres le long de la mer et en remontant le cours des fleuves. Les colonies côtières eurent ensuite de la difficulté à vivre, car les inondations croissantes et le lit changeant des fleuves rendaient intenables les villes des basses terres.

79:6.5 Il y a vingt-mille ans, les ancêtres des Chinois avaient bâti une douzaine de grands centres d'instruction et de culture primitive, spécialement le long du Fleuve Jaune et du Yang-Tsé. Ces centres furent bientôt renforcés par un courant constant de peuplades mixtes supérieures venant du Sinkiang et du Tibet. Les émigrants du Tibet vers la vallée du Yang-Tsé ne furent pas aussi nombreux que dans le nord, et les centres tibétains n'étaient pas aussi avancés que ceux du bassin Tarim, mais les deux mouvements apportèrent une certaine quantité de sang andite vers l'est aux colonies fluviales.

79:6.6 La supériorité de l'ancienne race jaune était due à quatre grands facteurs :

79:6.7 1. Le facteur génétique. Contrairement à leurs cousins bleus d'Europe, les races jaune et rouge avaient toutes deux échappé, dans une large mesure, au mélange avec des souches humaines dégradées. Les Chinois du nord, déjà renforcés par de petits apports des lignées supérieures rouges et andoniques, devaient bientôt bénéficier d'un afflux considérable de sang andite. Les Chinois du sud ne furent pas aussi favorisés sous ce rapport. Ils avaient longtemps souffert d'avoir absorbé trop d'éléments de la race verte, et ils allaient encore être affaiblis plus tard par l'infiltration de nuées de peuplades inférieures chassées des Indes par l'invasion dravidienne-andite. Il y a aujourd'hui, en Chine, une différence marquée entre les races du nord et celles du sud.

79:6.8 2. Le facteur social. La race jaune apprit de bonne heure la valeur de la paix entre compatriotes. Son caractère pacifique lui permit d'accroitre sa population au point de répandre sa civilisation parmi des millions d'individus. Entre l'an 25.000 et l'an 5.000 avant l'ère chrétienne, la masse d'hommes la plus hautement civilisée d'Urantia se trouvait dans le centre et le nord de la Chine. Les hommes jaunes furent les premiers à réaliser une solidarité raciale - les premiers à atteindre une civilisation culturelle, sociale et politique sur une grande échelle.

79:6.9 Les Chinois de l'an 15.000 avant l'ère chrétienne étaient agressivement militaristes ; ils n'avaient pas été affaiblis par un excès de respect pour le passé ; ils formaient un corps compact de moins d'une douzaine de millions d'hommes parlant tous la même langue. Durant cet âge, ils bâtirent une véritable nation, bien plus unie et plus homogène que leurs unions politiques des temps historiques.

79:6.10 3. Le facteur spirituel. Durant l'ère des migrations andites, les Chinois comptaient parmi les peuples les plus spiritualistes de la terre. Leur longue adhésion au culte de la Vérité Unique proclamée par Singlangton les maintenait à l'avant-garde de la plupart des autres races. Le stimulant d'une religion progressive et avancée est souvent un facteur décisif du développement culturel. Tandis que l'Inde languissait, la Chine allait de l'avant sous le tonique vivifiant d'une religion dans laquelle la vérité était enchâssée comme Déité suprême.

79:6.11 Cette adoration de la vérité stimulait la recherche et l'exploration intrépide des lois de la nature et des potentiels de l'humanité. Il y a six-mille ans encore, les Chinois étudiaient toujours avec ardeur et poursuivaient avec dynamisme leur recherche de la vérité.

79:6.12 4. Le facteur géographique. La Chine est protégée à l'ouest par des montagnes et à l'est par l'Océan Pacifique. C'est seulement au nord qu'elle est ouverte aux attaques ; or, depuis l'époque des hommes rouges jusqu'à l'arrivée des descendants ultérieurs des Andites, le nord de la Chine ne fut jamais occupé par une race agressive.

79:6.13 Sans les barrières montagneuses et le déclin ultérieur de sa culture spirituelle, la race jaune aurait indubitablement attiré à elle la majeure partie des Andites émigrant du Turkestan et aurait incontestablement dominé rapidement la civilisation du monde.

79.7  Les Andites Pénètrent en Chine

79:7.1 Il y a environ quinze mille ans, les Andites franchissaient en nombre considérable le col de Ti Tao et se répandaient dans la vallée supérieure du Fleuve Jaune parmi les colonies chinoises du Kansou. Bientôt, ils pénétrèrent à l'est dans le Honan où se trouvaient les colonies les plus progressives. Cette infiltration venant de l'ouest était environ pour moitié andonite et pour moitié andite.

79:7.2 Les centres septentrionaux de culture, le long du Fleuve Jaune, avaient toujours été plus progressifs que les centres méridionaux du Yang-Tsé. En quelques milliers d'années, après l'arrivée de ces hommes supérieurs, même peu nombreux, les colonies du Fleuve Jaune avaient distancé les villages du Yang-Tsé. Par rapport à leurs frères du sud, elles avaient atteint une position culturelle avancée qu'elles ont toujours conservée depuis lors.

79:7.3 Les Andites étaient en nombre relativement restreint et leur culture n'était pas tellement supérieure, mais l'amalgamation avec eux produisit une lignée aux talents plus variés. Les Chinois du nord reçurent juste assez de sang andite pour stimuler modérément leur mentalité naturellement douée, mais pas assez pour enflammer la curiosité exploratrice fébrile si caractéristique des races blanches nordiques. Cet influx plus limité d'hérédité andite apportait moins de troubles à la stabilité innée du type sangik.

79:7.4 Les vagues ultérieures d'Andites amenèrent avec eux certains progrès culturels de Mésopotamie ; ceci est spécialement vrai pour les dernières vagues d'émigration venant de l'ouest. Elles améliorèrent grandement les pratiques économiques et éducatives des Chinois du nord. Leur influence sur la culture religieuse de la race jaune fut éphémère, mais leurs descendants contribuèrent beaucoup à un éveil spirituel ultérieur. Toutefois, les traditions andites de la beauté d'Éden et de Dalamatia influencèrent les traditions chinoises ; les légendes chinoises primitives situent « le pays des dieux » à l'occident.

79:7.5 Le peuple chinois ne commença à bâtir des villes et à se lancer dans la manufacture qu'après l'an 10.000 avant l'ère chrétienne, à la suite des changements climatiques dans le Turkestan et de l'arrivée des derniers immigrants andites. L'infusion de ce sang nouveau n'eut pas tant pour effet d'ajouter beaucoup à la civilisation des hommes jaunes que de stimuler un nouveau et rapide développement des tendances latentes des lignées chinoises supérieures. Depuis le Honan jusqu'aux Shansi, les potentiels d'une civilisation avancée arrivaient à maturité. Le travail des métaux et tous les arts et manufactures datent de cette époque.

79:7.6 Les similitudes entre certaines méthodes des Chinois et des Mésopotamiens primitifs pour le calcul du temps, l'astronomie et l'administration gouvernementale étaient dues aux relations commerciales entre ces deux centres fort éloignés. Même au temps des Sumériens, les marchands chinois voyageaient par les routes terrestres traversant le Turkestan pour aller jusqu'en Mésopotamie. Ces échanges ne furent pas unilatéraux - la vallée de l'Euphrate en bénéficia considérablement ainsi que les peuples de la plaine du Gange. Mais les changements de climat et les invasions des nomades, au troisième millénaire avant l'ère chrétienne, réduisirent considérablement le volume du commerce passant par les pistes des caravanes de l'Asie centrale.

79.8  La Suite de la Civilisation Chinoise

79:8.1 Alors que les hommes rouges souffrirent d'avoir trop fait de guerre, il n'est pas entièrement faux de dire que le développement structurel de l'État parmi les Chinois fut retardé par l'ampleur de leur conquête de l'Asie. Ils avaient un grand potentiel de solidarité raciale qui ne réussit pas à se développer parce qu'il lui manquait le stimulant continu que représente le danger toujours présent d'une agression venant de l'extérieur.

79:8.2 Avec l'achèvement de la conquête de l'Asie orientale, l'ancien État militaire se désintégra progressivement - les guerres du passé furent oubliées. De la bataille épique contre la race rouge, il ne persista que les vagues traditions d'une ancienne lutte contre le peuple des archers. Les Chinois s'orientèrent de bonne heure vers l'agriculture, ce qui accrut leurs tendances pacifiques : en même temps, le rapport hommes-sol était très inférieur à la normale pour une contrée agricole, ce qui contribua à la vie de plus en plus paisible du pays.

79:8.3 La conscience des accomplissements passés (quelque peu diminuée dans le présent), le conservatisme d'un peuple dans son immense majorité agricole et une vie de famille bien développée donnèrent naissance à la vénération des ancêtres, qui culmina dans l'habitude d'honorer les hommes du passé au point de friser l'adoration. Un comportement très similaire prévalut parmi les races blanches d'Europe pendant cinq-cents ans environ après la dislocation de la civilisation gréco-romaine.

79:8.4 La croyance et le culte de la « Vérité Unique » telle que l'avait enseignée Singlangton ne disparurent jamais complètement ; mais, avec l'écoulement du temps, la recherche des vérités nouvelles et supérieures fut dominée par une tendance croissante à vénérer l'état de choses établi. Le génie de la race jaune se détourna lentement de la recherche de l'inconnu vers la préservation du connu. Telle est la raison pour laquelle la civilisation qui avait progressé le plus rapidement dans le monde se mit à stagner.

79:8.5 Entre l'an 4.000 et l'an 500 avant l'ère chrétienne, la réunification politique de la race jaune fut consommée, mais l'union culturelle des centres du Yang-Tsé et du Fleuve Jaune avait déjà été effectuée auparavant. Cette réunification politique des groupes tribaux plus tardifs n'alla pas sans conflits, mais l'estime populaire pour la guerre resta faible. Le culte des ancêtres, la croissance des dialectes et l'absence d'enrôlement pour des actions militaires, pendant des milliers et des milliers d'années, avaient rendu ce peuple ultrapacifique.

79:8.6 Bien que la race jaune ait failli à ses promesses de développer rapidement un État évolué, elle avança progressivement dans la réalisation des arts de la civilisation, spécialement dans les domaines de l'agriculture et de l'horticulture. Les problèmes hydrauliques confrontant les paysans dans le Shansi et le Honan exigeaient une coopération collective pour être résolus. Les difficultés de l'irrigation et de la conservation du sol contribuèrent largement à développer l'interdépendance, avec la promotion correspondante de la paix parmi les groupes de fermiers.

79:8.7 Les développements de l'écriture ainsi que la mise en place d'écoles contribuèrent bientôt à diffuser les connaissances à une échelle jusqu'alors inégalée. Mais la nature encombrante du système d'écriture idéographique limita le nombre des classes instruites, bien que l'imprimerie fût apparue de bonne heure. Par-dessus tout, le processus de nivellement social et de développement dogmatique religio-philosophique se poursuivit à grand pas. Le développement religieux de la vénération des ancêtres se compliqua d'un flot de superstitions impliquant l'adoration de la nature, mais les vestiges d'un véritable concept de Dieu restèrent préservés dans le culte impérial du Shang-Ti.

79:8.8 La grande faiblesse de la vénération des ancêtres vient de ce qu'elle encourage une philosophie tournée vers le passé. Si avisé qu'il puisse être de glaner de la sagesse dans le passé, c'est une folie de le regarder comme la source exclusive de vérité. La vérité est relative et s'amplifie ; elle vit toujours dans le présent, parvenant à de nouvelles expressions dans chaque génération d'hommes - et même dans chaque vie humaine.

79:8.9 La grande force de la vénération des ancêtres est la valeur que cette attitude attribue à la famille. La stabilité et la persistance étonnantes de la culture chinoise sont une conséquence du rôle majeur accordé à la famille, car la civilisation dépend directement du fonctionnement efficace de la famille. En Chine, la famille atteignit une importance sociale, et même une signification religieuse, que peu d'autres peuples approchèrent.

79:8.10 La dévotion filiale et la loyauté familiale exigées par la croissance du culte des ancêtres assura l'établissement de relations familiales supérieures et de groupes familiaux durables, qui ensemble développèrent les facteurs suivants préservateurs de la civilisation :

79:8.11 1. La conservation des biens et de la richesse.

79:8.12 2. La mise en commun de l'expérience de plusieurs générations.

79:8.13 3. L'éducation efficace des enfants dans les arts et sciences du passé.

79:8.14 4. Le développement d'un fort sens du devoir, l'élévation de la moralité et l'accroissement de la sensibilité éthique.

79:8.15 La période formative de la civilisation chinoise, débutant par l'arrivée des Andites, s'étend jusqu'au grand réveil éthique, moral et semi-religieux du sixième siècle avant le Christ. Et la tradition chinoise conserve vaguement l'histoire du passé évolutionnaire ; la transition de la famille matriarcale à la famille patriarcale, l'établissement de l'agriculture, le développement de l'architecture, l'avènement de l'industrie - tout cela est successivement raconté. Plus que tout autre compte rendu similaire, cette histoire présente, avec grande précision, l'image de la magnifique ascension d'un peuple supérieur à partir du niveau de la barbarie. Durant ce temps, les Chinois passèrent d'une société agricole primitive à une organisation sociale supérieure englobant l'urbanisation, la manufacture, le travail des métaux, des échanges commerciaux, un gouvernement, l'écriture, les mathématiques, les arts, les sciences et l'imprimerie.

79:8.16 C'est ainsi que l'ancienne civilisation de la race jaune a persisté à travers les siècles. Il y a presque quarante-mille ans que les premiers progrès importants furent accomplis dans la culture chinoise. Bien qu'il y ait eu de nombreuses récessions, la civilisation des fils de Han est celle qui est le plus près de présenter une image ininterrompue de progrès continu jusqu'à l'époque du vingtième siècle de l'ère chrétienne. Les races blanches ont eu un développement mécanique et religieux d'ordre élevé, mais elles n'ont jamais dépassé les Chinois en loyauté familiale, en éthique collective, ni en moralité personnelle.

79:8.17 Cette ancienne culture a beaucoup contribué au bonheur des hommes. Des millions d'êtres humains ont vécu et sont morts, bénis par ses accomplissements. Pendant des siècles, cette grande civilisation a reposé sur les lauriers du passé, mais, aujourd'hui, elle se réveille pour envisager de nouveau les buts transcendants de l'existence humaine et reprendre de nouveau la lutte continue pour un progrès sans fin.

79:8.18 [Présenté par un Archange de Nébadon.]

80. L'Expansion Andite en Occident

80:0.1 BIEN QUE les hommes bleus d'Europe n'aient pas atteint par eux-mêmes une grande civilisation culturelle, ils fournirent une base biologique comportant des lignées imprégnées de sang adamique. Quand ces dernières se mêlèrent aux envahisseurs andites ultérieurs, elles produisirent l'une des plus puissantes races capables d'atteindre une civilisation dynamique qui soit jamais apparue sur Urantia depuis l'époque de la race violette et des Andites qui lui succédèrent.

80:0.2 Les peuples blancs modernes incorporent les lignées survivantes des souches adamiques qui se mêlèrent aux races sangiks comprenant quelques éléments rouges et jaunes, mais plus spécialement des hommes bleus. Toutes les races blanches contiennent un pourcentage considérable des souches andonites originelles, et encore plus des lignées primitives de Nodites.

80.1  Les Adamites Pénètrent en Europe

80:1.1 Avant que les derniers Andites eussent été chassés de la vallée de l'Euphrate, nombre de leurs frères avait pénétré en Europe comme aventuriers, éducateurs, commerçants ou guerriers. Durant les premiers temps de la race violette, le bassin de la Méditerranée était protégé par l'isthme de Gibraltar et le pont terrestre de Sicile. Tout à ses débuts, une partie du commerce maritime fut établie sur ces lacs intérieurs où les hommes bleus du nord et les Sahariens du sud rencontraient les Nodites et les Adamites de l'est.

80:1.2 Dans la cuvette orientale de la Méditerranée, les Nodites avaient installé un de leurs plus vastes centres de culture et, de là, ils avaient pénétré quelque peu en Europe méridionale, mais plus spécialement en Afrique du Nord. Les Syriens nodites-andonites brachycéphales introduisirent de très bonne heure la poterie et l'agriculture dans leurs colonies du delta du Nil, qui s'exhaussait lentement. Ils y importèrent aussi des moutons, des chèvres, des bovins et d'autres animaux domestiques, ainsi que des méthodes très améliorées pour le travail des métaux, car la Syrie était alors le centre de cette industrie.

80:1.3 Pendant plus de trente-mille ans, l'Égypte reçut un courant constant de Mésopotamiens apportant leur art et leur culture pour enrichir ceux de la vallée du Nil. Mais l'entrée d'un grand nombre de Sahariens détériora considérablement l'ancienne civilisation le long du Nil, de sorte que l'Égypte atteignit son plus bas niveau culturel il y a environ quinze-mille ans.

80:1.4 Cependant, aux époques primitives, la migration des Adamites vers l'ouest ne rencontra guère d'obstacles. Le Sahara était un pâturage ouvert parsemé d'éleveurs et d'agriculteurs. Ses habitants ne se lancèrent jamais dans la manufacture ; ils n'étaient pas non plus des bâtisseurs de villes. Les Sahariens étaient un groupe indigo-noir comportant de larges apports des races verte et orangée alors éteintes. Ils reçurent toutefois un contingent très limité d'hérédité violette avant que le soulèvement de la croute terrestre et le changement d'orientation des vents humides eussent dispersé les restes de cette civilisation prospère et pacifique.

80:1.5 Le sang d'Adam a été dilué dans la plupart des races humaines, mais certaines en ont reçu plus que d'autres. Les races mêlées de l'Inde et les peuplades plus sombres d'Afrique ne présentaient pas d'attrait pour les Adamites. Ils se seraient volontiers mêlés aux hommes rouges si ces derniers n'avaient pas été aussi éloignés en Amérique, et ils étaient amicalement disposés envers les hommes jaunes, mais ceux-ci étaient également difficiles d'accès dans leur lointaine Asie. C'est pourquoi, quand les Adamites étaient poussés par l'aventure ou l'altruisme, ou chassés de la vallée de l'Euphrate, ils choisissaient tout naturellement l'union avec les races bleues d'Europe.

80:1.6 Les hommes bleus, alors dominants en Europe, n'avaient pas de pratiques religieuses rebutantes pour les premiers émigrants adamites, et il y avait une grande attirance sexuelle entre la race violette et la race bleue. Les meilleurs parmi les hommes bleus considéraient comme un grand honneur la permission de se marier avec des Adamites. Chaque homme bleu entretenait l'ambition de devenir assez habile et assez artiste pour gagner l'affection d'une femme adamite, et la plus haute aspiration d'une femme bleue supérieure était de recevoir les hommages d'un Adamite.

80:1.7 Lentement, ces fils migrateurs d'Éden s'unirent avec les types supérieurs de la race bleue et vivifièrent leurs pratiques culturelles, tout en exterminant impitoyablement les lignées résiduelles des souches du Néanderthal. Cette technique de croisement de races, conjuguée avec l'élimination des lignées inférieures, produisit au moins une douzaine de groupes virils et progressifs d'hommes bleus supérieurs, et vous avez désigné l'un d'eux par le nom de Cro-Magnon.

80:1.8 Pour ces raisons et pour d'autres, dont la moindre n'était pas des routes de migration plus favorables, les premières vagues de culture mésopotamienne se dirigèrent presque exclusivement vers l'Europe. Ce sont ces circonstances qui déterminèrent les antécédents de la civilisation européenne moderne.

80.2  Changements Climatiques et Géologiques

80:2.1 L'expansion initiale de la race violette en Europe fut arrêtée par certains changements climatiques et géologiques plutôt soudains. Avec le recul des champs de glace septentrionaux, les vents apportant les pluies tournèrent de l'ouest au nord et transformèrent graduellement les vastes régions de pâturages ouverts du Sahara en un désert stérile. Cette sécheresse dispersa les habitants du grand plateau saharien ; ceux-ci étaient de petite taille, bruns aux yeux noirs, mais dolichocéphales.

80:2.2 Les éléments plus purement indigo allèrent vers le sud, dans les forêts d'Afrique centrale où ils sont toujours restés depuis lors. Les groupes les plus mêlés s'éparpillèrent dans trois directions : les tribus supérieures à l'ouest émigrèrent en Espagne et de là dans les parties adjacentes de l'Europe ; elles formèrent le noyau des races méditerranéennes ultérieures de bruns dolichocéphales. La division la moins progressive de l'est du plateau saharien émigra en Arabie et, de là, à travers la Mésopotamie du nord et l'Inde, jusqu'à la lointaine ile de Ceylan. Le groupe central se dirigea vers le nord et l'est, jusqu'à la vallée du Nil, et pénétra en Palestine.

80:2.3 C'est ce substratum sangik secondaire qui suggère un certain degré de parenté avec les peuples modernes égaillés depuis le Deccan, en passant par l'Iran et la Mésopotamie, jusqu'au long des deux rives nord et sud de la Méditerranée.

80:2.4 À peu près à l'époque de ces changements de climat en Afrique, l'Angleterre se sépara du continent et le Danemark surgit de la mer, tandis que l'isthme de Gibraltar protégeant le bassin occidental de la Méditerranée s'effondrait par suite d'un tremblement de terre, ce qui éleva rapidement le niveau de ce lac intérieur à celui de l'Océan Atlantique. Peu après, le pont terrestre de Sicile s'effondra, ce qui fit de la Méditerranée une seule mer reliée à l'Océan Atlantique. Ce cataclysme de la nature engloutit des centaines de colonies et causa la plus grande perte de vies humaines par inondation que l'histoire du monde ait jamais connue.

80:2.5 Cet affaissement du bassin méditerranéen restreignit immédiatement les déplacements des Adamites vers l'occident, tandis que le grand afflux de Sahariens les conduisait à rechercher, au nord et à l'est d'Éden, des débouchés pour leur surpopulation. À mesure que les descendants d'Adam quittèrent les vallées du Tigre et de l'Euphrate en voyageant vers le nord, ils rencontrèrent des barrières montagneuses et la mer Caspienne, qui était alors plus étendue qu'aujourd'hui. Pendant de nombreuses générations, les Adamites s'adonnèrent à la chasse, à l'élevage et à la culture autour de leurs colonies éparpillées dans tout le Turkestan. Ce peuple magnifique étendit lentement son territoire en Europe, mais maintenant les Adamites pénètrent en Europe par l'est et y trouvent la culture des hommes bleus en retard de milliers d'années sur celle de l'Asie, car cette région n'avait presque pas eu de contacts avec la Mésopotamie.

80.3  L'Homme Bleu de Cro-Magnon

80:3.1 Les anciens centres de culture des hommes bleus étaient situés le long de tous les fleuves d'Europe, mais la Somme est le seul à couler encore dans le lit qu'elle suivait à l'époque préglaciaire.

80:3.2 Nous parlons des hommes bleus comme occupant le continent européen, mais il y avait des dizaines de types raciaux. Même il y a trente-cinq-mille ans, les races bleues d'Europe étaient déjà un peuple très mêlé contenant des hérédités de sang rouge et jaune, tandis que, dans les régions côtières de l'Atlantique et celles de la Russie actuelle, il avait absorbé une quantité considérable de sang andonite, et que, vers le sud, il était en contact avec les peuples sahariens. Il serait stérile de vouloir énumérer ces nombreux groupes raciaux.

80:3.3 La civilisation européenne de cette première période postérieure à Adam fut un mélange unique de la force et de l'art des hommes bleus avec l'imagination créative des Adamites. Les hommes bleus formaient une race de grande vigueur, mais ils dégradèrent considérablement le statut culturel et spirituel des Adamites. Il était très difficile à ces derniers de marquer l'empreinte de leur religion sur les Cro-Magnoïdes, parce que trop d'entre eux avaient tendance à tricher et à débaucher les jeunes filles. Pendant dix-mille ans, la religion en Europe resta à un niveau très bas en comparaison de ses développements aux Indes et en Égypte.

80:3.4 Les hommes bleus étaient parfaitement honnêtes dans toutes leurs affaires et exempts des vices sexuels des Adamites mêlés. Ils respectaient la virginité et ne pratiquaient la polygamie que si la guerre avait amené une pénurie d'hommes.

80:3.5 Les peuplades du Cro-Magnon étaient une race courageuse et prévoyante. Elles entretenaient, pour les enfants, un système d'éducation efficace auquel les deux parents participaient, et les services des enfants les plus âgés étaient pleinement utilisés. On apprenait soigneusement à chaque enfant à s'occuper des cavernes, à pratiquer les arts et à tailler les silex. Dès leur jeunesse, les femmes avaient une bonne expérience des arts ménagers et d'une agriculture rudimentaire, tandis que les hommes étaient d'habiles chasseurs et de courageux guerriers.

80:3.6 Les hommes bleus étaient des chasseurs, des pêcheurs, des collecteurs de nourriture et d'habiles constructeurs de bateaux. Ils fabriquaient des haches de pierre, coupaient des arbres et bâtissaient des cabanes de rondins partiellement enterrées et munies de toits de peaux. Certaines peuplades construisent encore des huttes semblables en Sibérie. Les Cro-Magnons du sud vivaient généralement dans des cavernes et des grottes.

80:3.7 Durant les rigueurs de l'hiver, il n'était pas rare que leurs sentinelles meurent de froid en assurant la garde de nuit à l'entrée des cavernes. Ils étaient courageux, mais, par-dessus tout, ils étaient des artistes ; le mélange de sang adamite activa brusquement leur imagination créative. L'apogée de l'art des hommes bleus se situe il y a environ quinze-mille ans, avant l'époque où les races à épiderme plus foncé montèrent d'Afrique vers le nord à travers l'Espagne.

80:3.8 Il y a environ quinze-mille ans, les forêts alpines envahissaient peu à peu des étendues considérables. Les chasseurs européens étaient repoussés vers les vallées des fleuves et les bords de la mer par les mêmes contraintes climatiques qui avaient transformé les heureux terrains de chasse du monde en déserts secs et stériles. En même temps que les vents de pluie tournaient au nord, les vastes prairies européennes ouvertes se couvrirent de forêts. Ces grandes et relativement soudaines modifications de climat poussèrent les races d'Europe, qui pratiquaient la chasse sur des espaces libres, à se transformer en éleveurs et, dans une certaine mesure, en pêcheurs et en travailleurs de la terre.

80:3.9 Tout en provoquant des progrès culturels, ces changements produisirent certaines régressions biologiques. Pendant l'ère précédente de chasse, les membres des tribus supérieures s'étaient mariés avec les prisonniers de guerre du type le plus évolué et avaient invariablement détruit ceux qu'ils estimaient inférieurs. Mais, quand ils commencèrent à installer des colonies et à se lancer dans l'agriculture et le commerce, ils se mirent à épargner de nombreux captifs médiocres et à les conserver comme esclaves. Et ce fut la progéniture de ces esclaves qui, plus tard, dégrada si considérablement l'ensemble du type Cro-Magnon. La culture continua à rétrograder jusqu'au moment où elle reçut une nouvelle impulsion de l'Orient, quand l'invasion finale et massive des Mésopotamiens balaya l'Europe en absorbant rapidement la culture et le type Cro-Magnon, et en inaugurant la civilisation des races blanches.

80.4  Les Invasions de l'Europe par les Andites

80:4.1 Un courant régulier d'Andites afflua en Europe, mais il y eut sept invasions majeures, les derniers envahisseurs arrivant à cheval en trois grandes vagues. Certains entrèrent en Europe par les iles de la mer Égée et en remontant la vallée du Danube, mais les premières et pures lignées émigrèrent en Europe du nord-ouest par la route du nord traversant les pâturages de la Volga et du Don.

80:4.2 Entre la troisième et la quatrième invasion, une horde d'Andonites pénétra en Europe par le nord, après être venue de Sibérie par les fleuves russes et la Baltique. Elle fut immédiatement assimilée par les tribus andites du nord.

80:4.3 Les expansions initiales de la race violette plus pure furent beaucoup plus pacifiques que celles de ses descendants andites ultérieurs qui étaient semi-militaires et aimaient les conquêtes. Les Adamites étaient pacifiques et les Nodites, belliqueux. L'union de ces souches, telles qu'elles se mêlèrent plus tard avec les races sangiks, produisit les Andites, peuple capable et agressif qui fit de réelles conquêtes militaires.

80:4.4 Toutefois, le cheval fut le facteur évolutionnaire qui détermina la domination des Andites en Occident. Le cheval donna aux Andites qui se dispersaient l'avantage auparavant inexistant de la mobilité, ce qui permit aux derniers groupes de cavaliers andites de progresser rapidement autour de la mer Caspienne pour envahir l'Europe entière. Toutes les vagues antérieures d'Andites s'étaient déplacées si lentement qu'elles avaient tendance à se désagréger dès qu'elles s'étaient un peu éloignées de la Mésopotamie. Mais les vagues ultérieures avancèrent si rapidement qu'elles atteignirent l'Europe en groupes cohérents, conservant dans une certaine mesure leur culture supérieure.

80:4.5 Depuis dix-mille ans, l'ensemble du monde habité, en dehors de la Chine et de la région de l'Euphrate, n'avait fait que des progrès culturels très limités lorsque les rudes cavaliers andites firent leur apparition au septième et au sixième millénaire avant le Christ. Tandis qu'ils se déplaçaient vers l'ouest à travers les plaines de Russie, absorbant les meilleurs éléments des hommes bleus et exterminant les moins bons, ils ne formèrent plus qu'un seul peuple mêlé. Ils furent les ancêtres des races dites Nordiques, les souches des populations scandinaves, germaniques et anglo-saxonnes.

80:4.6 Les lignées supérieures bleues ne tardèrent pas à être entièrement absorbées par les Andites dans toute l'Europe du nord. C'est seulement en Laponie (et dans une certaine mesure en Bretagne) que les anciens Andonites conservèrent un semblant d'identité raciale.

80.5  La Conquête de l'Europe du Nord par les Andites

80:5.1 Les tribus de l'Europe du nord se trouvaient continuellement renforcées et relevées par le courant régulier de Mésopotamiens qui émigraient à travers le Turkestan et le sud de la Russie. Quand les dernières vagues de cavalerie andite balayèrent l'Europe, il y avait déjà, dans cette région, plus d'hommes ayant du sang andite que dans tout le reste du monde.

80:5.2 Pendant trois-mille ans, le quartier général militaire des Andites du nord resta au Danemark. De ce point central partirent les vagues successives de conquête, dont les éléments perdirent progressivement leur caractère andite et devinrent de plus en plus blancs au cours des siècles à mesure que s'opérait le mélange final des conquérants mésopotamiens avec les peuples conquis.

80:5.3 Alors que les hommes bleus avaient été absorbés dans le nord et avaient fini par succomber devant les raids des cavaliers blancs pénétrant dans le sud, les tribus envahissantes de la race blanche mêlée rencontrèrent une résistance opiniâtre et prolongée de la part des Cro-Magnons ; mais l'intelligence supérieure de la race blanche et ses réserves biologiques en constant accroissement lui permirent d'anéantir complètement la race plus ancienne.

80:5.4 Les combats décisifs entre les hommes blancs et les hommes bleus se déroulèrent dans la vallée de la Somme. C'est là que la fleur de la race bleue s'opposa avec acharnement aux Andites qui progressaient vers le sud. Pendant plus de cinq-cents ans, les Cro-Magnoïdes défendirent leurs territoires avec succès avant de succomber devant la stratégie militaire supérieure des envahisseurs blancs. Thor, le commandant victorieux des armées du nord dans la bataille finale de la Somme, devint le héros des tribus nordiques blanches et fut plus tard révéré comme un dieu par certaines d'entre elles.

80:5.5 Les forteresses des hommes bleus qui résistèrent le plus longtemps se trouvaient dans le sud de la France, mais la dernière grande résistance militaire fut vaincue le long de la Somme. La conquête ultérieure progressa par pénétration commerciale, par poussée de la population le long des fleuves et par une suite continue de mariages avec les éléments bleus supérieurs, accompagnée d'une extermination impitoyable des inférieurs.

80:5.6 Quand le conseil tribal andite des anciens avait jugé qu'un captif inférieur était inapte, on le remettait aux prêtres chamans au cours d'une cérémonie compliquée, et ceux-ci l'accompagnaient au fleuve où ils lui administraient, selon les rites, l'initiation vers les « heureux territoires de chasse » - la noyade. De cette manière, les envahisseurs blancs de l'Europe exterminèrent tous les peuples qu'ils rencontrèrent et qui ne furent pas rapidement absorbés dans leurs propres rangs ; c'est ainsi que les hommes bleus virent leur fin - et ce fut rapidement fait.

80:5.7 Les hommes bleus Cro-Magnoïdes constituèrent le fondement biologique des races européennes modernes, mais ils ne survécurent que dans la mesure où ils furent absorbés par les virils conquérants ultérieurs de leur pays natal. Les lignées bleues apportèrent beaucoup de robustesse et de vigueur physique aux races blanches d'Europe, mais l'humour et l'imagination des peuples européens mêlés provenaient des Andites. Cette union entre Andites et hommes bleus, dont les races blanches nordiques furent la conséquence, provoqua une chute immédiate de la civilisation andite, un retard de nature transitoire. Finalement, la supériorité latente de ces barbares nordiques se manifesta et culmina dans la civilisation européenne d'aujourd'hui.

80:5.8 Vers l'an 5.000 avant l'ère chrétienne, les races blanches en évolution dominaient dans toute l'Europe septentrionale, y compris le nord de l'Allemagne, le nord de la France et les Iles Britanniques. L'Europe centrale fut contrôlée un certain temps par les hommes bleus et les Andonites à tête ronde. Ces derniers habitaient surtout la vallée du Danube et ne furent jamais entièrement déplacés par les Andites.

80.6  Les Andites le Long du Nil

80:6.1 Depuis l'époque des migrations andites finales, la culture déclina dans la vallée de l'Euphrate, et le centre immédiat de la civilisation passa dans la vallée du Nil. L'Égypte succéda à la Mésopotamie comme quartier général du groupe le plus évolué de la terre.

80:6.2 La vallée du Nil commença à subir des inondations peu avant les vallées de Mésopotamie, mais en souffrit beaucoup moins. Ce contretemps initial de la population fut plus que compensé par l'afflux constant d'immigrants andites, de sorte que la culture de l'Égypte, bien que provenant en réalité de la vallée de l'Euphrate, semblait prendre de l'avance. En l'an 5.000 avant l'ère chrétienne, durant la période des inondations en Mésopotamie, il y avait en Égypte sept groupes distincts d'êtres humains, et tous, sauf un, venaient de Mésopotamie.

80:6.3 Quand le dernier exode de la vallée de l'Euphrate se produisit, l'Égypte eut la bonne fortune de recevoir un grand nombre des artistes et artisans les plus habiles. Ces artisans andites ne se trouvèrent nullement dépaysés, en ce sens qu'ils étaient entièrement habitués à la vie fluviale, aux inondations, aux irrigations et aux saisons sèches. Ils appréciaient la position abritée de la vallée du Nil, où ils étaient bien moins sujets à des attaques et à des raids hostiles que sur les rives de l'Euphrate. Ils accrurent grandement l'habilité des Égyptiens à travailler les métaux. Ils traitèrent là des minerais de fer provenant du mont Sinaï au lieu des régions de la mer Noire.

80:6.4 Les Égyptiens réunirent, de très bonne heure, leurs divinités locales en un minutieux système national de dieux. Ils développèrent une vaste théologie et eurent une prêtrise nombreuse mais lourde à supporter. Plusieurs chefs différents cherchèrent à faire revivre les restes des premiers enseignements religieux des Séthites, mais ces efforts furent de courte durée. Les Andites construisirent les premiers édifices de pierre en Égypte. La première et la plus belle des pyramides de pierre fut élevée par Imhotep, un génie architectural andite, pendant qu'il servait comme premier ministre. Les bâtiments antérieurs avaient été construits en briques. Il est vrai que nombre d'édifices de pierre avait déjà été bâtis dans différentes parties du monde, toutefois celui-ci fut le premier en Égypte. Mais l'art de la construction déclina constamment à partir de l'époque de ce grand architecte.

80:6.5 Cette brillante période de culture fut brusquement interrompue par des guerres internes le long du Nil, et le pays fut bientôt envahi, comme l'avait été la Mésopotamie, par les tribus inférieures venues de l'Arabie inhospitalière et par les Noirs du sud. Il en résulta un déclin continu du progrès social pendant plus de cinq-cents ans.

80.7  Les Andites des Iles de la Méditerranée

80:7.1 Durant le déclin de la culture en Mésopotamie, une civilisation supérieure persista, pendant un certain temps, sur les iles de la Méditerranée orientale.

80:7.2 Vers l'an 12.000 avant l'ère chrétienne, une brillante tribu d'Andites émigra en Crète. Ce fut la seule ile colonisée de si bonne heure par un groupe aussi supérieur, et il s'écoula près de deux-mille ans avant que les descendants de ces marins se répandissent dans les iles voisines. Ce groupe était composé d'Andites, de petite taille et à tête étroite, qui s'étaient mariés avec des Nodites septentrionaux de la branche vanite. Ils mesuraient tous moins de un mètre quatre-vingt de haut et avaient été littéralement chassés du continent par leurs compagnons plus grands, mais inférieurs. Ces immigrants en Crète étaient fort habiles dans les arts du tissage, des métaux, de la poterie, de la plomberie et de l'emploi de la pierre comme matériau de construction. Ils utilisaient l'écriture et vivaient de l'élevage et de l'agriculture.

80:7.3 Près de deux-mille ans après la colonisation de la Crète, un groupe de descendants d'Adamson, de haute stature, parvint en Grèce par les iles septentrionales en venant à peu près directement de son foyer des hautes terres du nord de la Mésopotamie. Ces ancêtres des Grecs furent conduits vers l'occident par Sato, un descendant direct d'Adamson et de Ratta.

80:7.4 Le groupe qui s'établit finalement en Grèce se composait de trois-cent-soixante-quinze personnes choisies et supérieures faisant partie de la fin de la seconde civilisation des Adamsonites. Ces lointains descendants d'Adamson comprenaient les lignées alors les plus précieuses des races blanches émergentes. Leur intelligence était d'un ordre élevé et, du point de vue physique, ils étaient les plus beaux spécimens d'hommes depuis l'époque du premier Éden.

80:7.5 Bientôt la Grèce et les iles de la mer Égée succédèrent à la Mésopotamie et à l'Égypte en tant que centre occidental du commerce, de l'art et de la culture. Mais, comme précédemment en Égypte, tout l'art et toute la science du monde égéen provenaient de Mésopotamie, à l'exception de la culture des Adamsonites précurseurs des Grecs. Tout l'art et le génie de ces peuples ultérieurs sont un legs direct de la postérité d'Adamson, le premier fils d'Adam et d'Ève, et de son extraordinaire seconde femme, Ratta, une fille descendant en ligne ininterrompue du pur état-major nodite du prince Caligastia. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les Grecs aient eu des traditions mythologiques selon lesquelles ils descendaient directement de dieux et d'êtres surhumains.

80:7.6 La région égéenne passa par cinq stades différents de culture, chacun moins spiritualiste que le précédent. Bientôt, la dernière époque de gloire artistique s'effondra sous le poids des médiocres descendants, rapidement multipliés, des esclaves danubiens importés par les générations ultérieures de Grecs.

80:7.7 Ce fut en Crète, durant cet âge, que, chez les descendants de Caïn, le culte de la mère atteignit sa plus grande vogue. Ce culte glorifiait Ève dans l'adoration de la « grande mère » . Il y avait partout des représentations d'Ève. Des milliers de sanctuaires publics furent érigés en Crète et en Asie Mineure. Ce culte de la mère persista jusqu'à l'époque du Christ et fut, plus tard, incorporé dans la religion chrétienne primitive sous la forme de la glorification et du culte de Marie, la mère terrestre de Jésus.

80:7.8 Vers l'an 6.500 avant l'ère chrétienne, un grand déclin s'était produit dans l'héritage spirituel des Andites. Les descendants d'Adam étaient extrêmement éparpillés et avaient été virtuellement absorbés par les races humaines plus anciennes et plus nombreuses. Cette décadence de la civilisation andite, ainsi que la disparition de leurs critères religieux, laissa les races spirituellement appauvries de la terre dans un état déplorable.

80:7.9 Vers l'an 5.000 avant l'ère chrétienne, les trois lignées les plus pures des descendants d'Adam se trouvaient en Sumérie, en Europe du Nord et en Grèce. Toute la Mésopotamie s'abâtardissait lentement par le courant des races mêlées et plus sombres qui s'infiltraient par l'Arabie. L'arrivée de ces peuplades inférieures contribua à éparpiller davantage au loin les restes biologiques et culturels des Andites. Partant de tout le croissant fertile, les populations les plus aventureuses allèrent vers l'ouest et affluèrent dans les iles. Ces émigrants cultivaient des céréales et des légumes, et amenèrent avec eux des animaux domestiques.

80:7.10 Vers l'an 5.000 avant l'ère chrétienne, une puissante armée de Mésopotamiens progressistes sortit de la vallée de l'Euphrate et s'installa dans l'ile de Chypre ; cette civilisation fut balayée quelque deux-mille ans plus tard par les hordes barbares venues du nord.

80:7.11 Une autre grande colonie s'installa sur le rivage de la Méditerranée près de l'emplacement ultérieur de Carthage. Partant d'Afrique du Nord, un grand nombre d'Andites entrèrent en Espagne et se mêlèrent, plus tard, en Suisse, à leurs frères partis antérieurement des Iles Égéennes pour habiter l'Italie.

80:7.12 Quand l'Égypte suivit la Mésopotamie dans son déclin culturel, bien des familles parmi les plus capables et les plus évoluées, s'enfuirent en Crète, ce qui accrut grandement la civilisation crétoise déjà très avancée. Lorsque l'arrivée de groupes inférieurs venant d'Égypte menaça ultérieurement la civilisation de la Crète, les familles les plus cultivées partirent vers l'ouest pour la Grèce.

80:7.13 Les Grecs n'étaient pas seulement de grands éducateurs et de grands artistes, mais ils furent aussi les plus grands commerçants et colonisateurs du monde. Avant de succomber sous le flot d'infériorité qui finit par engloutir leur art et leur commerce, ils réussirent à implanter, en Occident, tant d'avant-postes de culture qu'une grande partie des progrès initiaux de la civilisation grecque persista chez les peuples ultérieurs de l'Europe du sud, et qu'un grand nombre de descendants mixtes de ces Adamsonites furent incorporés dans les tribus des terres continentales adjacentes.

80.8  Les Andonites Danubiens

80:8.1 Les Andites de la vallée de l'Euphrate émigrèrent vers le nord, en Europe, pour se mêler aux hommes bleus, et vers l'ouest, dans les régions méditerranéennes, pour se mélanger aux restes, eux-mêmes mixtes, des Sahariens et des hommes bleus du sud. Ces deux branches de la race blanche furent et sont encore séparées par les montagnards brachycéphales survivants des tribus andonites primitives qui avaient longtemps habité ces régions centrales.

80:8.2 Ces descendants d'Andon étaient dispersés dans la plupart des régions montagneuses de l'Europe du centre et du sud-est. Ils furent souvent renforcés par des arrivants d'Asie Mineure, région qu'ils occupaient en nombre considérable. Les anciens Hittites provenaient directement de la souche andonite ; leur épiderme pâle et leur tête large étaient typiques de cette race. Cette lignée se perpétua chez les ancêtres d'Abraham et contribua beaucoup à l'aspect caractéristique du visage de ses descendants ultérieurs juifs ; ceux-ci, tout en ayant une culture et une religion dérivées des Andites, parlaient un langage très différent, nettement andonite.

80:8.3 Les tribus qui habitaient des maisons bâties sur des pilotis ou des jetées de bois sur les lacs d'Italie, de Suisse et d'Europe méridionale étaient les avant-postes en expansion des migrations africaines, égéennes et plus spécialement danubiennes.

80:8.4 Les Danubiens étaient des Andonites, fermiers et éleveurs entrés en Europe par la Péninsule Balkanique, et se déplaçant lentement vers le nord par la route de la vallée du Danube. Ils fabriquaient des poteries et cultivaient la terre, préférant vivre dans les vallées. La colonie la plus septentrionale des Danubiens était à Liège, en Belgique. Ces tribus dégénérèrent rapidement à mesure qu'elles s'éloignèrent du centre et de la source de leur culture. Les plus belles poteries furent fabriquées par les premières colonies.

80:8.5 Les Danubiens pratiquèrent le culte de la mère à la suite du travail des missionnaires de Crète. Ces tribus s'amalgamèrent, plus tard, avec des groupes de marins andonites qui vinrent par bateau de la côte d'Asie Mineure et qui étaient aussi des adorateurs de la mère. Une grande partie de l'Europe centrale fut ainsi colonisée de bonne heure par ces types mixtes de races blanches brachycéphales, qui pratiquaient le culte de la mère et le rite religieux d'incinération des morts, car les adeptes du culte de la mère avaient coutume de bruler leurs morts dans des huttes de pierre.

80.9  Les Trois Races Blanches

80:9.1 Les mélanges raciaux, en Europe, vers la fin des migrations andites, donnèrent lieu au groupement suivant des trois races blanches :

80:9.2 1. La race blanche du nord. Cette race dite Nordique était essentiellement composée d'hommes bleus auxquels s'ajoutaient des Andites, mais contenait aussi une quantité considérable de sang andonite avec des quantités moindres de sang rouge et jaune sangik. La race blanche du nord englobait ainsi les quatre souches humaines les plus désirables, mais son hérédité majeure venait des hommes bleus. Le Nordique primitif typique était dolichocéphale, grand et blond ; mais il y a longtemps que cette race s'est entièrement mêlée avec toutes les branches des peuples blancs.

80:9.3 La culture primitive de l'Europe trouvée par les Nordiques envahisseurs était celle des Danubiens en régression, mêlés aux hommes bleus. La culture des Nordiques-Danois et celle des Danubiens-Andonites se rencontrèrent et se mêlèrent sur le Rhin, comme en témoigne l'existence de deux groupes raciaux en Allemagne contemporaine.

80:9.4 Les Nordiques continuèrent le commerce de l'ambre en partant de la côte balte, établissant un grand courant d'affaires avec les brachycéphales de la vallée du Danube par le col du Brenner. Le contact étendu avec les Danubiens amena ces hommes du nord à pratiquer le culte de la mère, et, pendant des millénaires, la crémation des morts fut à peu près universelle en Scandinavie. Ceci explique pourquoi l'on ne peut trouver d'ossements de Blancs de la race primitive, bien qu'ils aient été enterrés dans toute l'Europe - on ne trouve que leurs cendres dans des urnes de pierre ou d'argile. Ces hommes blancs construisirent aussi des habitations ; ils n'habitaient jamais dans des grottes. Cela explique également la rareté des preuves de la culture primitive des Blancs, bien que le type Cro-Magnon plus ancien soit bien conservé là où il fut emmuré hermétiquement, en sécurité, dans des cavernes et des grottes. Quoi qu'il en soit, on trouve en Europe, à un certain moment, une culture primitive de Danubiens en dégénérescence et d'hommes bleus, et puis, sans transition, apparaît l'homme blanc immensément supérieur.

80:9.5 2. La race blanche centrale. Bien que ce groupe contienne des lignées bleues, jaunes et andites, il est à prédominance d'Andonites. Ces peuples sont brachycéphales, basanés et trapus. Ils sont enfoncés entre les races nordiques et méditerranéennes comme un coin dont la base reposerait en Asie et la pointe pénétrerait l'est de la France.

80:9.6 Pendant près de vingt-mille ans, les Andonites avaient été repoussés de plus en plus loin vers le nord de l'Asie centrale par les Andites. Vers l'an 3.000 avant l'ère chrétienne, l'aridité croissante ramena les Andonites vers le Turkestan. Cette poussée andonite vers le sud continua pendant plus de mille ans, se divisa autour de la mer Caspienne et de la mer Noire, et pénétra en Europe à la fois par les Balkans et par l'Ukraine. Cette invasion comprenait les groupes restants de descendants d'Adamson. Durant la dernière moitié de la période d'invasion, elle amena un nombre considérable d'Andites iraniens ainsi que beaucoup de descendants des prêtres séthites.

80:9.7 Vers l'an 2.500 avant l'ère chrétienne, la poussée des Andonites vers l'occident atteignit l'Europe. Cet envahissement de toute la Mésopotamie, de l'Asie Mineure et du bassin du Danube par les barbares des collines du Turkestan constitua le plus grave et le plus durable recul de la culture que l'on eût enregistré jusque-là. Ces envahisseurs « andonisèrent » nettement le caractère des races de l'Europe centrale, qui, depuis lors, sont toujours restées caractéristiquement alpines.

80:9.8 3. La race blanche du sud. Cette race méditerranéenne brune consistait en un mélange d'Andites et d'hommes bleus, avec moins de lignées andonites que dans le nord. Ce groupe absorba aussi, par les Sahariens, une quantité considérable de sang secondaire sangik. Plus récemment, cette branche méridionale de la race blanche reçut l'apport de forts éléments andites venant de la Méditerranée orientale.

80:9.9 Les régions côtières de la Méditerranée ne furent toutefois pas abondamment peuplées d'Andites avant l'époque des grandes invasions de nomades, vers l'an 2.500 avant l'ère chrétienne. Les transports et le commerce par voie de terre furent presque interrompus pendant les siècles où les nomades envahirent les districts de la Méditerranée orientale. Cette interférence avec les transports terrestres amena la grande expansion des transports et du commerce maritimes. Le négoce méditerranéen par voie de mer était en pleine activité il y a environ quatre-mille-cinq-cents ans. Ce développement du trafic maritime amena l'expansion soudaine des descendants des Andites dans tous les territoires côtiers du bassin méditerranéen.

80:9.10 Ces mélanges raciaux posèrent les fondements de la race sud-européenne, la plus mêlée de toutes. Depuis cette époque, la race a subi encore de nouvelles incorporations, notamment par les peuples bleus-jaunes-andites d'Arabie. En fait, la race blanche méditerranéenne est tellement mêlée avec les peuples du voisinage qu'elle est pratiquement indiscernable en tant que type séparé, mais, en général, ses membres sont petits, dolichocéphales et bruns.

80:9.11 Dans le nord, les Andites éliminèrent les hommes bleus par des guerres et des mariages, mais ceux-ci survécurent en plus grand nombre dans le sud. Les Basques et les Berbères représentent la survivance de deux branches de cette race, mais ces peuples eux-mêmes se sont tout à fait mélangés avec les Sahariens.

80:9.12 Tel était le tableau du mélange de races offert par l'Europe centrale environ 3.000 ans avant l'ère chrétienne. Malgré la faute adamique partielle, des croisements eurent bien lieu entre les types d'hommes supérieurs.

80:9.13 L'Âge de Bronze arrivait, empiétant sur l'Age de la Pierre Taillée. En Scandinavie, c'était déjà l'Âge de Bronze associé au culte de la mère. En France méridionale et en Espagne, c'était l'Âge de la Pierre Taillée associé au culte du Soleil. Ce fut l'époque où l'on construisit des temples du soleil circulaires et sans toit. Les races blanches européennes étaient des bâtisseurs énergiques, prenant plaisir à dresser de grandes pierres servant de mémorials au soleil, comme le firent plus tard leurs descendants à Stonehenge. La vogue de l'adoration du soleil marque cette époque comme une grande période d'agriculture en Europe méridionale.

80:9.14 Les superstitions de cette ère relativement récente d'adoration du soleil persistent encore aujourd'hui dans les coutumes populaires de Bretagne. Bien qu'ils soient christianisés depuis plus de 1.500 ans, les Bretons conservent encore des amulettes de l'Âge de la Pierre Taillée pour éloigner le mauvais oeil. Ils gardent encore des « pierres de tonnerre » dans leur cheminée pour se protéger de la foudre. Les Bretons ne se sont jamais mêlés aux Nordiques scandinaves. Ils sont les survivants des habitants originels andonites de l'Europe occidentale mêlées aux souches méditerranéennes.

80:9.15 Il est fallacieux de prétendre classer les peuples blancs en Nordiques, Alpins et Méditerranéens. Il y a eu, dans l'ensemble, beaucoup trop de mélanges pour permettre de tels groupements. À un moment donné, la race blanche se divisait assez nettement en classes de cet ordre, mais des mélanges très étendus se sont produits depuis lors, et il n'est plus possible d'identifier clairement les démarcations. Même en l'an 3.000 avant l'ère chrétienne, les anciens groupes sociaux ne formaient pas plus une race unique que les habitants actuels de l'Amérique du Nord.

80:9.16 Les cultures européennes continuèrent pendant 5.000 ans à croitre de même que, dans une certaine mesure, à se mélanger, mais la barrière des langages empêcha la pleine réciprocité des échanges entre les diverses nations occidentales. Au cours du siècle dernier, c'est dans la population cosmopolite de l'Amérique du Nord que ces cultures ont eu la meilleure occasion de se mêler. L'avenir de ce continent sera déterminé par la qualité des facteurs raciaux que l'évolution laissera s'introduire dans ses populations présentes et futures, et par le niveau de culture sociale qui y sera maintenu.

80:9.17 [Présenté par un Archange de Nébadon.]

81. Développement de la Civilisation Moderne

81:0.1 INDÉPENDAMMENT des hauts et des bas dans l'avortement des plans conçus pour l'amélioration du monde dans les missions de Caligastia et d'Adam, l'évolution organique fondamentale de l'espèce humaine continua d'entrainer les races en avant sur l'échelle du progrès humain et du développement racial. Il est possible de retarder l'évolution, mais non de l'arrêter.

81:0.2 Les membres de la race violette furent moins nombreux que prévu, mais leur influence, depuis l'époque d'Adam, a produit, dans la civilisation, une avance qui dépasse de loin les progrès que l'humanité avait pu accomplir au cours de toute son existence antérieure de presque un million d'années.

81.1  Le Berceau de la Civilisation

81:1.1 Pendant environ trente-cinq-mille ans après l'époque d'Adam, le berceau de la civilisation se trouva en Asie du sud-ouest, s'étendant vers l'est et légèrement vers le nord, depuis la vallée du Nil, à travers l'Arabie du nord et la Mésopotamie, jusqu'au Turkestan y compris. Le climat fut le facteur décisif de l'établissement de la civilisation dans cette zone.

81:1.2 Ce furent les grands changements climatiques et géologiques en Afrique du Nord et en Asie occidentale qui mirent fin aux migrations initiales des Adamites en leur fermant le passage vers l'Europe, du fait de l'agrandissement de la Méditerranée, et en détournant le courant de migration vers le nord et l'est en direction du Turkestan. À l'époque où se parachèvent ces soulèvements de terrains et les changements climatiques correspondants, environ 15.000 ans avant J.-C., la civilisation était arrivée dans le monde entier à un point mort, sauf en ce qui concernait les ferments culturels et les réserves biologiques des Andites. Ceux-ci restaient enserrés à l'est par les montagnes d'Asie et à l'ouest par les forêts envahissantes d'Europe.

81:1.3 L'évolution climatique allait maintenant réussir là où tous les autres efforts avaient échoué, c'est-à-dire qu'elle allait contraindre les Eurasiens à abandonner la chasse en faveur du métier plus civilisé de l'élevage et de l'agriculture. L'évolution est peut-être lente, mais elle est terriblement efficace.

81:1.4 Les premiers agriculteurs employèrent très généralement des esclaves, et, en conséquence, les paysans furent autrefois méprisés par les chasseurs et les éleveurs. Pendant des âges, on considéra la culture du sol comme une occupation subalterne, d'où l'idée que le travail de la terre est une malédiction, alors qu'il est la plus grande de toutes les bénédictions. Même à l'époque de Caïn et d'Abel, les sacrifices de la vie pastorale étaient encore tenus en plus haute estime que les offrandes de l'agriculture.

81:1.5 Les hommes évoluèrent, en général, de l'état de chasseurs à celui de cultivateurs avec une ère transitoire d'élevage de troupeaux, et ce fut également vrai chez les Andites ; mais il arriva plus souvent que la contrainte évolutionnaire des changements climatiques amena des tribus entières à passer directement de l'état de chasseurs à celui de cultivateurs prospères. Toutefois, ce phénomène du passage immédiat de la chasse à l'agriculture ne se produisit que dans les régions où le mélange racial comportait une forte proportion de sang violet.

81:1.6 En observant la germination de graines accidentellement humidifiées ou placées dans les tombeaux comme nourriture pour les trépassés, les peuples évolutionnaires (notamment les Chinois) apprirent de bonne heure à planter des semences et à faire pousser des récoltes. Mais, dans toute l'Asie du sud-ouest, le long des alluvions fluviales fertiles et des plaines adjacentes, les Andites mettaient en oeuvre les techniques agricoles améliorées qu'ils avaient héritées de leurs ancêtres, pour qui le fermage et le jardinage avaient été la principale occupation à l'intérieur des limites du second jardin.

81:1.7 Pendant des milliers d'années, les descendants d'Adam avaient cultivé, dans toutes les hautes terres de la bordure supérieure de la Mésopotamie, des variétés de blé et d'orge améliorées dans le Jardin. Les descendants d'Adam et d'Adamson s'y rencontraient, commerçaient et se fréquentaient socialement.

81:1.8 Ce furent ces changements forcés dans les conditions de vie qui amenèrent une si grande proportion de la race humaine à pratiquer un régime alimentaire omnivore. La combinaison du blé, du riz et des légumes avec la chair des troupeaux marqua un grand pas en avant dans la santé et la vigueur de ces anciens peuples.

81.2  Les Outils de la Civilisation

81:2.1 La croissance de la culture humaine est fondée sur le développement des outils de la civilisation, et les outils que les hommes employèrent pour sortir de l'état sauvage se révélèrent efficaces dans la mesure exacte où ils libéraient la main-d'oeuvre humaine pour des tâches plus élevées.

81:2.2 Vous qui vivez aujourd'hui dans un cadre moderne de culture naissante et de commencement de progrès dans les affaires sociales, vous qui disposez même d'un peu de temps libre pour réfléchir au sujet de la société et de la civilisation, ne perdez pas de vue le fait que vos ancêtres primitifs n'avaient que très peu ou pas du tout de loisirs susceptibles d'être consacrés à des réflexions pensives et à des méditations sociales.

81:2.3 Les quatre premiers grands progrès dans la civilisation humaine furent :

81:2.4 1. La conquête du feu.

81:2.5 2. La domestication des animaux.

81:2.6 3. La mise en esclavage des prisonniers.

81:2.7 4. La propriété privée.

81:2.8 Le feu, la première grande découverte, finit par ouvrir les portes du monde scientifique, mais, sous ce rapport, il avait peu de valeur pour les hommes primitifs. Ceux-ci refusaient de reconnaître que les phénomènes ordinaires pouvaient s'expliquer par des causes naturelles.

81:2.9 Quand on leur demanda d'où leur venait le feu, ils ne tardèrent pas à substituer, à la simple histoire d'Andon et du silex, la légende d'un Prométhée et de la manière dont il déroba le feu du ciel. Les anciens cherchaient une explication surnaturelle à tous les phénomènes naturels qui sortaient des limites de leur compréhension personnelle, et bien des modernes continuent à en faire autant. La dépersonnalisation des phénomènes dits naturels a nécessité des âges et n'est pas encore parachevée. Par contre, la recherche honnête, franche et intrépide des véritables causes a donné naissance à la science moderne : elle a transformé l'astrologie en astronomie, l'alchimie en chimie et la magie en médecine.

81:2.10 Au cours de l'âge antérieur aux machines, la seule manière dont l'homme pouvait accomplir un travail sans le faire lui-même consistait à utiliser un animal. La domestication des animaux mit entre ses mains des outils vivants, dont l'emploi intelligent prépara la voie à l'agriculture et aux transports. Sans ces animaux, l'homme n'aurait pas pu s'élever de son état primitif aux niveaux de la civilisation ultérieure.

81:2.11 La plupart des animaux convenant le mieux à la domestication se trouvaient en Asie, spécialement dans les régions du centre et du sud-ouest. Ce fut l'une des raisons pour lesquelles la civilisation y progressa plus rapidement que dans d'autres parties du monde. Beaucoup de ces animaux avaient déjà été domestiqués deux fois ; dans l'âge des Andites, ils furent domestiqués une fois de plus. Mais le chien était toujours resté avec les chasseurs depuis son adoption par les hommes bleus longtemps, très longtemps, auparavant.

81:2.12 Les Andites du Turkestan furent les premiers à domestiquer les chevaux en grand nombre, et c'est une nouvelle raison pour laquelle leur culture fut si longtemps prédominante. Vers l'an 5.000 avant l'ère chrétienne, les fermiers de Mésopotamie, du Turkestan et de Chine avaient commencé à élever des moutons, des chèvres, des vaches, des chameaux, des chevaux, des volailles et des éléphants. Ils employaient comme bêtes de somme le boeuf, le chameau, le cheval et le yak. Autrefois, l'homme était lui-même la bête de somme. Un chef de la race bleue eut jadis une colonie de porte-faix de cent-mille hommes.

81:2.13 L'esclavage et la propriété privée de la terre furent institués en même temps qu'apparaissait l'agriculture. L'esclavage éleva le niveau de vie des maitres et leur procura plus de loisirs pour se cultiver socialement.

81:2.14 Les sauvages sont les esclaves de la nature, mais la civilisation scientifique confère lentement à l'humanité une liberté croissante. Par les animaux, le feu, le vent, l'eau et l'électricité, les hommes se sont libérés de la nécessité de travailler sans répit ; ils continueront dans cette voie en découvrant de nouvelles sources d'énergie. Indépendamment des troubles provisoires engendrés par l'invention prolifique de machines, les bénéfices ultimes que l'homme retirera de ces inventions mécaniques sont inestimables. La civilisation ne peut jamais fleurir, et encore bien moins s'établir, avant que les hommes aient le loisir de penser, de faire des plans et d'imaginer de nouvelles et meilleures méthodes pour faire les choses.

81:2.15 Au début, l'homme s'appropria simplement son abri, il vivait sous des corniches de rochers ou dans des grottes. Ensuite, il adapta des matériaux naturels, tels que le bois et la pierre, à la création de huttes pour sa famille. Enfin, il entra dans le stade créatif d'édification des maisons et apprit à fabriquer des briques et autres matériaux de construction.

81:2.16 Les peuplades des hauts plateaux du Turkestan furent les premières, parmi les races relativement modernes, à bâtir leurs habitations en bois ; leurs maisons ressemblaient assez aux cabanes primitives en rondins des pionniers américains. Dans toutes les plaines, on éleva des demeures humaines en briques crues et, plus tard, en briques cuites.

81:2.17 Les anciennes races fluviales bâtissaient leurs huttes en enfonçant de grands poteaux en cercle dans le sol ; on réunissait ensuite les sommets des poteaux, ce qui formait une armature pour la hutte ; on l'entrelaçait avec des roseaux transversaux, et l'ensemble ainsi créé ressemblait à un immense panier inversé. On pouvait ensuite recouvrir le treillis d'une couche d'argile et, après séchage au soleil, on disposait d'une habitation étanche rendant de grands services.

81:2.18 Ce fut à partir de ces huttes primitives que prit naissance indépendamment l'idée ultérieure de tisser toutes sortes de paniers. Dans une tribu, l'idée de faire des poteries naquit en observant l'effet produit quand on barbouillait les cadres de bois avec de l'argile humide. La pratique de durcir les poteries par cuisson fut découverte lors de l'incendie accidentel d'une de ces huttes primitives recouvertes d'argile. Les arts de l'antiquité eurent souvent pour origine des circonstances fortuites de la vie quotidienne des peuplades primitives. Du moins, ce fut à peu près entièrement vrai pour les progrès évolutionnaires de l'humanité jusqu'à l'arrivée d'Adam.

81:2.19 La poterie avait d'abord été introduite par l'état-major du Prince, il y a environ cinq-cent-mille ans, mais la fabrication de récipients d'argile avait pratiquement cessé depuis plus de cent-cinquante-mille ans. Seuls les Nodites présumériens de la côte du golfe continuèrent à faire des récipients d'argile. L'art de faire des poteries fut ranimé durant l'époque d'Adam. La propagation de cet art coïncida avec l'extension des déserts d'Afrique, d'Arabie et d'Asie centrale ; il se répandit dans l'hémisphère oriental en partant de Mésopotamie par vagues successives de techniques améliorées.

81:2.20 Ces civilisations de l'âge andite ne peuvent pas toujours être retracées par les stades de leurs poteries ou de leurs autres arts. Le cours normal de l'évolution humaine fut prodigieusement compliqué par les deux régimes de Dalamatia et d'Éden. Il arrive souvent que la qualité des vases et outils des époques plus tardives soit inférieure à celle des produits initiaux des peuples andites plus purs.

81.3  Villes, Manufacture et Commerce

81:3.1 La destruction climatique des riches savanes de chasse et des pâturages du Turkestan, commencée vers l'an 12.000 avant l'ère chrétienne, contraignit les hommes de ces régions à recourir à de nouvelles formes d'industrie et de manufactures rudimentaires. Certains s'orientèrent vers l'élevage de troupeaux domestiqués, d'autres devinrent agriculteurs ou recueillirent des aliments d'origine aquatique, mais les Andites intelligents de type supérieur choisirent de se lancer dans le commerce et la manufacture. Il devint même habituel que des tribus entières se consacrent au développement d'une seule industrie. De la vallée du Nil à l'Hindu Kush et du Gange au Fleuve Jaune, la principale occupation des tribus supérieures devint la culture du sol, avec le commerce comme activité secondaire.

81:3.2 L'accroissement des échanges et la transformation des matières premières en divers articles commerciaux contribua directement à faire naître les communautés primitives et semi-pacifiques, qui eurent tant d'influence pour répandre la culture et les arts de la civilisation. Avant l'ère d'un commerce mondial extensif, les communautés sociales étaient des tribus - des groupes familiaux agrandis. Le commerce amena des êtres humains de différentes sortes à s'associer, ce qui permit par croisement une hybridation plus rapide de la culture.

81:3.3 Il y a environ douze-mille ans, l'ère des cités indépendantes était à son aurore. Ces cités primitives commerçantes et manufacturières étaient toujours entourées de zones d'agriculture et d'élevage de bétail. S'il est vrai que l'industrie fut encouragée par l'élévation du niveau de vie, il ne faudrait pas se faire d'idées fausses sur les raffinements de la vie citadine à ses débuts. Les premières races n'étaient ni très propres ni très soigneuses ; par la simple accumulation des ordures et des détritus sur le sol, les communautés primitives moyennes s'élevaient de trente à soixante centimètres tous les vingt-cinq ans. Certaines cités antiques s'élevèrent aussi rapidement au-dessus des terres environnantes parce que leurs huttes d'argile non cuite ne duraient pas longtemps et que l'on avait coutume de bâtir de nouvelles demeures directement sur les ruines des anciennes.

81:3.4 L'emploi généralisé des métaux fut une caractéristique de l'ère des premières villes industrielles et commerciales. Vous avez déjà découvert, au Turkestan, une culture de l'âge du bronze datant de plus de 9.000 ans avant l'ère chrétienne, et les Andites apprirent de bonne heure à travailler également le fer, l'or et le cuivre. Mais, à de grandes distances des centres les plus avancés de la civilisation, les conditions étaient très différentes. On n'y retrouve pas de périodes distinctes comme les âges de la Pierre Taillée, du Bronze et du Fer ; tous trois existaient simultanément dans des localités différentes.

81:3.5 L'or fut le premier métal recherché par les hommes ; il était facile à travailler et fut d'abord employé uniquement comme parure. On se servit ensuite du cuivre, mais assez peu avant le moment où on le mélangea à l'étain pour faire du bronze plus dur. La découverte du mélange cuivre-étain fut faite par un Adamsonite du Turkestan, dont la mine de cuivre se trouvait être située dans les hautes terres au voisinage d'un gisement d'étain.

81:3.6 Avec l'apparition d'une manufacture rudimentaire et d'une industrie à ses débuts, le commerce devint rapidement le truchement le plus puissant pour répandre la civilisation culturelle. L'ouverture des routes commerciales terrestres et maritimes facilita les voyages et les mélanges de cultures ainsi que la fusion des civilisations. Vers l'an 5.000 avant l'ère chrétienne, le cheval était d'emploi général dans tous les pays civilisés et semi-civilisés. Les races assez récentes possédaient non seulement des chevaux domestiqués, mais encore différents modèles de charrettes et de chariots. La roue était utilisée depuis des âges, mais, alors, des véhicules munis de roues furent universellement employés tant pour le commerce que pour la guerre.

81:3.7 Les commerçants voyageurs et les explorateurs nomades firent plus progresser la civilisation historique que toutes les autres influences conjuguées. Les conquêtes militaires, la colonisation et les entreprises missionnaires entretenues par les religions plus récentes furent aussi des facteurs de diffusion de la culture, mais ils furent tous secondaires par rapport aux relations commerciales, constamment accélérées par les arts et les sciences de l'industrie qui se développaient rapidement.

81:3.8 Non seulement l'infusion de sang adamique dans les races humaines accéléra la civilisation, mais aussi elle stimula grandement leur penchant à l'aventure et à l'exploration, de sorte que la majeure partie de l'Eurasie et de l'Afrique du Nord fut bientôt occupée par les descendants mixtes des Andites, qui se multipliaient rapidement.

81.4  Les Races Mêlées

81:4.1 Au moment où nous touchons à l'aurore des temps historiques, toute l'Eurasie, l'Afrique du Nord et les Iles du Pacifique sont peuplées par les races composites de l'humanité, et ces races modernes proviennent du mélange et du brassage des cinq souches humaines fondamentales d'Urantia.

81:4.2 Chacune des races d'Urantia était identifiée par certaines caractéristiques physiques distinctes. Les Adamites et les Nodites étaient dolichocéphales ; les Andonites étaient brachycéphales. Les races sangiks avaient des têtes moyennes, avec tendance de leurs branches jaune et bleue à être brachycéphales. Les races bleues, après mélange avec des souches andonites, étaient nettement brachycéphales. Les têtes des Sangiks secondaires étaient moyennes ou allongées.

81:4.3 Bien que ces dimensions crâniennes rendent service pour déchiffrer les origines raciales, il est plus sûr de se fier à l'ensemble du squelette. Dans le développement initial des races d'Urantia, il y eut, à l'origine, cinq types distincts de structures osseuses qui furent ceux :

81:4.4 1. Des Andonites, les premiers habitants d'Urantia.

81:4.5 2. Des Sangiks primaires, rouges, jaunes et bleus.

81:4.6 3. Des Sangiks secondaires, orangés, verts et indigo.

81:4.7 4. Des Nodites, descendants des Dalamatiens.

81:4.8 5. Des Adamites, la race violette.

81:4.9 Au cours de ces grands brassages de groupes raciaux, les mélanges continuels tendirent à atténuer le type andonite par une prédominance d'hérédité sangik. Les Lapons et les Esquimaux sont des métis d'Andonites et de Sangiks de race bleue. La structure de leur squelette est celle qui conserve le mieux le type andonique originel. Mais les Adamites et les Nodites se sont tellement mêlés aux autres races qu'ils ne peuvent être détectés que sous un aspect d'ensemble dit Caucasoïde.

81:4.10 Quand les restes humains des vingt derniers millénaires seront déterrés, il sera donc généralement impossible de distinguer clairement les cinq types originels. L'étude des structures osseuses révélera que l'humanité est actuellement divisée à peu près en trois classes :

81:4.11 1. Les Caucasoïdes - le mélange andite des souches adamites et nodites, modifié ensuite par un apport de Sangiks primaires et (d'un peu) de secondaires, et par des croisements considérables avec les Andonites. Les races blanches occidentales ainsi que certains peuples hindous et touraniens sont compris dans ce groupe. Le facteur unifiant de cette division est la plus ou moins grande proportion d'hérédité andite.

81:4.12 2. Les Mongoloïdes - les Sangiks du type primaire, y compris les races originelles rouge, jaune et bleue. Les Chinois et les Amérindiens appartiennent à ce groupe. En Europe, le type mongoloïde a été modifié par un mélange de Sangiks secondaires et d'Andonites, et plus encore par un apport d'Andites. Les Malais et autre peuples indonésiens sont inclus dans cette classification, bien que leur sang contienne un pourcentage élevé d'hérédité sangik secondaire.

81:4.13 3. Les Négroïdes - les Sangiks du type secondaire, qui incluaient à l'origine les races orangée, verte et indigo. C'est le Nègre qui fournit le meilleur exemple de ce type, que l'on retrouve en Afrique, aux Indes et en Indonésie, dans tous les lieux où les races sangiks secondaires s'étaient installées.

81:4.14 En Chine du Nord, il existe un certain mélange des types caucasoïde et mongoloïde. Dans le Levant, les Caucasoïdes et les Négroïdes se sont mêlés ; aux Indes ainsi qu'en Amérique du Sud, les trois types sont représentés. Les caractéristiques du squelette des trois types survivants subsistent encore et aident à identifier les récents ancêtres des races humaines d'aujourd'hui.

81.5  La Société Culturelle

81:5.1 L'évolution biologique et la civilisation culturelle ne sont pas nécessairement liées ; au cours d'un âge quelconque, l'évolution organique peut poursuivre son cours sans obstacle, même au milieu d'une décadence culturelle. Mais, quand on passe en revue de longues périodes de l'histoire humaine, on constate finalement que l'évolution et la culture ont un lien de cause à effet. L'évolution peut progresser en l'absence de culture, mais la civilisation culturelle ne fleurit pas sans un arrière-plan approprié de progrès racial antérieur. Adam et Ève n'introduisirent aucun art de la civilisation étranger au progrès de la société humaine, mais le sang adamique accrut les aptitudes inhérentes aux races et accéléra le développement économique et le progrès industriel. L'effusion d'Adam améliora le pouvoir cérébral des races, ce qui hâta considérablement les processus d'évolution naturelle.

81:5.2 Par l'agriculture, la domestication des animaux et une meilleure architecture, l'humanité échappa graduellement aux pires phases de la lutte incessante pour vivre et commença à rechercher le moyen d'adoucir la manière de vivre ; ce fut le début de ses efforts pour parvenir à un niveau de plus en plus élevé de confort matériel. Par la manufacture et l'industrie, les hommes augmentent graduellement la somme des plaisirs de la vie de mortel.

81:5.3 Cependant, la société culturelle n'est pas un grand club bienfaisant de privilèges hérités dans lequel tous les hommes sont nés membres sans droits d'entrée, et entièrement égaux. Elle est plutôt une haute corporation, toujours en progrès, d'artisans terrestres, n'admettant dans ses rangs que les plus nobles des travailleurs qui s'efforcent de faire du monde un cadre meilleur, dans lequel leurs enfants et les enfants de leurs enfants pourront vivre et progresser au cours des âges à venir. Et cette corporation de la civilisation exige des droits d'admission couteux, impose des disciplines strictes et rigoureuses, inflige de lourdes amendes à tous les dissidents et non conformistes, tandis qu'elle confère peu de licences ou de privilèges personnels en dehors d'une sécurité accrue contre les dangers communs et les périls raciaux.

81:5.4 L'association sociale est une forme d'assurance pour la survie, et les hommes ont appris qu'elle était profitable ; c'est pourquoi la plupart des individus sont disposés à payer les primes de sacrifice de soi et de restrictions des libertés personnelles que la société extorque à ses membres comme rançon de cette protection collective accrue. Bref, le mécanisme social d'aujourd'hui est un plan d'assurance par tâtonnements destiné à fournir un certain degré de protection contre un retour aux terribles conditions antisociales caractéristiques des premières expériences de la race humaine.

81:5.5 La société devient ainsi un plan coopératif pour obtenir la libération civile par des institutions, la libération économique par le capital et les inventions, la liberté sociale par la culture, et la protection contre les violences par des règlements de police.

81:5.6 La force ne crée pas le droit, mais elle fait respecter les droits communément reconnus de chaque génération successive. La mission majeure du gouvernement consiste à définir le droit, la réglementation juste et équitable des différences de classes, et l'obligation d'une égalité de chances devant la loi. Chaque droit humain est associé à un devoir social ; un privilège de groupe est un mécanisme d'assurance qui exige infailliblement le paiement total des primes astreignantes de service au groupe. Et les droits collectifs, aussi bien que ceux des individus, doivent être protégés, y compris la réglementation des penchants sexuels.

81:5.7 La liberté soumise à des règles collectives est le but légitime de l'évolution sociale. La liberté sans restrictions est le rêve chimérique et vain du mental d'humains instables et superficiels.

81.6  Le Maintien de la Civilisation

81:6.1 Alors que l'évolution biologique a constamment progressé vers le mieux, une grande partie de l'évolution culturelle est sortie de la vallée de l'Euphrate en vagues successives qui s'affaiblirent avec le temps, jusqu'à ce que, finalement, la totalité des descendants de pur sang adamique fût partie enrichir les civilisations d'Asie et d'Europe. Les races ne s'amalgamèrent pas complètement, mais leurs civilisations se mêlèrent dans une large mesure. La culture se répandit lentement à travers le monde. Il faut que cette civilisation soit maintenue et encouragée, car il n'existe plus aujourd'hui de nouvelles sources de culture, plus d'Andites pour renforcer et stimuler le lent progrès évolutif de la civilisation.

81:6.2 La civilisation qui évolue maintenant sur Urantia est fondée sur les facteurs suivants dont elle est issue :

81:6.3 1. Les circonstances naturelles. La nature et l'étendue d'une civilisation matérielle sont déterminées, dans une large mesure, par les ressources naturelles disponibles. Le climat, le temps qu'il fait et de nombreuses conditions physiques sont des facteurs dans l'évolution de la culture.

81:6.4 Au début de l'ère andite, il n'y avait, dans le monde entier, que deux zones étendues et fertiles constituant des territoires de chasse ouverts. L'une se trouvait en Amérique du Nord et fut envahie par les Amérindiens ; l'autre se trouvait au nord du Turkestan et fut partiellement occupée par une race andonique-jaune. Les facteurs essentiels de l'évolution d'une culture supérieure dans le sud-ouest de l'Asie furent la race et le climat. Les Andites étaient un grand peuple, mais le facteur décisif qui détermina le cours de leur civilisation fut l'aridité croissante de l'Iran, du Turkestan et du Sinkiang, qui les força à inventer et à adopter des méthodes nouvelles et avancées pour arracher des moyens d'existence à leurs terres de moins en moins fertiles.

81:6.5 La configuration des continents et d'autres dispositions géographiques exercent une grande influence pour déterminer la paix ou la guerre. Très peu d'Urantiens ont pu bénéficier d'une occasion aussi favorable pour se développer avec continuité, et sans être molestés, que celle dont ont joui les peuples de l'Amérique du Nord - protégés pratiquement de tous côtés par de vastes océans.

81:6.6 2. Les biens d'équipement. La culture ne se développe jamais sous le règne de la misère ; les loisirs sont essentiels au progrès de la civilisation. Les individus peuvent acquérir, sans fortune matérielle, un caractère ayant une valeur morale et spirituelle, mais une civilisation culturelle ne peut dériver que de conditions de prospérité matérielle qui encouragent les loisirs conjugués avec l'ambition.

81:6.7 Durant les temps primitifs, la vie sur Urantia était une affaire sérieuse et grave. Ce fut pour échapper à cette lutte incessante et à ce labeur interminable que l'humanité tendit constamment à se laisser porter vers les climats salubres des tropiques. Ces zones plus chaudes d'habitation adoucirent sans doute quelque peu la lutte acharnée pour l'existence, mais les races et les tribus qui recherchèrent ainsi la facilité utilisèrent rarement leurs loisirs non gagnés pour faire avancer la civilisation. Les progrès sociaux sont invariablement venus des idées et des projets des races qui, par leurs efforts intelligents, ont appris à tirer de la terre des moyens d'existence avec moins d'efforts et avec des journées de travail raccourcies, ce qui leur permettait de disposer d'une marge profitable de loisirs bien mérités.

81:6.8 3. Les connaissances scientifiques. Les aspects matériels de la civilisation doivent toujours attendre l'accumulation des données scientifiques. Après la découverte de l'arc et de la flèche, et l'utilisation des animaux comme force motrice, il se passa longtemps avant que les hommes apprennent à mettre en valeur la puissance du vent et des chutes d'eau, suivie de l'emploi de la vapeur et de l'électricité. Cependant, les outils de la civilisation s'améliorèrent lentement. Le tissage, la poterie, la domestication des animaux et le travail des métaux furent suivis par un âge d'écriture et d'imprimerie.

81:6.9 Le savoir, c'est le pouvoir. Les inventions précèdent toujours l'accélération du développement culturel à l'échelle mondiale. La science et les inventions furent les plus grands bénéficiaires de la presse à imprimer, et l'interaction de toutes les activités culturelles et inventives a considérablement accéléré le rythme de la civilisation.

81:6.10 La science enseigne aux hommes à parler le nouveau langage des mathématiques et leur apprend à penser selon des lignes d'une exigeante précision. La science stabilise aussi la philosophie en éliminant les erreurs, et purifie en même temps la religion en détruisant les superstitions.

81:6.11 4. Les ressources humaines. La main-d'oeuvre est indispensable pour répandre la civilisation. À conditions égales par ailleurs, un peuple nombreux dominera la civilisation d'une race plus réduite. En conséquence, une nation qui ne réussit pas à accroitre le nombre de ses citoyens jusqu'à un certain chiffre se trouve empêchée de réaliser pleinement sa destinée nationale, mais, au delà d'un point donné, tout accroissement supplémentaire de la densité de la population devient un suicide. La multiplication des habitants au delà du rapport normal hommes-sol conduit soit à abaisser le niveau de vie, soit à étendre immédiatement les frontières terrestres par pénétration pacifique ou par conquête militaire - à l'occupation par la force.

81:6.12 Vous êtes parfois révoltés par les ravages de la guerre, mais vous devriez reconnaître la nécessité de faire naître un grand nombre de mortels pour fournir d'amples occasions au développement social et moral ; mais avec cette fécondité planétaire surgit bientôt le grave problème de la surpopulation. La plupart des mondes habités sont petits. Urantia est dans la moyenne, peut-être un peu au-dessous. La stabilisation de la population nationale au niveau optimum rehausse la culture et empêche la guerre. Et sage est la nation qui connaît le moment de s'arrêter de croitre.

81:6.13 Mais le continent le plus riche en dépôts naturels et le plus avancé en équipements mécaniques fera peu de progrès si l'intelligence de son peuple est sur son déclin. On peut obtenir la connaissance par l'instruction, mais la sagesse, qui est indispensable à la vraie culture, s'acquiert seulement grâce à l'expérience et par des hommes et des femmes nés intelligents. Des gens de cet ordre sont capables d'apprendre par expérience et de devenir véritablement sages.

81:6.14 5. L'efficacité des ressources matérielles. Bien des choses dépendent de la sagesse déployée dans l'utilisation des ressources naturelles, des connaissances scientifiques, des biens d'équipement et des potentiels humains. Le facteur principal de la civilisation primitive fut la force exercée par de sages chefs sociaux. Les hommes primitifs se virent littéralement imposer la civilisation par leurs contemporains de type supérieur. Ce monde a été largement régi par des minorités supérieures et bien organisées.

81:6.15 La force ne crée pas le droit, mais la force crée bien ce qui existe et ce qui a historiquement existé. Urantia vient seulement d'atteindre le point où la société est disposée à mettre en discussion l'éthique de la force et du droit.

81:6.16 6. L'efficacité du langage. La civilisation doit attendre le langage pour se répandre. Des langues qui vivent et qui s'enrichissent assurent l'expansion de la pensée et des projets civilisés. Durant les âges primitifs, d'importants progrès furent apportés au langage. Aujourd'hui, il y a grand besoin d'un développement linguistique additionnel pour faciliter l'expression de la pensée en évolution.

81:6.17 Le langage prit naissance dans des associations de groupes, chaque groupe local établissant son propre système d'échange de mots. Le langage se développa par des gestes, des signes, des cris, des sons imitatifs, des intonations et des accents, et parvint plus tard à la vocalisation d'alphabets. Le langage est le plus grand et le plus utile des instruments de la pensée humaine, mais il n'a jamais fleuri avant que des groupes sociaux eussent acquis certains loisirs. La tendance à jouer avec le langage crée de nouveaux mots - l'argot. Si la majorité adopte l'argot, l'usage en fait le langage. Un exemple de l'origine des dialectes est l'habitude de « parler bébé » dans un groupe familial.

81:6.18 Les différences de langage ont toujours été le grand obstacle à l'extension de la paix. Il faut triompher des dialectes avant de pouvoir répandre une culture dans une race, sur un continent ou dans un monde entier. Un langage universel encourage la paix, assure la culture et accroit le bonheur. Il suffit même que les idiomes d'un monde soient réduits à un petit nombre pour que leur maitrise, par les peuples cultivés dirigeants, influence puissamment la réalisation de la paix et de la prospérité mondiales.

81:6.19 Urantia a fait très peu de progrès dans le développement d'un langage international, mais l'établissement des échanges commerciaux internationaux a beaucoup apporté. Toutes ces relations internationales devraient être encouragées, qu'il s'agisse de langages, de commerce, d'art, de science, de jeux de compétition ou de religion.

81:6.20 7. L'efficacité des dispositifs mécaniques. Le progrès de la civilisation est directement lié au développement et à la possession d'outils, de machines et de canaux de distribution. Des outils améliorés, des machines ingénieuses et efficaces, déterminent la survie des groupes rivaux dans le cadre de la civilisation qui progresse.

81:6.21 Dans les temps primitifs, la seule énergie employée pour la culture du sol était la main-d'oeuvre humaine. Il fallut une longue bataille pour substituer les boeufs aux hommes, car cela réduisait des hommes au chômage. Plus récemment, les machines ont commencé à remplacer les hommes, et toute avance dans ce domaine contribue directement au progrès de la société parce qu'elle libère de la main-d'oeuvre pour des tâches de plus grande valeur.

81:6.22 La science, guidée par la sagesse, peut devenir la grande libératrice des hommes. Un âge de machinisme ne peut tourner au désastre que pour une nation dont le niveau intellectuel est trop faible pour découvrir les méthodes sages et les techniques saines lui permettant de s'adapter avec succès aux difficultés de transition causées par la perte soudaine d'un grand nombre d'emplois dus à l'intervention trop rapide de nouveaux types de machines économisant la main-d'oeuvre.

81:6.23 8. Le caractère des porte-flambeau. L'héritage social permet aux hommes de faire la courte échelle en s'appuyant sur tous ceux qui les ont précédés et qui ont contribué, si peu que ce soit, à la somme de culture et de connaissance. Dans cette oeuvre de transmission du flambeau culturel à la génération suivante, le foyer restera toujours l'institution fondamentale. Les jeux et la vie sociale viennent ensuite, avec l'école en dernier lieu, mais également indispensable dans une société complexe et hautement organisée.

81:6.24 Les insectes naissent pleinement éduqués et équipés pour la vie - une existence en vérité très étriquée et purement instinctive. Le bébé humain naît sans éducation ; les hommes possèdent donc, en contrôlant l'entrainement éducatif des jeunes générations, le pouvoir de modifier considérablement le cours évolutionnaire de la civilisation.

81:6.25 Au vingtième siècle, les plus grandes influences qui contribuent à faire avancer la civilisation et progresser la culture sont l'accroissement marqué des voyages dans le monde et les améliorations sans précédents dans les moyens de communication. Mais les progrès de l'éducation n'ont pas marché de pair avec l'expansion de la structure sociale ; l'appréciation moderne de l'éthique ne s'est pas non plus développée en proportion de la croissance dans les domaines plus purement intellectuels et scientifiques. En outre, la civilisation moderne se trouve à un point mort dans son développement spirituel et dans la sauvegarde de l'institution du foyer.

81:6.26 9. Les idéaux raciaux. Les idéaux d'une génération creusent les chemins de la destinée pour sa postérité immédiate. La qualité des porte-flambeau sociaux déterminera l'avancement ou le recul de la civilisation. Les foyers, les Églises et les écoles d'une génération prédéterminent la tendance de caractère de la suivante. La force vive morale et spirituelle d'une race ou d'une nation détermine largement la rapidité du développement culturel de sa civilisation.

81:6.27 Les idéaux élèvent la source du courant social. Nul courant ne peut remonter plus haut que sa source, quels que soient la technique de pression ou le contrôle de direction employés. La force propulsive des aspects, même les plus matériels, d'une civilisation culturelle réside dans les accomplissements les moins matériels de la société. L'intelligence peut contrôler le mécanisme de la civilisation, la sagesse peut le diriger, mais l'idéalisme spirituel est l'énergie qui élève réellement la culture humaine et la fait progresser d'un niveau d'accomplissement au suivant.

81:6.28 Au début, la vie était une lutte pour l'existence ; aujourd'hui, c'est une lutte pour le niveau de vie ; demain, ce sera une compétition pour la qualité de pensée, prochain but terrestre de l'existence humaine.

81:6.29 10. La coordination des spécialistes. La division du travail effectuée de bonne heure et son corollaire ultérieur de spécialisation ont prodigieusement fait avancer la civilisation ; celle-ci dépend maintenant de la coopération efficace des spécialistes. Au fur et à mesure de l'expansion de la société, il faudra trouver une méthode pour regrouper les divers spécialistes.

81:6.30 Les spécialistes des affaires sociales, de l'art, de la technique et de l'industrie continueront à se multiplier et à accroitre leur habileté et leur dextérité. Cette spécialisation d'aptitudes et cette dissemblance d'emplois finiront par affaiblir et par désintégrer la société humaine si des moyens efficaces de coordination et de coopération ne sont pas mis en oeuvre. Des intelligences capables d'une telle fécondité d'invention et d'une telle spécialisation devraient être entièrement compétentes pour imaginer des méthodes appropriées de contrôle et d'adaptation permettant de résoudre tous les problèmes issus du développement rapide des inventions et de l'accélération de l'expansion culturelle.

81:6.31 11. Les procédés pour trouver des emplois. Le prochain âge de développement social sera concrétisé par une meilleure coopération et une coordination plus efficace des spécialisations en accroissement et en expansion continus. À mesure que le travail se diversifie davantage, il faut imaginer une technique pour orienter les individus vers des emplois appropriés. Le machinisme n'est pas la seule cause de chômage chez les peuples civilisés d'Urantia. La complexité économique et l'accroissement régulier des spécialités industrielles et professionnelles compliquent les problèmes de placement de la main-d'oeuvre.

81:6.32 Il ne suffit pas d'apprendre aux hommes un travail ; une société complexe doit aussi fournir des méthodes efficaces pour leur trouver un emploi. Avant d'apprendre aux citoyens des techniques hautement spécialisées pour gagner leur vie, il faudrait leur enseigner une ou plusieurs méthodes de travail non spécialisé de commerce ou d'occupations qu'ils pourraient pratiquer pendant un chômage temporaire dans leur travail spécialisé. Nulle civilisation ne peut survivre au maintien prolongé de grandes classes de chômeurs. Avec le temps, l'acceptation du soutien par le Trésor public déforme la mentalité des citoyens, même des meilleurs, et les démoralise. La charité privée elle-même devient pernicieuse si elle entretient longtemps des citoyens valides.

81:6.33 Une société très spécialisée ne s'adonnera pas volontiers aux anciennes pratiques communautaires et féodales des peuples de l'antiquité. Il est vrai que beaucoup de services communs peuvent être utilement et profitablement socialisés, mais la meilleure manière de gouverner des êtres humains hautement entrainés et ultraspécialisés est une technique de coopération intelligente. Une coordination modernisée et une réglementation fraternelle aboutiront à une coopération plus durable que les anciennes et primitives méthodes de communisme ou les institutions réglementaires dictatoriales basées sur la force.

81:6.34 12. L'ouverture à la coopération. L'un des plus grands obstacles au progrès de la société humaine est le conflit entre les intérêts et le bien-être des collectivités humaines les plus nombreuses et les plus socialisées d'une part, et les groupements moins nombreux d'opposants asociaux d'autre part, sans compter les individus isolés à mentalité antisociale.

81:6.35 Nulle civilisation nationale ne dure longtemps à moins que ses méthodes éducatives et ses idéaux religieux n'inspirent un patriotisme intelligent et un dévouement national de type élevé. Sans cette espèce de patriotisme intelligent et de solidarité culturelle, toutes les nations tendent à se désagréger par suite des jalousies régionales et des égoïsmes locaux.

81:6.36 Pour maintenir une civilisation mondiale, il faut que les êtres humains apprennent à vivre ensemble dans la paix et la fraternité. Sans coordination efficace, la civilisation industrielle est mise en péril par les dangers de l'ultraspécialisation : monotonie, étroitesse et tendance à engendrer la méfiance et la jalousie.

81:6.37 13. Le commandement efficace et sage. La civilisation dépend, dans une grande, une très grande mesure, de l'état d'esprit consistant à s'atteler à la besogne avec enthousiasme et efficacité. Dix hommes n'en valent pas beaucoup plus qu'un pour soulever un lourd fardeau, à moins qu'ils ne le soulèvent ensemble - tous en même temps. Ce travail d'équipe - la coopération sociale - dépend de la qualité des chefs. Les civilisations culturelles du passé et du présent ont été basées sur la coopération intelligente des citoyens avec des chefs sages et progressifs. Jusqu'à ce que les hommes aient atteint par évolution des niveaux plus élevés, la civilisation continuera à dépendre d'un commandement sage et vigoureux.

81:6.38 Les hautes civilisations naissent d'une liaison sagace entre la richesse matérielle, la grandeur intellectuelle, la valeur morale, l'habilité sociale et la clairvoyance cosmique.

81:6.39 14. Les changements sociaux. La société n'est pas une institution divine ; elle est un phénomène d'évolution progressive ; une civilisation qui progresse est toujours retardée quand ses chefs sont lents à effectuer, dans l'organisation sociale, les changements essentiels pour marcher de pair avec les développements scientifiques de l'âge. Ceci dit, il ne faut pas mépriser certaines choses simplement parce qu'elles sont vieilles, ni embrasser sans réserves une idée simplement parce qu'elle est originale et neuve.

81:6.40 Les hommes ne devraient pas avoir peur d'expérimenter avec les mécanismes de la société, mais les aventures d'adaptation culturelle devraient toujours être contrôlées par ceux qui sont pleinement au courant de l'histoire de l'évolution sociale ; il faudrait toujours que les innovateurs soient conseillés par la sagesse de ceux qui ont l'expérience pratique dans les domaines des tentatives sociales ou économiques envisagées. Nul grand changement social ou économique ne devrait être essayé soudainement. Le temps est essentiel à tous les types d'adaptations humaines - physiques, sociaux ou économiques. Seuls les ajustements moraux et spirituels peuvent être effectués sous l'impulsion du moment, et, même pour ceux-là, il faut du temps pour mettre pleinement en oeuvre leurs répercussions matérielles et sociales. Ce sont les idéaux de la race qui servent principalement d'appui et de soutien pendant les périodes critiques où une civilisation se trouve en transition entre deux niveaux consécutifs.

81:6.41 15. Les mesures préventives contre les brusques déclins en périodes de transition. La société est issue de nombreux âges de tâtonnements ; elle représente ce qui a survécu aux ajustements et rajustements sélectifs dans les stades successifs de l'ascension millénaire des hommes depuis les niveaux animaux jusqu'aux niveaux humains de statut planétaire. Le grand danger pour toute civilisation - à n'importe quel moment - est la menace de déclin pendant la transition entre les méthodes établies du passé et les procédés nouveaux et meilleurs, mais non éprouvés, de l'avenir.

81:6.42 La qualité des chefs est vitale pour le progrès. La sagesse, la perspicacité et la prévoyance sont indispensables aux nations pour durer. La civilisation n'est jamais réellement en péril tant que les chefs capables ne commencent pas à disparaître. Le nombre de ces chefs sages n'a jamais dépassé un pour cent de la population.

81:6.43 Par ces degrés de l'échelle évolutionnaire, la civilisation s'est élevée au niveau où pouvaient être mises en oeuvre les puissantes influences qui ont culminé dans la culture en expansion rapide au vingtième siècle. C'est seulement en adhérant à ces principes essentiels que les hommes peuvent espérer maintenir leurs civilisations actuelles, tout en assurant leur développement continu et leur survie certaine.

81:6.44 Telle est l'essence de la longue, longue lutte des peuples de la terre pour établir la civilisation depuis l'époque d'Adam. La culture d'aujourd'hui est le résultat de cette évolution opiniâtre. Avant la découverte de l'imprimerie, les progrès étaient relativement lents, parce que les hommes d'une génération ne pouvaient bénéficier aussi rapidement des accomplissements de leurs prédécesseurs. Mais, en ce moment, la société humaine fonce en avant avec la puissance de la force vive accumulée de tous les âges au cours desquels la civilisation a lutté.

81:6.45 [Parrainé par un Archange de Nébadon.]

82. L'Évolution du Mariage

82:0.1 LE MARIAGE - l'accouplement - naît de la bisexualité. Le mariage est la réaction humaine pour s'adapter à cette bisexualité, tandis que la vie de famille est l'ensemble qui résulte de tous ces ajustements évolutionnaires et adaptatifs. Le mariage est durable ; il n'est pas inhérent à l'évolution biologique, mais il est la base de toute l'évolution sociale, et c'est pourquoi la continuité de son existence est assurée sous une certaine forme. Le mariage a donné le foyer à l'humanité, et le foyer est la gloire qui couronne toute la longue et opiniâtre lutte évolutionnaire.

82:0.2 Bien que les institutions religieuses, sociales et éducatives soient toutes essentielles à la survie d'une civilisation culturelle, c'est la famille qui joue le rôle civilisateur majeur. Un enfant apprend de sa famille et de ses voisins la plupart des choses essentielles de la vie.

82:0.3 Les humains des temps anciens ne possédaient pas une civilisation sociale très riche, mais ils transmettaient fidèlement et efficacement aux générations suivantes celle qu'ils avaient. Il faut reconnaître que la plupart des civilisations du passé ont continué à évoluer avec un strict minimum d'autres influences institutionnelles, parce que les foyers fonctionnaient efficacement. Aujourd'hui, les races humaines détiennent un riche héritage social et culturel qui devrait être sagement et utilement transmis aux générations suivantes. La famille, en tant qu'institution éducative, doit être maintenue.

82.1  L'Instinct d'Accouplement

82:1.1 Malgré l'abime qui sépare la personnalité de l'homme de celle de la femme, le besoin sexuel est suffisant pour assurer leur union en vue de la reproduction de l'espèce. Cet instinct opérait efficacement bien avant que les humains aient commencé à éprouver ce que l'on a appelé, plus tard, l'amour, le dévouement et la fidélité conjugale. L'accouplement est une tendance innée, et le mariage est sa répercussion sociale évolutionnaire.

82:1.2 L'intérêt et le désir sexuels n'étaient pas des passions dominantes chez les peuples primitifs ; ils les considéraient simplement comme normaux. Toute l'expérience de la reproduction était dépourvue d'embellissements imaginatifs. La passion sexuelle absorbante des peuples plus hautement civilisés est principalement due à des mélanges de races, spécialement lorsque la nature évolutionnaire fut stimulée par l'imagination associative et l'appréciation de la beauté inhérentes aux Nodites et aux Adamites. Mais les races évolutionnaires n'ont absorbé cette hérédité andite que dans une mesure si faible qu'elle n'a pas réussi à procurer une maitrise de soi suffisante pour tenir en laisse les passions animales ainsi vivifiées et excitées par une conscience plus aiguë du sexe et par des besoins d'accouplement plus impérieux. Parmi les races évolutionnaires, ce sont les hommes rouges qui avaient le code sexuel le plus élevé.

82:1.3 La réglementation sexuelle relative au mariage mesure :

82:1.4 1. Le progrès relatif de la civilisation. De plus en plus, la civilisation a exigé que la satisfaction sexuelle soit canalisée utilement et conformément aux moeurs.

82:1.5 2. La proportion de sang andite chez un peuple quelconque. Dans ces collectivités, le sexe est devenu l'expression tantôt la plus élevée et tantôt la plus basse de la nature physique aussi bien que de la nature émotionnelle.

82:1.6 Les races sangiks avaient des passions animales normales, mais elles montraient peu d'imagination et n'appréciaient guère la beauté et l'attrait physique du sexe opposé. Même chez les races primitives d'aujourd'hui, ce que l'on dénomme sex-appeal est virtuellement absent ; les peuples non mêlés ont un instinct d'accouplement bien net, mais un attrait sexuel insuffisant pour créer de sérieux problèmes nécessitant un contrôle social.

82:1.7 L'instinct d'accouplement est l'une des forces physiques dominantes qui poussent les êtres humains ; il est l'unique émotion qui, sous couvert de satisfactions individuelles, amène efficacement, par ruse, les hommes égoïstes à mettre le bien-être et la perpétuation de la race très au-dessus des aises individuelles et de la liberté résultant d'une absence de responsabilités personnelles.

82:1.8 Depuis ses premiers débuts jusqu'aux temps modernes, le mariage en tant qu'institution dépeint l'évolution sociale de la tendance biologique à se perpétuer. La perpétuation de l'espèce humaine évoluante est rendue certaine par la présence de cette impulsion raciale à l'accouplement, de ce besoin que l'on appelle vaguement attrait sexuel. Ce grand besoin biologique devient le pivot moteur de toutes sortes d'instincts, de sentiments et d'habitudes associés - physiques, intellectuels, moraux et sociaux.

82:1.9 Chez les sauvages, la fourniture d'aliments était le motif incitatif, mais, quand la civilisation assure une abondance de nourriture, le besoin sexuel devient fréquemment une impulsion dominante, et en conséquence il a toujours besoin d'une règlementation sociale. Chez les animaux, la périodicité instinctive refrène la propension à l'accouplement, mais, chez l'homme, qui est dans une si grande mesure un être se contrôlant lui-même, le désir sexuel n'est pas tout à fait périodique ; il devient donc nécessaire que la société impose aux individus la maitrise d'eux-mêmes.

82:1.10 Nulle émotion ou instinct humain auquel on s'abandonne sans frein et avec excès ne peut provoquer autant de maux et de chagrins que ce puissant besoin sexuel. La soumission intelligente de cette impulsion à la règlementation sociale est le test suprême de l'actualité d'une civilisation. La maitrise de soi, encore et toujours plus de maitrise de soi, c'est ce que demande de plus en plus l'humanité progressante. Le secret, le manque de sincérité et l'hypocrisie peuvent voiler les problèmes sexuels, mais ils ne fournissent pas de solutions et ne font pas progresser l'éthique.

82.2  Les Tabous Restrictifs

82:2.1 L'histoire de l'évolution du mariage est simplement l'histoire du contrôle sexuel sous la pression des restrictions sociales, religieuses et civiles. La nature ne reconnaît guère les individus ; elle ne tient aucun compte de ce que l'on appelle la morale ; elle s'intéresse uniquement et exclusivement à la reproduction de l'espèce. La nature insiste irrésistiblement sur la reproduction, mais elle laisse avec indifférence à la société le soin de résoudre les problèmes qui en résultent, créant ainsi, pour l'humanité en évolution, un problème majeur et toujours d'actualité. Ce conflit social consiste en une guerre sans fin entre les instincts fondamentaux et l'éthique en évolution.

82:2.2 Chez les races primitives, les relations entre sexes n'étaient pas règlementées, ou très peu. À cause de cette licence sexuelle, la prostitution n'existait pas. Aujourd'hui encore, les Pygmées et d'autres tribus arriérées ne possèdent pas d'institution matrimoniale ; l'étude de ces peuplades révèle les simples coutumes d'accouplement suivies par les races primitives. Mais il faut toujours étudier et juger les anciens peuples à la lumière des critères moraux des moeurs de leur propre époque.

82:2.3 Cependant, l'amour libre n'a jamais été bien vu chez les peuples ayant dépassé la sauvagerie. Dès que des groupes sociaux se formèrent, des codes matrimoniaux et des restrictions conjugales apparurent. L'accouplement a ainsi progressé par une multitude de transitions depuis un état de licence sexuelle à peu près totale jusqu'aux critères moraux du vingtième siècle impliquant une restriction sexuelle à peu près complète.

82:2.4 Aux tout premiers stades du développement tribal, les moeurs et les tabous restrictifs étaient fort grossiers ; ils réussirent néanmoins à séparer les sexes, ce qui favorisa la tranquillité, l'ordre et l'industrie ; la longue évolution du mariage et du foyer avait commencé. Les coutumes sexuelles concernant les vêtements, les parures et les pratiques religieuses prirent naissance dans les tabous primitifs, qui définissaient le champ des libertés sexuelles et finirent ainsi par créer les concepts de vice, de crime et de péché. Toutefois, l'habitude régna longtemps de suspendre toutes les règlementations sexuelles pendant les jours de grande fête, et spécialement le Premier Mai.

82:2.5 Les femmes ont toujours été soumises à plus de tabous restrictifs que les hommes. Les moeurs primitives accordaient aux femmes non mariées le même degré de liberté sexuelle qu'aux hommes, mais on a toujours exigé des épouses qu'elles soient fidèles à leur mari. Le mariage primitif ne restreignait pas beaucoup les libertés sexuelles de l'homme, mais il rendait la continuation de la licence sexuelle tabou pour la femme. Les femmes mariées ont toujours porté une marque quelconque qui faisait d'elles une classe séparée ; citons la coiffure, le vêtement, le voile, l'isolement, la parure et les anneaux.

82.3  Les Moeurs Primitives du Mariage

82:3.1 Le mariage est la réponse institutionnelle de l'organisme social à la tension biologique toujours présente du besoin de se reproduire - de la multiplication de soi - que l'homme éprouve sans relâche. L'accouplement est universellement naturel et, à mesure que la société évolua du simple au complexe, il y eut une évolution correspondante des moeurs d'accouplement, la genèse de l'institution matrimoniale. Quand l'évolution sociale a progressé jusqu'au stade où des moeurs sont engendrées, on trouve partout le mariage comme une institution évoluante.

82:3.2 Il y a toujours eu et il y aura toujours deux domaines distincts du mariage : les moeurs, les lois réglant les aspects extérieurs de l'accouplement, et les relations par ailleurs secrètes et personnelles entre hommes et femmes. Les individus se sont toujours rebellés contre les réglementations sexuelles imposées par la société, et voici la raison de ce problème sexuel millénaire : la préservation de soi est individuelle, mais assurée par la collectivité ; la perpétuation de soi est sociale, mais assurée par des impulsions individuelles.

82:3.3 Les moeurs, quand elles sont respectées, ont largement le pouvoir de restreindre et de contrôler le besoin sexuel, comme on l'a vu chez toutes les races. Les critères du mariage ont toujours reflété véridiquement le pouvoir courant des moeurs et l'intégrité fonctionnelle du gouvernement civil. Mais les moeurs primitives concernant le sexe et l'accouplement étaient une masse de prescriptions confuses et grossières ; les parents, les enfants, la famille et la société avaient tous des intérêts opposés dans la règlementation du mariage. Malgré tout cela, les races qui exaltèrent et pratiquèrent le mariage évoluèrent naturellement à des niveaux plus élevés et survécurent en nombre croissant.

82:3.4 Aux époques primitives, le mariage était le prix du rang social ; la possession d'une femme était un signe de distinction. Le sauvage regardait le jour de son mariage comme marquant l'inauguration de sa responsabilité et de sa virilité. À une certaine époque, on a considéré le mariage comme un devoir social ; à une autre, comme une obligation religieuse ; à une autre époque encore, comme une nécessité politique pour fournir des citoyens à l'État.

82:3.5 Bien des tribus primitives exigeaient qu'un homme ait commis des rapts pour être digne de se marier. À ces razzias, les peuples substituèrent, plus tard, des combats athlétiques et des jeux de compétition. Les gagnants de ces épreuves recevaient le premier prix - le droit de choisir parmi les filles à marier. Chez les chasseurs de têtes, un jeune homme ne pouvait se marier à moins de posséder au moins une tête, bien qu'il fût parfois possible d'acheter des crânes. À mesure que l'achat des femmes déclina, on les gagna par des concours d'énigmes ; cette pratique survit encore chez de nombreux groupes d'hommes noirs.

82:3.6 Avec les progrès de la civilisation, certaines tribus remirent au choix des femmes les sévères épreuves matrimoniales d'endurance masculine ; les femmes purent ainsi favoriser les hommes de leur choix. Ces épreuves du mariage englobaient l'habileté à la chasse, la lutte et l'aptitude à entretenir une famille. Pendant longtemps, on exigea que le prétendant vive au foyer de la fiancée pendant au moins un an pour y travailler et montrer qu'il était digne de la femme qu'il désirait.

82:3.7 Les qualifications d'une femme étaient l'aptitude à faire les gros travaux et à donner le jour à des enfants. On exigeait qu'elle exécute, en un temps donné, un travail agricole déterminé. Si elle avait donné naissance à un enfant avant le mariage, elle avait d'autant plus de valeur ; on était alors certain de sa fécondité.

82:3.8 Les faits que les peuples de l'antiquité considéraient comme une honte, ou même comme un péché, de ne pas être marié explique l'origine des mariages d'enfants ; puisqu'il fallait être marié, le plus tôt était le mieux. On croyait aussi très généralement que les célibataires n'avaient pas accès au pays des esprits, et ce fut un motif supplémentaire pour marier les enfants, même à leur naissance, et parfois avant, sous réserve de leur sexe. Les anciens croyaient que les morts eux-mêmes devaient être mariés. À l'origine, les marieurs étaient employés à négocier des mariages de personnes décédées. L'un des parents prenait des dispositions pour que ces intermédiaires concluent le mariage d'un fils décédé avec la fille décédée d'une autre famille.

82:3.9 Chez les peuples moins anciens, la puberté était l'âge ordinaire du mariage, mais cet âge fut reculé en proportion directe des progrès de la civilisation. L'évolution sociale vit surgir de bonne heure des ordres spéciaux de célibataires hommes et femmes ; ces ordres furent inaugurés et entretenus par des personnes plus ou moins dépourvues de besoins sexuels normaux.

82:3.10 De nombreuses tribus permettaient aux hommes de leur groupe dirigeant d'avoir des rapports sexuels avec une fiancée juste avant qu'elle fût donnée à son mari. Chacun de ces hommes faisait alors un cadeau à la jeune fille, et ce fut l'origine de la coutume de donner des cadeaux de mariage. Dans certains groupes, on comptait qu'une jeune femme gagnerait sa dot grâce aux cadeaux reçus en récompense de ses services sexuels dans la salle d'exposition des filles à marier.

82:3.11 Certaines tribus faisaient épouser aux jeunes gens les veuves et les femmes âgées, et, quand plus tard ils devenaient veufs, on leur permettait d'épouser les jeunes filles. On s'assurait ainsi, selon l'expression de l'époque, que les deux parents ne feraient pas de folies, comme on supposait que ce serait le cas si l'on permettait à deux jeunes de s'unir. D'autres tribus limitaient les accouplements à des groupes d'âge similaire. Cette limitation du mariage à des groupes d'un âge déterminé fut la première à donner naissance aux idées d'inceste. (Aux Indes, même aujourd'hui, aucune restriction d'âge n'est imposée aux mariages.)

82:3.12 Sous l'emprise de certaines moeurs, le veuvage des femmes était fort à craindre ; ou bien on tuait les veuves, ou bien on leur permettait de se suicider sur la tombe de leur mari, car elles étaient censées passer aux pays des esprits avec leurs époux. La veuve survivante était presque invariablement blâmée pour la mort de son mari. Certaines tribus les brulaient vives. Si une veuve continuait à vivre, elle menait une vie de deuil continuel et de restrictions sociales intolérables, car les remariages étaient généralement désapprouvés.

82:3.13 Jadis on encourageait de nombreuses pratiques aujourd'hui considérées comme immorales. Il n'était pas rare que les femmes primitives fussent très fières des amours de leurs maris avec d'autres femmes ; la chasteté chez les filles était un grand obstacle au mariage. La mise au monde d'un enfant avant le mariage rendait la fille beaucoup plus désirable comme femme, car l'homme était sûr d'avoir une compagne féconde.

82:3.14 Beaucoup de tribus primitives sanctionnaient le mariage à l'essai jusqu'à ce que la femme soit enceinte, après quoi l'on accomplissait la cérémonie régulière du mariage. Chez d'autres groupes, on ne célébrait pas le mariage avant la naissance du premier enfant. Si une femme était stérile, ses parents devaient la racheter, et le mariage était annulé. Les moeurs exigeaient que chaque couple ait des enfants.

82:3.15 Ces mariages primitifs à l'essai étaient entièrement dépourvus de tout semblant de licence ; ils étaient simplement de sincères épreuves de fécondité. Les intéressés contractaient un mariage permanent aussitôt que la fécondité était établie. Quand les couples modernes se marient en ayant à l'arrière-plan de leur pensée, l'idée de divorcer commodément si leur vie conjugale ne leur plaît pas entièrement, ils contractent en réalité un mariage à l'essai sous une forme très inférieure aux honnêtes aventures de leurs ancêtres moins civilisés.

82.4  Mariage et Moeurs régissant la Propriété

82:4.1 Le mariage a toujours eu des liens étroits avec la propriété et la religion. La propriété a stabilisé le mariage et la religion l'a moralisé.

82:4.2 Le mariage primitif était un placement, une spéculation économique ; il était davantage une question d'affaires qu'une histoire de flirt. Les anciens se mariaient au bénéfice du groupe et pour son bien-être ; c'est pourquoi les mariages étaient projetés et arrangés par le groupe, leurs parents et les anciens. L'assertion que les moeurs régissant la propriété furent efficaces pour stabiliser l'institution du mariage est corroborée par le fait que le mariage était plus permanent chez les tribus primitives que chez bien des peuples modernes.

82:4.3 À mesure que la civilisation progressa et que la propriété privée fut mieux reconnue par les moeurs, le vol devint le grand crime. L'adultère fut considéré comme une forme de vol, une violation des droits de propriété du mari ; c'est pourquoi il n'est pas spécialement mentionné dans les moeurs et codes primitifs. La femme commençait par être la propriété de son père, qui transférait son titre au mari ; toutes les relations sexuelles légalisées naquirent de ces droits de propriété préexistants. L'Ancien Testament parle des femmes comme d'une forme de propriété. Le Coran enseigne leur infériorité. L'homme avait le droit de prêter sa femme à un ami ou à un invité, et cette coutume prévaut encore chez certains peuples.

82:4.4 La jalousie sexuelle moderne n'est pas innée ; elle est un produit des moeurs évoluantes. L'homme primitif n'était pas jaloux de sa femme ; il défendait simplement sa propriété. La femme était tenue à des obligations sexuelles plus strictes que le mari, pour la raison que son infidélité conjugale impliquait une descendance et un héritage. Très tôt dans la marche de la civilisation, l'enfant illégitime tomba en déconsidération. Tout d'abord, seule la femme fut punie pour adultère ; plus tard, les moeurs décrétèrent aussi le châtiment de son partenaire. Pendant de longs âges, le mari offensé ou le père protecteur eurent pleinement le droit de tuer l'intrus masculin. Les peuples modernes conservent ces moeurs qui absolvent, sous une loi tacite, les crimes dits d'honneur.

82:4.5 Le tabou de la chasteté ayant pris naissance comme une phase des moeurs de la propriété, il s'appliqua d'abord aux femmes mariées, mais non aux jeunes filles célibataires. Plus tard, la chasteté fut davantage exigée par le père que par le soupirant ; une vierge était un actif commercial pour le père - elle rapportait un prix plus élevé. À mesure que la chasteté fut plus demandée, la pratique s'établit de payer au père des honoraires de fiançailles en récognition du service d'avoir élevé convenablement une chaste fiancée pour le futur mari. Une fois lancée, l'idée de chasteté féminine prit une telle emprise sur les races que la pratique s'établit d'enfermer littéralement les filles, de les emprisonner réellement durant des années, afin d'assurer leur virginité. C'est ainsi que les critères plus récents et les contrôles de virginité donnèrent naissance aux classes de prostituées professionnelles ; elles étaient les fiancées rejetées, les femmes qui n'étaient pas reconnues vierges par les mères des fiancés.

82.5  Endogamie et Exogamie

82:5.1 Les sauvages observèrent de très bonne heure que les mélanges raciaux amélioraient la descendance. Ce n'était pas que la consanguinité fût toujours mauvaise, mais l'exogamie donnait comparativement de meilleurs résultats ; les moeurs tendirent donc à fixer des restrictions de rapports sexuels entre proches parents. On reconnut que l'exogamie accroissait considérablement le choix d'occasions pour des progrès et des variations évolutionnaires. Les individus nés de mariages exogames étaient doués de talents plus variés et d'une plus grande aptitude à survivre dans un monde hostile. Les endogames, ainsi que leurs moeurs, disparurent graduellement. Tout cela se produisit lentement ; les sauvages ne raisonnaient pas consciemment sur ces problèmes. Par contre, les peuples progressifs ultérieurs le firent et observèrent aussi qu'une débilité générale résultait parfois d'une endogamie excessive.

82:5.2 Bien que l'endogamie des bonnes lignées se traduisit parfois par la formation de fortes tribus, les cas spectaculaires de mauvais résultats provenant de l'endogamie d'anormaux héréditaires impressionnèrent plus fortement le mental humain ; il s'ensuivit que les moeurs en progrès formulèrent de plus en plus de tabous contre tous les mariages entre proches parents.

82:5.3 La religion a longtemps formé un barrage efficace contre les mariages à l'extérieur ; de nombreux enseignements religieux ont proscrit les mariages en dehors de la foi. Les femmes ont généralement favorisé la pratique de l'endogamie et les hommes celle de l'exogamie. La propriété a toujours influencé le mariage. Parfois, dans un effort pour conserver des propriétés à l'intérieur d'un clan, des moeurs ont surgi qui forçaient les femmes à choisir un mari dans la tribu de leur père. Les règles de cette sorte amenèrent une grande multiplication de mariages entre cousins. L'endogamie fut également pratiquée pour s'efforcer de préserver les secrets artisanaux ; les artisans spécialisés cherchaient à conserver dans leur famille la connaissance de leur métier.

82:5.4 Quand les groupes supérieurs étaient isolés, ils en revenaient toujours aux accouplements consanguins. Pendant plus de cent-cinquante-mille ans, les Nodites furent l'un des grands groupes endogames. Les moeurs d'endogamie plus récentes furent prodigieusement influencées par les traditions de la race violette, dans laquelle les accouplements eurent d'abord nécessairement lieu entre frères et soeurs. Les mariages entre un frère et une soeur étaient communs en Égypte primitive, en Syrie, en Mésopotamie et dans tous les pays jadis occupés par les Andites. Les Égyptiens pratiquèrent longtemps le mariage entre frère et soeur dans un effort pour conserver la pureté du sang royal, et cette coutume persista encore plus longtemps en Perse. Chez les Mésopotamiens, avant l'époque d'Abraham, les mariages entre cousins étaient obligatoires ; les cousins avaient des droits de priorité pour épouser leurs cousines. Abraham lui-même épousa sa demi-soeur, mais, plus tard, les moeurs des Juifs n'autorisèrent plus ces unions.

82:5.5 Les premières mesures pour éliminer les mariages entre frère et soeur furent prises sous l'influence des moeurs polygames, parce que la femme-soeur cherchait à dominer avec arrogance l'autre femme ou les autres femmes. Les moeurs de certaines tribus interdisaient le mariage avec la veuve d'un frère décédé, mais exigeaient que le frère vivant engendrât des enfants à la place de son frère trépassé. Il n'existe aucun instinct biologique s'opposant à quelque degré d'endogamie que ce soit ; ces restrictions sont entièrement une affaire de tabous.

82:5.6 L'exogamie finit par dominer parce qu'elle était favorisée par les hommes. Prenant une femme à l'extérieur, ils étaient assurés d'être plus libres vis-à-vis de leur belle-famille. La familiarité engendre le mépris. En conséquence, à mesure que le facteur du choix individuel commença à dominer l'accouplement, la coutume s'établit de choisir des partenaires en dehors de la tribu.

82:5.7 Beaucoup de tribus finirent par interdire les mariages à l'intérieur du clan ; d'autres les limitèrent à certaines castes. Le tabou contre le mariage avec une femme ayant le même totem que son partenaire donna naissance à la coutume du rapt des femmes dans les tribus voisines. Plus tard, les mariages furent davantage réglés d'après la résidence territoriale que d'après la parenté. Il y eut bien des étapes dans l'évolution du mariage, depuis l'endogamie jusqu'aux pratiques modernes d'exogamie. Même après l'institution du tabou sur les mariages endogames du commun du peuple, les rois et les chefs furent autorisés à épouser une proche parente afin de conserver le sang royal pur et concentré. Les moeurs ont généralement permis aux chefs souverains certaines licences en matière sexuelle.

82:5.8 La présence des peuples andites plus récents contribua beaucoup à accroitre le désir des races sangiks de se marier en dehors de leurs tribus. Toutefois, il ne fut pas possible à l'exogamie de prévaloir avant que les groupes eussent appris à vivre relativement en paix avec leurs voisins.

82:5.9 L'exogamie elle-même était un encouragement à la paix ; les mariages entre les tribus restreignaient les hostilités. L'exogamie conduisit à la coordination tribale et aux alliances militaires ; elle devint prédominante parce qu'elle procurait un accroissement de forces ; elle fut une bâtisseuse de nations. L'exogamie fut également très favorisée par les contacts commerciaux croissants ; les aventures et les explorations contribuèrent à étendre les frontières de l'accouplement et facilitèrent la fécondation croisée des cultures raciales.

82:5.10 Les inconséquences, autrement inexplicables, des moeurs matrimoniales de la race sont largement dues à la coutume de l'exogamie accompagnée du rapt et de l'achat des femmes chez les tribus voisines, l'ensemble aboutissant à un amalgame des diverses moeurs tribales. Les tabous respectant l'endogamie étaient sociologiques et non biologiques ; le fait est bien illustré par les tabous sur les mariages entre apparentés ; ceux-ci englobaient de nombreux degrés de relations avec les belles-familles, ces cas ne comportant pas la moindre relation de sang.

82.6  Les Mélanges Raciaux

82:6.1 Il n'y a pas aujourd'hui de races pures dans le monde. Les peuples évolutionnaires de couleur, primitifs et originels, n'ont que deux races représentatives qui subsistent sur terre, les hommes jaunes et les hommes noirs ; et même ces deux races contiennent beaucoup de sang des peuples de couleur disparus. Bien que la race dite blanche descende d'une manière prédominante des anciens hommes bleus, elle comporte plus ou moins un mélange de toutes les autres races, comme d'ailleurs les hommes rouges des Amériques.

82:6.2 Parmi les six races sangiks de couleur, trois étaient primaires et trois secondaires. Bien que les races primaires - bleue, rouge et jaune - fussent, sous bien des rapports, supérieures aux trois peuples secondaires, il ne faut pas oublier que ces derniers possédaient beaucoup de caractéristiques désirables qui auraient considérablement amélioré les peuples primaires s'ils avaient pu intégrer les meilleures lignées des races secondaires.

82:6.3 Les préjugés d'aujourd'hui contre les « demi-sangs » , « les hybrides » et les « bâtards » ont pris corps parce que la plupart des fécondations croisées modernes s'effectuent entre les lignées grossièrement inférieures des races intéressées. Les résultats sont également peu satisfaisants quand les lignées dégénérées de la même race se marient entre elles.

82:6.4 Si les races actuelles d'Urantia pouvaient être libérées de la malédiction résultant de leurs classes les plus basses de spécimens dégénérés, antisociaux, mentalement débiles et déchus, il y aurait peu d'objections à une amalgamation raciale limitée. Et, si ces mélanges raciaux pouvaient prendre place entre les types tout à fait supérieurs des diverses races, cela offrirait encore moins d'inconvénients.

82:6.5 L'hybridation de souches supérieures et dissemblables est le secret pour créer des lignées nouvelles et plus vigoureuses, et cela est vrai aussi bien pour les plantes et les animaux que pour l'espèce humaine. L'hybridation augmente la vigueur et accroit la fécondité. Les mélanges raciaux des classes moyennes ou supérieures de divers peuples accroissent beaucoup le potentiel créatif, comme le montre la population actuelle des États-Unis d'Amérique du Nord. Quand ces accouplements prennent place entre individus des classes inférieures, la puissance créative est diminuée, comme on peut le voir aujourd'hui chez les peuples de l'Inde méridionale.

82:6.6 Le mélange des races contribue beaucoup à l'apparition soudaine de caractéristiques nouvelles, et, si cette hybridation est l'union des lignées supérieures, alors ces caractéristiques nouvelles seront aussi des traits supérieurs.

82:6.7 Tant que les races actuelles resteront pareillement surchargées de lignées inférieures et dégénérées, les mélanges raciaux, sur une grande échelle, seront fort préjudiciables, mais la plupart des objections à cette expérience sont fondées sur des préjugés sociaux et culturels plutôt que sur des considérations biologiques. Même parmi les souches inférieures, les hybrides sont souvent meilleures que leurs ancêtres. L'hybridation tend à améliorer l'espèce, à cause du rôle des gênes dominants. Les mélanges de races augmentent la probabilité qu'un plus grand nombre de dominants désirables soit présent chez l'hybride.

82:6.8 Au cours des cent dernières années, il s'est produit plus d'hybridations raciales que précédemment au cours de plusieurs millénaires. On a grandement exagéré le danger de voir de grossières inharmonies résulter de la fécondation croisée entre souches humaines. Les principales difficultés concernant les métis proviennent des préjugés sociaux.

82:6.9 L'expérience de Pitcairn, consistant à mêler la race blanche et la race polynésienne, eut d'assez bons résultats parce que les hommes blancs et les femmes polynésiennes provenaient de lignées raciales relativement bonnes. Les mariages mixtes entre les types les plus élevés des races blanche, rouge et jaune amèneraient immédiatement à l'existence de nombreuses caractéristiques nouvelles et biologiquement efficaces. Ces trois peuples appartiennent aux races sangiks primaires. Les croisements des races blanche et noire ne sont pas aussi souhaitables quant à leurs résultats immédiats, mais les mulâtres qui en proviennent ne sont pas aussi indésirables que les préjugés sociaux et raciaux voudraient le faire croire. Physiquement, les hybrides blancs-noirs sont d'excellents spécimens de l'humanité, nonobstant leur légère infériorité sous certains autres rapports.

82:6.10 Quand une race sangik primaire s'amalgame avec une race sangik secondaire, la dernière est considérablement améliorée aux dépens de la première. Sur une petite échelle - s'étendant sur de longues périodes de temps - il ne peut guère y avoir d'objections sérieuses à cette contribution sacrificielle des races primaires à l'amélioration des groupes secondaires. Du point de vue biologique, les Sangiks secondaires étaient, sous certains rapports, supérieurs aux races primaires.

82:6.11 Après tout, le véritable péril, pour l'espèce humaine, réside dans la prolifération désordonnée des lignées inférieures et dégénérées des divers peuples civilisés plutôt que dans le danger supposé de leur entrecroisement racial.

82:6.12 [Présenté par le Chef des Séraphins stationnés sur Urantia.]

83. L'Institution du Mariage

83:0.1 VOICI l'histoire des premiers débuts de l'institution du mariage. Elle a constamment progressé depuis les accouplements sans organisation dans la promiscuité de la horde, par de nombreuses variations et adaptations, jusqu'à l'apparition des critères de mariage qui finirent par culminer dans la réalisation des appariements, l'union d'un seul homme et d'une seule femme pour établir un foyer de l'ordre social le plus élevé.

83:0.2 Le mariage a été bien des fois en péril, et les moeurs matrimoniales ont largement fait appel au soutien de la propriété et de la religion. Toutefois, la véritable influence qui sauvegarde perpétuellement le mariage, et la famille en résultant, est le fait biologique simple et inné que les hommes et les femmes ne peuvent absolument pas se passer les uns des autres, qu'il s'agisse des sauvages les plus primitifs ou des mortels les plus cultivés.

83:0.3 C'est à cause de ses impulsions sexuelles que l'homme égoïste est entrainé à se transformer en quelque chose de mieux qu'un animal. Les rapports sexuels satisfont le corps et l'amour-propre, mais impliquent avec certitude les conséquences de l'abnégation ; ils assurent la prise en charge de devoirs altruistes et de nombreuses responsabilités familiales bénéfiques pour la race. C'est en cela que le sexe a civilisé les sauvages sans qu'ils s'en rendent compte et sans qu'ils le soupçonnent, car cette même impulsion sexuelle oblige automatiquement et infailliblement l'être humain à penser et, finalement le conduit à aimer.

83.1  Le Mariage en tant qu'Institution Sociale

83:1.1 Le mariage est le mécanisme mis en oeuvre par la société pour régler et contrôler les nombreuses relations humaines issues du fait physique de la bisexualité. En tant qu'institution, le mariage fonctionne dans deux domaines :

83:1.2 1. Dans la régulation des relations sexuelles personnelles.

83:1.3 2. Dans la régulation de la descendance, de l'héritage, de la succession et de l'ordre social, ceci étant sa fonction originelle la plus ancienne.

83:1.4 La famille, qui naît du mariage, est elle-même un stabilisateur de l'institution du mariage, au même titre que les moeurs concernant la propriété. D'autres facteurs puissants de la stabilité du mariage sont l'orgueil, la vanité, l'esprit chevaleresque, le devoir et les convictions religieuses. Mais, bien que les mariages puissent être approuvés ou désapprouvés dans les sphères supérieures, ils ne sont guère conclus dans le ciel. La famille humaine est nettement une institution humaine, un développement évolutionnaire. Le mariage est une institution de la société, il n'est pas du domaine de l'Église. Il est vrai que la religion devrait profondément l'influencer, mais elle ne devrait pas entreprendre d'être seule à le contrôler et à le réglementer.

83:1.5 Le mariage primitif était essentiellement industriel et, même dans les temps modernes, il est souvent une affaire de société ou d'intérêt. Sous l'influence du mélange de souches andites et comme conséquences des moeurs d'une civilisation en progrès, le mariage devient lentement mutuel, romantique, parental, poétique, affectueux, éthique et même idéaliste. Toutefois, la sélection et l'amour dit romantique jouaient un rôle minime dans les accouplements primitifs. Dans les temps anciens, mari et femme ne vivaient pas beaucoup ensemble ; ils ne mangeaient même pas très souvent ensemble. Chez les anciens, l'affection personnelle n'était pas fortement liée à l'attrait sexuel ; c'est surtout à cause de la vie et du travail en commun que l'affection naissait entre époux.

83.2  La Cour et les Fiançailles

83:2.1 Les mariages primitifs étaient toujours concertés par les parents du garçon et ceux de la jeune fille. Le stade de transition entre cette coutume et l'époque du libre choix fut occupé par les courtiers en mariage, ou marieurs professionnels. Ces marieurs furent d'abord les barbiers et ensuite les prêtres. Le mariage fut, à l'origine, une affaire de groupe, puis une affaire de famille ; c'est tout récemment qu'il est devenu une aventure individuelle.

83:2.2 La contrainte, et non l'attraction, était la voie d'accès au mariage primitif. Dans les temps primitifs, la femme n'avait pas un comportement sexuel réservé, mais seulement un sentiment d'infériorité sexuelle qui lui avait été inculqué par les moeurs. De même que les razzias précédèrent le commerce, de même le mariage par capture précéda le mariage par contrat. Certaines femmes étaient de connivence dans la capture afin d'échapper à la domination des hommes plus âgés de leur tribu ; elles préféraient tomber entre les mains d'hommes du même âge appartenant à une autre tribu. Ces pseudo-enlèvements furent le stade de transition entre la capture par force et la cour par le charme.

83:2.3 Un type primitif de cérémonie de mariage était la fuite simulée, une sorte de répétition de l'enlèvement, qui fut jadis de pratique courante. Plus tard, le simulacre de capture fit partie de la cérémonie régulière de mariage. Le semblant de résistance qu'oppose une fille moderne à la « capture » , sa prétendue réticence envers le mariage, sont des reliquats d'anciennes coutumes. Le transport de la mariée par-dessus le seuil est une réminiscence de nombre d'anciennes pratiques, entre autres celles de l'époque du rapt des femmes.

83:2.4 On refusa longtemps aux femmes le droit de disposer d'elles-mêmes dans le mariage, mais les femmes les plus avisées ont toujours su se soustraire à cette restriction en exerçant adroitement leur intelligence. C'est, en général, l'homme qui a pris l'initiative de la cour, mais pas toujours. Tantôt officiellement, tantôt secrètement, la femme provoque parfois le mariage. À mesure que la civilisation a progressé, les femmes ont joué un rôle croissant dans toutes les phases de la cour et du mariage.

83:2.5 L'accroissement de l'amour, du romanesque et de la sélection personnelle, dans la cour préconjugale, est un apport des Andites aux races du monde. Les relations entre les sexes évoluent favorablement ; de nombreux peuples en progrès substituent graduellement des conceptions quelque peu idéalisées d'attrait sexuel aux anciens mobiles d'utilité et de propriété. Les impulsions sexuelles et les sentiments affectifs commencent à remplacer les froids calculs dans le choix des partenaires de la vie.

83:2.6 À l'origine, les fiançailles équivalaient au mariage, et, chez les peuples primitifs, les rapports sexuels étaient classiques durant le temps des promesses. À une époque récente, la religion a établi un tabou sexuel sur la période comprise entre les fiançailles et le mariage.

83.3  L'Achat et la Dot

83:3.1 Les anciens se méfiaient de l'amour et des promesses ; ils estimaient que les unions durables devaient être garanties par quelque sécurité tangible - par un avoir. Pour cette raison, le prix d'achat d'une femme était considéré comme un forfait, un dépôt, que le mari était condamné à perdre en cas de divorce ou d'abandon. Une fois que le prix d'achat d'une jeune mariée avait été payé, de nombreuses tribus permettaient au mari de la marquer au fer rouge. Les Africains achètent encore leurs femmes. Ils comparent une femme qui épouse par amour, ou une femme d'homme blanc, à un chat, parce qu'elle ne coute rien à acheter.

83:3.2 Les exhibitions de femmes à marier étaient des occasions d'habiller et de parer les filles pour les montrer en public, avec l'espoir qu'on les achèterait plus cher comme épouses. Toutefois, on ne les vendait pas comme du bétail - dans les tribus plus évoluées, les femmes ainsi achetées n'étaient pas transférables. Leur acquisition n'était pas non plus toujours une affaire d'argent conclue de sang-froid ; les services équivalaient à l'argent pour l'achat d'une femme. Si un homme, par ailleurs désirable, ne pouvait payer le prix de sa femme, il était susceptible d'être adopté comme fils par le père de la jeune fille, et pouvait alors l'épouser. Si un homme pauvre recherchait une femme et ne pouvait faire face au prix demandé par un père cupide, les anciens de la tribu exerçaient souvent une pression sur le père pour lui faire modifier ses exigences, faute de quoi il risquait de voir sa fille enlevée.

83:3.3 Quand la civilisation fit des progrès, les pères n'aimèrent plus avoir l'air de vendre leurs filles ; alors, tout en continuant à accepter le prix d'achat de la mariée, ils inaugurèrent la coutume de donner au couple des cadeaux d'une valeur à peu près équivalente au prix d'achat. Plus tard, quand on cessa de payer pour obtenir une femme, ces présents devinrent la dot de la mariée.

83:3.4 L'idée d'une dot était destinée à donner l'impression que la mariée était indépendante, à faire comprendre que l'on était très éloigné de l'époque des femmes esclaves et des compagnes possédées en toute propriété. Un homme ne pouvait divorcer d'avec une femme dotée sans rembourser entièrement la dot. Dans certaines tribus, on établissait réciproquement, chez les parents de la fiancée et du fiancé un dépôt qui restait acquis à la famille en cas de séparation ; c'était en réalité un contrat de mariage. Durant la période de transition entre la coutume de l'achat et la coutume de la dot, les enfants appartenaient au père si la femme avait été achetée ; dans le cas contraire, ils appartenaient à la famille de la femme.

83.4  La Cérémonie du Mariage

83:4.1 La cérémonie du mariage naquit du fait que le mariage était originellement une affaire de la communauté, et non simplement le point culminant d'une décision de deux personnes. L'accouplement intéressait le groupe, tout en étant une fonction personnelle.

83:4.2 Toute la vie des anciens était entourée de magie, de rites et de cérémonies, et le mariage ne faisait pas exception. À mesure que la civilisation progressa et que le mariage fut pris plus au sérieux, la cérémonie du mariage devint de plus en plus ostentatoire. Les mariages primitifs jouaient, comme d'ailleurs aujourd'hui, un rôle dans le droit de propriété des biens ; ils nécessitaient donc une cérémonie légale, et le statut social des enfants à venir exigeait la plus large publicité possible. Les hommes primitifs n'avaient pas d'archives ; il fallait qu'il y eût de nombreux témoins à la cérémonie du mariage.

83:4.3 Au début, la cérémonie du mariage avait plutôt le caractère de fiançailles et consistait seulement en la notification publique de l'intention de vivre ensemble ; plus tard, elle consista en un repas officiel pris en commun. Dans certaines tribus, les parents se bornaient à amener leur fille à son mari ; dans d'autres cas, la seule cérémonie était l'échange officiel de cadeaux, après quoi le père de la mariée la donnait à l'époux. Chez beaucoup de peuples levantins, on avait coutume de se dispenser de toute formalité ; le mariage était consommé par les rapports sexuels. Les hommes rouges furent les premiers à instituer des cérémonies de mariage plus compliquées.

83:4.4 On craignait beaucoup l'absence d'enfants et, comme la stérilité était attribuée à des machinations d'esprits, les efforts pour assurer la fécondité conduisirent aussi à associer le mariage à certains rites magiques ou religieux. On employait de nombreuses amulettes dans cet effort pour garantir un mariage heureux et fécond ; on consultait même les astrologues pour vérifier l'horoscope des parties contractantes. À une certaine époque, les sacrifices humains firent régulièrement partie de tous les mariages entre gens riches.

83:4.5 On cherchait les jours de chance. On considérait le jeudi comme le plus favorable, et l'on croyait que les mariages célébrés à la pleine lune étaient exceptionnellement fortunés. De nombreux peuples du Proche-Orient avaient coutume de jeter des graines sur les nouveaux mariés ; c'était un rite magique censé assurer la fécondité. Certains peuples orientaux utilisaient du riz à cet effet.

83:4.6 Le feu et l'eau furent toujours considérés comme les meilleurs moyens de résister aux fantômes et aux mauvais esprits. En conséquence, on mettait généralement en évidence, dans les mariages, des feux sur les autels et des chandelles allumées, et l'on faisait des aspersions baptismales d'eau bénite. Pendant longtemps, on eut coutume de fixer une fausse date de mariage, et ensuite de retarder soudain l'événement pour faire perdre la piste aux fantômes et aux esprits.

83:4.7 Les taquineries faites aux nouveaux mariés et les mauvais tours joués aux couples en lune de miel sont des survivances des jours fort lointains où l'on croyait qu'il était bon de paraître misérable et mal à l'aise devant les esprits pour éviter d'exciter leur envie. Le port du voile de mariée est un vestige de l'époque où l'on estimait nécessaire de déguiser une jeune femme afin que les fantômes ne puissent pas la reconnaître, et aussi pour cacher sa beauté aux regards des esprits qui risqueraient d'en être envieux ou jaloux. Il ne fallait jamais que les pieds de la mariée touchent le sol juste avant la cérémonie. Même au XXe siècle et sous les moeurs chrétiennes, la coutume subsiste d'étendre des tapis depuis le point d'arrivée de la voiture jusqu'à l'autel.

83:4.8 L'une des plus anciennes formes de cérémonie du mariage consistait à faire bénir le lit conjugal par un prêtre pour assurer la fécondité de l'union ; cela se pratiqua longtemps avant l'établissement d'un rituel officiel quelconque pour le mariage. Durant cette période dans l'évolution des moeurs matrimoniales, on comptait que les invités aux noces défileraient la nuit dans la chambre nuptiale, devenant ainsi des témoins légaux de la consommation du mariage.

83:4.9 L'élément chance, qui malgré toutes les épreuves prénuptiales faisait mal tourner certains mariages, conduisit les hommes primitifs à rechercher une assurance pour se protéger contre les échecs matrimoniaux en ayant recours aux prêtres et à la magie. Ce mouvement atteignit directement son apogée dans les mariages modernes à l'église. Pendant longtemps, on reconnut généralement le mariage comme consistant dans les décisions des parents contractants - et plus tard du couple - tandis qu'au cours des cinq-cents dernières années, l'Église et l'État ont assumé la juridiction et prétendent maintenant sceller les mariages.

83.5  Les Mariages Pluraux

83:5.1 Dans l'histoire des débuts du mariage, les femmes non mariées appartenaient aux hommes de la tribu. Plus tard, les femmes n'eurent qu'un mari à la fois. Cette pratique d'un-seul-homme-à-la-fois fut le premier pas pour s'écarter de la promiscuité de la horde. Bien qu'une femme n'eût droit qu'à un seul homme, son mari pouvait rompre à volonté ces relations temporaires, mais ces associations vaguement réglementées constituèrent la première étape vers la vie de couple, en contraste avec la vie de horde. Au cours de ce stade de développement du mariage, les enfants appartenaient généralement à leur mère.

83:5.2 L'étape suivante de l'évolution de l'accouplement fut le mariage collectif. Il fallait que cette phase communautaire du mariage intervînt dans le développement de la vie de famille, parce que les moeurs du mariage n'étaient pas encore assez puissantes pour rendre permanentes les associations de couples. Les mariages de frères et de soeurs appartenaient à ce groupe ; par exemple, cinq frères d'une famille épousaient cinq soeurs d'une autre. Dans le monde entier, les vagues formes du mariage communautaire se transformèrent graduellement en divers types de mariages collectifs. Ces associations de groupes étaient largement régies par les moeurs totémiques. La vie de famille se développa lentement et sûrement parce que la réglementation relative à la sexualité et au mariage favorisait la survie de la tribu elle-même en assurant la survivance d'un plus grand nombre d'enfants.

83:5.3 Les mariages collectifs cédèrent graduellement le pas aux pratiques émergentes de polygamie - de polygynie et de polyandrie - parmi les tribus les plus évoluées. La polyandrie ne fut jamais très répandue. Elle se limitait ordinairement aux reines et aux femmes riches ; en outre, elle était généralement une affaire de famille, une femme pour plusieurs frères. Les restrictions de caste et d'économie obligèrent parfois plusieurs hommes à se contenter d'une seule femme. Même alors, la femme n'en épousait qu'un ; les autres étaient vaguement tolérés comme « oncles » de la progéniture commune.

83:5.4 La coutume juive voulait qu'un homme épouse la veuve de son frère décédé en vue de « susciter une semence pour son frère » ; elle était pratiquée dans plus de la moitié du monde de l'antiquité. C'était une survivance du temps où le mariage était une affaire de famille plutôt qu'une association individuelle.

83:5.5 L'institution de la polygynie reconnut, à diverses époques, quatre sortes de femmes :

83:5.6 1. Les femmes rituelles ou légales.

83:5.7 2. Les femmes aimées et permises.

83:5.8 3. Les concubines, les femmes contractuelles.

83:5.9 4. Les femmes esclaves.

83:5.10 La véritable polygynie, où toutes les femmes ont le même statut et où les enfants sont égaux, a été fort rare. Habituellement, et même dans le cas des mariages pluraux, le foyer était dominé par la femme principale, la compagne statutaire. Elle seule avait été mariée selon une cérémonie rituelle, et seuls les enfants de cette épouse achetée ou dotée pouvaient hériter, à moins d'un accord spécial avec elle.

83:5.11 La femme statutaire n'était pas nécessairement la femme aimée ; dans les temps primitifs, elle ne l'était généralement pas. La femme aimée, ou amoureuse, ne fit pas son apparition avant que les races eussent considérablement évolué, plus spécialement après le mélange des tribus évolutionnaires avec les Nodites et les Adamites.

83:5.12 La femme tabou - l'unique femme ayant statut légal - créa les moeurs de concubinage sous lesquelles un homme ne pouvait avoir qu'une seule épouse, mais pouvait entretenir des relations sexuelles avec n'importe quel nombre de concubines. Le concubinage fut le tremplin de la monogamie, le premier pas s'écartant de la franche polygynie. Les concubines des Juifs, des Romains et des Chinois étaient très fréquemment les servantes de la femme. Plus tard, comme chez les Juifs, la femme légale fut considérée comme la mère de tous les enfants engendrés par le mari.

83:5.13 Les anciens tabous interdisant les rapports sexuels avec une femme enceinte ou allaitant tendirent beaucoup à encourager la polygynie. Les femmes primitives vieillissaient de très bonne heure à cause de leurs fréquentes grossesses doublées d'un dur travail. (Ces femmes surmenées ne réussissaient à se maintenir en vie que grâce au fait qu'on les isolait une semaine par mois quand elles n'étaient pas enceintes.) Ces épouses se lassaient fréquemment de mettre des enfants au monde et demandaient à leur mari de prendre une seconde femme plus jeune, capable de participer à la conception des enfants et aux travaux ménagers. Les nouvelles femmes étaient donc généralement accueillies avec joie par les anciennes épouses ; il n'existait rien qui ressemblât à la jalousie sexuelle.

83:5.14 Le nombre des femmes n'était limité que par l'aptitude de l'homme à les entretenir. Les hommes riches et capables voulaient un grand nombre d'enfants, et, comme la mortalité infantile était très élevée, il fallait un groupe de femmes pour recruter une grande famille. Beaucoup de ces femmes plurales étaient de simples ouvrières, des femmes esclaves.

83:5.15 Les coutumes humaines évoluent, mais très lentement. Le but du harem était de bâtir un groupe vigoureux et nombreux de personnes de même sang pour étayer le trône. Un certain chef fut jadis convaincu qu'il ne devait plus avoir de harem et se contenter d'une seule femme ; il renvoya donc promptement les femmes de son harem, qui retournèrent mécontentes dans leurs foyers ; les familles offensées se précipitèrent en colère sur le chef et le tuèrent séance tenante.

83.6  La Véritable Monogamie - Le Mariage d'un Couple

83:6.1 Monogamie égale monopole. La monogamie est bonne pour ceux qui atteignent cet état désirable, mais elle tend à imposer une privation biologique à ceux qui ne sont pas aussi fortunés. Tout à fait indépendamment de son effet sur l'individu, la monogamie est incontestablement la meilleure formule pour les enfants.

83:6.2 La monogamie la plus primitive résulta de la force des circonstances, de la pauvreté. La monogamie est culturelle et sociale, artificielle et contre nature, c'est-à-dire contraire à la nature de l'homme évolutionnaire. Elle était entièrement naturelle chez les Nodites et les Adamites les plus purs, et fut d'une grande valeur culturelle pour toutes les races évoluées.

83:6.3 Les tribus chaldéennes reconnaissaient à une femme le droit d'imposer à son mari un engagement prénuptial de ne prendre ni une seconde femme ni une concubine. Les Grecs et les Romains favorisèrent les mariages monogames. La monogamie a toujours été encouragée par le culte des ancêtres, ainsi que par l'erreur chrétienne consistant à considérer le mariage comme un sacrement. Même l'élévation du niveau de vie a constamment milité contre la pluralité des femmes. À l'époque de la venue de Micaël sur Urantia, pratiquement tout le monde civilisé avait atteint le niveau de monogamie théorique ; mais cette monogamie passive ne signifiait pas que l'humanité se fût habituée à la pratique des vrais mariages monogames.

83:6.4 Tout en poursuivant le but monogamique du mariage idéal des couples, qui après tout se rapproche d'une association sexuelle monopolisatrice, la société ne doit pas négliger la situation peu enviable des hommes et des femmes infortunés qui ne réussissent pas à trouver une place dans ce nouvel ordre social amélioré, même s'ils ont fait de leur mieux pour coopérer avec ses exigences et s'y conformer. Le fait de ne pas réussir à trouver un conjoint dans le cadre social de la concurrence peut tenir à des difficultés insurmontables ou aux multiples restrictions imposées par les moeurs courantes. Il est vrai que la monogamie est idéale pour ceux qui en jouissent, mais elle impose inévitablement de grandes privations à ceux qui sont laissés en dehors dans le froid de l'existence solitaire.

83:6.5 Il a toujours fallu qu'une minorité malheureuse souffre pour que la majorité puisse progresser sous l'empire des moeurs en amélioration de la société évoluante ; mais la majorité favorisée devrait toujours regarder avec bonté et considération les compagnons moins heureux qui doivent payer le prix exigé de ceux qui n'ont pas réussi à devenir membres de ces associations sexuelles idéales satisfaisant tous les besoins biologiques sous la sanction des moeurs les plus élevées de l'évolution sociale en progrès.

83:6.6 La monogamie a toujours été le but idéaliste de l'évolution sexuelle humaine ; elle l'est encore et le sera toujours. Cet idéal du véritable mariage d'un couple implique l'abnégation, et c'est pourquoi le mariage échoue si souvent, simplement parce que l'une des deux parties contractantes, ou les deux, sont déficientes dans la plus grande des vertus humaines, l'austère maitrise de soi.

83:6.7 La monogamie est l'étalon qui mesure le progrès de la civilisation sociale, par opposition à l'évolution purement biologique. La monogamie n'est pas nécessairement biologique ou naturelle, mais elle est indispensable au maintien immédiat et au développement ultérieur de la civilisation sociale. Elle concourt à une délicatesse de sentiments, à un raffinement du caractère moral et à une croissance spirituelle qui sont absolument impossibles en polygamie. Une femme ne peut jamais devenir une mère idéale quand elle est constamment obligée d'entrer en rivalité pour garder l'affection de son mari.

83:6.8 Le mariage d'un couple favorise et encourage la compréhension intime et la coopération efficace, qui sont les meilleures choses pour le bonheur des parents, le bien-être des enfants et l'utilité sociale. Le mariage, qui a commencé par une grossière contrainte, évolue graduellement en une magnifique institution de culture de soi, de maitrise de soi, d'expression de soi et de perpétuation de soi.

83.7  La Dissolution du Lien Conjugal

83:7.1 Dans l'évolution primitive des moeurs matrimoniales, le mariage était une vague union qui pouvait prendre fin à volonté, et les enfants suivaient toujours la mère ; le lien entre mère et enfant est instinctif et il a fonctionné sans tenir compte du stade de développement des moeurs.

83:7.2 Chez les peuples primitifs, environ la moitié seulement des mariages se révélait satisfaisante. La cause la plus fréquente de séparation était la stérilité, dont on rejetait toujours la faute sur la femme ; on croyait que les femmes sans enfants devenaient des serpents dans le monde des esprits. Sous les moeurs plus primitives, seul l'homme avait la faculté d'obtenir le divorce, et cette mesure a persisté jusqu'au vingtième siècle chez quelques peuples.

83:7.3 Avec l'évolution des moeurs, certaines tribus établirent deux formes de mariage : la forme courante qui permettait le divorce, et le mariage sacerdotal qui interdisait la séparation. L'inauguration de l'achat des femmes et de la dot des femmes contribua beaucoup à réduire les séparations en introduisant des dommages-intérêts en biens matériels pour l'échec du mariage. En vérité, bien des unions modernes sont stabilisées par cet ancien facteur de la propriété.

83:7.4 La pression sociale du statut dans la communauté et des privilèges de propriété a toujours été puissante pour maintenir les tabous et les moeurs du mariage. Au long des âges, le mariage a fait de constants progrès et se trouve à l'avant-garde dans le monde moderne, bien qu'il soit attaqué de façon menaçante par un mécontentement très répandu chez les peuples où le choix individuel - qui est une nouvelle liberté - joue un rôle prépondérant. Ces bouleversements d'adaptation apparaissent chez les races les plus progressives par suite de l'accélération soudaine de l'évolution sociale, mais, chez les peuples moins avancés, le mariage continue à prospérer et à s'améliorer lentement sous la gouverne des anciennes moeurs.

83:7.5 La substitution nouvelle et subite du mobile d'amour plus idéal, mais extrêmement individualiste, remplaçant l'ancien motif de la propriété établi depuis longtemps, a provoqué inévitablement une instabilité temporaire dans l'institution du mariage. Les mobiles de l'homme pour se marier ont toujours transcendé de loin la morale matrimoniale effective. En Occident, au dix-neuvième et au vingtième siècle, l'idéal du mariage a soudain dépassé de beaucoup les impulsions sexuelles égocentriques et seulement partiellement contrôlées des races. La présence, dans une société, d'un grand nombre de personnes non mariées dénote un effondrement temporaire ou une transition des moeurs.

83:7.6 Tout au long des âges, la vraie pierre de touche du mariage a été l'intimité continuelle inéluctable dans toute vie de famille. Deux jeunes gens dorlotés et gâtés, élevés en comptant sur toutes les indulgences et sur la pleine satisfaction de leur ego et de leur vanité, ne peuvent guère espérer une grande réussite dans le mariage et l'édification d'un foyer - une association pour toute une vie d'abnégation, de compromis, de dévouement et de consécration généreuse à la culture des enfants.

83:7.7 Le haut degré d'imagination et le romanesque fantastique déployés pour se faire la cour sont largement responsables de l'accroissement de la tendance au divorce chez les peuples occidentaux modernes ; le tableau est encore compliqué par la plus grande liberté des femmes et leur indépendance économique accrue. Le divorce facile, quand il résulte d'un manque de maitrise de soi ou du défaut d'adaptation normale de la personnalité, ramène tout droit aux anciens stades grossiers de la société, d'où les hommes ont émergé si récemment à la suite de tant d'angoisses personnelles et de souffrances raciales.

83:7.8 Tant que la société ne réussira pas à élever convenablement les enfants et les jeunes gens, tant qu'elle ne procurera pas une éducation prénuptiale appropriée et tant que l'idéalisme d'une jeunesse dépourvue de sagesse et de maturité sera l'arbitre de l'entrée dans le mariage, le divorce continuera à prévaloir. Dans la mesure où le groupe social ne parvient pas à préparer les jeunes au mariage, il faut que le divorce fonctionne comme soupape de sureté pour empêcher des situations encore pires au cours des âges de développement rapide des moeurs en évolution.

83:7.9 Les anciens paraissent avoir considéré le mariage avec presque autant de sérieux que certains peuples d'aujourd'hui. Il ne semble pas que beaucoup de mariages hâtifs et malheureux des temps modernes représentent une amélioration par rapport aux pratiques anciennes qualifiant les jeunes gens et les jeunes filles pour s'unir. Le grand illogisme de la société moderne consiste à exalter l'amour et idéaliser le mariage tout en désapprouvant l'analyse approfondie de l'amour et du mariage.

83.8  L'Idéalisation du Mariage

83:8.1 Le mariage qui s'épanouit en un foyer est, en vérité, la plus sublime institution humaine, mais il est essentiellement humain ; on n'aurait jamais dû le qualifier de sacrement. Les prêtres séthites firent du mariage un rituel religieux, mais, pendant des milliers d'années après Éden, le mariage s'était perpétué comme une institution purement sociale et civile.

83:8.2 L'assimilation d'associations humaines à des associations divines est fort malheureuse. L'union du mari et de la femme dans la relation du mariage et du foyer est une fonction matérielle des mortels des mondes évolutionnaires. Il est vrai que bien des progrès spirituels peuvent intervenir comme conséquence des sincères efforts humains d'un homme et d'une femme pour évoluer, mais cela ne signifie pas que le mariage soit nécessairement sacré. Le progrès spirituel accompagne le zèle sincère manifesté dans d'autres orientations de l'effort humain.

83:8.3 Le mariage ne peut pas non plus être vraiment comparé aux relations de l'Ajusteur avec un homme, ni à la fraternité du Christ Micaël avec ses frères humains. Ces rapports n'ont presque aucun point commun comparable à l'association du mari et d'une femme. Il est fort malheureux que la conception humaine erronée de ces relations ait provoqué tant de confusion sur le statut du mariage.

83:8.4 Il est également fâcheux que certains groupes de mortels aient imaginé que le mariage était consommé par un acte divin. De telles croyances conduisent directement au concept de l'indissolubilité du lien conjugal sans souci des circonstances ou des désirs des parties contractantes. Mais le fait même qu'un mariage puisse être dissous montre que la Déité n'est pas partie conjointe à cette union. Si Dieu a une fois réuni deux choses ou deux personnes, elles resteront ainsi jointes jusqu'au moment où la volonté divine décrétera leur séparation. En ce qui concerne le mariage, qui est une institution humaine, qui donc prétendra émettre un jugement pour distinguer les unions susceptibles d'être approuvées par les superviseurs de l'univers d'avec celles dont la nature et l'origine sont purement humaines ?

83:8.5 Néanmoins, il existe un idéal du mariage dans les sphères supérieures. Sur la capitale de chaque système local, les Fils et les Filles Matériels de Dieu dépeignent effectivement la hauteur des idéaux de l'union d'un homme et d'une femme dans les liens du mariage quand ils ont le dessein de procréer et d'élever une descendance. Après tout, le mariage idéal des mortels est humainement sacré.

83:8.6 Le mariage a toujours été et reste encore le rêve humain suprême de l'idéal temporel. Bien que ce beau rêve soit rarement réalisé intégralement, il persiste comme un glorieux idéal, attirant toujours l'humanité progressante vers de plus grands efforts pour le bonheur des hommes. Mais il faudra donner quelques notions des réalités du mariage aux jeunes hommes et aux jeunes filles avant qu'ils ne soient plongés dans les exigences astreignantes des associations de la vie de famille ; l'idéalisation des jeunes devrait être tempérée par un certain degré de dégrisement prénuptial.

83:8.7 Il ne faudrait pas toutefois décourager l'idéalisation juvénile du mariage ; ces rêves sont l'évocation du but futur de la vie de famille. Cette attitude est à la fois stimulante et utile, pourvu qu'elle ne vous rende pas insensible à la réalisation des nécessités pratiques et ordinaires du mariage et de la vie de famille qui s'ensuit.

83:8.8 Les idéaux du mariage ont récemment fait de grands progrès ; chez certains peuples, les femmes jouissent de droits pratiquement égaux à ceux de leur conjoint. Au moins en concept, la vie de famille devient une association loyale pour élever des enfants, avec accompagnement de fidélité sexuelle. Toutefois, même cette version plus nouvelle du mariage ne doit pas prétendre aller à l'extrême au point de conférer un monopole mutuel de toute la personnalité et de toute l'individualité. Le mariage n'est pas simplement un idéal individualiste, il est l'association sociale évoluante d'un homme et d'une femme, existant et fonctionnant sous l'empire des moeurs courantes, limitée par les tabous et appuyée par les lois et règles de la société.

83:8.9 Les mariages du vingtième siècle sont à un niveau élevé comparativement à ceux des âges passés, bien que l'institution du foyer soit actuellement mise à rude épreuve. Elle doit faire face aux problèmes si soudainement imposés à l'organisation sociale par l'accroissement précipité des libertés de la femme, par l'octroi des droits qui lui ont été si longtemps refusés au cours de la lente évolution des moeurs dans les générations passées.

83:8.10 [Présenté par le Chef des Séraphins stationnés sur Urantia.]

84. Le Mariage et la Vie Familiale

84:0.1 LA NÉCESSITÉ matérielle a fondé le mariage, l'appétit sexuel l'a embelli, la religion l'a sanctionné et exalté, l'État l'a exigé et réglementé. Au cours des temps récents, l'amour en évolution commence à justifier et à glorifier le mariage comme ancêtre et créateur du foyer, l'institution la plus utile et la plus sublime de la civilisation. L'édification des foyers devrait être le centre et l'essence de tous les efforts éducatifs.

84:0.2 L'accouplement est purement un acte de perpétuation de soi associé à divers degrés de satisfaction du moi. Le mariage, l'édification d'un foyer, est largement une affaire de préservation de soi, et il implique l'évolution de la société. La société elle-même est un assemblage structurel d'unités familiales. En tant que facteurs planétaires, les individus sont très temporaires - seules les familles sont les agents de continuité dans l'évolution sociale. La famille est le chenal par lequel le fleuve de culture et de connaissance coule d'une génération à la suivante.

84:0.3 Le foyer est fondamentalement une institution sociologique. Le mariage est issu de la coopération pour se sustenter et de l'association pour se perpétuer, la satisfaction du moi y étant accessoire dans l'ensemble. Néanmoins, le foyer englobe les trois fonctions essentielles de l'existence humaine, tandis que la propagation de la vie en fait l'institution fondamentale des hommes, et que la relation sexuelle le distingue de toutes les autres activités sociales.

84.1  Les Couples Primitifs

84:1.1 Le mariage n'a pas été fondé sur les relations sexuelles ; elles n'y ont joué qu'un rôle secondaire. L'homme primitif n'avait pas besoin du mariage ; il donnait libre cours à son appétit sexuel sans s'encombrer des responsabilités d'un foyer, d'une femme et d'enfants.

84:1.2 En raison de son attachement physique et émotionnel à ses enfants, la femme dépend de la coopération de l'homme et se trouve poussée à rechercher l'abri protecteur du mariage. Mais aucun besoin biologique ne poussa l'homme au mariage - et encore bien moins ne l'y retint. Ce ne fut pas l'amour qui rendit le mariage séduisant pour l'homme ; ce fut la faim qui attira d'abord le sauvage vers la femme et vers l'abri primitif qu'elle partageait avec ses enfants.

84:1.3 Ce ne fut même pas la réalisation consciente des obligations résultant des relations sexuelles qui amena le mariage. L'homme primitif ne comprenait pas le rapport entre l'assouvissement sexuel et la naissance ultérieure d'un enfant. Jadis la croyance qu'une vierge pouvait devenir enceinte fut universelle. Les sauvages conçurent, de bonne heure, l'idée que les bébés étaient conçus dans le pays des esprits ; on croyait que la grossesse résultait de la pénétration, chez une femme, d'un esprit, d'un fantôme en évolution. On croyait aussi que le régime alimentaire et le mauvais oeil pouvaient féconder une vierge ou une femme non mariée. Des croyances ultérieures relièrent les commencements de la vie à la respiration et à la lumière du soleil.

84:1.4 Nombre de peuplades primitives associaient les fantômes à la mer ; on imposait donc de grandes restrictions aux baignades des vierges ; les jeunes filles avaient beaucoup plus peur de se baigner dans la mer à marée haute que d'avoir des relations sexuelles. Les enfants difformes ou prématurés étaient considérés comme des petits d'animaux qui avaient trouvé moyen d'entrer dans le corps d'une femme par suite de baignades imprudentes ou d'activités malveillantes des esprits. Bien entendu, les sauvages n'attachaient aucune importance au fait d'étrangler ces bébés à leur naissance.

84:1.5 La première étape clarificatrice vint avec la croyance que les rapports sexuels ouvraient au fantôme fécondateur le chemin pour pénétrer dans la femme. Depuis lors, les hommes ont découvert que le père et la mère contribuent à égalité aux facteurs héréditaires vivants qui déclenchent le processus d'une naissance. Cependant, même au XXe siècle de notre ère, de nombreux parents s'efforcent encore de laisser leurs enfants dans une plus ou moins grande ignorance au sujet de l'origine de la vie humaine.

84:1.6 Une sorte de famille simple fut assurée par le fait que la fonction reproductrice implique la relation mère-enfant. L'amour maternel est instinctif ; il n'a pas, comme le mariage, tiré son origine des moeurs. L'amour maternel de tous les mammifères est le don inhérent des esprits-mentaux adjuvats de l'univers local ; la force et le dévouement de cet amour sont toujours directement proportionnels à la durée pendant laquelle les petits de l'espèce ne peuvent se passer de l'aide parentale.

84:1.7 La relation de mère à enfant est naturelle, forte et instinctive, et, en conséquence, elle contraignait les mères primitives à se soumettre à de nombreuses conditions étranges et à subir des épreuves d'une indicible sévérité. Cette contrainte de l'amour maternel est le sentiment qui a, de tout temps, handicapé la femme et l'a tellement désavantagée au cours de toutes ses luttes avec l'homme. Malgré cela, l'instinct maternel, chez l'espèce humaine, n'est pas irrésistible ; il peut être contrecarré par l'ambition, l'égoïsme et les convictions religieuses.

84:1.8 L'association mère-enfant n'est ni un mariage ni un foyer, mais elle est le noyau à partir duquel les deux se développèrent. Le grand progrès dans l'évolution des couples survint quand ces associations temporaires durèrent assez longtemps pour élever la progéniture qui en résultait, car c'est en cela que consiste la création des foyers.

84:1.9 Indépendamment des antagonismes entre ces partenaires primitifs, et nonobstant le caractère inconsistant de leur association, les chances de survie d'un homme et d'une femme furent considérablement accrues par leur union. Même en dehors de la famille et de la descendance, un homme et une femme qui coopèrent sont, dans la plupart de leurs actions, très supérieurs à deux hommes ou deux femmes. Le couplage des sexes accrut la survie et fut le tout début de la société humaine. La division du travail entre sexes apporta aussi du confort et un bonheur accru.

84.2  Le Matriarcat Primitif

84:2.1 Les hémorragies périodiques des femmes et leurs pertes de sang additionnelles lors de la parturition firent croire, de bonne heure, que le sang était le créateur de l'enfant (et même le siège de l'âme) ; elles donnèrent origine au concept du lien du sang dans les relations humaines. Aux époques primitives, on comptait toute la généalogie dans la ligne féminine, car c'était la seule partie de l'hérédité dont on fût tout à fait certain.

84:2.2 La famille primitive, naissant du lien de sang biologique instinctif entre la mère et l'enfant, était inévitablement un matriarcat, et de nombreuses tribus conservèrent longtemps cet arrangement. Le matriarcat était la seule transition possible entre le stade du mariage collectif dans la horde et le stade ultérieur et amélioré de la vie au foyer dans les familles patriarcales polygames et monogames. Le matriarcat était naturel et biologique ; le patriarcat est social, économique et politique. La persistance du matriarcat parmi les hommes rouges de l'Amérique du Nord fut l'une des principales raisons pour lesquelles les Iroquois, par ailleurs progressifs, ne formèrent jamais un véritable État.

84:2.3 Sous les moeurs matriarcales, la mère de la femme jouissait, au foyer, d'une autorité pratiquement suprême ; même les frères de la femme et leurs fils jouaient dans la supervision de la famille un rôle plus actif que le mari. Les pères recevaient souvent un nouveau nom d'après celui de leurs propres enfants.

84:2.4 Les races les plus primitives attribuaient peu de crédit au père et considéraient l'enfant comme provenant entièrement de la mère. Elles croyaient que les enfants ressemblaient au père à cause de l'association, ou qu'ils étaient « marqués » de cette manière parce que la mère désirait cette ressemblance. Plus tard, quand on passa du matriarcat au patriarcat, le père prit tout le crédit pour l'enfant, et de nombreux tabous sur la femme enceinte furent ensuite étendus pour y inclure son mari. Lorsque l'heure de la délivrance approchait, le futur père cessait de travailler. Au moment de l'accouchement, il allait se coucher avec la femme et restait trois à huit jours à se reposer. La femme pouvait se lever le lendemain et reprendre de durs travaux, mais le mari restait au lit pour recevoir des félicitations. Tout ceci faisait partie des moeurs primitives destinées à établir les droits du père sur l'enfant.

84:2.5 Au début, la coutume voulait que l'homme rejoigne la famille de sa femme, mais, plus tard, quand un homme avait payé en argent ou en travail le prix de la mariée, il pouvait ramener sa femme et ses enfants dans son groupe. La transition du matriarcat au patriarcat explique les interdits, autrement dépourvus de sens, contre certains types de mariages entre cousins, alors que d'autres, comportant le même degré de parenté, sont approuvés.

84:2.6 Avec la disparition des moeurs des chasseurs, quand l'élevage donna à l'homme le contrôle de la principale source de nourriture, le matriarcat prit rapidement fin. Il échoua simplement parce qu'il ne pouvait concurrencer la nouvelle famille gouvernée par le père. Le pouvoir détenu par les proches parents mâles de la mère ne pouvait dominer le pouvoir concentré chez le mari-père. La femme ne pouvait suffire aux tâches combinées de mettre des enfants au monde et d'exercer une autorité continue et un commandement accru dans le ménage. La pratique du rapt des femmes et, plus tard, celle de l'achat des épouses hâtèrent la disparition du matriarcat.

84:2.7 Le prodigieux passage du matriarcat au patriarcat est l'une des volte-face adaptatives les plus radicales et les plus complètes que la race humaine ait jamais exécutées. Ce changement produisit immédiatement un accroissement d'expressions sociales et d'aventures familiales.

84.3  La Famille sous la Domination du Père

84:3.1 Il se peut que l'instinct de maternité ait conduit la femme au mariage, mais ce furent la force supérieure de l'homme associée à l'influence des moeurs qui l'obligèrent pratiquement à rester mariée. La vie pastorale tendait à créer un nouveau système de moeurs, le type patriarcal de vie de famille ; la base de l'unité familiale, selon les moeurs de l'époque de l'élevage et de l'agriculture primitifs, était l'autorité indiscutée et arbitraire du père. Toute société, qu'elle fût nationale ou familiale, passa par le stade d'une autorité autocratique d'ordre patriarcal.

84:3.2 Le peu de courtoisie, témoigné aux femmes durant l'ère de l'Ancien Testament, est un vrai reflet des moeurs des gardiens de troupeaux. Les patriarches hébreux étaient tous des gardiens de troupeaux, ainsi qu'en témoigne l'adage : « Le Seigneur est mon berger. »

84:3.3 Toutefois, l'homme ne mérite pas plus d'être blâmé, pour sa piètre estime de la femme durant les âges passés, que la femme elle-même. Elle ne réussit pas à obtenir la récognition sociale aux époques primitives parce qu'elle n'agissait pas en cas d'urgence ; elle ne faisait pas impression et n'était pas une héroïne en cas de crise. La maternité était nettement un désavantage dans la lutte pour la vie ; l'amour maternel handicapait les femmes dans la défense de la tribu.

84:3.4 Les femmes primitives se mirent involontairement aussi sous la dépendance des mâles en admirant et applaudissant leur combativité et leur virilité. Cette exaltation du guerrier rehaussa les égos masculins et déprima d'autant celui des femmes et les rendit plus dépendantes. Un uniforme militaire soulève encore puissamment les émotions féminines.

84:3.5 Chez les races les plus évoluées, les femmes ne sont ni aussi grandes ni aussi fortes que les hommes. Étant la plus faible, la femme acquit plus de tact ; elle apprit de bonne heure à jouer de ses charmes sexuels. Elle devint plus alerte et plus conservatrice que l'homme, quoique légèrement moins profonde. L'homme était supérieur à la femme sur le champ de bataille et à la chasse, mais, au foyer, la femme reprenait généralement le commandement, même sur les hommes les plus primitifs.

84:3.6 Les pâtres comptaient sur leurs troupeaux pour se sustenter, mais, au cours de tous ces âges pastoraux, les femmes devaient encore fournir la nourriture végétale. Les hommes primitifs se dérobaient au travail de la terre, qui était beaucoup trop pacifique et dépourvu d'aventures. Une vieille superstition assurait aussi que les femmes faisaient pousser de meilleures plantes que les hommes ; elles étaient des mères. Dans bien des tribus arriérées d'aujourd'hui, les hommes font cuire la viande et les femmes les légumes. Quand les tribus primitives d'Australie se déplacent, les femmes n'attaquent jamais le gibier, et un homme ne s'abaisserait jamais à déterrer une racine.

84:3.7 Les femmes ont toujours dû travailler ; elles ont été de réelles productrices, du moins jusqu'aux temps modernes. Les hommes ont généralement choisi la voie la plus facile, et cette inégalité a existé dans toute l'histoire de la race humaine. Les femmes ont toujours porté les fardeaux, transportant les biens de la famille et s'occupant des enfants, ce qui laissait aux hommes les mains libres pour se battre ou pour chasser.

84:3.8 La première libération de la femme survint quand l'homme consentit à labourer la terre, à faire ce qui était, jusque-là, considéré comme le travail de la femme. Un grand pas en avant fut accompli quand on cessa de tuer les prisonniers mâles et que l'on en fit des esclaves agriculteurs. Cela permit à la femme de se libérer de manière à consacrer plus de temps à l'édification du foyer et à l'éducation des enfants.

84:3.9 L'approvisionnement en lait permit aux mères de sevrer plus tôt les bébés et d'avoir plus d'enfants, parce que leurs périodes de stérilité temporaire n'étaient plus nécessaires. L'emploi du lait de vache et du lait de chèvre diminua considérablement la mortalité infantile. Avant le stade social de l'élevage, les mères avaient l'habitude d'allaiter leurs enfants jusqu'à l'âge de quatre ou cinq ans.

84:3.10 La décroissance des guerres primitives réduisit grandement l'inégalité entre les divisions du travail basées sur le sexe, mais, le travail réel incombait encore aux femmes, tandis que les hommes remplissaient des devoirs de factionnaires. Nul camp ni village ne pouvait être laissé sans garde, de jour et de nuit, mais même cette tâche fut allégée par la domestication du chien. En général, l'apparition de l'agriculture a rehaussé le prestige et le statut social de la femme ; du moins ce fut vrai jusqu'au moment où l'homme devint lui-même agriculteur. Quand l'homme se consacra lui-même à cultiver la terre, il en résulta immédiatement dans les méthodes agricoles de grands progrès qui se poursuivirent au cours des générations successives. Pendant qu'il avait chassé et guerroyé, l'homme avait appris la valeur de l'organisation ; il en introduisit les techniques dans l'industrie et, plus tard, il se chargea de bien des occupations antérieures de la femme, il apporta de grandes améliorations à ses méthodes de travail décousues.

84.4  Le Statut de la Femme dans la Société Primitive

84:4.1 En règle générale, le statut de la femme à une époque quelconque est un bon critère du progrès évolutionnaire du mariage en tant qu'institution sociale, tandis que le progrès du mariage lui-même mesure assez exactement l'avance de la civilisation humaine.

84:4.2 Le statut de la femme a constamment été un paradoxe social ; elle a toujours su adroitement diriger les hommes ; elle a toujours capitalisé les besoins sexuels plus impérieux de l'homme en faveur de ses propres intérêts et de sa propre élévation. En faisant subtilement valoir ses charmes sexuels, elle a souvent été capable d'exercer un pouvoir dominateur sur l'homme, même quand celui-ci la tenait dans un esclavage abject.

84:4.3 La femme primitive n'était pas pour l'homme une amie, une amoureuse, une amante et une partenaire, mais plutôt un objet qu'il possédait, une servante ou une esclave, et, plus tard, une associée économique, un jouet et une porteuse d'enfants. Néanmoins, les rapports sexuels convenables et satisfaisants ont toujours impliqué l'élément choix et coopération de la part de la femme, ce qui a toujours valu aux femmes intelligentes une influence considérable sur leur standing personnel et immédiat, indépendamment de leur position sociale en tant que sexe. Mais le fait que les femmes furent constamment obligées de recourir à la subtilité dans leur effort pour alléger leur servitude ne contribua guère à dissiper la méfiance et la suspicion des hommes.

84:4.4 Les sexes ont éprouvé de grandes difficultés à se comprendre. L'homme a eu de la peine à comprendre la femme, la regardant avec un curieux mélange d'ignorance méfiante et de fascination craintive, quand ce n'était pas avec soupçon et mépris. Bien des traditions tribales et raciales font remonter les difficultés à Ève, à Pandore ou à quelque autre représentante de la féminité ; ces récits furent toujours déformés de manière à faire ressortir que la femme a attiré le mal sur l'homme, ce qui dénote que la méfiance à l'égard des femmes fut jadis universelle. Parmi les raisons citées pour soutenir le célibat des prêtres, la principale fut la bassesse des femmes. Le fait que la plupart des présumés sorciers étaient des femmes n'améliora pas l'antique réputation du sexe.

84:4.5 Les hommes ont longtemps considéré les femmes comme bizarres, et même anormales. Ils ont même cru qu'elles n'avaient pas d'âme, et, en conséquence, ont refusé de leur donner un nom. Dans les temps anciens, on avait très peur du premier rapport sexuel avec une femme, et les prêtres prirent l'habitude de déflorer les vierges. On pensait même que l'ombre d'une femme était dangereuse.

84:4.6 Jadis, on considéra généralement que la grossesse rendait une femme impure et dangereuse. Chez de nombreuses tribus, les moeurs voulaient qu'une femme passât par de longues cérémonies de purification après la naissance d'un enfant. Excepté dans les groupes où le mari participait à la naissance en restant couché au foyer, on fuyait la femme enceinte, on la laissait seule. Les anciens évitaient même qu'un enfant naisse à la maison. Finalement, les vieilles femmes furent autorisées à s'occuper de la mère pendant son accouchement, et cette pratique fut l'origine de la profession de sage-femme. Durant les douleurs, on disait et l'on faisait des masses de choses stupides pour faciliter l'accouchement. On avait l'habitude d'asperger le nouveau-né avec de l'eau bénite pour empêcher l'ingérence des fantômes.

84:4.7 Chez les tribus de sang pur, l'accouchement était relativement aisé et ne nécessitait que deux ou trois heures ; il est rare qu'il soit aussi facile chez les races mêlées. Si une femme mourait en couches, et spécialement si elle donnait le jour à des jumeaux, on croyait qu'elle avait été coupable d'adultère avec un esprit. Plus tard, les tribus supérieures considérèrent la mort pendant les couches comme la volonté du ciel, et l'on estima que ces mères avaient péri pour une noble cause.

84:4.8 La soi-disant modestie des femmes pour s'habiller et éviter de montrer leur corps provint de la peur mortelle qu'elles avaient d'être observées pendant une période menstruelle. En se laissant découvrir dans cet état, elles commettaient un grave péché, elles violaient un tabou. Les moeurs des temps anciens exigeaient que toute femme, depuis sa puberté jusqu'à sa ménopause, fût soumise à une quarantaine familiale et sociale complète pendant une semaine par mois. Tous les objets qu'elle avait touchés ou sur lesquels elle s'était assise ou couchée étaient « souillés » . On eut longtemps la coutume de frapper brutalement les jeunes filles, après chaque période menstruelle, pour essayer de chasser de leur corps le mauvais esprit. Toutefois, lorsqu'une femme avait franchi sa ménopause, on la traitait généralement avec plus de considération, on lui accordait plus de droits et de privilèges. En raison de tout ce qui précède, il n'était pas étonnant que les femmes fussent regardés avec mépris. Même les Grecs estimaient que la femme en menstruation était l'une des trois grandes causes de souillure, les deux autres étant la viande de porc et l'ail.

84:4.9 Si stupides que fussent ces antiques notions, elles firent un peu de bien en ce sens qu'elles procurèrent aux filles et femmes surmenées, au moins pendant leur jeunesse, une semaine par mois pour un repos bienvenu et pour des méditations profitables. Les femmes purent ainsi aiguiser leur intelligence en vue de leurs rapports avec leurs associés masculins pendant le reste du temps. Cette quarantaine des femmes protégea aussi les hommes contre les excès sexuels, ce qui contribua indirectement à restreindre la population et à rehausser la maitrise de soi.

84:4.10 Un grand progrès fut effectué quand on dénia à l'homme le droit de vie et de mort sur sa femme. De même, ce fut une étape en avant lorsqu'une femme eut le droit de posséder ses cadeaux de mariage. Plus tard, elle gagna le droit légal d'avoir des biens, de les contrôler et même d'en disposer, mais elle fut longtemps privée du droit de tenir un poste dans l'Église ou dans l'État. La femme a toujours été traitée plus ou moins comme une propriété, condition qui se perpétue même au vingtième siècle après le Christ. Elle n'a pas encore réussi à se libérer, à l'échelle mondiale, de sa mise en tutelle sous le contrôle de l'homme. Même chez les peuples évolués, les tentatives des hommes pour protéger les femmes ont toujours représenté une affirmation tacite de supériorité.

84:4.11 Mais les femmes primitives ne s'apitoyaient pas sur elles-mêmes comme leurs soeurs plus récemment libérées ont l'habitude de le faire. Après tout, elles étaient assez heureuses et satisfaites, et n'osaient pas imaginer un mode d'existence meilleur ou différent.

84.5  La Femme et l'Évolution des Moeurs

84:5.1 Dans la perpétuation de soi, la femme est l'égale de l'homme, mais, dans l'association pour subsister, elle travaille avec un net désavantage. Le handicap de la maternité forcée ne peut être compensé que par les moeurs éclairées d'une civilisation en progrès et par l'acquisition croissante, chez l'homme, du sens de l'équité.

84:5.2 À mesure que la société évolua, les critères en matière sexuelle s'élevèrent parmi les femmes parce qu'elles souffraient davantage des conséquences de la transgression des moeurs sexuelles. Les critères sexuels de l'homme ne s'améliorèrent que tardivement comme conséquence du simple sens de cette équité que la civilisation exige. La nature ne connaît pas l'équité - elle ne fait subir qu'à la femme les douleurs de la parturition.

84:5.3 L'idée moderne de l'égalité des sexes est belle, et digne d'une civilisation en expansion, mais elle ne se trouve pas dans la nature. Quand la force crée le droit, l'homme le prend de haut avec la femme ; quand la justice, la paix et l'équité prévalent, la femme émerge graduellement de l'esclavage et de l'obscurité. La position sociale de la femme a généralement varié à l'inverse du militarisme dans toutes les nations et à toutes les époques.

84:5.4 Mais ce n'est ni consciemment ni intentionnellement que l'homme s'est saisi des droits de la femme pour les lui restituer graduellement en rechignant. Tout ceci fut un épisode involontaire et non calculé de l'évolution sociale. Quand le moment arriva réellement pour la femme de bénéficier de droits additionnels, elle les obtint tout à fait indépendamment du comportement conscient de l'homme. Lentement mais sûrement, les moeurs changent pour assurer les adaptations sociales qui font partie de l'évolution continue de la civilisation. Le progrès des moeurs a lentement procuré aux femmes un traitement constamment meilleur. Les tribus qui persistèrent dans leur cruauté envers elles ne survécurent pas.

84:5.5 Les Adamites et les Nodites accordèrent aux femmes une récognition accrue, et les groupes qui furent influencés par les migrations des Andites tendirent à adopter certains enseignements édéniques concernant la place des femmes dans la société.

84:5.6 Les Chinois primitifs et les Grecs traitèrent les femmes mieux que la plupart des peuples environnants, mais les Hébreux étaient extrêmement méfiants envers elles. En occident, l'ascension des femmes fut rendue difficile par les doctrines de Paul qui furent annexées au christianisme, et, pourtant, le christianisme fit progresser les moeurs imposant aux hommes des obligations sexuelles plus rigoureuses. Chez les Mahométans, la condition des femmes est à peu près désespérée à cause de l'avilissement spécial qui s'attache à elles, et elles sont encore moins bien traitées sous l'influence des enseignements de diverses autres religions orientales.

84:5.7 Ce fut la science, et non la religion, qui émancipa réellement les femmes ; c'est l'usine moderne qui les dégagea largement des limites du foyer. Les aptitudes physiques de l'homme ne sont plus un élément essentiel dans le nouveau mécanisme d'entretien. La science a changé les conditions de vie de telle sorte que la force masculine a cessé d'avoir une grande supériorité sur la force féminine.

84:5.8 Ces changements tendirent à libérer les femmes de l'esclavage domestique ; ils apportèrent une telle modification à son statut qu'elle jouit maintenant d'une liberté personnelle et d'un pouvoir de décision, en matière sexuelle, qui la rendent pratiquement l'égale de l'homme. Jadis, la valeur d'une femme consistait en son aptitude à procurer des aliments, mais les inventions et l'aisance lui ont permis de créer un nouveau monde dans lequel elle peut opérer - les sphères de grâce et de charme. L'industrie a ainsi gagné une bataille inconsciente et imprévue pour l'émancipation sociale et économique des femmes. De nouveau, l'évolution a réussi un accomplissement là où la révélation elle-même avait échoué.

84:5.9 La réaction des peuples éclairés contre les moeurs injustes gouvernant la place de la femme dans la société a vraiment oscillé comme un pendule entre des extrêmes. Parmi les races industrialisées, la femme a reçu à peu près tous les droits et elle a été exemptée de nombreuses obligations telles que le service militaire. Chaque détente dans la lutte pour l'existence a contribué à libérer les femmes, et elles ont directement profité de tous les progrès de la monogamie. Les plus faibles font toujours des gains disproportionnés dans chaque ajustement des moeurs à l'évolution progressive de la société.

84:5.10 Quant aux idéaux du mariage d'un couple, la femme a finalement gagné récognition, dignité, indépendance, égalité et éducation ; mais va-t-elle se montrer digne de cette réussite nouvelle et sans précédent ? La femme moderne répondra-t-elle à cette grande libération sociale par la paresse, l'indolence, la stérilité et l'infidélité ? Aujourd'hui, au vingtième siècle, la femme subit l'épreuve décisive de sa longue existence dans le monde !

84:5.11 La femme est associée à égalité avec l'homme dans la reproduction de la race ; elle joue donc un rôle aussi important que lui dans le développement de l'évolution raciale, et c'est pourquoi l'évolution a travaillé de plus en plus vers la réalisation des droits de la femme. Mais les droits des femmes ne sont nullement ceux des hommes. La femme ne peut s'épanouir en usant des droits de l'homme, pas plus que l'homme ne peut prospérer en usant de ceux de la femme.

84:5.12 Chaque sexe a sa propre sphère d'existence distincte avec ses propres droits dans cette sphère. Si la femme aspire littéralement à profiter de tous les droits de l'homme, alors une concurrence impitoyable et dépourvue de sentimentalité remplacera certainement, tôt ou tard, l'esprit chevaleresque et la considération spéciale dont beaucoup de femmes bénéficient présentement et qu'elles n'ont obtenues des hommes que tout récemment.

84:5.13 La civilisation ne pourra jamais supprimer l'abime des différences de comportement entre les sexes. Les moeurs changent d'âge en âge, mais jamais l'instinct. L'amour maternel inné ne permettra jamais aux femmes émancipées de rivaliser sérieusement avec les hommes dans l'industrie. Chaque sexe restera perpétuellement suprême dans son propre domaine déterminé par la différenciation biologique et la dissemblance mentale.

84:5.14 Les sphères spéciales à chaque sexe subsisteront toujours, en empiétant de temps en temps l'une sur l'autre. C'est seulement dans le domaine social que l'homme et la femme s'affronteront à égalité.

84.6  L'Association de l'Homme et de la Femme

84:6.1 Le besoin de reproduction réunit infailliblement l'homme et la femme pour qu'ils se perpétuent, mais, à lui seul, il n'assure pas que le couple restera uni dans une coopération mutuelle - la fondation d'un foyer.

84:6.2 Toute institution humaine couronnée de succès contient des antagonismes d'intérêts personnels qui ont été harmonieusement adaptés au travail pratique ; la création des foyers ne fait pas exception. Le mariage, base de l'édification d'un foyer, est la plus haute manifestation de la coopération antagoniste qui caractérise si souvent les contacts entre la nature et la société. Le conflit est inévitable parce que l'accouplement est spontané et naturel, tandis que le mariage n'est pas biologique, mais sociologique. La passion assure que l'homme et la femme se réuniront, mais ce sont l'instinct parental, quoique plus faible, et les moeurs sociales qui maintiennent leur union.

84:6.3 Considérés dans la pratique, le mâle et la femelle sont deux variétés distinctes de la même espèce vivant en association étroite et intime. Leurs points de vue et toutes leurs réactions vitales sont essentiellement différents ; ils sont entièrement incapables de se comprendre pleinement et réellement l'un l'autre. La compréhension complète entre les sexes est impossible à atteindre.

84:6.4 Les femmes semblent avoir plus d'intuition que les hommes, mais elle paraissent aussi un peu moins logiques. Toutefois, les femmes ont toujours été les porte-drapeau de la morale et les directrices spirituelles de l'humanité. La main qui balance le berceau fraternise encore aujourd'hui avec la destinée.

84:6.5 Les différences de nature, de réactions, de points de vue et de pensée entre les hommes et les femmes, loin de causer des soucis, devraient bien plutôt être considérées comme hautement bénéfiques pour l'humanité, à la fois individuellement et collectivement. De nombreux ordres de créatures de l'univers sont créés sous des phases duelles de manifestation de la personnalité. Chez les mortels, chez les Fils Matériels et chez les midsonitaires, cette différence est désignée par mâle et femelle. Parmi les séraphins, les chérubins et les Compagnons de la Morontia, on l'a nommée positive ou dynamique, et négative ou réservée. Ces associations de couples multiplient grandement la variété de talents et triomphent des limitations naturelles, tout comme le font certaines associations trines dans le système Paradis-Havona.

84:6.6 Les hommes et les femmes ont besoin les uns des autres dans leur carrière morontielle et spirituelle aussi bien que dans leur carrière de mortel. Les différences des points de vue masculins et féminins persistent au delà de la première vie et dans toute l'ascension de l'univers local et des superunivers. Même dans Havona, les pèlerins qui furent jadis des hommes et des femmes continueront à s'entraider dans la montée au Paradis. Même dans le Corps de la Finalité, la métamorphose des créatures n'ira jamais jusqu'au point d'effacer les tendances de la personnalité que les humains appellent masculine et féminine. Ces deux variétés fondamentales de l'espèce humaine continueront à s'intriguer, à se stimuler, à s'encourager et à s'entraider. Elles resteront toujours mutuellement dépendantes de leur coopération pour résoudre les problèmes troublants de l'univers et triompher de multiples difficultés cosmiques.

84:6.7 Alors que les sexes ne peuvent espérer se comprendre totalement l'un l'autre, ils sont effectivement complémentaires et leur coopération, bien qu'elle soit souvent plus ou moins antagoniste sur le plan personnel, est capable d'entretenir et de reproduire la société. Le mariage est une institution destinée à accommoder les différences de sexe tout en assurant la continuité de la civilisation et la reproduction de la race.

84:6.8 Le mariage est la mère de toutes les institutions humaines, car il conduit directement à la fondation et à l'entretien du foyer, qui est la base structurelle de la société. La famille est vitalement liée au mécanisme de la préservation de soi. Elle constitue le seul espoir de perpétuer la race sous les moeurs de la civilisation, tandis qu'en même temps elle procure certaines formes hautement satisfaisantes de contentement de soi. La famille est le plus grand accomplissement purement humain, parce qu'il conjugue l'évolution des relations biologiques entre mâle et femelle avec les relations sociales entre mari et femme.

84.7  Les Idéaux de la Vie de Famille

84:7.1 L'union sexuelle est instinctive, les enfants en sont le résultat naturel et la famille naît ainsi automatiquement. Telles les familles d'une race ou d'une nation, telle sa société. Si les familles sont bonnes, la société est également bonne. La grande stabilité culturelle des peuples juif et chinois réside dans la force de leurs groupes familiaux.

84:7.2 L'instinct féminin d'aimer et de soigner les enfants a contribué à faire de la femme la partenaire intéressée à promouvoir le mariage et la vie de famille primitive. Seule la pression des moeurs ultérieures et des conventions sociales a obligé l'homme à s'occuper de l'édification du foyer ; il fut lent à s'intéresser à l'établissement du mariage et du foyer parce que l'acte sexuel ne comporte pas de conséquences biologiques pour lui.

84:7.3 L'association sexuelle est naturelle, mais le mariage est social et a toujours été réglementé par les moeurs. Les moeurs (religieuses, morales et éthiques), ainsi que la propriété, l'orgueil et les qualités chevaleresques, stabilisent l'institution du mariage et de la famille. Toute fluctuation dans les moeurs se répercute sur la stabilité de l'institution foyer-mariage. Le mariage sort maintenant du stade de la propriété et passe dans l'ère de l'acte personnel. Auparavant, l'homme protégeait la femme parce qu'elle était sa chose, et elle lui obéissait pour la même raison. Indépendamment de ses mérites, ce système assurait bel et bien la stabilité. Aujourd'hui, la femme a cessé d'être considérée comme un bien privé, et de nouvelles moeurs émergent pour stabiliser l'institution mariage-foyer :

84:7.4 1. Le nouveau rôle de la religion - l'enseignement que l'expérience parentale est essentielle. L'idée de procréer des citoyens cosmiques, la compréhension élargie du privilège de la procréation - donner des fils au Père.

84:7.5 2. Le nouveau rôle de la science - la procréation devient de plus en plus volontaire, soumise au contrôle de l'homme. Autrefois, par manque de compréhension, la survenance des enfants était assurée même en l'absence de tout désir d'en avoir.

84:7.6 3. La nouvelle fonction de l'attrait du plaisir - ceci introduit un nouveau facteur dans la survie de la race ; les anciens laissaient mourir les enfants non désirés ; les modernes refusent de les mettre au monde.

84:7.7 4. Le renforcement de l'instinct parental. Chaque génération tend maintenant à éliminer du courant reproducteur de la race les individus chez qui l'instinct parental est insuffisamment fort pour assurer la procréation d'enfants - de parents en perspective pour la nouvelle génération.

84:7.8 Cependant, le foyer en tant qu'institution - l'association entre un seul homme et une seule femme - date plus spécifiquement du temps de Dalamatia, il y a environ 500.000 ans. Les habitudes monogames d'Andon et de ses descendants immédiats avaient été abandonnées longtemps auparavant. Toutefois, il n'y avait guère lieu de s'enorgueillir de la vie de famille avant l'époque des Nodites et des derniers Adamites. Adam et Ève exercèrent une influence durable sur toute l'humanité. Pour la première fois dans l'histoire du monde, on put observer des hommes et des femmes travaillant côte à côte dans le Jardin. L'idéal édénique d'une famille entière de jardiniers était une idée nouvelle sur Urantia.

84:7.9 La famille primitive englobait un groupe lié par le travail, y compris les esclaves, et vivant tout entier dans une seule habitation. Le mariage n'a pas toujours été identifié à la vie de famille, mais ils ont forcément été étroitement associés. La femme a toujours désiré une famille individuelle et a fini par obtenir gain de cause.

84:7.10 L'amour de la progéniture est à peu près universel et représente nettement une valeur de survie. Les anciens sacrifiaient toujours les intérêts de la mère au bien-être de l'enfant. Aujourd'hui encore, chez les Esquimaux, les mères lèchent leurs bébés au lieu de les laver. Cependant les mères primitives ne nourrissaient et ne soignaient leurs enfants que pendant leur prime jeunesse ; à l'instar des animaux, elles les écartaient aussitôt qu'ils avaient grandi. Les associations humaines durables et continues n'ont jamais été fondées sur la seule affection biologique. Les animaux aiment leurs petits ; les hommes (civilisés) aiment les enfants de leurs enfants. Plus la civilisation est avancée, plus les parents se réjouissent des progrès et de la réussite des enfants ; c'est ainsi que naît la réalisation nouvelle et supérieure de la fierté du nom.

84:7.11 Chez les peuples anciens, les grandes familles ne résultaient pas nécessairement de l'affection. Beaucoup d'enfants furent désirés pour les raisons suivantes :

84:7.12 1. Ils étaient précieux comme travailleurs.

84:7.13 2. Ils étaient une assurance pour la vieillesse.

84:7.14 3. On pouvait vendre les filles.

84:7.15 4. La fierté familiale exigeait l'extension du nom.

84:7.16 5. Les fils apportaient une protection et une défense.

84:7.17 6. La peur des fantômes engendrait la peur de la solitude.

84:7.18 7. Certaines religions exigeaient une progéniture.

84:7.19 Les pratiquants du culte des ancêtres considèrent l'absence de fils comme la calamité suprême dans le temps et l'éternité. Ils désirent, avant tout, avoir des fils pour officier dans les cérémonies mortuaires, pour offrir les sacrifices permettant au fantôme de progresser en traversant le pays des esprits.

84:7.20 Parmi les anciens sauvages, on commençait de très bonne heure à discipliner les enfants, et ceux-ci ne tardaient pas à réaliser que la désobéissance signifiait l'échec ou même la mort, exactement comme pour les animaux. La civilisation protège maintenant les enfants contre les conséquences naturelles d'une conduite stupide, et c'est ce qui contribue tant à l'insubordination moderne.

84:7.21 Les enfants des Esquimaux prospèrent avec fort peu de discipline et de punitions, simplement parce qu'ils sont naturellement de petits animaux dociles ; les enfants des hommes rouges et des hommes jaunes sont presque aussi faciles. Par contre, dans les races contenant une hérédité andite, les enfants sont moins placides ; cette jeunesse imaginative et aventureuse a besoin de plus d'éducation et de discipline. Les problèmes modernes d'éducation des enfants sont rendus de plus en plus difficile par :

84:7.22 1. Le degré important des mélanges raciaux.

84:7.23 2. L'éducation artificielle et superficielle.

84:7.24 3. L'inaptitude des enfants à se cultiver en imitant leurs parents, qui sont absents de la scène familiale une si grande partie du temps.

84:7.25 Les anciennes idées sur la discipline de famille étaient biologiques et provenaient de la réalisation du fait que les parents étaient les créateurs de l'existence de l'enfant. Les idéaux plus évolués de la vie de famille conduisent au concept que l'apport d'un enfant au monde, loin de conférer certains droits aux parents, implique la responsabilité suprême de l'existence humaine.

84:7.26 La civilisation considère que les parents assument toutes les charges et que l'enfant a tous les droits. Le respect de l'enfant pour ses parents ne provient pas de ce qu'il connaît l'obligation impliquée dans la procréation parentale, mais il grandit naturellement comme conséquence des soins, de l'éducation et de l'affection qui lui sont dispensés avec amour pour l'aider à gagner la bataille de la vie. De véritables parents s'engagent avec continuité dans un ministère de service que l'enfant avisé finit par reconnaître et par apprécier.

84:7.27 Dans l'ère industrielle et urbaine contemporaine, l'institution du mariage évolue selon de nouvelles lignes économiques. La vie de famille devient de plus en plus onéreuse, et les enfants, qui étaient autrefois un actif, sont devenus un passif économique. Mais la sécurité de la civilisation elle-même repose encore sur la bonne volonté croissante de chaque génération à investir ses moyens dans le bien-être de la prochaine génération et des suivantes. Toute tentative pour transférer la responsabilité parentale à l'État ou à l'Église se révèlera fatale pour le bien-être et le progrès de la civilisation.

84:7.28 Le mariage, avec les enfants et la vie de famille qui s'ensuit, stimule les plus hauts potentiels de la nature humaine et fournit en même temps le canal idéal pour exprimer ces attributs vivifiés de la personnalité de mortel. La famille assure la perpétuation biologique de l'espèce humaine. Le foyer est le cadre social naturel dans lequel les enfants grandissants peuvent saisir l'éthique de la fraternité du sang. La famille est l'unité fondamentale de fraternité dans laquelle parents et enfants apprennent les leçons de patience, d'altruisme, de tolérance et de longanimité qui sont si essentielles pour réaliser la fraternité entre tous les hommes.

84:7.29 La société humaine serait grandement améliorée si les races civilisées voulaient revenir, plus généralement, à la pratique du conseil de famille des Andites. Ils ne maintinrent pas la forme patriarcale ou autocratique de gouvernement familial. Ils étaient très fraternels et coopératifs, discutant franchement et librement toute leur gestion familiale. Tous leurs conseils de famille étaient empreints d'une atmosphère idéalement fraternelle. Dans une famille idéale, l'affection filiale et l'amour parental sont tous deux accrus par le dévouement fraternel.

84:7.30 La vie de famille est le berceau de la vraie moralité, l'ancêtre de la fidélité consciente au devoir. Les associations forcées de la vie de famille stabilisent la personnalité et stimulent sa croissance par l'obligation indispensable de s'adapter à d'autres personnalités diverses. Mais il y a plus : une véritable famille - une bonne famille - révèle aux parents procréateurs l'attitude du Créateur envers ses enfants, tandis qu'en même temps, ces véritables parents dépeignent à leurs enfants la première d'une longue série ascendante de divulgations concernant l'amour du Père Paradisiaque de tous les enfants de l'univers.

84.8  Les Dangers de la Satisfaction du Moi

84:8.1 La grande menace contre la vie de famille est l'inquiétante marée montante de la poursuite de la satisfaction du moi, la manie moderne des plaisirs. Autrefois, la principale raison du mariage était économique, et l'attraction sexuelle, secondaire. Le mariage fondé sur la préservation de soi conduisait à la perpétuation de soi et procurait en même temps l'une des formes les plus désirables de la satisfaction du moi. Dans la société humaine, c'est la seule institution qui englobe les trois grandes raisons de vivre.

84:8.2 À l'origine, la propriété était l'institution fondamentale pour s'entretenir, tandis que le mariage fonctionnait comme institution unique pour se perpétuer. Bien que les satisfactions alimentaires, les jeux et l'humour, ainsi que les rapports sexuels périodiques, étaient des moyens de se satisfaire, il n'en reste pas moins que l'évolution des moeurs n'a pas réussi à bâtir une institution distincte pour la satisfaction du moi. À cause de cet échec dans la mise au point de techniques spécialisées pour des jouissances agréables, toutes les institutions humaines sont complètement imprégnées de cette recherche du plaisir. L'accumulation des biens devient un instrument pour accroitre toutes les formes de satisfaction du moi, tandis que l'on se borne souvent à considérer le mariage comme un moyen de plaisir. Et ce laisser-aller, cette manie du plaisir largement répandue constituent la plus grande menace qui ait jamais été dirigée contre l'institution évolutionnaire sociale de la vie de famille, le foyer.

84:8.3 La race violette a introduit dans l'expérience de l'humanité une caractéristique nouvelle encore incomplètement réalisée - l'instinct de jeu doublé du sens de l'humour. Cet instinct existait, dans une certaine mesure, chez les Sangiks et les Andonites, mais la lignée adamique éleva ce penchant primitif au niveau d'un potentiel de plaisir, forme nouvelle et glorifiée de satisfaction du moi. En dehors de l'apaisement de la faim, le type fondamental de satisfaction du moi est l'assouvissement sexuel ; cette forme de plaisir sensuel fut considérablement accrue par l'union des Sangiks et des Andites.

84:8.4 La combinaison d'agitation, de curiosité, d'aventure et d'abandon au plaisir caractéristique des races postérieures aux Andites comporte un réel danger. Les plaisirs physiques ne peuvent satisfaire la soif de l'âme ; la poursuite malavisée du plaisir n'augmente pas l'amour du foyer et des enfants. Même en épuisant les ressources de l'art, des couleurs, des sons, du rythme, de la musique et de la parure, on ne peut entretenir ainsi l'espoir d'élever l'âme ou de nourrir l'esprit. La vanité et la mode ne peuvent servir ni à l'édification des foyers ni à la culture des enfants ; l'orgueil et la rivalité sont impuissants à rehausser les qualités de survie des générations successives.

84:8.5 Tous les êtres célestes qui progressent jouissent de périodes de repos et du ministère des directeurs de la rétrospection. Tous les efforts pour obtenir des diversions saines et pratiquer des jeux qui élèvent sont salubres. Il vaut la peine de se livrer à un sommeil réparateur, à des repos, à des récréations et à tous les passe-temps qui empêchent la monotonie de faire naître l'ennui. Les jeux de compétition, les narrations d'histoires et même le gout de la bonne nourriture peuvent servir de formes de satisfaction du moi. (Quand vous employez du sel pour ajouter de la saveur à vos aliments, souvenez-vous que, pendant près d'un million d'années, les hommes n'ont pu obtenir du sel qu'en plongeant leurs aliments dans de la cendre.)

84:8.6 Que les hommes jouissent de la vie ; que la race humaine trouve du plaisir de mille et une manières ; que l'humanité évolutionnaire explore toutes les formes légitimes de satisfaction du moi, les fruits de la longue lutte biologique pour s'élever. L'homme a bien mérité certains de ses plaisirs et joies d'aujourd'hui. Mais faites bien attention au but de la destinée ! Les plaisirs sont véritablement des suicides s'ils parviennent à détruire la propriété, qui est devenue l'institution de la préservation du moi ; et la satisfaction du moi aura vraiment couté un prix funeste si elle provoque l'effondrement du mariage, la décadence de la vie de famille et la destruction du foyer - acquisition évolutionnaire suprême des hommes et seul espoir de survie de la civilisation.

84:8.7 [Présenté par le Chef des Séraphins stationnés sur Urantia.]

85. Les Origines de L'Adoration

85:0.1 LA RELIGION primitive eut une origine biologique, un développement évolutionnaire naturel, à côté des associations morales et en dehors de toute influence spirituelle. Les animaux supérieurs ont des peurs, mais pas d'illusions, donc pas de religion. Les hommes créent leurs religions primitives avec leurs craintes et par leurs illusions.

85:0.2 Dans l'évolution de l'espèce humaine, les manifestations primitives de l'adoration apparaissent bien avant que le mental de l'homme ne soit capable de formuler les conceptions plus complexes de la vie, ici-bas et dans l'au-delà, méritant le nom de religion. La religion primitive était de nature totalement intellectuelle et entièrement fondée sur des circonstances d'association. Les objets de culte étaient tout à fait suggestifs ; ils consistaient en choses de la nature qui étaient à portée de la main ou qui occupaient le premier plan dans l'expérience ordinaire des Urantiens primitifs au mental frustre.

85:0.3 Quand la religion eut évolué au delà de l'adoration de la nature, elle acquit des racines d'origine spirituelle, mais resta néanmoins toujours conditionnée par le milieu social. À mesure que le culte de la nature de développa, les concepts humains envisagèrent une division du travail dans le monde supramortel ; il y avait des esprits de la nature pour les lacs, les arbres, les cascades, les pluies et des centaines d'autres phénomènes terrestres ordinaires.

85:0.4 À un moment ou à un autre, tout ce qui se trouve à la surface de la terre a été objet de culte pour l'homme, y compris lui-même. Il a aussi adoré tout ce qu'on peut imaginer dans le ciel et sous la surface de la terre. Les hommes primitifs craignaient toutes les manifestations de pouvoir ; ils rendaient hommage à tous les phénomènes naturels qu'ils ne pouvaient comprendre. L'observation de puissantes forces matérielles telles que tremblements de terres, orages, inondations, éboulements, volcans, feu, chaleur et froid, impressionnait grandement le mental en expansion des hommes. On appelle encore « actes de Dieu » et « mystérieuses dispensations de la providence » les choses inexplicables de la vie.

85.1  L'Adoration des Pierres et des Collines

85:1.1 La première chose que les hommes évoluants adorèrent fut une pierre. Aujourd'hui, la peuplade Kateri du sud de l'Inde ainsi que de nombreuses tribus du nord de l'Inde adorent encore des pierres. Jacob dormit sur une pierre parce qu'il la révérait ; il l'oignit même d'huile. Rachel cacha plusieurs pierres sacrées sous sa tente.

85:1.2 Les pierres impressionnèrent d'abord les hommes primitifs comme sortant de l'ordinaire à cause de la manière dont elles apparaissaient subitement à la surface d'un champ cultivé ou d'une prairie. Les hommes ne tenaient compte ni de l'érosion ni du retournement du sol. Les pierres firent aussi grande impression sur les peuplades primitives parce qu'elles ressemblaient souvent à des animaux. L'attention des hommes civilisés est arrêtée par de nombreuses formations rocheuses qui, dans les montagnes, ressemblent à des têtes d'animaux et même à des visages humains. Ce furent toutefois les pierres météoriques qui exercèrent la plus profonde influence ; les primitifs les voyaient traverser l'atmosphère avec un flamboiement grandiose. Les étoiles filantes terrifiaient les hommes primitifs ; ils croyaient facilement que leurs traces brillantes marquaient le passage d'un esprit en route vers la Terre. Il n'est pas étonnant que les hommes aient été conduits à adorer de tels phénomènes, spécialement quand, plus tard, ils découvraient les météores. Et cela leur inspira un plus grand respect pour toutes les autres pierres. Au Bengale, un météore, qui tomba en 1880, a de nombreux adorateurs.

85:1.3 Tous les anciens clans et tribus avaient leurs pierres sacrées, et la plupart des peuples modernes manifestent une vénération relative pour certains types de pierres - leurs bijoux. Un groupe de cinq pierres était révéré aux Indes ; en Grèce, c'étaient les amas de trente pierres ; chez les hommes rouges, c'était généralement un cercle de pierre. Les Romains jetaient toujours une pierre en l'air quand ils invoquaient Jupiter. Aux Indes, aujourd'hui encore, une pierre peut servir de témoin. Dans certaines régions, on peut employer une pierre comme talisman de la loi et, par son prestige, un offenseur peut être mené au tribunal. Mais les simples mortels n'identifient pas toujours la Déité avec un objet de culte respectueux. Bien souvent, ces fétiches ne sont que des symboles du véritable objet d'adoration.

85:1.4 Les anciens avaient une considération spéciale pour les trous dans les pierres. On supposait que les roches poreuses étaient exceptionnellement efficaces pour guérir les maladies. Les oreilles n'étaient pas percées pour y suspendre des pierres, mais des pierres étaient placées dans les trous pour les tenir ouverts. Même à notre époque moderne, des personnes superstitieuses font des trous dans les pièces de monnaie. En Afrique, les indigènes font beaucoup d'embarras autour de leurs pierres fétiches. En fait, les tribus et peuplades arriérées continuent à manifester à leurs pierres une vénération superstitieuse. Aujourd'hui encore, l'adoration des pierres est fort répandue dans le monde. Les pierres tombales sont un symbole survivant des images et idoles que l'on sculptait dans la pierre en liaison avec des croyances aux fantômes et aux esprits des compagnons trépassés.

85:1.5 L'adoration des collines suivit celle des pierres, et les premières collines vénérées furent de grandes formations rocheuses. On prit bientôt l'habitude de croire que les dieux habitaient les montagnes, de sorte que, pour cette raison supplémentaire, on adora les hautes élévations de terrain. À mesure que le temps s'écoulait, certaines montagnes furent associées à certains dieux, et en conséquence devinrent saintes. Les aborigènes ignorants et superstitieux croyaient que les grottes conduisaient au monde souterrain peuplé de mauvais esprits et de démons, en contraste avec les montagnes, qui furent identifiées aux concepts, évolués ultérieurement, de bons esprits et de bonnes déités.

85.2  L'Adoration des Plantes et des Arbres

85:2.1 Les plantes furent d'abord craintes, puis adorées, à cause des liqueurs enivrantes que l'on en tirait. Les hommes primitifs croyaient que l'ivresse vous rendait divin. On supposait que cette expérience comportait quelque chose d'inhabituel et de sacré. Même dans les temps modernes, on donne le nom de « spiritueux » aux alcools.

85:2.2 Les primitifs regardaient avec une crainte et un respect superstitieux, les graines en train de germer. L'apôtre Paul ne fut pas le premier à tirer de profondes leçons spirituelles des graines germantes et à fonder des croyances religieuses sur elles.

85:2.3 Le culte d'adoration des arbres se trouve chez les plus anciens groupes religieux. Tous les mariages primitifs étaient célébrés sous des arbres et, quand les femmes désiraient des enfants, on les voyait parfois dans la forêt embrassant affectueusement un robuste chêne. Bien des arbres et des plantes étaient vénérés à cause de leurs vertus médicinales réelles ou imaginaires. Les sauvages croyaient que toutes les réactions chimiques étaient dues à l'activité directe de forces surnaturelles.

85:2.4 Les idées concernant les esprits des arbres variaient considérablement parmi les différentes tribus et races. Certains arbres étaient habités par des esprits favorables, d'autres abritaient des esprits trompeurs et cruels. Les Finlandais croyaient que la plupart des arbres abritaient des esprits bienfaisants. Les Suisses se sont longtemps méfiés des arbres, croyant qu'ils contenaient des esprits rusés. Les habitants de l'Inde et de la Russie orientale considéraient les esprits des arbres comme cruels. Les Patagons adorent encore les arbres comme le firent les Sémites primitifs. Longtemps après que les Hébreux eurent cessé d'adorer les arbres, ils continuèrent à vénérer leurs diverses déités dans des bosquets. Sauf en Chine, il exista jadis un culte universel de l'arbre de vie.

85:2.5 La croyance que l'on peut trouver de l'eau ou des métaux précieux sous la surface de la terre, à l'aide d'une baguette divinatoire en bois, est un reliquat des anciens cultes des arbres. Le mai, les arbres de Noël et la pratique superstitieuse de toucher du bois perpétuent certaines coutumes d'adoration des arbres et des plus récents cultes des arbres.

85:2.6 Nombre de ces formes primitives de vénération de la nature se mêlèrent aux techniques d'adoration qui évoluèrent plus tard, mais les tout premiers types d'adoration animés par un esprit-mental adjuvat fonctionnaient bien avant que la nature religieuse nouvellement éveillée de l'humanité fût devenue pleinement sensible à la stimulation par les influences spirituelles.

85.3  L'Adoration des Animaux

85:3.1 L'homme primitif avait un sentiment particulier de camaraderie pour les animaux supérieurs. Ses ancêtres avaient vécu avec eux et s'étaient même accouplés à eux. En Asie méridionale, on crut de bonne heure que les âmes des hommes revenaient sur terre sous forme d'animaux. Cette croyance était une survivance de la pratique encore plus ancienne d'adorer les animaux.

85:3.2 Les primitifs révéraient les animaux pour leur pouvoir et leur ruse. Ils pensaient que l'odorat affiné et la vue perçante de certaines bêtes dénotaient une gouverne par les esprits. Les animaux ont tous été adorés par une race ou une autre, tantôt à une époque et tantôt à une autre. Parmi ces objets d'adoration, figuraient des créatures considérées comme mi-humaines et mi-animales, telles que les centaures et les sirènes.

85:3.3 Les Hébreux adorèrent les serpents jusqu'à l'époque du roi Ézéchias, et les Hindous entretiennent encore des relations amicales avec les serpents de leurs maisons. L'adoration des dragons par les Chinois est une survivance du culte des serpents. La sagesse du serpent était un symbole de la médecine grecque, et les médecins modernes l'emploient encore comme emblème. L'art de charmer les serpents a été transmis par les femmes chamanes pratiquant le culte de l'amour des serpents ; celles-ci se faisaient mordre quotidiennement par des serpents, ce qui les immunisait contre le venin et en faisait réellement des toxicomanes qui ne pouvaient plus se passer de ce poison.

85:3.4 L'adoration des insectes et de certains autres animaux résulta d'un malentendu ultérieur sur la règle d'or - faites à autrui (à toutes les formes de vie) ce que vous voudriez que l'on vous fasse. Les anciens crurent jadis que tous les vents étaient produits par des ailes d'oiseaux ; en conséquence ils craignirent et adorèrent toutes les créatures ailées. Les Nordiques primitifs croyaient que les éclipses étaient causées par un loup qui dévorait une portion du soleil ou de la lune. Les Hindous montrent souvent Vishnou avec une tête de cheval. Bien des fois, un symbole animal représente un dieu oublié ou un culte disparu. Tôt dans la religion évolutionnaire, l'agneau devint l'animal sacrificiel typique et la colombe, le symbole de la paix et de l'amour.

85:3.5 En religion, le symbolisme est bon ou mauvais dans la mesure exacte où le symbole ne supplante pas ou supplante l'idée originelle d'adoration. Le symbolisme ne doit pas être confondu avec l'idolâtrie immédiate où l'objet matériel est directement et effectivement adoré.

85.4  L'Adoration des Éléments

85:4.1 L'humanité a adoré la terre, l'air, l'eau et le feu. Les races primitives vénéraient les sources et adoraient les rivières. Même aujourd'hui, fleurit en Mongolie un culte des rivières qui exerce de l'influence. Le baptême devint un cérémonial religieux à Babylone, et les Grecs pratiquèrent le bain rituel annuel. Il était facile aux anciens d'imaginer que les esprits habitaient les sources bouillonnantes, les fontaines jaillissantes, les rivières rapides et les torrents impétueux. Les eaux mouvantes impressionnaient vivement ces êtres au mental frustre en faisant croire à l'animation par des esprits et à des pouvoirs surnaturels. On refusait parfois de secourir un homme qui se noyait, de peur d'offenser quelque dieu de la rivière.

85:4.2 Nombre de facteurs et d'événements ont agi pour stimuler la religion de peuples différents à des époques diverses. Beaucoup de tribus montagnardes des Indes adorent encore les arcs-en-ciel. En Inde et en Afrique, on croit que l'arc-en-ciel est un gigantesque serpent céleste. Les Hébreux et les chrétiens le considèrent comme « l'arc de la promesse » . De même, des influences considérées comme bénéfiques dans une partie du monde peuvent être regardées comme maléfiques ailleurs. Le vent d'est est un dieu en Amérique du Sud, car il apporte la pluie ; aux Indes, il est un démon parce qu'il amène la poussière et provoque la sécheresse. Les anciens Bédouins croyaient qu'un esprit de la nature produisait les tourbillons de sable ; même à l'époque de Moïse, la croyance aux esprits de la nature fut assez forte pour assurer leur perpétuation dans la théologie hébraïque sous forme d'anges du feu, de l'eau et de l'air.

85:4.3 Les nuages, la pluie, la grêle ont tous été craints et adorés par de nombreuses tribus primitives et dans les cultes initiaux de la nature. Les vents de tempête avec tonnerre et éclairs terrifiaient les hommes primitifs. Ils étaient tellement impressionnés par ces dérèglements des éléments qu'ils considéraient le tonnerre comme la voix d'un dieu courroucé. L'adoration du feu et la peur de la foudre étaient liées et fort répandues dans nombre de groupes primitifs.

85:4.4 Le feu était mêlé à la magie dans le mental des mortels primitifs tyrannisés par la peur. Les adeptes de la magie se rappellent nettement un résultat positif obtenu par hasard dans la pratique de leurs formules magiques, tandis qu'ils oublient avec insouciance des dizaines de résultats négatifs constituant des échecs complets. Le respect pour le feu atteignit son apogée en Perse, où il subsista longtemps. Quelques tribus adoraient le feu en le prenant pour la déité elle-même ; d'autres le révéraient comme symbole flamboyant de l'esprit purificateur et épurateur de leurs déités vénérées. On chargeait des vestales vierges de veiller sur les feux sacrés et, au vingtième siècle, on fait encore bruler des cierges dans le rituel de beaucoup de services religieux.

85.5  L'Adoration des Corps Célestes

85:5.1 L'adoration des roches, des collines, des arbres et des animaux se transforma naturellement en vénération craintive des éléments, puis en déification du soleil, de la lune et des étoiles. Aux Indes et ailleurs, les étoiles furent considérées comme les âmes glorifiées de grands hommes qui avaient quitté la vie dans la chair. Les Chaldéens adeptes du culte des étoiles estimaient qu'ils avaient le ciel pour père et la terre pour mère.

85:5.2 L'adoration de la lune précéda celle du soleil. La vénération de la lune atteignit son apogée durant l'ère de la chasse, tandis que l'adoration du soleil devint la principale cérémonie religieuse des âges agricoles subséquents. L'adoration solaire s'enracina tout d'abord fortement aux Indes, et c'est là qu'elle persista le plus longtemps. En Perse, la vénération du soleil donna naissance au culte mithriaque ultérieur. De nombreux peuples considéraient le soleil comme l'ancêtre de leurs rois. Les Chaldéens le plaçaient au centre « des sept cercles de l'univers » . Des civilisations plus tardives honorèrent le soleil en donnant son nom au premier jour de la semaine.

85:5.3 On supposait que le dieu soleil était le père mystique des fils de la destinée nés d'une vierge, et que ceux-ci s'effusaient de temps à autre sur les races favorisées. Ces enfants surnaturels étaient toujours abandonnés à la dérive sur quelque fleuve sacré pour être sauvés d'une manière extraordinaire et grandir ensuite pour devenir des personnalités miraculeuses et des libérateurs de leur peuple.

85.6  L'Adoration de l'Homme

85:6.1 Après avoir adoré tout ce qui existait à la surface de la terre et au dessus dans les cieux, l'homme n'hésita pas à se faire l'honneur d'une adoration semblable. Le sauvage au mental frustre ne fait pas de distinction claire entre bêtes, hommes et dieux.

85:6.2 Les primitifs considéraient toutes les personnes inhabituelles comme suprahumaines et en avaient tellement peur qu'ils manifestaient à leur égard une crainte respectueuse. Dans une certaine mesure, ils les adoraient littéralement. Même le fait d'avoir des jumeaux était regardé soit comme une grande chance soit comme une grande malchance. Les lunatiques, les épileptiques et les débiles mentaux étaient souvent adorés par leurs compagnons mentalement normaux qui croyaient que de tels êtres anormaux étaient habités par les dieux. On adora les prêtres, les rois et les prophètes ; on estima que les saints de jadis étaient inspirés par les déités.

85:6.3 On déifia les chefs tribaux une fois mort. Plus tard on sanctifia les âmes remarquables qui avaient passé dans l'au-delà. Sans aide, l'évolution n'a jamais donné naissance à des dieux supérieurs aux esprits glorifiés, exaltés et évolués de certains humains décédés. Dans son évolution primitive, la religion crée ses propres dieux. Au cours de la révélation, les Dieux formulent la religion. La religion évolutionnaire crée ses dieux à l'image et à la ressemblance de l'homme mortel ; la religion révélée cherche à faire évoluer les mortels et à les transformer à l'image et à la ressemblance de Dieu.

85:6.4 Les dieux fantômes supposés d'origine humaine doivent être distingués des dieux de la nature, car l'adoration de la nature produisit un panthéon - les esprits de la nature élevés à la position de dieux. Les cultes de la nature continuèrent à se développer en même temps que les cultes des fantômes apparus plus tard, et chacun des deux exerça une influence sur l'autre. De nombreux systèmes religieux comportèrent un double concept de la déité, les dieux de la nature et les dieux fantômes ; dans certaines théologies, ces deux concepts sont inextricablement mélangés, comme on le voit dans l'exemple de Thor, le héros fantôme qui était aussi le maitre de la foudre.

85:6.5 Mais l'adoration de l'homme par les hommes atteignit son apogée lorsque les chefs temporels ordonnèrent à leurs sujets de les vénérer ainsi, et que, pour justifier cette exigence, ils prétendirent être de descendance divine.

85.7  Les Adjuvats de l'Adoration et de la Sagesse

85:7.1 L'adoration de la nature peut sembler être née spontanément et naturellement dans le mental des hommes et des femmes primitifs, et il en fut bien ainsi ; mais, pendant toute cette période, et dans le mental de ces mêmes primitifs, s'exerçait l'action du sixième esprit adjuvat ; il avait été effusé sur ces peuplades en tant qu'influence directrice pour cette phase de l'évolution de l'espèce humaine, et cet esprit stimulait constamment la pulsion d'adoration de l'espèce humaine, si primitives que ces premières manifestations aient pu être. L'esprit adjuvat d'adoration donna une origine précise à l'impulsion humaine tendant à adorer, nonobstant le fait que son expression primitive fût motivée par la peur animale, et que ses premières pratiques fussent centrées sur des choses de la nature.

85:7.2 Il faut se rappeler que c'est le sentiment, et non la pensée, qui dirigea et contrôla tout le développement évolutionnaire. Pour le mental primitif, il y a peu de différence entre avoir peur, se dérober, honorer et adorer.

85:7.3 Quand la pulsion d'adoration est animée et dirigée par la sagesse - par la pensée méditative et expérientielle - elle commence alors à devenir le phénomène de la véritable religion. Quand le septième esprit-mental adjuvat, l'esprit de sagesse, parvient à exercer effectivement son ministère, l'homme commence alors à détourner son adoration de la nature et des objets naturels, et à l'orienter vers le Dieu de la nature et le Créateur éternel de toutes les choses naturelles.

85:7.4 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.]

86. L'Évolution Primitive de la Religion

86:0.1 L'ÉVOLUTION de la religion à partir de l'impulsion primitive d'adoration précédente ne dépend pas de la révélation. Le fonctionnement normal du mental humain, sous l'influence des sixième et septième adjuvats mentaux d'effusion universelle de l'esprit, est amplement suffisant pour assurer ce développement.

86:0.2 La toute première peur préreligieuse que les hommes ont eue des forces de la nature est progressivement devenue religieuse à mesure que la nature fut graduellement personnalisée, spiritualisée et finalement déifiée dans la conscience humaine. Les religions du type primitif étaient donc une conséquence biologique de l'inertie psychologique du mental animal en évolution après que les concepts du surnaturel eurent pénétré dans un tel mental.

86.1  Le Hasard : Chance et Malchance

86:1.1 À côté du besoin naturel d'adoration, la religion évolutionnaire primitive avait ses racines originelles dans l'expérience humaine du hasard - ce que vous appelez chance, les événements ordinaires. L'homme primitif chassait pour se nourrir. Les résultats de la chasse sont nécessairement variables, et cela donne une origine certaine aux expériences que les hommes interprètent comme chance et malchance. La mauvaise chance était un facteur important dans la vie d'hommes et de femmes vivant à la limite incertaine d'une existence précaire et harassante.

86:1.2 L'horizon intellectuel limité des sauvages concentre tellement leur attention sur le hasard que la chance devient un facteur constant dans leur vie. Les Urantiens primitifs luttaient pour vivre, et non pour un niveau de vie. Ils vivaient une vie périlleuse où le hasard jouait un rôle important. L'appréhension constante d'une calamité inconnue et invisible planait au-dessus de ces sauvages comme un nuage de désespoir qui éclipsait efficacement tous les plaisirs ; ils vivaient dans la peur constante de commettre un acte qui amènerait de la malchance. Les sauvages superstitieux craignaient toujours une série de chances heureuses ; ils considéraient cette bonne fortune comme annonciatrice certaine de calamités.

86:1.3 Cette peur toujours présente de la malchance était paralysante. Pourquoi travailler dur et récolter la malchance - donner quelque chose pour rien - quand on peut se laisser porter et risquer d'avoir de la chance - obtenir quelque chose pour rien ? Les irréfléchis oublient la bonne chance - ils la considèrent comme un dû - mais ils se rappellent douloureusement la malchance.

86:1.4 Les hommes primitifs vivaient dans l'incertitude et la peur constante du hasard - de la malchance. La vie était un passionnant jeu de hasard ; l'existence était une affaire de chance. Il n'y a rien d'étonnant à ce que les gens partiellement civilisés croient encore à la chance et manifestent un reste de prédisposition pour les jeux de hasard. Les hommes primitifs alternaient entre deux puissants intérêts : la passion d'obtenir quelque chose pour rien et la peur de ne rien obtenir pour quelque chose. Et ce jeu de hasard de l'existence était l'intérêt majeur et la fascination suprême du mental du sauvage primitif.

86:1.5 Plus tard, les éleveurs de troupeaux eurent le même point de vue sur le hasard et la chance, tandis que, plus tard encore, les agriculteurs prirent de plus en plus conscience que les récoltes subissaient l'influence immédiate d'un grand nombre de facteurs sur lesquels le contrôle de l'homme était faible ou nul. Les paysans se trouvèrent victimes de la sécheresse, des inondations, de la grêle, des orages, des insectes et des maladies parasitaires, ainsi que de la chaleur et du froid. Dès lors que toutes ces influences affectaient la prospérité individuelle, on les considéra comme des chances ou des malchances.

86:1.6 Cette notion de hasard et de chance imprégna fortement la philosophie de tous les peuples de l'antiquité. Même à une époque récente, dans la Sagesse de Salomon, il est dit : « Je suis revenu et j'ai vu que la course n'était pas aux agiles, ni la bataille aux forts, ni le pain aux sages, ni les richesses aux intelligents, ni la faveur aux habiles, car le destin et le hasard les atteignent tous. Car l'homme ne connaît pas son sort ; comme les poissons sont pris dans les filets de malheur et les oiseaux pris au lacet, ainsi les hommes sont pris au lacet de l'infortune quand elle fond subitement sur eux. »

86.2  La Personnification du Hasard

86:2.1 L'anxiété est l'état naturel du mental des sauvages. Quand les hommes et les femmes tombent victimes d'une anxiété excessive, ils reviennent simplement à l'état naturel de leurs lointains ancêtres. Quand l'anxiété devient réellement douloureuse, elle inhibe l'activité et provoque infailliblement des changements évolutionnaires et des adaptations biologiques. La douleur et la souffrance sont essentielles à l'évolution progressive.

86:2.2 La lutte pour la vie est si pénible qu'aujourd'hui encore, certaines tribus arriérées hurlent et se lamentent à chaque nouveau lever du soleil. L'homme primitif se demandait constamment : « Qui me tourmente ? » Faute de trouver une source matérielle à ses malheurs, il fixa ses explications sur les esprits. La religion naquit ainsi de la peur du mystère, de la crainte respectueuse de l'invisible et de la terreur de l'inconnu. La peur de la nature devint donc un facteur dans la lutte pour l'existence, d'abord à cause du hasard et ensuite à cause du mystère.

86:2.3 Le mental primitif était logique, mais contenait peu d'idées susceptibles de s'associer intelligemment ; le mental du sauvage était inculte et entièrement ingénu. Si un évènement en suivait un autre, le sauvage leur attribuait la relation de cause à effet. Ce que l'homme civilisé considère comme la superstition n'était que pure ignorance chez le sauvage. L'humanité fut lente à apprendre qu'il n'y a pas nécessairement de rapports entre les desseins et les résultats. Les êtres humains commencent seulement à comprendre que les réactions de l'existence apparaissent entre les actes et leurs conséquences. Le sauvage s'efforce de personnaliser tout ce qui est intangible et abstrait ; c'est ainsi que la nature et le hasard furent tous deux personnalisés en tant que fantômes (esprits) et plus tard en tant que dieux.

86:2.4 Les hommes ont une tendance naturelle à croire à ce qu'ils estiment préférable pour eux, à ce qui représente leur intérêt immédiat ou lointain ; l'intérêt égoïste obscurcit largement la logique. Ce qui différencie le mental du sauvage de celui de l'homme civilisé concerne plus le contenu que la nature, le degré que la qualité.

86:2.5 Mais continuer à attribuer aux causes surnaturelles les choses difficiles à comprendre, n'est rien moins qu'une manière paresseuse et commode d'éviter toutes les formes de travail intellectuel pénible. La chance est simplement un terme forgé pour couvrir l'inexplicable dans n'importe quel âge de l'existence humaine ; elle désigne les phénomènes dont les hommes sont incapables ou peu désireux de pénétrer le sens. Le hasard est un mot signifiant que l'homme est trop ignorant ou trop indolent pour déterminer les causes. Les hommes ne considèrent un évènement naturel comme un accident ou une malchance que s'ils sont dépourvus de curiosité et d'imagination, que si leur race manque d'initiative et d'esprit aventureux. L'exploration des phénomènes de la vie détruit tôt ou tard la croyance des hommes au hasard, à la chance et aux prétendus accidents ; elle y substitue un univers de loi et d'ordre, où tous les effets sont précédés par des causes définies. La peur de l'existence est ainsi remplacée par la joie de vivre.

86:2.6 Les sauvages envisageaient toute la nature comme vivante, comme possédée par quelque chose. Les civilisés donnent encore un coup de pied aux objets inanimés qui se mettent sur leur chemin et maudissent encore ceux qui les heurtent ; Les hommes primitifs ne considéraient jamais quelque chose comme accidentel ; pour eux, tout était toujours intentionnel. Pour les primitifs, le domaine du sort, la fonction de la chance, le monde des esprits, étaient tout aussi inorganisés et dirigés à l'aveuglette que la société primitive. Ils envisageaient la chance comme une réaction du caprice et des fantaisies du monde des esprits, et plus tard comme l'humeur des dieux.

86:2.7 Toutes les religions ne se développèrent cependant pas en partant de l'animisme. D'autres concepts du surnaturel étaient contemporains de l'animisme, et ces croyances conduisirent aussi à l'adoration. Le naturalisme n'est pas une religion - il est né de la religion.

86.3  La Mort - L'Inexplicable

86:3.1 La mort était pour les hommes en évolution le choc suprême, la plus troublante combinaison de hasard et de mystère. Ce ne fut pas la sainteté de la vie, mais le choc de la mort, qui inspira de la peur et entretint ainsi efficacement la religion. Chez les peuples sauvages, la mort était généralement due à la violence, de sorte que la mort non violente devint de plus en plus un mystère. La mort en tant que fin naturelle et attendue de la vie n'était pas claire dans la conscience des gens primitifs. Il a fallu des âges et des âges aux hommes pour comprendre qu'elle est inévitable.

86:3.2 Les hommes primitifs acceptaient la vie comme un fait, tandis qu'ils considéraient la mort comme une calamité. Toutes les races ont leurs légendes d'hommes qui ne sont pas morts, tradition résiduelle du comportement initial envers la mort. Il existait déjà, dans le mental humain, un concept nébuleux d'un monde des esprits imprécis et inorganisé, d'un domaine d'où provenait tout ce qui est inexplicable dans la vie humaine ; on ajouta la mort à la longue liste des phénomènes inexpliqués.

86:3.3 On crut d'abord que toutes les maladies humaines et la mort naturelle étaient dues à l'influence d'esprits. Même à l'époque actuelle, certaines races civilisées considèrent que les maladies ont été engendrées par « l'ennemi » et comptent sur des cérémonies religieuses pour en effectuer la guérison. Des systèmes de théologie plus récents et plus complexes attribuent encore la mort à l'action du monde des esprits ; tout cet ensemble a conduit à des doctrines telles que le péché originel et la chute de l'homme.

86:3.4 Ce fut la prise de conscience de son impuissance devant les puissantes forces de la nature ainsi que la récognition de la faiblesse humaine devant les calamités de la maladie et de la mort qui poussèrent les sauvages à rechercher de l'aide auprès du monde supramatériel, qu'ils entrevoyaient comme source de ces mystérieuses vicissitudes de la vie.

86.4  Le Concept de Survie après la Mort

86:4.1 Le concept d'une phase supramatérielle de la personnalité mortelle naquit de l'association inconsciente et purement accidentelle des évènements de la vie quotidienne avec, en plus, le rêve de fantômes. Quand plusieurs membres de la tribu d'un chef trépassé rêvaient simultanément de lui, cela semblait constituer une preuve convaincante que le vieux chef était réellement revenu sous quelque forme. Tout cela était fort réel pour les sauvages ; après de tels rêves, ils se réveillaient trempés de sueur, tremblants et hurlants.

86:4.2 L'origine onirique de la croyance en une existence future explique la tendance à toujours imaginer les choses invisibles en termes de choses visibles. Le nouveau concept de la vie future en tant que fantôme rêvé commença bientôt à servir d'antidote efficace à la peur de la mort associée à l'instinct biologique de conservation.

86:4.3 Les hommes primitifs se préoccupaient également beaucoup de leur respiration, spécialement dans les climats froids où ils observaient une buée lors de l'expiration. Le souffle de vie fut considéré comme l'unique phénomène qui différenciait les vivants des morts. Le primitif savait que son souffle pouvait quitter son corps ; les rêves, où il faisait toutes sortes de choses bizarres pendant qu'il était endormi, le convainquirent que l'être humain comportait un élément immatériel. L'idée la plus primitive concernant l'âme humaine fut le fantôme, elle était dérivée du système d'idées relatif aux rêves et à la respiration.

86:4.4 Le sauvage finit par concevoir qu'il était un être double - corps et souffle. Le souffle amputé du corps équivalait à un esprit, à un fantôme. Bien que les esprits ou fantômes aient eu nettement une origine humaine, on les considéra comme suprahumains. Cette croyance à l'existence d'esprits désincarnés semblait expliquer les évènements inhabituels, l'extraordinaire, l'exceptionnel et l'inexplicable.

86:4.5 La doctrine primitive de la survie après la mort n'était pas nécessairement une croyance à l'immortalité. Des êtres qui ne savaient pas compter au delà de vingt ne pouvaient guère concevoir l'infinité et l'éternité ; ils pensaient plutôt à des incarnations répétées.

86:4.6 La race orangée était spécialement adonnée aux croyances à la transmigration et à la réincarnation. L'idée de réincarnation prit naissance dans l'observation de ressemblances d'hérédités et de caractères entre les descendances et leurs ancêtres. La coutume de nommer les enfants d'après leurs grands-parents et autres ascendants était due à la croyance en la réincarnation. Quelques races plus récentes crurent que les hommes mouraient de trois à sept fois. Cette croyance (reliquat des enseignements d'Adam concernant les mondes des maisons), ainsi que bien d'autres vestiges de la religion révélée peuvent être retrouvés parmi les doctrines, par ailleurs absurdes, des barbares du vingtième siècle.

86:4.7 Les hommes primitifs ne nourrissaient aucune idée d'enfer ni de punitions futures. Les sauvages imaginaient la vie après la mort exactement comme la vie présente, moins la malchance. Plus tard, on conçut une destinée séparée pour les bons fantômes et les mauvais fantômes - le ciel et l'enfer. Les membres de beaucoup de races primitives croyaient que l'homme débutait dans la vie suivante à l'état exact où il avait quitté la vie présente ; c'est pourquoi l'idée de devenir vieux et décrépit ne leur souriait pas. Les gens âgés préféraient de beaucoup être tués avant de devenir trop impotents.

86:4.8 Presque tous les groupes avaient des idées différentes sur la destinée de l'âme-fantôme. Les Grecs croyaient que les hommes faibles devaient avoir des âmes faibles ; ils inventèrent donc l'Hadès comme lieu approprié pour recevoir ces âmes chétives. Ils supposaient aussi que ces spécimens malingres avaient des ombres plus petites. Les premiers Andites croyaient que leurs fantômes retournaient au pays natal de leurs ancêtres. Les Chinois et les Égyptiens crurent jadis que l'âme et le corps restaient liés. Cela conduisit les Égyptiens à construire soigneusement des tombes et à s'efforcer de préserver les corps. Même les peuples modernes cherchent à éviter la décomposition des morts. Les Hébreux conçurent qu'un fantôme, réplique de l'individu, descendait au Shéol et ne pouvait revenir au pays des vivants. Ils firent effectivement ce progrès important dans la doctrine de l'évolution de l'âme.

86.5  Le Concept de l'Âme Fantôme

86:5.1 La partie non matérielle de l'homme a été diversement appelée fantôme, esprit, ombre, spectre et plus récemment âme. Dans les rêves de l'homme primitif, l'âme était son double ; elle ressemblait exactement au mortel lui-même, sauf qu'elle n'était pas sensible au toucher. La croyance aux doubles, vus en rêve, conduisit directement à la notion que toutes les choses animées et inanimées ont une âme comme les hommes. Ce concept tendit longtemps à perpétuer la croyance aux esprits de la nature. Les Esquimaux imaginent encore que toutes les choses de la nature ont un esprit.

86:5.2 L'âme fantôme pouvait être entendue et vue, mais non être touchée. La vie de rêve de la race développa et étendit graduellement les activités du monde évoluant des esprits, au point que la mort fut finalement considérée comme le fait de « rendre l'âme » . Toutes les tribus primitives, sauf celles qui dépassaient à peine les animaux, se sont formées des concepts de l'âme. À mesure que la civilisation progresse, ces concepts superstitieux sont détruits, et l'homme dépend entièrement de la révélation et de l'expérience religieuse personnelle pour se faire une nouvelle idée de l'âme en tant que création conjointe du mental humain connaissant Dieu et de l'esprit divin qui l'habite, l'Ajusteur de Pensée.

86:5.3 Les mortels primitifs ne réussissaient généralement pas à différencier la notion d'un esprit intérieur de celle d'une âme de nature évolutionnaire. Il y avait grande confusion, chez les sauvages, sur la question de savoir si l'âme était née dans le corps ou si elle était un agent extérieur en possession du corps. L'absence de pensée raisonnée en présence de la perplexité explique le grossier illogisme des points de vue des sauvages sur les âmes, les fantômes et les esprits.

86:5.4 On a cru que l'âme était reliée au corps comme le parfum à la fleur. Les anciens croyaient que l'âme pouvait quitter le corps de différentes manières telles que :

86:5.5 1. Évanouissement ordinaire et temporaire.

86:5.6 2. Sommeil, rêve naturel.

86:5.7 3. Coma et inconscience associés aux maladies et aux accidents.

86:5.8 4. Mort, départ définitif.

86:5.9 Les sauvages envisageaient les éternuements comme des tentatives avortées de l'âme pour s'échapper du corps. Étant éveillé et sur ses gardes, le corps était capable de contrecarrer l'essai de fuite de l'âme. Plus tard, on accompagna toujours les éternuements d'une formule religieuse telle que « Dieu vous bénisse » .

86:5.10 De bonne heure dans l'évolution, on considéra le sommeil comme prouvant que l'âme fantôme pouvait s'absenter du corps, et l'on croyait pouvoir la rappeler en disant ou en criant le nom du dormeur. Dans d'autres formes d'inconscience, on croyait que l'âme était plus lointaine, cherchant peut-être à s'échapper pour de bon - la mort imminente. On envisageait les rêves comme les expériences de l'âme durant le sommeil, lors de son absence temporaire du corps. Les sauvages estiment que leurs rêves sont aussi réels que toute autre partie de leur expérience de veille. Les anciens prirent l'habitude d'éveiller graduellement les dormeurs pour donner à l'âme le temps de réintégrer le corps.

86:5.11 Tout au long des âges, les hommes ont été saisis d'une crainte respectueuse devant l'apparition de la nuit, et les Hébreux ne firent pas exception. Ils croyaient sincèrement que Dieu leur parlait dans des rêves, malgré les injonctions de Moïse à l'encontre de cette idée. Moïse avait raison, car les rêves ordinaires ne sont pas la méthode employée par les personnalités du monde spirituel quand elles cherchent à communiquer avec les êtres matériels.

86:5.12 Les anciens croyaient que les âmes pouvaient entrer dans des animaux ou même des objets inanimés. Cette croyance à l'identification avec les animaux culmina dans l'idée des loups-garous. Une personne pouvait être, de jour, un citoyen respectueux de la loi, mais, quand elle s'endormait, son âme pouvait entrer dans un loup ou dans quelque autre animal et rôder en commettant des déprédations nocturnes.

86:5.13 Les hommes primitifs croyaient que l'âme était associée à la respiration et que l'on pouvait communiquer ou transférer ses qualités par le souffle. Un chef courageux allait souffler sur un enfant nouveau-né pour lui conférer le don de la bravoure. Chez les chrétiens primitifs, la cérémonie d'effusion du Saint-Esprit était accompagnée d'un souffle sur les candidats. Le Psalmiste a dit : « Les cieux ont été faits par la parole du Seigneur, et toute leur armée par le souffle de sa bouche. » Ce fut longtemps la coutume, pour les fils ainés, d'essayer d'attraper le dernier souffle de leur père mourant.

86:5.14 Plus tard, on en vint à craindre et à révérer l'ombre au même titre que le souffle. L'image de soi-même reflétée dans l'eau fut également envisagée parfois comme la preuve de la dualité de l'être et l'on considéra les miroirs avec une crainte superstitieuse. Même aujourd'hui, bien des civilisés tournent les miroirs contre le mur en cas de décès. Quelques tribus arriérées croient encore que les portraits, dessins, modèles ou images enlèvent au corps l'âme ou une partie de l'âme, et en conséquence elles interdisent d'en faire.

86:5.15 On croyait en général que l'âme s'identifiait au souffle, mais diverses peuplades la situaient aussi dans la tête, les cheveux, le coeur, le foie, le sang et la graisse. « Le sang d'Abel criant depuis la terre » exprime la croyance de jadis à la présence de l'âme-fantôme dans le sang. Les Sémites enseignèrent que l'âme résidait dans la graisse du corps, et, chez beaucoup d'entre eux, l'absorption de graisse animale était tabou. Les chasseurs de têtes et les découpeurs de scalps cherchaient à capturer l'âme de leurs ennemis. Plus récemment, on a considéré les yeux comme les fenêtres de l'âme.

86:5.16 Les adeptes de la doctrine selon laquelle il y avait trois ou quatre âmes croyaient que la perte de l'une d'elles signifiait inquiétude, la perte de deux, maladie et la perte de trois, la mort. D'après eux, une âme vivait dans le souffle, une dans la tête, une dans les cheveux et une dans le coeur. Ils conseillaient aux malades de se promener au grand air avec l'espoir de recapter leurs âmes égarées. On supposait que les plus grands médecine-men échangeaient l'âme malade d'une personne malade contre une nouvelle âme, la « nouvelle naissance » .

86:5.17 Les enfants de Badonan développèrent une croyance en deux âmes, la respiration et l'ombre. Les premières races nodites estimaient que l'homme consistait en deux personnes, l'âme et le corps. Cette philosophie de l'existence humaine se refléta plus tard dans le point de vue grec. Les Grecs eux-mêmes croyaient à l'existence de trois âmes, la végétative située dans l'estomac, l'animale dans le coeur et l'intellectuelle dans la tête. Les Esquimaux croient que l'homme est composé de trois parties : le corps, l'âme et le nom.

86.6  L'Environnement des Esprits-Fantômes

86:6.1 L'homme a hérité d'un environnement naturel, acquis un environnement social et imaginé un environnement spectral. Les hommes réagissent envers leur environnement naturel en formant des États, envers leur environnement social en fondant des foyers et envers leur environnement illusoire de fantômes en instituant des Églises.

86:6.2 Très tôt dans l'histoire de l'humanité, la croyance aux réalités du monde imaginaire des fantômes et des esprits fut universelle, et ce monde d'esprits nouvellement imaginé devint une puissance dans la société primitive. La vie mentale et morale de toute l'humanité fut définitivement modifiée par l'apparition de ce nouveau facteur dans les pensées et les actes des hommes.

86:6.3 Sur cette basse majeure d'ignorance et d'illusion, la peur humaine a entassé toutes les superstitions et religions subséquentes des peuples primitifs. Ce fut l'unique religion humaine jusqu'à l'époque de la révélation, et de nombreuses races du monde d'aujourd'hui ne possèdent encore que cette religion évolutionnaire sommaire.

86:6.4 À mesure que l'évolution progressait, la chance fut associée aux bons esprits et la malchance, aux mauvais esprits. La gêne de l'adaptation forcée à un environnement changeant fut considérée comme une malchance, un mécontentement des esprits fantômes. Les hommes primitifs donnèrent lentement naissance à la religion en partant de leur impulsion innée d'adoration et de leur fausse conception du hasard. Les hommes civilisés établissent des plans d'assurances pour triompher des occurrences du hasard. La science moderne remplace les esprits fictifs et les dieux capricieux par un actuaire faisant des calculs mathématiques.

86:6.5 Chaque génération qui passe sourit devant les superstitions stupides de ses ancêtres, tout en continuant à entretenir les sophismes de pensée et d'adoration qui feront sourire à leur tour la postérité plus éclairée.

86:6.6 Mais, finalement, le mental des hommes primitifs était occupé par des idées qui transcendaient toutes leurs impulsions biologiques naturelles. L'homme était, enfin, sur le point de développer un art de vivre basé sur quelque chose de plus que la réaction à des stimuli matériels. On assistait aux débuts d'une politique de vie comportant une philosophie primitive. Un critère de vie surnaturel était sur le point d'émerger. En effet, si l'esprit fantôme apporte la malchance dans sa colère et la bonne fortune dans son contentement, il faut que la conduite humaine soit réglée en conséquence. Le concept du bien et du mal était enfin apparu par évolution, et tout ceci bien avant l'époque d'une révélation quelconque sur terre.

86:6.7 Avec l'émergence de ces concepts commença la lutte longue et ruineuse pour apaiser les esprits toujours mécontents, l'esclavage servile de la peur religieuse évolutionnaire, l'interminable gaspillage des efforts humains pour des tombes, des temples, des sacrifices et des prêtrises. Le prix à payer fut effrayant et terrible, mais il valut tout ce qu'il couta, car, grâce à lui, les hommes atteignirent une conscience naturelle du bien et du mal relatifs ; l'éthique humaine était née !

86.7  La Fonction de la Religion Primitive

86:7.1 Le sauvage avait besoin d'assurance ; il payait donc volontiers ses primes onéreuses de peur, de superstition et d'appréhension par des dons aux prêtres pour sa police d'assurance magique contre la malchance. La religion primitive consistait simplement en primes d'assurance contre les périls de la forêt. Les hommes civilisés payent des primes d'assurance contre les accidents de l'industrie et les risques des modes de vie modernes.

86:7.2 La société contemporaine enlève les affaires d'assurance au domaine des prêtres et de la religion, et les place dans le domaine économique. La religion s'occupe de plus en plus d'assurance sur la vie au delà de la tombe. Les hommes modernes, du moins ceux qui pensent, cessent de payer des primes inutiles pour contrôler la chance. La religion s'élève lentement à des niveaux philosophiques supérieurs contrastant avec son ancienne fonction de plan d'assurance contre la malchance.

86:7.3 Cependant, ces anciennes idées sur la religion ont empêché les hommes de devenir fatalistes et désespérément pessimistes ; ils ont cru qu'ils pouvaient au moins faire quelque chose pour influencer le destin. Le religion de la peur des fantômes a gravé dans la mémoire des hommes qu'ils devaient régler leur conduite, qu'il y avait un monde supramatériel contrôlant la destinée humaine.

86:7.4 Les races civilisées modernes commencent seulement aujourd'hui à émerger de la peur qui leur faisait expliquer la chance et les inégalités courantes de l'existence par l'action des fantômes. L'humanité s'émancipe de la servitude de l'explication de la malchance par les esprits-fantômes. Mais, en même temps que les hommes renoncent à la doctrine erronée des vicissitudes de la vie causées par les esprits, ils font montre d'un surprenant empressement à admettre un enseignement presque aussi fallacieux qui les invite à attribuer toutes les inégalités humaines à de mauvaises adaptations politiques, à des injustices sociales et à la concurrence industrielle. Cependant, des lois nouvelles, une philanthropie accrue et une réorganisation industrielle plus poussée, si bonnes qu'elles soient en elles-mêmes, ne remédieront ni aux faits de la naissance ni aux accidents de la vie. Seule la compréhension des faits et leur sage maniement dans le cadre des lois naturelles permettront aux hommes d'obtenir ce qu'ils veulent et d'éviter ce qu'ils ne veulent pas. La connaissance scientifique conduisant à l'action scientifique est le seul antidote contre les maux dits accidentels.

86:7.5 L'industrie, la guerre, l'esclavage et le gouvernement civil ont surgi en réponse à l'évolution sociale de l'homme dans son milieu naturel. La religion est apparue d'une manière analogue en réponse au milieu illusoire du monde imaginaire des esprits. La religion fut un développement évolutionnaire de préservation de soi, et elle a réussi, malgré son illogisme total et la conception erronée qui lui donna naissance.

86:7.6 Par la puissante et impressionnante force de la fausse peur, la religion primitive a préparé le mental humain à l'effusion d'une force spirituelle authentique, d'origine surnaturelle, qui est l'Ajusteur de Pensée. Et, depuis lors, les divins Ajusteurs ont toujours travaillé à transmuer la peur de Dieu en amour pour Dieu. L'évolution est peut-être lente, mais elle est infailliblement efficace.

86:7.7 [Présenté par une Étoile du Soir de Nébadon.]

87. Les Cultes des Fantômes

87:0.1 LE CULTE des fantômes se développa comme une compensation aux risques de malchance ; ses pratiques religieuses primitives résultèrent de l'anxiété au sujet de la malchance et de la peur excessive des morts. Aucune de ces religions primitives ne s'occupait beaucoup de reconnaître la Déité ou de révérer le suprahumain ; leurs rites étaient surtout négatifs et destinés à éviter, à expulser ou à contraindre des fantômes. Le culte des fantômes n'était ni plus ni moins qu'une assurance contre les désastres ; il n'avait aucun rapport avec un investissement destiné à procurer des revenus plus élevés à l'avenir.

87:0.2 L'homme a soutenu contre le culte des fantômes une lutte longue et acharnée. On ne trouve rien dans l'histoire humaine qui excite plus la pitié que ce tableau de la soumission abjecte des hommes à la peur des esprits fantômes. Avec la naissance de cette peur, l'humanité démarre sur la route ascendante de l'évolution religieuse. L'imagination humaine a quitté les rivages du moi et ne trouvera plus où jeter l'ancre avant de parvenir au concept d'une vraie Déité, d'un Dieu réel.

87.1  La Peur des Fantômes

87:1.1 On craignait la mort parce qu'elle signifiait qu'un nouveau fantôme s'était libéré de son corps physique. Les anciens faisaient de leur mieux pour empêcher la mort, afin d'éviter l'ennui d'avoir à lutter avec un fantôme supplémentaire. Ils étaient toujours soucieux d'inciter le fantôme à quitter la scène du décès pour s'embarquer dans le voyage au pays des morts. Le fantôme inspirait un maximum de crainte pendant la période de transition supposée entre son émergence au moment de la mort et son départ ultérieur pour la pays natal des fantômes, vague et primitif concept d'un pseudo-ciel.

87:1.2 Bien que les sauvages aient attribué aux fantômes des pouvoirs surnaturels, ils ne les imaginaient guère doués d'une intelligence surnaturelle. On pratiquait de nombreux stratagèmes et supercheries dans les efforts pour donner le change aux fantômes et les tromper. Les hommes civilisés attachent encore beaucoup de foi à l'espoir qu'une manifestation extérieure de piété trompera de quelque façon une Déité même omnisciente.

87:1.3 Les primitifs craignaient la maladie pour avoir observé qu'elle était souvent annonciatrice de la mort. Si le medecine-man de la tribu ne réussissait pas à guérir un individu atteint, on ôtait généralement le malade de la hutte familiale pour l'amener dans une plus petite ou pour le laisser en plein air afin qu'il meure seul. On détruisait habituellement la maison où un décès s'était produit ; sinon, on s'en écartait toujours, et cette peur empêcha les primitifs de construire des demeures durables. Elle milita aussi contre l'établissement de villes et de villages permanents.

87:1.4 Quand un membre du clan mourait, les sauvages veillaient toute la nuit en parlant ; ils craignaient de mourir aussi s'ils s'endormaient à proximité d'un cadavre. La contagion du cadavre justifiait la peur des morts. Tantôt à une époque et tantôt à une autre, tous les peuples ont pratiqué de minutieuses cérémonies de purification destinées à nettoyer un individu après contact avec les morts. Les anciens croyaient qu'il fallait fournir de la lumière à un cadavre. On ne permettait jamais que le corps d'un mort restât dans l'obscurité. Au vingtième siècle, on brule encore des cierges dans les chambres mortuaires, et les hommes veillent encore auprès des morts. Les hommes dits civilisés n'ont pas encore complètement éliminé de leur philosophie de la vie la peur des morts.

87:1.5 Mais, malgré toute cette peur, les hommes cherchaient encore à induire le fantôme en erreur. Si la hutte mortuaire n'avait pas été détruite, on enlevait le cadavre par un trou dans le mur, mais jamais par la porte. On prenait ces mesures pour confondre le fantôme, pour l'empêcher de demeurer sur place et pour s'assurer contre son retour. Ceux qui étaient allés aux funérailles revenaient par un autre chemin de peur que les fantômes ne les suivent. On pratiqua la marche à reculons et des dizaines d'autres tactiques pour s'assurer que le fantôme ne reviendrait pas de la tombe. On échangeait souvent les habits entre sexes pour tromper le fantôme. Les vêtements de deuil furent d'abord destinés à déguiser les survivants et, plus tard, à montrer du respect pour les morts en vue d'apaiser les fantômes.

87.2  L'Apaisement des Fantômes

87:2.1 En religion, le programme négatif d'apaisement des fantômes précéda de loin le programme positif de coercition et de supplication des esprits. Les premiers actes humains de culte furent des phénomènes de défense, et non de vénération. Les hommes modernes estiment sage de s'assurer contre l'incendie ; de même les sauvages croyaient que la plus grande sagesse consistait à s'assurer contre la malchance due aux fantômes. Les efforts pour obtenir cette protection furent à l'origine des techniques et des rituels du culte des fantômes.

87:2.2 On a cru jadis que le plus grand désir d'un fantôme était d'être rapidement « enseveli » pour lui permettre de se rendre au pays des morts sans être dérangé. Toute erreur d'exécution, toute omission de la part des vivants dans les actes du rituel pour ensevelir le fantôme devait certainement retarder sa marche vers le pays des fantômes. On croyait que cela déplaisait au fantôme, et l'on supposait qu'un fantôme courroucé était une source de calamités, d'infortunes et de malheurs.

87:2.3 Les funérailles naquirent de l'effort des hommes pour inciter l'âme fantôme à partir pour son futur domicile, et le sermon funèbre fut originellement destiné à instruire le nouveau fantôme sur la manière de s'y rendre. On avait coutume de fournir de la nourriture et des vêtements pour le voyage du fantôme, et ces objets étaient mis dans la tombe ou à proximité. Les sauvages croyaient qu'il fallait de trois jours à un an pour « ensevelir le fantôme » - pour l'écarter du voisinage de la tombe. Les Esquimaux croient encore que l'âme reste attachée au corps pendant trois jours.

87:2.4 Le silence et le deuil étaient observés après un décès, afin que le fantôme ne soit pas tenté de revenir à la maison. On s'infligeait communément des tortures - des blessures - pour manifester le deuil. Bien des éducateurs évolués essayèrent de mettre fin à cette pratique, mais sans succès. On croyait que le jeune et d'autres formes de reniement de soi étaient agréables aux fantômes, et que ceux-ci prenaient plaisir au malaise des vivants pendant la période de transition où ils rôdaient avant de partir effectivement pour le pays des morts.

87:2.5 De longues et fréquentes périodes d'inactivité pour cause de deuil furent l'un des grands obstacles au progrès de la civilisation. Des semaines et même des mois de chaque année étaient littéralement gaspillés dans ces deuils improductifs et inutiles. Le fait que l'on embaucha des pleureurs professionnels à l'occasion des funérailles indique que le deuil était un rite et non une preuve de tristesse. Les modernes peuvent prendre le deuil par respect des morts et à cause de la perte subie, mais les anciens le faisaient par peur.

87:2.6 Les noms des morts n'étaient jamais prononcés. En fait, ils étaient souvent bannis du langage. Ces noms devinrent tabous, et, de cette manière, les langues furent constamment appauvries. Cela finit par produire une multitude de paroles symboliques et d'expressions figuratives telles que « le nom ou le jour que l'on ne mentionne jamais » .

87:2.7 Les anciens étaient tellement anxieux de se débarrasser d'un fantôme qu'ils lui offraient tout ce qu'il aurait pu désirer durant sa vie. Les fantômes voulaient des femmes et des serviteurs ; un sauvage fortuné s'attendait qu'au moins une femme esclave fût enterrée vivante lors de sa mort. Plus tard, la coutume voulut qu'une veuve se suicidât sur la tombe de son mari. Quand un enfant mourait, on étranglait souvent la mère, une tante ou la grand-mère, pour qu'un fantôme adulte puisse accompagner le fantôme enfant et prendre soin de lui. Ceux qui renonçaient ainsi à la vie le faisaient en général volontairement. En vérité, s'ils avaient vécu en violation de la coutume, leur peur de la colère du fantôme aurait dénué leur vie des rares plaisirs dont les primitifs pouvaient jouir.

87:2.8 Il était coutumier d'expédier ainsi un grand nombre de sujets pour accompagner un chef décédé ; on tuait des esclaves quand leur maitre mourait, afin qu'ils puissent le servir au pays des fantômes. Les indigènes de Bornéo fournissent encore au mort un compagnon messager ; on tue un esclave à la lance pour qu'il fasse le voyage fantôme avec son maitre décédé. On croyait que les fantômes des personnes assassinées se réjouissaient d'avoir pour esclaves les fantômes de leurs meurtriers ; cette notion conduisit les hommes à se faire chasseurs de têtes.

87:2.9 On supposait que les fantômes aimaient l'odeur de la nourriture ; les offrandes d'aliments aux fêtes funéraires furent jadis universelles. La méthode primitive pour rendre grâces consistait à jeter un morceau de nourriture dans le feu avant le repas en vue d'apaiser les esprits, tout en marmottant une formule magique.

87:2.10 On supposait que les morts employaient les fantômes des outils et des armes qui leur avaient appartenu dans la vie. Briser l'un de ces objets, c'était « le tuer » , ce qui libérait son fantôme pour un service au pays des fantômes. On faisait aussi des sacrifices de biens en les brulant ou en les enterrant. Les gaspillages aux anciennes funérailles étaient énormes. Les races ultérieures fabriquèrent des modèles en papier et substituèrent des dessins aux personnes et aux objets réels pour ces sacrifices mortuaires. La civilisation fit un grand progrès quand l'héritage par la famille remplaça l'incendie et l'enterrement des biens. Les Indiens Iroquois effectuèrent de nombreuses réformes dans les gaspillages funéraires, et la conservation des biens leur permit de devenir les plus puissants hommes rouges du Nord. Les hommes modernes ne sont pas censés craindre les fantômes, mais les coutumes sont fortes, et l'on consomme encore beaucoup de richesses terrestres en rites funéraires et en cérémonies mortuaires.

87.3  Le Culte des Ancêtres

87:3.1 Le progrès du culte des fantômes rendit inévitable le culte des ancêtres, car il devint le lien entre les fantômes ordinaires et les esprits supérieurs, les dieux en préparation. Les dieux primitifs étaient simplement des humains trépassés et glorifiés.

87:3.2 À son origine, le culte des ancêtres tenait plus de la peur que de l'adoration, mais les croyances correspondantes contribuèrent nettement à répandre la peur des fantômes et leur culte. Les fidèles du culte primitif des ancêtres-fantômes craignaient même de bailler, de peur qu'un méchant esprit n'en profite pour s'introduire dans leur corps.

87:3.3 La coutume d'adopter des enfants était destinée à s'assurer que quelqu'un ferait des offrandes après la mort du parent adoptif pour la paix et le progrès de son âme. Le sauvage vivait dans la peur des fantômes de ses semblables et passait son temps disponible à faire des plans pour que son propre fantôme ait son sauf-conduit après sa mort.

87:3.4 La plupart des tribus instituèrent une fête de toutes-les-âmes au moins une fois par an. Les Romains avaient chaque année douze fêtes des fantômes avec les cérémonies concomitantes. La moitié des jours de l'année était consacrée à diverses cérémonies associées à ses anciens cultes. Un empereur romain tenta de réformer ces pratiques en réduisant à 135 le nombre des jours fériés annuels.

87:3.5 Le culte des fantômes évolua continuellement. À mesure que l'on imagina les fantômes comme passant d'une phase incomplète à une phase supérieure d'existence, leur culte progressa jusqu'à l'adoration d'esprits et même de dieux. Mais, indépendamment des croyances variables à des esprits plus évolués, toutes les tribus et races ont jadis cru aux fantômes.

87.4  Bons et Mauvais Esprits Fantômes

87:4.1 La peur des fantômes fut la source de toutes les religions du monde. Pendant des âges, de nombreuses tribus restèrent attachées à la croyance à une seule classe de fantômes. Elles enseignaient que l'homme avait de la chance quand le fantôme était content et de la malchance quand il était courroucé.

87:4.2 À mesure que le culte de la peur des fantômes se répandait, arriva la récognition de types d'esprits supérieurs, d'esprits qui n'étaient pas nettement identifiables avec un individu humain. C'étaient des fantômes qualifiés ou glorifiés ayant progressé au delà du pays des fantômes dans les royaumes supérieurs où résident les esprits.

87:4.3 La notion de deux sortes d'esprits fantômes fit, lentement mais sûrement, son chemin dans le monde entier. Ce nouveau spiritisme de dualité n'eut pas à se répandre de tribu en tribu ; il surgit spontanément partout. La puissance d'une idée qui influence le mental évolutionnaire en expansion ne réside pas dans son caractère réel ou raisonnable, mais plutôt dans la vivacité de son éclat et dans la facilité et la simplicité de son application universelle.

87:4.4 Plus tard encore, l'imagination des hommes envisagea le concept d'agents surnaturels bons et mauvais ; certains fantômes n'évoluaient jamais jusqu'au niveau des bons esprits. Le monospiritisme primitif de la peur des fantômes se transformait graduellement en un double spiritisme, en un nouveau concept du contrôle invisible des affaires terrestres. Enfin, la chance et la malchance furent décrites comme ayant leurs contrôleurs respectifs, et l'on crut qu'entre les deux classes, le groupe qui amenait la malchance était le plus actif et le plus nombreux.

87:4.5 Quand la doctrine des bons et des mauvais esprits parvint finalement à maturité, elle devint la plus répandue et la plus persistante de toutes les croyances religieuses. Ce dualisme représentait une grande avance philosophico-religieuse parce qu'il permettait aux hommes d'expliquer la chance et la malchance tout en croyant à des êtres supramortels dont la conduite était quelque peu logique. On pouvait compter sur les esprits comme étant soit bons soit mauvais, et on ne les croyait plus complètement fantasques comme les premiers fantômes du monospiritisme de la plupart des religions primitives. L'homme était enfin capable de concevoir des forces supramortelles ayant une conduite logique ; ce fut l'une des plus importantes découvertes de la vérité dans toute l'histoire de l'évolution de la religion et dans l'expansion de la philosophie humaine.

87:4.6 La religion évolutionnaire a toutefois payé un prix terrible pour le concept du double spiritisme. La philosophie primitive de l'homme n'a pu concilier la constance des esprits avec les vicissitudes de la fortune temporelle qu'en admettant deux sortes d'esprits, l'une bonne et l'autre mauvaise. Cette croyance permit bien à l'homme de concilier les variations du hasard avec un concept de forces supramortelles invariantes, mais, depuis lors, cette doctrine a toujours rendu difficile aux personnes religieuses de concevoir l'unité cosmique. En général, les dieux de la religion évolutionnaire ont rencontré l'opposition des forces des ténèbres.

87:4.7 La tragédie de tout ceci réside dans le fait qu'au moment où ces idées prenaient corps dans le mental primitif de l'homme, il n'y avait, en réalité, nulle part dans le monde d'esprits mauvais ou inharmonieux. Une telle situation fâcheuse ne se développa qu'après la rébellion de Caligastia, mais elle ne dura que jusqu'à la Pentecôte. Même au vingtième siècle, le concept du bien et du mal en tant que puissance cosmique de même rang, reste très vivant dans la philosophie humaine. La plupart des religions du monde portent encore cette marque de naissance culturelle datant des jours lointains où émergea le culte des fantômes.

87.5  La Progression du Culte des Fantômes

87:5.1 Les hommes primitifs envisageaient les esprits et les fantômes comme ayant des droits à peu près illimités, mais aucun devoir. Quant aux esprits, on pensait qu'ils considéraient les hommes comme ayant de multiples devoirs, mais aucun droit. On croyait que les esprits méprisaient les hommes parce que ceux-ci échouaient constamment dans l'accomplissement de leurs devoirs spirituels. L'humanité croyait alors généralement que les fantômes prélevaient un continuel tribut de services comme prix de leur non-interférence dans les affaires humaines. On attribuait la plus petite malchance à des activités de fantômes. Les humains primitifs craignaient tellement d'oublier quelque honneur à rendre aux dieux qu'après avoir fait des sacrifices à tous les esprits connus, ils en faisaient une seconde série aux « dieux inconnus » , simplement pour avoir une marge de sécurité.

87:5.2 Le simple culte des fantômes fut bientôt suivi par la pratique plus évoluée et relativement complexe du culte des esprits-fantômes, consistant à servir et à adorer les esprits supérieurs tels qu'ils évoluaient dans l'imagination primitive des hommes. Il fallait que le cérémonial religieux marche de pair avec l'évolution et le progrès des esprits. Le culte amplifié n'était que l'art de se préserver, pratiqué en relation avec la croyance à des êtres surnaturels, une adaptation à un environnement d'esprits. Les organisations industrielles et militaires étaient des adaptations à l'environnement naturel et social. De même que le mariage fut établi pour satisfaire les exigences de la bisexualité, de même l'organisation religieuse évolua en réponse à la croyance à des forces d'esprits et à des êtres spirituels supérieurs. La religion représente l'adaptation de l'homme à ses illusions sur le mystère du hasard. La peur des esprits, et plus tard l'adoration des esprits, furent adoptées comme une assurance contre le malheur, comme une politique de prospérité.

87:5.3 Les sauvages imaginent que les bons esprits vaquent à leurs affaires en exigeant peu de chose des êtres humains. Ce sont les mauvais fantômes et les mauvais esprits qu'il faut maintenir de bonne humeur. En conséquence, les peuples primitifs prêtaient plus d'attention à leurs fantômes malveillants qu'aux esprits bienveillants.

87:5.4 Ils supposaient que la prospérité humaine provoquait spécialement l'envie des mauvais esprits, et que leur méthode de représailles consistait à riposter par un agent humain et par la technique du mauvais oeil. Pendant la phase où le culte cherchait à éviter les mauvais esprits, on s'occupa beaucoup des machinations du mauvais oeil, et la peur du mauvais oeil s'étendit presque au monde entier. Les jolies femmes furent voilées pour les protéger contre le mauvais oeil ; subséquemment, beaucoup de femmes désireuses d'être considérées comme belles adoptèrent cette pratique. À cause de la peur des mauvais esprits, on permettait rarement aux enfants de sortir après la tombée de la nuit. Les prières primitives incluaient toujours la supplique : « Délivre-nous du mauvais oeil. »

87:5.5 Le Coran contient un chapitre entier consacré au mauvais oeil et aux envoutements magiques. Les juifs y croyaient totalement. Tout le culte phallique grandit comme une défense contre le mauvais oeil. On croyait que les organes de reproduction étaient le seul fétiche capable de le rendre impuissant. Le mauvais oeil donna naissance aux premières superstitions concernant les marques prénatales des enfants, les impressions maternelles, et, à un certain moment, ce culte fut à peu près universel.

87:5.6 L'envie est une caractéristique humaine bien enracinée ; c'est pourquoi les primitifs l'attribuèrent à leurs premiers dieux. Puisque les hommes avaient déjà pratiqué la tromperie contre les fantômes, ils ne tardèrent pas à tromper les esprits. Ils dirent : « Puisque les esprits sont jaloux de notre beauté et de notre prospérité, nous allons nous enlaidir et parler à la légère de notre succès. » L'humilité primitive n'était donc pas un avilissement de l'ego, mais plutôt une tentative pour déjouer et tromper les esprits envieux.

87:5.7 Pour empêcher les esprits de jalouser la prospérité humaine, on adopta la méthode d'agonir d'injures un objet préféré ou une personne ayant de la chance. La coutume du dénigrement pour faire des remarques flatteuses sur soi-même ou sur sa famille prit naissance de cette manière et finit par se transformer en modestie, en réserve et en courtoisie dans la civilisation. Pour le même motif, il devint à la mode de paraître laid. La beauté excitait l'envie des esprits ; elle dénotait un orgueil humain coupable. Les sauvages recherchaient de vilains noms. Ce trait du culte handicapa grandement le progrès des arts et maintint longtemps le monde sombre et laid.

87:5.8 Sous le culte des esprits, la vie était au mieux un jeu de hasard, le résultat du contrôle par les esprits. Votre avenir ne tenait pas à vos efforts, à votre industrie ou à vos talents, sauf dans la mesure où vous pouviez les utiliser pour influencer les esprits. Les cérémonies de propitiation des esprits constituèrent un lourd fardeau et rendirent la vie ennuyeuse et pratiquement insupportable. D'âge en âge et de génération en génération, les races cherchèrent l'une après l'autre à améliorer cette doctrine des superfantômes, mais, jusqu'à aujourd'hui, nulle génération n'a encore osé la rejeter complètement.

87:5.9 On étudiait les intentions et la volonté des esprits au moyen de présages, d'oracles et de signes, et l'on interprétait ces messages des esprits par divination, prédictions, magie, ordalies et astrologie. L'ensemble du culte était un plan destiné à apaiser, à satisfaire et à acheter les esprits par cette corruption déguisée.

87:5.10 Ainsi naquit une philosophie mondiale nouvelle et plus étendue basée sur :

87:5.11 1. Le devoir - les choses qu'il faut faire pour garder les esprits dans des dispositions favorables, ou tout au moins neutres.

87:5.12 2. Le bien - la conduite et les cérémonies correctes destinées à ranger activement les esprits du côté de vos intérêts.

87:5.13 3. La vérité - la juste compréhension des esprits et l'attitude correcte envers eux, donc envers la vie et la mort.

87:5.14 Ce n'était pas simplement par curiosité que les anciens cherchaient à connaître l'avenir ; ils voulaient esquiver la malchance. La divination était simplement une tentative pour éviter les difficultés. À ces époques, on considérait les rêves comme prophétiques, et tout ce qui sortait de l'ordinaire, comme un présage. Aujourd'hui encore, la croyance aux signes, aux gages et aux autres superstitions résiduaires de l'antique culte des fantômes est un fléau pour l'humanité. Les hommes sont lents, bien lents, à abandonner les méthodes par lesquelles ils ont si graduellement et péniblement gravi l'échelle évolutionnaire de la vie.

87.6  Coercition et Exorcisme

87:6.1 Quand les hommes ne croyaient qu'aux fantômes, le rituel religieux était plus personnel et moins organisé. La récognition d'esprits plus élevés nécessita l'emploi de « méthodes spirituelles supérieures » pour traiter avec eux. Cette tentative pour améliorer et approfondir la technique de propitiation conduisit directement à créer des défenses contre les esprits. En vérité, l'homme se sentait impuissant devant les forces incontrôlables opérant dans la vie terrestre ; son sentiment d'infériorité le poussa à essayer de trouver quelque adaptation compensatrice, quelque technique pour égaliser les chances dans cette lutte unilatérale de l'homme contre le cosmos.

87:6.2 Aux premiers temps du culte, les efforts des hommes pour influencer l'activité des fantômes se limitaient à la propitiation, aux tentatives de corruption pour se débarrasser de la malchance. À mesure que le culte des fantômes évolua pour atteindre le concept des bons aussi bien que des mauvais esprits, ces cérémonies se transformèrent en essais de nature plus positive, en efforts pour avoir de la chance. La religion cessa d'être complètement négativiste, mais l'homme ne s'arrêta pas à l'effort d'obtenir la chance ; il ne tarda pas à faire des plans lui permettant de contraindre les esprits à coopérer. Les fidèles de la religion ne furent plus sans défense devant les exigences incessantes des fantasmes d'esprits qu'ils avaient eux-mêmes imaginés. Le sauvage commence à inventer des armes lui permettant de forcer les esprits à agir et de les obliger à les aider.

87:6.3 Les premiers efforts défensifs des hommes furent dirigés contre les fantômes. Avec l'écoulement des âges, les vivants commencèrent à établir des méthodes pour résister aux morts. Pour effrayer et chasser les fantômes, ils inventèrent de nombreuses techniques parmi lesquelles on peut citer les suivantes :

87:6.4 1. Couper la tête et attacher le corps dans le tombeau.

87:6.5 2. Lapider la maison mortuaire.

87:6.6 3. Castrer le cadavre ou lui briser les jambes.

87:6.7 4. Enterrer sous des pierres ; ce fut l'une des origines de la pierre tombale moderne.

87:6.8 5. Incinérer ; ce fut une invention plus tardive pour empêcher le fantôme d'apporter le trouble.

87:6.9 6. Jeter le corps à la mer.

87:6.10 7. Exposer le corps à être mangé par les bêtes sauvages.

87:6.11 On supposait que les fantômes étaient dérangés et effrayés par le bruit, que les cris, les cloches et les tambours les écartaient des vivants. Ces anciennes méthodes sont encore en vogue de nos jours dans les « veillées » mortuaires. On utilisa des décoctions à odeur fétide pour éloigner les esprits importuns. On tailla de hideuses statues des esprits pour qu'ils fuient à la hâte en voyant leur propre image. On crut que les chiens pouvaient détecter l'approche des esprits et avertir les hommes en hurlant, que les coqs chantaient quand les esprits étaient proches. L'emploi d'un coq comme girouette perpétue cette superstition.

87:6.12 On considérait l'eau comme la meilleure protection contre les fantômes, et l'eau bénite comme supérieure à toutes les autres ; c'était l'eau dans laquelle les prêtres s'étaient lavé les pieds. On crut que le feu et l'eau constituaient des barrières infranchissables pour les fantômes. Les Romains faisaient trois fois le tour d'un cadavre avec de l'eau. Au vingtième siècle, on asperge encore les cercueils avec de l'eau bénite, et le lavage des mains au cimetière fait encore partie du rituel juif. Le baptême fut une caractéristique du rituel ultérieur de l'eau ; les bains primitifs étaient une cérémonie religieuse. C'est seulement à une époque récente que le bain est devenu une pratique d'hygiène.

87:6.13 Mais l'homme ne s'arrêta pas à la coercition des fantômes. Par des rites religieux et d'autres formalités, il essaya bientôt de forcer les esprits à agir. L'exorcisme consistait à employer un esprit pour en contrôler un autre ou le chasser, et l'on utilisa aussi cette tactique pour effrayer les fantômes et les esprits. Le concept du double spiritisme des bonnes et mauvaises forces fournit aux hommes d'amples occasions d'opposer un agent à un autre ; en effet, si un homme fort pouvait en vaincre un plus faible, alors un esprit puissant pouvait certainement dominer un fantôme inférieur. La malédiction primitive était une pratique coercitive destinée à intimider des esprits mineurs. Plus tard, cette coutume se développa, et l'on se mit à maudire ses ennemis.

87:6.14 On crut longtemps qu'en revenant aux usages des moeurs plus anciennes, on pouvait forcer les esprits et les demi-dieux à agir de façon désirable. Les hommes modernes emploient à tort le même procédé. Vous vous adressez les uns aux autres dans le langage ordinaire de tous les jours, mais, quand vous vous mettez à prier, vous avez recours à l'ancien style d'une autre génération, au style dit solennel.

87:6.15 Cette doctrine explique aussi des régressions religieuses-rituelles de nature sexuelle, telles que la prostitution dans les temples. On considérait ces retours à des coutumes primitives comme des protections sûres contre nombre de calamités. Chez ces populations frustes, tous ces agissements étaient entièrement exempts de ce que les modernes appelleraient promiscuité.

87:6.16 Vint ensuite la pratique des voeux rituels, bientôt suivie par les engagements religieux et les serments sacrés. La plupart de ces serments étaient accompagnés de tortures et de mutilations que l'on s'infligeait soi-même, et, plus tard, de jeûnes et de prières. L'abnégation de soi fut considérée ultérieurement comme un coercitif certain ; ce fut spécialement le cas en matière d'abstention sexuelle. C'est ainsi que les hommes primitifs développèrent de bonne heure une austérité marquée dans leurs pratiques religieuses, une croyance à l'efficacité des tortures et des renoncements que l'on s'infligeait soi-même en tant que rites capables de forcer les esprits rétifs à réagir favorablement envers de telles souffrances et privations.

87:6.17 Les hommes modernes n'essayent plus ouvertement de contraindre les esprits, bien qu'ils montrent encore des dispositions à marchander avec la Déité. Ils continuent à jurer, à toucher du bois, à se croiser les droits et à prononcer une phrase triviale après une expectoration ; jadis, c'était une formule magique.

87.7  La Nature du Culte

87:7.1 Le type cultuel d'organisation sociale persista parce qu'il fournissait un symbolisme pour préserver et stimuler les sentiments moraux et les fidélités religieuses. Le culte naquit des traditions des « vieilles familles » et se perpétua comme institution établie. Toutes les familles ont un culte de quelque sorte. Tout idéal inspirant tend à saisir un symbolisme qui le perpétuera - il recherche une technique pour une manifestation culturelle qui assurera sa survivance et accroitra son épanouissement. Le culte parvient à cette fin en stimulant et en satisfaisant l'émotion.

87:7.2 Depuis l'aurore de la civilisation, tout mouvement intéressant, de culture sociale ou de progrès religieux, a donné naissance à un rituel, à un cérémonial symbolique. Plus ce rituel a grandi inconsciemment, plus son emprise a été forte sur ses fidèles. Le culte a préservé les sentiments et satisfait les émotions, mais il a toujours été le plus grand obstacle à la reconstruction sociale et au progrès spirituel.

87:7.3 Bien que le culte ait toujours retardé le progrès social, il est regrettable que tant de contemporains, croyant aux critères moraux et aux idéaux spirituels, n'aient pas de symbolisme approprié - pas de culte pour se soutenir mutuellement - rien à quoi ils puissent appartenir. Mais un culte religieux ne saurait être fabriqué ; il faut qu'il grandisse. Deux groupes différents n'auront jamais un culte identique, à moins que leurs rituels n'aient été arbitrairement uniformisés par voie autoritaire.

87:7.4 Le culte chrétien primitif fut le plus efficace, le plus attirant et le plus durable de tous les rituels jamais conçus ou imaginés, mais une grande partie de sa valeur a été détruite dans le présent âge scientifique par la destruction de tant de ses principes originels sous-jacents. Le culte chrétien a été dévitalisé par la perte de beaucoup d'idées fondamentales.

87:7.5 Dans le passé, la vérité a grandi rapidement et s'est répandue aisément quand le culte n'était pas rigide et que le symbolisme était extensible. La vérité abondamment répandue et un culte adaptable ont favorisé la rapidité du progrès social. Un culte dépourvu de signification vicie la religion quand il essaye de supplanter la philosophie et d'asservir la raison. Un culte authentique grandit.

87:7.6 Quels que soient les inconvénients et les handicaps, chaque nouvelle révélation de la vérité a donné naissance à un nouveau culte, et même la reformulation de la religion de Jésus doit développer un nouveau symbolisme adéquat. Il faut que les hommes modernes trouvent un symbolisme approprié à leurs nouveaux idéaux, à leurs nouvelles idées et obédiences en expansion. Ce symbole supérieur d'une plus haute civilisation doit surgir de la vie religieuse, de l'expérience spirituelle. Ce symbolisme supérieur d'une plus haute civilisation doit être basé sur le concept de la Paternité de Dieu et contenir le puissant idéal de la fraternité des hommes.

87:7.7 Les anciens cultes étaient trop égocentriques. Le nouveau culte doit résulter de la mise en oeuvre de l'amour. Comme les anciens, il doit encourager les sentiments, satisfaire les émotions et promouvoir la fidélité, mais il doit faire davantage. Il faut qu'il facilite les progrès spirituels ; qu'il rehausse les significations cosmiques, augmente les valeurs morales, encourage le développement social et stimule un type élevé de vie religieuse personnelle. Le nouveau culte doit apporter des buts suprêmes de vie à la fois temporels et éternels - sociaux et spirituels.

87:7.8 Aucun culte ne peut durer et contribuer au progrès de la civilisation collective et des accomplissements spirituels individuels, à moins d'être basé sur la signification biologique, sociologique et religieuse du foyer. Un culte qui survit doit symboliser ce qui reste permanent en face des changements incessants, glorifier ce qui unifie le courant des métamorphoses sociales en constante transformation. Il faut qu'il reconnaisse les vraies significations, qu'il exalte les belles relations et qu'il célèbre les bonnes valeurs de la vraie noblesse.

87:7.9 Mais il est fort difficile de trouver un symbolisme nouveau et satisfaisant, parce que les hommes modernes, collectivement, adhèrent à l'attitude scientifique, écartent les superstitions et abhorrent l'ignorance, mais, individuellement, sont tous affamés de mystères et vénèrent l'inconnu. Aucun culte ne peut survivre à moins d'incorporer un mystère magistral et de masquer un but inaccessible digne d'être atteint. En outre, il ne suffit pas que le nouveau symbolisme soit significatif pour le groupe ; il doit aussi avoir un sens pour l'individu. Les formes de tout symbolisme utile doivent être celles que l'individu peut mettre en pratique de sa propre initiative et dont il peut aussi jouir avec ses semblables. Si le nouveau culte pouvait être dynamique au lieu d'être statique, il ferait réellement un apport valable au progrès de l'humanité, à la fois temporellement et spirituellement.

87:7.10 Toutefois un culte - un symbolisme de rites, de slogans ou de buts - ne fonctionnera pas s'il est trop complexe. Et il doit comporter l'exigence de la dévotion, la réponse de la loyauté. Toute religion efficace développe infailliblement un symbolisme valable, et ses fidèles feraient bien d'empêcher que ce rituel ne se cristallise en cérémonies stéréotypées engourdissantes, déformantes et étouffantes ; celles-ci ne peuvent que handicaper et retarder les progrès sociaux, moraux et spirituels. Aucun culte ne peut survivre s'il freine la croissance morale et ne réussit pas à encourager le progrès spirituel. Le culte est le squelette autour duquel se développe le corps vivant et dynamique de l'expérience spirituelle personnelle - la vraie religion.

87:7.11 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.]

88. Fétiches, Charmes et Magie

88:0.1 LE concept de la pénétration d'un esprit dans un objet inanimé, un animal ou un être humain est une croyance fort ancienne et honorable, ayant prévalu depuis le commencement de l'évolution de la religion. Cette doctrine de possession par un esprit n'est rien de plus ou de moins que le fétichisme. Le sauvage n'adore pas nécessairement le fétiche ; il adore et révère très logiquement l'esprit qui y habite.

88:0.2 Au début, on crut que l'esprit d'un fétiche était le fantôme d'un humain décédé ; plus tard, on supposa que les esprits supérieurs résidaient dans des fétiches. Le culte des fétiches finit ainsi par incorporer toutes les idées primitives sur les fantômes, les âmes, les esprits et la possession par les démons.

88.1  La Croyance aux Fétiches

88:1.1 Les hommes primitifs ont toujours éprouvé le besoin de transformer en fétiches toutes les choses extraordinaires ; le hasard donna donc naissance à beaucoup de fétiches. Un homme est malade, quelque chose arrive, et il recouvre la santé. Le même phénomène se vérifie pour la réputation de nombreux médicaments et les méthodes de traitement des maladies au hasard. Des objets liés à des rêves avaient des chances d'être convertis en fétiches. Des volcans, mais non des montagnes, des comètes, mais non des étoiles, devinrent des fétiches. Les hommes primitifs considéraient les étoiles filantes et les météores comme indiquant l'arrivée sur terre d'esprits visiteurs spéciaux.

88:1.2 Les premiers fétiches furent des cailloux portant des marques particulières, et, depuis lors, les hommes ont toujours recherché les « pierres sacrées » . Un collier était jadis une collection de pierres sacrées, une batterie de charmes. Bien des tribus eurent des pierres fétiches, mais peu de ces fétiches ont survécu, comme la Kaaba et la Pierre de Scone. Le feu et l'eau figurèrent aussi parmi les premiers fétiches, et l'adoration du feu ainsi que la croyance à l'eau bénite survivent encore.

88:1.3 Les arbres fétiches n'apparurent que plus tard, mais, parmi certaines tribus, la persistance de l'adoration de la nature conduisit à croire à des charmes habités par certains esprits de la nature. Quand des plantes et des fruits devenaient fétiches, ils étaient tabous comme nourriture. La pomme fut parmi les premières à se ranger dans cette catégorie ; les peuples levantins n'en mangeaient jamais.

88:1.4 Si un animal mangeait de la chair humaine, il devenait un fétiche. C'est ainsi que le chien devint l'animal sacré des Parsis. Si le fétiche est un animal et si le fantôme y réside en permanence, alors le fétichisme peut empiéter sur la réincarnation. Les sauvages enviaient les animaux sous bien des rapports ; ils ne se sentaient pas supérieurs à eux et recevaient souvent le nom de leur bête favorite.

88:1.5 Quand des animaux devinrent fétiches, il s'ensuivit un tabou sur l'absorption de la chair de ces animaux. À cause de leur ressemblance avec les hommes, les singes devinrent de bonne heure des animaux fétiches ; plus tard, des serpents, des oiseaux et des porcs furent également considérés comme tels. À une certaine époque, la vache fut un fétiche ; son lait était tabou et ses excréments hautement considérés. Le serpent était vénéré en Palestine, spécialement par les Phéniciens qui le considéraient, ainsi que les Juifs, comme le porte-parole des mauvais esprits. Chez de nombreux peuples modernes, on croit encore au pouvoir de charme des reptiles. Le serpent a été vénéré en Arabie, dans toute l'Inde et jusque chez les hommes rouges avec la danse du serpent de la tribu Moqui.

88:1.6 Certains jours de la semaine étaient des fétiches. Pendant des âges, le vendredi a été considéré comme un jour de malchance et le nombre treize comme mauvais. Les nombres heureux trois et sept vinrent de révélations ultérieures. Le quatre était le chiffre de chance des primitifs, parce qu'ils avaient reconnu de bonne heure les quatre points cardinaux. Ils croyaient que le fait de compter le bétail ou d'autres possessions portait malchance. Les anciens s'opposaient toujours au recensement, au « dénombrement du peuple » .

88:1.7 Les primitifs ne firent pas du sexe un fétiche exagéré ; ils n'accordaient à la fonction reproductrice qu'une attention limitée ; les sauvages avaient des pensées naturelles ; ils n'étaient ni obscènes ni lascifs.

88:1.8 La salive était un puissant fétiche ; on pouvait chasser les démons d'une personne en crachant sur elle. Le plus grand compliment des ainés ou des supérieurs consistait à cracher sur vous. Certaines parties du corps humain furent regardées comme des fétiches potentiels, en particulier les cheveux et les ongles. Les longs ongles des mains des chefs avaient une grande valeur, et leurs rognures constituaient de puissants fétiches. La croyance aux crânes comme fétiches rend compte d'une grande partie de l'activité ultérieure des chasseurs de têtes. Les cordons ombilicaux étaient des fétiches hautement appréciés et le sont encore aujourd'hui en Afrique. Le premier jouet de l'humanité fut un cordon ombilical conservé. Orné de perles comme on le faisait souvent, il fut le premier collier des humains.

88:1.9 Les enfants bossus ou infirmes étaient considérés comme des fétiches. On croyait que les lunatiques avaient été frappés par la lune. Les hommes primitifs ne pouvaient distinguer entre le génie et la folie. Les idiots étaient soit battus à mort, soit révérés comme des personnalités fétiches. L'hystérie confirma de plus en plus la croyance populaire à la sorcellerie ; les épileptiques étaient souvent prêtres ou medecine-men. On regardait l'ivresse comme une forme de possession par un esprit ; quand un sauvage tirait une bordée, il mettait une feuille dans ses cheveux pour désavouer la responsabilité de ses actes. Les poisons et les spiritueux devinrent des fétiches ; ils passaient pour être possédés.

88:1.10 Nombre de personnes considéraient les génies comme des personnalités fétiches possédées par un esprit sage. Ces hommes de talent apprirent bientôt à recourir à la fraude et à des stratagèmes pour servir leurs propres intérêts. On croyait qu'un homme fétiche était plus qu'humain ; il était divin et même infaillible. C'est ainsi que les dirigeants, rois, prêtres, prophètes et chefs d'Église finirent pas disposer d'un grand pouvoir et par exercer une autorité illimitée.

88.2  L'Évolution du Fétichisme

88:2.1 On supposait que les fantômes préféraient habiter un objet qui leur avait appartenu pendant leur incarnation. Cette croyance explique l'efficacité de bien des reliques modernes. Les anciens vénéraient toujours les os de leurs chefs, et nombre de personnes regardent encore les ossements de leurs saints et de leurs héros avec une crainte superstitieuse. Même aujourd'hui, on fait des pèlerinages sur la tombe de grands hommes.

88:2.2 La croyance aux reliques est une résultante de l'antique culte des fétiches. Les reliques des religions modernes représentent une tentative pour rationaliser les fétiches des sauvages et les élever à une place digne et respectable dans les systèmes religieux modernes. On considère comme païenne la croyance aux fétiches et à la magie, mais on trouve très bien d'accepter les reliques et les miracles.

88:2.3 Le foyer - l'endroit du feu - devint plus ou moins un fétiche, un lieu sacré. Les sanctuaires et les temples furent d'abord les lieux fétiches parce que les morts y étaient enterrés. La hutte fétiche des Hébreux fut élevée, par Moïse, au niveau d'abri d'un superfétiche, le concept alors existant de la loi de Dieu. Mais les Israélites n'abandonnèrent jamais la croyance spéciale des Cananéens aux autels de pierre : « Et cette pierre que j'ai dressée en stèle sera la maison de Dieu. » Ils croyaient véritablement que l'esprit de leur Dieu habitait dans ces autels de pierre, qui étaient en réalité des fétiches.

88:2.4 Les premières images furent faites pour conserver l'apparence et la mémoire des morts illustres : elles étaient en réalité des monuments. Les idoles furent un raffinement du fétichisme. Les primitifs croyaient qu'une cérémonie de consécration amenait l'esprit à entrer dans la statue. De même, lorsque certains objets étaient bénis, ils devenaient des charmes.

88:2.5 En ajoutant le second commandement à l'ancien code moral de Dalamatia, Moïse fit un effort pour contrôler l'adoration des fétiches parmi les Hébreux. Il leur ordonna soigneusement de ne faire aucune espèce d'image qui puisse être consacrée comme fétiche. Il s'expliqua sans équivoque : « Tu ne feras pas d'image taillée ni aucune reproduction de ce qui est dans les cieux au-dessus, ni sur la terre au-dessous, ni dans les eaux de la terre. » Ce commandement contribua beaucoup à retarder l'art parmi les Juifs, mais il restreignit l'adoration des fétiches. Mais Moïse était trop sage pour essayer de supplanter brusquement les antiques fétiches ; il consentit donc à placer certaines reliques à côté des tables de la loi dans l'arche, qui était la combinaison d'un autel de guerre et d'une châsse religieuse.

88:2.6 Les paroles devinrent finalement des fétiches, plus spécialement celles que l'on considérait comme les paroles de Dieu ; de cette manière, les livres sacrés de bien des religions sont devenus des prisons fétichistes où l'imagination spirituelle des hommes est incarcérée. L'effort même de Moïse contre les fétiches devint un suprême fétiche ; son commandement fut utilisé plus tard pour dénigrer l'art et retarder la jouissance et l'adoration du beau.

88:2.7 Dans les temps très anciens, la parole d'autorité fétiche était une doctrine inspirant la peur, le plus terrible de tous les tyrans qui asservissent les hommes. Un fétiche doctrinal conduira un mortel à se trahir lui-même et à se jeter dans les griffes de la bigoterie, du fanatisme, de la superstition, de l'intolérance et des cruautés barbares les plus atroces. Le respect moderne envers la sagesse et la vérité dénote que l'homme vient seulement d'échapper à la tendance à instaurer des fétiches, qui sévissait jusqu'aux niveaux supérieurs de la pensée et du raisonnement. En ce qui concerne les accumulations d'écrits fétiches que diverses religions tiennent pour des livres sacrés, non seulement les fidèles croient que tout ce qui est dans le livre est vrai, mais aussi que le livre contient toute la vérité. Si par aventure l'un de ces livres sacrés parle de la terre comme étant plate, alors, pendant de longues générations, des hommes et des femmes par ailleurs sensées refuseront d'accepter les preuves positives que la planète est ronde.

88:2.8 La pratique d'ouvrir l'un de ces livres sacrés pour laisser l'oeil tomber, par hasard, sur un passage dont la mise en oeuvre pourrait influencer d'importants projets et des décisions vitales, ne représente ni plus ni moins qu'un fétichisme notoire. Prêter serment sur un « livre saint » , ou jurer par quelque objet suprêmement vénéré, constitue une forme de fétichisme raffiné.

88:2.9 Par contre, il y a progrès évolutionnaire réel quand on passe de la peur fétichiste des rognures d'ongles d'un chef de sauvages à l'adoration d'une superbe collection de lettres, de lois, de légendes, d'allégories, de mythes, de poèmes et de chroniques ; après tout, ceux-ci reflètent une sagesse morale séculaire passée au crible, au moins jusqu'à l'époque de leur assemblage sous la forme d'un « livre sacré » .

88:2.10 Pour devenir des fétiches, il fallait que les paroles fussent considérées comme inspirées. L'invocation d'écrits que l'on supposait d'inspiration divine conduisit directement à établir l'autorité de l'Église, tandis que l'évolution des formes civiles conduisit à l'épanouissement de l'autorité de l'État.

88.3  Le Totémisme

88:3.1 Le fétichisme se retrouvait dans tous les cultes primitifs depuis la toute première croyance aux pierres sacrées, en passant par l'idolâtrie, le cannibalisme et l'adoration de la nature, jusqu'au totémisme.

88:3.2 Le totémisme est une combinaison d'observances sociales et religieuses. Originellement, on croyait s'assurer des provisions de nourriture en respectant l'animal totem dont on se supposait le descendant biologique. Les totems étaient à la fois les symboles des groupes et leur dieu. Ce dieu était le clan personnifié. Le totémisme fut une phase des tentatives pour rendre sociale la religion, qui autrement est personnelle. Le totem évolua finalement pour devenir le drapeau, ou symbole national des divers peuples modernes.

88:3.3 Un sac fétiche, un sac à médicaments, était une bourse contenant un honorable assortiment d'articles imprégnés de fantômes. Le medecine-man de jadis ne laissait jamais son sac, symbole de son pouvoir, toucher le sol. Les peuples civilisés du vingtième siècle veillent à ce que leurs drapeaux, emblèmes de la conscience nationale, ne touchent pas non plus le sol.

88:3.4 Les insignes des charges sacerdotales et royales furent finalement considérées comme des fétiches. Le fétiche de l'État suprême a passé par de nombreuses phases de développement, du clan à la tribu, de la suzeraineté à la souveraineté, du totem au drapeau. Des rois fétiches ont régné par « droit divin » , et bien d'autres formes de gouvernement ont prévalu. Les hommes ont aussi fait un fétiche de la démocratie - l'exaltation et l'adoration des idées des hommes du commun quand on les qualifie collectivement « d'opinion publique » . On ne considère pas que l'opinion d'un homme prise isolément ait une grande valeur, mais, quand beaucoup d'hommes agissent collectivement en démocratie, le même jugement médiocre est tenu pour être l'arbitre de la justice et le critère de la droiture.

88.4  La Magie

88:4.1 Les hommes civilisés attaquent, par la science, les problèmes d'un milieu réel. Les sauvages essayaient de résoudre, par la magie, les problèmes réels d'un milieu illusoire de fantômes. La magie était la technique par laquelle on manipulait le milieu hypothétique d'esprits dont les machinations expliquaient interminablement l'inexplicable ; c'était l'art d'obtenir la coopération volontaire des esprits et de les contraindre à apporter leur aide involontaire par l'emploi de fétiches ou d'autres esprits plus puissants.

88:4.2 L'objet de la magie, de la sorcellerie et de la nécromancie était double :

88:4.3 1. Pénétrer l'avenir par clairvoyance.

88:4.4 2. Influencer favorablement le milieu.

88:4.5 Les buts de la science sont identiques à ceux de la magie. L'humanité progresse de la magie à la science, non par la méditation et la raison, mais plutôt graduellement et péniblement par une longue expérience. L'homme avance à reculons dans la vérité ; il commence dans l'erreur, progresse dans l'erreur et atteint finalement le seuil de la vérité. C'est seulement avec l'arrivée de la méthode scientifique que l'homme s'est pris à marcher en regardant devant lui. Mais l'homme primitif devait expérimenter ou périr.

88:4.6 La fascination des superstitions primitives fut la mère de la curiosité scientifique ultérieure. Il y avait, dans ces superstitions primitives, une émotion dynamique progressiste - la peur ajoutée à la curiosité ; l'ancienne magie avait une force motrice progressiste. Ces superstitions représentaient l'émergence du désir humain de connaître et de contrôler le milieu planétaire.

88:4.7 Si la magie prit une telle emprise sur les sauvages, c'est parce qu'ils ne pouvaient saisir le concept de la mort naturelle. L'idée ultérieure du péché originel aida beaucoup à affaiblir l'emprise de la magie sur la race, parce qu'elle expliquait la mort naturelle. À une certaine époque, il n'était pas rare de voir dix personnes innocentes mises à mort parce qu'on leur attribuait la responsabilité d'une seule mort naturelle. C'est l'une des raisons pour lesquelles les anciens peuples ne se sont pas multipliés plus rapidement, et cela est encore vrai chez certaines tribus africaines. L'accusé confessait généralement sa culpabilité, même s'il était menacé de mort.

88:4.8 La magie est naturelle pour un sauvage. Il croit que l'on peut effectivement tuer un ennemi par des pratiques de sorcellerie sur ses cheveux coupés ou sur ses rognures d'ongles. Les morts par morsures de serpents étaient attribuées à la magie du sorcier. Le fait que les gens peuvent mourir de peur rend difficile de combattre la magie. Les peuples primitifs craignaient tellement la magie qu'elle avait réellement un effet mortel, et ce résultat était suffisant pour justifier cette croyance erronée. En cas d'échec, on donnait toujours une explication plausible ; le remède à une magie défectueuse était un supplément de magie.

88.5  Les Charmes Magiques

88:5.1 Puisque tout objet lié au corps était susceptible de devenir un fétiche, la magie la plus primitive s'occupa des cheveux et des ongles. Le secret accompagnant les éliminations corporelles naquit de la peur qu'un ennemi puisse s'emparer d'un dérivé du corps et l'employer pour une magie préjudiciable. En conséquence, tout excrément corporel était soigneusement enterré. On s'abstint de cracher en public par crainte de laisser utiliser la salive à une magie nuisible ; les crachats étaient toujours recouverts. Même les restes de nourriture, les vêtements et les ornements pouvaient devenir des instruments de magie. Les sauvages ne laissaient jamais de restes de leurs repas sur la table ; et tout ceci était fait par peur qu'un ennemi ne les emploie dans des rites magiques, et non parce qu'ils appréciaient la valeur hygiénique de cette pratique.

88:5.2 Les charmes magiques étaient composés d'une grande variété de choses : chair humaine, griffes de tigre, dents de crocodile, graines de plantes vénéneuses, venin de serpent et cheveux humains. Les os des morts étaient très magiques. Même la poussière des traces de pas pouvait être utilisée en magie. Les anciens croyaient beaucoup aux charmes d'amour. Le sang et d'autres formes de sécrétions corporelles étaient capables d'assurer l'influence magique de l'amour.

88:5.3 On supposait que les images étaient efficaces en magie. On faisait des effigies et, quand on les traitait mal ou bien, on croyait que les mêmes effets atteignaient la personne réelle. En faisant des achats, les personnes superstitieuses mâchaient un morceau de bois dur pour attendrir le coeur du vendeur.

88:5.4 Le lait d'une vache noire était hautement magique, ainsi que les chats noirs. Le bâton ou la baguette étaient magiques au même titre que les tambours, les cloches et les noeuds. Tous les objets anciens étaient des charmes magiques. Les pratiques d'une civilisation nouvelle ou supérieure étaient regardées avec défaveur à cause de leur prétendue mauvaise nature magique. Les écrits, les imprimés et les images furent longtemps considérés sous cet angle.

88:5.5 Les hommes primitifs croyaient qu'il fallait traiter les noms avec respect, spécialement les noms des dieux. On considérait le nom comme une entité, une influence distincte de la personnalité physique ; il était tenu dans la même estime que l'âme et l'ombre. On donnait son nom en gage pour un emprunt ; un homme ne pouvait plus utiliser son nom avant de l'avoir racheté en remboursant l'emprunt. Aujourd'hui, on signe son nom sur une reconnaissance de dette. Le nom des personnes ne tarda pas à prendre de l'importance en magie. Les sauvages avaient deux noms ; le principal était considéré comme trop sacré pour être utilisé dans les occasions ordinaires, d'où le second nom ou nom de tous les jours - un surnom. Un sauvage ne disait jamais son vrai nom à des étrangers. Toute expérience de nature insolite l'amenait à changer de nom ; quelquefois c'était un effort pour guérir une maladie ou arrêter le malchance. Il pouvait obtenir un nouveau nom en l'achetant au chef de la tribu ; les modernes investissent encore des capitaux dans des titres et des grades. Mais, chez les tribus les plus primitives, telles que les Boshimans d'Afrique, les noms individuels n'existent pas.

88.6  La Pratique de la Magie

88:6.1 La magie fut pratiquée par l'emploi de baguettes, de rites « médicaux » et d'incantations. Les guérisseurs avaient l'habitude de travailler dévêtus. Parmi les magiciens primitifs, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes. En magie, « médecine » signifie mystère, et non traitement. Les sauvages ne se soignaient jamais eux-mêmes ; ils ne prenaient jamais de médicaments autrement que sur l'avis des spécialistes en magie. Les docteurs vaudous du vingtième siècle représentent typiquement les magiciens de jadis.

88:6.2 La magie avait une phase publique et une phase privée. Celle qu'accomplissait le medecine-man, le chaman ou le prêtre était supposée être destinée au bien de toute la tribu. Les sorcières, les sorciers et les magiciens dispensaient la magie privée, la magie personnelle et égoïste employée comme méthode coercitive pour amener le mal sur les ennemis. Le concept du spiritisme duel, des bons et des mauvais esprits, donna naissance aux croyances ultérieures à la magie blanche et à la magie noire. À mesure que la religion évolua, chacun appliqua le terme de magie aux opérations d'esprits étrangères à son propre culte, et l'on s'en servit aussi pour désigner les croyances plus anciennes aux fantômes.

88:6.3 Les combinaisons de mots, le rituel des chants et des incantations, étaient hautement magiques. Certaines incantations primitives se transformèrent finalement en prières. La magie imitative fut bientôt pratiquée ; les prières furent exprimées par des actes ; les danses magiques n'étaient rien d'autre que des prières mises en scène. La prière remplaça graduellement la magie en tant qu'associée aux sacrifices.

88:6.4 Étant plus anciens que la parole, les gestes étaient d'autant plus sacrés et magiques, et l'on crut que le mimétisme avait un fort pouvoir magique. Les hommes rouges mettaient souvent en scène une danse du bison, dans laquelle l'un d'eux jouait le rôle d'un bison, se faisait attraper et assurait ainsi le succès de la chasse imminente. Les festivités sexuelles du Premier Mai étaient simplement une magie imitative, un appel suggestif aux passions sexuelles du monde végétal. La poupée fut d'abord employée comme un talisman magique par les épouses stériles.

88:6.5 La magie fut la branche de l'arbre religieux évolutionnaire qui porta finalement le fruit d'un âge scientifique. La croyance à l'astrologie conduisit au développement de l'astronomie ; la croyance à la pierre philosophale conduisit à la maitrise des métaux, tandis que la magie des nombres fonda la science des mathématiques.

88:6.6 Mais un monde aussi rempli de charmes contribua beaucoup à détruire toute ambition et toute initiative personnelles. Les fruits du travail supplémentaire ou de la diligence étaient regardés comme magiques. Si un homme avait, dans son champ, plus de grain que son voisin, il pouvait être trainé devant le chef et accusé d'avoir attiré ce surplus de grain hors du champ de son voisin indolent. En vérité, au temps de la barbarie, il était dangereux d'en savoir trop long ; on risquait toujours d'être exécuté comme praticien de l'art noir.

88:6.7 Graduellement, la science enlève à la vie le caractère de jeu de hasard. Mais, si les méthodes modernes d'éducation échouaient, il se produirait un retour presque immédiat aux croyances primitives à la magie. Ces superstitions s'attardent encore dans le mental de bien des personnes dites civilisées. Le langage contient de nombreuses expressions fossiles témoignant que la race a longtemps croupi dans la magie superstitieuse, expressions telles que : envoutements, mauvaise étoile, possession, inspiration, faire disparaître par enchantement, ingéniosité, enchanteur, tombé des nues et étonné. Des êtres intelligents croient encore à la bonne chance, au mauvais oeil et à l'astrologie.

88:6.8 La magie ancienne fut la chrysalide de la science moderne, indispensable en son temps, mais désormais inutile. Et ainsi les chimères de la superstition ignorante agitèrent le mental primitif des hommes jusqu'à ce que les concepts de la science aient pu naître. Aujourd'hui, Urantia est à l'aurore de cette évolution intellectuelle. La moitié du monde est avide de la lumière de la vérité et des faits de la découverte scientifique, tandis que l'autre moitié languit sous l'emprise des anciennes superstitions et d'une magie à peine déguisée.

88:6.9 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.]

89. Péché, Sacrifice et Expiation

89:0.1 L'HOMME primitif se considérait comme endetté vis-à-vis des esprits, comme ayant besoin de rédemption. Du point de vue des sauvages sur la justice, les esprits auraient pu leur envoyer beaucoup plus de malchance. Avec l'écoulement du temps, ce concept se transforma en doctrine du péché et du salut. On considérait l'âme comme venant au monde avec un passif - le péché originel. Il fallait racheter l'âme, fournir un bouc émissaire. Les chasseurs de têtes, outre qu'ils pratiquaient le culte de l'adoration des crânes, pouvaient fournir un remplaçant pour leur propre vie, un bouc émissaire.

89:0.2 Très tôt les sauvages furent imbus de la notion selon laquelle les esprits prennent une satisfaction suprême à contempler la misère, les souffrances et l'humiliation humaines. Tout d'abord les hommes ne s'occupèrent que du péché de commission, mais ensuite ils se préoccupèrent du péché d'omission. Et tout le système subséquent des sacrifices se développa autour de ces deux idées. Ce nouveau rituel se rapportait à l'observance des cérémonies propitiatoires du sacrifice. Les primitifs croyaient qu'il fallait faire quelque chose de spécial pour gagner la faveur des dieux ; seule une civilisation évoluée reconnaît un Dieu bienveillant et d'humeur égale. La propitiation était une assurance contre la malchance immédiate plutôt qu'un investissement pour une félicité future. Les rites d'évitement, d'exorcisme, de coercition et de propitiation se fondent tous les uns dans les autres.

89.1  Le Tabou

89:1.1 L'observance d'un tabou était l'effort de l'homme pour esquiver la malchance en s'abstenant de quelque chose, pour éviter d'offenser les esprits fantômes. Tout d'abord, les tabous ne furent pas religieux, mais ils acquirent de bonne heure la sanction des fantômes et des esprits ; quand ils furent ainsi renforcés, ils devinrent des législateurs et des bâtisseurs d'institutions. Le tabou est la source des normes cérémonielles et l'ancêtre de la maitrise de soi primitive. Il fut la première forme de réglementation sociale et, pendant longtemps, la seule ; il est encore un facteur fondamental de la structure sociale régulatrice.

89:1.2 Le respect que ces prohibitions inspiraient au mental des sauvages était exactement proportionnel à leur peur des pouvoirs censés imposer ces prohibitions. Les tabous naquirent d'expériences malheureuses dues au hasard ; plus tard, ils furent proposés par des chefs et des chamans - hommes fétiches que l'on croyait dirigés par un esprit fantôme, voire par un dieu. La peur du châtiment par les esprits est si vive dans le mental des primitifs qu'ils meurent parfois de frayeur lorsqu'ils ont violé un tabou ; ces épisodes dramatiques renforcent énormément l'emprise du tabou sur le mental des survivants.

89:1.3 Parmi les premières prohibitions se trouvaient les restrictions sur l'appropriation des femmes et d'autres biens. À mesure que la religion joua un rôle croissant dans l'évolution du tabou, l'article frappé d'interdit fut considéré comme impur, puis comme impie. Les annales des Hébreux sont remplies de mentions concernant des choses pures et impures, saintes et impies, mais les croyances des Hébreux dans ce sens étaient beaucoup moins encombrantes et étendues que chez maints autres peuples.

89:1.4 Les sept commandements de Dalamatia et d'Éden, ainsi que les dix commandements des Hébreux, étaient des tabous précis, tous exprimés dans la même forme négative que les plus anciennes prohibitions ; mais ces nouveaux codes avaient une véritable valeur émancipatrice en ce sens qu'ils remplaçaient des milliers de tabous préexistants. De plus, ces commandements plus tardifs promettaient catégoriquement quelque chose en récompense de l'obéissance.

89:1.5 Les tabous primitifs sur la nourriture naquirent du fétichisme et du totémisme. Le porc était sacré pour les Phéniciens, la vache pour les Hindous. Le tabou égyptien sur la viande de porc a été perpétué par la foi hébraïque et islamique. Une variante du tabou sur la nourriture était la croyance qu'une femme enceinte pouvait tellement penser à un certain aliment que l'enfant, lors de sa naissance, serait le reflet de cet aliment, lequel serait alors tabou pour lui.

89:1.6 Les manières de manger devinrent tabou de bonne heure, d'où l'étiquette de table ancienne et moderne. Les systèmes de castes et les niveaux sociaux sont des vestiges d'antiques prohibitions. Les tabous furent très efficaces pour organiser la société, mais ils étaient terriblement pesants ; le système d'interdit négatif maintenait non seulement des règles utiles et constructives, mais aussi des tabous périmés, désuets et inutiles.

89:1.7 Il n'y aurait cependant pas de société civilisée pour critiquer l'homme primitif sans ces tabous nombreux et variés, et les tabous n'auraient jamais persisté s'ils n'avaient été soutenus par l'approbation et la sanction de la religion primitive. Nombre de facteurs essentiels dans l'évolution humaine ont été extrêmement onéreux, ont couté d'immenses trésors d'efforts, de sacrifices et de renoncements ; mais ces accomplissements de la maitrise de soi furent les véritables échelons sur lesquels l'homme a gravi l'échelle ascendante de la civilisation.

89.2  Le Concept du Péché

89:2.1 La peur du hasard et la crainte de la malchance poussèrent littéralement les hommes à inventer la religion primitive comme une assurance supposée contre ces calamités. Partant de la magie et des fantômes, et passant par les esprits et les fétiches, la religion évolua jusqu'aux tabous. Chaque tribu primitive avait son arbre au fruit défendu, littéralement la pomme, mais, au figuré, consistant en un millier de branches pendantes, lourdes de toutes sortes de tabous. L'arbre défendu disait toujours : « Tu ne feras pas. »

89:2.2 Quand le mental du sauvage évolua au point d'imaginer à la fois de bons et de mauvais esprits, et quand le tabou reçut la sanction solennelle de la religion évoluante, la scène fut toute prête pour l'apparition de la nouvelle conception, celle du péché. L'idée du péché était universellement établie dans le monde bien avant que la religion révélée y pénétrât. Seul le concept du péché permit à la mort naturelle de devenir logique pour le mental primitif. Le péché était la transgression du tabou, et la mort était le châtiment du péché.

89:2.3 Le péché était rituel, et non rationnel ; un acte et non une pensée. Et l'ensemble de ce concept du péché était entretenu par ce qui persistait des traditions de Dilmun et de l'époque d'un petit paradis sur terre. La tradition d'Adam et du Jardin d'Éden prêtait également substance au rêve d'un ancien « âge d'or » à l'aurore des races. Tout ceci confirmait les idées qui s'exprimèrent plus tard par la croyance que l'homme avait son origine dans une création spéciale, qu'il avait débuté parfait dans sa carrière, et que la transgression des tabous - le péché - l'avait rabaissé à son triste sort ultérieur.

89:2.4 La violation habituelle d'un tabou devint un vice ; la loi primitive fit du vice un crime ; la religion en fit péché. Chez les tribus primitives, la violation d'un tabou était un crime et un péché conjugués. Une calamité atteignant la communauté était toujours considérée comme une punition pour un péché de la tribu. Pour ceux qui croyaient que la prospérité va de pair avec la droiture, la prospérité apparente des méchants causa tant de soucis qu'il devint nécessaire d'inventer des enfers pour punir les violateurs de tabous. Le nombre de ces lieux de châtiments futurs a varié de un à cinq.

89:2.5 L'idée de confession et de pardon apparut de bonne heure dans la religion primitive. Les hommes demandaient pardon dans une réunion publique pour des péchés qu'ils avaient l'intention de commettre la semaine suivante. La confession était simplement un rite de rémission, et aussi une notification publique de souillure, un rituel pour crier « impur, impur ! » Suivaient ensuite toutes les formes rituelles de purification. Tous les peuples de l'antiquité pratiquèrent ces cérémonies dépourvues de sens. Bien des coutumes, apparemment hygiéniques, des tribus primitives étaient surtout cérémonielles.

89.3  Renoncement et Humiliation

89:3.1 Le renoncement fut l'étape suivante de l'évolution religieuse ; on pratiquait couramment le jeûne. Bientôt s'établit la coutume de s'abstenir de nombreuses formes de plaisir physique, spécialement de nature sexuelle. Le rituel du jeûne était profondément enraciné dans nombre de religions anciennes ; et il a été transmis pratiquement à tous les systèmes modernes de pensée théologique.

89:3.2 Juste à l'époque où les barbares commençaient à renoncer au gaspillage consistant à bruler et à enterrer des biens avec les morts, au moment où la structure économique des races commençait à prendre forme, cette nouvelle doctrine religieuse du renoncement fit son apparition, et des dizaines de milliers d'âmes sérieuses se mirent à briguer la pauvreté. Les biens furent considérés comme un handicap spirituel. Cette notion des dangers spirituels accompagnant la possession des biens matériels fut largement entretenue à l'époque de Philon et de Paul, et, depuis lors, elle a toujours notablement influencé la philosophie européenne.

89:3.3 La pauvreté était simplement une partie du rituel de mortification de la chair, qui, malheureusement, s'incorpora dans les écrits et les enseignements de nombre de religions, notamment du christianisme. La pénitence est la forme négative de ce rituel, souvent stupide, de renonciation. Mais tout cela enseigna la maitrise de soi aux primitifs, et ce fut un progrès vraiment valable dans l'évolution raciale. La négation de soi et la maitrise de soi comptèrent parmi les plus grands gains sociaux provenant de la religion évolutionnaire primitive. La maitrise de soi apporta à l'homme une nouvelle philosophie de vie ; elle lui enseigna l'art d'accroitre sa fraction de vie en diminuant le dénominateur d'exigences personnelles au lieu de toujours essayer d'augmenter le numérateur de satisfactions égoïstes.

89:3.4 Ces anciennes idées de discipline de soi-même englobaient la flagellation et toutes sortes de tortures physiques. Les prêtres du culte de la mère étaient spécialement actifs pour enseigner la vertu des souffrances physiques ; ils donnaient l'exemple en se soumettant à la castration. Les Hébreux, les Hindous et les Bouddhistes étaient de fidèles zélateurs de cette doctrine d'humiliation physique.

89:3.5 Durant toute l'antiquité, les hommes cherchèrent, par ce moyen, à bénéficier, sur le grand livre de la négation de soi tenu par leurs dieux, d'un supplément de crédit dû à leur renoncement. Il fut jadis coutumier, quand on éprouvait certaines tensions émotionnelles, de faire le voeu de renoncer à soi et de se torturer. Avec le temps, ces voeux prirent la forme de contrats avec les dieux. En se sens, ils représentaient un véritable progrès évolutionnaire, car les dieux étaient censés faire quelque chose de précis en récompense de cette torture et de cette mortification de la chair. Les voeux étaient aussi bien négatifs que positifs. Aujourd'hui c'est aux Indes, parmi certains groupes, que l'on observe le mieux des serments de nature aussi extrême et nuisible.

89:3.6 Il était bien naturel que le culte du renoncement et de l'humiliation prêtât attention aux satisfactions sexuelles. Le culte de la continence prit naissance comme un rite parmi les soldats qui allaient se lancer dans la bataille ; plus tard, il devint la pratique des « saints » . Ce culte tolérait le mariage en le considérant comme un mal moindre que la fornication. Nombres de grandes religions du monde ont été défavorablement influencées par cet ancien culte, mais aucune plus notoirement que le christianisme. L'apôtre Paul en était un zélateur, et ses vues personnelles se reflètent dans les enseignements qu'il introduisit dans la théologie chrétienne : « Il est bon pour un homme de ne pas toucher de femme. » « Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi-même. » « Je dis donc aux célibataires et aux veuves de demeurer comme moi. » Paul savait bien que ces enseignements ne faisaient pas partie de l'évangile de Jésus, et il le reconnaît en disant : « Je dis ceci par permission et non par commandement. » Mais ce culte conduisit Paul à mépriser les femmes. Le malheur est que ses opinions personnelles ont longtemps influencé les enseignements d'une grande religion du monde. Si le conseil de l'éducateur réparateur de tentes était littéralement et universellement suivi, la race humaine prendrait fin d'une manière soudaine et peu glorieuse. En outre, le fait de mêler une religion aux anciens cultes de continence conduit directement à la guerre contre le mariage et le foyer, qui sont les véritables fondations de la société et les institutions de base du progrès humain. Il n'y a rien d'étonnant à ce que ces croyances aient favorisé la formation de prêtrises pratiquant le célibat dans les nombreuses religions de divers peuples.

89:3.7 Un jour, l'homme devra apprendre à jouir de la liberté sans licence, de la nourriture sans gloutonnerie et du plaisir sans débauche. La maitrise de soi est une meilleure politique humaine pour régler sa conduite que l'extrême reniement de soi. Jésus n'a d'ailleurs jamais enseigné ces points de vue déraisonnables à ses disciples.

89.4  Les Origines du Sacrifice

89:4.1 Le sacrifice en tant que partie des dévotions religieuses, comme beaucoup d'autres rites d'adoration, n'eut pas une origine simple et unique. La tendance à s'incliner devant le pouvoir et à se prosterner en adoration en présence d'un mystère est préfigurée par le chien qui se couche devant son maitre. Il n'y a qu'un pas entre l'impulsion à adorer et l'acte du sacrifice. L'homme primitif mesurait la valeur de son sacrifice à la douleur qu'il ressentait. Lorsque l'idée de sacrifice s'attacha pour la première fois au cérémonial religieux, on n'envisagea pas d'offrande sans accompagnement de souffrances. Les premiers sacrifices furent des actes tels que celui de s'arracher les cheveux, se taillader la chair, se mutiler, se casser les dents et se couper les droits. Avec l'avance de la civilisation, ces concepts grossiers du sacrifice furent élevés au niveau des rites d'abnégation de soi, d'ascétisme, de jeûne, de privations et, plus tard, de la doctrine chrétienne de sanctification par les chagrins, les souffrances et la mortification de la chair.

89:4.2 Tôt dans l'évolution de la religion, il exista deux conceptions du sacrifice : l'idée de sacrifier des offrandes, qui impliquait l'attitude d'action de grâces, et le sacrifice pour la dette, qui englobait l'idée de rédemption. La notion de substitution se développa plus tard.

89:4.3 Plus tard encore, l'homme conçut que son sacrifice, quelle qu'en fût la nature, pouvait servir de messager auprès des dieux ; il pouvait faire l'effet d'une odeur agréable dans les narines de la déité. Cela amena l'usage de l'encens et les autres notes esthétiques des rites de sacrifice ; ceux-ci se transformèrent avec le temps en festoiements sacrificiels qui devinrent de plus en plus minutieux et chamarrés.

89:4.4 Avec l'évolution de la religion, les rites sacrificiels de conciliation et de propitiation remplacèrent les anciennes méthodes d'évitement, d'apaisement et d'exorcisme.

89:4.5 L'idée initiale du sacrifice fut celle d'un impôt de neutralité perçu par les esprits ancestraux ; l'idée d'expiation se développa seulement plus tard. À mesure que les hommes s'écartaient de la notion d'une origine évolutionnaire pour la race, à mesure que les traditions de l'époque du Prince Planétaire et du séjour d'Adam étaient filtrées par le temps, le concept du péché et du péché originel se répandit. Ainsi, le sacrifice pour un péché accidentel et personnel se transforma par évolution en la doctrine du sacrifice pour expier le péché de la race. L'expiation sacrificielle était un expédient d'assurance générale qui couvrait tout, même la rancune et la jalousie d'un dieu inconnu.

89:4.6 Entouré de tant d'esprits susceptibles et de dieux rapaces, l'homme primitif était en face d'une telle armée de déités créancières qu'il fallait tous les prêtres, le rituel et les sacrifices pendant une vie entière pour le tirer de ses dettes spirituelles. La doctrine du péché originel, ou culpabilité raciale, faisait débuter chaque personne avec une dette sérieuse envers les pouvoirs spirituels.

89:4.7 Les hommes reçoivent des cadeaux et des pots-de-vin, mais, quand on en offre aux dieux, on les décrit comme étant consacrés, rendus sacrés ou bien on les appelle sacrifices. Le renoncement était la forme négative de la propitiation ; le sacrifice en devint la forme positive. L'acte de probation incluait la louange, la glorification, la flatterie et même le divertissement. Ce sont les reliquats de ces pratiques positives de l'antique culte de probation qui constituent les formes modernes d'adoration divine. Celles-ci sont simplement la transformation, en rites, des anciennes techniques sacrificielles de la probation positive.

89:4.8 Un sacrifice d'animaux avait, pour les hommes primitifs, une signification bien plus grande qu'il n'en peut avoir pour les races modernes. Ces barbares considéraient les animaux comme leurs proches parents effectifs. Avec l'écoulement du temps, l'homme devint astucieux dans ses sacrifices et cessa d'offrir ses animaux de travail. Au début, il sacrifiait le meilleur de tout, y compris ses animaux domestiques.

89:4.9 Un certain souverain égyptien ne se vantait pas lorsqu'il affirmait avoir sacrifié 113.433 esclaves, 493.386 têtes de bétail, 88 bateaux, 2.756 statuettes d'or, 331.702 jarres de miel et d'huile, 228.380 jarres de vin, 680.714 oies, 6.744.428 miches de pain et 5.740.352 sacs de monnaie. Pour en arriver là, il fallait qu'il eût prélevé de cruels impôts sur ses sujets soumis à un travail pénible.

89:4.10 La simple nécessité poussa finalement ces demi-sauvages à manger la partie matérielle des créatures sacrifiées, les dieux ayant bénéficié de leur âme. Cette coutume trouva sa justification sous le prétexte de l'ancien repas sacré, un service de communion d'après les usages modernes.

89.5  Sacrifices et Cannibalisme

89:5.1 Les idées modernes sur le cannibalisme primitif sont entièrement fausses ; le cannibalisme faisait partie des moeurs de la société primitive. Alors qu'il est traditionnellement horrible pour la civilisation moderne, il était un élément de la structure sociale et religieuse de la société primitive. Des intérêts collectifs dictèrent la pratique du cannibalisme. Il se développa sous la pression de la nécessité et persista parce que les hommes étaient esclaves de la superstition et de l'ignorance. Il était une coutume sociale, économique, religieuse et militaire.

89:5.2 L'homme primitif était un cannibale ; il aimait la chair humaine, et c'est pourquoi il l'offrait comme un don de nourriture aux esprits et à ses dieux primitifs. Puisque les esprits fantômes étaient simplement des hommes modifiés, et puisque la nourriture était le principal besoin de l'homme, alors la nourriture devait aussi être le plus grand besoin d'un esprit.

89:5.3 Le cannibalisme fut jadis à peu près universel parmi les races en évolution. Les Sangiks étaient tous cannibales, mais, à l'origine, les Andonites, les Nodites et les Adamites ne l'étaient pas ; les Andites non plus jusqu'à ce qu'ils se soient exagérément mêlés aux races évolutionnaires.

89:5.4 Le gout pour la chair humaine grandit. Inaugurée par la faim, l'amitié, la revanche ou le rituel religieux, l'absorption de chair humaine devient un cannibalisme habituel. Elle naquit par suite de la pénurie de nourriture, bien que cette pénurie en fût rarement le motif sous-jacent. Cependant les Esquimaux et les premiers Andites s'adonnaient rarement au cannibalisme, sauf en période de famine. Les hommes rouges, spécialement en Amérique Centrale, étaient cannibales. Les mères primitives eurent jadis l'habitude générale de tuer et de manger leurs propres enfants en vue de renouveler la force qu'elles avaient perdue lors de la parturition. Au Queensland, il arrive encore souvent que le premier-né soit ainsi tué et dévoré. À une époque récente, de nombreuses tribus africaines ont délibérément recouru au cannibalisme comme procédé de guerre, une sorte d'atrocité pour terroriser leurs voisins.

89:5.5 Un certain cannibalisme résulta de la dégénérescence de lignées jadis supérieures, mais il prévalait surtout parmi les races évolutionnaires. L'habitude de manger des hommes naquit à une époque où les hommes éprouvaient des émotions intenses et âpres au sujet de leurs ennemis. Le fait de manger de la chair humaine fit partie d'une cérémonie solennelle de revanche. On croyait que, de cette manière, le fantôme d'un ennemi pouvait être détruit ou incorporé à celui du mangeur. L'idée que les magiciens obtenaient leurs pouvoirs en mangeant de la chair humaine fut jadis une croyance très répandue.

89:5.6 Certains groupes de mangeurs d'hommes ne voulaient consommer que des membres de leur propre tribu ; cette consanguinité pseudo-spirituelle était censée accentuer la solidarité de la tribu. Les mêmes mangeaient aussi des ennemis pour se venger, avec l'idée de s'approprier leur force. On considérait comme un honneur pour l'âme d'un ami ou d'un compagnon de tribu de manger son corps, tandis qu'en dévorant un ennemi, on ne faisait que lui infliger un juste châtiment. Le mental du sauvage n'avait nullement la prétention d'être conséquent.

89:5.7 Chez certaines tribus, les parents âgés cherchaient à être mangés par leurs enfants. Chez d'autres, la coutume voulait que l'on s'abstienne de manger des proches parents ; on vendait leurs corps ou on les échangeait contre des corps d'étrangers. Il existait un commerce considérable de femmes et d'enfants engraissés pour la boucherie. Quand la maladie ou la guerre ne parvenait pas à limiter la population, l'excédent était mangé sans cérémonie.

89:5.8 Le cannibalisme a graduellement tendu à disparaître sous les influences suivantes :

89:5.9 1. Il devint parfois une cérémonie communautaire, la prise de responsabilité collective pour infliger la peine de mort à un membre de la tribu. La culpabilité du sang cesse d'être un crime quand tous y participent, quand la société y prend part. La dernière pratique du cannibalisme en Asie fut de manger les criminels exécutés.

89:5.10 2. Le cannibalisme devint de très bonne heure un rite religieux, mais la croissance de la peur des fantômes n'eut pas toujours l'effet de le réduire.

89:5.11 3. Finalement, il progressa au point où l'on ne mangeait plus que certaines parties du corps, les parties que l'on supposait contenir l'âme ou des portions de l'esprit. Il devint commun de boire du sang et de mélanger les parties « comestibles » du corps avec des drogues.

89:5.12 4. Il se limita aux hommes ; on défendit aux femmes de manger de la chair humaine.

89:5.13 5. On le limita ensuite aux prêtres, aux chefs et aux chamans.

89:5.14 6. Il devint ensuite tabou parmi les tribus supérieures. Le tabou sur le cannibalisme prit origine à Dalamatia et se répandit ensuite lentement dans le monde. Les Nodites encouragèrent la crémation comme moyen de combattre le cannibalisme, car il fut jadis courant de déterrer des cadavres pour les manger.

89:5.15 7. Les sacrifices humains sonnèrent le glas du cannibalisme. La chair humaine était devenue la nourriture des hommes supérieurs, des chefs. On finit par la réserver aux esprits encore supérieurs, et c'est ainsi que l'offrande de sacrifices humains mit efficacement fin au cannibalisme, excepté chez les tribus les plus inférieures. Quand la pratique des sacrifices humains fut pleinement établie, le cannibalisme devint tabou ; la chair humaine n'était plus une nourriture que pour les dieux ; les hommes n'avaient le droit d'en manger qu'un petit morceau cérémoniel, un sacrement.

89:5.16 Finalement, la pratique de substituer des animaux devint un usage général pour les buts sacrificiels. Même parmi les tribus les plus arriérées, on mangea des chiens, ce qui réduisit grandement le cannibalisme. Le chien fut le premier animal domestique et il était tenu en haute estime à la fois comme animal domestique et comme nourriture.

89.6  L'Évolution des Sacrifices Humains

89:6.1 Les sacrifices humains résultèrent indirectement du cannibalisme et furent aussi sa cure. Le fait de fournir une escorte d'esprits au monde des esprits conduisit également à la diminution du cannibalisme, car on n'eut jamais la coutume de manger les morts ainsi sacrifiés. Nulle race n'a été entièrement dégagée de la pratique des sacrifices humains sous une certaine forme et à une certaine époque, même si les Andonites, les Nodites et les Adamites furent ceux qui s'adonnèrent le moins au cannibalisme.

89:6.2 Les sacrifices humains ont été pratiquement universels ; ils se maintinrent dans les coutumes religieuses des Chinois, des Hindous, des Égyptiens, des Hébreux, des Mésopotamiens, des Grecs, des Romains et de nombreux autres peuples ; on les retrouve encore récemment parmi les tribus arriérées d'Afrique et d'Australie. Les indiens d'Amérique plus tardifs avaient une civilisation qui émergeait du cannibalisme et se trouvait donc imbue de sacrifices humains, surtout en Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Les Chaldéens furent les premiers à abandonner les sacrifices humains dans les circonstances ordinaires et à y substituer des animaux. Il y a environ deux-mille ans, un empereur japonais au coeur tendre introduisit des statuettes d'argile pour remplacer les sacrifices humains, mais c'est seulement il y a moins de mille ans que la pratique de ces sacrifices s'est éteinte en Europe septentrionale. Parmi certaines tribus arriérées, le sacrifice humain est encore pratiqué par des volontaires comme une sorte de suicide religieux ou rituel. Un chaman ordonna jadis de sacrifier un vieil homme très respecté d'une certaine tribu. La population se révolta et refusa d'obéir, sur quoi le vieil homme se fit expédier dans l'au-delà par son propre fils ; les anciens avaient réellement foi en cette coutume.

89:6.3 Parmi les récits illustrant les déchirements de coeur des luttes entre les anciennes coutumes religieuses honorées par le temps et les exigences contraires de la civilisation en progrès, l'histoire n'en relate pas de plus tragique et de plus pathétique que celui de Jephté et de sa fille unique. Selon la coutume courante, cet homme bien intentionné avait fait un voeu stupide, une transaction avec le « dieu des batailles » , acceptant de payer un certain prix pour la victoire sur ses ennemis. Ce prix consistait à faire un sacrifice de ce qui sortirait en premier lieu de sa maison à sa rencontre quand il reviendrait à son foyer. Jephté pensait que l'un de ses fidèles esclaves viendrait ainsi le saluer, mais il arriva que sa fille, son unique enfant, sortit pour lui souhaiter la bienvenue chez lui. Ainsi, même à cette date tardive et chez un peuple supposé civilisé, cette belle jeune fille, après deux mois de deuil sur son sort, fut effectivement offerte en sacrifice par son père, avec l'approbation des hommes de sa tribu. Tout ceci fut fait à l'encontre des rigoureuses ordonnances de Moïse sur les offrandes de sacrifices humains. Mais les hommes et les femmes s'obstinent à faire des voeux stupides et inutiles, et les hommes de l'antiquité tenaient ces engagements pour hautement sacrés.

89:6.4 Jadis, quand on commençait la construction d'un édifice de quelque importance, la coutume voulait que l'on mette à mort un être humain comme « sacrifice de fondation. » Cela fournissait un esprit fantôme pour veiller sur l'édifice et le protéger. Quand les Chinois étaient prêts à fondre une cloche, la coutume ordonnait le sacrifice d'au moins une jeune fille pour améliorer le timbre de la cloche ; la jeune fille choisie était jetée vivante dans le métal en fusion.

89:6.5 De nombreux groupes eurent longtemps la pratique d'emmurer vivants des esclaves dans les murs importants. Plus tard, les tribus du nord de l'Europe se contentèrent d'emmurer l'ombre d'un passant pour remplacer la coutume d'ensevelir des personnes vivantes dans les parois des nouveaux bâtiments. Les Chinois ensevelissaient dans un mur les ouvriers qui étaient morts en le bâtissant.

89:6.6 En construisant les murs de Jéricho, un roitelet de Palestine « en posa les fondations sur Abiram, son fils premier-né, et en posa les portes sur Ségub, son plus jeune fils. » À cette date tardive, non seulement ce père mit deux de ses fils vivants dans les trous de fondation des portes de la ville, mais son acte fut transcrit comme accompli « selon la parole du Seigneur » . Moïse avait interdit ces sacrifices de fondation, mais les Israélites y revinrent bientôt après sa mort. Les cérémonies du vingtième siècle consistant à déposer des bibelots et des souvenirs dans la première pierre d'un nouvel édifice sont une réminiscence des sacrifices primitifs de fondation.

89:6.7 Bien des peuples eurent longtemps la coutume de dédier les premiers fruits aux esprits. Ces observances, maintenant plus ou moins symboliques, sont toutes des survivances des cérémonies primitives impliquant des sacrifices humains. L'idée d'offrir le premier-né comme un sacrifice était très répandue parmi les anciens, spécialement chez les Phéniciens, qui furent les derniers à l'abandonner. Lors du sacrifice, on avait l'habitude de dire « la vie pour la vie » . Maintenant, lors d'un décès, vous dites « la poussière retourne à la poussière » .

89:6.8 Bien que choquant pour les susceptibilités civilisées, le spectacle d'Abraham contraint de sacrifier son fils Isaac n'était pas une idée nouvelle ou étrange pour les gens de cette époque. La pratique a longtemps prévalu chez les pères, à des moments de grande tension émotive, de sacrifier leur fils premier-né. De nombreux peuples ont une tradition analogue à cette histoire, car il exista jadis une croyance universelle et profonde à la nécessité d'offrir un sacrifice humain lorsqu'il était arrivé quelque chose d'extraordinaire ou d'insolite.

89.7  Les Modifications des Sacrifices Humains

89:7.1 Moïse essaya de mettre fin aux sacrifices humains en inaugurant la rançon comme substitut. Il établit un barème systématique permettant à ses gens d'échapper aux pires résultats de leurs voeux téméraires et stupides. On pouvait racheter des terres, des biens et des enfants moyennant des honoraires établis, payables aux prêtres. Les groupes qui cessèrent de sacrifier leurs premier-nés possédèrent bientôt de grands avantages sur leurs voisins moins évolués qui continuaient ces atrocités. Non seulement beaucoup de tribus arriérées furent très affaiblies par cette perte de fils, mais encore la dévolution successorale du commandement fut souvent rompue.

89:7.2 Un dérivatif du sacrifice désuet des enfants fut la coutume de barbouiller du sang sur le linteau des portes de la maison pour protéger les premier-nés. On le faisait souvent en relation avec l'une des fêtes sacrées de l'année, et cette cérémonie prévalut jadis dans la majeure partie du monde, depuis le Mexique jusqu'à l'Égypte.

89:7.3 Même après que la plupart des groupes eurent renoncé au meurtre rituel des enfants, ils gardèrent la coutume d'abandonner un enfant dans le désert ou sur l'eau dans un petit bateau. Si l'enfant survivait, on croyait que les dieux étaient intervenus pour le protéger, comme la tradition le rapporte pour Sargon, Moïse, Cyrus et Romulus. Vint ensuite la pratique de dédier les fils premier-nés comme sacrés ou sacrificiels ; on les laissait grandir, puis on les exilait au lieu de les faire mourir ; ce fut l'origine de la colonisation. Les Romains adhéraient à cette coutume dans leurs plans de colonisation.

89:7.4 Nombre d'associations spéciales entre le laisser-aller sexuel et le culte primitif prirent naissance en liaison avec les sacrifices humains. Dans les temps anciens, si une femme rencontrait des chasseurs de têtes, elle pouvait racheter sa vie par un abandon sexuel. Plus tard, une jeune fille consacrée comme sacrifice aux dieux pouvait choisir de racheter sa vie en dédiant définitivement son corps au service sexuel sacré du temple ; de cette manière, elle pouvait gagner l'argent de sa rédemption. Les anciens considéraient comme très ennoblissant d'avoir des rapports sexuels avec une femme ainsi engagée pour la rançon de sa vie. La fréquentation de ces filles sacrées était une cérémonie religieuse, et l'ensemble du rite fournissait en outre un prétexte acceptable pour des satisfactions sexuelles ordinaires. C'était une subtile manière de se tromper soi-même, et les filles et leurs partenaires prenaient plaisir à la pratiquer. Les moeurs sont toujours en retard sur le progrès évolutionnaire de la civilisation ; elles sanctionnent ainsi les pratiques sexuelles plus primitives et plus sauvages des races évoluantes.

89:7.5 La prostitution dans les temples s'étendit finalement dans toute l'Europe du Sud et l'Asie. L'argent gagné par les prostituées des temples fut considéré comme sacré par tous les peuples - un don de grande valeur à offrir aux dieux. Les femmes du type le plus évolué emplissaient le marché sexuel du temple et consacraient leurs gains à toutes sortes de services sacrés et d'oeuvres d'intérêts public. De nombreuses femmes des meilleures classes amassaient leur dot par un service sexuel temporaire dans les temples et la plupart des hommes préférait épouser de telles femmes.

89.8  Rédemption et Alliances

89:8.1 La rédemption sacrificielle et la prostitution dans les temples étaient en réalité des modifications du sacrifice humain. Vint ensuite le simulacre de sacrifice des filles. Cette cérémonie consistait en une saignée accompagnée d'une consécration à la virginité pour la vie ; ce fut une réaction morale contre l'ancienne prostitution dans les temples. À une époque plus récente, des vierges se consacrèrent au service d'entretien des feux sacrés des temples.

89:8.2 Les hommes finirent par concevoir l'idée que l'offrande d'une partie du corps pouvait remplacer le sacrifice humain total de jadis. Les mutilations physiques furent également considérées comme des substituts acceptables. Cheveux, ongles, sang et même droits et orteils furent sacrifiés. L'ancien rite ultérieur et à peu près universel de la circoncision dériva du culte du sacrifice partiel ; il était purement sacrificiel ; nulle pensée d'hygiène ne lui était attachée. Les hommes furent circoncis, les femmes eurent leurs oreilles percées.

89:8.3 Ultérieurement, on prit l'habitude d'attacher des droits ensemble au lieu de les couper. On se rasa la tête et l'on se coupa les cheveux également à titre de dévotion religieuse. La castration fut d'abord une modification de l'idée des sacrifices humains. On continue à percer les nez et les lèvres en Afrique, et le tatouage est une évolution artistique des cicatrices grossières que l'on se faisait primitivement sur le corps.

89:8.4 À la suite d'enseignements plus élevés, la coutume du sacrifice finit par être associée à l'idée d'alliance. Enfin, on conçut les dieux comme faisant de réels accords avec les hommes, et ce fut une étape majeure dans la stabilisation de la religion. La loi, une alliance, remplaça la chance, la peur et la superstition.

89:8.5 Les hommes ne pouvaient même pas rêver d'établir un contrat avec la Déité avant que leur concept de Dieu eût progressé au niveau où ils envisagèrent la possibilité que les contrôleurs de l'univers fussent dignes de confiance. Les primitifs se faisaient de Dieu une idée tellement anthropomorphe qu'ils furent incapables de concevoir une Déité digne de confiance avant d'être devenus eux-mêmes relativement dignes de confiance, moraux et éthiques.

89:8.6 L'idée de contracter une alliance avec les dieux finit cependant par se faire jour. L'homme évolutionnaire acquit finalement une dignité morale suffisante pour oser traiter avec ses dieux. C'est ainsi que le trafic des offrandes de sacrifices se transforma graduellement pour devenir le marchandage philosophique de l'homme avec Dieu. Tout cela représentait un nouvel expédient pour s'assurer contre la malchance, ou plutôt une meilleure technique pour acheter plus précisément la prospérité. Ne nourrissez pas l'idée fausse que les sacrifices primitifs étaient des dons librement offerts aux dieux, des offrandes spontanées de gratitude ou d'actions de grâces ; ils n'étaient pas des expressions de véritable adoration.

89:8.7 Les formes primitives de prière n'étaient ni plus ni moins que des marchandages avec les esprits, une discussion avec les dieux. Elles représentaient une sorte de troc dans lequel on substituait la plaidoirie et la persuasion à quelque chose de plus tangible et de plus couteux. L'expansion du commerce entre les races avait inculqué le sens commercial et développé l'habileté dans les trocs ; ces caractéristiques commencèrent alors à apparaître dans les méthodes humaines de culte. De même que certains hommes étaient meilleurs commerçants que d'autres, de même certains furent considérés comme faisant de meilleurs prieurs que d'autres. La prière d'un homme juste était tenue en haute estime. Le juste était celui qui avait payé toutes ses dettes aux esprits, qui avait pleinement rempli toutes ses obligations rituelles envers les dieux.

89:8.8 La prière primitive n'était guère une adoration ; c'était une demande avec marchandage pour obtenir la santé, la richesse et la vie. Sous bien des rapports, les prières n'ont pas beaucoup changé avec l'écoulement des âges. On continue à les lire à haute voix dans des livres, à les réciter officiellement et à les écrire pour les placer dans des moulins et les accrocher aux arbres, où le souffle des vents évitera aux hommes la peine de dépenser leur propre souffle.

89.9  Sacrifices et Sacrements

89:9.1 Au cours de l'évolution des rituels d'Urantia, les sacrifices humains ont progressé depuis les sanglants procédés cannibales jusqu'à des niveaux supérieurs et plus symboliques. Les rites primitifs de sacrifice engendrèrent les cérémonies ultérieures des sacrements. À une époque plus récente, seul le prêtre absorbait un morceau du sacrifice cannibale ou une goutte de sang humain, et ensuite toute l'assistance mangeait de l'animal substitué. Ces idées primitives de rançon, de rédemption et d'alliance ont évolué pour devenir les services sacramentels plus modernes. Et toute cette évolution cérémonielle a exercé une puissante influence socialisante.

89:9.2 En liaison avec le culte de la Mère de Dieu, au Mexique et ailleurs, on utilisa finalement un sacrement de gâteaux et de vin à la place de la chair et du sang des anciens sacrifices humains. Les Hébreux pratiquèrent longtemps ce rituel comme partie de leurs cérémonies de la Pâque, et ce fut dans ce cérémonial que prit naissance la version chrétienne ultérieure du sacrement.

89:9.3 Les anciennes confréries sociales étaient basées sur le rite consistant à boire du sang ; la fraternité juive primitive était une affaire de sang sacrificiel. Paul inaugura un nouveau culte chrétien bâti sur « le sang de l'alliance éternelle » . Bien qu'il ait inutilement encombré le christianisme avec des enseignements sur le sang et le sacrifice, il réussit à mettre fin une fois pour toutes aux doctrines de rédemption par des sacrifices d'hommes ou d'animaux. Ses compromis théologiques montrent que la révélation elle-même doit se soumettre au contrôle gradué de l'évolution. Selon Paul, Christ est devenu le sacrifice humain ultime et suffisant à tout ; le divin Juge est maintenant pleinement et définitivement satisfait.

89:9.4 Et, ainsi après de longs âges, le culte du sacrifice a évolué en culte du sacrement. Les sacrements des religions modernes sont donc les successeurs légitimes des choquantes cérémonies primitives de sacrifices humains et des rituels cannibales encore plus primitifs. Bien des personnes comptent encore sur le sang pour le salut, mais le sang est au moins devenu emblématique, symbolique et mystique.

89.10  Le Pardon des Péchés

89:10.1 C'est seulement par les sacrifices que les anciens obtenaient la conscience d'être en faveur auprès de Dieu. Les modernes doivent développer de nouvelles techniques pour atteindre la conscience intérieure du salut. La conscience du péché persiste dans le mental des mortels mais les modèles mentaux de la délivrance du péché sont maintenant périmés et démodés. La réalité du besoin spirituel subsiste, mais le progrès intellectuel a détruit les antiques manières d'obtenir la paix et la consolation pour le mental et pour l'âme.

89:10.2 Il faut redéfinir le péché comme une infidélité délibérée envers la Déité. L'infidélité comporte des degrés : la fidélité partielle due à l'indécision, la fidélité divisée due à un conflit, la fidélité évanescente due à l'indifférence et la mort de la fidélité due à la consécration à des idéaux impies.

89:10.3 Le sens ou sentiment de culpabilité est la conscience d'avoir contrevenu aux moeurs ; ce n'est pas nécessairement le péché. Il n'y a pas réellement péché en l'absence d'une infidélité consciente envers la Déité.

89:10.4 La possibilité de reconnaître le sens de culpabilité est un signe de distinction transcendante pour l'humanité. Il ne classe pas l'homme comme un misérable, mais le situe plutôt à part comme une créature de grandeur potentielle et de gloire toujours ascendante. Un tel sentiment d'indignité est le stimulus initial qui devrait, rapidement et sûrement, conduire à ces conquêtes de la foi, qui transfèrent le mental du mortel sur les splendides niveaux de noblesse morale, de clairvoyance cosmique et de vie spirituelle. Toutes les significations de l'existence sont alors changées du plan temporel au plan éternel, et toutes les valeurs sont élevées du plan humain au plan divin.

89:10.5 La confession du péché est une répudiation virile de l'infidélité, mais elle n'atténue en aucune manière les conséquences dans l'espace-temps de cette infidélité. Mais la confession - la récognition sincère de la nature du péché - est toutefois essentielle pour la croissance religieuse et le progrès spirituel.

89:10.6 Le pardon des péchés par la Déité est le renouvellement des relations de fidélité qui suit une période de la conscience où l'homme est déchu de ces relations comme conséquence d'une rébellion consciente. Le pardon ne doit pas être recherché, mais seulement reçu en tant que conscience du rétablissement des relations de fidélité entre la créature et le Créateur. Et tous les fils loyaux de Dieu sont heureux, aiment le service et progressent constamment dans l'ascension vers le Paradis.

89:10.7 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.]

90. Le Chamanisme - Medecine Men et Prêtres

90:0.1 L'ÉVOLUTION des observances religieuses progressa depuis l'apaisement, l'évitement, l'exorcisme, la coercition, la conciliation et la propitiation jusqu'au sacrifice, à l'expiation et à la rédemption. La technique du rituel religieux passa des formes primitives du culte aux fétiches, puis à la magie et aux miracles. À mesure que le rituel devenait plus compliqué en réponse aux concepts de plus en plus complexes que l'homme se formait des royaumes supramatériels, il fut inévitablement dominé par les medecine-men, les chamans et les prêtres.

90:0.2 Avec le progrès de ses concepts, l'homme primitif finit par considérer le monde des esprits comme insensible aux mortels ordinaires. Seuls les humains exceptionnels pouvaient avoir l'oreille des dieux ; seuls l'homme ou la femme extraordinaires seraient écoutés par les esprits. La religion entre alors dans une nouvelle phase, un stade où elle a graduellement recours aux intermédiaires ; un medecine-man, un chaman ou un prêtre intervient toujours entre la personne religieuse et l'objet de son adoration. Aujourd'hui, la plupart des systèmes urantiens de croyances religieuses organisées passent par ce niveau de développement évolutionnaire.

90:0.3 La religion évolutionnaire naît d'une peur simple et toute-puissante, la peur qui surgit dans le mental humain confronté à l'inconnu, l'inexplicable et l'incompréhensible. La religion aboutit finalement à la réalisation profondément simple d'un amour tout-puissant, l'amour qui envahit irrésistiblement l'âme humaine quand elle s'éveille à la conception de l'affection illimitée du Père Universel pour les fils de l'univers. Mais, entre le commencement et la consommation de l'évolution religieuse, interviennent les longs âges des chamans qui prétendent s'interposer entre l'homme et Dieu comme intermédiaires, interprètes et intercesseurs.

90.1  Les Premiers Chamans - Les Medecine Men

90:1.1 Le chaman était le medecine-man le plus éminent, l'homme fétiche des cérémonies et la personnalité focale pour toutes les pratiques de la religion évolutionnaire. Dans beaucoup de groupes, le chaman était hiérarchiquement supérieur au chef de guerre, ce qui marqua le commencement de la domination de l'État par l'Église. Le chaman opérait parfois comme prêtre et même comme prêtre-roi. Plus tard, certaines tribus eurent simultanément des chamans-medecine-men (voyants) du type primitif et des chamans-prêtres du type apparu ultérieurement. Dans de nombreux cas, la fonction de chaman devint héréditaire.

90:1.2 Puisque, dans les anciens temps, tout caractère anormal était attribué à la possession par un esprit, toute anomalie frappante, mentale ou physique, constitua une qualification pour être medecine-man. Beaucoup d'hommes de cette sorte étaient épileptiques et beaucoup de femmes hystériques ; ces deux types expliquent une bonne partie de l'inspiration ancienne ainsi que la possession par des esprits et des démons. Un grand nombre de ces prêtres tout à fait primitifs appartenait à une classe actuellement dénommée paranoïaque.

90:1.3 Les chamans ont, peut-être, pratiqué la tromperie dans des affaires mineures, mais, en grande majorité, ils croyaient être possédés par des esprits. Les femmes capables de se mettre en transe ou dans un état cataleptique devinrent de puissantes chamanesses ; plus tard, ces femmes furent des prophétesses et des médiums spirites. Leurs transes cataleptiques impliquaient généralement de prétendues communications avec les esprits des morts. Nombre de chamanesses étaient aussi des danseuses professionnelles.

90:1.4 Mais, tous les chamans ne s'illusionnaient pas sur eux-mêmes ; beaucoup étaient des escrocs rusés et habiles. Quand la profession se développa, on exigea des novices un apprentissage de dix années d'épreuves sévères et de renoncement pour se qualifier comme medecine-men. Les chamans instaurèrent une manière professionnelle de s'habiller et affectèrent une conduite mystérieuse. Ils employaient fréquemment des drogues pour provoquer certains états physiques destinés à impressionner et à mystifier les membres de leur tribu. La prestidigitation fut considérée comme surnaturelle par les gens du commun et certains prêtres astucieux furent les premiers à employer le ventriloquisme. Beaucoup d'anciens chamans découvrirent par hasard l'hypnotisme ; d'autres provoquèrent l'autohypnose en regardant fixement leur nombril pendant très longtemps.

90:1.5 Bien que nombre d'entre eux eussent recours à ces supercheries et tromperies, leur réputation, en tant que classe, tenait en fin de compte à leur réussite apparente. Quand un chaman échouait dans ses entreprises, s'il ne pouvait présenter un alibi plausible, on le déclassait ou on le tuait. Ainsi, les chamans honnêtes périrent-ils tôt ; seuls les comédiens astucieux survivaient.

90:1.6 Ce fut le chamanisme qui enleva aux anciens et aux forts la direction exclusive des affaires de la tribu et la remit aux mains des rusés, des intelligents et des perspicaces.

90.2  Les Pratiques Chamanistes

90:2.1 La conjuration des esprits était une procédure très précise et fort compliquée, comparable aux rituels ecclésiastiques d'aujourd'hui conduits dans une langue archaïque. La race humaine a recherché, de très bonne heure, l'aide suprahumaine, la révélation ; et les hommes croyaient que les chamans recevaient effectivement des révélations. Les chamans utilisèrent, dans leur travail, le grand pouvoir de la suggestion, mais, c'était presque invariablement une suggestion négative ; la technique de la suggestion positive n'a été employée que tout récemment. Au début du développement de leur profession, les chamans commencèrent à se spécialiser dans des branches telles que la provocation de la pluie, la cure des maladies et la détection des criminels. Toutefois, un medecine-man chaman n'avait pas pour fonction principale de guérir les malades, mais, plutôt, de connaître et de contrôler les risques de la vie.

90:2.2 L'ancienne magie noire, tant religieuse que laïque, était appelée magie blanche quand elle était pratiquée par des prêtres, des voyants, des chamans ou des medecine-men. Les adeptes de la magie noire étaient qualifiés de sorciers, sorcières, magiciens, magiciennes, enchanteurs, nécromanciens, exorcistes et devins. Avec le temps, tous ces prétendus contacts avec le monde surnaturel furent classés en sorcellerie ou en chamanisme.

90:2.3 La sorcellerie englobait la magie accomplie par des esprits primitifs, irréguliers et non reconnus. Le chamanisme concernait les miracles accomplis par des esprits réguliers et par les dieux reconnus de la tribu. Plus tard, les sorcières furent associées au diable, et la scène était ainsi préparée pour les nombreuses exhibitions relativement récentes d'intolérance religieuse. La sorcellerie était une religion pour beaucoup de tribus primitives.

90:2.4 Les chamans croyaient profondément à la mission du hasard pour révéler la volonté des esprits ; ils tiraient fréquemment au sort pour parvenir à des décisions. Des exemples de survivances modernes de ce penchant pour tirer au sort se retrouvent non seulement dans les nombreux jeux de hasard, mais aussi dans les « comptines » bien connues. Jadis, la personne éliminée devait mourir ; aujourd'hui, elle est simplement celui qui le sera dans des jeux enfantins. Ce qui était une affaire sérieuse pour les primitifs a survécu comme divertissement pour les enfants modernes.

90:2.5 Les medecine-men avaient grande confiance dans les signes et les présages tels que : « Si tu entends le bruit d'un frôlement dans le sommet des muriers, alors tu te hâteras d'agir. » Très tôt dans l'histoire de la race, les chamans tournèrent leur attention vers les étoiles. Dans le monde entier, on crut à l'astrologie primitive et on la pratiqua. L'interprétation des rêves fut également très répandue. Tout ceci fut bientôt suivi de l'apparition des chamanesses fantasques qui se déclaraient capables de communiquer avec les esprits des morts.

90:2.6 Bien que leur origine soit ancienne, les faiseurs de pluie, les chamans du temps, ont subsisté jusqu'à aujourd'hui à travers les âges. Une sécheresse grave signifiait la mort pour les agriculteurs primitifs ; la magie antique s'occupait beaucoup du contrôle du temps. Les hommes civilisés font encore de la pluie et du beau temps le thème commun des conversations. Les anciennes populations croyaient toutes au pouvoir du chaman comme faiseur de pluie, mais elles avaient coutume de le tuer s'il échouait, à moins qu'il n'ait pu fournir une excuse valable pour rendre compte de son échec.

90:2.7 Les astrologues furent maintes et maintes fois bannis par les Césars, mais ils revenaient invariablement à cause de la croyance populaire à leurs pouvoirs. Ils ne purent être chassés et, même au seizième siècle de l'ère chrétienne, les administrateurs des Églises et des États occidentaux protégèrent l'astrologie. Des milliers de personnes censément intelligentes croient encore que l'on peut naître sous la domination d'une étoile de chance ou de malchance, et que la juxtaposition des corps célestes déterminent l'aboutissement de diverses aventures terrestres. Les diseurs de bonne aventure ont encore une clientèle de crédules.

90:2.8 Les Grecs croyaient à l'efficacité du conseil des oracles, les Chinois employaient la magie pour se protéger des démons, la chamanisme a fleuri aux Indes et persiste encore ouvertement en Asie centrale. Dans une grande partie du monde, sa pratique n'a été abandonnée que tout récemment.

90:2.9 De temps à autre, de vrais prophètes et instructeurs ont surgi pour dénoncer et démasquer le chamanisme. Même les hommes rouges en voie de disparaître eurent un prophète de cet ordre au cours du siècle dernier, Tenskwatawa le Shawnie, qui prédit l'éclipse du soleil en 1808 et dénonça les vices des hommes blancs. Beaucoup de vrais éducateurs sont apparus parmi les diverses tribus et races au cours des longs âges de l'histoire évolutionnaire. Il continuera toujours d'en apparaître pour défier les chamans ou prêtres de toute époque qui s'opposent à l'éducation générale et tentent de contrecarrer le progrès scientifique.

90:2.10 De bien des manières et par des méthodes tortueuses, les chamans de jadis établirent leur réputation en tant que voix de Dieu et gardiens de la providence. Ils aspergeaient d'eau les nouveau-nés et leur conféraient des noms ; ils circoncisaient les mâles. Ils présidaient à toutes les cérémonies d'enterrement et annonçaient dument la bonne arrivée des morts au pays des esprits.

90:2.11 Les prêtres et medecine-men chamaniques devenaient souvent très riches par le cumul de leurs divers honoraires qui, ostensiblement, étaient des offrandes aux esprits. Il n'était pas rare qu'un chaman accaparât pratiquement toute la fortune matérielle de sa tribu. À la mort d'un homme riche, on avait coutume de diviser son héritage en parts égales entre le chaman et une entreprise publique ou une oeuvre de charité. Cette pratique prévaut encore dans certaines parties du Thibet, où la moitié de la population masculine appartient à cette classe de non-producteurs.

90:2.12 Les chamans s'habillaient bien et avaient en général un nombre respectable de femmes. Ils furent l'aristocratie originelle, exempte de toute restriction tribale. Leur mental et leur morale étaient très souvent de bas étage. Ils supprimaient leurs rivaux en les dénonçant comme sorciers ou magiciens et s'élevaient à de telles situations d'influence et de pouvoir qu'ils pouvaient fréquemment dominer les chefs ou les rois.

90:2.13 Les hommes primitifs considéraient le chaman comme un mal nécessaire ; ils le craignaient, mais ne l'aimaient pas. Ils respectaient le savoir, ils honoraient et récompensaient la sagesse. Les chamans étaient surtout des charlatans, mais la vénération du chamanisme illustre bien la prime accordée à la sagesse dans l'évolution de la race.

90.3  La Théorie Chamanique de la Maladie et de la Mort

90:3.1 Puisque l'homme de l'antiquité considérait que lui-même et son environnement matériel étaient directement sensibles aux caprices des fantômes et aux fantaisies des esprits, il est bien naturel que sa religion se soit si exclusivement occupée des affaires matérielles. L'homme moderne attaque directement ses problèmes matériels ; il reconnaît que la matière est docile aux manipulations intelligentes du mental. L'homme primitif désirait aussi modifier, et même contrôler, la vie et les énergies du domaine physique, mais sa compréhension limitée du cosmos le conduisit à croire que les fantômes, les esprits et les dieux s'occupaient personnellement et immédiatement du contrôle détaillé de la vie et de la matière. Il orienta donc logiquement ses efforts pour gagner la faveur et le soutien de ces agents suprahumains.

90:3.2 Vue sous cette lumière, une grande partie des éléments inexplicables et irrationnels des anciens cultes devient compréhensible. Les cérémonies du culte étaient les tentatives des hommes primitifs pour contrôler le monde matériel dans lequel ils se trouvaient. Et une bonne partie de leurs efforts tendait à prolonger la vie et à assurer la santé. Or, toutes les maladies et la mort elle-même furent originellement considérées comme des phénomènes dus aux esprits ; il était donc inévitable que les chamans, tout en opérant comme medecine-men et prêtres, aient aussi travaillé comme médecins et chirurgiens.

90:3.3 Le mental primitif est peut-être handicapé par le manque de faits constatés, mais en dépit de tout cela, il reste logique. Quand des hommes réfléchis observent la maladie et la mort, ils entreprennent de déterminer les causes de ces calamités, et, conformément à leur compréhension, les chamans et les savants ont proposé les théories suivantes à propos des afflictions :

90:3.4 1. Les fantômes - les influences directes des esprits. La toute première hypothèse avancée pour expliquer la maladie et la mort fut que les esprits causaient des maladies en attirant l'âme hors du corps ; si l'âme ne réussissait pas à revenir, la mort s'ensuivait. Les anciens craignaient tellement l'action malveillante des fantômes producteurs de maladies qu'ils abandonnaient souvent les individus mal portants sans même leur laisser de quoi manger et boire. Indépendamment de leur prémices erronées, ces croyances isolaient efficacement des individus malades et empêchaient la propagation des maladies contagieuses.

90:3.5 2. La violence - les causes évidentes. Les causes de certains accidents et décès étaient si faciles à identifier qu'elles furent tôt supprimées de la catégorie des activités des fantômes. Les issues fatales et les blessures accompagnant la guerre, les combats avec les animaux et d'autres facteurs facilement identifiables furent considérés comme des événements naturels. Mais on crut longtemps que les esprits restaient responsables des retards dans les guérisons ou des infections de blessures même dues à des causes « naturelles » . Si nul agent naturel observable ne pouvait être découvert, on tenait encore les esprits fantômes pour responsables de la maladie et de la mort.

90:3.6 Aujourd'hui, en Afrique et ailleurs, on peut trouver des peuplades primitives qui tuent quelqu'un chaque fois qu'il se produit un décès non dû à la violence. Leurs medecine-men leur indiquent les coupables. Si une mère meurt en couche, on étrangle immédiatement l'enfant - une vie pour une vie.

90:3.7 3. La magie - l'influence des ennemis. On croyait de bien des maladies qu'elles étaient causées par ensorcellement, par l'action du mauvais oeil et de l'arc pointé magiquement. À une époque, il fut réellement dangereux de montrer quelqu'un du doigt ; on considère encore comme mal élevé de le faire. Dans le cas de maladie et de mort obscures, les anciens faisaient une enquête officielle, disséquaient le corps, s'arrêtaient sur quelque découverte et décidaient qu'elle était la cause de la mort ; autrement, on l'aurait attribuée à la sorcellerie et il aurait fallu exécuter la sorcière responsable. Ces antiques enquêtes judiciaires ont sauvé la vie à bien des sorcières présumées. Dans certaines tribus, on croyait qu'un homme pouvait mourir comme conséquence de sa propre sorcellerie, auquel cas nul n'était accusé.

90:3.8 4. Le péché - la punition pour avoir violé un tabou. À une époque relativement récente, on a cru que la maladie était un châtiment du péché, personnel ou racial. Chez les peuples traversant ce niveau d'évolution prévaut la théorie que l'on ne peut être affligé à moins d'avoir violé un tabou. Une forme typique de cette croyance consiste à considérer la maladie et la souffrance comme « des flèches du Tout-Puissant à l'intérieur du corps » . Les Chinois et les Mésopotamiens ont longtemps considéré les maladies comme résultant de l'activité de mauvais démons, bien que les Chaldéens aient aussi regardé les étoiles comme cause de la souffrance. Cette théorie de la maladie comme conséquence de la colère divine prévaut encore parmi de nombreuses collectivités urantiennes réputées civilisées.

90:3.9 5. Causes naturelles. L'humanité fut très lente à apprendre les secrets matériels des relations de cause à effet dans les domaines physiques de l'énergie, de la matière et de la vie. Les anciens Grecs, ayant préservé les traditions des enseignements d'Adamson, furent parmi les premiers à reconnaître que toute maladie résulte de causes naturelles. Avec lenteur et certitude, le développement d'une ère scientifique détruit les théories millénaires des hommes sur la maladie et la mort. La fièvre fut l'une des premières des indispositions ôtées de la catégorie des désordres surnaturels ; l'ère de la science a progressivement rompu les entraves de l'ignorance qui a si longtemps emprisonné le mental humain. La compréhension de la vieillesse et de la contagion efface graduellement du mental des hommes la peur des fantômes, des esprits et des dieux en tant qu'auteurs de la misère humaine et des souffrances des mortels.

90:3.10 L'évolution parvient infailliblement à ses fins : elle imprègne l'homme de la peur superstitieuse de l'inconnu et de la crainte de l'invisible, qui sont l'échafaudage pour atteindre le concept de Dieu. Puis, après avoir constaté la naissance d'une compréhension élevée de la Déité par l'action coordonnée de la révélation, la même technique d'évolution met immanquablement en marche les forces de pensée qui détruiront inexorablement l'échafaudage dont la mission est accomplie.

90.4  La Médecine au temps des Chamans

90:4.1 Toute la vie des anciens était axée sur la prophylaxie ; leur religion était, dans une large mesure, une technique pour prévenir les maladies. Indépendamment de l'erreur de leurs théories, ils étaient sincères en les mettant en oeuvre. Ils avaient une foi illimitée dans leurs méthodes de traitement, et ce seul facteur est déjà par lui-même un remède puissant.

90:4.2 La foi exigée pour se rétablir au moyen des soins stupides d'un de ces anciens chamans n'était pas, après tout, matériellement différente de celle qu'il faut aujourd'hui pour se faire guérir par un de leurs successeurs lancé dans le traitement non scientifique des maladies.

90:4.3 Les tribus les plus primitives craignaient beaucoup les malades ; pendant de longs âges, on les évita soigneusement, on les négligea honteusement. L'humanitarisme avança d'un grand pas quand l'évolution du métier de chaman suscita des prêtres et des medecine-men consentant à traiter les maladies. Il devint alors coutumier pour tout le clan d'affluer dans la chambre du malade pour aider le chaman à chasser, par des hurlements, le fantôme de la maladie. Il n'était pas rare que le chaman faisant le diagnostic fût une femme, tandis qu'un homme administrait le traitement. La méthode habituelle pour diagnostiquer les maladies consistait à examiner les entrailles d'un animal.

90:4.4 On traitait la maladie en psalmodiant, en hurlant, en imposant les mains, en soufflant sur le patient et par bien d'autres techniques. Plus tard, on eut recours au sommeil dans le temple, durant lequel on supposait que la guérison avait lieu, et cette coutume se généralisa. Les medecine-men finirent par essayer de véritables opérations chirurgicales liées au sommeil dans le temple ; la trépanation avec une tarière, pour permettre la fuite d'un esprit causant le mal de tête, fut l'une des premières opérations. Les chamans apprirent à réduire les fractures et les luxations, à ouvrir les furoncles et les abcès ; les chamanesses devinrent des sages-femmes expertes.

90:4.5 Une méthode courante de traitement consistait à frotter quelque chose de magique sur un point infecté ou souillé du corps, à jeter le charme et à supposer que l'on avait obtenu une guérison. Si par hasard quelqu'un ramassait le charme jeté, on croyait qu'il acquerrait immédiatement l'infection ou la souillure. Il fallut longtemps pour introduire les plantes médicinales et autres vrais médicaments. Le massage se développa, en liaison avec les incantations, pour chasser l'esprit du corps par frottement ; il fut précédé par des efforts pour introduire des médicaments par frottement, semblables aux tentatives modernes pour faire pénétrer des liniments. On crut qu'en appliquant des ventouses, en suçant les parties affectées et en pratiquant des saignées, on contribuait utilement à se débarrasser d'un esprit générateur de maladies.

90:4.6 L'eau était un puissant fétiche ; elle fut donc utilisée pour le traitement d'un grand nombre de maladies. On crut pendant longtemps que l'esprit causant la maladie pouvait être éliminé par la transpiration. On accorda beaucoup de crédits aux bains de vapeur. Des stations de cure primitive fleurirent autour des sources thermales naturelles. Les primitifs découvrirent que la chaleur soulageait la souffrance ; ils utilisèrent les rayons du soleil, des organes d'animaux fraichement tués, de l'argile chaude, des pierres chauffées ; nombre de ces méthodes sont encore employées aujourd'hui. On s'efforça d'influencer les esprits en pratiquant des rythmes ; les tam-tams furent universellement employés.

90:4.7 Chez certains peuples, on croyait que la maladie était causée par une conspiration pernicieuse entre des esprits et des animaux. Cela donna naissance à la croyance qu'il existait un remède végétal bienfaisant pour chaque maladie causée par un animal. Les hommes rouges étaient spécialement fidèles à la théorie des plantes comme remèdes universels ; ils laissaient toujours tomber une goutte de sang dans le trou laissé par les racines quand on arrachait la plante.

90:4.8 On utilisait souvent le jeûne, les régimes et les révulsifs comme mesures curatives. Les sécrétions humaines, étant nettement magiques, jouissaient d'une haute considération ; le sang et l'urine figuraient donc parmi les premiers médicaments, et l'on y ajouta bientôt des racines et divers sels. Les chamans croyaient que les esprits de maladie pouvaient être chassés par des médicaments infects et nauséabonds. La purge devint très tôt un traitement ordinaire, et la valeur du cacao et de la quinine bruts fut l'une des toutes premières découvertes pharmaceutiques.

90:4.9 Les Grecs furent les premiers à établir des méthodes vraiment rationnelles pour soigner les malades. Les Grecs et les Égyptiens tenaient leurs connaissances médicales des habitants de la vallée de l'Euphrate. L'huile et le vin furent employés de très bonne heure pour panser les blessures. Les Sumériens utilisaient l'huile de ricin et l'opium. Beaucoup de ces remèdes secrets anciens et efficaces perdirent leur vertu quand ils furent connus ; le secret a toujours été essentiel pour pratiquer avec succès la supercherie et la superstition. Seuls les faits et la vérité recherchent la pleine lumière de la compréhension et se réjouissent de la clarté et de l'illumination apportées par la recherche scientifique.

90.5  Prêtres et Rituels

90:5.1 L'essence du rituel est la perfection de son accomplissement ; parmi les sauvages, il faut le pratiquer avec une précision parfaite. La cérémonie n'a de pouvoir coercitif sur les esprits que si elle a été célébrée correctement. Si le rituel est défectueux, il ne fait qu'exciter la colère et le ressentiment des dieux. Donc, puisque le mental lentement évoluant des hommes concevait que la technique du rituel était le facteur décisif de son efficacité, il était inévitable que les chamans primitifs se transforment tôt ou tard en une prêtrise entrainée à diriger la pratique méticuleuse du rituel. Et ainsi, pendant des dizaines de milliers d'années, d'interminables rituels devinrent des entraves pour la société et un fléau pour la civilisation, un fardeau intolérable pour tous les actes de la vie, pour toutes les entreprises raciales.

90:5.2 Le rituel est la technique pour sanctifier la coutume ; le rituel crée et perpétue des mythes aussi bien qu'il contribue à préserver les coutumes sociales et religieuses. De plus, le rituel lui-même a été engendré par des mythes. Les rituels commencent souvent par être sociaux, deviennent ensuite économiques et finissent par acquérir la sainteté et la dignité de cérémonies religieuses. La pratique du rituel peut être personnelle ou collective - ou les deux - comme en on voit l'exemple dans la prière, la danse et les représentations dramatiques.

90:5.3 Les paroles devinrent partie du rituel, comme le montre l'usage de termes tels que amen et sélah. L'habitude de jurer, le blasphème, représente une prostitution de l'ancienne répétition rituelle de noms sacrés. Les pèlerinages à des sanctuaires sont un très ancien rituel. Les rituels devinrent ensuite un cérémonial minutieux de purification, d'assainissement et de sanctification. Les cérémonies d'initiation des sociétés secrètes des tribus primitives étaient en réalité un rite religieux grossier. La technique d'adoration des anciens cultes des mystères était simplement une longue performance de rituels religieux accumulés. Le rituel finit par donner les types modernes de cérémonies sociales et de cultes religieux, les services englobant des prières, des chants, des répons et d'autres dévotions spirituelles individuelles et collectives.

90:5.4 Les prêtres évoluèrent à partir des chamans en passant par les stades d'oracles, de devins, de chanteurs, de danseurs, de faiseurs de pluie et de beau temps, de gardiens de reliques, de conservateurs de temples et de pronostiqueurs d'évènements, pour en arriver au statut d'administrateurs effectifs du culte religieux. Leur charge devint finalement héréditaire, et une caste ecclésiastique permanente s'éleva.

90:5.5 À mesure que la religion évoluait, les prêtres commencèrent à se spécialiser selon leurs talents innés ou leurs prédilections spéciales. Certains devinrent chanteurs, d'autres prieurs et d'autres encore sacrificateurs ; plus tard vinrent les orateurs - les prédicateurs. Quand la religion devint une institution, ces prêtres prétendirent « détenir les clefs du ciel » .

90:5.6 Les prêtres ont toujours cherché à impressionner les gens du peuple et à leur inspirer une crainte respectueuse en conduisant le rituel religieux dans une langue morte et en faisant diverses passes magiques pour mystifier les fidèles de manière à rehausser leur propre piété et leur autorité. Le grand danger, dans tout cela, est que le rituel tend à devenir un substitut de la religion.

90:5.7 Les prêtrises ont beaucoup contribué à retarder le développement de la science et à empêcher le progrès spirituel, mais elles ont contribué à stabiliser la civilisation et à relever certains aspects de la culture. Mais beaucoup de prêtres modernes ont cessé d'opérer comme directeurs du rituel d'adoration de Dieu et ont tourné leur attention vers la théologie - la tentative pour définir Dieu.

90:5.8 Les prêtres ont incontestablement été une meule attachée au cou des races, mais les vrais chefs religieux ont eu une valeur inestimable en montrant le chemin vers des réalités supérieures et meilleures.

90:5.9 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

91. L'Évolution de la Prière

91:0.1 LA PRIÈRE, en tant qu'acte religieux, prit naissance dans des expressions antérieures non religieuses de monologues et de dialogues. Quand les hommes primitifs atteignirent la conscience de soi, il se produisit l'inévitable corollaire de la conscience d'autrui, le double potentiel de la sensibilité sociale et de la récognition de Dieu.

91:0.2 Les toutes premières formes de prière n'étaient pas adressées à la Déité. Ces expressions ressemblaient beaucoup à ce que vous diriez à un ami en vous lançant dans une entreprise importante : « Souhaitez-moi bonne chance. » Les primitifs étaient esclaves de la magie ; la chance, bonne ou mauvaise, pénétrait toutes les affaires de la vie. Au début, ces demandes de chance furent des monologues - simplement une manière de penser à haute voix pour les servants de la magie. Ensuite, ces croyants à la chance enrôlèrent leurs amis et leur famille pour les soutenir, et bientôt furent accomplies certaines formes de cérémonies incluant le clan ou la tribu tout entiers.

91:0.3 Quand le concept des fantômes et des esprits évolua, ces demandes furent adressées à des entités suprahumaines ; et, quand les hommes eurent conscience des dieux, ces expressions atteignirent le niveau de prières authentiques. À titre d'exemple, chez certaines tribus d'Australie, les prières religieuses primitives ont précédé la croyance aux esprits et aux personnalités suprahumaines.

91:0.4 Aux Indes, la tribu Toda observe la pratique de n'adresser de prières à personne en particulier, exactement comme le faisaient les peuples primitifs avant l'époque de la conscience religieuse. Seulement, chez les Todas, cela représente une régression de leur religion qui dégénère à ce niveau primitif. Les rituels d'aujourd'hui chez les prêtres laitiers des Todas ne représentent pas une cérémonie religieuse, parce que les prières impersonnelles ne contribuent en rien à conserver ni à élever des valeurs sociales, morales ou spirituelles quelconques.

91:0.5 La prière préreligieuse faisait partie des pratiques mana des Mélanésiens, des croyances oudah des Pygmées africains et des superstitions manitou des Indiens d'Amérique du Nord. Les tribus Baganda d'Afrique n'ont émergé que récemment du niveau mana de prière. Dans cette confusion évolutionnaire primitive, les hommes adressent leurs prières à des dieux - locaux ou nationaux - à des fétiches, à des amulettes, à des fantômes, à des chefs et à des gens du commun.

91.1  La Prière Primitive

91:1.1 La fonction de la religion évolutionnaire primitive est de conserver et d'accroitre les valeurs sociales, morales et spirituelles essentielles qui prennent lentement forme. Cette mission de la religion n'est pas observée consciemment par l'humanité, mais elle est principalement accomplie par la fonction de la prière. La pratique de la prière représente l'effort involontaire, mais néanmoins personnel et collectif, d'un groupe donné pour assurer (pour actualiser) la conservation des valeurs supérieures. Sans la sauvegarde de la prière, tous les jours fériés religieux reviendraient vite au statut de simples journées de vacances.

91:1.2 La religion et ses actes, dont le principal est la prière, ne sont alliés qu'aux valeurs jouissant d'une récognition sociale générale, d'une approbation collective. C'est pourquoi, lorsqu'un homme primitif tentait de satisfaire ses sentiments les moins nobles ou ses ambitions purement égoïstes, il était privé du secours de la religion et de l'aide de la prière. Si un individu se proposait de faire quelque chose d'antisocial, il était forcé de rechercher l'aide de la magie non religieuse, d'avoir recours aux sorciers et, donc, d'être privé de l'aide de la prière. La prière devint donc de très bonne heure un puissant instigateur d'évolution sociale, de progrès moral et d'accomplissement spirituel.

91:1.3 Cependant, le mental primitif n'était ni logique ni conséquent. Les hommes primitifs ne percevaient pas que les choses matérielles n'étaient pas du domaine de la prière. Ces âmes simples constataient que nourriture, abris, pluie, gibier et autres biens matériels accroissaient le bien-être social ; c'est pourquoi elles commencèrent à prier pour ces bénédictions physiques. Cela constituait une perversion de la prière, mais encourageait l'effort pour atteindre ces objectifs matériels par des actions éthiques et sociales. Tout en avilissant les valeurs spirituelles d'un peuple, cette prostitution de la prière avait néanmoins pour effet direct d'élever ses moeurs économiques, sociales et éthiques.

91:1.4 C'est seulement dans le type de mental le plus primitif que la prière est un monologue. Elle devient de bonne heure un dialogue et s'amplifie rapidement au niveau d'un culte collectif. La prière signifie que les incantations prémagiques de la religion primitive ont atteint, par évolution, le niveau où le mental humain reconnaît la réalité de pouvoirs ou d'êtres bénéfiques capables de rehausser les valeurs sociales et d'accroitre les idéaux moraux ; en outre, il reconnaît que ces influences sont suprahumaines et distinctes de l'ego humain conscient de soi et de ses compagnons mortels. La vraie prière n'apparaît donc pas avant que l'action du ministère religieux ne soit envisagée comme personnelle.

91:1.5 La prière a peu de liens avec l'animisme, mais de telles croyances peuvent exister parallèlement aux sentiments religieux émergents. Dans nombre de cas, la religion et l'animisme ont eu des origines entièrement séparées.

91:1.6 Chez les mortels qui n'ont pas été délivrés des entraves primitives de la peur, il y a sérieusement danger que toutes les prières conduisent à un sens morbide du péché, à une conviction injustifiée de culpabilité, réelle ou imaginaire. Toutefois, à l'époque moderne, il est peu probable qu'un grand nombre de personnes consacrent suffisamment de temps à prier pour en arriver à ces réflexions nuisibles sur leur indignité ou leur culpabilité. Les dangers accompagnant la déformation et la perversion de la prière sont constitués par l'ignorance, la superstition, la cristallisation, la dévitalisation, le matérialisme et le fanatisme.

91.2  L'Évolution de la Prière

91:2.1 Les premières prières furent simplement des souhaits exprimés en paroles, l'expression de désirs sincères. La prière devint ensuite une technique pour obtenir la coopération des esprits. Puis elle atteignit la fonction supérieure d'aider la religion à conserver toutes les valeurs dignes d'être préservées.

91:2.2 La prière et la magie surgirent toutes deux comme résultat des réactions humaines d'ajustement à l'environnement urantien ; mais, à part cette relation générale, elles ont peu de points communs. La prière a toujours indiqué une action positive de la part de l'ego qui la prononçait ; elle a toujours été psychique et parfois spirituelle. La magie a généralement signifié une tentative pour manipuler la réalité sans affecter l'ego du manipulateur, du pratiquant de la magie. Malgré leurs origines indépendantes, la magie et la prière ont souvent été liées dans leurs stades ultérieurs de développement. Partant de formules et passant par des rituels et des incantations, la magie s'est parfois haussée, par l'élévation de ses buts, au seuil de la vraie prière. La prière est parfois devenue si matérialiste qu'elle a dégénéré en une technique pseudomagique pour éviter la dépense de l'effort requis pour résoudre les problèmes d'Urantia.

91:2.3 Quand l'homme apprit que la prière ne pouvait contraindre les dieux, il lui donna davantage le caractère de pétition, de recherche d'une faveur. Mais la prière la plus authentique est en réalité une communion entre l'homme et son Auteur.

91:2.4 L'apparition de l'idée de sacrifice dans une religion amoindrit inéluctablement l'efficacité supérieure de la vraie prière, en ce sens que les hommes cherchent à substituer les offrandes de biens matériels à celle de la consécration de leur propre vouloir à faire la volonté de Dieu.

91:2.5 Quand la religion est dépourvue d'un Dieu personnel, ses prières sont transposées aux niveaux de la théologie et de la philosophie. Quand, dans une religion, le concept le plus élevé de Dieu est celui d'une Déité impersonnelle, comme dans l'idéalisme panthéiste, ce concept fournit bien une base pour certaines formes de communion mystique, mais il est fatal pour la puissance de la vraie prière, qui représente toujours la communion de l'homme avec un être personnel et supérieur.

91:2.6 Aux premiers temps de l'évolution raciale, et même aujourd'hui dans l'expérience quotidienne de la moyenne des mortels, la prière est, dans une grande mesure, un phénomène de rapports entre l'homme et son subconscient. Mais il existe aussi un domaine de prière où les individus intellectuellement alertes et spirituellement progressifs atteignent plus ou moins le contact avec les niveaux superconscients du mental humain, le domaine de l'Ajusteur de Pensée intérieur. En outre, il existe une phase spirituelle définie de la vraie prière concernant sa réception et sa récognition par les forces spirituelles de l'univers ; cette phase est entièrement distincte de toutes les associations humaines et intellectuelles.

91:2.7 La prière contribue grandement au développement du sentiment religieux d'un mental humain en évolution. Elle exerce une puissante influence pour empêcher l'isolement de la personnalité.

91:2.8 La prière représente l'une des techniques associées aux religions naturelles de l'évolution raciale qui fait également partie des valeurs expérientielles des religions supérieures éthiquement excellentes - les religions de révélation.

91.3  La Prière et l'Alter Ego

91:3.1 Quand les enfants apprennent pour la première fois à se servir du langage, ils sont enclins à penser tout haut, à exprimer leurs pensées en paroles, même si personne n'est là pour les entendre. À l'aurore de leur imagination créative, ils montrent une tendance à converser avec des compagnons imaginaires. De cette manière, un ego qui commence à éclore cherche à se maintenir en communion avec un alter ego fictif. Par cette technique, l'enfant apprend de bonne heure à convertir ses monologues en pseudodialogues où cet alter ego fait des réponses à ses pensées exprimées à haute voix et à l'expression de ses souhaits. Une très grande partie des réflexions des adultes se poursuit mentalement sous forme de conversations.

91:3.2 La forme primitive de la prière ressemblait beaucoup aux récitations semi-magiques de la tribu des Todas d'aujourd'hui, prières qui n'étaient adressées à personne en particulier. Par l'émergence de l'idée d'un alter ego, ces techniques de prière tendent à se transformer en communications du type dialogué. Avec le temps, le concept de l'alter ego est haussé à un statut supérieur de dignité divine, et la prière en tant qu'acte religieux a fait son apparition. Ce type primitif de prière est destiné à évoluer par de nombreuses phases et durant de longs âges avant d'atteindre le niveau de la prière intelligente et vraiment éthique.

91:3.3 La conception de l'alter ego par des générations successives de mortels pratiquant la prière évolue en passant par les fantômes, les fétiches et les esprits, jusqu'aux dieux polythéistes et finalement jusqu'au Dieu Unique, un être divin qui incorpore les idéaux les plus élevés et les aspirations les plus sublimes de l'ego en prière. C'est ainsi que la prière fonctionne bel et bien comme le plus puissant acte religieux pour conserver les valeurs et les idéaux supérieurs de ceux qui prient. À partir du moment où l'homme conçoit un alter ego et jusqu'à l'apparition du concept d'un divin Père céleste, la prière est toujours une pratique qui vous rend plus sociable, plus moral et plus spiritualiste.

91:3.4 La simple prière de la foi manifeste dans l'expérience humaine une puissante évolution par laquelle les anciennes conversations avec le symbole fictif de l'alter ego de la religion primitive ont été élevées au niveau de la communion avec l'esprit de l'Infini, au niveau où l'on est sincèrement conscient de la réalité du Dieu éternel et du Père Paradisiaque de toute création intelligente.

91:3.5 En dehors de ce qui concerne le moi supérieur dans l'expérience de la prière, il faut se rappeler que la prière éthique est une manière splendide d'élever l'ego et de renforcer le moi pour une vie meilleure et des accomplissements plus élevés. La prière incite l'ego humain à rechercher de l'aide dans les deux directions : pour l'assistance matérielle en puisant dans le réservoir subconscient de l'expérience du mortel, et pour l'inspiration et la gouverne en allant aux frontières superconscientes où le matériel prend contact avec le spirituel, avec le Moniteur de Mystère.

91:3.6 La prière a toujours été et sera toujours une expérience humaine double : un processus psychologique associé à une technique spirituelle. Ces deux fonctions de la prière ne peuvent jamais être entièrement séparées.

91:3.7 La prière éclairée doit reconnaître non seulement un Dieu extérieur et personnel, mais aussi une Divinité incluse et impersonnelle, l'Ajusteur intérieur. Quand un homme prie, il est tout à fait juste qu'il s'efforce de saisir le concept du Père Universel au Paradis ; mais, pour la plupart des buts pratiques, une technique plus efficace consistera à revenir au concept d'un proche alter ego, exactement comme le mental primitif avait l'habitude de le faire, et on reconnaîtra ensuite que l'idée de cet alter ego était tout d'abord une simple fiction devenue ensuite, par évolution, la vérité que Dieu habite l'homme mortel par la présence de fait de l'Ajusteur ; de sorte que l'homme peut ainsi parler, pour ainsi dire face à face, avec un divin alter ego réel et authentique qui l'habite et qui est l'essence et la présence même du Dieu vivant, le Père Universel.

91.4  La Prière Éthique

91:4.1 Nulle prière ne peut être éthique si le suppliant recherche un avantage égoïste sur ses semblables. La prière égoïste et matérialiste est incompatible avec les religions éthiques qui sont fondées sur l'amour divin et désintéressé. Un telle prière aussi dépourvue d'éthique retourne aux niveaux primitifs de pseudomagie, elle est indigne d'une civilisation en marche et des religions éclairées. La prière égoïste transgresse l'esprit de toutes les éthiques fondées sur une justice aimante.

91:4.2 La prière ne doit jamais être prostituée au point de devenir un substitut à l'action. Toute prière éthique est un stimulant pour l'action et un guide pour les efforts progressifs vers les buts idéalistes d'aboutissement au moi supérieur.

91:4.3 Dans toutes vos prières, soyez équitables. Ne vous attendez pas que Dieu montre de la partialité, qu'il vous aime plus que ses autres enfants, vos amis, vos voisins et même vos ennemis. Mais la prière des religions naturelles ou évoluées ne commence pas par être éthique, comme elle l'est dans les religions révélées ultérieures. Toute prière, qu'elle soit individuelle ou communautaire, peut être soit égoïste soit altruiste , c'est-à-dire que l'on peut centrer la prière sur soi-même ou sur autrui. Quand la prière ne recherche rien pour celui qui prie ni pour ses compagnons, alors une telle attitude de l'âme tend vers les niveaux de la véritable adoration. Les prières égoïstes impliquent des confessions et des suppliques, et consistent souvent en requêtes pour des faveurs matérielles. La prière est un peu plus éthique quand elle s'occupe du pardon et recherche la sagesse pour accroitre la maitrise de soi.

91:4.4 La prière du type non égoïste apporte des forces et des consolations, tandis que la prière matérialiste est vouée à désappointer et à désillusionner ses auteurs au fur et à mesure que le progrès des découvertes scientifiques démontre que l'homme vit dans un univers physique de loi et d'ordre. L'enfance d'un individu ou d'une race est caractérisée par des prières primitives égoïstes et matérialistes. Et, dans une certaine mesure, toutes ces suppliques sont efficaces en ce sens qu'elles conduisent invariablement aux efforts qui contribuent à obtenir les réponses à de telles prières. La prière réelle de la foi contribue toujours à faire progresser la technique de la vie, même si de telles demandes ne sont pas dignes de récognition spirituelle. Mais les personnes spirituelles évoluées doivent prendre de grandes précautions quand elles essayent de dissuader les penseurs primitifs, ou manquant de maturité, de formuler ce genre de prières.

91:4.5 Rappelez-vous que, même si la prière ne change pas Dieu, elle effectue très souvent des changements importants et durables chez celui qui prie avec foi et dans une expectative confiante. La prière a engendré beaucoup de paix mentale, d'allégresse, de calme, de courage, de maitrise de soi et d'équité chez les hommes et les femmes des races en évolution.

91.5  Les Répercussions Sociales de la Prière

91:5.1 Dans le culte des ancêtres, la prière conduit à cultiver les idéaux ancestraux. Mais, en tant qu'aspect du culte de la Déité, la prière transcende toutes les pratiques de cet ordre, car elle conduit à cultiver les idéaux divins. De même que le concept de l'alter ego de la prière devient suprême et divin, de même les idéaux humains s'élèvent en conséquence du niveau purement humain vers les niveaux célestes et divins, et le résultat de toutes ces prières est l'embellissement du caractère humain et la profonde unification de la personnalité humaine.

91:5.2 Mais il n'est pas nécessaire que la prière soit toujours individuelle. La prière en groupe ou en assemblée est fort efficace, en ce sens que ses répercussions accroissent beaucoup la sociabilité. Quand une collectivité s'adonne à une prière en commun pour le relèvement moral et l'élévation spirituelle, ces dévotions réagissent sur les individus qui composent le groupe ; leur participation les rend tous meilleurs. Même une ville ou une nation tout entières peuvent être aidées par ces prières dévotionnelles. La confession, le repentir et la prière ont conduit des individus, des villes, des nations et des races entières à de puissants efforts de réforme et à des actes courageux vaillamment accomplis.

91:5.3 Si vous désirez vraiment vaincre l'habitude de critiquer un ami, la manière la plus rapide et la plus sûre d'effectuer ce changement d'attitude consiste à établir l'habitude de prier pour cette personne chaque jour de votre vie. Mais les répercussions sociales de ces prières dépendent largement de deux conditions :

91:5.4 1. La personne pour qui l'on prie doit savoir que l'on prie pour elle.

91:5.5 2. La personne qui prie devrait entrer en contact social étroit avec la personne pour qui elle prie.

91:5.6 La prière est la technique par laquelle toute religion devient tôt ou tard une institution. Avec le temps, la prière s'associe à de nombreux facteurs secondaires dont quelques-uns sont utiles et d'autres nettement nuisibles, tels que prêtres, livres sacrés, rituels d'adoration et cérémonies.

91:5.7 Mais les hommes au mental plus spirituellement illuminés devraient être patients et tolérants envers les intellects moins bien doués, qui désirent ardemment un symbolisme pour mobiliser leur clairvoyance spirituelle restreinte. Les forts ne doivent pas regarder les faibles avec dédain. Ceux qui sont conscients de Dieu sans symbolisme ne doivent pas dénier le ministère de grâce des symboles à ceux qui trouvent difficile d'adorer la Déité et de révérer, sans formes ni rites, la vérité, la beauté et la bonté. Dans la prière d'adoration, la plupart des mortels imaginent quelque symbole de l'objet-but de leurs dévotions.

91.6  Le Domaine de la Prière

91:6.1 À moins d'être en liaison avec la volonté et les actes des forces spirituelles personnelles et des superviseurs matériels d'un royaume, la prière ne peut avoir d'effet direct sur votre milieu physique. Le domaine des suppliques par la prière possède des limites bien définies, mais ces limites ne s'appliquent pas de la même manière à la foi de ceux qui prient.

91:6.2 La prière n'est pas une technique de cure pour les maladies réelles et organiques, mais elle a énormément contribué à faire bénéficier d'un débordement de santé et à guérir de nombreux troubles mentaux, émotionnels et nerveux. Même dans le cas de maladies bactériennes réelles, la prière a bien souvent accru l'efficacité des autres remèdes appliqués. La prière a transformé bien des invalides irritables et mécontents en des parangons de patience et en a fait des inspirateurs pour tous les autres humains souffrants.

91:6.3 Si difficile qu'il puisse être de concilier les doutes scientifiques au sujet de l'efficacité de la prière avec le besoin toujours présent de rechercher aide et gouverne auprès de sources divines, n'oubliez jamais que la prière sincère de la foi est une force puissante pour promouvoir le bonheur personnel, la maitrise de soi de l'individu, l'harmonie sociale, le progrès moral et l'accomplissement spirituel.

91:6.4 Même en tant que pratique purement humaine, en tant que dialogue avec votre alter ego, la prière constitue une technique d'approche des plus efficaces pour mettre en oeuvre les pouvoirs de la nature humaine, dont les réserves sont accumulées et conservées dans les domaines inconscients du mental humain. La prière est une saine pratique psychologique en dehors de ses implications religieuses et de sa signification spirituelle. C'est un fait d'expérience humaine que la plupart des personnes, si elles sont assez durement harcelées, adresseront d'une certaine manière des prières à quelque source d'assistance.

91:6.5 Ne soyez pas paresseux au point de demander à Dieu de résoudre vos difficultés, mais n'hésitez jamais à lui demander sagesse et force spirituelle pour vous guider et vous soutenir pendant que vous attaquez résolument et courageusement les problèmes à traiter.

91:6.6 La prière a été un facteur indispensable au progrès et à la préservation de la civilisation religieuse, et il lui reste encore de puissantes contributions à apporter pour rehausser et spiritualiser la société, pourvu que ceux qui prient veuillent bien le faire à la lumière des faits scientifiques, de la sagesse philosophique, de la sincérité intellectuelle et de la foi spirituelle. Priez comme Jésus l'enseignait à ses disciples - honnêtement, généreusement, avec équité et sans douter.

91:6.7 Mais l'efficacité de la prière, dans l'expérience spirituelle personnelle de celui qui prie, ne dépend en aucune manière de la compréhension intellectuelle de l'adorateur, ni de sa finesse philosophique, de son niveau social, de son statut culturel ou de ses autres acquisitions humaines. Les accompagnements psychiques et spirituels de la prière de la foi sont immédiats, personnels et expérientiels. Il n'existe aucune autre technique permettant à chaque homme, indépendamment de tous autres accomplissements terrestres, d'approcher si efficacement et si immédiatement du seuil du royaume où il peut communiquer avec son Auteur, où la créature prend contact avec la réalité du Créateur, avec l'Ajusteur de Pensée intérieur.

91.7  Mysticisme, Extase et Inspiration

91:7.1 En tant que technique pour cultiver la conscience de la présence de Dieu, le mysticisme est entièrement digne de louanges, mais, si sa pratique conduit à l'isolement social et culmine en fanatisme religieux, il est tout à fait répréhensible. Bien trop souvent, les idées que le mystique surmené estime être des inspirations divines ne sont que des exaltations venus des profondeurs de son propre mental. Le contact du mental humain avec son Ajusteur intérieur, bien qu'il soit fréquemment favorisé par une méditation fervente, est beaucoup plus souvent facilité par les services sincères et aimants d'un ministère désintéressé auprès de ses semblables.

91:7.2 Les grands éducateurs religieux et prophètes des temps passés n'étaient pas des mystiques outranciers. Ils étaient des hommes et des femmes connaissant Dieu et servant leur Dieu au mieux par leur ministère désintéressé auprès de leurs semblables. Jésus emmenait souvent ses apôtres à part, pendant de courtes périodes, pour méditer et prier, mais, la plupart du temps, il les maintenait en contact de service avec les multitudes. L'âme des hommes a besoin d'exercice spirituel aussi bien que de nourriture spirituelle.

91:7.3 L'extase religieuse est admissible quand elle résulte d'antécédents sains, mais cette expérience est plus souvent la conséquence d'influences purement émotives que la manifestation d'un caractère spirituel profond. Les personnes religieuses ne doivent pas considérer chaque pressentiment psychologique brillant et chaque expérience émotionnelle intense comme une révélation divine ou une communication spirituelle. L'extase spirituelle authentique est généralement associée à un grand calme extérieur et à un contrôle émotif à peu près parfait. Mais la véritable vision prophétique est un pressentiment suprapsychologique. Les visitations de ce genre ne sont ni des pseudohallucinations ni des extases ressemblant à des transes.

91:7.4 Le mental humain peut opérer en réponse à une prétendue inspiration quand elle est sensible soit aux exaltations du subconscient, soit aux stimulus du superconscient. Dans les deux cas, ces accroissements du contenu de la conscience apparaissent à l'individu comme plus ou moins étrangers. L'enthousiasme mystique immodéré et l'extase religieuse sans frein ne sont pas des lettres de créance de l'inspiration, des lettres de créances prétendues divines.

91:7.5 Le test pratique de toutes ces étranges expériences religieuses de mysticisme, d'extase et d'inspiration consiste à observer si ces phénomènes amènent l'intéressé à :

91:7.6 1. Jouir d'une santé physique meilleure et plus complète.

91:7.7 2. Agir plus pratiquement et plus efficacement dans sa vie mentale.

91:7.8 3. Rendre sociale son expérience religieuse avec plus de plénitude et de joie.

91:7.9 4. Spiritualiser plus complètement sa vie quotidienne en même temps qu'il remplit fidèlement les devoirs courants de l'existence de mortel ordinaire.

91:7.10 5. Accroitre son amour et son appréciation de la vérité, de la beauté et de la bonté.

91:7.11 6. Conserver les valeur sociales, morales, éthiques et spirituelles couramment reconnues.

91:7.12 7. Développer sa clairvoyance spirituelle - sa conscience de Dieu.

91:7.13 Mais la prière n'a pas de lien réel avec ces expériences religieuses exceptionnelles. Quand la prière devient trop esthétique, quand elle consiste à peu près exclusivement en une admirable et bienheureuse contemplation de la divinité paradisiaque, elle perd beaucoup de son influence socialisante et tend vers le mysticisme et l'isolement de ses adeptes. Un excès de prière solitaire présente un certain danger qui est corrigé et écarté par la prière en groupe, les dévotions collectives.

91.8  La Prière en tant qu'Expérience Personnelle

91:8.1 La prière comporte un aspect vraiment spontané, car l'homme primitif commença à prier bien avant d'avoir le moindre concept clair d'un Dieu. Les premiers hommes avaient l'habitude de prier en deux circonstances différentes : quand ils se trouvaient en grande détresse, ils éprouvaient une impulsion à tendre la main vers une aide ; et quand ils exultaient, ils se laissaient aller à exprimer impulsivement leur joie.

91:8.2 La prière n'est pas une évolution de la magie ; les deux ont surgi indépendamment l'une de l'autre. La magie fut une tentative pour adapter la Déité aux circonstances ; la prière est l'effort pour adapter la personnalité à la volonté de la Déité. La vraie prière est à la fois morale et religieuse ; la magie n'est ni l'une ni l'autre.

91:8.3 La prière peut devenir une coutume établie. Beaucoup de personnes prient parce que d'autres le font. D'autres encore prient parce qu'elles craignent qu'il leur arrive quelque chose d'affreux si elles ne présentent pas régulièrement leurs suppliques.

91:8.4 Pour certains individus, la prière est une calme expression de gratitude, pour d'autres, une expression collective de louanges, une dévotion sociale. Elle est parfois l'imitation de la religion d'autrui, alors que la vraie prière est la communication sincère et confiante entre la nature spirituelle de la créature et la présence ubiquitaire de l'esprit du Créateur.

91:8.5 La prière peut être une expression spontanée de conscience de Dieu ou une récitation dénuée de sens de formules théologiques. Elle peut être la louange extatique d'une âme connaissant Dieu ou l'obéissance servile d'un mortel hanté par la peur. Elle est parfois l'expression pathétique d'un ardent désir spirituel et parfois la clameur criarde de phrases pieuses. La prière peut être une louange joyeuse ou un humble appel au pardon.

91:8.6 La prière peut être la demande enfantine de l'impossible ou la supplication de l'homme mûr pour la croissance morale et le pouvoir spirituel. Une supplique peut consister à demander le pain quotidien ou incorporer un désir sincère de trouver Dieu et de faire sa volonté. Elle peut être une requête entièrement égoïste ou un geste sincère et magnifique vers la réalisation d'une fraternité désintéressée.

91:8.7 La prière peut être un cri de colère pour obtenir vengeance ou une intercession miséricordieuse pour ses ennemis. Elle peut être l'expression d'un espoir de changer Dieu ou la puissante technique de se changer soi-même. Elle peut être la plaidoirie obséquieuse d'un pécheur perdu devant un Juge supposé sévère ou l'expression joyeuse d'un fils libéré, fils du Père céleste vivant et miséricordieux.

91:8.8 Les hommes modernes sont troublés à l'idée de s'entretenir de leurs questions avec Dieu d'une manière purement personnelle. Beaucoup ont abandonné la prière régulière ; ils ne prient plus que sous l'empire d'une pression inhabituelle - en cas d'urgence. L'homme ne devrait pas avoir peur de parler à Dieu, mais il serait spirituellement enfantin d'entreprendre de persuader Dieu ou de prétendre le changer.

91:8.9 Mais la véritable prière atteint bel et bien la réalité. Même quand les courants aériens sont ascendants, nul oiseau ne peut prendre son essor sans déployer ses ailes. La prière élève l'homme parce qu'elle est une technique de progrès par utilisation des courants spirituels ascendants de l'univers.

91:8.10 La prière authentique contribue à la croissance spirituelle, modifie les attitudes et procure la satisfaction qui vient de la communion avec la divinité. Elle est un débordement spontané de conscience de Dieu.

91:8.11 Dieu répond à la prière de l'homme en lui donnant une révélation accrue de la vérité, une appréciation rehaussée de la beauté et un concept élargi de la bonté. La prière est un geste subjectif, mais elle établit le contact avec de puissantes réalités objectives sur les niveaux spirituels de l'expérience humaine ; elle est un essai significatif de l'humain pour atteindre des valeurs suprahumaines. Elle est le plus puissant stimulant de la croissance spirituelle.

91:8.12 Les mots n'ont pas d'importance dans la prière ; ils sont simplement le chenal intellectuel dans lequel la rivière des supplications spirituelles se trouve couler par hasard. La valeur verbale d'une prière est purement autosuggestive dans les dévotions individuelles, et sociosuggestives dans les dévotions collectives. Dieu répond à l'attitude de l'âme et non aux paroles.

91:8.13 La prière n'est pas une technique pour échapper à des conflits, mais plutôt un stimulant pour croitre en face du conflit. Ne priez que pour des valeurs, non pour des choses ; pour la croissance, et non pour la satisfaction.

91.9  Conditions d'Efficacité de la Prière

91:9.1 Si vous voulez arriver à prier efficacement, il faut avoir présentes à la pensée les lois des requêtes auxquelles il est fait droit :

91:9.2 1. Il faut vous qualifier comme prieur efficace en affrontant sincèrement et courageusement les problèmes de la réalité universelle. Il faut avoir de la vigueur cosmique.

91:9.3 2. Il faut avoir honnêtement épuisé toute les possibilités humaines d'ajustement. Il faut avoir été industrieux.

91:9.4 3. Il faut abandonner tous les souhaits du mental et tous les désirs de l'âme à l'emprise transformatrice de la croissance spirituelle. Il faut que vous ayez expérimenté un rehaussement des significations et une élévation des valeurs.

91:9.5 4. Il faut choisir de tout coeur la volonté divine. Il faut anéantir le centre inerte de l'indécision.

91:9.6 5. Non seulement vous reconnaissez la volonté du Père et vous choisissez de la faire, mais vous vous êtes consacré sans réserve et voué dynamiquement à exécuter cette volonté d'une manière effective.

91:9.7 6. Votre prière cherchera exclusivement à obtenir la sagesse divine permettant de résoudre les problèmes humains spécifiques rencontrés au cours de l'ascension vers le Paradis - l'aboutissement à la perfection divine.

91:9.8 7. Et il faut avoir la foi - une foi vivante.

91:9.9 [Présenté par le Chef des Médians d'Urantia.]

92. L'Évolution Ultérieure de la Religion

92:0.1 LONGTEMPS avant l'apport de révélations systématiques sur Urantia, les hommes possédaient une religion d'origine naturelle faisant partie de leur expérience évolutionnaire ; mais cette religion d'origine naturelle était, en elle-même, le produit des dons supraanimaux à l'homme. La religion évolutionnaire prit lentement corps, au cours des millénaires de la carrière expérientielle de l'humanité, par le ministère des influences suivantes opérant intérieurement et empiétant de l'extérieur sur le sauvage, le barbare et le civilisé :

92:0.2 1. L'adjuvat d'adoration l'apparition dans la conscience animale de potentiels supraanimaux pour percevoir la réalité. On peut appeler ceci l'instinct humain primordial de recherche de la Déité.

92:0.3 2. L'adjuvat de sagesse la manifestation dans un mental adorateur de la tendance à diriger son adoration dans des canaux supérieurs d'expression et vers des concepts toujours plus étendus de la réalité de Déité.

92:0.4 3. Le Saint-Esprit c'est le premier don supramental, et il apparaît infailliblement chez toutes les personnalités humaines de bonne foi. Son ministère auprès d'un mental affamé d'adoration et assoiffé de sagesse crée la capacité à comprendre par soi-même le postulat de la survie humaine, à la fois comme concept théologique et comme expérience personnelle actuelle et factuelle.

92:0.5 Le fonctionnement coordonné de ces trois ministères divins est tout à fait suffisant pour déclencher et poursuivre la croissance de la religion évolutionnaire. Ces influences sont accrues plus tard par les Ajusteurs de Pensée, les séraphins et l'Esprit de Vérité, qui accélèrent tous la cadence du développement religieux. Ces agents fonctionnent depuis longtemps sur Urantia et continueront aussi longtemps que cette planète restera une sphère habitée. Une grande partie du potentiel de ces agents divins n'a encore jamais eu l'occasion de s'exprimer ; bien des révélations seront faites au cours des âges à venir, à mesure que la religion des mortels s'élèvera, niveau après niveau, jusqu'aux hauteurs célestes de valeur morontielle et de vérité spirituelle.

92.1  La Nature Évolutionnaire de la Religion

92:1.1 L'évolution de la religion a été retracée depuis la peur primitive et la croyance aux fantômes, à travers de nombreux stades successifs de développement, y compris les efforts, d'abord pour contraindre les esprits et ensuite pour les amadouer. Les fétiches des tribus devinrent des totems et des dieux tribaux ; les formules magiques devinrent les prières modernes. La circoncision, qui fut d'abord un sacrifice, devint un procédé hygiénique.

92:1.2 Au cours de l'enfance sauvage des races, la religion progressa de l'adoration de la nature au fétichisme, en passant par le culte des fantômes. À l'aurore de la civilisation, la race humaine épousa des croyances plus mystiques et symboliques, tandis qu'aujourd'hui, à l'approche de sa maturité, l'humanité se prépare à apprécier la vraie religion et même un commencement de révélation de la vérité elle-même.

92:1.3 La religion naît comme réaction biologique du mental aux croyances spirituelles et à l'environnement ; elle est la dernière chose à périr ou à changer dans une race. La religion est l'adaptation de la société, dans un âge quelconque, à ce qui est mystérieux. En tant qu'institution sociale, elle comprend des rites, des symboles, des cultes, des écrits, des autels, des sanctuaires et des temples. L'eau bénite, les reliques, les fétiches, les charmes, les ornements sacerdotaux, les cloches, les tambours et les prêtrises sont communs à toutes les religions. Et il est impossible de séparer complètement la religion résultant purement de l'évolution d'avec la magie ou la sorcellerie.

92:1.4 Le mystère et le pouvoir ont toujours stimulé les sentiments et les craintes religieuses, tandis que l'émotion a continuellement fonctionné comme un puissant facteur conditionnant leur développement. La peur a toujours été le stimulus religieux fondamental. La peur façonne les dieux de la religion évolutionnaire et motive le rituel religieux des croyants primitifs. À mesure que la civilisation progresse, la peur est modifiée par la vénération, l'admiration, le respect et la sympathie, puis son conditionnement se poursuit par le remords et le repentir.

92:1.5 Un peuple asiatique a enseigné que « Dieu est une grande crainte » ; c'est le résultat de la religion purement évolutionnaire. Jésus, la révélation du type le plus élevé de vie religieuse, proclama que « Dieu est amour » .

92.2  La Religion et les Moeurs

92:2.1 La religion est la plus rigide et la plus inflexible de toutes les institutions humaines, mais elle s'adapte à retardement aux changements sociaux. Finalement, la religion évolutionnaire reflète bien les moeurs changeantes qui, de leur côté, peuvent avoir été affectées par la religion révélée. Lentement, sûrement, mais de mauvaises grâces, la religion (le culte) marche dans le sillage de la sagesse - de la connaissance dirigée par la raison expérientielle et illuminée par la révélation divine.

92:2.2 La religion se cramponne aux moeurs ; ce qui était est ancien et supposé sacré. C'est pour cette raison, et pour nulle autre, que les outils de pierre persistèrent longtemps dans l'âge du bronze et du fer. Vos archives contiennent le passage suivant : « Et, si tu me fais un autel de pierre, tu ne le bâtiras point de pierres taillées, car, si tu emploies tes outils pour le faire, tu l'auras profané. » Même aujourd'hui, les Hindous allument le feu de leurs autels en employant une mèche à friction primitive. Au cours de la religion évolutionnaire, toute innovation a toujours été considérée comme un sacrilège. Le sacrement ne doit pas être composé d'aliments nouveaux et manufacturés, mais des aliments les plus primitifs : « La viande rôtie au feu et les pains sans levain servis avec des herbes amères. » Les usages sociaux de tous les types, et même les procédures légales, se cramponnent aux formes anciennes.

92:2.3 Quand les hommes modernes s'étonnent que les Écritures des différentes religions présentent tant de passages pouvant être jugés obscènes, ils devraient réfléchir et observer que les générations qui passent ont craint d'éliminer ce que leurs ancêtres avaient estimé saint et sacré. Une génération peut considérer comme obscènes bien des choses que les générations précédentes ont acceptées comme faisant partie des moeurs admises, et même des rituels religieux approuvés. Un grand nombre de controverses religieuses ont été occasionnées par les tentatives sans fin pour concilier des pratiques anciennes, mais répréhensibles, avec les nouveaux progrès de la raison, pour trouver des théories plausibles justifiant les credo qui perpétuent des coutumes vétustes et désuètes.

92:2.4 Il serait toutefois stupide de vouloir accélérer trop soudainement la croissance religieuse. Une race ou une nation ne peut assimiler, dans une religion avancée, que les parties raisonnablement cohérentes et compatibles avec son statut évolutionnaire courant, et compte tenu de son génie d'adaptation. Les conditions sociales, climatiques, politiques et économiques exercent toutes une influence pour déterminer le cours et le progrès de l'évolution religieuse. La moralité sociale n'est pas déterminée par la religion, pas du moins, par la religion évolutionnaire ; ce sont plutôt les formes de religion qui sont dictées par la moralité raciale.

92:2.5 Les races d'hommes n'acceptent que superficiellement une religion nouvelle et étrangère ; en fait, ils l'adaptent à leurs moeurs et à leurs anciennes manières de croire. On en trouve un bon exemple chez une tribu de la Nouvelle-Zélande dont les prêtres, après avoir nominalement accepté le christianisme, déclarèrent ensuite avoir reçu directement de Gabriel des révélations assurant que cette même tribu était devenue le peuple élu de Dieu, et ordonnant qu'il soit permis à ses membres de s'adonner librement aux relations sexuelles relâchées et à nombre de leurs autres coutumes anciennes et répréhensibles. Tous les nouveaux baptisés chrétiens adhérèrent immédiatement à cette version nouvelle et moins astreignante du christianisme.

92:2.6 À un moment ou à un autre, la religion a sanctionné toutes sortes de lignes de conduite contradictoires et illogiques ; elle a pratiquement approuvé, à une époque donnée, tout ce que l'on considère maintenant comme immoral ou impie. La conscience, non enseignée par l'expérience ni aidée par la raison, n'a jamais été et ne pourra jamais être un guide sûr et infaillible pour la conduite humaine. La conscience n'est pas une voix divine parlant à l'âme humaine ; elle est seulement la somme totale du contenu moral et éthique des moeurs d'un quelconque stade d'existence courant ; elle représente simplement la conception humaine de la réaction idéale dans un concours de circonstances données.

92.3  La Nature de la Religion Évolutionnaire

92:3.1 L'étude de la religion humaine est l'examen des strates sociales fossilifères des âges passés. Les moeurs des dieux anthropomorphes reflètent fidèlement la morale des hommes qui furent les premiers à concevoir ces déités. Les anciennes religions et la mythologie décrivent fidèlement les croyances et traditions de peuples perdus depuis longtemps dans l'obscurité. Ces anciennes pratiques cultuelles persistent à côté de coutumes économiques et d'évolutions sociales nouvelles et, bien entendu, elles apparaissent grossièrement illogiques. Les reliquats du culte offrent une bonne image des religions raciales du passé. Rappelez-vous toujours que les cultes ne sont pas formés pour découvrir la vérité, mais plutôt pour promulguer des credo.

92:3.2 La religion a toujours été largement une affaire de rites, de rituels, d'observances, de cérémonies et de dogmes. En général, elle se souille d'une erreur qui provoque des discordes persistantes, l'illusion du peuple élu. Les idées religieuses cardinales - incantation, inspiration, révélation, propitiation, repentir, expiation, intercession, sacrifice, prière, confession, adoration, survie après la mort, sacrement, rituel, rançon, salut, rédemption, alliance, impureté, purification, prophétie, péché originel - remontent toutes aux temps très anciens de la peur primordiale des fantômes.

92:3.3 La religion primitive n'est ni plus ni moins qu'un prolongement de la lutte pour l'existence matérielle englobant l'existence au delà de la tombe. Les observances de ce credo représentaient l'extension de la lutte pour subsister, dans le domaine d'un monde imaginaire d'esprits fantômes. Mais, si vous êtes tentés de critiquer la religion évolutionnaire, faites attention. Rappelez-vous qu'elle représente ce qui est arrivé ; c'est un fait historique. Souvenez-vous aussi que le pouvoir d'une idée quelconque ne réside pas dans sa certitude ou sa vérité, mais plutôt dans sa force de séduction sur les hommes.

92:3.4 La religion évolutionnaire ne prend pas de dispositions pour assurer des changements ou des révisions ; contrairement à la science, elle ne pourvoit pas à sa propre correction progressive. La religion évoluée commande le respect parce que ses fidèles croient qu'elle est La Vérité. « La foi transmise aux saints une fois pour toutes » doit, en théorie, être à le fois définitive et infaillible. Le culte résiste au développement parce que le véritable progrès est certain de modifier ou de détruire le culte lui-même ; c'est pourquoi la révision doit toujours lui être imposée.

92:3.5 Seules deux influences peuvent modifier et élever les dogmes de la religion naturelle : la pression des moeurs en lent progrès et l'illumination périodique des révélations d'époque. Il n'est pas surprenant que le progrès ait été lent ; dans les temps anciens, si l'on était progressif ou inventif, on était mis à mort comme sorcier. Le culte évolue lentement par générations historiques et par cycles millénaires, mais il progresse. La croyance évolutionnaire aux fantômes posa les fondements d'une philosophie de religion révélée qui détruira, en fin de compte, la superstition qui lui donna naissance.

92:3.6 La religion a handicapé le développement social de bien des manières, mais, sans religion, il n'y aurait eu ni moralité ni éthique durables, pas de civilisation digne de ce nom. La religion fut la mère de bien des cultures non religieuses ; la sculpture a son origine dans la taille des idoles, l'architecture dans la construction des temples, la poésie dans les incantations, la musique dans les chants d'adoration, le théâtre dans l'action pour guider les esprits et la danse dans les festivals saisonniers d'adoration.

92:3.7 Mais, tout en attirant l'attention sur le fait que la religion fut essentielle pour développer et préserver la civilisation, il faut noter que la religion naturelle a aussi beaucoup contribué à paralyser et à handicaper cette même civilisation qu'elle encourageait et entretenait par ailleurs. La religion a gêné les activités industrielles et le développement économique ; elle a gaspillé du travail et dilapidé des capitaux ; elle n'a pas toujours été secourable à la famille ; elle n'a pas favorisé de façon adéquate la paix et la bonne volonté ; elle a parfois négligé l'éducation et retardé la science ; elle a indument appauvri la vie sous prétexte d'enrichir la mort. La religion évolutionnaire, la religion humaine, a bien été coupable de toutes ces fautes, erreurs et bévues, et de bien d'autres ; elle a néanmoins réussi à maintenir une éthique culturelle, une civilisation morale et une cohésion sociale, et elle a permis à la religion révélée ultérieure de compenser ces nombreuses imperfections évolutionnaires.

92:3.8 La religion évolutionnaire a été l'institution humaine la plus couteuse, mais son efficacité fut incomparable. La religion humaine ne se justifie qu'à la lumière de la civilisation évolutionnaire. Si l'homme n'était pas le produit ascendant de l'évolution animale, alors ce cours du développement de la religion resterait sans justification.

92:3.9 La religion a facilité l'accumulation des capitaux ; elle a encouragé certaines sortes de travaux ; les loisirs des prêtres ont promu l'art et la connaissance ; en fin de compte, la race a beaucoup gagné comme conséquence de toutes ces erreurs initiales dans la technique éthique. Les chamans, honnêtes et malhonnêtes, furent terriblement onéreux, mais ils valurent tout ce qu'ils coutèrent. Les professions savantes et la science elle-même émergèrent des prêtrises parasites. La religion a encouragé la civilisation et assuré la continuité de la société ; elle a été la force de police morale de tous les temps. La religion a procuré la discipline humaine et la maitrise de soi, qui ont rendu possible la sagesse. La religion est le fouet efficace de l'évolution, qui pousse impitoyablement l'humanité indolente et souffrante à sortir de son état naturel d'inertie intellectuelle et à s'élever aux niveaux supérieurs de la raison et de la sagesse.

92:3.10 La religion évolutionnaire, cet héritage sacré de l'ascension animale, doit toujours continuer à être raffinée et ennoblie par la censure constante de la religion révélée et par la fournaise ardente de la science authentique.

92.4  Le Don de la Révélation

92:4.1 La révélation est évolutionnaire, mais toujours progressive. Au long des âges de l'histoire d'un monde, les révélations successives sont toujours en expansion et plus éclairantes. La mission de la révélation consiste à sélectionner et à censurer les religions évolutionnaires qui se succèdent ; mais, si la révélation doit exalter et élever par étapes les religions d'évolution, il faut que ces visitations divines décrivent des enseignements qui ne soient pas trop éloignés des idées et des réactions de l'âge où ils sont présentés. La révélation doit donc toujours garder contact avec l'évolution, et elle le fait. La religion de révélation se voit toujours limitée par la capacité des hommes à la recevoir.

92:4.2 Mais, indépendamment de leurs connexions ou de leurs dérivations apparentées, les religions de révélation sont toujours caractérisées par une croyance à une Déité de valeur finale et à un concept de la survie de l'identité de la personnalité après la mort.

92:4.3 La religion évolutionnaire est sentimentale, mais non logique. Elle est la réaction des hommes envers la croyance à un monde hypothétique d'esprit-fantômes - le réflexe humain de croyance excité par la réalisation et la peur de l'inconnu. La religion révélée est proposée par le vrai monde spirituel ; elle est la réponse du cosmos superintellectuel à la soif qu'ont les mortels de croire aux Déités universelles et de dépendre d'elles. La religion évolutionnaire décrit les tâtonnements de l'humanité qui tourne en rond à la recherche de la vérité ; la religion révélée est cette vérité même.

92:4.4 La religion de révélation a comporté de nombreux événements, dont cinq seulement ont marqué une époque. Ce furent les suivants :

92:4.5 1. Les enseignements dalamatiens. Le véritable concept de la Première Source-Centre fut promulgué, pour la première fois sur Urantia, par les cent membres corporels de l'état-major du Prince Caligastia. Cette révélation croissante de la Déité se poursuivit pendant plus de trois-cent-mille ans, jusqu'au moment où elle fut brusquement interrompue par la sécession planétaire et la dislocation du régime éducatif. À part le travail de Van, l'influence de la révélation dalamatienne fut pratiquement perdue pour le monde entier. Même les Nodites en avaient oublié les vérités à l'époque de l'arrivée d'Adam. Parmi tous ceux qui reçurent les enseignements des cent, ce furent les hommes rouges qui les conservèrent le plus longtemps, mais, dans la religion amérindienne, l'idée du Grand Esprit n'était qu'un concept vague quand le contact avec le christianisme le clarifia et le renforça considérablement.

92:4.6 2. Les enseignements édéniques. Adam et Ève décrivirent de nouveau le concept du Père de tous aux peuples évolutionnaires. La dislocation du premier Éden arrêta le cours de la révélation adamique avant qu'elle eût vraiment pris son essor, mais les enseignements avortés d'Adam furent repris par les prêtres séthites, et certaines de ces vérités n'ont jamais été entièrement perdues pour le monde. La tendance tout entière de l'évolution religieuse levantine fut modifiée par les enseignements des Séthites, mais, vers l'an 2.500 avant l'ère chrétienne, l'humanité avait largement perdu de vue ce qu'avaient offert les révélateurs à l'époque d'Éden.

92:4.7 3. Melchizédek de Salem. Ce fils de Nébadon envoyé au secours de la planète inaugura la troisième révélation de la vérité sur Urantia. Les préceptes cardinaux de ses enseignements étaient la confiance et la foi. Il enseigna la confiance en l'omnipotente bienfaisance de Dieu et proclama que la foi était l'acte par lequel les hommes gagnaient la faveur de Dieu. Ses enseignements s'entremêlèrent graduellement avec les croyances et pratiques de diverses religions évolutionnaires et donnèrent finalement les systèmes théologiques en vigueur sur Urantia au début du premier millénaire après le Christ.

92:4.8 4. Jésus de Nazareth. Christ Micaël présenta, pour la quatrième fois à Urantia, le concept de Dieu en tant que Père Universel, et en général cet enseignement a toujours subsisté depuis lors. L'essence de son enseignement était l'amour et le service, l'adoration aimante qu'un fils créé donne de son plein gré en reconnaissance du ministère affectueux de Dieu son Père et en réponse à ce ministère ; c'est le service que les fils créés offrent de plein gré à leurs frères dans la joie de la réalisation que, par ce service, ils servent également Dieu le Père.

92:4.9 5. Les Fascicules d'Urantia. Ces exposés, dont le présent fascicule fait partie, constituent la plus récente présentation de la vérité aux mortels d'Urantia. Ils diffèrent de toutes les révélations antérieures, car ils ne sont pas l'oeuvre d'une seule personnalité de l'univers, mais une présentation composite par de nombreux êtres. Toutefois, jamais aucune révélation ne peut être complète avant d'atteindre le Père Universel. Tous les autres ministères célestes ne sont que partiels, transitoires et pratiquement adaptés aux conditions locales dans le temps et l'espace. Il est possible qu'en admettant cela, on amoindrisse la force et l'autorité immédiates de toutes les révélations, mais l'heure est arrivée sur Urantia où il est opportun de faire ces franches déclarations, même au risque d'affaiblir l'influence et l'autorité du présent ouvrage qui représente la révélation la plus récente de la vérité aux races mortelles d'Urantia.

92.5  Les Grands Chefs Religieux

92:5.1 Dans la religion évolutionnaire, on conçoit les dieux comme existant à la similitude de l'image des hommes. Dans la religion révélée, on enseigne aux hommes qu'ils sont fils de Dieu - et même façonnés à l'image finie de la divinité. Dans les croyances synthétisant les enseignements de la révélation et les produits de l'évolution, le concept de Dieu est un mélange :

92:5.2 1. Des idées préexistantes des cultes évolutionnaires.

92:5.3 2. Des idéaux sublimes de la religion révélée.

92:5.4 3. Des points de vue personnels des grands chefs religieux, les prophètes et instructeurs de l'humanité.

92:5.5 La plupart des grandes époques religieuses ont été inaugurées par la vie et les enseignements d'une personnalité sortant de l'ordinaire. La majorité des mouvements moraux historiques dignes d'être mentionnés a eu son origine dans les directives d'un chef. Les hommes ont toujours eu tendance à vénérer ce chef, même aux dépens de ses enseignements, à révérer sa personnalité, même en perdant de vue les vérités qu'il proclamait. Cela n'est pas sans raison ; le coeur de l'homme évolutionnaire contient le désir instinctif de recevoir de l'aide d'en haut et de l'au-delà. Cet ardent désir est destiné à anticiper l'apparition sur la Terre du Prince Planétaire et des Fils Matériels ultérieurs. Sur Urantia, les hommes ont été privés de ces chefs et dirigeants suprahumains ; c'est pourquoi ils cherchent constamment à compenser cette perte en entourant leurs chefs humains de légendes retraçant des origines surnaturelles et des carrières miraculeuses.

92:5.6 Bien des races ont imaginé que leurs chefs étaient nés de vierges ; leurs carrières sont libéralement parsemées d'épisodes miraculeux, et leur retour est toujours attendu par leurs groupes respectifs. Les hommes des tribus d'Asie centrale attendent toujours le retour de Gengis Khan ; au Thibet, en Chine et aux Indes, c'est Bouddha, et, dans l'Islam, Mahomet ; chez les Amérindiens, c'était Hésunanine Onamonalonton ; chez les Hébreux, c'était en général le retour d'Adam comme chef incarné. À Babylone, le dieu Mardouk était une perpétuation de la légende d'Adam, l'idée du fils-de-Dieu, le chainon reliant l'homme à Dieu. À la suite de l'apparition d'Adam sur terre, de prétendus fils de Dieu se trouvèrent couramment parmi les races du monde.

92:5.7 Mais, indépendamment de la crainte superstitieuse que l'on éprouvait souvent à leur égard, le fait demeure que ces instructeurs furent les personnalités temporelles servant de points d'appui aux leviers de la vérité révélée pour faire progresser la moralité, la philosophie et la religion de l'humanité.

92:5.8 Il y a eu des centaines et des centaines de chefs religieux au cours du million d'années de l'histoire humaine d'Urantia, depuis Onagar jusqu'au Gourou Nanak. Pendant ce temps se sont produits nombre de flux et de reflux de la marée de vérité religieuse et de foi spirituelle et, dans le passé, chaque renaissance de la religion sur Urantia a été identifiée avec la vie et les enseignements de quelque chef religieux. En étudiant les instructeurs des temps récents, il peut se révéler utile de les grouper en sept époques religieuses majeures de l'histoire d'Urantia après Adam.

92:5.9 1. La période séthite. Les prêtres séthites, régénérés sous la direction d'Amosad, devinrent les grands éducateurs postadamiques. Ils opérèrent dans tous les pays des Andites, et leur influence persista le plus longtemps chez les Grecs, les Sumériens et les Hindous. Chez ces derniers, ils ont persisté jusqu'à l'époque actuelle en tant que Brahmanes de la foi hindoue. Les Séthites et leurs fidèles ne perdirent jamais complètement le concept de la Trinité révélé par Adam.

92:5.10 2. L'ère des missionnaires de Melchizédek. Dans une grande mesure, la religion d'Urantia fut régénérée par les efforts des éducateurs commissionnés par Machiventa Melchizédek à l'époque où il vivait et enseignait à Salem, près de deux-mille ans avant le Christ. Ces missionnaires proclamèrent que la foi était le prix de la faveur de Dieu ; leurs enseignements ne provoquèrent pas l'apparition immédiate de religions, mais formèrent néanmoins les bases sur lesquelles des instructeurs ultérieurs de la vérité devaient bâtir les religions d'Urantia.

92:5.11 3. L'ère postérieure à Melchizédek. Aménémopé et Ikhnaton enseignèrent tous deux au cours de cette période, mais le génie religieux le plus remarquable de l'ère postérieure à Melchizédek fut le chef d'un groupe de Bédouins levantins, le fondateur de la religion hébraïque - Moïse. Moïse enseigna le monothéisme. Il dit : « Écoute, O Israël, le Seigneur notre Dieu est un seul Dieu. » « Le Seigneur, c'est lui qui est Dieu, et il n'y en a point d'autre que lui. » Il chercha avec persistance à déraciner, chez son peuple, les vestiges du culte des fantômes, allant même jusqu'à prescrire la peine de mort pour ceux qui le pratiquaient. Le monothéisme de Moïse fut altéré par ses successeurs, mais plus tard ils revinrent bien à nombre de ses enseignements. La grandeur de Moïse réside dans sa sagesse et sa sagacité. D'autres hommes ont eu de plus grands concepts de Dieu, mais nul n'a jamais si bien réussi à faire adopter des croyances aussi avancées par un aussi grand nombre de personnes.

92:5.12 4. Le sixième siècle avant le Christ. Ce fut l'un des plus grands siècles d'éveil religieux dont Urantia ait jamais été témoin. De nombreuses personnalités surgirent pour proclamer la vérité, et parmi elles on peut citer Gautama. Confucius, Lao-Tseu, Zoroastre et les instructeurs jaïnistes. Les enseignements de Gautama se sont largement répandus en Asie ; des millions d'hommes le révèrent en tant que Bouddha. Confucius joua pour la moralité chinoise le même rôle que Platon pour la philosophie grecque ; leurs enseignements eurent sans doute des répercussions religieuses, mais, à parler strictement, aucun des deux n'était un éducateur religieux. Lao-Tseu eut une vision plus étendue de Dieu dans le Tao que Confucius dans l'humanité ou Platon dans l'idéalisme. Zoroastre, bien que très influencé par le concept prédominant du dualisme spirituel, le bien et le mal, exalta nettement, en même temps, l'idée d'une Déité éternelle et de la victoire ultime de la lumière sur les ténèbres.

92:5.13 5. Le premier siècle de l'ère chrétienne. En tant qu'instructeur religieux, Jésus de Nazareth partit du culte établi par Jean le Baptiste et s'éloigna autant qu'il le put des jeûnes et des formes. En dehors de Jésus, Paul de Tarse et Philon d'Alexandrie furent les plus grands éducateurs religieux de cette époque. Leurs concepts de la religion ont joué un rôle dominant dans l'évolution de la foi qui porte le nom du Christ.

92:5.14 6. Le sixième siècle de l'ère chrétienne. Mahomet fonda une religion qui était supérieure à bien des credo de son temps. Elle était une protestation contre les exigences sociales des religions étrangères et contre l'incohérence de la vie religieuse de son propre peuple.

92:5.15 7. Le quinzième siècle de l'ère chrétienne. Cette période comporta deux mouvements religieux : la dislocation de l'unité du christianisme en Occident et la synthèse d'une nouvelle religion en Orient. En Europe, le christianisme devenu une institution avait atteint le degré de sclérose qui rendait la poursuite de sa croissance incompatible avec l'unité. En Orient, les enseignements conjugués de l'islam, de l'hindouisme et du bouddhisme furent synthétisés par Nanak et ses fidèles dans le sikhisme, l'une des religions les plus évoluées d'Asie.

92:5.16 L'avenir d'Urantia sera indubitablement caractérisé par l'apparition d'instructeurs de la vérité religieuse - la Paternité de Dieu et la fraternité de toutes les créatures. Mais il faut espérer que les ardents et sincères efforts de ces futurs prophètes seront moins dirigés vers le renforcement des barrières entre religions, et davantage vers l'accroissement d'une fraternité religieuse d'adoration spirituelle parmi les nombreux fidèles des théologies intellectuelles différentes si caractéristiques de la planète Urantia de Satania.

92.6  Les Religions Composites

92:6.1 Les religions d'Urantia au vingtième siècle offrent un tableau intéressant de l'évolution sociale de la tendance humaine à l'adoration. Bien des croyances ont très peu progressé depuis l'époque du culte des fantômes. En tant que groupe, les Pygmées d'Afrique n'ont pas de réactions religieuses, bien que certains d'entre eux croient un peu à un environnement d'esprits. Ils sont exactement aujourd'hui au point où se trouvaient les hommes primitifs au début de l'évolution de la religion. La croyance fondamentale de la religion primitive était la survie après la mort. L'idée d'adorer un Dieu personnel dénote un développement évolutionnaire avancé, et même le premier stade de la révélation. Les Dyaks n'ont institué que les pratiques religieuses les plus primitives. Les Esquimaux et les Amérindiens n'avaient encore, assez récemment, que de très pauvres concepts de Dieu ; ils croyaient aux fantômes et avaient une vague idée d'une sorte de survie après la mort. Les aborigènes australiens d'aujourd'hui éprouvent seulement la peur des fantômes, la crainte de l'obscurité et une vénération rudimentaire des ancêtres. Les Zoulous sont juste en train d'élaborer une religion de sacrifices et de peur des fantômes. De nombreuses tribus africaines n'ont pas encore dépassé le stade fétichiste de l'évolution religieuse, sauf quand elles ont subi l'influence des missionnaires chrétiens et musulmans. Toutefois, quelques groupes se sont attachés depuis longtemps à l'idée du monothéisme, tels les Thraces de jadis qui croyaient aussi à l'immortalité.

92:6.2 Sur Urantia, la religion évolutionnaire et la religion révélée progressent côte à côte, tout en se mélangeant et en fusionnant dans les divers systèmes théologiques que l'on rencontrait dans le monde à l'époque de la rédaction des présents fascicules. Ces religions, celles du vingtième siècle d'Urantia, peuvent être énumérées comme suit :

92:6.3 1. L'hindouisme - la plus ancienne.

92:6.4 2. La religion hébraïque.

92:6.5 3. Le bouddhisme.

92:6.6 4. Les enseignements de Confucius.

92:6.7 5. Les croyances taoïstes.

92:6.8 6. Le zoroastrisme.

92:6.9 7. Le shinto.

92:6.10 8. Le jaïnisme.

92:6.11 9. Le christianisme.

92:6.12 10. L'islam.

92:6.13 11. Le sikhisme - la plus récente.

92:6.14 Les religions les plus évoluées de l'antiquité étaient le judaïsme et l'hindouisme, et les deux ont respectivement exercé une grande influence sur le cours du développement religieux en Occident et en Orient. Les Hindous et les Hébreux croyaient tous deux que leur religion était inspirée et révélée, et que toutes les autres étaient des formes décadentes de l'unique foi véritable.

92:6.15 L'Inde est divisée entre les religions hindoue, sikh, musulmane et jaïn, dont chacune décrit Dieu, l'homme et l'univers selon ses propres conceptions. La Chine suit les enseignements du Tao et de Confucius. Le shinto est révéré au Japon.

92:6.16 Les grandes croyances internationales, interraciales, sont la foi hébraïque, la foi bouddhique, la foi chrétienne et la foi islamique. Le bouddhisme s'étend depuis Ceylan et la Birmanie à travers le Tibet et la Chine jusqu'au Japon. Il a montré, par rapport aux moeurs de nombreux peuples, une faculté d'adaptation que le christianisme a été seul à égaler.

92:6.17 La religion hébraïque englobe la transition philosophique entre le polythéisme et le monothéisme ; elle est un chainon évolutionnaire entre les religions d'évolution et les religions de révélation. Les Hébreux furent le seul peuple occidental à suivre l'évolution de leurs dieux primitifs jusqu'au bout, jusqu'au Dieu de la révélation, mais cette vérité ne fut jamais franchement acceptée avant l'époque d'Isaïe, qui enseigna de nouveau l'idée mixte d'une déité raciale conjuguée avec un Créateur Universel : « O Seigneur des Armées, Dieu d'Israël, tu es Dieu, et il n'y en a point d'autre ; tu as créé le ciel et la terre. » À un moment donné, l'espoir de survie de la civilisation occidentale résida dans les sublimes concepts hébraïques de la bonté et dans les concepts grecs avancés de la beauté.

92:6.18 La religion chrétienne est la religion qui traite de la vie et des enseignements du Christ ; elle est basée sur la théologie du judaïsme, modifiée par l'assimilation de certains enseignements de Zoroastre et de la philosophie grecque, et formulée principalement par trois personnalités : Philon, Pierre et Paul. Elle a passé par des nombreuses phases d'évolution depuis Paul, et elle s'est si complètement occidentalisée que beaucoup de peuples non européens considèrent tout naturellement le christianisme comme l'étrange révélation d'un étrange Dieu, et comme destiné à des étrangers.

92:6.19 L'islam est le lien religio-culturel entre l'Afrique du Nord, le Levant et l'Asie du sud-est. Ce fut la théologie juive, en liaison avec les enseignements chrétiens ultérieurs, qui rendit l'islam monothéiste. Les disciples de Mahomet trébuchèrent sur les enseignements avancés de la Trinité ; ils ne pouvaient comprendre la doctrine de trois personnalités divines et d'une seule Déité. Il est toujours difficile d'amener le mental évolutionnaire à accepter soudainement une vérité supérieure révélée. L'homme est une créature évolutionnaire et, dans l'ensemble, il faut qu'il acquière sa religion par des techniques évolutionnaires.

92:6.20 Le culte des ancêtres constitua, à une époque donnée, un progrès incontestable dans l'évolution religieuse, mais il est à la fois étonnant et regrettable que ce concept primitif persiste en Chine, au Japon et aux Indes parmi tant d'idées relativement plus avancées telles que le bouddhisme et l'hindouisme. En Occident, le culte des ancêtres devint la vénération des dieux nationaux et le respect pour les héros de la race. Au vingtième siècle, cette religion nationaliste de vénération des héros fait son apparition dans les divers laïcismes radicaux et nationalistes qui caractérisent beaucoup de races et de nations occidentales. Cette attitude se retrouve aussi en grande partie dans les grandes universités et les importantes communautés industrielles des peuples de langue anglaise. L'idée que la religion n'est que « la recherche en commun de la vie de sainteté » ne diffère pas beaucoup de ces concepts. Les « religions nationales » ne sont rien de plus qu'un retour à l'adoration primitive de l'empereur chez les Romains, et au shinto - l'adoration de l'État dans la famille impériale japonaise.

92.7  L'Évolution Ultérieure de la Religion

92:7.1 La religion ne peut jamais devenir un fait scientifique. La philosophie peut, en vérité, reposer sur une base scientifique, mais la religion restera toujours soit évolutionnaire, soit révélée, soit une combinaison éventuelle des deux, comme c'est le cas dans le monde d'aujourd'hui.

92:7.2 De nouvelles religions ne peuvent être inventées ; ou bien elles sont issues d'une évolution ou bien elles sont soudainement révélées. Toutes les religions évolutionnaires nouvelles sont simplement des expressions progressives d'anciennes croyances, de nouvelles adaptations, de nouveaux ajustements. L'ancien ne cesse pas d'exister ; il est fondu dans le nouveau, comme dans le cas du sikhisme qui a bourgeonné et fleuri en plongeant ses racines dans le terrain et les formes de l'hindouisme, du bouddhisme, de l'islamisme et d'autres cultes contemporains. La religion primitive était fort démocratique ; les sauvages empruntaient et prêtaient facilement. C'est seulement avec la religion révélée qu'apparurent les égotismes théologiques autocratiques et intolérants.

92:7.3 Les nombreuses religions d'Urantia sont toutes bonnes dans la mesure où elles amènent l'homme à Dieu et où elles apportent à l'homme la réalisation du Père. C'est une erreur, pour un groupe religieux quelconque, de s'imaginer que son credo est La Vérité ; cette attitude dénote plus de morgue théologique que de certitude dans la foi. Toutes les religions d'Urantia sans exception auraient profit à étudier et assimiler le meilleur des vérités contenues dans toutes les autres, car elles contiennent toutes des vérités. Les hommes religieux feraient mieux d'emprunter ce qu'il y a de meilleur dans la foi spirituelle vivante de leurs voisins, que de dénoncer ce qu'il y a de pire dans leurs superstitions rémanentes et leurs rituels désuets.

92:7.4 Toutes ces religions sont nées comme conséquence de la réaction intellectuelle variable des hommes à des directives spirituelles identiques. Ils doivent abandonner tout espoir d'arriver à une uniformité de credo, de dogmes et de rites - car ceux-ci sont intellectuels ; mais ils peuvent, et ils y parviendront un jour, réaliser une unité dans l'adoration sincère du Père de tous, car celle-ci est spirituelle, et il est éternellement vrai qu'en esprit tous les hommes sont égaux.

92:7.5 La religion primitive était largement une conscience des valeurs matérielles, mais la civilisation élève les valeurs religieuses, car la vraie religion est la consécration de soi au service des valeurs significatives et suprêmes. À mesure que la religion évolue, l'éthique devient la philosophie de la morale, et la moralité devient la discipline de soi par les critères des significations supérieures et des valeurs suprêmes - des idéaux divins et spirituels. La religion devient ainsi une dévotion spontanée et touchante, l'expérience vivante de la fidélité de l'amour.

92:7.6 La qualité d'une religion s'apprécie par :

92:7.7 1. Les valeurs de son niveau - les allégeances.

92:7.8 2. La profondeur de ses significations - la sensibilisation des individus à l'appréciation idéaliste de ces valeurs supérieures.

92:7.9 3. L'intensité de la consécration - le degré de dévotion à ces valeurs divines.

92:7.10 4. Les progrès sans entraves de la personnalité dans ce sentier cosmique de vie spirituelle idéaliste, la réalisation de la filiation avec Dieu et la citoyenneté indéfiniment progressive dans l'univers.

92:7.11 Les significations religieuses progressent dans la conscience de soi quand l'enfant transfère de ses parents à Dieu ses idées sur l'omnipotence. Toute l'expérience religieuse de cet enfant dépend largement du fait que ses relations avec ses parents ont été dominées par la peur ou par l'amour. Les esclaves ont toujours éprouvé de grandes difficultés à transformer la peur de leurs maitres en concepts d'amour de Dieu. La civilisation, la science et les religions supérieures doivent délivrer l'humanité de ces peurs nées de la crainte des phénomènes naturels. Une plus grande illumination devrait ainsi éviter aux mortels éduqués de dépendre d'un intermédiaire quelconque pour communier avec la Déité.

92:7.12 Les stades intermédiaires d'hésitation idolâtre pour transférer la vénération des choses humaines et visibles aux choses divines et invisibles sont inévitables, mais ces stades devraient être abrégés par la conscience des facilités apportées par le ministère de l'esprit divin intérieur. Néanmoins, les hommes ont été profondément influencés non seulement par leurs concepts de la Déité, mais aussi par le caractère des héros qu'ils ont choisi d'honorer. Il est fort malheureux que ceux qui ont été amenés à vénérer le Christ divin et ressuscité aient négligé l'homme - le vaillant et courageux héros - Joshua ben Joseph.

92:7.13 Les hommes modernes ont en eux-mêmes une conscience suffisante de la religion, mais leurs coutumes d'adoration sont rendues confuses et sont discréditées par leur métamorphose sociale accélérée et leur développement scientifique sans précédent. Les hommes et les femmes qui pensent veulent que la religion soit définie à nouveau, et cette exigence obligera la religion à se réévaluer.

92:7.14 L'homme moderne est confronté à la tâche de faire en une seule génération plus de rajustements dans les valeurs humaines qu'il n'en a été fait en deux-mille ans. Et tout cela influence l'attitude sociale envers la religion, car la religion est une manière de vivre aussi bien qu'une technique mentale.

92:7.15 La vraie religion doit toujours être simultanément l'éternel fondement et l'étoile directrice de toutes les civilisations durables.

92:7.16 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

93. Machiventa Melchizédek

93:0.1 LES Melchizédeks sont largement connus comme Fils de secours, car ils s'engagent dans une stupéfiante série d'activités sur les mondes d'un univers local. Quand un problème extraordinaire se pose ou qu'il faut tenter quelque chose d'inhabituel, c'est très souvent un Melchizédek qui en accepte la mission. L'aptitude des Fils Melchizédeks à opérer en cas d'urgence et sur des niveaux très diversifiés de l'univers, même sur le niveau physique de manifestation de la personnalité, est particulière à leur ordre. Seuls les Porteurs de Vie partagent, dans une certaine mesure, cette étendue métamorphique de fonctions de personnalité.

93:0.2 L'ordre Melchizédek de filiation universelle a été extrêmement actif sur Urantia. Un corps de douze d'entre eux a servi en liaison avec les Porteurs de Vie. Un corps ultérieur de douze assura l'administration provisoire de votre monde peu après la sécession de Calisgastia et conserva l'autorité jusqu'à l'époque d'Adam et d'Ève. Ces douze Melchizédeks revinrent sur Urantia après la défaillance d'Adam et d'Ève, et continuèrent ensuite comme administrateurs provisoires de la planète jusqu'au jour où Jésus de Nazareth, en tant que Fils de l'Homme, devint Prince Planétaire titulaire d'Urantia.

93.1  L'Incarnation de Machiventa

93:1.1 La vérité révélée fut menacée de disparition durant les millénaires qui suivirent l'avortement de la mission d'Adam sur Urantia. Intellectuellement, les races humaines faisaient des progrès, mais, spirituellement, elles perdaient lentement du terrain. Vers l'an 3.000 avant l'ère chrétienne, le concept de Dieu était devenu très vague dans le mental des hommes.

93:1.2 Les douze administrateurs provisoires Melchizédeks étaient au courant du projet d'effusion de Micaël sur leur planète, mais ne savaient pas dans quel délai elle se produirait. C'est pourquoi ils se réunirent en conseil solennel et demandèrent aux Très Hauts d'Édentia que des dispositions fussent prises pour maintenir la lumière de la vérité sur Urantia. Cette demande fut rejetée avec la mention que « la conduite des affaires sur la 606 de Satania est entièrement entre les mains des conservateurs Melchizédeks » . Ceux-ci appelèrent alors à l'aide le Père Melchizédek, mais reçurent seulement la notification qu'ils devaient continuer à soutenir la vérité de la manière qu'ils auraient eux-mêmes choisie « jusqu'à l'arrivée d'un Fils d'effusion » qui « sauverait de la déchéance et de l'incertitude les titres planétaires » .

93:1.3 Ce fut comme conséquence de la réduction complète des douze administrateurs provisoires de la planète à leurs propres ressources que l'un deux, Machiventa Melchizédek, se porta volontaire pour faire ce qui n'avait été accompli que six fois dans toute l'histoire de Nébadon : se personnaliser temporairement sur terre comme un homme du royaume, s'effuser comme Fils de secours pour un ministère auprès du monde. Les autorités de Salvington accordèrent la permission de tenter cette aventure, et l'incarnation effective de Machiventa Melchizédek fut consommée près du lieu qui allait devenir la ville de Salem, en Palestine. Toute l'opération de la matérialisation de ce Fils Melchizédek fut accomplie par les administrateurs provisoires planétaires avec la coopération des Porteurs de Vie, de certains Maitres Contrôleurs Physiques et d'autres personnalités célestes résidant sur Urantia.

93.2  Le Sage de Salem

93:2.1 C'est 1.973 ans avant la naissance de Jésus que Machiventa s'effusa sur les races humaines d'Urantia. Son arrivée eut lieu sans faste ; nul oeil humain ne fut témoin de sa matérialisation. La première fois qu'un mortel l'observa fut le jour mémorable où il entra dans la tente d'Amdon, un éleveur chaldéen d'origine sumérienne. La proclamation de sa mission fut incorporée dans la simple déclaration qu'il fit à ce berger : « Je suis Melchizédek, prêtre d'El Élyon, le Très Haut, le seul et unique Dieu. »

93:2.2 Quand le berger fut revenu de son étonnement et eut accablé cet étranger de nombreuses questions, il demanda à Melchizédek de souper avec lui. Ce fut la première fois, dans sa longue carrière universelle, que Machiventa mangea des aliments matériels, la nourriture qui devait le sustenter pendant les quatre-vingt-quatorze ans de sa vie en tant qu'être matériel.

93:2.3 Cette nuit-là, tandis qu'ils conversaient sous les étoiles, Melchizédek inaugura sa mission de révéler la vérité de la réalité de Dieu lorsqu'avec un mouvement circulaire du bras, il se tourna vers Amdon en disant : « El Élyon, le Très Haut, est le divin créateur des étoiles et du firmament, et même de cette terre sur laquelle nous vivons, et il est aussi le Dieu suprême du ciel. »

93:2.4 En peu d'années, Melchizédek avait assemblé autour de lui un groupe d'élèves, de disciples et de croyants qui forma le noyau de la communauté ultérieure de Salem. Il fut bientôt connu dans toute la Palestine comme le prêtre d'El Élyon, le Très Haut, et comme le sage de Salem. Chez certaines tribus environnantes, on l'appelait souvent le cheikh ou le roi de Salem. Salem était le lieu qui, après la disparition de Melchizédek, devint la ville de Jébus, qui reçut plus tard le nom de Jérusalem.

93:2.5 Dans son apparence personnelle, Melchizédek ressemblait à un membre des peuples sumériens et nodites alors mêlés ; il avait presque 1m80 de haut et une prestance imposante. Il parlait le chaldéen et une demi-douzaine d'autres langues. Il s'habillait à la manière des prêtres de Canaan, sauf que, sur sa poitrine, il portait un emblème de trois cercles concentriques, le symbole de la Trinité du Paradis en usage dans Satania. Au cours de son ministère, cet insigne de trois cercles concentriques fut considéré par ses disciples comme tellement sacré qu'ils n'osèrent jamais s'en servir, et, après le passage de quelques générations, cet emblème fut vite oublié.

93:2.6 Bien que Machiventa ait vécu à la manière des hommes du royaume, il ne se maria jamais et n'aurait pas pu laisser de descendance sur terre. Tout en ressemblant à celui d'un homme, son corps physique était en réalité d'un ordre particulier, celui des corps spécialement construits employés par les cent membres matérialisés de l'état-major du Prince Caligastia, sauf qu'il ne portait le plasma vital d'aucune race humaine. L'arbre de vie n'était pas non plus disponible sur Urantia. Si Machiventa était resté sur terre pendant une longue période, son mécanisme physique se serait progressivement détérioré. Quoi qu'il en soit, il termina sa mission d'effusion en quatre-vingt-quatorze ans, bien avant que son corps matériel eût commencé à se désintégrer.

93:2.7 Ce Melchizédek incarné reçut un Ajusteur de Pensée qui habita sa personnalité suprahumaine comme moniteur du temps et mentor de la chair. Cet esprit du Père acquit aussi l'expérience et l'introduction pratique aux problèmes d'Urantia, ainsi que la technique d'habitation d'un Fils incarné. C'est grâce à cela qu'il put agir si valeureusement dans le mental humain du Fils de Dieu qui vint plus tard, lorsque Micaël apparut sur terre dans la similitude d'une chair mortelle. C'est l'unique Ajusteur de Pensée qui ait jamais opéré deux fois dans un mental sur Urantia, mais, les deux fois, le mental était divin aussi bien qu'humain.

93:2.8 Durant son incarnation, Machiventa resta en contact continu avec ses onze compagnons du corps des conservateurs planétaires, mais il ne pouvait communiquer avec d'autres ordres de personnalités célestes. En dehors des administrateurs provisoires Melchizédeks, il n'avait pas plus de contact avec des intelligences suprahumaines qu'un être humain ordinaire.

93.3  Les Enseignements de Melchizédek

93:3.1 Au bout d'une dizaine d'années, Melchizédek organisa ses écoles à Salem en les modelant sur l'antique système développé par les premiers prêtres séthites du second Éden. Même l'idée de la dime, qui fut introduite par celui qu'il convertit plus tard, Abraham, dérivait aussi des vagues traditions concernant les méthodes des anciens séthites.

93:3.2 Melchizédek enseigna le concept d'un Dieu unique, d'une Déité universelle, mais il permit au peuple de confondre ce Dieu avec le Père de la Constellation de Norlatiadek, qu'il appelait El Élyon - le Très Haut. Melchizédek garda à peu près le silence sur le statut de Lucifer et l'état des affaires sur Jérusem. Lanaforge, le Souverain du Système, eut peu à s'occuper d'Urantia avant que Micaël y eût achevé son effusion. Pour la majorité des étudiants de Salem, Édentia était le ciel, et le Très Haut était Dieu.

93:3.3 Le symbole des trois cercles concentriques, que Melchizédek adopta comme insigne de son effusion, fut interprété par la plupart des gens comme représentant les trois royaumes des hommes, des anges et de Dieu. Melchizédek les laissa persister dans cette croyance ; très peu de ses disciples surent jamais que ces trois cercles étaient emblématiques de l'infinité, de l'éternité et de l'universalité de la Trinité du Paradis, qui entretient l'univers et le dirige divinement. Même Abraham regardait plutôt ce symbole comme représentant les trois Très Hauts d'Édentia, car on lui avait appris que les trois Pères de la Constellation agissaient comme un être unique. Dans la mesure où Melchizédek enseigna le concept de la Trinité symbolisé par son insigne, il l'associa généralement aux trois chefs Vorondadeks de la constellation de Norlatiadek.

93:3.4 Pour la troupe de ses partisans, il ne fit aucun effort pour présenter des enseignements dépassant le sujet du gouvernement des Très Hauts d'Édentia - les Dieux d'Urantia. Melchizédek enseigna toutefois à certains fidèles des vérités supérieures, y compris la conduite et l'organisation de l'univers local. Mais, à son brillant disciple Nordan le Kénite et à son groupe d'étudiants assidus, il enseigna les vérités du superunivers et même de Havona.

93:3.5 Les membres de la famille de Katro, chez qui Melchizédek vécut pendant plus de trente ans, connurent beaucoup de ces vérités supérieures et les perpétuèrent longtemps dans leurs familles, même jusqu'à l'époque de leur illustre descendant Moïse. Celui-ci se trouva ainsi en possession d'une tradition du temps de Melchizédek faisant autorité, car elle lui avait été transmise par la branche paternelle de ses ancêtres et aussi par d'autres sources touchant sa branche maternelle.

93:3.6 Melchizédek enseigna à ses disciples tout ce qu'ils étaient capables d'absorber et d'assimiler. Bien des idées religieuses modernes concernant le ciel et la terre, l'homme, Dieu et les anges ne sont pas très éloignées de ces enseignements de Melchizédek. Mais ce grand instructeur subordonna tout à la doctrine d'un Dieu unique, une Déité universelle, un Créateur céleste, un Père divin. Il insista sur cet enseignement pour faire appel à l'adoration humaine et préparer le chemin à l'apparition ultérieure de Micaël en tant que Fils de ce même Père Universel.

93:3.7 Melchizédek enseigna qu'à un moment donné dans l'avenir, un autre Fils de Dieu viendrait s'incarner comme lui-même, mais qu'il naîtrait d'une femme ; c'est pourquoi de nombreux éducateurs ultérieurs soutinrent que Jésus était un prêtre, ou « ministre pour toujours selon l'ordre de Melchizédek » .

93:3.8 C'est ainsi que Melchizédek prépara la voie et établit le stade monothéiste de la tendance du monde pour l'effusion d'un Fils Paradisiaque actuel de ce Dieu unique qu'il décrivait d'une manière si vivante comme le Père de tous, et qu'il représenta à Abraham comme un Dieu acceptant les hommes sous la simple condition d'une foi personnelle. Quand Micaël apparut sur terre, il confirma tout ce que Melchizédek avait enseigné au sujet du Père du Paradis.

93.4  La Religion de Salem

93:4.1 Les cérémonies du culte de Salem étaient fort simples. Toute personne qui signait sur les tablettes d'argile des listes de l'église Melchizédek, ou y apposait une marque, apprenait par coeur le credo suivant et y souscrivait :

93:4.2 1. Je crois en El Élyon, le Dieu Très Haut, le seul Père Universel et Créateur de toutes choses.

93:4.3 2. J'accepte l'alliance de Melchizédek avec le Très Haut, selon laquelle la faveur de Dieu est accordée à ma foi, et non à des sacrifices et à des offrandes consumées.

93:4.4 3. Je promets d'obéir aux sept commandements de Melchizédek et d'annoncer à tous les hommes la bonne nouvelle de cette alliance avec le Très Haut.

93:4.5 Le credo de la colonie de Salem se bornait à cela, mais même cette courte et simple déclaration de foi était excessive et trop avancée pour les hommes de cette époque. Ils n'étaient pas encore capables de saisir l'idée que la faveur divine s'obtient gratuitement - par la foi. Ils étaient trop profondément confirmés dans la croyance que les hommes sont nés déchus par rapport aux dieux. Ils avaient fait trop longtemps et avec trop de conviction des dons aux prêtres et des sacrifices aux dieux pour être capables de comprendre la bonne nouvelle que le salut, la faveur divine, était accordé gracieusement à tous ceux qui voulaient croire à l'alliance de Melchizédek. Mais Abraham y crut timidement, et même cela lui fut « imputé à justice » .

93:4.6 Les sept commandements promulgués par Melchizédek étaient modelés sur l'ancienne loi suprême de Dalamatia et ressemblaient beaucoup à ceux qui avaient été enseignés dans le premier et le second Éden. Ces commandements de la religion de Salem étaient les suivants :

93:4.7 1. Tu ne serviras point d'autre Dieu que le Très Haut Créateur du ciel et de la terre.

93:4.8 2. Tu ne douteras pas que la foi soit la seule condition requise pour le salut éternel.

93:4.9 3. Tu ne porteras pas de faux témoignage.

93:4.10 4. Tu ne tueras pas.

93:4.11 5. Tu ne déroberas pas.

93:4.12 6. Tu ne commettras pas d'adultère.

93:4.13 7. Tu ne manqueras pas d'égards envers tes parents et tes ainés.

93:4.14 Aucun sacrifice n'était autorisé à l'intérieur de la colonie, mais Melchizédek savait combien il est difficile de déraciner brusquement des coutumes établies depuis longtemps ; en conséquence, il avait sagement offert à ces gens de substituer un sacrement de pain et de vin à l'ancien sacrifice de chair et de sang. Vos Écritures rapportent que « Melchizédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin » . Mais même cette prudente innovation ne fut pas entièrement couronnée de succès ; les diverses tribus entretinrent toutes, aux abords de Salem, des centres auxiliaires où elles offraient des sacrifices et brulaient des offrandes. Abraham lui-même eut recours à cette pratique barbare après sa victoire sur Kedorlaomer ; simplement, il ne se sentait pas complètement à l'aise avant d'avoir offert un sacrifice classique. Melchizédek ne réussit en fait jamais à extirper totalement cette tendance aux sacrifices des pratiques religieuses de ses disciples, même chez Abraham.

93:4.15 À l'instar de Jésus, Melchizédek s'appliqua strictement à remplir la mission de son effusion. Il n'essaya pas de réformer les moeurs, de changer les habitudes du monde, ni même de promulguer des pratiques hygiéniques avancées ou des vérités scientifiques. Il vint accomplir deux tâches : garder vivante sur terre la vérité du Dieu unique et préparer le chemin pour l'effusion ultérieure en tant que mortel d'un Fils Paradisiaque de ce Père Universel.

93:4.16 Melchizédek enseigna à Salem les éléments de la vérité révélée, et cela pendant quatre-vingt-quatorze ans durant lesquels Abraham fréquenta l'école de Salem à trois reprises différentes. Abraham se convertit finalement aux enseignements de Salem et devint l'un des plus brillants élèves et l'un des principaux soutiens de Melchizédek.

93.5  La Sélection d'Abraham

93:5.1 Bien qu'il puisse être erroné de parler d'un « peuple élu » , ce n'est pas une erreur d'appeler Abraham un « élu » . De fait, Melchizédek confia à Abraham la responsabilité de maintenir vivante la vérité d'un Dieu unique en contraste avec la croyance prédominante à des déités multiples.

93:5.2 Le choix de la Palestine comme siège des activités de Machiventa fut en partie basé sur le désir d'établir le contact avec une famille humaine incorporant le potentiel des qualités de chef. À l'époque de l'incarnation de Melchizédek, beaucoup de familles terrestres étaient tout aussi bien préparées que celle d'Abraham à recevoir la doctrine de Salem. Il y avait des familles également douées parmi les hommes rouges, les hommes jaunes et les descendants des Andites de l'ouest et du nord. Mais, encore une fois, aucun de leurs lieux de séjour n'était aussi bien situé que la rive orientale de la mer Méditerranée pour l'apparition ultérieure de Micaël sur terre. La mission de Melchizédek en Palestine et la venue subséquente de Micaël chez le peuple hébreu furent en grande partie déterminées par la géographie, du fait que la Palestine occupait un emplacement central par rapport au commerce, aux routes de voyage et à la civilisation alors existants sur la planète.

93:5.3 Pendant un certain temps, les administrateurs provisoires Melchizédeks avaient observé les ancêtres d'Abraham et ils escomptaient avec confiance que, dans une génération donnée, il naîtrait un descendant caractérisé par l'intelligence, l'initiative, la sagacité et la sincérité. Les enfants de Térach, père d'Abraham, répondaient en tous points à cette attente. La possibilité de contact avec ces enfants de Térach aux talents variés joua un rôle considérable dans l'apparition de Machiventa à Salem plutôt qu'en Égypte, en Chine, aux Indes ou parmi les tribus du Nord.

93:5.4 Térach et sa famille étaient de timides convertis à la religion de Salem, qui avait été prêchée en Chaldée. Ils entendirent parler de Melchizédek par les sermons d'Ovide, un éducateur phénicien qui proclama les doctrines de Salem à Ur. La famille de Térach quitta Ur avec l'intention de se rendre directement à Salem, mais Nahor, frère d'Abraham, n'ayant pas vu Melchizédek, était peu enthousiaste et les persuada de s'arrêter à Haran. Il fallut très longtemps , après leur arrivée en Palestine, pour qu'ils se décidassent à détruire tous les dieux lares qu'ils avaient emportés avec eux ; ils furent lents à renoncer aux nombreux dieux de Mésopotamie en faveur du Dieu unique de Salem.

93:5.5 Quelques semaines après la mort de Térach, père d'Abraham, Melchizédek envoya l'un de ses étudiants, Jaram le Hittite, porter à Abraham et à Nahor l'invitation suivante : « Venez à Salem où vous entendrez nos enseignements sur la vérité du Créateur éternel, et le monde entier sera béni par la descendance éclairée des deux frères que vous êtes. » Or Nahor n'avait pas entièrement accepté l'évangile de Melchizédek ; il resta en arrière et bâtit une puissante cité-État qui porta son nom ; mais Lot, neveu d'Abraham, décida d'accompagner son oncle à Salem.

93:5.6 En arrivant à Salem, Abraham et Lot choisirent une forteresse sur une colline proche de la ville, où ils pouvaient se défendre contre les nombreuses attaques par surprise des pillards du nord. À cette époque, les Hittites, les Assyriens, les Philistins et d'autres groupes pillaient constamment les tribus du centre et du sud de la Palestine. Partant de leur abri fortifié dans les collines, Abraham et Lot firent de fréquents pèlerinages à Salem.

93:5.7 Peu après s'être établis à Salem, Abraham et Lot se rendirent dans la vallée du Nil pour obtenir des fournitures de vivres, car une sécheresse sévissait alors en Palestine. Durant son bref séjour en Égypte, Abraham trouva un lointain parent sur le trône du pays et servit comme commandant de deux expéditions militaires très réussies pour ce roi. Durant la dernière partie de son séjour sur les bords du Nil, Abraham et sa femme Sarah vécurent à la cour. Lorsqu'Abraham quitta l'Égypte, il reçut une part du butin de ses campagnes militaires.

93:5.8 Il lui fallut une grande détermination pour se décider à renoncer aux honneurs de la cour égyptienne et à reprendre le travail plus spirituel parrainé par Machiventa. Mais Melchizédek était révéré même en Égypte et, quand toute l'histoire fut expliquée au Pharaon, ce dernier incita vivement Abraham à retourner accomplir ses voeux en faveur de la cause de Salem.

93:5.9 Abraham avait des ambitions de roi ; sur le chemin du retour d'Égypte, il exposa à Lot son plan pour subjuguer tout Canaan et amener son peuple sous l'autorité de Salem. Lot s'intéressait davantage aux affaires, si bien qu'après un désaccord ultérieur, il se rendit à Sodome et se lança dans le commerce et l'élevage des animaux. Lot n'aimait ni la vie militaire ni la vie de gardien de troupeaux.

93:5.10 Après être retourné avec sa famille à Salem, Abraham murit ses projets militaires. Il fut bientôt reconnu comme chef civil du territoire de Salem ; il avait confédéré sept tribus avoisinantes sous son commandement. En vérité, ce fut avec grande difficulté que Melchizédek freina Abraham, qui était enflammé de zèle et voulait rassembler les tribus du voisinage à la pointe de l'épée pour les amener à connaître ainsi plus rapidement les vérités de Salem.

93:5.11 Melchizédek entretenait des relations pacifiques avec toutes les tribus des environs, il n'était pas militariste et ne fut jamais attaqué par aucune de leurs armées au cours de leurs mouvements d'avance et de recul. Il était tout à fait d'accord pour qu'Abraham formulât une politique défensive pour Salem, telle qu'elle fut mise en oeuvre ultérieurement, mais il n'approuvait pas les ambitieux projets de conquête de son élève. Ils se séparèrent donc à l'amiable, et Abraham se rendit à Hébron pour y établir sa capitale militaire.

93:5.12 À cause de ses rapports étroits avec l'illustre Melchizédek, Abraham possédait un grand avantage sur les roitelets des alentours ; ils révéraient tous Melchizédek et craignaient indument Abraham. Abraham connaissait cette peur et n'attendait qu'une occasion favorable pour attaquer ses voisins ; le prétexte se présenta lorsque certains chefs émirent la prétention de razzier les biens de son neveu Lot qui demeurait à Sodome. À cette nouvelle, Abraham, à la tête de ses sept tribus confédérées, s'avança sur l'ennemi. Sa propre garde du corps de 318 hommes formait les cadres de l'armée de plus de 4.000 guerriers qui lancèrent l'attaque à cette occasion.

93:5.13 Lorsque Melchizédek apprit qu'Abraham avait déclaré la guerre, il partit pour le dissuader, mais ne le rattrapa qu'au moment où son ancien disciple revenait victorieux de la bataille. Abraham affirma avec insistance que le Dieu de Salem lui avait procuré la victoire sur ses ennemis et s'obstina à donner le dixième de son butin au trésor de Salem. Quant aux neuf autres dixièmes, il les emporta dans sa capitale à Hébron.

93:5.14 Après cette bataille de Siddim, Abraham devint chef d'une seconde confédération de onze tribus, et non seulement il paya la dime à Melchizédek, mais il veilla aussi à ce que tout le monde dans le voisinage en fît autant. Ses tractations diplomatiques avec le roi de Sodome, ainsi que la peur qu'il inspirait généralement, eurent pour résultat que le roi de Sodome et d'autres se joignirent à la confédération militaire d'Hébron ; Abraham était réellement bien en voie d'établir un puissant État en Palestine.

93.6  L'Alliance de Melchizédek avec Abraham

93:6.1 Abraham envisageait la conquête de tout Canaan, et sa détermination était seulement affaiblie par le fait que Melchizédek ne voulait pas sanctionner l'entreprise. Mais Abraham avait à peu près décidé de s'y lancer lorsque la pensée qu'il n'avait pas de fils pour lui succéder comme chef du royaume envisagé commença à le tracasser. Il arrangea une nouvelle conférence avec Melchizédek, et ce fut au cours de cet entretien que le prêtre de Salem, ce Fils visible de Dieu, persuada Abraham d'abandonner son plan de conquêtes matérielles et de souveraineté temporelle en faveur du concept spirituel du royaume des cieux.

93:6.2 Melchizédek expliqua à Abraham la futilité de lutter contre la confédération des Amorites, mais il lui fit également comprendre que ces clans arriérés se suicidaient certainement par leurs stupides pratiques ; au bout de quelques générations, ils seraient tellement affaiblis que les descendants d'Abraham, dont le nombre se serait grandement accru entretemps, pourraient facilement les vaincre.

93:6.3 Melchizédek conclut alors avec lui une alliance formelle à Salem. Il dit à Abraham : « Regarde maintenant les cieux et compte les étoiles si tu peux ; ta semence sera aussi nombreuse qu'elles. » Et Abraham crut Melchizédek, « et cela lui fut imputé à justice » . Ensuite, Melchizédek raconta à Abraham l'histoire de la future occupation de Canaan par ses descendants après leur séjour en Égypte.

93:6.4 L'alliance de Melchizédek avec Abraham représente le grand accord urantien entre la divinité et l'humanité, selon lequel Dieu accepte de tout faire, l'homme acceptant seulement de croire à la promesse de Dieu et de suivre ses instructions. Auparavant, on croyait que le salut ne pouvait être assuré que par les oeuvres - les sacrifices et les offrandes. Maintenant, Melchizédek apportait de nouveau à Urantia la bonne nouvelle que le salut, la faveur de Dieu, doit être acquis par la foi. Mais cet évangile de simple foi en Dieu était trop avancé ; les hommes des tribus sémitiques préférèrent ultérieurement revenir aux anciens sacrifices et à l'expiation des péchés par versement de sang.

93:6.5 Peu de temps après l'établissement de cette alliance, Isaac, le fils d'Abraham, naquit conformément à la promesse de Melchizédek. Après la naissance d'Isaac, Abraham prit très au sérieux son alliance avec Melchizédek et se rendit à Salem pour la faire confirmer par écrit. Ce fut lors de cette acceptation publique et officielle de l'alliance qu'il changea son nom d'Abram pour celui d'Abraham.

93:6.6 La plupart des croyants de Salem avaient pratiqué la circoncision, bien qu'elle n'eût jamais été rendue obligatoire par Melchizédek. Abraham s'était toujours tellement opposé à la circoncision qu'en cette occasion il décida de célébrer l'évènement en acceptant solennellement ce rite en gage de la ratification de l'alliance de Salem.

93:6.7 Ce fut à la suite de cet abandon réel et public de ses ambitions personnelles en faveur des plans plus vastes de Melchizédek, que les trois êtres célestes apparurent à Abraham dans la plaine de Mamré. Ils apparurent effectivement, malgré leur association avec les récits ultérieurs, fabriqués de toutes pièces, relatifs à la destruction naturelle de Sodome et Gomorrhe. Et ces légendes des événements de ce temps montrent combien la morale et l'éthique étaient arriérées, même à cette époque relativement récente.

93:6.8 Après la consommation de cette alliance solennelle, la réconciliation entre Abraham et Melchizédek fut complète. Abraham reprit la direction civile et militaire de la colonie de Salem. À l'apogée du développement de cette colonie, les listes de la fraternité Melchizédek comportaient plus de cent-mille noms de personnes payant la dime. Abraham améliora grandement le temple de Salem et fournit de nouvelles tentes pour toute l'école. Non seulement il étendit le système de la dime, mais il institua aussi nombre de meilleures méthodes pour mener les affaires de l'école ; en outre, il contribua grandement à mieux gérer le département de la propagande missionnaire. Il apporta aussi une importante contribution à l'amélioration du bétail et à la réorganisation des projets de Salem concernant les produits laitiers. Abraham était un homme d'affaires sagace et efficace, un homme riche pour son époque ; il n'était pas pieux à l'excès, mais il était entièrement sincère et croyait vraiment en Machiventa Melchizédek.

93.7  Les Missionnaires de Melchizédek

93:7.1 Melchizédek continua pendant quelques années à instruire ses étudiants et à entrainer les missionnaires de Salem. Ceux-ci pénétrèrent dans toutes les tribus environnantes, spécialement en Égypte, en Mésopotamie et en Asie-Mineure. À mesure que les décennies s'écoulaient, ces éducateurs atteignirent des points de plus en plus éloignés de Salem, emportant avec eux l'évangile de croyance et de foi en Dieu selon Machiventa.

93:7.2 Les descendants d'Adamson, groupés autour des rives du lac de Van, écoutaient volontiers les éducateurs hittites du culte de Salem. À partir de ce centre jadis andite, des instructeurs furent envoyés dans les régions lointaines d'Europe et d'Asie. Les missionnaires de Salem pénétrèrent dans toute l'Europe, y compris les Iles Britanniques. Un groupe passa par les Iles Féroé pour aller chez les Andonites d'Islande, tandis qu'un autre groupe traversa la Chine et joignit les Japonais des iles orientales. La vie et les expériences de ces hommes et de ces femmes qui partirent à l'aventure de Salem, de Mésopotamie et du lac de Van pour éclairer les tribus de l'hémisphère oriental, représentent un chapitre héroïque dans les annales de la race humaine.

93:7.3 Mais la tâche était si grande et les tribus si arriérées que les résultats furent vagues et imprécis. D'une génération à l'autre, l'évangile de Salem trouvait sa place çà et là, mais, sauf en Palestine, jamais l'idée d'un seul Dieu ne put prétendre à l'allégeance continue d'une tribu ou d'une race entière. Longtemps avant l'arrivée de Jésus, les enseignements des premiers missionnaires de Salem avaient généralement été noyés dans les anciennes superstitions et croyances plus répandues. L'évangile originel de Melchizédek avait été à peu près entièrement résorbé dans les croyances à la Grande Mère, au Soleil et autres anciens cultes.

93:7.4 Vous qui bénéficiez aujourd'hui des avantages de l'imprimerie, vous comprenez mal combien il était difficile de perpétuer la vérité dans l'antiquité, et combien facilement une nouvelle doctrine était perdue de vue entre une génération et la suivante. La nouvelle doctrine tendait toujours à être résorbée dans l'ancien corps d'enseignement religieux et de pratiques magiques. Une révélation nouvelle est toujours contaminée par les croyances évolutionnaires plus anciennes.

93.8  Le Départ de Melchizédek

93:8.1 Ce fut peu après la destruction de Sodome et de Gomorrhe que Machiventa décida de mettre fin à son effusion de secours sur Urantia. La décision de Melchizédek de terminer son séjour dans la chair fut influencée par de nombreux facteurs dont le principal était la tendance croissante des tribus environnantes, et même de ses associés immédiats, à le regarder comme un demi-dieu, à le considérer comme un être surnaturel, ce qu'il était d'ailleurs réellement ; mais on commençait à le révérer indument et avec une crainte hautement superstitieuse. Outre ces raisons, Melchizédek voulait quitter le cadre de ses activités terrestres suffisamment longtemps avant la mort d'Abraham pour assurer que la vérité d'un seul et unique Dieu s'établirait fortement dans le mental de ses disciples. En conséquence, Machiventa se retira un soir sous sa tente de Salem après avoir souhaité bonne nuit à ses compagnons humains, et, lorsque ceux-ci vinrent l'appeler le lendemain matin, il n'était plus là, car ses pareils l'avaient enlevé.

93.9  Après le Départ de Melchizédek

93:9.1 La disparition si soudaine de Melchizédek fut une grande épreuve pour Abraham. Bien que Machiventa eût pleinement averti ses disciples qu'il lui faudrait un jour s'en aller comme il était venu, ils n'étaient pas résignés à perdre leur merveilleux chef. La grande organisation bâtie à Salem disparut presque entièrement, bien que Moïse se fût appuyé sur les traditions de cette époque pour conduire les esclaves hébreux hors d'Égypte.

93:9.2 La perte de Melchizédek laissa dans le coeur d'Abraham une tristesse dont il ne se remit jamais complètement. Il avait abandonné Hébron quand il avait renoncé à l'ambition de bâtir un royaume matériel. Maintenant, ayant perdu son associé dans l'édification du royaume spirituel, il quitta Salem en direction du sud pour vivre à proximité de ses intérêts à Gérar.

93:9.3 Immédiatement après la disparition de Melchizédek, Abraham devint craintif et timoré. Il cacha son identité en arrivant à Gérar, de sorte qu'Abimélech s'appropria sa femme. (Peu après son mariage avec Sarah, Abraham avait, une nuit, surpris un complot pour l'assassiner et s'emparer de sa brillante épouse. Cette crainte devint une terreur pour ce chef par ailleurs brave et audacieux ; durant toute sa vie, il craignit que quelqu'un le tuât secrètement pour prendre Sarah. Ceci explique pourquoi, en trois occasions différentes, cet homme courageux fit preuve d'une réelle lâcheté.)

93:9.4 Mais Abraham ne devait pas être détourné longtemps de sa mission comme successeur de Melchizédek. Il fit bientôt des conversions chez les Philistins et le peuple d'Abimélech, puis signa un traité avec eux. En revanche, il fut contaminé par nombre de leurs superstitions, en particulier par leur pratique de sacrifier le fils ainé de chaque famille. C'est ainsi qu'Abraham redevint un grand chef en Palestine. Tous les groupes le révéraient et tous les rois l'honoraient. Il était le chef spirituel de toutes les tribus environnantes, et son influence persista quelque temps après sa mort. Durant les dernières années de sa vie, il retourna une fois de plus à Hébron, le cadre de ses premières activités et le lieu où il avait travaillé en association avec Melchizédek. Le dernier acte d'Abraham fut d'envoyer de fidèles serviteurs à la ville de son frère, Nahor, à la frontière de Mésopotamie, pour s'assurer une fille de son propre peuple comme femme pour son fils Isaac. Les membres du groupe d'Abraham avaient, depuis longtemps, la coutume de se marier entre cousins, et Abraham mourut confiant dans la foi en Dieu, qu'il avait apprise de Melchizédek dans les écoles disparues de Salem.

93:9.5 La génération suivante eut de la peine à comprendre l'histoire de Melchizédek. En moins de cinq-cents ans, beaucoup considérèrent tout le récit comme un mythe. Isaac resta assez proche des enseignements de son père et maintint l'évangile de la colonie de Salem, mais il fut plus difficile à Jacob de saisir le sens de ces traditions. Joseph croyait fermement à Melchizédek, et ce fut largement à cause de cela que ses frères le considérèrent comme un rêveur. Les honneurs conférés à Joseph en Égypte étaient principalement dus à la mémoire de son arrière-grand-père Abraham. Joseph reçut l'offre de commander les armées égyptiennes, mais, en raison de la fermeté avec laquelle il croyait aux traditions de Melchizédek et aux enseignements ultérieurs d'Abraham et d'Isaac, il choisit de servir comme administrateur civil, estimant qu'il pourrait ainsi mieux travailler au progrès du royaume des cieux.

93:9.6 L'enseignement de Melchizédek fut complet et surabondant, mais les récits de cette époque parurent impossibles et fantastiques aux prêtres hébreux ultérieurs, quoique beaucoup d'entre eux aient quelque peu compris ces évènements, au moins jusqu'à l'époque où les annales de l'Ancien Testament furent remaniées en masse à Babylone.

93:9.7 Ce que les récits de l'Ancien Testament décrivent comme des conversations entre Abraham et Dieu étaient en réalité des entretiens entre Abraham et Melchizédek. Les scribes prirent plus tard le mot Melchizédek pour un synonyme de Dieu. L'histoire des multiples contacts d'Abraham et de Sarah avec « l'ange du Seigneur » se réfère à leurs nombreuses visites à Melchizédek.

93:9.8 Les récits hébraïques sur Isaac, Jacob et Joseph sont beaucoup plus dignes de foi que ceux concernant Abraham, bien qu'eux aussi s'écartent souvent des faits. Les altérations furent effectuées tantôt intentionnellement, tantôt sans dessein, à l'époque de la compilation de ces histoires par les prêtres hébreux durant la captivité à Babylone. Kétura n'était pas une femme d'Abraham ; elle était simplement une concubine comme Agar. Tous les biens d'Abraham furent dévolus à Isaac, fils de Sarah, sa femme statutaire. Abraham n'était pas aussi vieux que l'histoire le raconte, et sa femme était beaucoup plus jeune que lui. Leurs âges furent délibérément changés pour cadrer avec la prétendue naissance miraculeuse ultérieure d'Isaac.

93:9.9 L'ego national des juifs fut terriblement rabaissé par la captivité à Babylone. Dans leur réaction contre leur infériorité nationale, ils allèrent à l'autre extrême de l'égotisme national et racial ; ils pervertirent et déformèrent leurs traditions pour s'exalter au-dessus de toutes les races en tant que peuple élu de Dieu ; en conséquence, ils remanièrent soigneusement tous leurs documents dans le but d'élever Abraham et leurs autres chefs nationaux très au-dessus de toutes les autres personnes, sans en excepter Melchizédek lui-même. Les scribes hébreux détruisirent donc toutes les archives qu'ils purent trouver de cette époque mémorable, en ne conservant que le récit de la rencontre d'Abraham avec Melchizédek après la bataille de Siddim qui, d'après eux, faisait rejaillir un grand honneur sur Abraham.

93:9.10 Ainsi, en perdant de vue Melchizédek, les scribes perdaient aussi de vue l'enseignement de ce Fils de secours concernant la mission spirituelle du Fils d'effusion promis. La nature de cette mission tomba si complètement dans l'oubli que très peu de leurs descendants furent capables ou désireux de reconnaître et d'accepter Micaël lorsqu'il apparut incarné sur terre, comme Machiventa l'avait annoncé.

93:9.11 Mais l'un au moins des écrivains du Livre des Hébreux comprit la mission de Melchizédek, car il est écrit : « Ce Melchizédek, prêtre du Très Haut, était aussi roi de paix ; sans père, sans mère, sans généalogie, n'ayant ni commencement de jours ni fin de vie, mais créé semblable à un Fils de Dieu, il demeure prêtre à perpétuité. » Cet écrivain désignait Melchizédek comme un modèle de l'effusion ultérieure de Micaël, affirmant que Jésus était « un ministre pour toujours selon l'ordre de Melchizédek » . Bien que cette comparaison ne soit pas très heureuse, il est littéralement vrai que le Christ reçut un titre provisoire de Prince Planétaire d'Urantia « selon les ordres des douze administrateurs provisoires Melchizédeks » en fonction à l'époque de son effusion sur cette planète.

93.10  Le Présent Statut de Machiventa Melchizédek

93:10.1 Durant les années d'incarnation de Machiventa, les Melchizédeks administrateurs provisoires d'Urantia opérèrent au nombre de onze. Lorsque Machiventa estima que sa mission de Fils de secours était terminée, il signala le fait à ses onze associés, qui préparèrent immédiatement la technique par laquelle il serait dégagé de la chair et rétabli avec sécurité dans son statut originel de Melchizédek. Le troisième jour après sa disparition de Salem, il apparut parmi ses onze collègues en mission sur Urantia et reprit sa carrière interrompue comme l'un des administrateurs provisoires planétaires de la 606 de Satania.

93:10.2 Machiventa termina son effusion en tant que créature de chair et de sang tout aussi soudainement et discrètement qu'il l'avait commencée. Ni son apparition ni son départ ne furent accompagnés par une annonce spéciale ou une démonstration quelconque ; ni appel nominal de résurrection ni fin de dispensation planétaire ne marquèrent son apparition sur Urantia ; il s'agissait d'une effusion de secours d'urgence. Toutefois, Machiventa ne mit pas fin à son incarnation humaine avant d'avoir été dument libéré par le Père Melchizédek et informé que l'exécution de sa mission de secours avait été approuvée par le chef exécutif de Nébadon, Gabriel de Salvington.

93:10.3 Machiventa Melchizédek continua à prendre grand intérêt aux affaires des descendants des hommes qui avaient cru à ses enseignements pendant son incarnation. Mais les descendants d'Abraham par Isaac, dans la ligne où ils se marièrent avec les Kénites, furent les seuls qui continuèrent à entretenir longtemps une certaine concentration claire des enseignements de Salem.

93:10.4 Durant les dix-neuf siècles suivants, ce Melchizédek collabora d'une façon continue avec de nombreux prophètes et voyants, s'efforçant ainsi de garder vivantes les vérités de Salem jusqu'à la plénitude des temps pour l'apparition de Micaël sur terre.

93:10.5 Machiventa poursuivit ses activités d'administrateur provisoire planétaire jusqu'à l'époque du triomphe de Micaël sur Urantia. Par la suite, il fut attaché au service d'Urantia, sur Jérusem, comme l'un des vingt-quatre administrateurs et vient tout récemment d'être élevé à la position d'ambassadeur personnel du Fils Créateur sur Jérusem, avec le titre de Prince Planétaire Vice-gérant d'Urantia. Nous croyons que, tant qu'Urantia restera une planète habitée, Machiventa Melchizédek ne sera pas invité à reprendre pleinement les devoirs de son ordre de filiation, mais restera toujours, parlant au sens du temps, un ministre planétaire représentant Christ Micaël.

93:10.6 Puisque sa mission sur Urantia était une mission de secours, les annales ne font pas ressortir ce que pourra être l'avenir de Machiventa. Il peut se révéler que le corps des Melchizédeks de Nébadon a été définitivement amputé d'un de ses membres. Des ordonnances récentes, transmises par les Très Hauts d'Édentia et confirmées ensuite par les Anciens des Jours d'Uversa, donnent fortement à penser que ce Melchizédek d'effusion est destiné à prendre la place de Caligastia, le Prince Planétaire déchu. Si nos hypothèses à ce sujet sont correctes, il est tout à fait possible que Machiventa Melchizédek réapparaisse en personne sur Urantia et reprenne d'une manière modifiée le rôle du Prince Planétaire détrôné ; ou bien encore il viendrait sur terre pour agir comme Prince Planétaire vice-gérant représentant Christ Micaël, qui détient actuellement le titre de Prince Planétaire d'Urantia. Bien que nous soyons loin de voir clair sur la destinée de Machiventa, des évènements survenus récemment suggèrent sérieusement que les suppositions formulées ne sont probablement pas très éloignées de la vérité.

93:10.7 Nous comprenons bien comment, par son triomphe sur Urantia, Micaël devint à la fois le successeur de Caligastia et d'Adam, le Prince planétaire de la Paix et le second Adam. Maintenant, nous voyons conférer à Machiventa le titre de Prince Planétaire Vice-gérant d'Urantia. Sera-t-il aussi nommé Fils Matériel Vice-gérant d'Urantia ? Ou bien y a-t-il une possibilité qu'ait lieu un évènement inattendu et sans précédent , tel que le retour sur la planète, à un moment ou à un autre, d'Adam et d'Ève ou de certains de leurs descendants comme représentants de Micaël avec les titres de vice-gérants du second Adam d'Urantia ?

93:10.8 Toutes ces spéculations associées à la certitude que des Fils Magistraux et des Fils Instructeurs de la Trinité apparaîtront dans l'avenir, en liaison avec la promesse explicite du Fils Créateur de revenir un jour, font d'Urantia une planète à l'avenir incertain et la rendent une des sphères les plus intéressantes et les plus mystérieuses de l'univers de Nébadon. Il est tout à fait possible que, dans un âge futur où Urantia s'approchera de l'ère de lumière et de vie, après que les affaires de la rébellion de Lucifer et de la sécession de Caligastia auront été définitivement jugées, nous puissions y observer la présence simultanée de Machiventa, d'Adam et d'Ève, de Christ Micaël, ainsi que d'un Fils Magistral ou même de Fils Instructeurs de la Trinité.

93:10.9 L'opinion a prévalu depuis longtemps dans notre ordre que la présence de Machiventa dans le corps des administrateurs d'Urantia pour Jérusem, parmi les vingt-quatre conseillers, est une preuve suffisante pour justifier la croyance que Machiventa est destiné à suivre les mortels d'Urantia à travers tout le plan universel de progression et d'ascension, même jusqu'au Corps de la Finalité au Paradis. Nous savons qu'Adam et Ève sont ainsi destinés à accompagner leurs compagnons terrestres dans l'aventure du Paradis quand Urantia sera ancrée dans la lumière et la vie.

93:10.10 Il y a moins de mille ans, ce même Machiventa Melchizédek, jadis le sage de Salem, fut présent sous forme invisible sur Urantia pendant une période de cent ans, agissant comme gouverneur général résident de la planète. Si le présent système de direction des affaires planétaires se perpétue, Machiventa doit revenir dans un peu plus de mille ans et reprendre cette fonction.

93:10.11 Telle est l'histoire de Machiventa Melchizédek, l'un des plus extraordinaires personnages qui aient jamais été liés à l'histoire d'Urantia, et une personnalité qui peut être destinée à jouer un rôle important dans l'expérience future de votre monde anormal et peu commun.

93:10.12 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

94. Les Enseignements de Melchizédek en Orient

94:0.1 LES premiers instructeurs de la religion de Salem pénétrèrent jusqu'aux tribus les plus reculées d'Afrique et d'Eurasie, prêchant toujours l'évangile de Melchizédek, qui présentait la confiance et la foi de l'homme en l'unique Dieu universel comme le seul prix à payer pour obtenir la faveur divine. L'alliance de Melchizédek avec Abraham servit de modèle pour toute la propagande initiale émanant de Salem et des autres centres. Urantia n'a jamais eu de missionnaires religieux plus enthousiastes et plus dynamiques que ces nobles hommes et femmes qui apportèrent les enseignements de Melchizédek dans tout l'hémisphère oriental. Ces missionnaires furent recrutés parmi de nombreux peuples et races, et répandirent en grande partie leurs enseignements par le truchement d'indigènes convertis. Ils établissaient des centres d'éducation dans les différentes parties du monde où ils enseignaient la religion de Salem aux indigènes, et ensuite ils chargeaient leurs élèves d'instruire leur propre peuple.

94.1  Les Enseignements de Salem dans l'Inde Védique

94:1.1 À l'époque de Melchizédek, l'Inde était un pays cosmopolite récemment tombé sous la domination politique et religieuse des envahisseurs aryens-andites venus du nord et de l'ouest. À cette date, seules les portions nord et ouest de la péninsule avaient été largement infiltrées par les Aryens. Ces nouveaux arrivants védiques avaient amené avec eux leurs nombreuses déités tribales. Les formes religieuses de leur culte suivaient étroitement les pratiques cérémonielles de leurs anciens ancêtres andites, en ce sens que le père opérait encore comme prêtre et la mère comme prêtresse, et que l'âtre de la famille servait encore d'autel.

94:1.2 Le culte védique était alors en voie de croissance et de métamorphose sous la direction de la caste des brahmanes ; ces prêtres-éducateurs prenaient graduellement le contrôle du rituel d'adoration qui se développait. L'amalgamation des trente-trois déités aryennes de jadis était bien en cours quand les missionnaires de Salem pénétrèrent dans le nord de l'Inde.

94:1.3 Le polythéisme des Aryens représentait une dégénérescence de leur monothéisme primitif, causée par leur séparation en unités tribales, chaque tribu ayant son dieu vénéré. Cette décentralisation du monothéisme et du trinitarisme originels de la Mésopotamie andite subissait une synthèse nouvelle au cours des premiers siècles du second millénaire avant le Christ. Les multiples dieux furent organisés en un panthéon sous la direction trine de Dyaus pitar, le seigneur du ciel, d'Indra, le tempétueux seigneur de l'atmosphère, et d'Agni, le dieu tricéphale du feu, seigneur de la terre et vestige symbolique d'un ancien concept de la Trinité.

94:1.4 Des développements nettement hénothéistes préparaient la voie à un monothéisme évolué. Agni, la déité la plus ancienne, était souvent exalté en tant que père-chef du panthéon tout entier. Le principe du dieu-père, appelé tantôt Prajapati, tantôt Brahma, fut submergé dans la bataille théologique que les prêtres brahmanes livrèrent plus tard aux instructeurs de Salem. Le principe d'énergie-divinité animant tout le panthéon védique fut appelé Le brahmane.

94:1.5 Les missionnaires de Salem prêchaient le Dieu unique de Melchizédek, le Très Haut du ciel. Ce portrait n'était pas entièrement en désaccord avec le concept émergent de Brahma-Père en tant que source de tous les dieux, mais la doctrine de Salem ne comportait pas de rites ; elle allait donc directement à l'encontre des dogmes, traditions et enseignements de la prêtrise brahmanique. Les prêtres brahmanes ne voulurent jamais accepter la doctrine de Salem enseignant le salut par la foi, la faveur de Dieu obtenue en dehors des observances rituelles et des sacrifices cérémoniels.

94:1.6 Le rejet de l'évangile de Melchizédek concernant la confiance en Dieu et le salut par la foi marqua un tournant capital pour l'Inde. Les missionnaires de Salem avaient beaucoup contribué à faire perdre la foi dans les anciens dieux védiques, mais les chefs, les prêtres du védisme, refusèrent d'accepter la doctrine de Melchizédek enseignant un seul Dieu et une foi unique et simple.

94:1.7 Les brahmanes colligèrent les écrits sacrés de leur temps dans un effort pour combattre les instructeurs de Salem. Leur compilation, telle qu'elle fut révisée plus tard, est parvenue aux temps modernes sous la forme du Rig-Véda, l'un des livres sacrés les plus anciens. Les second, troisième et quatrième Védas suivirent à mesure que les brahmanes cherchaient à cristalliser, à formaliser et à fixer leurs rites d'adoration et de sacrifices, et à les imposer aux gens de leur époque. Dans ce qu'ils ont de meilleur, ces écrits sont l'équivalent de n'importe quel autre corpus de caractère semblable, en ce qui concerne la beauté du concept et la vérité du discernement. Mais, à mesure que cette religion supérieure fut corrompue par les milliers de superstitions, cultes et rites de l'Inde méridionale, elle devint progressivement, par métamorphose, le système théologique le plus bigarré que les hommes aient jamais mis sur pied. L'étude des Védas fera découvrir certains concepts de la Déité parmi les plus élevés et d'autres parmi les plus avilis qui aient jamais été conçus.

94.2  Le Brahmanisme

94:2.1 À mesure que les missionnaires de Salem pénétrèrent plus au sud dans le Deccan dravidien, ils rencontrèrent un système de castes de plus en plus solidement établi ; ce système avait été imaginé par les Aryens cherchant à conserver leur identité raciale en face d'une marée montante de peuplades sangiks secondaires. La caste sacerdotale brahmanique étant l'essence même du système, cet ordre social retarda considérablement le progrès des instructeurs de Salem. Ce système de castes ne réussit pas à sauver la race aryenne, mais réussit à perpétuer les brahmanes, qui à leur tour maintinrent leur hégémonie religieuse sur l'Inde jusqu'à l'époque actuelle.

94:2.2 Ensuite, avec l'affaiblissement du védisme par le rejet de la vérité supérieure, le culte des Aryens fut soumis à des incursions croissantes venant du Deccan. Dans un effort désespéré pour endiguer le flot de l'extinction raciale et de l'anéantissement religieux, la caste des brahmanes chercha à se hausser au-dessus de tout. Les brahmanes enseignèrent que le sacrifice à la déité était en lui-même entièrement efficace, que sa puissance exerçait sur elle une contrainte totale. Ils proclamèrent que, des deux principes divins essentiels de l'univers, l'un était la déité brahmane, et l'autre la prêtrise brahmanique. Chez nul autre peuple d'Urantia, les prêtres ne prétendirent s'élever au-dessus de leurs dieux mêmes, et s'attribuer les honneurs dus à leurs dieux. Mais ils allèrent si absurdement loin dans ces revendications présomptueuses que l'ensemble de ce système précaire s'effondra devant les cultes avilissants qui affluaient en provenance des civilisations environnantes moins avancées. L'immense prêtrise védique elle-même s'embourba et sombra sous le flot noir d'inertie et de pessimisme dont sa propre présomption égoïste et malavisée avait inondé l'Inde.

94:2.3 La concentration indue sur le moi conduisit infailliblement à craindre la perpétuation non évolutionnaire du moi dans un cycle sans fin d'incarnations successives en tant qu'homme, bête ou mauvaise herbe. Parmi toutes les croyances corruptrices susceptibles d'être attachées à ce qui aurait pu être un monothéisme émergent, nulle ne fut plus débilitante que la croyance à la transmigration - la doctrine de la réincarnation de l'âme - qui venait du Deccan dravidien. Cette croyance à un cycle fastidieux et monotone de transmigrations répétées enleva aux mortels en lutte leur espoir longtemps chéri de trouver dans la mort la délivrance et l'avancement spirituel qui avaient fait partie de la foi védique primitive.

94:2.4 Cet enseignement philosophiquement débilitant fut bientôt suivi par l'invention de la doctrine où l'on échappe éternellement à son moi en s'immergeant dans le repos et la paix universels d'une union absolue avec Brahmane, la surâme de toute la création. Les désirs matériels et les ambitions humaines furent efficacement ôtés aux hommes et pratiquement détruits. Pendant plus de deux-mille ans, les meilleurs penseurs de l'Inde ont cherché à échapper à tout désir, et la porte fut ainsi grande ouverte à l'entrée des cultes et enseignements ultérieurs qui ont pratiquement enchainé les âmes d'un grand nombre de peuples hindous dans les entraves du désespoir spirituel. Parmi toutes les civilisations, ce fut la védique-aryenne qui paya le prix le plus terrible pour avoir rejeté l'évangile de Salem.

94:2.5 Les castes à elles seules ne pouvaient perpétuer le système religio-culturel aryen et, à mesure que les religions inférieures du Deccan s'infiltraient dans le nord, un âge de découragement et de désespoir se développa. Ce fut au cours de cette sombre époque que naquit le culte consistant à n'ôter la vie à aucune créature, et ce culte a toujours subsisté depuis lors. Un grand nombre des nouveaux cultes était franchement athée, prétendant que tout salut éventuellement accessible ne pouvait provenir que des efforts humains sans assistance extérieure. Toutefois, au travers d'une bonne partie de cette malheureuse philosophie, on peut trouver des vestiges déformés des enseignements de Melchizédek, et même d'Adam.

94:2.6 Ce fut l'époque de la compilation des dernières Écritures de la foi hindoue, les Brahmanas et les Upanishads. Ayant rejeté la doctrine enseignant la religion personnelle par l'expérience de la foi personnelle avec un Dieu unique, et ayant été corrompue par le flot de cultes et de croyances avilissants et débilitants du Deccan, avec leurs anthropomorphismes et leurs réincarnations, la prêtrise brahmanique manifesta une violente réaction contre ces croyances corruptrices ; il y eut un net effort pour chercher et trouver la vraie réalité. Les brahmanes entreprirent de désanthropomorphiser le concept indien de la déité, mais, ce faisant, ils tombèrent dans la grave erreur de dépersonnaliser le concept de Dieu. Ils sortirent de cette épreuve, non avec un idéal sublime et spirituel du Père Paradisiaque, mais avec une idée lointaine et métaphysique d'un Absolu englobant tout.

94:2.7 Dans leurs efforts d'autopréservation, les brahmanes avaient rejeté le Dieu unique de Melchizédek, et maintenant ils se trouvaient nantis de l'hypothèse du Brahmane, ce moi philosophique imprécis et illusoire, ce cela impersonnel et impuissant qui a laissé la vie spirituelle de l'Inde désemparée et prostrée depuis ce temps malheureux jusqu'au vingtième siècle.

94:2.8 Ce fut à l'époque où l'on écrivit les Upanishads que le bouddhisme surgit aux Indes, mais, malgré un millénaire de succès, il ne put concurrencer la dernière phase de l'hindouisme. En dépit de sa moralité supérieure, sa description initiale de Dieu était encore moins nette que celle de l'hindouisme qui fournissait des déités secondaires et personnelles. Finalement, le bouddhisme céda dans l'Inde du nord devant les attaques d'un islam militant avec son concept bien défini d'Allah comme Dieu suprême de l'univers.

94.3  La Philosophie Brahmanique

94:3.1 Bien que la phase supérieure du brahmanisme soit à peine une religion, elle a vraiment été l'une des plus nobles tentatives du mental des mortels pour pénétrer les domaines de la philosophie et de la métaphysique. Après avoir pris le départ pour découvrir la réalité finale, le mental hindou ne s'est plus arrêté avant d'avoir spéculé sur presque tous les aspects de la théologie, excepté sur le concept essentiel et double de la religion : l'existence du Père Universel de toutes les créatures de l'univers, et le fait de l'expérience ascendante, dans l'univers, de ces mêmes créatures cherchant à atteindre le Père éternel qui leur a commandé d'être parfaites, comme lui-même est parfait.

94:3.2 Dans le concept du Brahmane, le mental de cette époque saisissait véritablement l'idée de quelque Absolu imprégnant tout, car il identifiait simultanément ce postulat avec l'énergie créative et avec la réaction cosmique. Le Brahmane était conçu comme transcendant toute définition et comme susceptible d'être compris seulement par la négation successive de toutes les qualités finies. C'était nettement une croyance en un être absolu, et même infini, mais ce concept était largement dépourvu des attributs de la personnalité et il n'était donc pas expérimentable par des personnes religieuses individuelles.

94:3.3 Brahmane Narayana fut conçu comme l'Absolu, comme l'infini CELA EST, comme la puissance créatrice primordiale du cosmos potentiel, comme le Moi Universel existant à l'état statique et potentiel durant toute l'éternité. Si les philosophes de l'époque avaient été capables de franchir l'étape suivante dans la conception de la déité, s'ils avaient pu concevoir le Brahmane comme associatif et créatif, comme une personnalité approchable par des êtres créés en évolution, alors, leur enseignement aurait pu devenir la présentation la plus avancée de la Déité sur Urantia, car il aurait englobé les cinq premiers niveaux de la fonction totale de la déité, et aurait peut-être envisagé les deux derniers.

94:3.4 Au cours de certaines phases, le concept de l'Unique Surâme Universelle, en tant que totalité de la somme des existences de toutes les créatures, amena les philosophes hindous très près de la vérité de l'Ëtre Suprême ; mais cette vérité ne leur servit à rien, parce qu'ils ne réussirent à développer aucune méthode d'approche personnelle raisonnable ou rationnelle pour atteindre leur but monothéiste théorique de Brahmane Narayana.

94:3.5 Le principe karmique de continuité causale est très proche de la vérité que toutes les actions dans l'espace-temps se répercutent en une synthèse dans la présence de Déité du Suprême ; mais ce postulat ne permit jamais l'aboutissement personnel coordonné à la Déité par les personnes religieuses individuelles ; il ne conduisit qu'à l'engloutissement ultime de toute personnalité dans la Surâme Universelle.

94:3.6 La philosophie du brahmanisme fut également très près de réaliser l'habitation par les Ajusteurs de Pensée, mais elle se laissa pervertir par une fausse conception de la vérité. L'enseignement que l'âme est la demeure de Brahmane aurait préparé le chemin à une religion avancée si ce concept n'avait pas été complètement vicié par la croyance qu'il n'existe pas d'individualité humaine en dehors de cette présence de l'Un Universel.

94:3.7 Dans la doctrine où l'âme individuelle se fond dans la Surâme, les théologiens de l'Inde ne réussirent pas à ménager la survie de quelque chose d'humain, quelque chose de nouveau et d'unique, quelque chose née de l'union de la volonté de l'homme et de la volonté de Dieu. L'enseignement du retour de l'âme au Brahmane est étroitement parallèle à la vérité du retour de l'Ajusteur au sein du Père Universel, mais il y a quelque chose de distinct de l'Ajusteur qui survit aussi, à savoir la contrepartie morontielle de la personnalité du mortel. Or, ce concept vital était désastreusement absent de la philosophie brahmanique.

94:3.8 La philosophie brahmanique parvint à une approximation de beaucoup de faits de l'univers et approcha de nombreuses vérités cosmiques, mais elle tomba bien trop souvent victime d'erreurs, faute de différencier les divers niveaux de la réalité, tels que les niveaux absolu, transcendantal et fini. Elle n'a pas réussi à faire entrer en ligne de compte qu'un aspect donné, susceptible d'être fini et illusoire sur le niveau absolu, peut être absolument réel sur le niveau fini. Elle n'a pas non plus pris acte de la personnalité essentielle du Père Universel, avec qui l'on peut prendre personnellement contact sur tous les niveaux, depuis l'expérience limitée des créatures évolutionnaires avec Dieu jusqu'à l'expérience illimitée du Fils Éternel avec le Père du Paradis.

94.4  La Religion Hindoue

94:4.1 Au Indes, au cours des siècles, le peuple revint, dans une certaine mesure, aux anciens rituels des Védas tels qu'ils avaient été modifiés par les enseignements des missionnaires de Melchizédek et cristallisés par la prêtrise brahmanique ultérieure. Cette religion, la plus ancienne et la plus cosmopolite du monde, a subi de nouveaux changements en réponse au bouddhisme, au jaïnisme et aux influences plus récentes du mahométisme et du christianisme. Mais, quand les enseignements de Jésus parvinrent aux Indes, ils avaient déjà été occidentalisés au point d'être une « religion des hommes blancs » , donc insolite et étrangère au mental hindou.

94:4.2 La théologie hindoue du temps présent décrit quatre niveaux descendants de déité et de divinité :

94:4.3 1. Le Brahmane, l'Absolu, l'Un Infini, le CELA EST.

94:4.4 2. La Trimurti, la trinité suprême de l'hindouisme. Le premier membre de cette association, Brahma, se conçoit comme créé par lui-même à partir du Brahmane-infinité. S'il n'était pas étroitement identifié à l'Un Infini panthéiste, Brahma pourrait constituer le fondement d'un concept du Père Universel. Brahma est également identifié avec le destin.

94:4.5 L'adoration de Siva et de Vishnou, les second et troisième membres de la Trimurti, apparut au premier millénaire après le Christ. Siva est le seigneur de la vie et de la mort, le dieu de la fécondité et le maitre de la destruction. Vishnou est extrêmement populaire à cause de la croyance à son incarnation périodique sous forme humaine. De cette manière, Vishnou devient réel et vivant dans l'imagination des Hindous. Certains considèrent Siva et Vishnou comme suprêmes au-dessus de tout.

94:4.6 3. Les déités védiques et postvédiques. Beaucoup d'anciens dieux des Aryens, tels qu'Agni, Indra et Soma, ont subsisté comme secondaires par rapport aux trois membres de la Trimurti. De nombreux dieux additionnels ont surgi depuis les débuts de l'Inde védique, et ils ont aussi été incorporés dans le panthéon hindou.

94:4.7 4. Les demi-dieux : surhommes, semi-dieux, héros, démons, fantômes, mauvais esprits, farfadets, monstres, lutins et saints des cultes plus récents.

94:4.8 Depuis longtemps, l'hindouisme n'a pas réussi à vivifier le peuple indien, mais, en même temps, il a généralement été une religion tolérante. Sa grande force réside dans le fait qu'il s'est révélé comme la religion la plus flexible et la plus vague qui soit apparue sur Urantia. Il est capable de changements à peu près illimités et possède un champ inhabituel d'adaptations souples, depuis les spéculations élevées et semi-monothéistes des brahmanes intellectuels jusqu'au fétichisme notoire et aux pratiques culturelles primitives des classes avilies et déprimées de croyants ignorants.

94:4.9 L'hindouisme a survécu parce qu'il est essentiellement une partie intégrante du tissu social des Indes. Il ne comporte pas de grande hiérarchie qui puisse être troublée ou détruite ; il est imbriqué dans le modèle de vie du peuple. Il possède une adaptabilité aux conditions changeantes dépassant celle de tout autre culte, et il prend une attitude tolérante d'adoption envers beaucoup d'autres religions, prétendant que Gautama Bouddha et même le Christ étaient des incarnations de Vishnou.

94:4.10 Aujourd'hui, l'Inde a surtout besoin d'une présentation de l'évangile de Jésus - la Paternité de Dieu et la filiation de tous les hommes, avec la fraternité qui s'ensuit et que l'on réalise personnellement par un ministère aimant et un service social. Aux Indes, le cadre philosophique existe, la structure du culte est présente ; il manque simplement l'étincelle vivifiante de l'amour dynamique dépeint dans l'évangile originel du Fils de l'Homme, dépouillé des doctrines et dogmes occidentaux qui ont tendu à faire de la vie d'effusion de Micaël une religion des hommes blancs.

94.5  La Lutte pour la Vérité en Chine

94:5.1 Pendant que les missionnaires de Salem parcouraient l'Asie en répandant la doctrine du Dieu Très Haut et du salut par la foi, ils s'imprégnèrent beaucoup de la philosophie et de la pensée religieuse des divers pays traversés. Toutefois, les éducateurs commissionnés par Melchizédek et ses successeurs ne faillirent pas à leur mission ; ils pénétrèrent chez tous les peuples du continent eurasien, et ce fut au milieu de second millénaire avant le Christ qu'ils arrivèrent en Chine. Pendant plus de cent ans, les Salémites maintinrent leur quartier général à Si Fouch, où ils entrainèrent des éducateurs chinois qui enseignèrent chez tous les peuples de race jaune.

94:5.2 Ce fut comme conséquence directe de cet enseignement que la toute première forme de taoïsme apparut en Chine ; c'était une religion extrêmement différente de celle qui porte aujourd'hui ce nom. Le taoïsme primitif ou prototaoïsme était composé des facteurs suivants :

94:5.3 1. Les rémanences des enseignements de Singlangton, qui persistèrent dans le concept de Shang-ti, le Dieu du Ciel. À l'époque de Singlangton, le peuple chinois devint virtuellement monothéiste ; il concentra son adoration sur la Vérité Unique, connue plus tard sous le nom d'Esprit du Ciel, chef de l'univers. La race jaune ne perdit jamais tout à fait ce concept initial de la Déité, malgré le fait qu'au cours de siècles ultérieurs de nombreux dieux et esprits subordonnés se soient insinués subrepticement dans sa religion.

94:5.4 2. La religion de Salem d'une Très Haute Déité Créatrice prête à octroyer sa faveur à l'humanité en réponse à la foi des hommes. Mais, à l'époque où les missionnaires de Melchizédek pénétrèrent dans les pays de la race jaune, il est malheureusement trop vrai que leur message s'était considérablement écarté de la simple doctrine de Salem du temps de Machiventa.

94:5.5 3. Le concept du Brahmane-Absolu des philosophes hindous doublé du désir d'échapper à tous les maux. La plus grande influence sur l'expansion vers l'est de la religion de Salem fut peut-être celle des éducateurs hindous de la foi védique, qui introduisirent leur conception du Brahmane - de l'Absolu - dans la pensée salutiste des Salémites.

94:5.6 Cette croyance composite se répandit dans les pays des races jaune et brune comme une influence sous-jacente dans la pensée philosophico-religieuse. Au Japon, ce prototaoïsme fut connu sous le nom de shinto, et les peuples de cette contrée, fort éloignée de Salem en Palestine, eurent connaissance de l'incarnation de Machiventa Melchizédek qui habita sur terre afin que l'humanité n'oublie pas le nom de Dieu.

94:5.7 En Chine, toutes ces croyances furent ultérieurement confondues, et mêlées au culte toujours croissant des ancêtres. Mais, depuis l'époque de Singlangton, les Chinois ne sont plus jamais tombés misérablement esclaves d'une prêtrise. La race jaune fut la première à émerger de la servitude barbare et à entrer dans une civilisation ordonnée, parce qu'elle fut la première à se dégager, dans une certaine mesure, de la peur abjecte des dieux ; elle ne craignait même pas les fantômes des morts comme les craignaient les autres races. La Chine rencontra la défaite parce qu'elle ne réussit pas à progresser au delà de son émancipation initiale des prêtres ; elle tomba dans une erreur presque aussi calamiteuse, celle du culte des ancêtres.

94:5.8 Toutefois, les Salémites ne travaillèrent pas en vain. Ce fut sur les fondements de leur évangile que les grands philosophes de la Chine du sixième siècle avant J.-C. bâtirent leurs enseignements. L'atmosphère morale et les sentiments spirituels de l'époque de Lao-Tseu et de Confucius provenaient des enseignements des missionnaires de Salem donnés au cours d'un âge antérieur.

94.6  Lao-Tseu et Confucius

94:6.1 Environ six-cents ans avant l'arrivée de Micaël, Melchizédek, alors désincarné depuis longtemps, eut l'impression que la pureté de son enseignement sur la terre était indument mise en péril par résorption générale dans les croyances plus anciennes d'Urantia. Il apparut, pour un temps, que sa mission comme précurseur de Micaël risquait d'échouer. Alors, au sixième siècle avant le Christ, par une coordination exceptionnelle de facteurs spirituels dont tous ne sont pas compris, même par les superviseurs planétaires, Urantia assista à une présentation fort inhabituelle de la vérité religieuse sous des formes multiples. Par le truchement de divers éducateurs humains, l'évangile de Salem fut reformulé et revivifié ; il subsista ensuite en grande partie, tel qu'il fut alors présenté, jusqu'à l'époque des présents écrits.

94:6.2 Ce siècle exceptionnel de progrès spirituel fut caractérisé par l'apparition de grands instructeurs religieux, moraux et philosophiques dans tout le monde civilisé. En Chine, les deux maitres les plus remarquables furent Lao-Tseu et Confucius.

94:6.3 Lao-Tseu édifia directement sur les concepts des traditions de Salem en déclarant que le Tao était l'Unique Cause Première de toute la création. Lao-Tseu avait une grande vision spirituelle. Il enseigna que « la destinée éternelle de l'homme était l'union perpétuelle avec le Tao, Dieu Suprême et Roi Universel » . Il discernait profondément la cause ultime, car il écrivit : « L'Unité naît du Tao Absolu ; issue de cette Unité apparaît la Dualité cosmique, puis, issue de cette Dualité, la Trinité jaillit à l'existence, et la Trinité est la source primordiale de toute réalité. » « Toute la réalité est toujours en équilibre entre les potentiels et les actuels du cosmos, et ceux-ci sont éternellement harmonisés par l'esprit de divinité. »

94:6.4 Lao-Tseu fut aussi l'un des premiers à présenter la doctrine consistant à rendre le bien pour le mal : « La bonté engendre la bonté, mais, pour quiconque est vraiment bon, le mal engendre aussi la bonté. »

94:6.5 Il enseigna le retour de la créature au Créateur et décrivit la vie comme l'émergence d'une personnalité issue des potentiels cosmiques, tandis que la mort ressemblait à un retour au foyer de cette personnalité créée. Son concept de la foi véritable était inhabituel, et lui aussi l'assimilait à l' « attitude d'un petit enfant » .

94:6.6 Sa compréhension du dessein éternel de Dieu était claire, car il dit : « La Déité Absolue ne fait pas d'efforts, mais elle est toujours victorieuse ; elle ne contraint pas les hommes, mais se tient toujours prête à répondre à leurs désirs sincères ; la volonté de Dieu est éternellement patiente, et son expression est inévitable dans l'éternité. » Exprimant la vérité qu'il est plus béni de donner que de recevoir, Lao-Tseu dit aussi en parlant de l'homme sincèrement religieux : « L'homme bon ne cherche pas à garder la vérité pour lui-même, mais plutôt à en effuser les richesses sur ses semblables, car telle est la réalisation de la vérité. La volonté du Dieu Absolu est toujours bénéfique et jamais destructrice ; le dessein du véritable croyant est toujours d'agir, mais jamais de contraindre. »

94:6.7 Lao enseigna la non-résistance et la distinction entre l'action et la contrainte, mais ces notions se déformèrent et devinrent plus tard la croyance qu'il ne faut « rien voir, rien faire et rien penser » . Mais Lao ne professa jamais une telle erreur, quoique sa présentation de la non-résistance fut un facteur pour développer la prédilection des peuples chinois pour la paix.

94:6.8 Le taoïsme populaire du vingtième siècle d'Urantia n'a plus grand-chose de commun avec les sentiments sublimes et les conceptions cosmiques du vieux philosophe qui enseignait la vérité telle qu'il la percevait, c'est-à-dire que la foi dans le Dieu Absolu est la source de l'énergie divine qui recréera le monde, et par laquelle l'homme s'élèvera à l'union spirituelle avec le Tao, la Déité Éternelle et le Créateur Absolu des univers.

94:6.9 Confucius (Kong Fou-tsé) était un jeune contemporain de Lao dans la Chine du sixième siècle avant J.-C. Confucius basa ses doctrines sur les meilleures traditions morales de la longue histoire de la race jaune ; il fut aussi quelque peu influencé par ce qui persistait des traditions des missionnaires de Salem. Son principal travail consista à compiler les sages dictons des anciens philosophes. Il fut rejeté comme éducateur durant sa vie, mais, depuis lors, ses écrits et ses enseignements ont toujours exercé une grande influence en Chine et au Japon. Confucius réorienta les chamans, en ce sens qu'il remplaça la magie par la moralité. Mais il construisit trop bien ; il fit de l'ordre un nouveau fétiche et institua un respect des agissements des ancêtres, qui sont encore vénérés par les Chinois à l'époque du présent exposé.

94:6.10 Confucius prêchait la moralité en se basant sur la théorie que la voie terrestre est l'ombre déformée de la voie céleste, que le véritable modèle de la civilisation temporelle est l'image reflétée de l'ordre éternel des cieux. Le concept potentiel de Dieu dans le confucianisme fut presque complètement subordonné à l'accent mis sur la Voie du Ciel, l'archétype du cosmos.

94:6.11 Les enseignements de Lao ont été perdus pour tous, sauf pour une minorité en Orient, mais les écrits de Confucius ont toujours constitué, depuis leur diffusion, la base de la contexture morale de la culture de près d'un tiers des Urantiens. Ces préceptes de Confucius, tout en perpétuant le meilleur du passé, étaient quelque peu ennemis de l'esprit chinois d'investigation, qui avait abouti aux accomplissements tant vénérés. L'influence de ces doctrines fut combattue sans succès à la fois par les efforts de l'empereur Chin Shi Huang Ti et par les enseignements de Mo Ti. Ce dernier proclama une fraternité basée sur l'amour de Dieu et non sur le devoir éthique ; il chercha à ranimer l'ancienne recherche des vérités nouvelles, mais ses enseignements échouèrent devant la vigoureuse opposition des disciples de Confucius.

94:6.12 Comme bien d'autres éducateurs spirituels et moraux, Confucius et Lao-Tseu finirent pas être déifiés par leurs disciples au cours des âges de ténèbres qui intervinrent en Chine entre le déclin et la perversion de la foi taoïste, et l'arrivée des missionnaires bouddhistes venant des Indes. Durant ces siècles de décadence spirituelle, la religion de la race jaune dégénéra en une pitoyable théologie où fourmillaient les diables, les dragons et les mauvais esprits, dénotant tous le retour des peurs du mental humain non éclairé. Alors la Chine, jadis à la tête de la société humaine à cause de sa religion avancée, resta à la traine à cause de son impuissance temporaire à progresser dans le véritable sentier du développement de la conscience de Dieu ; celle-ci est indispensable au vrai progrès, non seulement des mortels individuels, mais aussi des civilisations enchevêtrées et complexes qui caractérisent l'avance de la culture et de la société sur une planète évolutionnaire du temps et de l'espace.

94.7  Gautama Siddharta

94:7.1 Contemporain de Lao-Tseu et de Confucius en Chine, un autre grand instructeur de la vérité surgit aux Indes. Gautama Siddharta naquit au sixième siècle avant le Christ dans la province du Népal, au nord de l'Inde. Ses disciples le présentèrent, plus tard, comme le fils d'un chef fabuleusement riche, mais, en vérité, il était l'héritier présomptif d'un insignifiant chef de clan qui régnait par consentement tacite sur une petite vallée montagneuse isolée, dans le sud des Himalayas.

94:7.2 Après avoir pratiqué le yoga en vain pendant six ans, Gautama formula les théories qui devinrent la philosophie du bouddhisme. Siddharta engagea une lutte résolue mais infructueuse contre le système grandissant des castes. Autour de ce jeune prince prophète, règnait une atmosphère de sincérité sublime et de générosité extraordinaire qui séduisait beaucoup les hommes de cette époque. Il se détourna de la pratique consistant à rechercher le salut individuel par des afflictions physiques et des souffrances personnelles, et il exhorta ses disciples à apporter son évangile au monde entier.

94:7.3 Au milieu de la confusion et des pratiques cultuelles excessives de l'Inde, les enseignements plus sains et plus modérés de Gautama arrivèrent comme un soulagement qui faisait du bien. Il dénonça les dieux, les prêtres et leurs sacrifices, mais lui non plus ne réussit pas à percevoir la personnalité de l'Un Universel. Ne croyant pas à l'existence d'âmes humaines individuelles, Gautama lutta, bien entendu vaillamment, contre la croyance à la transmigration des âmes, honorée depuis des siècles. Il accomplit un noble effort pour délivrer les hommes de la peur afin d'obtenir qu'ils se sentent à l'aise et chez eux dans le grand univers, mais il ne réussit pas à leur montrer le sentier conduisant au véritable foyer céleste des mortels ascendants - le Paradis - et au service croissant de l'existence éternelle.

94:7.4 Gautama était un vrai prophète et, s'il avait prêté attention aux instructions de l'ermite Godad, il aurait pu soulever toute l'Inde par l'inspiration qu'aurait apporté un renouveau de l'évangile de Salem prônant le salut par la foi. Godad descendait d'une famille qui n'avait jamais perdu les traditions des missionnaires de Melchizédek.

94:7.5 Gautama fonda son école à Bénarès, et ce fut durant sa seconde année qu'un élève, Bautan, communiqua à son maitre les traditions des missionnaires de Salem au sujet de l'alliance de Melchizédek avec Abraham. Bien que Siddharta n'eût pas une conception très claire du Père Universel, il prit une position avancée sur le salut par la foi - la simple croyance. Il la déclara devant ses disciples et commença à envoyer ses élèves au dehors, par groupes de soixante, pour proclamer aux peuples de l'Inde « la bonne nouvelle du salut gratuit : que tous les hommes, humbles ou élevés, peuvent atteindre la félicité par la foi en la droiture et la justice » .

94:7.6 La femme de Gautama croyait à l'évangile de son mari et fut la fondatrice d'un ordre de nonnes. Son fils devint son successeur et étendit beaucoup le culte ; il saisit bien l'idée nouvelle du salut par la foi, mais chancela plus tard au sujet de la faveur divine obtenue par la foi seule, comme l'enseignait l'évangile de Salem. Dans sa vieillesse, les paroles qu'il prononça avant de mourir furent les suivantes : « Soyez l'artisan de votre propre salut. »

94:7.7 Dans ce qu'il avait de mieux, l'évangile de salut universel, proclamé par Gautama et dépourvu de sacrifices, de tortures, de rites et de prêtres, était une doctrine révolutionnaire et stupéfiante pour son époque. Il fut étonnamment près de constituer une renaissance de l'évangile de Salem. Il apporta du secours à des millions d'âmes désespérées et, malgré ses ridicules altérations au cours des siècles ultérieurs, cet évangile subsiste encore comme l'espoir de millions d'êtres humains.

94:7.8 Siddharta enseigna beaucoup plus de vérités qu'il n'en survécut dans les cultes modernes portant son nom. Le bouddhisme moderne ne représente pas plus les enseignements de Gautama Siddharta que le christianisme ne représente les enseignements de Jésus de Nazareth.

94.8  La Foi Bouddhique

94:8.1 Pour devenir bouddhiste, on faisait simplement profession publique de foi en récitant le Refuge : « Je prends mon refuge dans le Bouddha ; je prends mon refuge dans la Doctrine ; je prends mon refuge dans la Fraternité. »

94:8.2 Le bouddhisme prit naissance dans une personnalité historique, et non dans un mythe. Les fidèles de Gautama l'appelaient Sasta, qui signifie maitre ou instructeur. Bien qu'il n'eût émis de prétentions suprahumaines ni pour lui ni pour ses enseignements, ses disciples commencèrent de bonne heure à l'appeler l'illuminé, le Bouddha, et plus tard Sakyamouni Bouddha.

94:8.3 L'évangile originel de Gautama était basé sur les quatre nobles vérités :

94:8.4 1. Les nobles vérités de la souffrance.

94:8.5 2. Les origines de la souffrance.

94:8.6 3. La destruction de la souffrance.

94:8.7 4. Le moyen de détruire la souffrance.

94:8.8 Étroitement liée à la doctrine de la souffrance et aux moyens d'y échapper, se plaçait la philosophie de la Voie Octuple : justes points de vue, justes aspirations, justes paroles, juste conduite, justes moyens d'existence, juste effort, juste attention et juste contemplation. Gautama n'avait pas l'intention d'essayer de détruire tout effort, tout désir et toute affection en échappant à la souffrance ; son enseignement était plutôt destiné à décrire aux mortels la futilité de placer entièrement leurs espérances et leurs aspirations dans des buts temporels et des objectifs matériels. Il ne s'agissait pas tant d'éviter d'aimer ses semblables que d'amener aussi le vrai croyant à regarder, au delà des associations du monde matériel, les réalités de l'éternel futur.

94:8.9 Les commandements moraux des sermons de Gautama étaient au nombre de cinq :

94:8.10 1. Tu ne tueras pas.

94:8.11 2. Tu ne déroberas pas.

94:8.12 3. Tu ne seras pas impudique.

94:8.13 4. Tu ne mentiras pas.

94:8.14 5. Tu ne boiras pas de liqueurs enivrantes.

94:8.15 Il existait encore plusieurs commandements additionnels ou secondaires dont l'observance était facultative pour les croyants.

94:8.16 Siddharta ne croyait guère à l'immortalité de la personnalité humaine ; sa philosophie n'apportait qu'une sorte de continuité fonctionnelle. Il ne définit jamais clairement ce qu'il entendait inclure dans la doctrine du Nirvana. Le fait que l'on pouvait théoriquement en faire l'expérience durant l'existence terrestre indiquerait que le nirvana n'était pas considéré comme un état d'annihilation complète. Il impliquait une condition d'illumination suprême et de félicité céleste où toutes les chaines attachant l'homme au monde matériel avaient été rompues ; on était libéré des désirs de la vie de mortel et délivré de tout danger de devoir faire l'expérience d'une nouvelle incarnation.

94:8.17 D'après les enseignements originels de Gautama, le salut s'obtient par l'effort humain, en dehors de l'aide divine ; il n'y a place ni pour la foi libératrice ni pour des prières à des puissances suprahumaines. Dans sa tentative pour minimiser les superstitions de l'Inde, Gautama s'efforça de détourner les hommes des bruyantes prétentions du salut par la magie. Mais, en faisant cet effort, il laissa à ses successeurs une porte grande ouverte leur permettant de mal interpréter son enseignement et de déclarer que tous les efforts humains pour aboutir sont déplaisants et douloureux. Ses disciples négligèrent le fait que le bonheur suprême est lié à la poursuite enthousiaste et intelligente de buts méritoires, et que ces accomplissements constituent le vrai progrès dans la réalisation cosmique de soi.

94:8.18 La grande vérité de l'enseignement de Siddharta fut sa proclamation d'un univers de justice absolue. Il enseigna la meilleure philosophie athée qui ait jamais été inventée par un mortel ; elle était l'humanisme idéal et ôta fort efficacement toute base aux superstitions, aux rites magiques et à la peur des fantômes et des démons.

94:8.19 La grande faiblesse de l'évangile originel du bouddhisme fut qu'il ne créa pas une religion de service social désintéressé. Pendant longtemps, la fraternité bouddhiste ne fut pas une confrérie de croyants, mais plutôt une communauté d'élèves-maitres. Gautama leur interdit de recevoir de l'argent et chercha, par ce moyen, à empêcher la croissance de tendances hiérarchiques. Gautama lui-même était hautement social et, en vérité, sa vie fut plus grandiose que ses sermons.

94.9  La Diffusion du Bouddhisme

94:9.1 Le bouddhisme prospéra parce qu'il offrait le salut par la croyance en Bouddha, l'illuminé. Il était plus représentatif des vérités de Melchizédek que tout autre système religieux pratiqué en Asie orientale. Mais le bouddhisme ne se répandit pas beaucoup en tant que religion jusqu'au jour où un monarque de basse caste, Açoka, l'adopta pour sa propre protection ; après Ikhnaton en Égypte, Açoka fut l'un des plus remarquables chefs civils entre l'époque de Melchizédek et celle de Micaël. Il bâtit un grand empire indien grâce à la propagande de ses missionnaires bouddhistes. Au cours d'une période de vingt-cinq ans, il éduqua plus de dix-sept-mille missionnaires qu'il expédia jusqu'aux plus lointaines frontières du monde connu. En une seule génération, il fit du bouddhisme la religion dominante de la moitié de la terre. Il prit bientôt pied au Tibet, au Cachemire, à Ceylan, en Birmanie, à Java, au Siam, en Corée, en Chine et au Japon. D'une manière générale, ce fut une religion considérablement supérieure à celles qu'elle supplanta ou rehaussa.

94:9.2 La diffusion du bouddhisme dans toute l'Asie à partir de son foyer aux Indes est l'une des plus palpitantes histoires de consécration spirituelle et de persévérance missionnaire d'hommes sincèrement épris de religion. Non seulement ceux qui enseignaient l'évangile de Gautama bravèrent les périls des routes des caravanes terrestres, mais ils firent face aux dangers des mers de Chine, tandis qu'ils poursuivaient leur mission sur le continent asiatique, apportant à tous les peuples le message de leur foi. Toutefois, ce bouddhisme n'était plus la simple doctrine de Gautama ; c'était l'évangile rendu miraculeux qui faisait de lui un dieu. Plus le bouddhisme s'éloignait de son berceau des hautes terres de l'Inde, plus il devenait différent des enseignements de Gautama, et plus il ressemblait aux religions qu'il supplantait.

94:9.3 Plus tard, le bouddhisme fut très influencé par le taoïsme en Chine, le shinto au Japon et le christianisme au Tibet. Aux Indes, après un millénaire, le bouddhisme ne fit plus que s'étioler et mourir. Il se brahmanisa et, plus tard, baissa lâchement pavillon devant l'islam ; en même temps, dans une grande partie du reste de l'Orient, il dégénéra en un rituel que Gautama Siddharta n'aurait jamais reconnu.

94:9.4 Dans le sud, le stéréotype fondamentaliste des enseignements de Siddharta persista à Ceylan, en Birmanie et dans la péninsule d'Indochine. Il s'agit là de la branche Hinayana du bouddhisme qui s'attache à sa doctrine primitive ou asociale.

94:9.5 Mais, même avant l'effondrement du bouddhisme aux Indes, les groupes de disciples de Gautama de la Chine et du nord de l'Inde avaient commencé à développer l'enseignement Mahayana de la « Route Majeure » vers le salut, en opposition avec les puristes du sud qui s'en tenaient au Hinayana ou « Route Mineure » . Ces Mahayanistes rompirent avec les limitations sociales inhérentes à la doctrine bouddhiste, et, depuis lors, cette branche septentrionale du bouddhisme a poursuivi son évolution en Chine et au Japon.

94:9.6 Le bouddhisme est aujourd'hui une religion vivante et croissante parce qu'il réussit à conserver bon nombre des plus hautes valeurs morales de ses adhérents. Il facilite le calme et le contrôle de soi, augmente la sérénité et le bonheur, et contribue beaucoup à empêcher le chagrin et le deuil. Ceux qui croient à cette philosophie vivent des vies meilleures que beaucoup de ceux qui n'y croient pas.

94.10  La Religion du Tibet

94:10.1 Au Tibet, on trouve la plus étrange association des enseignements de Melchizédek combinés avec le bouddhisme, l'hindouisme, le taoïsme et le christianisme. Quand les missionnaires bouddhistes entrèrent au Tibet, ils rencontrèrent un état de sauvagerie primitive très semblable à celui que les premiers missionnaires chrétiens trouvèrent chez les tribus nordiques de l'Europe.

94:10.2 Les candides Tibétains ne voulurent pas abandonner entièrement leur ancienne magie et leurs charmes. L'étude du cérémonial religieux des rites tibétains de l'époque présente révèle l'existence d'une confrérie exagérément nombreuse de prêtres aux têtes rasées qui pratiquent un rituel minutieux comportant des cloches, des incantations, de l'encens, des processions, des rosaires, des images, des charmes, des tableaux, de l'eau bénite, de somptueux vêtements et des choeurs compliqués. Ils ont des dogmes rigides et des croyances cristallisées, des rites mystiques et des jeûnes spéciaux. Leur hiérarchie comprend des moines, des nonnes, des abbés et le Grand Lama. Ils adressent des prières à des anges, à des saints, à une Sainte Mère et à des dieux. Ils pratiquent la confession et croient au purgatoire. Leurs monastères sont très vastes et leurs cathédrales magnifiques. Ils maintiennent une interminable répétition de rites sacrés et croient que ce cérémonial procure le salut. Ils attachent des prières à un moulin et croient que sa rotation rend les suppliques efficaces. Chez nul autre peuple des temps modernes, on ne peut trouver tant d'observances provenant de tant de religions ; il est inévitable que cette liturgie cumulative finisse par devenir encombrante à l'excès et intolérablement pesante.

94:10.3 Les Tibétains possèdent quelque chose de toutes les principales religions du monde, sauf les simples enseignements de l'évangile de Jésus : la filiation avec Dieu, la fraternité des hommes et la citoyenneté toujours ascendante dans l'univers éternel.

94.11  La Philosophie Bouddhique

94:11.1 Le bouddhisme pénétra en Chine au premier millénaire après le Christ et cadra bien avec les coutumes religieuses de la race jaune. Dans leur culte des ancêtres, les Chinois avaient longtemps adressé des prières aux morts ; maintenant, ils pouvaient aussi prier pour eux. Le bouddhisme s'amalgama bientôt avec les vagues pratiques rituelles du taoïsme en désintégration. Cette nouvelle religion synthétique, avec ses temples du culte et son cérémonial religieux précis, ne tarda pas à devenir le culte généralement accepté par les peuples de Chine, de Corée et du Japon.

94:11.2 Sous certains rapports, il est fâcheux que le bouddhisme n'ait pas été répandu avant que ses disciples aient perverti les traditions et enseignements du culte au point de faire de Gautama un être divin. Néanmoins, le mythe de sa vie humaine, embelli comme il le fut par une multitude de miracles, se révéla très séduisant pour les auditeurs de l'évangile nordique, ou Mahayana, du bouddhisme.

94:11.3 Certains de ses disciples ultérieurs enseignèrent que l'esprit de Sakyamouni Bouddha revenait périodiquement sur terre comme un bouddha vivant, ouvrant ainsi la voie à une perpétuation indéfinie des images de Bouddha, des temples, des rituels et des faux « bouddhas vivants » . C'est ainsi que la religion du grand protestataire indien finit par se trouver enchainée dans ces mêmes pratiques cérémonielles et incantations rituelles qu'il avait précisément combattues avec tant d'intrépidité et dénoncées avec tant de courage.

94:11.4 Le grand progrès apporté par la philosophie bouddhique consista à comprendre que toute vérité est relative. Par le mécanisme de cette hypothèse, les Bouddhistes ont pu concilier et mettre en corrélation les divergences intérieures de leurs propres écrits religieux, ainsi que les divergences entre ceux-ci et beaucoup d'autres. On enseignait que les petites vérités étaient faites pour un mental étroit, et les grandes vérités pour un mental large.

94:11.5 Cette philosophie enseignait aussi que la nature (divine) de Bouddha existait chez tous les hommes ; que par ses propres efforts l'homme pouvait arriver à réaliser cette divinité intérieure. Cet enseignement est l'une des plus claires présentations de la vérité au sujet des Ajusteurs de Pensée qui aient jamais été faites par une religion d'Urantia.

94:11.6 L'évangile originel de Siddharta, tel que ses disciples l'interprétaient, comportait une grande limitation parce qu'il essayait de dégager complètement le moi humain de toutes les restrictions de la nature mortelle par la technique consistant à isoler ce moi de la réalité objective. Or, le véritable épanouissement cosmique de soi résulte de l'identification de soi avec la réalité cosmique et avec le cosmos fini d'énergie, de mental et d'esprit, limité par l'espace et conditionné par le temps.

94:11.7 Les cérémonies et les observances extérieures du bouddhisme furent grossièrement contaminées par celles des pays qu'il pénétrait, mais cette dégénérescence n'eut pas entièrement lieu dans la vie philosophique des grands penseurs qui, de temps à autre, embrassèrent ce système de pensée et de croyance. Pendant plus de deux-mille ans, beaucoup des meilleurs penseurs d'Asie se sont concentrés sur le problème de la vérité absolue et de la vérité de l'Absolu.

94:11.8 L'évolution d'un concept élevé de l'Absolu fut accomplie par de nombreux cheminements de pensée et des sentiers tortueux de raisonnement. Le mouvement ascendant de cette doctrine de l'infinité n'était pas aussi clairement défini que l'évolution du concept de Dieu dans la théologie hébraïque. Néanmoins, les penseurs bouddhistes atteignirent certains niveaux élargis, s'y arrêtèrent et les franchirent en continuant leur chemin vers l'évocation de la Source Primordiale des univers :

94:11.9 1. La légende de Gautama. À la base du concept se trouvait le fait historique de la vie et des enseignements de Siddharta, le prince prophète de l'Inde. Cette légende se transforma en un mythe au cours de son passage séculaire à travers les vastes pays d'Asie ; elle finit pas dépasser le statut de l'idée de Gautama en tant qu'illuminé, et commença à se parer d'attributs additionnels.

94:11.10 2. Les nombreux Bouddhas. On tint le raisonnement que, si Gautama était venu vers les peuples de l'Inde, les races de l'humanité avaient dû être bénies dans le lointain passé par la venue d'autres instructeurs de la vérité, et le seraient encore indubitablement dans le lointain futur. Ceci donna naissance à l'enseignement qu'il y avait des Bouddhas en nombre illimité et infini, et même que n'importe qui pouvait aspirer à en devenir un - pouvait aspirer à atteindre la divinité d'un Bouddha.

94:11.11 3. Le Bouddha Absolu. Quand on se mit à croire à un nombre presque infini de Bouddhas, il devint nécessaire au mental de l'époque de réunifier ce concept lourd à manier. En conséquence, on commença à enseigner que tous les Bouddhas n'étaient que la manifestation d'une essence supérieure, d'un certain Un Éternel ayant une existence infinie et inconditionnée, d'une certaine Source Absolue de toute réalité. À partir de là, le concept bouddhique de la Déité, sous sa forme la plus élevée, devint distinct de la personne humaine de Gautama Siddharta et rejeta les limitations anthropomorphiques qui l'avaient bridé. Cette conception finale du Bouddha Éternel peut bien s'identifier à l'Absolu, et parfois même avec l'infini JE SUIS.

94:11.12 Bien que cette idée de Déité Absolue n'ait jamais rencontré une grande faveur populaire chez les peuples d'Asie, elle permit aux intellectuels de ces pays d'unifier leur philosophie et d'harmoniser leur cosmologie. Le concept du Bouddha Absolu est tantôt quasi personnel, tantôt entièrement impersonnel - tantôt même une force créatrice infinie. Ces concepts sont philosophiquement utiles, mais ne sont pas essentiels au développement religieux. Même un Yahweh anthropomorphe a une valeur religieuse plus grande que l'Absolu infiniment lointain du bouddhisme ou du brahmanisme.

94:11.13 On crut même, à certains moments que l'Absolu était contenu dans l'infini JE SUIS. Mais ces spéculations n'apportaient qu'un encouragement glacé aux multitudes affamées qui souhaitaient ardemment entendre des paroles de promesse, écouter le simple évangile de Salem annonçant que la foi en Dieu assurait la faveur divine et la survie éternelle.

94.12  Le Concept de Dieu dans le Bouddhisme

94:12.1 La cosmologie du bouddhisme avait deux grands points faibles : d'une part elle était dénaturée par de nombreuses superstitions de l'Inde et de la Chine, et d'autre part elle sublimait Gautama, d'abord en tant qu'illuminé et ensuite en tant que Bouddha Éternel. Exactement comme le christianisme a souffert d'avoir absorbé beaucoup de philosophie humaine erronée, de même le bouddhisme porte sa marque humaine de naissance. Mais les enseignements de Gautama ont continué à évoluer durant les vingt-cinq derniers siècles. Pour un bouddhiste éclairé, le concept de Bouddha ne représente pas plus la personnalité humaine de Gautama que, pour un chrétien éclairé, le concept de Jéhovah n'est identique à l'esprit démoniaque de l'Horeb. La pauvreté de terminologie, ainsi que la conservation sentimentale d'une antique nomenclature, empêchent souvent de comprendre la vraie signification de l'évolution des concepts religieux.

94:12.2 Le concept de Dieu en contraste avec l'Absolu commença graduellement à se faire jour dans le bouddhisme. Sa source remonte aux premiers temps où les disciples de la Route Mineure (Hinayana) se différencièrent de ceux de la Route Majeure (Mahayana). Ce fut dans cette dernière branche du bouddhisme que la double conception de Dieu et de l'Absolu finit par arriver à maturité. Pas à pas, siècle après siècle, le concept de Dieu a évolué jusqu'à murir finalement dans la croyance en Amida Bouddha, grâce aux enseignements de Ryonin, de Honen Shonin et de Shinran au Japon.

94:12.3 Chez ces croyants, on enseigne que l'âme, après avoir passé par la mort, peut choisir de bénéficier d'un séjour au Paradis avant d'entrer au Nirvana, état ultime de l'existence. On proclame que ce nouveau salut est obtenu par la foi dans les miséricordes divines et dans les soins aimants d'Amida, Dieu du Paradis en Occident. Dans leur philosophie, les Amidistes s'attachent à une Réalité Infinie située au delà de toute compréhension humaine finie. Dans leur religion, ils adhèrent à la foi en Amida, l'infiniment miséricordieux qui aime le monde au point de ne pas souffrir qu'un seul mortel, faisant appel à son nom avec une foi sincère et un coeur pur, échoue dans l'obtention du bonheur suprême du Paradis.

94:12.4 La grande force du bouddhisme vient de ce que tous ses adhérents sont libres de choisir la vérité dans toutes les religions ; il est rare qu'une pareille liberté de choix ait caractérisé une doctrine religieuse d'Urantia. Sous ce rapport, la secte Shin au Japon est devenue l'un des groupes religieux les plus progressifs du monde ; elle a ranimé l'ancien esprit missionnaire des disciples de Gautama et a commencé à envoyer des éducateurs à d'autres peuples. Cet empressement à adopter la vérité, quelles que soient les sources dont elle provient, est en vérité une tendance recommandable qui apparaît parmi les croyants religieux pendant la première moitié du vingtième siècle après le Christ.

94:12.5 Le bouddhisme lui-même passe par une renaissance au vingtième siècle. Ses aspects sociaux ont été grandement améliorés par ses contacts avec le christianisme. Le désir d'apprendre s'est rallumé dans le coeur des moines-prêtres de la confrérie, et la diffusion de l'éducation dans cette communauté de foi provoquera certainement de nouveaux progrès dans l'évolution religieuse.

94:12.6 À la date du présent exposé, une grande partie de l'Asie met ses espoirs dans le bouddhisme. Cette noble foi, qui a si vaillamment traversé les âges de ténèbres du passé, va-t-elle recevoir de nouveau la vérité des réalités cosmiques amplifiées comme jadis les disciples du grand instructeur de l'Inde écoutaient sa proclamation d'une vérité nouvelle ? Cette ancienne foi répondra-t-elle, une fois de plus, au stimulant vivifiant des nouveaux concepts de Dieu et de l'Absolu qui lui seront présentés et qu'elle a si longtemps cherchés ?

94:12.7 Tout Urantia attend que l'on proclame le message ennoblissant de Micaël, débarrassé des dogmes et doctrines accumulés au cours de dix-neuf siècles de contact avec les religions d'origine évolutionnaire. L'heure a sonné de présenter au bouddhisme, au christianisme, à l'hindouisme et même aux peuples de toutes les religions, non pas l'évangile à propos de Jésus, mais la réalité vivante et spirituelle de l'évangile de Jésus.

94:12.8 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

95. Les Enseignements de Melchizédek dans le Levant

95:0.1 DE MÊME que l'Inde a donné naissance à bien des religions et des philosophies de l'Asie orientale, de même le Levant a été le berceau des croyances de l'Occident. Les missionnaires de Salem se répandirent dans toute l'Asie du sud-ouest, à travers la Palestine, la Mésopotamie, l'Égypte, l'Iran et l'Arabie, proclamant partout la bonne nouvelle de l'évangile de Machiventa Melchizédek. Dans certains de ces pays, leurs enseignements portèrent des fruits ; dans d'autres, les missionnaires réussirent plus ou moins bien. Les échecs provinrent tantôt d'un manque de sagesse et tantôt de circonstances échappant à leur contrôle.

95.1  La Religion de Salem en Mésopotamie

95:1.1 Vers l'an 2.000 avant l'ère chrétienne, les religions de Mésopotamie avaient presque entièrement perdu les enseignements des Séthites et se trouvaient largement sous l'influence des croyances primitives de deux groupes d'envahisseurs : les Bédouins sémites qui s'étaient infiltrés en venant du désert occidental et les cavaliers barbares descendus du nord.

95:1.2 Mais la coutume qu'avaient les premiers peuples adamites d'honorer le septième jour de la semaine ne disparut jamais complètement en Mésopotamie. Seulement, durant l'ère de Melchizédek, le septième jour fut considéré comme le plus malchanceux. Il était dominé par des tabous ; pendant ce funeste septième jour, il était contraire à la loi de partir en voyage, de cuire de la nourriture ou de faire du feu. Les Juifs ramenèrent en Palestine un grand nombre de tabous mésopotamiens qu'ils avaient trouvés à Babylone et qui étaient fondés sur l'observance du septième jour, le sabbatum.

95:1.3 Bien que les éducateurs de Salem eussent beaucoup contribué à raffiner et à rehausser les religions de Mésopotamie, ils ne réussirent pas à obtenir des divers peuples la récognition permanente d'un Dieu unique. Cet enseignement prit le dessus pendant plus de cent-cinquante ans, puis s'effaça graduellement devant la croyance plus ancienne à une multiplicité de déités.

95:1.4 Les éducateurs de Salem réduisirent considérablement le nombre des dieux de Mésopotamie et ramenèrent, à un moment donné, les principales déités au nombre de sept : Bel, Shamash, Nabou, Anou, Éa, Mardouk et Sin. À l'apogée du nouvel enseignement, ils exaltèrent trois de ces dieux à la suprématie sur tous les autres ; ce fut la triade babylonienne de Bel, Éa et Anou, les dieux de la terre, de la mer et du ciel. D'autres triades naquirent dans différentes localités ; elles étaient toutes une réminiscence des enseignements trinitaires des Andites et des Sumériens, et basées sur la croyance des Salémites à l'emblème des trois cercles de Melchizédek.

95:1.5 Jamais les éducateurs de Salem ne triomphèrent complètement de la popularité d'Ishtar, la mère des dieux et l'esprit de la fécondité sexuelle. Ils contribuèrent beaucoup à raffiner l'adoration de cette déesse, mais les Babyloniens et leurs voisins ne transcendèrent jamais complètement leurs formes déguisées d'adoration du sexe. La pratique pour toutes les femmes de se soumettre, au moins une fois dans leur jeunesse, à l'embrassement d'un étranger s'était répandue dans toute la Mésopotamie ; on pensait que c'était une dévotion exigée par Ishtar et l'on croyait que la fécondité dépendait largement de ce sacrifice sexuel.

95:1.6 Les premiers progrès de l'enseignement de Melchizédek furent hautement satisfaisants jusqu'au moment où Nabodad, chef de l'école de Kish, décida de lancer une attaque concertée contre les pratiques courantes de prostitution dans les temples. Mais les missionnaires de Salem échouèrent dans leur effort pour faire adopter cette réforme sociale et, dans ce naufrage, tous leurs enseignements spirituels et philosophiques plus importants sombrèrent dans la défaite.

95:1.7 Cette défaite de l'évangile de Salem fut immédiatement suivie d'un grand accroissement du culte d'Ishtar, un rituel qui avait déjà envahi la Palestine sous le nom d'Ashtoreth, l'Égypte sous celui d'Isis, la Grèce sous celui d'Aphrodite et les tribus du nord sous celui d'Astarté. Ce fut en liaison avec ce renouveau de l'adoration d'Ishtar que les prêtres de Babylone revinrent à l'observation des étoiles ; l'astrologie passa par son dernier grand renouveau en Mésopotamie ; les diseurs de bonne aventure furent en vogue et, durant des siècles, la prêtrise dégénéra de plus en plus.

95:1.8 Melchizédek avait recommandé à ses disciples d'enseigner la doctrine d'un Dieu unique, Père et Créateur de tout, et de ne prêcher que l'évangile de la faveur divine obtenue par la simple foi. Mais l'erreur des éducateurs d'une nouvelle vérité est souvent de vouloir en faire trop, d'essayer de remplacer l'évolution lente par une révolution soudaine. Les missionnaires de Melchizédek en Mésopotamie proposèrent un niveau moral trop élevé pour le peuple ; ils voulurent en faire trop, et leur noble cause sombra dans la défaite. Leur mandat était de prêcher un évangile précis, de proclamer la vérité que le Père Universel est réel, mais ils s'embrouillèrent en prenant parti pour la cause apparemment valable de réformer les moeurs. Leur grande mission fut détournée de son objectif et se perdit pratiquement dans l'échec et l'oubli.

95:1.9 En une seule génération, le quartier général salémite de Kish cessa toute activité, et la propagande de la croyance en un Dieu unique fut pratiquement arrêtée dans toute la Mésopotamie. Toutefois, des restes des écoles de Salem persistèrent. De petits groupes éparpillés çà et là continuèrent à croire au Créateur unique et luttèrent contre l'idolâtrie et l'immoralité des prêtres mésopotamiens.

95:1.10 Ce furent les missionnaires de Salem de la période consécutive au rejet de leur enseignement qui écrivirent nombre des Psaumes de l'Ancien Testament. Ils les gravèrent sur des pierres, où des prêtres hébreux les trouvèrent ultérieurement durant la captivité et les incorporèrent par la suite dans la collection des hymnes attribués à des auteurs juifs. Ces magnifiques psaumes de Babylone ne furent pas écrits dans les temples de Bel-Mardouk ; ils furent l'oeuvre des descendants des premiers missionnaires de Salem et forment un contraste frappant avec les fatras magiques des prêtres babyloniens. Le Livre de Job reflète assez bien les enseignements de l'école salémite de Kish et de toute la Mésopotamie.

95:1.11 Une grande partie de la culture religieuse mésopotamienne fut incorporée dans la littérature et la liturgie juives en passant par l'Égypte, grâce au travail d'Aménémopé et d'Ikhnaton. Les Égyptiens préservèrent remarquablement bien les enseignements dérivés des premiers Mésopotamiens Andites concernant les obligations sociales, enseignements qui furent si largement perdus par les Babyloniens qui occupèrent, plus tard, la vallée de l'Euphrate.

95.2  La Religion Égyptienne Primitive

95:2.1 C'est en Égypte que les enseignements originels de Melchizédek s'enracinèrent le plus profondément et c'est d'Égypte qu'ensuite ils se répandirent en Europe. La religion évolutionnaire de la vallée du Nil se développa périodiquement par l'arrivée de lignées supérieures de Nodites, d'Adamites et, plus tard, d'Andites venant de la vallée de l'Euphrate. À certains moments, un grand nombre d'administrateurs civils de l'Égypte furent des Sumériens. De même que l'Inde hébergeait, en ces temps, le mélange le plus complet des races du monde, de même l'Égypte entretint le type de philosophie religieuse le plus entièrement composite que l'on puisse trouver sur Urantia, et, de la vallée du Nil, cette philosophie se répandit dans de nombreuses parties du monde. Les Juifs reçurent des Babyloniens une grande partie de leurs idées sur la création du monde, mais ils tirèrent des Égyptiens leur concept de la divine Providence.

95:2.2 Ce furent les tendances politiques et morales, plutôt que les penchants philosophiques ou religieux, qui firent mieux accepter les enseignements de Salem par l'Égypte que par la Mésopotamie. Chaque chef de tribu en Égypte, après s'être battu pour accéder au trône, cherchait à perpétuer sa dynastie en proclamant que son dieu tribal était la déité originelle et le créateur de tous les autres dieux. De cette manière, les Égyptiens s'habituèrent graduellement à l'idée d'un superdieu ; c'était un marchepied vers la doctrine ultérieure d'une Déité créatrice universelle. Durant bien des siècles, l'idée du monothéisme passa en Égypte par des hauts et des bas ; la croyance en un Dieu unique gagnait toujours du terrain, mais ne domina jamais tout à fait les concepts évoluants du polythéisme.

95:2.3 Pendant des âges, les Égyptiens s'étaient adonnés à l'adoration des dieux de la nature. En particulier, chacune des quarante et quelques tribus séparées avait un dieu spécial pour son groupe, l'une adorant le taureau, une autre le lion, une troisième le bélier et ainsi de suite. Auparavant, elles avaient été des tribus à totems, très semblables à celles des Amérindiens.

95:2.4 Avec le temps, les Égyptiens remarquèrent que les cadavres placés dans des tombeaux sans briques étaient préservés - embaumés - par l'action du sable imprégné de soude, tandis que les cadavres inhumés dans des caveaux de briques pourrissaient. Ces observations conduisirent aux expériences qui aboutirent plus tard à la pratique d'embaumer les morts. Les Égyptiens croyaient que la conservation du corps facilitait la traversée de la vie future. Afin que la personne puisse être convenablement identifiée dans l'avenir lointain après la dissolution de son corps, ils plaçaient une statue funéraire dans le tombeau pour accompagner le cadavre et sculptaient un portrait du mort sur le cercueil. La confection de ces statues funéraires fit faire de grands progrès à l'art égyptien.

95:2.5 Pendant des siècles, les Égyptiens placèrent leur confiance dans les tombeaux pour la sauvegarde des corps et la survie agréable qui en résultait après la mort. L'évolution ultérieure des pratiques magiques, bien qu'elles fussent encombrantes depuis le berceau jusqu'à la tombe, les délivra efficacement de la religion des sépultures. Les prêtres inscrivaient sur les cercueils des formules magiques dont on croyait qu'elles protégeaient un homme contre le risque « de se voir enlever son coeur dans le monde inférieur » . Bientôt, l'on collectionna un assortiment varié de ces textes magiques et on le conserva sous la forme du Livre des Morts. Mais, dans la Vallée du Nil, le rituel magique fut imbriqué de bonne heure dans les domaines de la conscience et du caractère, à un degré rarement atteint par les rites de cette époque. Ultérieurement, on compta davantage, pour le salut, sur ces idéaux éthiques et moraux que sur des tombeaux compliqués.

95:2.6 Les superstitions de cette époque sont bien illustrées par la croyance générale à l'efficacité des crachats comme agents de guérison ; cette idée prit naissance en Égypte et se répandit de là en Arabie et en Mésopotamie. Dans la bataille légendaire d'Horus contre Set, le jeune dieu perdit un oeil, mais, après la défaite de Set, l'oeil fut restauré par le sage dieu Thoth qui cracha sur la plaie et la guérit.

95:2.7 Les Égyptiens crurent longtemps que le scintillement des étoiles dans le ciel nocturne représentait la survie des âmes des morts méritants ; ils pensaient que les autres survivants étaient absorbés par le soleil. Durant une certaine période, la vénération solaire devint une espèce de culte des ancêtres. Le passage incliné d'entrée dans la grande pyramide était orienté directement vers l'Étoile Polaire afin que l'âme du roi, quand elle émergerait du tombeau, puisse aller tout droit dans les constellations stationnaires et établies des étoiles fixes, que l'on supposait être la demeure des rois.

95:2.8 Quand on voyait les rayons obliques du soleil pénétrer vers la terre par une ouverture dans les nuages, on croyait qu'ils indiquaient l'abaissement d'un escalier céleste par lequel le roi et d'autres âmes droites pouvaient monter. « Le roi Pépi a abaissé son rayonnement comme un escalier sous ses pieds pour permettre de monter jusqu'à sa mère. »

95:2.9 Lors de l'incarnation de Melchizédek, les Égyptiens avaient une religion très supérieure à celle des peuples environnants. Ils croyaient qu'une âme séparée du corps physique, si elle était convenablement armée de formules magiques, pouvait éviter les mauvais esprits intermédiaires et parvenir à la salle de jugement d'Osiris, où elle serait admise dans les royaumes de la félicité si elle n'était pas coupable « de meurtre, de brigandage, de fausseté, d'adultère, de vol ou d'égoïsme » . Si l'âme était pesée dans les balances et trouvée en défaut, elle était consignée aux enfers, à la Dévoratrice. C'était un concept relativement avancé de la vie future en comparaison avec les croyances de beaucoup de peuples voisins.

95:2.10 Le concept du jugement dans l'au-delà pour les péchés d'une vie dans la chair sur terre, qui fut introduit dans la théologie des Hébreux, provenait d'Égypte. Le mot jugement n'apparaît qu'une seule fois dans ce sens au cours de tout le livre hébreu des Psaumes, et le psaume en question fut écrit par un Égyptien.

95.3  L'Évolution des Concepts Moraux

95:3.1 Bien que la culture et la religion d'Égypte aient principalement tiré leur origine des Andites de Mésopotamie et aient été largement transmises aux civilisations subséquentes par les Hébreux et les Grecs, une grande, une très grande partie de l'idéalisme éthique et social des Égyptiens naquit comme un développement purement évolutionnaire dans la vallée du Nil. Nonobstant l'importation en grande quantité des vérités et de la culture d'origine andite, une culture morale se développa en Égypte d'une manière purement humaine. Avant l'effusion de Micaël, les techniques naturelles similaires n'avaient fait apparaître une culture équivalente dans aucune autre zone circonscrite du monde.

95:3.2 L'évolution morale ne dépend pas entièrement de la révélation. L'homme peut tirer de sa propre expérience des concepts moraux élevés. L'homme peut même faire apparaître des valeurs spirituelles et tirer une clairvoyance cosmique de son expérience de vie personnelle parce qu'un esprit divin l'habite. Ces évolutions naturelles de conscience et de caractère furent accélérées par l'arrivée périodique d'instructeurs de la vérité venus du second Éden dans la haute antiquité et, plus tard, du quartier général de Melchizédek à Salem.

95:3.3 Des milliers d'années avant que l'évangile de Salem eût pénétré en Égypte, ses dirigeants moraux y enseignaient qu'il fallait être équitable et juste, et éviter l'avarice. Trois-mille ans avant la rédaction des Écritures hébraïques, les Égyptiens avaient pour devise : « Affermi est l'homme qui prend la droiture pour modèle et qui marche selon ses voies. » Ils enseignaient la douceur, la modération et la discrétion. L'un des grands éducateurs de cette époque donna comme message : « Soyez équitables et traitez chacun avec justice. » La triade égyptienne de cette époque était Vérité - Justice - Droiture. Parmi toutes les religions purement humaines d'Urantia, nulle ne surpassa les idéaux sociaux et la grandeur morale de cet humanisme de jadis dans la vallée du Nil.

95:3.4 Les doctrines survivantes de la religion de Salem fleurirent dans le terrain de ces idées éthiques et de ces idéaux moraux en évolution. Les concepts du bien et du mal trouvèrent une prompte réponse dans le coeur d'un peuple qui croyait que « la vie est donnée aux pacifiques et la mort aux coupables » , que « le pacifique est celui qui fait ce que l'on aime ; le coupable est celui qui fait ce que l'on déteste » . Durant des siècles, les habitants de la vallée du Nil avaient vécu selon ces critères éthiques et sociaux qui émergèrent avant qu'ils eussent jamais entretenu les concepts ultérieurs du juste et du faux - du bien et du mal.

95:3.5 L'Égypte était intellectuelle et morale, mais assez peu spiritualiste. En six-mille ans, quatre grands prophètes seulement s'élevèrent parmi les Égyptiens : Aménémopé, Okhban, Ikhnaton et Moïse. Les Égyptiens suivirent le premier pendant un temps, ils assassinèrent le second, ils acceptèrent le troisième sans enthousiasme pendant une brève génération et ils rejetèrent le quatrième. De nouveau, ce furent des circonstances politiques plutôt que religieuses qui rendirent faciles à Abraham, et plus tard à Joseph, d'exercer une grande influence dans toute l'Égypte en faveur de l'enseignement salémite d'un Dieu unique. Mais, quand les missionnaires de Salem entrèrent pour la première fois en Égypte, ils y trouvèrent cette culture évolutionnaire hautement éthique mêlée aux critères moraux modifiés des immigrants de Mésopotamie. Ces anciens éducateurs de la vallée du Nil furent les premiers à proclamer que la conscience était le commandement de Dieu, la voix de la Déité.

95.4  Les Enseignements d'Aménémopé

95:4.1 En temps voulu, il s'éleva en Égypte un instructeur que beaucoup appelèrent le « fils de l'homme » et d'autres Aménémopé. Ce voyant exalta la conscience au point d'en faire l'arbitre supérieur du juste et du faux, enseigna que les péchés seraient punis et proclama le salut par appel à la déité solaire.

95:4.2 Aménémopé enseigna que les richesses et la fortune étaient des dons de Dieu, et ce concept colora entièrement la philosophie hébraïque apparue plus tard. Ce noble éducateur croyait que la conscience de Dieu était le facteur déterminant de toute conduite, qu'il fallait vivre à chaque instant en ayant conscience de la présence de Dieu et de notre responsabilité envers lui. Par la suite, les enseignements de ce sage furent traduits en hébreu et devinrent le livre sacré de ce peuple bien avant que l'Ancien Testament n'eût été écrit. Le principal sermon de cet homme de bien concernait l'instruction de son fils quant à la rectitude et à l'honnêteté à observer dans les postes de confiance gouvernementaux ; ces nobles sentiments d'un lointain passé honoreraient n'importe quel homme d'état moderne.

95:4.3 Ce sage du Nil enseigna que « les richesses prennent des ailes et s'envolent » - que toutes les choses terrestres sont évanescentes. Sa grande prière était « d'être délivré de la peur » . Il exhorta tout le monde à se détourner des « paroles des hommes » pour se tourner vers « les actes de Dieu » . En substance, il enseigna que l'homme propose, mais que Dieu dispose. Traduits en hébreu, ses enseignements déterminèrent la philosophie du Livre des Proverbes de l'Ancien Testament. Traduits en grec, ils donnèrent sa couleur à toute la philosophie religieuse hellénique subséquente. Philon, le philosophe ultérieur d'Alexandrie, possédait un exemplaire du Livre de la Sagesse.

95:4.4 Aménémopé s'attacha à conserver l'éthique de l'évolution et la morale de la révélation, et, dans ses écrits, il les transmit aussi bien aux Hébreux qu'aux Grecs. Il ne fut pas le plus grand éducateur religieux de cet âge, mais il fut le plus influent, en ce sens qu'il colora la pensée ultérieure de deux chainons essentiels de la croissance de la civilisation occidentale - les Hébreux, parmi lesquels la foi occidentale se développa jusqu'à son apogée, et les Grecs, qui développèrent la pensée purement philosophique jusqu'à ses plus hauts sommets européens.

95:4.5 Dans le Livre des Proverbes hébreux, les chapitres XV, XVII, XX, et le chapitre XXII depuis le verset 17 jusqu'au chapitre XXIV verset 22 sont tirés à peu près mot à mot du Livre de la Sagesse d'Aménémopé. Le Psaume I du Livre hébreu des Psaumes fut écrit pas Aménémopé et forme le coeur des enseignements d'Ikhnaton.

95.5  Le Remarquable Ikhnaton

95:5.1 Les enseignements d'Aménémopé perdaient lentement leur emprise sur le mental égyptien lorsque, sous l'influence d'un médecin salémite égyptien, une femme de la famille royale adopta les enseignements de Melchizédek. Cette femme décida son fils Ikhnaton, pharaon d'Égypte, à accepter cette doctrine d'un Dieu Unique.

95:5.2 Depuis la fin de l'incarnation de Melchizédek, nul être humain n'avait possédé de la religion révélée de Salem un concept d'une aussi étonnante clarté qu'Ikhnaton. Sous certains rapports, ce jeune roi égyptien est l'une des personnes les plus remarquables de l'histoire de l'humanité. Durant cette époque de dépression spirituelle croissante en Mésopotamie, il conserva vivante en Égypte la doctrine d'El Élyon, le Dieu Unique. Il maintint ainsi ouvert le chenal de philosophie monothéiste essentiel à l'arrière-plan religieux de la future effusion de Micaël. Entre autres raisons, ce fut en récognition de cet exploit que l'enfant Jésus fut emmené en Égypte où certains successeurs spirituels d'Ikhnaton le virent et comprirent quelque peu certaines phases de sa mission divine sur Urantia.

95:5.3 Moïse, le plus grand personnage apparu entre Melchizédek et Jésus, fut donné conjointement au monde par la race hébraïque et la famille royale égyptienne. Si Ikhnaton avait été doué de la variété de talents et des aptitudes de Moïse, s'il avait manifesté un génie politique comparable à sa surprenante autorité religieuse, alors l'Égypte serait devenue la grande nation monothéiste de cette époque. Et, si cela était advenu, il est tout à fait possible que Jésus aurait vécu en Égypte la plus grande partie de sa vie de mortel.

95:5.4 Jamais dans toute l'histoire un roi ne s'employa aussi méthodiquement que cet extraordinaire Ikhnaton à faire basculer une nation tout entière du polythéisme au monothéisme. Avec une résolution stupéfiante, ce jeune souverain rompit avec le passé, changea son nom, abandonna sa capitale, bâtit une ville entièrement nouvelle et créa une littérature et un art nouveaux pour un peuple entier. Mais il alla trop vite et construisit trop, plus qu'il n'en pouvait subsister après son départ. En outre, il n'assura pas la stabilité et la prospérité matérielles de ses sujets, et ceux-ci réagirent tous défavorablement contre ses enseignements religieux quand les flots ultérieurs d'adversité et d'oppression balayèrent l'Égypte.

95:5.5 Si cet homme étonnamment clairvoyant et extraordinairement concentré sur un dessein unique avait eu la sagacité politique de Moïse, il aurait changé toute l'histoire évolutionnaire de la religion et de la révélation de la vérité dans le monde occidental. Durant sa vie, il fut capable de réfréner les activités des prêtres, qu'il tenait généralement en piètre estime ; mais ceux-ci maintinrent secrètement leurs cultes et se jetèrent dans l'action aussitôt que le jeune roi cessa d'exercer le pouvoir ; ils ne furent pas longs à attribuer toutes les difficultés subséquentes de l'Égypte à l'instauration du monothéisme durant son règne.

95:5.6 Très sagement, Ikhnaton chercha à établir la doctrine d'un Dieu unique sous l'apparence du dieu-soleil. Cette décision d'approcher l'adoration du Père Universel en absorbant tous les dieux dans l'adoration du soleil était due aux conseils du médecin salémite. Il existait alors une religion, dite d'Aton, concernant la paternité et la maternité de Dieu ; Ikhnaton en reprit les doctrines répandues et créa une religion qui reconnaissait une relation intime d'adoration entre l'homme et Dieu.

95:5.7 Ikhnaton fut assez sage pour maintenir le culte extérieur d'Aton, le dieu du soleil, tout en amenant son entourage au culte déguisé du Dieu Unique, créateur d'Aton et Père suprême de tous. Ce jeune instructeur-roi fut un écrivain prolifique, auteur de l'exposé intitulé « Le Dieu Unique » , un livre de trente-et-un chapitres que les prêtres détruisirent complètement quand ils reprirent le pouvoir. Ikhnaton écrivit aussi cent-trente-sept hymnes, dont douze sont actuellement conservés dans le Livre des Psaumes de l'Ancien Testament et attribués à des auteurs hébreux.

95:5.8 Le mot suprême d'Ikhnaton dans la religion de la vie quotidienne était « droiture » ; il amplifia rapidement le concept de l'action juste jusqu'à lui faire inclure l'éthique internationale aussi bien que l'éthique nationale. Ce fut une génération de piété personnelle étonnante caractérisée par une aspiration authentique, chez les hommes et femmes les plus intelligents, à trouver Dieu et à le connaître. À cette époque, nul Égyptien ne pouvait tirer avantage aux yeux de la loi de sa position sociale ou de sa richesse. La vie de famille en Égypte contribua beaucoup à préserver et à développer la culture morale ; elle inspira plus tard la merveilleuse vie de famille des Juifs en Palestine.

95:5.9 La faiblesse fatale de l'évangile d'Ikhnaton fut sa plus grande vérité, l'enseignement qu'Aton n'était pas seulement le créateur de l'Égypte, mais aussi « du monde entier, des hommes et des bêtes, et de tous les pays étrangers, même de la Syrie et de Kush, en plus de ce pays d'Égypte. Il met chacun en place et pourvoit aux besoins de tous » . Ces concepts de la Déité étaient élevés et supérieurs, mais non nationalistes. Un tel sentiment d'internationalisme en matière de religion ne réussit pas à relever le moral de l'armée égyptienne sur le champ de bataille, et, en même temps, il fournit aux prêtres des armes efficaces contre le jeune roi et sa nouvelle religion. Son concept de la Déité était bien supérieur à celui des Hébreux plus tardifs, mais trop avancé pour servir les desseins d'un bâtisseur de nation.

95:5.10 L'idéal monothéiste souffrit de la disparition d'Ikhnaton, mais l'idée d'un Dieu unique persista dans le mental de nombreux groupes. Le gendre d'Ikhnaton se rangea du côté des prêtres, revint à l'adoration des anciens dieux et changea son nom en celui de Toutankhamon. Thèbes redevint la capitale ; les prêtres s'engraissèrent sur le pays et finirent par posséder un septième de toute l'Égypte. Un membre de ce même ordre de prêtres eut bientôt l'audace de s'emparer de la couronne.

95:5.11 Cependant, les prêtres ne purent triompher entièrement de la vague monothéiste. Ils furent progressivement contraints de fusionner leurs dieux et de leur donner des noms composés ; la famille des dieux se contracta de plus en plus. Ikhnaton avait associé le disque flamboyant des cieux avec le Dieu créateur, et cette idée continua à bruler dans le coeur des hommes, même des prêtres, longtemps après le trépas du jeune réformateur. Le concept du monothéisme ne mourut jamais dans le coeur des Égyptiens et du reste du monde. Il persista jusqu'à l'arrivée du Fils Créateur de ce même Père divin, le Dieu Unique qu'Ikhnaton avait présenté avec tant de zèle à l'adoration de toute l'Égypte.

95:5.12 La faiblesse de la doctrine d'Ikhnaton résidait dans le fait qu'il proposait une religion tellement évoluée que seuls les Égyptiens instruits pouvaient en comprendre pleinement les enseignements. Les ouvriers agricoles du commun ne saisirent jamais réellement son évangile et, en conséquence, se trouvaient prêts à revenir, avec les prêtres, à l'ancienne adoration d'Isis et de son conjoint Osiris ; on supposait que ce dernier était miraculeusement ressuscité d'une mort cruelle infligée par Set, le dieu des ténèbres et du mal.

95:5.13 L'enseignement que tous les hommes pouvaient atteindre l'immortalité était trop avancé pour les Égyptiens. La résurrection n'était promise qu'aux rois et aux riches ; c'est pourquoi ils apportaient tant de soin à embaumer et à préserver les corps dans des tombeaux en vue du jour du jugement. Cependant, la démocratie du salut et de la résurrection telle qu'Ikhnaton l'enseigna finit par prévaloir, même au point que les Égyptiens crurent plus tard à la survie des animaux.

95:5.14 Bien que l'effort de ce souverain égyptien pour imposer à son peuple l'adoration d'un Dieu unique ait semblé avoir échoué, il faut noter que les répercussions de son oeuvre se firent sentir pendant des siècles en Palestine et en Grèce, et que l'Égypte devint ainsi l'agent qui transmit à tous les peuples occidentaux ultérieurs la combinaison de la culture évolutionnaire du Nil et de la religion révélée de l'Euphrate.

95:5.15 La gloire de cette grande ère de développement moral et de croissance spirituelle dans la vallée du Nil était en voie de disparition rapide à l'époque où commença la vie nationale des Hébreux. À la suite de leur séjour en Égypte, ces bédouins emportèrent beaucoup de ces enseignements et perpétuèrent nombre de doctrines d'Ikhnaton dans leur religion raciale.

95.6  Les Doctrines de Salem en Iran

95:6.1 De Palestine, quelques missionnaires de Melchizédek se rendirent sur le grand plateau iranien en passant par la Mésopotamie. Pendant plus de cinq-cents ans, les éducateurs de Salem progressèrent en Iran. Toute la nation s'orientait vers la religion de Melchizédek lorsqu'un changement de dirigeants précipita une implacable persécution qui mit pratiquement fin aux enseignements monothéistes du culte de Salem. La doctrine de l'alliance avec Abraham avait pratiquement disparu en Perse lorsqu'au sixième siècle avant le Christ, ce grand siècle de renaissance morale, Zoroastre apparut pour ranimer la flamme presque éteinte de l'évangile de Salem.

95:6.2 Ce fondateur d'une nouvelle religion était un jeune homme viril et aventureux. Au cours de son premier pèlerinage à Ur en Mésopotamie, il avait entendu parler des traditions de la rébellion de Caligastia et de Lucifer - en même temps que de nombreuses autres traditions - qui avaient toutes fortement séduit sa nature religieuse. En fonction de quoi, à la suite d'un rêve qu'il eut à Ur, il se fixa le programme de retourner au nord, dans son foyer, et d'entreprendre le remodelage de la religion de son peuple. Il avait assimilé l'idée hébraïque d'un Dieu de justice, le concept mosaïque de la divinité. L'idée d'un Dieu suprême était claire dans son mental ; il rabaissa tous les autres dieux au rang de diables et les rangea parmi les démons dont il avait entendu parler en Mésopotamie. En tant que reliquat de tradition à Ur, il avait appris l'histoire des Sept Maitres Esprits et, en conséquence, il créa une galaxie de sept dieux suprêmes où Ahura-Mazda dominait. Il associa ces dieux subordonnés à l'idéalisation de la Juste Loi, de la Bonne Pensée, du Noble Gouvernement, du Saint Caractère, de la Santé et de l'Immortalité.

95:6.3 Il s'agissait d'une nouvelle religion d'action - de travail - et non de prières et de rites. Son Dieu était un être suprêmement sage et protecteur de la civilisation. C'était une philosophie religieuse militante qui osait combattre le mal, l'inaction et l'inertie.

95:6.4 Zoroastre n'enseigna pas l'adoration du feu, mais chercha à utiliser la flamme comme symbole du pur et sage Esprit de domination universelle et suprême. (Il est malheureusement vrai que ses disciples ultérieurs révérèrent et adorèrent ce feu symbolique.) Finalement, après la conversion d'un prince iranien, cette nouvelle religion fut répandue par l'épée, et Zoroastre mourut héroïquement dans la bataille pour ce qu'il croyait être « la vérité du Seigneur de lumière » .

95:6.5 Le zoroastrisme est le seul credo urantien qui perpétue les enseignements de Dalamatia et d'Éden au sujet des Sept Maitres Esprits. Il ne réussit pas à développer le concept de la Trinité, mais, sous certains rapports, il approcha de celui de Dieu le Septuple. Le zoroastrisme originel n'était pas un pur dualisme ; il est vrai que le mal était décrit par les enseignements initiaux comme coordonné de la bonté dans le temps, mais dans l'éternité il était nettement englouti dans la réalité ultime du bien. C'est seulement plus tard que l'on ajouta foi à la croyance que le bien et le mal luttaient à égalité.

95:6.6 Les traditions juives du ciel et de l'enfer et la doctrine des démons, telles que les rapportent les Écritures hébraïques, trouvaient une base dans ce qui demeurait des traditions de Lucifer et de Caligastia, mais elles provenaient principalement des Zoroastriens à l'époque où les juifs se trouvaient sous la domination politique et culturelle des Perses. À l'instar des Égyptiens, Zoroastre enseigna le « jour du jugement » , mais il lia cet évènement à la fin du monde.

95:6.7 Même la religion qui succéda au zoroastrisme en Perse était notablement influencée par lui. Quand les prêtres iraniens cherchèrent à ruiner les enseignements de Zoroastre, ils ressuscitèrent l'ancien culte de Mithra. Le mithracisme se répandit dans le Levant et dans le bassin de la Méditerranée ; pendant un certain temps, il fut contemporain à la fois du judaïsme et du christianisme. Les enseignements de Zoroastre laissèrent donc successivement leur empreinte sur trois grandes religions : sur le judaïsme, sur le christianisme et, à travers eux, sur le mahométisme.

95:6.8 Mais il y a loin entre les enseignements élevés et les nobles psaumes de Zoroastre, et les perversions modernes de son évangile par les Parsis avec leur grande peur des morts doublée du maintien de la croyance en des sophismes que Zoroastre ne s'abaissa jamais à sanctionner.

95:6.9 Ce grand homme fut l'une des personnalités du groupe extraordinaire qui surgit au sixième siècle avant le Christ pour empêcher l'extinction finale et définitive de la lumière de Salem qui brulait si faiblement pour montrer aux hommes, dans leur monde enténébré, le sentier lumineux qui conduit à la vie éternelle.

95.7  Les Enseignements de Salem en Arabie

95:7.1 Les enseignements de Melchizédek sur le Dieu unique ne s'affermirent dans le désert d'Arabie qu'à une date relativement récente. De même qu'en Grèce, les missionnaires de Salem échouèrent en Arabie parce qu'ils avaient mal compris les instructions de Machiventa au sujet de l'excès d'organisation. Mais ils ne furent pas gênés par leur interprétation de son exhortation contre tous les efforts pour répandre l'évangile par la force militaire ou la contrainte civile.

95:7.2 Nulle part, pas même en Chine ou à Rome, les enseignements de Melchizédek n'échouèrent plus complètement que dans cette région désertique si proche de Salem elle-même. Longtemps après que les peuples de l'Orient et de l'Occident furent en majorité devenus respectivement bouddhistes et chrétiens, ceux du désert d'Arabie continuaient à vivre comme ils l'avaient fait pendant des millénaires. Chaque tribu adorait son ancien fétiche, et bien des familles avaient leurs dieux lares individuels. La lutte continua longtemps entre l'Ishtar babylonienne, le Yahweh hébreu, l'Ahura iranien et le Père chrétien du Seigneur Jésus-Christ. Jamais un concept unique ne réussit à remplacer entièrement tous les autres.

95:7.3 Çà et là, à travers toute l'Arabie, certaines familles et certains clans n'abandonnaient pas la vague idée du Dieu unique. Ces groupes chérissaient les traditions de Melchizédek, d'Abraham, de Moïse et de Zoroastre. De nombreux centres auraient pu répondre à l'évangile de Jésus, mais les missionnaires chrétiens des pays du désert formaient un groupe austère et inflexible, contrastant avec les missionnaires innovateurs des régions méditerranéennes, qui admettaient des compromis. Si les disciples de Jésus avaient pris plus au sérieux son injonction « d'aller dans le monde entier pour y prêcher l'évangile » et s'ils avaient été plus affables en le prêchant, moins stricts dans les exigences sociales collatérales inventées par eux-mêmes, alors bien des pays, y compris l'Arabie, auraient reçu avec joie le simple évangile du fils du charpentier.

95:7.4 Malgré le fait que les grands monothéismes du Levant n'aient pas réussi à prendre racine en Arabie, cette terre désertique put donner naissance à une foi, sans doute moins sévère dans ses exigences sociales, mais néanmoins monothéiste.

95:7.5 Les croyances primitives et inorganisées du désert ne comportaient qu'un seul facteur commun de nature tribale, raciale ou nationale : c'était le respect particulier et général que presque toutes les tribus arabes acceptaient de manifester envers une certaine pierre noire fétiche dans un certain temple à la Mecque. Ce point commun de contact et de vénération conduisit ultérieurement à l'établissement de la religion islamique. La pierre de la Kaaba devint pour les Arabes l'équivalent de ce que représentait Yahweh, l'esprit du volcan, pour leurs cousins les Juifs sémites.

95:7.6 La force de l'islam a résidé dans sa présentation bien nette et bien précise d'Allah comme la seule et unique Déité. Sa faiblesse fut d'associer la force militaire à cette promulgation, et aussi de dégrader les femmes. Mais l'islam a fermement maintenu sa présentation de l'Unique Déité Universelle de tous « qui connaît le visible et l'invisible. Il est le miséricordieux et le compatissant » . « En vérité, Dieu distribue abondamment sa bonté à tous les hommes. » « Et, quand je suis malade, c'est lui qui me guérit. » « Là où trois personnes au moins parlent ensemble, Dieu est présent comme une quatrième » , car n'est-il pas « le premier et le dernier, et aussi le vu et le caché ? »

95:7.7 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

96. Yahweh - Le Dieu des Hébreux

96:0.1 EN SE FAISANT une conception de la Déité, l'homme commence par y inclure tous les dieux ; ensuite, il subordonne tous les dieux étrangers à sa déité tribale, et, enfin, il les exclut tous sauf le Dieu unique de valeur finale et suprême. Les Juifs synthétisèrent tous les dieux dans leur concept plus sublime du Seigneur Dieu d'Israël. Les Hindous combinèrent également leurs multiples déités en « la spiritualité unique des dieux » décrite dans le Rig Véda, tandis que les Mésopotamiens réduisirent leurs dieux au concept plus centralisé de Bel-Mardouk. Ces idées de monothéisme mûrirent dans le monde entier assez peu de temps après l'apparition de Machiventa Melchizédek à Salem, en Palestine. Mais le concept de la Déité prôné par Melchizédek ne ressemblait pas à celui de la philosophie évolutionnaire d'inclusion, de subordination et d'exclusion ; il était basé exclusivement sur le pouvoir créateur et influença très rapidement les concepts les plus élevés de la déité en Mésopotamie, aux Indes et en Égypte.

96:0.2 La religion de Salem fut révérée comme une tradition par les Kénites et diverses autres tribus cananéennes. L'un des buts de l'incarnation de Melchizédek était de développer une religion d'un Dieu unique de manière à préparer la voie à l'incarnation d'un Fils de ce Dieu unique. Micaël ne pouvait guère venir sur Urantia avant qu'il y existât un peuple croyant au Père Universel et chez lequel ce Fils puisse apparaître.

96:0.3 La religion de Salem persista chez les Kénites de Palestine en tant que credo, et cette religion, telle que les Hébreux l'adoptèrent plus tard, fut influencée d'abord par les enseignements moraux égyptiens, ensuite, par la pensée théologique babylonienne et, enfin, par les conceptions iraniennes du bien et du mal. En fait, la religion hébraïque est fondée sur l'alliance entre Abraham et Machiventa Melchizédek, mais évolutionnairement, elle est la conséquence de nombreuses circonstances dues à des situations exceptionnelles ; et, culturellement, elle a fait de larges emprunts à la religion, à la moralité et à la philosophie de tout le Levant. C'est par la religion hébraïque qu'une grande partie de la moralité et de la pensée religieuse de l'Égypte, de la Mésopotamie et de l'Iran fut transmise aux peuples occidentaux.

96.1  Les Concepts de la Déité chez les Sémites

96:1.1 Les premiers Sémites considéraient chaque chose comme habitée par un esprit. Il y avait les esprits du monde animal et du monde végétal ; les esprits des saisons, le seigneur de la progéniture ; les esprits du feu, de l'eau et de l'air ; bref, un véritable panthéon d'esprits à craindre et à adorer. Les enseignements de Melchizédek concernant un Créateur Universel ne détruisirent jamais complètement la croyance à ces esprits subordonnés ou dieux de la nature.

96:1.2 Le progrès des Hébreux, commençant par le polythéisme, continuant par l'hénothéisme et arrivant au monothéisme, ne fut pas un développement conceptuel ininterrompu et continu. Ils subirent bien des régressions dans l'évolution de leurs concepts de la Déité, et, par ailleurs, à toutes les époques, il exista des idées variables sur Dieu chez différents groupes de Sémites croyants. Ils appliquèrent parfois de nombreuses dénominations à leurs concepts de Dieu et, pour éviter la confusion, nous allons définir ces divers noms de la Déité tels qu'ils se rapportent à l'évolution de la théologie juive.

96:1.3 1. Yahweh était le dieu des tribus palestiniennes du sud, qui associèrent ce concept de la déité au mont Horeb, le volcan du Sinaï. Yahweh était simplement l'un des mille et quelques dieux de la nature qui retenaient l'attention des tribus et peuples sémitiques et prétendaient à leur adoration.

96:1.4 2. El Élyon. Pendant des siècles après le séjour de Melchizédek à Salem, sa doctrine de la Déité persista sous différentes versions, mais on y employait en général le terme El Élyon, le Très Haut Dieu du ciel. Beaucoup de Sémites, y compris les descendants immédiats d'Abraham, adorèrent simultanément Yahweh et El Élyon à diverses époques.

96:1.5 3. El Shaddaï. Il est difficile d'expliquer ce que représentait El Shaddaï. Cette idée de Dieu était un dérivé composite des enseignements du Livre de la Sagesse d'Aménémopé, modifié par la doctrine d'Aton présentée par Ikhnaton, et influencé en outre par les enseignements de Melchizédek incorporés dans le concept d'El Élyon. À mesure que le concept d'El Shaddaï imprégna la pensée hébraïque, il se colora entièrement des croyances qui régnaient dans le désert au sujet de Yahweh.

96:1.6 L'une des idées dominantes de la religion de cette époque fut le concept égyptien de la divine Providence, l'enseignement que la prospérité matérielle est une récompense pour avoir servi El Shaddaï.

96:1.7 4. El. Dans toute cette confusion de terminologie et cette imprécision de concept, de nombreux croyants fervents s'efforcèrent sincèrement d'adorer toutes ces idées évoluantes de la divinité, et la pratique s'établit d'appeler El cette Déité composite. Et cette expression incluait encore d'autres dieux de la nature adorés par des Bédouins.

96:1.8 5. Élohim. À Kish et à Ur, il subsista longtemps des groupes sumériens-chaldéens qui enseignèrent un concept de Dieu trois-en-un, fondé sur les traditions du temps d'Adam et de Melchizédek. Cette doctrine fut propagée en Égypte où cette Trinité fut adorée sous le nom d'Élohim, ou d'Éloah au singulier. Les cercles philosophiques d'Égypte et, plus tard, les éducateurs alexandriens d'origine hébraïque enseignèrent cette unité de dieux pluraux. À l'époque de l'exode, beaucoup de conseillers de Moïse croyaient en cette Trinité. Toutefois, le concept des Élohim trinitariens ne fit jamais véritablement partie de la théologie hébraïque avant le moment où les Juifs eurent passé sous l'influence politique des Babyloniens.

96:1.9 6. Noms divers. Les Sémites n'aimaient pas prononcer le nom de leur Déité. Ils eurent donc recours, de temps à autre, à de nombreuses appellations telles que : l'Esprit de Dieu, le Seigneur, l'Ange du Seigneur, le Tout Puissant, le Saint, le Très Haut, Adonaï, l'Ancien des Jours, le Seigneur Dieu d'Israël, le Créateur du Ciel et de la Terre, Kyrios, Jah, le Seigneur des Armées et le Père qui est aux cieux.

96:1.10 Jéhovah est une expression récemment employée pour désigner le concept parachevé de Yahweh qui apparut finalement par évolution au cours de la longue expérience des Hébreux. Mais le nom de Jéhovah ne fut utilisé que mille-cinq-cents ans après l'époque de Jésus.

96:1.11 Jusque vers l'an 2.000 avant l'ère chrétienne, le mont Sinaï était un volcan actif par intermittences ; des éruptions occasionnelles se produisirent jusqu'à l'époque du séjour des Israélites dans cette région. Le feu et la fumée, ainsi que le tonnerre des détonations accompagnant les éruptions de cette montagne volcanique, inspiraient une peur respectueuse aux Bédouins des régions environnantes ; ils les impressionnaient et les faisaient grandement craindre Yahweh. Cet esprit du mont Horeb devint plus tard le Dieu des Sémites hébreux, et ils finirent par croire à sa suprématie sur tous les autres dieux.

96:1.12 Les Cananéens avaient longtemps révéré Yahweh, mais, parmi eux, beaucoup de Kénites croyaient plus ou moins en El Élyon, le superdieu de la religion de Salem ; néanmoins, la majorité des Cananéens restait vaguement attachée à l'adoration des anciennes déités tribales. Ils n'étaient guère désireux d'abandonner leurs déités nationales en faveur d'un Dieu international, pour ne pas dire interplanétaire. Leur mental n'était pas ouvert à une déité universelle, et c'est pourquoi ces tribus continuèrent à adorer leurs déités tribales, y compris Yahweh et les veaux d'argent et d'or symboliques du concept que les pâtres bédouins se faisaient de l'esprit du volcan du Sinaï.

96:1.13 Les Syriens, tout en adorant leurs dieux, croyaient aussi au Yahweh des Hébreux, car leurs prophètes dirent au roi de Syrie : « Leurs dieux sont des dieux des collines ; ils furent donc plus forts que nous ; mais combattons-les dans la plaine et nous serons sûrement plus forts qu'eux. »

96:1.14 À mesure que leur culture progresse, les hommes subordonnent leurs dieux mineurs à une déité suprême ; l'expression « par Jupiter » ne persiste que comme une exclamation. Les monothéistes conservent leurs dieux subordonnés comme esprits, démons, Parques, Néréides, fées, gnomes, nains, banshees et mauvais oeil. Les Hébreux passèrent par l'hénothéisme et crurent longtemps à l'existence de dieux autres que Yahweh, mais ils estimèrent, de plus en plus, que ces déités étrangères étaient subordonnées à Yahweh. Ils admettaient l'existence de Kemoch, dieu des Amorites, mais soutenaient sa subordination à Yahweh.

96:1.15 Parmi les théories humaines de Dieu, c'est l'idée de Yahweh qui a subi le développement le plus étendu. On ne peut comparer son évolution progressive qu'à la métamorphose du concept de Bouddha en Asie. Ce dernier conduisit au concept de l'Absolu Universel, comme le concept de Yahweh conduisit finalement au concept du Père Universel. Il faut comprendre ce fait historique : les Juifs changèrent ainsi leur point de vue sur la Déité depuis le dieu tribal du Mont Horeb jusqu'au Père Créateur aimant et miséricordieux de l'époque ultérieure, mais ne changèrent pas son nom ; tout au long de leur histoire, ils continuèrent à appeler Yahweh ce concept évoluant de la Déité.

96.2  Les Peuples Sémitiques

96:2.1 Les Sémites de l'est étaient des cavaliers bien organisés et bien dirigés qui envahirent les régions orientales du croissant fertile et s'y unirent avec les Babyloniens. Les Chaldéens, près d'Ur, comptaient parmi les Sémites orientaux les plus évolués. Les Phéniciens étaient un groupe supérieur et bien organisé de Sémites de sang mêlé qui occupait le secteur ouest de la Palestine, le long de la côte méditerranéenne. Au point de vue racial, les Sémites figuraient parmi les peuples d'Urantia les plus mélangés ; leur sang contenait des facteurs héréditaires de presque toutes les neuf races du monde.

96:2.2 Maintes et maintes fois, les Sémites arabes pénétrèrent en combattant dans le nord de la Terre Promise, le pays « ruisselant de lait et de miel » , mais ils en furent chaque fois expulsés par les Sémites et Hittites du nord mieux organisés et plus hautement civilisés. Plus tard, au cours d'une famine anormalement grave, ces Bédouins errants entrèrent en grand nombre en Égypte comme ouvriers contractuels pour les travaux publics égyptiens. Ils ne purent qu'y subir l'amère expérience de l'esclavage au dur travail quotidien du commun des ouvriers opprimés de la vallée du Nil.

96:2.3 Ce fut seulement après l'époque de Machiventa Melchizédek et d'Abraham qu'en raison de leurs croyances religieuses particulières, certaines tribus de Sémites furent appelées enfants d'Israël, et plus tard Hébreux, Juif, et « le peuple élu » . Abraham n'était pas le père racial de tous les Hébreux ; il n'était même pas l'ancêtre de tous les Bédouins sémites qui furent détenus captifs en Égypte. Il est vrai que sa descendance, à sa sortie d'Égypte, forma le noyau du peuple juif ultérieur, mais la vaste majorité des hommes et des femmes qui furent incorporés dans les clans d'Israël n'avait jamais séjourné en Égypte. Elle était simplement formée de compagnons nomades qui décidèrent de suivre Moïse comme chef pendant que les enfants d'Abraham et leurs associés sémites d'Égypte traversaient le nord de l'Arabie.

96:2.4 L'enseignement de Melchizédek concernant El Élyon, le Très Haut, et l'alliance de la faveur divine par la foi avaient été largement oubliés à l'époque de l'asservissement par les Égyptiens des peuples sémites, qui devaient bientôt former la nation hébraïque. Mais, pendant toute leur période de captivité, ces nomades arabes conservèrent une vague croyance traditionnelle en Yahweh à titre de déité raciale.

96:2.5 Yahweh fut adoré par plus de cent tribus arabes séparées. Sauf une nuance du concept d'El Élyon de Melchizédek, qui persista chez les classes instruites d'Égypte, y compris les souches mélangées d'Hébreux et d'Égyptiens, la religion de la masse des esclaves captifs hébreux était une version modifiée de l'ancien rituel de magie et de sacrifice de Yahweh.

96.3  L'Incomparable Moïse

96:3.1 Le commencement de l'évolution des concepts et idéaux hébraïques au sujet d'un Créateur Suprême date du départ d'Égypte des Sémites sous la conduite de Moïse, ce grand chef, grand instructeur et grand organisateur. Sa mère appartenait à la famille royale d'Égypte ; son père était un Sémite, officier de liaison entre le gouvernement et les Bédouins captifs. Moïse possédait ainsi des qualités tirées de sources raciales supérieures ; ses ancêtres étaient de sang tellement mêlé qu'il est impossible de le classer dans un groupe racial déterminé. S'il n'avait pas été de ce type mixte, il n'aurait jamais fait montre de la variété de talents et de l'adaptabilité inhabituelles qui lui permirent de diriger la horde diversifiée qui finit par s'associer aux Bédouins sémites fuyant d'Égypte vers le désert d'Arabie sous son commandement.

96:3.2 Malgré les séductions de la culture du royaume du Nil, Moïse résolut de partager le sort du peuple de son père. À l'époque où ce grand organisateur mettait au point ses plans pour libérer en son temps le peuple de son père, les Bédouins captifs n'avaient guère de religion digne de ce nom ; ils étaient pratiquement dépourvus d'un véritable concept de Dieu et sans espoir dans le monde.

96:3.3 Nul chef n'entreprit jamais de réformer et de relever un groupe d'êtres humains plus pitoyables, plus déprimés, plus découragés et plus ignorants. Mais ces esclaves portaient des possibilités latentes de développement dans leurs lignées héréditaires, et Moïse avait entrainé un nombre suffisant de cadres instruits pour constituer un corps d'organisateurs efficaces en prévision du jour de la révolte et du coup de force pour la liberté. Ces hommes supérieurs avaient été employés comme surveillants indigènes de leurs semblables et avaient reçu une certaine éducation grâce à l'influence de Moïse auprès des dirigeants égyptiens.

96:3.4 Moïse s'efforça de négocier diplomatiquement la liberté de ses compagnons sémites. Lui et son frère firent, avec le roi d'Égypte, un pacte par lequel ils obtinrent l'autorisation de quitter paisiblement la vallée du Nil pour le désert d'Arabie. Ils devaient recevoir un modeste payement en argent et en denrées comme gage de leur long service en Égypte. De leur côté, les Hébreux s'engageaient à maintenir des relations amicales avec le Pharaon et à ne faire partie d'aucune alliance contre l'Égypte. Mais, ensuite, le roi estima opportun de répudier ce traité sous prétexte que ses espions avaient découvert de la déloyauté chez les esclaves Bédouins. Il prétendit que ceux-ci cherchaient la liberté en vue de se rendre dans le désert pour organiser les nomades contre l'Égypte.

96:3.5 Mais Moïse ne se découragea pas ; il attendit son heure. Moins d'un an plus tard, alors que les forces militaires égyptiennes étaient entièrement occupées à résister aux assauts simultanés d'une forte poussée libyenne venant du sud et d'une invasion navale grecque dans le nord, cet organisateur intrépide mena ses compatriotes hors d'Égypte au cours d'une fuite nocturne spectaculaire. Cette évasion fut soigneusement préparée et adroitement exécutée. Et l'opération réussit malgré une chaude poursuite par le Pharaon avec une petite troupe d'Égyptiens. Celle-ci fut décimée par la défense des fugitifs et leur abandonna beaucoup de butin, encore accru par le pillage auquel se livrèrent les multitudes d'esclaves fuyant vers leur foyer ancestral du désert.

96.4  La Proclamation de Yahweh

96:4.1 L'évolution et l'élévation de l'enseignement de Moïse ont influencé presque la moitié du monde et continuent encore à l'influencer même au vingtième siècle. Moïse comprenait la philosophie religieuse égyptienne la plus avancée, mais les Bédouins esclaves ne connaissaient presque rien de ces enseignements ; par contre, ils n'avaient jamais entièrement oublié le dieu du mont Horeb que leurs ancêtres avaient appelé Yahweh.

96:4.2 Moïse avait entendu parler des enseignements de Machiventa Melchizédek à la fois par son père et par sa mère ; leur communauté de croyance religieuse expliquait le mariage insolite d'une femme de sang royal et d'un homme d'une race captive. Le beau-père de Moïse était un Kénite adorateur d'El Élyon, mais les parents de l'émancipateur croyaient en El Shaddhaï. Moïse fut donc élevé comme un El-Shaddaïste ; sous l'influence de son beau-père, il devint un El Élyoniste ; et, à l'époque du campement des Hébreux autour du mont Sinaï après l'exode d'Égypte, il avait formulé un nouveau concept élargi de la Déité tiré de toutes ses croyances antérieures. Il décida sagement de le proclamer à son peuple comme un concept amplifié de Yahweh, leur dieu tribal de jadis.

96:4.3 Moïse s'était efforcé d'enseigner l'idée d'El Élyon à ces Bédouins, mais, avant de quitter l'Égypte, il avait acquis la conviction qu'ils ne comprendraient jamais tout à fait cette doctrine. Il s'arrêta donc à un compromis consistant à adopter leur dieu tribal du désert comme le seul et unique dieu de ceux qui l'avaient suivi. Moïse n'enseigna pas spécifiquement que les divers peuples et nations ne devaient pas avoir d'autres dieux, mais il soutint résolument, et spécialement auprès des Hébreux, que Yahweh dominait tous les autres dieux. Mais Moïse fut toujours gêné par la fâcheuse situation d'avoir à présenter à ces esclaves ignorants sa nouvelle idée supérieure de la Déité sous le déguisement de l'ancienne désignation de Yahweh, qui avait toujours été symbolisé par le veau d'or des tribus bédouines.

96:4.4 Le fait que Yahweh était le dieu des Hébreux en fuite explique pourquoi ils s'arrêtèrent si longtemps devant la montagne sainte du Sinaï et pourquoi c'est là qu'ils reçurent les Dix Commandements que Moïse promulgua au nom de Yahweh, le dieu de l'Horeb. Durant ce long séjour devant le Sinaï, le cérémonial religieux du nouveau culte hébreu en évolution fut mieux mis au point.

96:4.5 Il ne semble pas que Moïse ait jamais réussi à établir son cérémonial cultuel quelque peu évolué, ni à retenir intact le groupe de ses fidèles pendant un quart de siècle, sans la violente éruption de l'Horeb qui se produisit durant la troisième semaine de leur séjour d'adoration à sa base. « La montagne de Yahweh était consumée dans le feu, et la fumée montait comme la fumée d'une fournaise, et toute la montagne tremblait grandement. » Au vu de ce cataclysme, il n'est pas surprenant que Moïse ait pu graver, dans la mémoire de ses frères, l'enseignement que leur Dieu était « puissant et terrible, un feu dévorant, redoutable et tout-puissant » .

96:4.6 Moïse proclama que Yahweh était le Seigneur Dieu d'Israël, qui avait sélectionné les Hébreux comme son peuple élu. Bâtissant une nouvelle nation, il nationalisa sagement ses enseignements religieux, disant à ses partisans que Yahweh était un dur maitre d'oeuvre, un « dieu jaloux » . Il chercha néanmoins à élargir leur conception de la divinité en leur enseignant que Yahweh était le « Dieu des esprits de toute chair » et en leur disant : « Le Dieu éternel est ton refuge, et au-dessous de toi sont les bras éternels. » Moïse enseigna que Yahweh était un Dieu respectant son alliance ; qu'il « ne vous abandonnera pas, ne vous détruira pas et n'oubliera pas l'alliance de vos pères, parce que le Seigneur vous aime et n'oubliera pas le serment qu'il a juré à vos pères » .

96:4.7 Moïse fit un effort héroïque pour exalter Yahweh à la dignité d'une Déité suprême lorsqu'il le présenta comme le « Dieu de vérité, sans iniquité, juste et droit dans toutes ses voies » . Cependant, malgré cet enseignement élevé, la compréhension limitée de ses partisans rendit nécessaire de parler de Dieu comme étant à l'image de l'homme, sujet à des crises de colère, de courroux et de sévérité, et même vindicatif et facilement influençable par la conduite des hommes.

96:4.8 Grâce aux enseignements de Moïse, Yahweh, ce dieu tribal de la nature, devint le Seigneur Dieu d'Israël qui suivit les Hébreux dans le désert, et même en exil, où il fut bientôt conçu comme le Dieu de tous les peuples. La captivité ultérieure qui asservit les Juifs à Babylone dégagea définitivement le concept évoluant de Yahweh et lui fit assumer le rôle monothéiste de Dieu de toutes les nations.

96:4.9 Le trait le plus extraordinaire et le plus remarquable de l'histoire religieuse des Hébreux concerne cette évolution continue du concept de la Déité à partir du dieu primitif du mont Horeb. Par les enseignements de leurs dirigeants spirituels successifs, il atteignit le haut degré de développement décrit dans les doctrines divines des deux Isaïe qui proclamèrent le concept magnifique du Père Créateur aimant et miséricordieux.

96.5  Les Enseignements de Moïse

96:5.1 Moïse combinait d'une façon extraordinaire les qualités de chef militaire , d'organisateur social et d'éducateur religieux. À titre individuel, il fut l'instructeur et le chef le plus important dans le monde, entre l'époque de Machiventa et celle de Jésus. Moïse tenta d'introduire en Israël bien des réformes dont il ne reste pas de trace écrite. Dans l'espace d'une seule vie humaine, il fit sortir de l'esclavage et d'un vagabondage non civilisé la horde polyglotte que l'on appelle les Hébreux, tout en posant les fondements de la naissance ultérieure d'une nation et de la perpétuation d'une race.

96:5.2 Il y a fort peu d'archives du grand travail de Moïse, parce que les Hébreux n'avaient pas de langage écrit au moment de l'exode. Les annales de l'époque et des actes de Moïse furent tirées des traditions qui avaient cours plus de mille ans après la mort de ce grand chef.

96:5.3 Un bon nombre des progrès qu'apporta Moïse, en dépassant la religion des Égyptiens et des tribus levantines environnantes, fut dû aux traditions kénites de l'époque de Melchizédek. Sans l'enseignement de Machiventa à Abraham et à ses contemporains, les Hébreux seraient sortis d'Égypte dans une ignorance désespérante. Moïse et son beau-père Jéthro réunirent les vestiges des traditions du temps de Melchizédek, et ces enseignements, joints à la science des Égyptiens, guidèrent Moïse dans la création de la religion et du rituel amélioré des Israélites. Moïse était un organisateur ; il choisit ce qu'il y avait de mieux dans la religion et les moeurs de l'Égypte et de la Palestine, et, associant ces pratiques aux traditions des enseignements de Melchizédek, il organisa le système cérémoniel hébraïque d'adoration.

96:5.4 Moïse croyait à la Providence ; il s'était laissé complètement gagner par les doctrines d'Égypte concernant le contrôle surnaturel du Nil et des autres éléments de la nature. Il avait une grande vision de Dieu, mais il était entièrement sincère quand il enseignait aux Hébreux que, s'ils acceptaient d'obéir à Dieu « il vous aimera, vous bénira et vous multipliera ; il multipliera le fruit de vos ventres et le fruit de vos terres - blé, vin, huile et vos troupeaux. Vous prospérerez au-dessus de tous les peuples, et le Seigneur votre Dieu ôtera de vous toutes maladies et ne vous infligera aucune des plaies malignes d'Égypte » . Moïse dit même : « Rappelez-vous le Seigneur votre Dieu, car c'est lui qui donne le pouvoir d'obtenir la richesse. » « Vous prêterez à gages à beaucoup de nations, mais vous n'emprunterez pas. Vous dominerez sur beaucoup de nations, mais elles ne domineront pas sur vous. »

96:5.5 Mais il était vraiment pitoyable d'observer Moïse, ce grand penseur, essayant d'adapter son sublime concept d'El Élyon, le Très Haut, à la compréhension des Hébreux ignorants et illettrés. À son état-major rassemblé, il disait d'une voix de tonnerre : « Le Seigneur votre Dieu est un seul Dieu ; il n'y en a point en dehors de lui » , tandis qu'à la multitude mêlée, il demandait : « Qui parmi tous les dieux ressemble à votre Dieu ? » Moïse se dressa courageusement et avec un succès partiel contre les fétiches et l'idolâtrie ; il déclara : « Vous n'avez vu nulle figure le jour où Dieu vous parla à Horeb du milieu du feu. » Il interdit également de reproduire des images d'aucune sorte.

96:5.6 Moïse craignait de proclamer la miséricorde de Yahweh ; il préféra inspirer à son peuple la peur de la justice de Dieu en proclamant : « Le Seigneur votre Dieu est le Dieu des Dieux, le Seigneur des Seigneurs, un grand Dieu, un Dieu puissant et terrible qui n'a pas d'égards pour les hommes. » De plus, il cherchait à dominer les clans turbulents quand il déclara « Votre Dieu tue quand vous lui désobéissez ; il guérit et donne la vie quand vous lui obéissez. » Mais Moïse enseigna à ces tribus qu'elles deviendraient le peuple élu de Dieu à la seule condition qu'elles « gardent tous ses commandements et obéissent à tous ses statuts. »

96:5.7 Durant ces premiers temps, on ne parla guère aux Hébreux de la miséricorde de Dieu. Ils entendirent parler de Dieu comme « le Tout-Puissant ; le Seigneur est un guerrier, le Dieu des batailles, au pouvoir glorieux, qui taille en pièces ses ennemis » . « Le Seigneur votre Dieu marche au milieu de votre camp pour vous délivrer » . Les Israélites croyaient que leur Dieu les aimait, mais aussi qu'il avait « endurci le coeur du Pharaon » et « maudit leurs ennemis » .

96:5.8 Bien que Moïse eût présenté aux enfants d'Israël des aperçus fugitifs d'une Déité universelle et bienveillante, leur concept, au jour le jour, de Yahweh était dans l'ensemble celui d'un Dieu à peine meilleur que les dieux tribaux des peuplades environnantes. Leur concept de Dieu était grossier, primitif et anthropomorphique. Lorsque Moïse trépassa, ces tribus bédouines revinrent rapidement aux idées semi-barbares de leurs anciens dieux de l'Horeb et du désert. La vision élargie et plus sublime de Dieu que Moïse présentait de temps en temps à ses cadres subordonnés fut bientôt perdue de vue, tandis que la majorité de la populace revenait à l'adoration de ses veaux d'or symbolisant Yahweh pour les gardiens de troupeaux en Palestine.

96:5.9 Quand Moïse passa le commandement des Hébreux à Josué, il avait déjà réuni des milliers de descendants collatéraux d'Abraham, de Nahor, de Lot et d'autres tribus parentes, et les avait rassemblés à la cravache en une nation de guerriers pastoraux capables de s'entretenir par ses propres moyens et de se gouverner partiellement par elle-même.

96.6  Le Concept de Dieu après la Mort de Moïse

96:6.1 Après la mort de Moïse, son concept sublime de Yahweh dégénéra rapidement ; Josué et les dirigeants d'Israël conservèrent les traditions mosaïques du Dieu infiniment sage, bienveillant et tout-puissant, mais le commun du peuple revint bientôt à l'ancienne idée de Yahweh, qu'il s'était faite dans le désert. Ce retour en arrière du concept de la Déité s'accéléra sous le règne successif des divers cheikhs tribaux dits les Juges.

96:6.2 L'ascendant de l'extraordinaire personnalité de Moïse avait gardé vivante dans le coeur de ses partisans l'inspiration d'un concept de plus en plus vaste de Dieu ; mais, une fois qu'ils atteignirent les terres fertiles de Palestine, ces bergers nomades se transformèrent rapidement en fermiers établis et assez calmes. Cette évolution des pratiques de la vie et ce changement du point de vue religieux exigèrent une transformation plus ou moins complète du caractère qu'ils attribuaient à la nature de leur Dieu Yahweh. À l'époque où l'austère, rudimentaire, exigeant et orageux dieu du désert du Sinaï commença la transmutation qui devait en faire plus tard un Dieu d'amour, de justice et de miséricorde, les Hébreux perdirent presque complètement de vue les sublimes enseignements de Moïse. Ils furent tout près de perdre la conception du monothéisme et leur chance de devenir le peuple qui devait servir de chainon essentiel dans l'évolution spirituelle d'Urantia, le groupe qui conserverait l'enseignement de Melchizédek sur un Dieu unique jusqu'à l'époque de l'incarnation d'un Fils d'effusion de ce Père de tout et de tous.

96:6.3 Josué chercha désespérément à maintenir, dans le mental des hommes des tribus, le concept d'un Yahweh suprême qui faisait proclamer : « Comme j'ai été avec Moïse, ainsi je serai avec vous ; je ne vous ferai pas défaut, et je ne vous abandonnerai pas. » Josué trouva nécessaire de prêcher un évangile sévère à son peuple incrédule, bien trop disposé à croire à son ancienne religion indigène, mais peu désireux de progresser dans une religion de foi et de droiture. La substance imposée par l'enseignement de Josué devint : « Yahweh est un Dieu saint ; il est un Dieu jaloux ; il ne pardonnera ni vos transgressions ni vos péchés. » Le concept le plus élevé de cette époque décrivait Yahweh comme un « Dieu de puissance, de jugement et de justice » .

96:6.4 Mais, même au cours de cet âge de ténèbres, des éducateurs solitaires apparaissaient de temps en temps et proclamaient le concept mosaïque de la divinité : « Vous, enfants pervers, ne pouvez servir le Seigneur, car il est un Dieu saint. » « L'homme mortel sera-t-il plus juste que Dieu ? Un homme sera-t-il plus pur que son Créateur ? » « Pouvez-vous trouver Dieu en le cherchant ? Pouvez-vous découvrir parfaitement le Tout-Puissant ? Voici, Dieu est grand, et nous ne le connaissons pas. Et le Tout-Puissant, nous ne pouvons le découvrir. »

96.7  Les Psaumes et le Livre de Job

96:7.1 Sous la direction de leurs cheikhs et de leurs prêtres, les Hébreux se répandirent en Palestine. Ils s'y replongèrent bientôt dans les croyances ignorantes du désert et se laissèrent corrompre par les pratiques religieuses moins évoluées des Cananéens. Ils devinrent idolâtres et licencieux. Leur idée de la Déité tomba très au-dessous des concepts égyptiens et mésopotamiens de Dieu, qui étaient maintenus par certains groupes salémites survivants et qui sont notés dans quelques Psaumes et dans le Livre dit de Job.

96:7.2 Les Psaumes sont l'oeuvre d'au moins une vingtaine d'auteurs. Beaucoup de ces psaumes furent écrits par des éducateurs d'Égypte et de Mésopotamie. À l'époque où le Levant adorait les dieux de la nature, il restait un assez grand nombre de personnes qui croyaient à la suprématie d'El Élyon, le Très Haut.

96:7.3 Nul assemblage d'écrits religieux n'exprime une richesse de dévotion et d'idées inspirées sur Dieu égale à celle du Livre des Psaumes. En lisant attentivement cette merveilleuse compilation de littérature pieuse, il serait très utile d'étudier la source et la chronologie particulière de chaque hymne de louange et d'adoration, en se rappelant que nul autre recueil d'écrits ne couvre une aussi longue période de temps. Le Livre des Psaumes est le recueil des divers concepts de Dieu entretenu par les croyants de la religion de Salem dans tout le Levant, et il embrasse toute la période allant d'Aménémopé à Isaïe. Dans les psaumes, Dieu est décrit sous toutes les phases de conception, depuis l'idée rudimentaire d'une déité tribale jusqu'à l'idéal largement amplifié des derniers Hébreux, où Yahweh est dépeint comme un chef aimant et un Père miséricordieux.

96:7.4 Vu sous cet angle, le groupe des Psaumes constitue le recueil le plus précieux et le plus utile des sentiments de dévotion que les hommes aient jamais rassemblé avant le vingtième siècle. L'esprit d'adoration de ce recueil d'hymnes transcende celui de tous les autres livres sacrés du monde.

96:7.5 L'image panachée de la Déité présentée dans le Livre de Job fut élaborée par plus de vingt éducateurs religieux de Mésopotamie au cours d'une période de près de trois-cents ans. En lisant le concept sublime de la divinité dans cette compilation de croyances mésopotamiennes, on reconnaît que c'est au voisinage d'Ur en Chaldée que l'idée d'un Dieu réel fut le mieux préservée durant les jours de ténèbres en Palestine.

96:7.6 Les Palestiniens saisissaient souvent la sagesse et la puissance de pénétration universelle de Dieu, mais rarement son amour et sa miséricorde. Le Yahweh de cette époque « envoie de mauvais esprits pour dominer l'âme de ses ennemis » ; il fait prospérer ses propres enfants quand ils obéissent, tandis qu'il maudit tous les autres et leur inflige des désastres. « Il déçoit les projets des astucieux ; il prend les habiles à leurs propres tromperies. »

96:7.7 C'est seulement à Ur qu'une voix s'éleva pour crier la miséricorde de Dieu en disant : « Il priera Dieu et trouvera sa faveur et verra sa face avec joie, car Dieu donnera à l'homme la divine droiture. » Ainsi, c'est d'Ur que fut prêché, en ces termes, le salut, la faveur divine par la foi : « Il fait grâce à qui se repent et dit : délivre-le de tomber dans la fosse, car j'ai trouvé une rançon. Si quelqu'un dit : j'ai péché et perverti ce qui était droit, et cela ne m'a pas profité, Dieu délivrera son âme de tomber dans la fosse, et il verra la lumière. » Jamais, depuis l'époque de Melchizédek, le monde levantin n'avait entendu un aussi vibrant et encourageant message de salut humain que cet extraordinaire enseignement d'Élihu, prophète d'Ur et prêtre des croyants salémites, c'est-à-dire le reste de l'ancienne colonie de Melchizédek en Mésopotamie.

96:7.8 C'est ainsi que le reste des missionnaires de Salem en Mésopotamie maintint la lumière de la vérité durant la période de désorganisation des peuples hébraïques jusqu'à l'apparition du premier de la longue série ininterrompue des instructeurs d'Israël. Concept après concept, ils édifièrent jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus à la réalisation de l'idéal du Père Universel et Père Créateur de tout et de tous, apogée de l'évolution du concept de Yahweh.

96:7.9 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

97. L'Évolution du Concept de Dieu chez les Hébreux

97:0.1 LES chefs spirituels des Hébreux accomplirent ce que personne avant eux n'avait réussi à faire - ils « désanthropomorphisèrent » leur concept de Dieu sans le convertir en une abstraction de la Déité, intelligible aux seuls philosophes. Sous ce concept mûri, même les gens du commun furent capables de considérer Yahweh comme un Père, sinon de l'individu, du moins de la race.

97:0.2 Le concept de la personnalité de Dieu avait été clairement enseigné à Salem à l'époque de Melchizédek, alors qu'il était vague et embrumé au temps de l'exode d'Égypte, et n'évolua que graduellement, de génération en génération, dans le mental hébraïque, en réponse aux enseignements des chefs spirituels. La perception de la personnalité de Yahweh suivit une évolution beaucoup plus continue que celle de bien d'autres attributs de la Déité. Depuis Moïse jusqu'à Malachie, l'idéation de la personnalité de Dieu subit une croissance à peu près ininterrompue dans le mental hébraïque, et, finalement, ce concept fut exalté et glorifié par les enseignements de Jésus sur le Père qui est aux cieux.

97.1  Samuel - Le Premier des Prophètes Hébreux

97:1.1 La pression hostile des peuples environnant la Palestine enseigna bientôt aux cheikhs hébreux qu'ils ne pouvaient espérer survivre sans confédérer leurs organisations tribales en un gouvernement centralisé. Cette centralisation de l'autorité administrative fournit à Samuel une meilleure occasion d'opérer comme instructeur et réformateur.

97:1.2 Samuel était issu d'une longue lignée d'éducateurs de Salem qui avaient persisté à maintenir les vérités de Melchizédek comme une partie de leurs formes de culte. Cet éducateur était un homme viril et résolu. Seule sa grande dévotion, doublée de son extraordinaire détermination, lui permit de résister à l'opposition quasi universelle qu'il rencontra au début de ses efforts pour ramener Israël à l'adoration du Yahweh suprême de l'époque de Moïse. Même alors, il n'obtint qu'un succès partiel : il ne gagna au concept supérieur de Yahweh que la moitié la plus intelligente des Hébreux ; l'autre moitié continua dans l'adoration des dieux tribaux de la contrée et dans les basses conceptions de Yahweh.

97:1.3 Samuel était un type d'homme taillé à la hache, un réformateur pratique capable de sortir un jour avec ses compagnons et de démolir une vingtaine de lieux réservés à Baal. C'est purement par la force de la contrainte qu'il fit accomplir des progrès ; il prêcha peu, il enseigna encore moins, mais il agit. Un jour il se moquait du prêtre de Baal, le lendemain il coupait en morceaux un roi captif. Il croyait avec dévotion au Dieu unique et avait une conception claire de ce Dieu comme créateur du ciel et de la terre : « Les colonnes de la terre appartiennent au Seigneur, et sur elles il a posé le monde. »

97:1.4 Mais la grande contribution que Samuel apporta au développement du concept de la Déité fut son annonce retentissante que Yahweh était invariant, qu'il personnifiait pour toujours la même perfection et la même divinité infaillibles. À cette époque, on croyait que Yahweh était un Dieu d'humeur changeante, ayant des accès de jalousie, regrettant toujours d'avoir fait ceci ou cela. Mais, maintenant, pour la première fois depuis qu'ils étaient sortis d'Égypte, les Hébreux entendirent ces paroles saisissantes : « La Force d'Israël ne ment point et ne se repent point, car il n'est pas un homme pour se repentir. » La stabilité dans les relations avec la Divinité était proclamée. Samuel réitéra l'alliance de Melchizédek avec Abraham et déclara que le Seigneur Dieu d'Israël était la source de toute vérité, de toute permanence et de toute constance. Les Hébreux avaient toujours considéré leur Dieu comme un homme, un surhomme, un esprit élevé d'origine inconnue, mais, maintenant, ils entendaient l'esprit de l'Horeb de jadis exalté comme un Dieu immuable dans sa perfection de créateur. Samuel aidait le concept évoluant de Dieu à s'élever au-dessus de l'état changeant du mental humain et des vicissitudes de l'existence de mortel. Sous l'influence de ses enseignements, le Dieu des Hébreux commençait son ascension, partant d'une idée sur la hiérarchie des dieux tribaux pour aboutir à l'idéal d'un tout-puissant et immuable Créateur et Superviseur de toute la création.

97:1.5 À nouveau il prêcha l'histoire de la sincérité de Dieu et de la confiance que l'on pouvait mettre en lui pour maintenir l'alliance. Samuel dit : « Le Seigneur n'abandonnera point son peuple. » « Il a établi avec nous une alliance éternelle, bien ordonnée à tous égards, et certaine. » Ainsi résonnait, dans toute la Palestine, l'appel au retour à l'adoration du Yahweh suprême. L'énergique éducateur proclamait toujours : « Tu es grand, ô Seigneur Dieu, car il n'est personne de semblable à toi, et il n'y a pas de Dieu en dehors de toi. »

97:1.6 Jusque-là les Hébreux avaient principalement considéré la faveur de Yahweh en termes de prospérité matérielle. La proclamation suivante qu'osa faire Samuel fut un grand choc pour Israël et faillit couter la vie à son auteur : « Le Seigneur enrichit et appauvrit ; il exalte et il abaisse. Il tire les pauvres de la poussière et il élève les mendiants au rang des princes pour leur faire hériter le trône de gloire. » Jamais, depuis Moïse, des promesses aussi encourageantes pour les humbles et les moins fortunés n'avaient été proclamées ; des milliers de désespérés parmi les pauvres commencèrent à espérer qu'ils pourraient améliorer leur statut spirituel.

97:1.7 Mais Samuel ne progressa pas bien loin au-delà du concept d'un dieu tribal. Il proclama un Yahweh créateur de tous les hommes, mais s'intéressant principalement aux Hébreux, son peuple élu. Même alors, comme au temps de Moïse, le concept de Dieu dépeignait une Déité sainte et intègre : « Nul n'est saint comme le Seigneur. Qui peut-on comparer à ce saint Seigneur Dieu ? »

97:1.8 Les années passant, le vieux chef grisonnant progressa dans la compréhension de Dieu, car il déclara : « Le Seigneur est un Dieu de connaissance, et par lui les actions sont pesées. Le Seigneur jugera les confins de la terre, témoignant de la miséricorde aux miséricordieux, et il sera droit aussi avec l'homme droit. » C'est ici que se place l'aurore de la miséricorde, bien qu'elle y soit limitée à ceux qui la pratiquent. Plus tard, Samuel fit encore un pas en avant lorsqu'il exhorta son peuple dans l'adversité : « Remettons-nous maintenant aux mains du Seigneur, car ses miséricordes sont grandes. » « Rien n'empêche le Seigneur de sauver beaucoup ou peu de gens. »

97:1.9 Et ce développement graduel du concept du caractère de Yahweh se poursuivit sous le ministère des successeurs de Samuel. Ils essayèrent de présenter Yahweh comme un Dieu gardant son alliance, mais n'avancèrent pas à la même allure que Samuel ; ils ne réussirent pas à développer l'idée de la miséricorde divine telle que Samuel avait fini par la concevoir. Il se produisit un recul régulier vers la récognition d'autres dieux, malgré l'affirmation que Yahweh était au-dessus de tous. « Le royaume est à toi, ô Seigneur, et tu es exalté comme chef sur tous. »

97:1.10 L'accent de cette époque était mis sur le pouvoir divin ; les prophètes d'alors prêchaient une religion destinée à maintenir le roi sur le trône hébreu : « À toi, Seigneur, appartiennent la grandeur, la puissance, la gloire, la victoire et la majesté. Ta main détient le pouvoir et la puissance, et tu peux agrandir et affermir toutes choses. » Tel était le statut du concept de Dieu à l'époque de Samuel et de ses successeurs immédiats.

97.2  Élie et Élisée

97:2.1 Au dixième siècle avant le Christ, la nation hébraïque se divisa en deux royaumes. Dans ces deux divisions politiques, de nombreux éducateurs de la vérité s'efforcèrent d'endiguer le flot réactionnaire de décadence spirituelle qui s'amorçait et qui continua désastreusement après la guerre de séparation. Mais ces efforts pour faire progresser la religion hébraïque ne portèrent pas de fruit avant qu'Élie, le champion déterminé et sans peur de la droiture, ne commence son enseignement. Élie restaura, dans le royaume du nord, un concept de Dieu comparable à celui qui existait au temps de Samuel. Élie eut peu d'occasions de présenter un concept évolué de Dieu ; il était trop occupé, comme Samuel avant lui, à renverser les autels de Baal et à démolir les idoles des faux dieux. Il effectua ses réformes en affrontant l'opposition d'un monarque idolâtre. Sa tâche fut encore plus gigantesque et difficile que celle à laquelle Samuel avait fait face.

97:2.2 Quand Élie fut appelé à quitter la terre, Élisée, son fidèle compagnon, reprit son oeuvre et maintint la lumière de la vérité vivante en Palestine avec l'aide inappréciable de Michée, un prophète peu connu.

97:2.3 Mais ce ne fut pas une époque de progrès dans le concept de la Déité. Les Hébreux ne s'étaient même pas encore élevés à la hauteur de l'idéal de Moïse. L'époque d'Élie et d'Élisée s'acheva par le retour des meilleures classes d'Hébreux à l'adoration du suprême Yahweh et vit l'idée du Créateur Universel revenir à peu près au point où Samuel l'avait laissée.

97.3  Yahweh et Baal

97:3.1 L'interminable controverse entre les fidèles de Yahweh et les partisans de Baal fut un conflit socioéconomique d'idéologies plutôt qu'un différend de croyances religieuses.

97:3.2 Les habitants de la Palestine avaient des attitudes différentes au sujet de la propriété privée de la terre. Les tribus méridionales ou errantes d'Arabie (les Yahvistes) considéraient la terre comme inaliénable - comme un don de la Déité au clan. Elles estimaient que la terre ne devait être ni vendue ni hypothéquée. « Yahweh a parlé et dit : la terre ne sera pas vendue, car la terre est à moi. »

97:3.3 Les Cananéens du nord (les baalites) plus stables achetaient, vendaient et hypothéquaient leurs terres sans restriction. Le mot Baal signifie propriétaire. Le culte de Baal était fondé sur deux doctrines principales : premièrement, la validité des échanges de biens, des contrats et des alliances - le droit d'acheter et de vendre des terres ; deuxièmement, Baal était censé envoyer la pluie - il était un dieu de la fertilité du sol. Les bonnes récoltes dépendaient de la faveur de Baal. Le culte concernait largement les terres, leur propriété et leur fertilité.

97:3.4 En général, les baalites possédaient des terres, des maisons et des esclaves. Ils étaient les aristocrates propriétaires terriens et vivaient dans les cités. Chaque Baal avait son lieu sacré, sa prêtrise et ses « saintes femmes » , les prostituées rituelles.

97:3.5 De cette divergence fondamentale des points de vue sur les terres naquirent les implacables antagonismes d'attitudes sociales, économiques, morales et religieuses manifestées par les Cananéens et les Hébreux. Cette controverse socioéconomique ne devint pas une affaire nettement religieuse avant l'époque d'Élie. À partir de l'intervention de ce prophète agressif, la lutte se déroula sur un plan plus strictement religieux - Yahweh contre Baal - et se termina par la victoire de Yahweh et la poussée subséquente vers le monothéisme.

97:3.6 Élie fit passer la controverse Yahweh-Baal de l'aspect foncier à l'aspect religieux des idéologies hébraïque et cananéenne. Quand Achab fit assassiner Naboth et sa famille au cours de l'intrigue pour s'emparer de leurs terres, Élie s'attaqua aux anciennes moeurs foncières ; il en fit une question morale et lança sa vigoureuse campagne contre les baalites. Ce fut aussi une lutte des gens de la campagne contre la domination par les citadins. Ce fut principalement sous l'influence d'Élie que Yahweh devint Élohim. Le prophète débuta comme réformateur agraire et termina en exaltant la Déité. Les Baals étaient nombreux et Yahweh était unique le monothéisme triompha du polythéisme.

97.4  Amos et Osée

97:4.1 Une grande étape fut franchie par Amos dans la transition entre le dieu tribal - le dieu qui avait si longtemps été servi au moyen de sacrifices et de cérémonies, le Yahweh des premiers Hébreux - et un Dieu qui punissait le crime et l'immoralité même chez son propre peuple. Amos apparut, venant des collines du sud, pour dénoncer la criminalité, l'ivrognerie, l'oppression et l'immoralité des tribus du nord. Jamais, depuis l'époque de Moïse, des vérités aussi éclatantes n'avaient été proclamées en Palestine.

97:4.2 Amos ne se borna pas simplement à restaurer ou à réformer ; il découvrit aussi de nouveaux concepts de la Déité. Il répéta au sujet de Dieu beaucoup de proclamations déjà faites par ses prédécesseurs, et attaqua courageusement la croyance en un Être Divin autorisant le péché dans son propre peuple dit élu. Pour la première fois depuis l'époque de Melchizédek, les oreilles humaines entendirent dénoncer le double critère de la justice et de la moralité nationales. Pour la première fois dans leur histoire, des Hébreux entendirent de leurs oreilles que leur propre Dieu Yahweh ne tolèrerait pas plus le crime et le péché dans leur vie que dans celle des membres de n'importe quel autre peuple. Amos eut la vision du Dieu sévère et juste de Samuel et d'Élie, mais il vit aussi un Dieu qui ne faisait aucune distinction entre les Hébreux et toute autre nation quand on en venait à punir la malfaisance. C'était une attaque directe contre la doctrine égoïste du « peuple élu » et un bon nombre d'Hébreux de l'époque en furent profondément froissés.

97:4.3 Amos dit : « Cherchez celui qui a formé les montagnes et fait lever le vent, celui qui a formé les Pléiades et Orion, qui change en matin l'ombre de la mort et rend le jour aussi sombre que la nuit. » En dénonçant ses contemporains opportunistes, mi-religieux, et parfois immoraux, il chercha à décrire la justice inexorable d'un Yahweh invariant en disant des malfaisants : « Même s'ils pénètrent jusque dans l'enfer, de là ma main les prendra, et même s'ils montent dans les cieux, de là je les ferai descendre. » « et même s'ils vont en captivité devant leurs ennemis, là je commanderai à l'épée de la justice, et elle les tuera. » Amos effraya encore davantage ses auditeurs en dirigeant vers eux un doigt réprobateur et accusateur et en déclarant au nom de Yahweh : « Sûrement je n'oublierai jamais aucune de vos oeuvres. » « et je passerai au crible la maison d'Israël parmi toutes les nations, comme on secoue le blé dans un tamis. »

97:4.4 Amos proclama que Yahweh était le « Dieu de toutes les nations » et avertit les Israélites que le rituel ne devait pas se substituer à la droiture. Avant que ce courageux éducateur ne fut lapidé à mort, il avait répandu assez de levain de la vérité pour sauver la doctrine du Yahweh suprême ; il avait assuré la continuation de l'évolution de la révélation de Melchizédek.

97:4.5 Osée suivit Amos et sa doctrine d'un Dieu universel de justice en ressuscitant le concept mosaïque d'un Dieu d'amour. Osée prêcha le pardon par repentir, et non par sacrifice. Il proclama un évangile de bienveillance affectueuse et de miséricorde divine en disant : « Je vous fiancerai à moi pour toujours, oui, je vous fiancerai à moi en droiture et en jugement et en bienveillance affectueuse et en miséricorde. Je vous fiancerai même à moi en fidélité. » « Je les aimerai librement, car ma colère s'est détournée. »

97:4.6 Osée continua fidèlement les avertissements moraux d'Amos en disant de Dieu : « Je les châtierai à mon gré. » Mais les Israélites considérèrent, comme une cruauté frisant la trahison, les paroles suivantes qu'il prononça : « Je dirai à ceux qui n'étaient pas mon peuple : vous êtes mon peuple ; et eux diront : tu es notre Dieu. » Il continua à prêcher le repentir et le pardon en disant : « Je guérirai leur récidive. Je les aimerai abondamment, car ma colère s'est détournée. » Osée proclama constamment l'espoir et le pardon. La substance de son message fut toujours : « J'aurai de la miséricorde pour mon peuple. Ils ne connaîtront pas d'autre Dieu que moi, car il n'y a pas d'autre sauveur que moi. »

97:4.7 Amos vivifia la conscience nationale des Hébreux en leur faisant reconnaître que Yahweh ne pardonnerait pas le crime et le péché parmi eux sous prétexte qu'ils étaient censément le peuple élu. En même temps, Osée fit résonner les notes d'ouverture des accords miséricordieux ultérieurs de compassion divine et de bienveillance affectueuse, qui furent si délicieusement chantés par Isaïe et ses compagnons.

97.5  Le Premier Isaïe

97:5.1 Ce fut une époque où certains proclamaient des menaces de punition pour les péchés personnels et les crimes nationaux des clans du nord, tandis que d'autres prédisaient des calamités en châtiment des transgressions du royaume du sud. Ce fut dans le sillage de ce réveil de conscience et de prise de conscience des deux nations hébraïques que le premier Isaïe fit son apparition.

97:5.2 Isaïe continua à prêcher la nature éternelle de Dieu, sa sagesse infinie, la perfection immuable avec laquelle on pouvait compter sur lui. Il représenta le Dieu d'Israël comme disant : « J'ajusterai exactement le jugement et j'alignerai la droiture sur le fil à plomb. » « Le Seigneur vous reposera de vos chagrins, de vos peurs et de la dure servitude où l'homme a été amené à servir. » « Vos oreilles entendront une parole prononcée derrière vous et disant : voici le chemin, marchez-y. » « Voici, Dieu est mon salut ; j'aurai confiance et ne serai pas effrayé, car le Seigneur est ma force et mon chant. » « Venez à moi et raisonnons ensemble, dit le Seigneur : si vos péchés sont comme l'écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; s'ils sont rouges comme le cramoisi, ils seront comme la laine. »

97:5.3 Parlant aux âmes affamées des Hébreux tourmentés par la peur, ce prophète dit : « Lève-toi et resplendis, car ta lumière est venue et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi. » « L'esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a oint pour apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires ; il m'a envoyé pour panser ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer la liberté aux captifs, et l'ouverture de la prison à ceux qui sont enchainés. » « Je me réjouirai grandement dans le Seigneur, mon âme sera joyeuse en mon Dieu, car il m'a revêtu des vêtements du salut et m'a recouvert de sa robe de droiture. » « Dans toutes leurs afflictions, il a été affligé, et l'ange de sa présence les a sauvés. Dans son amour et sa pitié, il les a rachetés. »

97:5.4 Cet Isaïe fut suivi de Michée et d'Abdias, qui confirmèrent et embellirent son évangile satisfaisant l'âme. Ces deux vaillants messagers dénoncèrent audacieusement le rituel pratiqué par les Hébreux sous l'empire des prêtres et attaquèrent avec intrépidité tout le système sacrificiel.

97:5.5 Michée critiqua « les chefs qui jugent pour des présents, les prêtres qui enseignent pour un salaire, et les prophètes qui devinent pour de l'argent. » Il enseigna la venue d'un jour où l'on serait libéré des superstitions et de l'artifice, en disant : « Chaque homme se reposera sous sa propre vigne et nul ne l'effrayera, car chacun vivra selon sa compréhension de Dieu. »

97:5.6 La substance du message de Michée fut toujours : « Viendrai-je devant Dieu avec des offrandes brulées ? Le Seigneur voudra-t-il agréer mille béliers ou dix-mille torrents d'huile ? Donnerai-je mon premier-né pour ma transgression, le fruit de mon corps pour le péché de mon âme ? Il m'a montré, ô homme, ce qui est bon. Et que réclame le Seigneur de ta part sinon que tu agisses avec justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu. » Ce fut en vérité une grande époque ; ce furent vraiment des temps passionnants au cours desquels les mortels entendirent, et certains allèrent même jusqu'à croire, ces messages émancipateurs d'il y a plus de deux-mille-cinq-cents ans. Sans la résistance obstinée des prêtres, ces éducateurs auraient aboli tout le cérémonial sanguinaire du rituel hébreu d'adoration.

97.6  Jérémie l'Intrépide

97:6.1 Plusieurs éducateurs continuèrent à exposer l'évangile d'Isaïe, mais il appartenait à Jérémie de franchir audacieusement l'étape suivante de l'internationalisation de Yahweh, Dieu des Hébreux.

97:6.2 Jérémie déclara avec intrépidité que Yahweh n'était pas du côté des Hébreux dans leurs guerres militaires contre d'autres nations. Il affirma que Yahweh était le Dieu de toute la terre, de toutes les nations et de tous les peuples. L'enseignement de Jérémie fut le crescendo de la marée montante pour internationaliser le Dieu d'Israël. Ce prédicateur intrépide proclama une fois pour toutes que Yahweh était le Dieu de toutes les nations, et qu'il n'existait ni d'Osiris pour les Égyptiens, ni de Bel pour les Babyloniens, ni d'Assur pour les Assyriens, ni de Dagon pour les Philistins. À cette époque et par la suite, la religion des Hébreux participa ainsi à la renaissance du monothéisme dans le monde entier ; enfin, le concept de Yahweh s'était élevé à un niveau de Déité de dignité planétaire et même cosmique. Toutefois, bien des compagnons de Jérémie trouvèrent difficile de concevoir Yahweh indépendamment de la nation hébraïque.

97:6.3 Jérémie fit également des sermons sur le Dieu juste et aimant décrit par Isaïe ; il déclara : « Oui, je vous ai aimés d'un amour éternel ; c'est pourquoi je vous ai attirés avec une bienveillance affectueuse. » « Car il n'afflige pas volontiers les enfants des hommes. »

97:6.4 Ce prophète intrépide a dit encore : « Notre Seigneur est droit, grand dans ses conseils, et puissant dans ses oeuvres. Ses yeux sont ouverts sur toutes les voies de tous les fils des hommes pour donner à chacun selon ses voies et selon le fruit de ses actions. » Mais les paroles suivantes, prononcées durant le siège de Jérusalem, furent considérées comme une trahison blasphématoire : « Et, maintenant, j'ai livré ce pays entre les mains de Nébucadnetsar, roi de Babylone, mon serviteur. » Quand Jérémie conseilla la reddition de la ville, les prêtres et les chefs civils le jetèrent dans la boue d'un sombre cul de basse-fosse.

97.7  Le Second Isaïe

97:7.1 La destruction de leur nation et la captivité des Hébreux en Mésopotamie auraient fait faire de grands progrès à leur théologie en expansion sans l'action déterminée de leurs prêtres. La nation hébraïque avait succombé devant les armées de Babylone, et son Yahweh nationaliste avait souffert des sermons internationalistes des dirigeants spirituels. Ce fut le ressentiment de la perte de leur dieu national qui amena les prêtres à aller aussi loin dans l'invention des fables et de la multiplication d'évènements d'apparence miraculeuse dans l'histoire hébraïque ; ils s'efforcèrent de rétablir les Juifs comme peuple élu même sous l'aspect de l'idée nouvelle et plus vaste d'un Dieu dont l'internationalisation s'étendait à toutes les nations.

97:7.2 Durant leur captivité, les Juifs furent très influencés par les traditions et légendes babyloniennes. Il faut cependant remarquer qu'ils améliorèrent systématiquement le ton moral et la signification spirituelle des histoires chaldéennes qu'ils adoptèrent, bien qu'ils eussent invariablement déformé ces légendes pour en faire rejaillir de l'honneur et de la gloire sur l'ascendance et l'histoire d'Israël.

97:7.3 Les prêtres et les scribes hébreux n'avaient qu'une seule idée en tête, celle de réhabiliter la nation juive, de glorifier les traditions hébraïques et d'exalter leur histoire raciale. Si l'on éprouve du ressentiment devant le fait que ces prêtres ont insufflé leurs idées erronées à une si grande partie du monde occidental, il faut se rappeler qu'ils ne le firent pas intentionnellement. Ils ne prétendaient ni écrire sous une inspiration ni rédiger un livre sacré. Ils préparaient simplement un manuel destiné à ranimer le courage faiblissant de leurs compagnons de captivité. Ils avaient nettement pour but d'améliorer l'esprit national et de relever le moral de leurs compatriotes. Il appartenait à des hommes apparus plus tard de réunir ces écrits, ainsi que certains autres, en un livre-guide dont les enseignements furent supposés infaillibles.

97:7.4 Les prêtres juifs utilisèrent libéralement ces écrits après leur retour de captivité, mais leur influence sur leurs compagnons de captivité fut grandement entravée par la présence d'un jeune et indomptable prophète, Isaïe le second, qui était pleinement converti au Dieu de justice, d'amour, de droiture et de miséricorde d'Isaïe l'ainé. Il croyait aussi, avec Jérémie, que Yahweh était devenu le Dieu de toutes les nations. Il prêcha ces théories sur la nature de Dieu avec un succès tellement marqué qu'il fit autant de convertis parmi les Juifs que parmi ceux qui les avaient déportés. Ce jeune prédicateur laissa par écrit ses enseignements que les prêtres hostiles et implacables cherchèrent à dissocier complètement d'avec lui ; cependant, par pur et simple respect pour leur beauté et leur grandeur, les enseignements du second Isaïe furent incorporés dans les écrits du premier Isaïe. Ils forment maintenant les chapitres 40 à 55 inclus du livre qui porte ce nom.

97:7.5 Depuis Machiventa jusqu'à l'époque de Jésus, nul prophète ou éducateur religieux n'atteignit le haut concept de Dieu que le second Isaïe proclama durant la période de captivité. Pour ce chef spirituel, il ne s'agissait pas d'un Dieu mesquin, anthropomorphe, créé par des hommes : « Voici, il enlève les iles comme des poussières. » « De même que les cieux sont plus élevés que la terre, mes voies sont plus élevées que vos voies, et mes pensées plus hautes que vos pensées. »

97:7.6 Machiventa Melchizédek pouvait enfin voir des éducateurs humains proclamer aux mortels un Dieu véritable. Comme le premier Isaïe, ce chef prêcha un Dieu ayant créé l'univers et continuant à le maintenir. « J'ai créé la terre, et j'ai mis l'homme dessus. Je ne l'ai pas créée en vain, je l'ai formée pour qu'elle soit habitée. » « Je suis le premier et le dernier ; il n'y a point de Dieu en dehors de moi. » Parlant au nom du Seigneur Dieu d'Israël, ce nouveau prophète dit : « Les cieux peuvent disparaître et la terre vieillir, mais ma droiture subsistera toujours et mon salut durera de génération en génération. » « Ne crains point, car je suis avec toi ; n'aies point de crainte, car je suis ton Dieu. » « Il n'y a point de Dieu en dehors de moi - un Dieu juste et un Sauveur. »

97:7.7 Les captifs juifs furent réconfortés, comme des millions et des millions d'autres hommes depuis lors, en entendant des paroles telles que : « Ainsi dit le Seigneur, je t'ai créé, je t'ai racheté, je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi. » « Lorsque tu passeras à travers les eaux, je serai avec toi, car tu es précieux à ma vue. » « Une femme peut-elle oublier son nourrisson et n'avoir pas de compassion pour son fils ? Oui, elle peut oublier, mais, moi, je n'oublierai pas mes enfants, car voici, j'ai gravé leurs noms sur la paume de mes mains, je les ai même couverts de l'ombre de mes mains. » « Que le méchant abandonne ses voies et l'homme inique ses pensées, et qu'ils retournent au Seigneur, car il aura compassion d'eux ; qu'ils reviennent à notre Dieu, car il pardonne abondamment. »

97:7.8 Écoutez de nouveau l'évangile de cette nouvelle révélation du Dieu de Salem : « Il paîtra son troupeau comme un berger ; il recueillera les agneaux dans ses bras et les portera sur son sein. Il donne du pouvoir aux faibles et il accroit la force de ceux qui n'ont pas de puissance. Ceux qui attendent le Seigneur renouvelleront leur vigueur ; ils s'élèveront avec des ailes, tels des aigles ; ils courront et ne seront pas fatigués ; ils marcheront et ne seront pas affaiblis. »

97:7.9 Cet Isaïe mena une vaste propagande évangélique en faveur du concept élargi d'un Yahweh suprême. Il rivalisa avec Moïse par l'éloquence avec laquelle il décrivit le Seigneur Dieu d'Israël comme le Créateur Universel. Il fut poétique dans sa description des attributs infinis du Père Universel. Aucune déclaration plus belle concernant le Père céleste n'a jamais été formulée. Au même titre que les Psaumes, les écrits d'Isaïe comptent parmi les présentations les plus sublimes et les plus véridiques du concept spirituel de Dieu qui aient jamais atteint les oreilles des mortels avant l'arrivée de Micaël sur Urantia. Écoutez son portrait de la Déité : « Je suis le haut et le sublime qui habite l'éternité. » « Je suis le premier et le dernier, et il n'y a pas d'autre Dieu en dehors de moi. » « Et la main du Seigneur n'est pas si courte qu'il ne puisse sauver, ni son oreille bouchée pour l'empêcher d'entendre. » Ce fut une nouvelle doctrine pour les populations juives que d'entendre ce prophète bénin, mais plein d'autorité, persister dans sa prédication sur la constance divine, la fidélité de Dieu. Il déclara que « Dieu n'oublierait pas et n'abandonnerait pas. »

97:7.10 Cet audacieux éducateur proclama que l'homme avait une relation étroite avec Dieu. « J'ai créé pour ma gloire chacun de ceux qui s'appellent de mon nom, et ils proclameront ma louange. C'est moi, oui moi, qui efface leurs transgressions par égard pour moi-même, et je ne me souviendrai pas de leurs péchés. »

97:7.11 Écoutez ce grand Hébreu démolir le concept d'un Dieu national, tandis qu'en gloire il proclame la divinité du Père Universel dont il dit : « Les cieux sont mon trône, et la terre est mon marchepied. » Et le Dieu d'Isaïe n'en était pas moins saint, juste, majestueux et insondable. Le concept du coléreux, vindicatif et jaloux Yahweh des Bédouins du désert a presque disparu. Un nouveau concept du Yahweh suprême et universel est apparu dans le mental des mortels pour ne jamais plus être perdu de vue par l'humanité. La réalisation de la divine justice avait commencé la destruction de la magie primitive et de la peur biologique. L'homme est enfin introduit dans un univers de loi et d'ordre, et présenté à un Dieu universel qui possède des attributs fiables et finals.

97:7.12 Et ce prédicateur d'un Dieu céleste, ne cessa jamais de proclamer ce Dieu d'amour. « J'habite le haut lieu élevé et saint, et aussi avec celui dont l'esprit est contrit et humble. » Ce grand éducateur adressa encore à ses contemporains de nouvelles paroles d'encouragements : « Et le Seigneur te guidera continuellement et satisfera ton âme. Tu seras comme un jardin arrosé, comme une source où l'eau ne manque pas. Si l'ennemi vient sur toi comme une inondation, l'esprit du Seigneur élèvera une défense contre lui. » Une fois de plus, l'évangile de Melchizédek, destructeur de la peur, et la religion de Salem, engendrant la confiance, brillent pour la bénédiction de l'humanité.

97:7.13 Le clairvoyant et courageux Isaïe éclipsa efficacement le Yahweh nationaliste par son portrait sublime de la majesté et de l'omnipotence universelle du suprême Yahweh, Dieu d'amour, souverain de l'univers et Père affectueux de toute l'humanité. Depuis ces jours mémorables, le concept supérieur de Dieu en Occident a toujours englobé la justice universelle, la miséricorde divine et la droiture éternelle. Dans un langage superbe et avec une grâce incomparable, ce grand instructeur décrivit le Créateur tout-puissant comme le Père aimant tout le monde.

97:7.14 Ce prophète du temps de la captivité prêcha à ses compatriotes et à des étrangers de bien des nations qui l'écoutaient au bord du fleuve à Babylone. Et ce second Isaïe contribua beaucoup à neutraliser les nombreuses conceptions fausses et racialement égoïstes de la mission du Messie promis, mais il ne réussit pas entièrement dans ses efforts. Si les prêtres ne s'étaient pas adonnés à bâtir un nationalisme mal conçu, les enseignements des deux Isaïe auraient préparé la voie à la récognition et à la réception du Messie attendu.

97.8  Histoire Sainte et Histoire Profane

97:8.1 L'habitude de considérer le récit des expériences des Hébreux comme l'histoire sainte, et les opérations du reste du monde comme l'histoire profane est responsable d'une grande partie de la confusion qui existe dans le mental humain au sujet de l'interprétation de l'histoire. Cette difficulté s'élève parce qu'il n'existe pas d'histoire laïque des Juifs. Durant l'exil à Babylone, les prêtres commencèrent par préparer leur nouveau récit des rapports, supposés miraculeux, de Dieu avec les Hébreux - l'histoire sainte d'Israël telle qu'elle est relatée dans l'Ancien Testament. Ensuite, ils détruisirent soigneusement et complètement les archives existantes des affaires hébraïques - les livres tels que « Les Actes des Rois d'Israël » et « Les Actes des Rois de Juda » , ainsi que divers documents plus ou moins exacts de l'histoire des Hébreux.

97:8.2 Pour comprendre à quel point la pression accablante et la contrainte irrésistible de l'histoire laïque terrorisaient les Juifs captifs et gouvernés par des étrangers, au point qu'ils tentèrent de récrire et de refondre complètement leur histoire, il est bon de passer brièvement en revue le compte rendu de leur troublante expérience nationale. Il faut se rappeler que les Juifs ne réussirent pas à dégager une philosophie adéquate et non théologique de la vie. Ils luttèrent avec leur conception originelle et égyptienne de récompenses divines pour la droiture et de sévères punitions pour le péché. La dramatique histoire de Job fut quelque peu une protestation contre cette philosophie erronée. Le franc pessimisme de l'Écclésiaste fut une sage réaction terrestre contre ces croyances trop optimistes en la Providence.

97:8.3 Mais cinq-cents ans de suzeraineté par des chefs étrangers dépassaient la mesure, même pour les Juifs patients et endurants. Les prophètes et les prêtres commencèrent à crier : « Jusques à quand, Seigneur, jusques à quand ? » Quand un Juif honnête sondait les Écritures, la confusion de ses pensées s'aggravait encore. Un ancien voyant avait promis que Dieu protègerait et délivrerait son « Peuple élu » . Amos avait formulé la menace que Dieu abandonnerait Israël si ce peuple ne rétablissait pas ses critères de droiture nationale. Le scribe du Deutéronome avait décrit le Grand Choix - entre le bien et le mal, entre la bénédiction et la malédiction. Le premier Isaïe avait prêché un bienfaisant roi-libérateur. Jérémie avait proclamé une ère de droiture intérieure - l'alliance écrite sur les tablettes du coeur. Le second Isaïe avait parlé du salut par le sacrifice et la rédemption. Ézéchiel avait proclamé la délivrance par le service dévoué, et Ezra avait promis la prospérité par adhésion à la loi. Mais, malgré tout cela, les Juifs se trainaient dans la servitude, et leur délivrance était différée. Daniel présenta alors le drame de la « crise » imminente - le bris de la grande statue et l'établissement immédiat du règne perpétuel de la droiture, le royaume messianique.

97:8.4 Tous ces faux espoirs amenèrent les Juifs à un tel degré de déception et de frustration raciale que leurs chefs se troublèrent au point de ne pas reconnaître et de ne pas accepter la mission et le ministère d'un divin Fils du Paradis lorsqu'il vint bientôt vers eux dans la similitude de la chair mortelle - incarné en tant que Fils de l'Homme.

97:8.5 Toutes les religions modernes ont commis de sérieuses bévues en essayant d'interpréter miraculeusement certaines époques de l'histoire humaine. S'il est vrai que Dieu a maintes fois tendu une main paternelle en intervenant providentiellement dans la marche des affaires humaines, il est faux de considérer des dogmes théologiques et des superstitions religieuses comme une sédimentation surnaturelle apparaissant par une action miraculeuse dans la marche de l'histoire humaine. Le fait que les « Très Hauts gouvernent dans les royaumes des hommes » ne convertit pas l'histoire laïque en une histoire prétendue sainte.

97:8.6 Des auteurs du Nouveau Testament et des écrivains chrétiens ultérieurs compliquèrent encore la déformation de l'histoire hébraïque par leurs tentatives bien intentionnées pour présenter les prophètes juifs comme transcendants. L'histoire hébraïque fut ainsi exploitée désastreusement par des écrivains tant juifs que chrétiens. L'histoire laïque des Hébreux a été complètement dogmatisée. Elle a été convertie en une fiction d'histoire sainte et elle est devenue inextricablement liée aux conceptions morales et aux enseignements religieux des nations dites chrétiennes.

97:8.7 Un bref exposé des points saillants de l'histoire hébraïque illustrera comment les faits contenus dans les archives furent déformés à Babylone par les prêtres juifs, au point de transformer l'histoire laïque quotidienne de leur peuple en une histoire fictive et sainte.

97.9  L'Histoire des Hébreux

97:9.1 Il n'y eut jamais douze tribus d'Israélites - seulement trois ou quatre tribus s'établirent en Palestine. La nation hébraïque prit corps par suite de l'union des soi-disant Israélites et des Cananéens. « Et les enfants d'Israël habitèrent parmi les Cananéens. Et ils prirent leurs filles pour femmes et donnèrent leurs filles aux fils des Cananéens. » Les Hébreux ne chassèrent jamais les Cananéens de Palestine, en dépit des chroniques établies à ce sujet par les prêtres qui affirmèrent, sans hésiter, cette expulsion.

97:9.2 La conscience israélienne prit origine dans la contrée montagneuse d'Éphraïm ; la conscience juive ultérieure naquit dans le clan méridional de Juda. Les Juifs (les Judaïtes) cherchèrent toujours à diffamer et à noircir l'histoire des Israélites du nord (les Éphraïmites).

97:9.3 La prétentieuse histoire des Hébreux commence avec Saül ralliant les clans du nord pour résister à une attaque des Ammonites contre les hommes d'une tribu semblable - les Giléadites - à l'est du Jourdain. Avec une armée d'un peu plus de trois-mille hommes, il vainquit l'ennemi, et ce fut cet exploit qui amena les tribus des collines à en faire leur roi. Lorsque les prêtres exilés récrivirent cette histoire, ils élevèrent à 330.000 le nombre des soldats de Saül et ajoutèrent « Juda » à la liste des tribus ayant participé à la bataille.

97:9.4 Immédiatement après la défaite des Ammonites, Saül devint roi par une élection populaire de ses troupes. Nul prêtre ou prophète ne participa à cette affaire. Mais les prêtres inscrivirent plus tard, dans les chroniques, que Saül avait été couronné roi par le prophète Samuel conformément à des ordres divins. Ils agirent ainsi afin d'établir une « ligne divine de descendance » pour la royauté judaïte de David.

97:9.5 Parmi les altérations de l'histoire juive, la plus grande concerne David. Après la victoire de Saül sur les Ammonites (victoire qu'il attribua à Yahweh), les Philistins s'alarmèrent et commencèrent à attaquer les clans du nord, David et Saül ne purent jamais s'entendre. David, avec six-cents hommes, conclut une alliance avec les Philistins et remonta la côte jusqu'à Esdraélon. À Gath, les Philistins ordonnèrent à David de quitter le champ de bataille. Ils craignaient qu'il ne se rallie à Saül. David se retira ; les Philistins attaquèrent et battirent Saül. Ils n'y seraient jamais parvenus si David avait été fidèle à Israël. L'armée de David était un assemblage polyglotte de mécontents, composé en majeure partie d'inadaptés sociaux et de délinquants fuyant la justice.

97:9.6 La défaite tragique de Saül à Gilboa par les Philistins déprécia beaucoup le statut de Yahweh parmi les dieux aux yeux des Cananéens du voisinage. Ordinairement, la défaite de Saül aurait été attribuée à une apostasie envers Yahweh, mais, cette fois-ci, les éditeurs judaïtes l'attribuèrent à des erreurs de rituel. Ils avaient besoin de la tradition de Saül et de Samuel comme arrière-plan pour le règne de David.

97:9.7 David, avec sa petite armée, établit son quartier général à Hébron, ville non hébraïque. Ses compatriotes ne tardèrent pas à le proclamer roi du nouveau royaume de Juda. Juda était principalement composé d'éléments non hébreux - Kénites, Calébites, Jébusites, et autres Cananéens. Ils étaient des nomades - des pâtres - donc partisans de l'idée hébraïque sur la propriété de la terre. Ils étaient attachés aux idéologies des clans du désert.

97:9.8 La différence entre l'histoire sainte et l'histoire profane est bien illustrée par les deux récits différents concernant le couronnement de David comme roi, tels qu'on les trouve dans l'Ancien Testament. Une partie de l'histoire profane sur la manière dont ses partisans immédiats (son armée) le nommèrent roi fut laissée, par inadvertance, dans les archives par les prêtres qui préparèrent ultérieurement la longue et prosaïque version de l'histoire sainte. Celle-ci décrit comment, par gouverne divine, le prophète Samuel choisit David parmi ses compagnons et procéda ensuite officiellement par des cérémonies compliquées et solennelles, à son onction comme roi des Hébreux, puis à sa proclamation comme successeur de Saül.

97:9.9 C'est ainsi que bien des fois, après avoir préparé leurs récits fictifs des interventions miraculeuses de Dieu auprès d'Israël, les prêtres omirent de détruire complètement les données claires et positives déjà incluses dans les annales.

97:9.10 David chercha à se créer une situation politique en épousant d'abord la fille de Saül, puis la veuve de Nabal, le riche Édomite, et ensuite la fille de Talmaï, roi de Guéshur. Il prit six épouses parmi les femmes de Jébus, sans compter Bethsabée, la femme du Hittite.

97:9.11 Et ce fut par ces méthodes et avec ces personnages que David élabora la fiction d'un divin royaume de Juda, succédant à l'héritage et aux traditions du royaume du nord formé par l'Israël d'Éphraïm, alors en voie de disparition. La tribu cosmopolite de David, de Juda, se composait de plus de Gentils que de Juifs ; les ainés d'Éphraïm, bien qu'opprimés, descendirent cependant de leurs montagnes et « l'oignirent roi d'Israël » . Après une menace militaire, David fit un pacte avec les Jébusites et installa la capitale du royaume uni à Jébus (Jérusalem), qui était une ville bien fortifiée à mi-chemin entre Juda et Israël. Les Philistins en furent irrités et ne tardèrent pas à attaquer David. Après une farouche bataille, ils furent vaincus, et Yahweh fut établi une fois de plus en tant que « Le Seigneur Dieu des Armées » .

97:9.12 Mais il fallait à tout prix que Yahweh partageât une partie de sa gloire avec les dieux cananéens, car le gros de l'armée de David n'était pas hébreu. C'est pourquoi l'on voit apparaître dans vos Écritures une indication révélatrice à laquelle les éditeurs judaïtes ne prêtèrent pas attention : « Yahweh a fait une brèche au milieu de mes ennemis devant moi ; c'est pourquoi il appela le nom de ce lieu Baal Péraçim. » Cela eut lieu parce que quatre-vingt pour cent des soldats de David étaient des baalites.

97:9.13 David expliqua la défaite de Saül à Gilboa en faisant remarquer que Saül avait attaqué une ville cananéenne, Gibéon, dont la population avait un traité de paix avec les Éphraïmites. C'est pourquoi Dieu l'avait abandonné. Même du temps de Saül, David avait défendu la ville cananéenne de Keilah contre les Philistins, puis choisi pour capitale une ville cananéenne. Fidèle à sa politique de compromis avec les Cananéens, David remit sept descendants de Saül aux Gibéonites pour être pendus.

97:9.14 Après la défaite des Philistins, David prit possession de « l'arche de Yahweh » , l'amena à Jérusalem, et rendit officiel le culte de Yahweh dans son royaume. Il imposa ensuite un lourd tribut aux peuplades environnantes - les Édomites, les Moabites, les Ammonites et les Syriens.

97:9.15 L'organisation politique corrompue du parti de David commença à prendre personnellement possession de terres dans le nord en violation des moeurs hébraïques, et s'empara bientôt des taxes sur les caravanes précédemment perçues par les Philistins. Vint ensuite une série d'atrocités culminant dans le meurtre d'Urie. Tous les appels judiciaires étaient jugés à Jérusalem ; « les anciens » ne pouvaient plus rendre justice. Rien d'étonnant à ce que la rébellion éclata. Aujourd'hui, on qualifierait Absalon de démagogue ; sa mère était une Cananéenne. Il y avait une demi-douzaine de prétendants au trône en dehors de Salomon, le fils de Bethsabée.

97:9.16 Après la mort de David, Salomon expurgea l'organisation politique de toute influence nordique, mais n'abandonna rien de la tyrannie et de la taxation du régime de son père. Salomon ruina la nation par les prodigalités de sa cour et par son programme compliqué de constructions comprenant la maison du Liban, le palais de la fille du pharaon, le temple de Yahweh, le palais du roi et la restauration des murs de nombreuses cités. Salomon créa une imposante marine hébraïque, fonctionnant avec des marins syriens et commerçant avec le monde entier. Il avait près de mille femmes dans son harem.

97:9.17 À cette époque, le temple de Yahweh à Silo tomba en discrédit, et tout le culte de la nation fut concentré à Jébus, dans la fastueuse chapelle royale. Le royaume du nord retourna davantage vers l'adoration d'Élohim. Il bénéficiait de la faveur des pharaons qui asservirent ultérieurement Juda en soumettant le royaume du sud au tribut.

97:9.18 Il y eut des hauts et des bas - des guerres entre Israël et Juda. Après quatre années de guerre civile et trois dynasties, Israël tomba sous la coupe de despotes citadins qui commencèrent à faire commerce des terres. Même le roi Omri essaya d'acquérir le domaine de Shémer. Mais la fin approcha rapidement lorsque Salmanasar III décida de contrôler la côte méditerranéenne. Achab, roi d'Éphraïm, rassembla dix autres groupes et résista à Karkar ; la bataille resta indécise. L'avance de l'Assyrien fut arrêtée, mais les alliés furent décimés. Cette grande bataille n'est même pas mentionnée dans l'Ancien Testament.

97:9.19 De nouvelles difficultés apparurent quand le roi Achab essaya d'acheter les terres à Naboth. Sa femme phénicienne imita la signature d'Achab sur les documents ordonnant la confiscation de la terre de Naboth accusé d'avoir blasphémé les noms « d'Élohim et du roi. » Naboth et ses fils furent rapidement mis à mort. L'énergique Élie apparut sur la scène accusant Achab du meurtre des Naboth. C'est ainsi qu'Élie, l'un des plus grands prophètes, commença son enseignement comme défenseur des anciennes moeurs concernant les terres, en opposition avec le comportement des Baalim vendeurs de terres et avec la tentative des villes pour dominer le pays. Mais la réforme n'aboutit pas avant le moment où le grand propriétaire terrien, Jéhu, joignit ses forces à celle du roitelet nomade Jonadab pour détruire les prophètes (agents immobiliers) de Baal à Samarie.

97:9.20 Un regain de vie apparut lorsque Joas et son fils Jéroboam délivrèrent Israël de ses ennemis. Mais, à cette époque, la Samarie était gouvernée par une féodalité de brigands dont les déprédations rivalisaient avec celles de l'ancienne dynastie de David. L'État et l'Église coopéraient étroitement. Leurs tentatives pour supprimer la liberté de parole conduisirent Élie, Amos et Osée à écrire en secret, et ce fut le véritable commencement des Bibles juive et chrétienne.

97:9.21 Mais le royaume du nord ne fut pas effacé de l'histoire avant le moment où le roi d'Israël conspira avec le roi d'Égypte et refusa de continuer à payer tribut à l'Assyrie. Alors commença un siège de trois ans suivi par la dispersion totale du royaume du nord. Éphraïm (Israël) disparut ainsi. Juda - les Juifs, le « reste d'Israël » - avait commencé à concentrer les terres entre les mains d'un petit nombre, « accumulant maison après maison et champ après champ » , comme disait Isaïe. Il y eut bientôt, à Jérusalem, un temple de Baal à côté du temple de Yahweh. Ce règne de la terreur se termina par une révolte monothéiste conduite par le tout jeune roi Joas qui fit ensuite croisade pendant trente-cinq ans en faveur de Yahweh.

97:9.22 Amatsia, le roi suivant, eut des difficultés avec les contribuables édomites en révolte et avec leurs voisins. Après une victoire éclatante, il se mit à attaquer ses voisins du nord et subit une défaite tout aussi retentissante. Ensuite, les gens des campagnes se révoltèrent ; ils assassinèrent le roi et mirent sur le trône son fils de seize ans, Azaria, appelé Uzza par Isaïe. Après Uzza, les choses allèrent de mal en pis, et Juda vécut pendant cent ans en payant tribut aux rois d'Assyrie. Le premier Isaïe leur dit que Jérusalem, étant la ville de Yahweh, ne tomberait jamais, mais Jérémie n'hésita pas à proclamer sa chute.

97:9.23 La véritable ruine de Juda fut amenée par une bande de riches politiciens corrompus, sous le gouvernement du roi-enfant Manassé. L'économie changeante favorisa le retour à l'adoration de Baal, dont les opérations immobilières privées sur les terres étaient contraires à l'idéologie de Yahweh. La chute de l'Assyrie et l'ascendant de l'Égypte amenèrent, pour un temps, la délivrance de Juda, et les gens de la campagne prirent le pouvoir. Sous Josias, ils détruisirent la bande de politiciens corrompus de Jérusalem.

97:9.24 Mais cette ère prit fin tragiquement lorsque Josias prétendit sortir pour intercepter la puissante armée de Nécho qui remontait la côte en venant d'Égypte pour aider l'Assyrie contre Babylone. Josias fut balayé, et Juda dut payer tribut à l'Égypte. Le parti politique de Baal revint au pouvoir à Jérusalem, et c'est alors que commença la véritable servitude égyptienne. Vint ensuite une période au cours de laquelle les politiciens de Baal contrôlèrent à la fois les tribunaux et la prêtrise. Le culte de Baal était un système économique et social concernant les droits de propriété ainsi que la fertilité du sol.

97:9.25 Lorsque Nébucadnetsar renversa Nécho, Juda tomba sous la suzeraineté de Babylone et reçut dix ans de grâce, mais ne tarda pas à se révolter. Nébucadnetsar l'attaqua. Les Judaïtes inaugurèrent alors des réformes sociales, telles que l'affranchissement des esclaves, pour influencer Yahweh. L'armée babylonienne se retira temporairement, et les Hébreux se réjouirent de ce que la vertu magique de leur réforme les eût délivrés. Ce fut durant cette période que Jérémie leur annonça le sort fatal qui les attendait, et bientôt Nébucadnetsar revint.

97:9.26 Et ainsi la fin de Juda survint soudainement. La cité fut détruite et le peuple emmené à Babylone. La lutte Yahweh-Baal se termina par la captivité, et le choc de la captivité amena le reste d'Israël au monothéisme.

97:9.27 À Babylone, les Juifs arrivèrent à la conclusion qu'ils ne pouvaient subsister en Palestine en tant que petit groupe ayant ses propres coutumes économiques et sociales, et que, si leurs idéologies devaient prévaloir, il leur fallait convertir les Gentils. C'est ainsi que prit naissance leur nouveau concept de la destinée - l'idée que les Juifs devaient devenir les serviteurs élus de Yahweh. La religion juive de l'Ancien Testament évolua réellement à Babylone durant la captivité.

97:9.28 La doctrine de l'immortalité prit également forme à Babylone. Les Juifs avaient cru que l'idée de la vie future détournait l'attention de leur évangile de justice sociale. Maintenant, pour la première fois, la théologie remplaçait la sociologie et l'économie. La religion prenait corps en tant que système de pensée humaine et de conduite de plus en plus séparé de la politique, de la sociologie et de l'économie.

97:9.29 C'est ainsi que la vérité au sujet du peuple juif révèle que bien des évènements, considérés comme appartenant à l'histoire sainte, ne représentent guère plus que la chronique de l'histoire profane ordinaire. Le judaïsme fut le terrain dans lequel grandit le christianisme, mais les Juifs ne furent pas un peuple miraculeux.

97.10  La Religion Hébraïque

97:10.1 Leurs chefs avaient enseigné aux Israélites qu'ils étaient un peuple élu, non à cause d'une complaisance spéciale et d'un monopole de faveur divine, mais à cause de leur mission particulière d'apporter à toutes les nations la vérité d'un Dieu unique et suprême. Ils avaient promis aux Juifs que, s'ils accomplissaient cette destinée, ils deviendraient les dirigeants spirituels de tous les peuples, et que le Messie attendu règnerait sur eux et sur le monde entier comme Prince de la Paix.

97:10.2 Quand les Juifs eurent été libérés par les Perses, ils ne revinrent en Palestine que pour retomber sous la servitude de leurs propres prêtres, avec leur code de lois, de sacrifices et de rituels. De même que les clans hébreux rejetèrent la merveilleuse histoire de Dieu présentée dans le discours d'adieu de Moïse en faveur des rites de sacrifice et de pénitence, de même ces restes de la nation hébraïque rejetèrent le magnifique concept du second Isaïe en faveur des lois, des règles et des rites de leur prêtrise en développement.

97:10.3 L'égotisme national, la fausse confiance en un Messie promis et mal compris ainsi que la servitude et la tyrannie croissante de la prêtrise, réduisirent définitivement au silence les voix des dirigeants spirituels (sauf Daniel, Ézéchiel, Aggée et Malachie). Depuis cette époque jusqu'à celle de Jean le Baptiste, tout Israël subit une régression spirituelle constante. Toutefois, les Juifs ne perdirent jamais le concept du Père Universel ; même jusqu'au vingtième siècle après le Christ, ils maintinrent cette conception de la Déité.

97:10.4 Depuis Moïse jusqu'à Jean le Baptiste s'étend une lignée ininterrompue d'éducateurs fidèles qui transmirent, de génération en génération, le flambeau de la lumière monothéiste, tandis qu'ils réprimandaient sans cesse les chefs sans scrupules, dénonçaient les prêtres faisant commerce et exhortaient toujours les populations à se rallier à l'adoration du suprême Yahweh, le Seigneur Dieu d'Israël.

97:10.5 En tant que nation, les Juifs finirent par perdre leur identité politique, mais la religion hébraïque de croyance sincère en un Dieu unique et universel continue à vivre dans le coeur des exilés dispersés. Cette religion survit parce qu'elle a efficacement fonctionné pour conserver les plus hautes valeurs de ses partisans. La religion juive a bien réussi à préserver les idéaux d'un peuple, mais non à entretenir le progrès et à encourager la découverte philosophique créative dans les domaines de la vérité. La religion juive avait beaucoup de défauts - elle était déficiente en philosophie et à peu près dépourvue de qualités esthétiques - mais elle conserva les valeurs morales, et c'est pourquoi elle subsista. Comparé avec d'autres concepts de la Déité, le suprême Yahweh était bien clair, vivant, personnel et moral.

97:10.6 Les Juifs aimaient la justice, la sagesse, la vérité et la droiture comme peu de peuples l'ont fait, mais ils ont moins contribué que tous les autres peuples à la compréhension intellectuelle et spirituelle de ces qualités divines. Bien que la théologie hébraïque ait refusé de s'élargir, elle a joué un rôle important dans le développement de deux autres religions mondiales, le christianisme et le mahométisme.

97:10.7 La religion juive persista aussi à cause de ses institutions. Il est difficile à une religion de survivre en tant que pratique personnelle d'individus isolés. Les chefs religieux ont toujours commis l'erreur suivante : apercevant les maux de la religion institutionnelle, ils cherchent à détruire la technique de fonctionnement collectif. Au lieu de détruire tout le rituel, ils feraient mieux de le réformer. Sous ce rapport, Ézéchiel fut plus sage que ses contemporains. Il se joignit à eux pour insister sur la responsabilité morale personnelle, mais il entreprit aussi d'établir l'observance fidèle d'un rituel supérieur et purifié.

97:10.8 C'est ainsi que les éducateurs successifs d'Israël effectuèrent dans l'évolution religieuse le plus grand accomplissement qui ait eu lieu sur Urantia : la transformation graduelle, mais continue, du concept barbare du sauvage démon Yahweh, le jaloux et cruel dieu-esprit du fulminant volcan du Sinaï, en un concept ultérieur, exalté et céleste, du Yahweh suprême, créateur de toutes choses et Père aimant et miséricordieux de toute l'humanité. Ce concept hébraïque de Dieu fut l'évocation humaine la plus élevée du Père Universel jusqu'au moment où il fut encore élargi et amplifié avec un charme extrême par les enseignements personnels et l'exemple de la vie de son Fils, Micaël de Nébadon.

97:10.9 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

98. Les Enseignements de Melchizédek en Occident

98:0.1 LES enseignements de Melchizédek pénétrèrent en Europe par un grand nombre de voies, mais principalement par l'Égypte. Ils furent incorporés dans la philosophie occidentale après avoir été complètement hellénisés et plus tard christianisés. Les idéaux du monde occidental étaient essentiellement socratiques. Sa philosophie religieuse ultérieure devint celle de Jésus, avec les modifications et les compromis résultant du contact avec la philosophie et la religion occidentales en évolution. L'ensemble culmina dans l'Église chrétienne.

98:0.2 En Europe, les missionnaires de Salem poursuivirent longtemps leurs activités et furent graduellement absorbés par les nombreux groupes cultuels et rituels qui surgissaient périodiquement. Il faut mentionner les cyniques parmi ceux qui maintinrent les enseignements de Salem dans leur forme la plus pure. Ces prédicateurs de la foi et de la confiance en dieu s'activaient encore dans l'Europe romaine au premier siècle après le Christ. Ils furent ultérieurement incorporés dans la religion chrétienne en formation.

98:0.3 Une grande part de la doctrine de Salem fut répandue en Europe par les soldats mercenaires juifs qui prirent part à tant de luttes militaires en Occident. Dans les temps anciens, les Juifs étaient réputés autant pour leur valeur militaire que pour leurs particularités théologiques.

98:0.4 Les doctrines fondamentales de la philosophie grecque, de la théologie juive et de la morale chrétienne furent essentiellement des répercussions des enseignements de Melchizédek.

98.1  La Religion de Salem parmi les Grecs

98:1.1 Les missionnaires de Salem auraient pu édifier une grande structure religieuse parmi les Grecs s'ils n'avaient pas interprété strictement leur serment d'ordination selon les engagements imposés par Machiventa, qui interdisait d'organiser des congrégations exclusives pour le culte, et arraché à chaque éducateur la promesse de ne jamais exercer la fonction de prêtre ni de recevoir, pour un service religieux, aucune autre rémunération que de la nourriture, des vêtements et un toit. Quand les éducateurs Melchizédeks pénétrèrent dans la Grèce préhellénique, ils y trouvèrent un peuple qui entretenait encore les traditions d'Adamson et du temps des Andites, mais ces enseignements avaient été fortement adultérés par les notions et croyances des hordes d'esclaves inférieurs qui avaient été amenés en quantités croissantes sur les rivages grecs. Cette adultération produisit un retour vers un animisme grossier, avec des rites sanglants où les classes inférieures allaient jusqu'à transformer en cérémonies les exécutions de criminels condamnés.

98:1.2 L'influence initiale des éducateurs de Salem fut presque détruite par l'invasion dite aryenne venant de l'Europe méridionale et de l'Orient. Ces envahisseurs helléniques apportèrent avec eux des concepts anthropomorphiques de dieu, semblables à ceux que leurs compagnons aryens avaient introduits aux Indes. Cette importation inaugura l'évolution de la famille grecque de dieux et de déesses. Cette nouvelle religion était basée en partie sur les cultes des envahisseurs hellènes barbares, mais incorporait aussi des mythes des anciens habitants de la Grèce.

98:1.3 Les Grecs hellènes trouvèrent le monde méditerranéen largement dominé par le culte de la mère, et ils imposèrent à ces peuples leur dieu-homme, Diaus-Zeus qui, tel Yahweh parmi les Sémites hénothéistes, était déjà devenu le chef de tout le panthéon grec de dieux subordonnés. Les Grecs auraient fini par aboutir à un vrai monothéisme dans le concept de Zeus s'ils n'avaient pas retenu le supercontrôle du Destin. Un Dieu de valeur finale doit être lui-même l'arbitre du destin et le créateur de la destinée.

98:1.4 Comme conséquence de ces facteurs dans l'évolution religieuse, la croyance populaire aux dieux insouciants du mont Olympe se développa bientôt. C'étaient des dieux plus humains que divins, et les Grecs intelligents ne les prirent jamais très au sérieux. Ils n'aimaient ni ne craignaient beaucoup ces dieux qu'ils avaient eux-mêmes créés. Ils éprouvaient un sentiment patriotique et racial pour Zeus et sa famille de demi-hommes et de demi-dieux, mais ne les révéraient et ne les adoraient guère.

98:1.5 Les Hellènes devinrent si imbus des doctrines anticléricales des éducateurs primitifs de Salem que nulle prêtrise d'importance n'apparut jamais en Grèce. Même la confection d'idoles pour les dieux devint plus une oeuvre artistique qu'une affaire de culte.

98:1.6 Les dieux olympiens illustrent l'anthropomorphisme typique des hommes. Mais la mythologie grecque était plus esthétique qu'éthique. La religion grecque rendit service en décrivant un univers gouverné par un groupe de déités, mais bientôt la morale, l'éthique et la philosophie grecques s'avancèrent bien au delà du concept théiste. Ce déséquilibre entre le développement intellectuel et le progrès spirituel fut aussi dangereux pour la Grèce qu'il l'avait été pour l'Inde.

98.2  La Pensée Philosophique Grecque

98:2.1 Une religion superficielle et prise à la légère ne peut durer, surtout quand elle n'a pas de prêtrise pour entretenir ses formes et pour remplir de craintes et de respect le coeur de ses fidèles. La religion olympienne ne promettait pas de salut et n'étanchait pas la soif spirituelle de ses croyants ; elle était donc condamnée à périr. Moins d'un millénaire après ses débuts, elle avait presque disparu, et les Grecs se trouvèrent sans religion nationale, les dieux de l'Olympe ayant perdu leur emprise sur les meilleurs penseurs.

98:2.2 Telle était la situation lorsqu'au sixième siècle avant l'ère chrétienne, une renaissance de la conscience spirituelle et un réveil de la récognition du monothéisme se produisirent en Orient et au Levant. Mais l'Occident ne participa pas à ce nouveau développement ; ni l'Europe ni l'Afrique du nord ne prirent une grande part à cette renaissance religieuse. Quant aux Grecs, ils s'engagèrent dans un magnifique progrès intellectuel. Ils avaient commencé à dominer la peur et ne recherchaient plus la religion comme antidote, mais ils ne percevaient pas que la vraie religion rassasie l'âme et guérit l'inquiétude spirituelle et le désespoir moral. Ils cherchèrent à consoler les âmes par la pensée profonde - la philosophie et la métaphysique. Ils se détournèrent de la contemplation de la préservation de soi - le salut - et se tournèrent vers la réalisation de soi et la connaissance de soi.

98:2.3 Par la rigueur de la pensée, les Grecs essayèrent d'atteindre une conscience de la sécurité qui leur servirait de substitut à la croyance en la survie, mais ils échouèrent complètement. Seuls les individus les plus intelligents des classes supérieures des peuples hellènes pouvaient saisir ce nouvel enseignement. La masse des descendants des esclaves des générations précédentes n'avait aucune capacité à recevoir ce nouveau substitut de la religion.

98:2.4 Les philosophes dédaignèrent toutes les formes de culte et, pourtant, ils restaient pratiquement tous vaguement attachés à un arrière-plan de croyance aux doctrines de Salem sur « l'Intelligence de l'univers » , « l'idée de Dieu » et « La Grande Source » . Dans la mesure où les philosophes grecs reconnaissaient le divin et le suprafini, ils étaient franchement monothéistes et n'avaient guère de reconnaissance envers toute l'assemblée de dieux et de déesses de l'Olympe.

98:2.5 Les poètes grecs des sixième et cinquième siècles avant J.-C., et notamment Pindare, tentèrent de réformer la religion grecque. Ils élevèrent ses idéaux, mais ils furent plutôt des artistes que des personnes religieuses ; ils ne réussirent pas à établir une technique pour développer et conserver des valeurs suprêmes.

98:2.6 Xénophane enseigna la doctrine d'un Dieu unique, mais son concept de déité était trop panthéiste pour représenter aux hommes mortels un Père personnel. Anaxagore était un mécaniste, sauf en ce qu'il reconnaissait une Cause Première, un Mental Initial. Socrate et ses successeurs, Platon et Aristote, enseignèrent que la vertu est la connaissance, que la bonté est la santé de l'âme, qu'il vaut mieux souffrir d'une injustice que d'en être coupable, qu'il est mauvais de rendre le mal pour le mal et que les dieux sont sages et bons. Leurs vertus cardinales étaient la sagesse, le courage, la tempérance et la justice.

98:2.7 L'évolution de la philosophie religieuse chez les peuples hellènes et les Hébreux fournit, par contraste, un exemple de la fonction de l'Église comme institution pour modeler le progrès culturel. En Palestine, la pensée humaine était tellement contrôlée par les prêtres et dirigée par les Écritures que la philosophie et l'esthétique étaient entièrement englouties dans la religion et la moralité. En Grèce, l'absence presque complète de prêtres et d' « Écritures saintes » laissa le mental humain libre et sans entraves, de sorte que la profondeur de pensée se développa d'une manière surprenante ; mais la religion, en tant qu'expérience personnelle, ne réussit pas à suivre les sondages intellectuels dans la nature et la réalité du cosmos.

98:2.8 En Grèce, la croyance était subordonnée à la pensée. En Palestine, la pensée était maintenue asservie à la croyance. La force du christianisme est due, en grande, partie à ce qu'il a fait de larges emprunts à la moralité hébraïque aussi bien qu'à la pensée grecque.

98:2.9 En Palestine, le dogmatisme religieux se cristallisa au point de compromettre tout développement ultérieur. En Grèce, la pensée humaine devint si abstraite que le concept de Dieu se résolut en un brouillard vaporeux de spéculations panthéistes se rapprochant fort de l'Infinité impersonnelle des philosophes brahmaniques.

98:2.10 Mais les hommes ordinaires de ces temps ne pouvaient saisir la philosophie grecque de la réalisation de soi et d'une déité abstraite. Ils ne s'y intéressaient d'ailleurs pas beaucoup et recherchaient plutôt des promesses de salut doublées d'un Dieu personnel susceptible d'écouter leurs prières. Ils exilèrent les philosophes et persécutèrent les derniers fidèles du culte de Salem, les deux doctrines s'étant alors beaucoup mélangées. Ils se préparèrent à la terrible plongée orgiaque dans les folies du culte des mystères, qui envahissait alors les contrées méditerranéennes. Les mystères d'Éleusis grandirent à l'intérieur du panthéon olympien en tant que version grecque du culte de la fécondité. Le culte dionisien de la nature fleurit également. Le culte du meilleur aloi était la fraternité orphique, dont les sermons moraux et les promesses de salut présentaient un grand attrait pour nombre de personnes.

98:2.11 Toute la Grèce se lança dans ces nouvelles méthodes pour atteindre le salut par ce cérémonial émotionnel et ardent. Nulle nation n'avait jamais atteint, en aussi peu de temps, de pareilles hauteurs de philosophie artistique ni créé, pratiquement sans Déité et sans la moindre promesse de salut humain, un système moral aussi avancé. Nulle nation ne plongea aussi rapidement, profondément et violemment dans un abime de stagnation intellectuelle, de dépravation morale et de carence spirituelle que ces mêmes peuples grecs quand ils se lancèrent dans le tourbillon insensé du culte des mystères.

98:2.12 Des religions ont duré longtemps sans support philosophique, mais peu de philosophies, en tant que telles, se sont perpétuées longtemps sans quelque identification avec la religion. La philosophie est à la religion ce que la conception est à l'action. Mais l'état humain idéal est celui où la philosophie, la religion et la science sont soudées en une unité pleine de sens par l'action conjointe de la sagesse, de la foi et de l'expérience.

98.3  Les Enseignements de Melchizédek à Rome

98:3.1 Partant des formes primitives d'adoration des dieux de la famille, la religion ultérieure des Latins devint une vénération de tribu pour Mars, le dieu de la guerre. Il était donc naturel qu'elle ressemblât davantage à une observance politique que les systèmes intellectuels des Grecs et des Brahmanes ou que les religions plus spiritualistes de divers autres peuples.

98:3.2 Au cours de la grande renaissance monothéiste de l'évangile de Melchizédek pendant le sixième siècle avant le Christ, les missionnaires de Salem furent trop peu nombreux à pénétrer en Italie. Ceux qui y allèrent furent incapables de vaincre l'influence de la prêtrise étrusque en expansion rapide, avec ses nouvelles multitudes de dieux et de temples qui furent tous incorporés dans la religion d'État romaine. Cette religion des tribus latines n'était ni futile et vénale comme celles des Grecs, ni austère et tyrannique comme celle des Hébreux. Elle consistait en majeure partie à observer simplement des formes, des voeux et des tabous.

98:3.3 La religion romaine fut grandement influencée par de larges importations culturelles de Grèce. Finalement, la plupart des dieux olympiens furent transplantés et incorporés dans le panthéon latin. Les Grecs adorèrent longtemps le feu de l'âtre familial - Hestia était la déesse vierge de l'âtre. Vesta était la déesse romaine du foyer. Zeus devint Jupiter, Aphrodite devint Vénus, et ainsi de suite pour les nombreuses déités de l'Olympe.

98:3.4 L'initiation religieuse des jeunes Romains était l'occasion de leur consécration solennelle au service de l'État. Les serments et les admissions à la citoyenneté étaient en réalité des cérémonies religieuses. Les peuples latins entretenaient des temples, des autels et des sanctuaires ; et, en cas de crise, ils consultaient les oracles. Ils conservaient les ossements des héros, et en firent autant, plus tard, pour ceux des saints chrétiens.

98:3.5 Cette forme officielle et froide de patriotisme pseudoreligieux était condamnée à disparaître, comme l'adoration hautement intellectuelle et artistique des Grecs s'était effondrée devant l'adoration fervente et profondément émotive des cultes des mystères. Le plus grand de ces cultes dévastateurs était la religion du mystère de la secte de la Mère de Dieu, qui avait alors son siège à l'endroit exact de l'actuelle église Saint-Pierre de Rome.

98:3.6 L'État romain émergent fut politiquement conquérant, mais fut à son tour conquis par les cultes, rituels, mystères et les concepts de dieu de l'Égypte, de la Grèce et du Levant. Ces cultes importés continuèrent à fleurir dans tout l'empire romain jusqu'à l'époque d'Auguste. Pour des raisons purement politiques et civiles, ce dernier fit un effort héroïque et partiellement couronné de succès pour détruire les mystères et ranimer l'ancienne religion politique.

98:3.7 Un prêtre de la religion d'État exposa à Auguste les tentatives antérieures des éducateurs de Salem pour répandre la doctrine d'un Dieu unique, d'une Déité finale dominant tous les êtres surnaturels. Cette idée s'implanta si fermement chez l'empereur qu'il construisit de nombreux temples, les garnit abondamment de belles statues, réorganisa la prêtrise d'État, rétablit la religion d'État, se nomma lui-même aux fonctions de grand-prêtre et, en tant qu'empereur, n'hésita pas à se proclamer lui-même dieu suprême.

98:3.8 Cette nouvelle religion du culte d'Auguste prospéra et fut observée dans tout l'empire durant sa vie, sauf en Palestine, foyer des Juifs. Cette époque des dieux romains se prolongea jusqu'à ce que le culte officiel romain eût un tableau de plus de quarante déités humaines s'étant élevées elles-mêmes à cette dignité, et prétendant toutes à des naissances miraculeuses et à d'autres attributs surhumains.

98:3.9 Le groupe des croyants de Salem allait s'amenuisant ; un sérieux groupement de prédicateurs, les cyniques, offrit un dernier sursaut de résistance. Ils exhortèrent les Romains à abandonner leurs rites religieux sauvages et insensés, et à revenir à une forme de culte incorporant l'évangile de Melchizédek, tel qu'il avait été modifié et altéré par contact avec la philosophie des Grecs. Mais, dans son ensemble, le peuple rejeta les cyniques et préféra se plonger dans les rituels des mystères, qui non seulement lui offrait l'espoir du salut personnel, mais encore satisfaisait son désir de diversion, d'excitation et de distraction.

98.4  Les Cultes des Mystères

98:4.1 Ayant perdu leurs religions primitives de famille et d'état, et ne se trouvant ni capables ni désireux de saisir le sens de la philosophie grecque, les habitants du monde gréco-romain tournèrent en majorité leur attention vers les cultes spectaculaires et émotionnels des mystères d'Égypte et du Levant. Les gens du peuple recherchaient ardemment des promesses de salut - une consolation religieuse pour aujourd'hui et des assurances d'un espoir d'immortalité pour après la mort.

98:4.2 Les trois cultes des mystères qui devinrent les plus populaires furent les suivants :

98:4.3 1. Le culte phrygien de Cybèle et de son fils Attis.

98:4.4 2. Le culte égyptien d'Osiris et de sa mère Isis.

98:4.5 3. Le culte iranien d'adoration de Mithra comme sauveur et rédempteur de l'humanité pécheresse.

98:4.6 Les mystères phrygiens et égyptiens enseignaient que le fils divin (respectivement Attis et Osiris) avait passé par la mort et avait été ressuscité par le pouvoir divin, et qu'en outre tous ceux qui avaient été convenablement initiés au mystère, et célébraient respectueusement les anniversaires de la mort et de la résurrection du dieu, participaient, de ce fait, de sa nature divine et de son immortalité.

98:4.7 Les cérémonies phrygiennes étaient imposantes mais dégradantes. Leurs fêtes sanglantes montrent à quel point les mystères levantins étaient devenus dégradés et primitifs. Le jour le plus saint était le Vendredi Noir, « jour du sang » , commémorant la mort volontaire d'Attis. Après les trois jours où l'on célébrait le sacrifice et la mort d'Attis, la fête tournait en liesse en l'honneur de sa résurrection.

98:4.8 Les rites du culte d'Isis et d'Osiris étaient plus raffinés et plus impressionnants que ceux du culte phrygien. Ce rituel égyptien était bâti autour de la légende de l'ancien dieu du Nil, un dieu qui mourut et fut ressuscité. Ce concept dérivait de l'observation que la croissance des plantes s'arrête selon un rythme annuel récurrent, suivi de la régénération de tous les végétaux vivants au printemps. La frénésie dans la célébration de ces cultes des mystères et les orgies de leurs cérémonies, qui étaient censées aboutir à « l'enthousiasme » de la réalisation de la divinité, étaient parfois des plus révoltantes.

98.5  Le Culte de Mithra

98:5.1 Les mystères phrygiens et égyptiens finirent par s'effacer devant le plus grand culte des mystères, l'adoration de Mithra. Le culte mithriaque attirait un large éventail de tempéraments humains et supplanta graduellement ses deux prédécesseurs. Le mithracisme se répandit dans l'empire romain par la propagande des légions romaines recrutées au Levant, où cette religion était en vogue, car les soldats apportaient cette croyance partout où ils allaient. Ce nouveau rituel religieux fut un grand progrès sur les cultes antérieurs des mystères.

98:5.2 Le culte de Mithra naquit en Iran et subsista longtemps dans son pays d'origine, malgré l'opposition militante des disciples de Zoroastre. Mais, à l'époque où le mithracisme atteignit Rome, il avait été grandement amélioré par l'assimilation de nombreux enseignements de Zoroastre. Ce fut principalement au travers du culte mithriaque que la religion de Zoroastre exerça une influence sur le christianisme apparu plus tard.

98:5.3 Le culte mithriaque décrivait un dieu militant prenant naissance dans un grand rocher, se lançant dans de vaillants exploits et faisant jaillir de l'eau d'un rocher frappé par ses flèches. Il y avait un déluge duquel un seul homme échappait dans un bateau spécialement construit, et un dernier souper que Mithra célébrait avec le dieu-soleil avant de s'élever au ciel. Ce dieu-soleil, Sol Invictus, était une dégénération d'Ahura-Mazda, le concept de déité du zoroastrisme. Mithra était conçu comme le champion survivant du dieu-soleil dans sa lutte avec le dieu des ténèbres. En reconnaissance d'avoir tué le taureau mythique sacré, Mithra fut rendu immortel et élevé au poste d'intercesseur pour la race humaine parmi les dieux du ciel.

98:5.4 Les adhérents de ce culte le pratiquaient dans des grottes et autres lieux secrets où ils chantaient des hymnes, marmottaient des paroles magiques, mangeaient la chair des animaux sacrifiés et buvaient leur sang. Ils adoraient trois fois par jour, avec des cérémonies hebdomadaires spéciales le jour du dieu-soleil et la célébration la plus minutieuse de toutes avait lieu lors de la fête annuelle de Mithra, le 25 décembre. La croyance était que le partage du sacrement assurait la vie éternelle, le passage immédiat, après la mort, dans le sein de Mithra, pour y demeurer dans la félicité jusqu'au jour du jugement ; ce jour-là, les clefs mithriaques du ciel ouvriraient les portes du Paradis pour y recevoir les fidèles, après quoi tous les non baptisés parmi les vivants et les morts seraient anéantis lors du retour de Mithra sur terre. On enseignait qu'après sa mort, un homme allait devant Mithra pour être jugé, et qu'à la fin du monde, Mithra ferait sortir tous les morts de leur tombe pour le jugement dernier. Les méchants seraient détruits par le feu, et les bons régneraient avec Mithra pour toujours.

98:5.5 Au début, c'était uniquement une religion pour les hommes ; les croyants pouvaient être initiés successivement dans sept ordres différents. Plus tard, les épouses et les filles des croyants furent admises aux temples de la Grande Mère qui étaient contigus aux temples mithriaques. Le culte féminin était un mélange du rituel mithriaque et des cérémonies du culte phrygien de Cybèle, mère d'Attis.

98.6  Mithracisme et Christianisme

98:6.1 Avant l'apparition des cultes des mystères et du christianisme dans les pays civilisés d'Afrique du nord et d'Europe, la religion personnelle ne s'y était guère développée comme institution indépendante ; elle était plutôt une affaire de famille, de cité-État, de politique et d'empire. Les Grecs hellènes n'instituèrent jamais un système de culte centralisé ; le rituel était local ; ils n'avaient ni prêtrise ni « livre sacré » . Comme chez les Romains, leurs institutions religieuses manquaient d'un puissant agent moteur pour préserver les valeurs morales et spirituelles supérieures. Il est exact que, si l'on fait de la religion une institution, on porte généralement atteinte à sa qualité spirituelle, mais il faut bien constater aussi le fait que nulle religion n'a jusqu'ici réussi à survivre sans l'aide d'une organisation institutionnelle plus ou moins poussée.

98:6.2 La religion de l'Occident a donc langui jusqu'aux jours des sceptiques, des cyniques, des épicuriens et des stoïciens, mais plus important encore jusqu'à l'époque de la grande controverse entre le mithracisme et la nouvelle religion chrétienne de Paul.

98:6.3 Au cours du troisième siècle après le Christ, les Églises mithriaques et chrétiennes se ressemblèrent beaucoup quant à l'aspect extérieur et au caractère de leur rituel. Leurs lieux de culte étaient en majorité souterrains et contenaient, dans les deux cas, des autels dont les arrière-plans dépeignaient diversement les souffrances du sauveur qui avait apporté le salut à une race humaine maudite par le péché.

98:6.4 En entrant au temple, les adorateurs mithriaques avaient toujours eu l'habitude de tremper leurs droits dans de l'eau bénite. Et, comme il y avait dans certains districts des personnes qui, à un moment donné, appartenaient aux deux religions, ils apportèrent cette coutume dans la majorité des Églises chrétiennes voisines de Rome. Les deux religions employaient le baptême et partageaient le sacrement du pain et du vin. En dehors du caractère de Mithra et de Jésus, la seule grande différence entre les religions mithriaque et chrétienne était que la première encourageait le militarisme, tandis que la seconde était ultrapacifique. Sa tolérance envers les autres religions (sauf le christianisme plus récent) conduisit le mithracisme à sa perte finale, mais le facteur décisif de la lutte entre les deux fut l'admission des femmes comme membres à part entière de la communauté de la foi chrétienne.

98:6.5 La foi chrétienne de nom finit par dominer l'Occident. La philosophie grecque fournit les concepts des valeurs éthiques, le mithracisme apporta les rites d'observance du culte, et le christianisme comme tel donna la technique pour conserver les valeurs morales et sociales.

98.7  La Religion Chrétienne

98:7.1 Ce n'est pas pour réconcilier un Dieu courroucé qu'un Fils Créateur s'est incarné dans la similitude d'une chair mortelle et effusé sur l'humanité d'Urantia ; c'est plutôt pour gagner tous les hommes à la reconnaissance de l'amour du Père et à la réalisation de leur filiation avec Dieu. Après tout, même le grand avocat de la doctrine de l'expiation a quelque peu compris cette vérité, car il a proclamé que « Dieu, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui-même. »

98:7.2 Le présent fascicule ne cherche pas à analyser l'origine et la propagation de la religion chrétienne. Il suffit de dire qu'elle est bâtie autour de la personne de Jésus de Nazareth, le Fils Micaël de Nébadon humainement incarné, connu sur Urantia comme le Christ, l'oint du Seigneur. Le christianisme fut répandu dans tout le Levant et l'Occident par les disciples de ce Galiléen. Leur zèle missionnaire égalait celui de leurs illustres prédécesseurs, les Séthites et les Salémites, aussi bien que celui de leurs sincères contemporains asiatiques, les éducateurs bouddhistes.

98:7.3 En tant que système de croyance urantien, la religion chrétienne a grandi par l'amalgamation des enseignements, influences, croyances, cultes et attitudes individuelles suivantes :

98:7.4 1. Les enseignements de Melchizédek, facteur fondamental dans toutes les religions d'Orient et d'Occident qui ont pris corps depuis quatre-mille ans.

98:7.5 2. Le système hébraïque de moralité, d'éthique, de théologie et de croyance simultanées en la Providence et en Yahweh le suprême.

98:7.6 3. La conception zoroastrienne de lutte entre le bien cosmique et le mal cosmique, conception qui avait déjà laissé son empreinte sur le judaïsme et le mithracisme. À travers un contact prolongé accompagnant les luttes entre mithracisme et christianisme, les doctrines du prophète iranien devinrent un facteur puissant dans la mise en forme et la structure théologique et philosophique des dogmes, des doctrines et de la cosmologie des versions hellénisées et latinisées des enseignements de Jésus.

98:7.7 4. Les cultes des mystères, spécialement le mithracisme, mais aussi l'adoration de la Grande Mère dans le culte phrygien. Même les légendes au sujet de la naissance de Jésus sur Urantia furent viciées par la version romaine de la naissance miraculeuse du sauveur-héros iranien Mithra, dont la venue sur terre était censée n'avoir eu pour témoins qu'un petit groupe de bergers porteurs de présents, qui avaient été informés de l'évènement imminent par des anges.

98:7.8 5. Le fait historique de la vie humaine de Joshua ben Joseph, la réalité de Jésus de Nazareth en tant que Christ glorifié, le Fils de Dieu.

98:7.9 6. Le point de vue personnel de Paul de Tarse. Et il faut noter que le mithracisme était la religion dominante à Tarse pendant son adolescence. Paul ne songeait guère que ses lettres bien intentionnées à ses convertis seraient plus tard considérées par des chrétiens comme la « parole de Dieu » . Des éducateurs de bonne volonté comme lui ne doivent pas être tenus pour responsables de l'usage que des successeurs venus bien plus tard auront fait de leurs écrits.

98:7.10 7. La pensée philosophique des Hellénistes depuis Alexandrie et Antioche, en passant par la Grèce, jusqu'à Syracuse et Rome. La philosophie des Grecs était plus en harmonie avec la version paulinienne du christianisme qu'avec aucun autre système religieux courant. Elle devint un facteur important du succès du christianisme en Occident. La philosophie grecque, doublée de la théologie de Paul, forme encore la base de l'éthique européenne.

98:7.11 À mesure que les enseignements originels de Jésus pénétrèrent l'Occident, ils furent occidentalisés et, à mesure qu'ils furent occidentalisés, ils commencèrent à perdre leur potentiel d'attrait universel pour toutes les races et toutes les sortes d'hommes. Aujourd'hui, le christianisme est devenu une religion bien adaptée aux moeurs sociales, économiques et politiques des races blanches. Il a cessé, depuis longtemps, d'être la religion de Jésus, bien qu'il dépeigne toujours vaillament une belle religion à propos de Jésus aux personnes qui cherchent sincèrement à suivre la voie de son enseignement. Le christianisme a glorifié Jésus en tant que Christ, l'oint messianique de Dieu, mais il a grandement oublié l'évangile personnel du Maitre : la Paternité de Dieu et la fraternité universelle de tous les hommes.

98:7.12 Telle est la longue histoire des enseignements de Machiventa Melchizédek sur Urantia. Il y a bientôt quatre-mille ans que ce Fils de Nébadon fut envoyé d'urgence sur Urantia et s'y effusa. Au cours de ces millénaires, les enseignements du « prêtre d'El Élyon, le Très Haut Dieu » ont pénétré chez toutes les races et tous les peuples. Machiventa avait atteint le but de son effusion exceptionnelle. Il avait réussi à rendre le concept de Dieu présent dans le coeur des hommes et des femmes au moment où Micaël se prépara à apparaître sur Urantia. Ce même concept jette toujours de nouvelles flammes dans l'expérience spirituelle vivante des multiples enfants du Père Universel, pendant qu'ils vivent leur mystérieuse vie temporelle sur les planètes tourbillonnantes de l'espace.

98:7.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

99. Les Problèmes Sociaux de la Religion

99:0.1 C'EST quand la religion a le moins de liens avec les institutions laïques de la société qu'elle apporte son maximum de ministère social. Dans les âges passés, les réformes sociales étaient surtout confinées au domaine moral ; la religion n'était donc pas obligée d'ajuster son attitude à d'importants changements dans les systèmes économiques et politiques. Le principal problème de la religion était de tenter de remplacer le mal par le bien à l'intérieur de l'ordre social ou de la culture économique et politique de l'époque. La religion a donc indirectement tendu à perpétuer l'ordre établi de la société, à encourager le maintien du type de civilisation existant.

99:0.2 Mais la religion ne devrait s'occuper directement ni de créer de nouveaux ordres sociaux, ni de préserver les anciens. La vraie religion s'oppose en fait à la violence comme technique d'évolution sociale, mais ne s'oppose pas aux efforts intelligents de la société pour adapter ses usages et ajuster ses institutions à des conditions économiques et à des exigences culturelles nouvelles.

99:0.3 La religion approuva incidemment les réformes sociales des siècles passés, mais, au vingtième siècle, elle est nécessairement mise en demeure de s'ajuster à une reconstruction sociale étendue et continue. Les conditions de vie changent si rapidement qu'il faut grandement accélérer les modifications institutionnelles. Il faut donc que la religion se hâte de s'adapter à l'ordre social nouveau et toujours mouvant.

99.1  La Religion et la Reconstruction Sociale

99:1.1 Les inventions mécaniques et la dissémination des connaissances sont en train de modifier la civilisation. Certains ajustements économiques et changements sociaux s'imposent si l'on veut éviter un désastre culturel. Ce nouvel ordre social qui approche ne s'installera pas paisiblement pour un millénaire. Il faut que la race humaine s'adapte à une série de modifications, d'ajustements et de rajustements. L'humanité est en marche vers une nouvelle destinée planétaire non révélée.

99:1.2 Il faut que la religion exerce une forte influence en faveur de la stabilité morale et du progrès spirituel ; il faut qu'elle fonctionne dynamiquement au milieu de conditions toujours changeantes et d'ajustements économiques sans fin.

99:1.3 La société d'Urantia ne peut jamais espérer se stabiliser comme dans les âges passés. Le navire social est sorti des havres abrités de la tradition établie ; il a commencé sa croisière sur les hautes mers de la destinée évolutionnaire. Plus que jamais dans l'histoire du monde, l'âme de l'homme a besoin de scruter soigneusement ses cartes de moralité et d'observer minutieusement la boussole de la gouverne religieuse. La suprême mission de la religion, en tant qu'influence sociale, consiste à stabiliser les idéaux de l'humanité durant ces dangereuses périodes de transition d'une phase de civilisation à une autre, d'un niveau de culture à un autre.

99:1.4 La religion n'a pas de nouveaux devoirs à accomplir, mais elle est instamment sollicitée d'agir comme guide avisé et conseiller expérimenté dans toutes les nouvelles situations humaines qui changent si rapidement. La société devient plus mécanique, plus compacte, plus complexe et plus dangereusement interdépendante. La religion doit se manifester pour empêcher ces étroites associations nouvelles de se faire mutuellement rétrograder ou même de s'entre-détruire. Il faut que la religion agisse comme le sel cosmique empêchant les ferments du progrès d'annihiler la saveur culturelle de la civilisation. C'est seulement par le ministère de la religion que les nouvelles relations sociales et les bouleversements économiques peuvent aboutir à une fraternité durable.

99:1.5 Humainement parlant, un humanitarisme sans dieu est un noble geste, mais la vraie religion est la seule puissance susceptible d'accroitre de manière permanente la sensibilité d'un groupe social aux besoins et aux souffrances d'autres groupes. Dans le passé, la religion institutionnelle pouvait rester passive pendant que les classes supérieures de la société faisaient la sourde oreille aux souffrances et à l'opression des classes inférieures sans défense, mais, dans les temps modernes, les ordres sociaux inférieurs ne sont plus plongés dans une ignorance aussi abjecte, ni aussi impuissants politiquement.

99:1.6 La religion ne doit pas s'imbriquer organiquement dans le travail laïque de la reconstruction sociale et de la réorganisation économique, mais elle doit activement rester à la hauteur des progrès de la civilisation en réaffirmant avec netteté et vigueur ses commandements moraux et ses préceptes spirituels, sa philosophie progressive de la vie humaine et de la survie transcendante. L'esprit de la religion est éternel, mais la forme de son expression doit être remise au point à chaque révision du dictionnaire de la langue humaine.

99.2  Faiblesse de la Religion Institutionnelle

99:2.1 La religion institutionnelle est impuissante à procurer l'inspiration et à fournir des directives pour la reconstruction sociale et la réorganisation économique imminentes à l'échelle mondiale, parce qu'elle est malheureusement devenue plus ou moins une partie organique de l'ordre social et du système économique qui sont destinés à être reconstruits. Seule la vraie religion d'expérience spirituelle personnelle peut fonctionner utilement et créativement dans la présente crise de la civilisation.

99:2.2 La religion institutionnelle est maintenant prise dans l'impasse d'un cercle vicieux. Elle ne peut reconstruire la société qu'en se reconstruisant d'abord elle-même et, du fait qu'elle fait largement partie intégrante de l'ordre établi, elle ne peut se reconstruire avant que la société ait été rebâtie radicalement.

99:2.3 Il faut que les personnes religieuses travaillent dans la société, dans l'industrie et dans la politique en tant qu'individus, et non en tant que groupes, partis ou institutions. Un groupe religieux qui se permet d'agir comme tel en dehors de ses activités religieuses devient immédiatement un parti politique, une organisation économique ou une institution sociale. Le collectivisme religieux doit limiter ses efforts à promouvoir des causes religieuses.

99:2.4 Les personnes religieuses n'ont pas plus de valeur que les personnes non religieuses dans les tâches de reconstruction sociale, sauf dans la mesure où leur religion leur a conféré une plus grande clairvoyance cosmique et les a doués d'une sagesse sociale supérieure née du sincère désir d'aimer Dieu suprêmement et d'aimer tous les hommes comme des frères dans le royaume des cieux. L'ordre social idéal est celui où chaque homme aime son voisin comme il s'aime lui-même.

99:2.5 L'Église institutionnalisée peut donner l'apparence d'avoir servi la société dans le passé en glorifiant l'ordre politique et économique établi, mais, si elle veut survivre, elle doit cesser rapidement toute activité de ce genre. Sa seule attitude convenable consiste à enseigner la non violence, la doctrine de l'évolution paisible, au lieu de la révolution violente - paix sur terre et bonne volonté parmi les hommes.

99:2.6 Si la religion moderne trouve difficile d'adapter son attitude aux rapides changements sociaux, c'est seulement parce qu'elle s'est laissée aller à devenir complètement traditionnelle, dogmatique et institutionnelle. La religion de l'expérience vivante n'éprouve aucune difficulté à anticiper sur les développements sociaux et les bouleversements économiques ; elle opère toujours parmi eux comme stabilisateur moral, guide social et pilote spirituel. La vraie religion transporte d'un âge à l'autre la culture valable et la sagesse née de l'expérience consistant à connaître Dieu et à s'efforcer de lui ressembler.

99.3  La Religion et les Personnes Religieuses

99:3.1 Le christianisme primitif était entièrement libre d'imbrications civiles, d'engagements sociaux et d'alliances économiques. C'est seulement plus tard que le christianisme rendu institutionnel devint une partie organique de la structure politique et sociale de la civilisation occidentale.

99:3.2 Le royaume des cieux n'est ni un ordre social, ni un ordre économique ; il est une fraternité exclusivement spirituelle d'individus connaissant Dieu. Il n'en est pas moins vrai que cette fraternité constitue par elle-même un phénomène social nouveau et étonnant, accompagné de répercussions économiques et sociales stupéfiantes.

99:3.3 La personne religieuse n'est ni indifférente aux souffrances sociales, ni inattentive aux injustices civiles, ni isolée de la pensée économique, ni insensible à la tyrannie politique. La religion influence directement la reconstruction sociale, parce qu'elle spiritualise et idéalise chaque citoyen individuellement. Indirectement, la civilisation culturelle est influencée par l'attitude de ces croyants individuels à mesure qu'ils deviennent membres actifs et influents de divers groupes sociaux, moraux, économiques et politiques.

99:3.4 Pour atteindre une haute civilisation culturelle, il faut, en premier lieu, le type idéal de citoyen, et, ensuite, des mécanismes sociaux idéaux et adéquats permettant à cette citoyenneté de contrôler les institutions économiques et politiques de cette société humaine évoluée.

99:3.5 Par suite d'un excès de fausse sentimentalité, l'Église a longtemps apporté son ministère aux défavorisés et aux malheureux, et ceci était tout à fait bien, mais cette même sentimentalité a conduit à perpétuer imprudemment des lignées racialement dégénérées qui ont formidablement retardé le progrès de la civilisation.

99:3.6 Beaucoup de reconstructeurs sociaux individuels, tout en répudiant avec véhémence la religion institutionnelle, sont après tout des religieux zélés dans la propagation de leurs réformes sociales. C'est ainsi qu'une motivation religieuse personnelle et plus ou moins reconnue joue un grand rôle dans le programme de reconstruction sociale de nos jours.

99:3.7 La grande faiblesse de tous ces types d'activités religieuses méconnues et inconscientes réside dans leur incapacité de bénéficier de la critique religieuse ouverte et d'atteindre, par ce moyen, des niveaux profitables d'autocorrection. Il est de fait que la religion ne se développe que si elle est disciplinée par une critique constructive, amplifiée par la philosophie, purifiée par la science et nourrie par une loyale communion.

99:3.8 La religion est toujours menacée par le grand danger de se déformer et de se corrompre en poursuivant des buts erronés, comme c'est le cas en temps de guerre, où chaque nation en lutte prostitue sa religion pour la transformer en propagande militaire. Le zèle sans amour est toujours nuisible à la religion, et les persécutions détournent les activités religieuses vers l'accomplissement de quelque poussée sociologique ou théologique.

99:3.9 La religion ne peut rester libre d'alliances séculières profanes que par les moyens suivants :

99:3.10 1. Une philosophie corrective par la critique.

99:3.11 2. L'indépendance de toute alliance sociale, économique et politique.

99:3.12 3. Des communautés créatives, encourageantes et développant l'amour.

99:3.13 4. L'épanouissement progressif de la clairvoyance spirituelle et l'appréciation des valeurs cosmiques.

99:3.14 5. La prévention du fanatisme en l'équilibrant par une attitude mentale scientifique.

99:3.15 En tant que groupe, les personnes religieuses ne doivent jamais s'occuper d'autre chose que de religion, bien qu'à titre individuel, n'importe lequel d'entre eux puisse devenir le chef éminent d'un mouvement de reconstruction sociale, économique ou politique.

99:3.16 Le rôle de la religion est de créer, de soutenir et d'inspirer chez chaque citoyen la loyauté cosmique qui l'orientera vers la réussite dans le progrès de tous ces services sociaux difficiles, mais souhaitables.

99.4  Difficultés de Transition

99:4.1 La religion authentique donne à la personne religieuse une auréole sociale et des connaissances intimes sur la communauté humaine ; mais la formalisation des groupes religieux détruit bien souvent les valeurs mêmes pour lesquelles ces groupes avaient été organisés. L'amitié humaine et la religion divine s'entraident et s'éclairent mutuellement de manière significative, pourvu qu'elles croissent toutes deux dans l'équilibre et l'harmonie. La religion introduit de nouvelles significations dans toutes les associations de groupes - familles, écoles et cercles. Elle apporte de nouvelles valeurs aux jeux et exalte le véritable humour.

99:4.2 La fonction de direction sociale est transformée par la clairvoyance spirituelle ; la religion empêche tous les mouvements collectifs de perdre de vue leurs véritables objectifs. Au même titre que les enfants, la religion est le grand facteur d'unification de la vie de famille, pourvu qu'elle soit une foi vivante et croissante. Il ne peut y avoir de vie de famille sans enfants ; on peut en vivre une sans religion, mais ce handicap multiplie énormément les difficultés de cette intime association humaine. Dans les premières décennies du vingtième siècle, c'est la vie de famille qui, après la religion personnelle, a le plus souffert de la décadence résultant de la transition entre d'anciennes obédiences religieuses et de nouvelles significations et valeurs émergentes.

99:4.3 La vraie religion est une manière significative de vivre dynamiquement face aux réalités ordinaires de la vie quotidienne. Mais, si la religion doit stimuler le développement individuel du caractère et accroitre l'intégration de la personnalité, elle ne doit pas être uniformisée. Si elle doit stimuler l'appréciation de l'expérience et servir de valeur d'attraction, il ne faut pas qu'elle soit stéréotypée. Si la religion doit promouvoir des loyautés suprêmes, elle ne doit pas être formaliste.

99:4.4 Peu importent les bouleversements qui peuvent accompagner la croissance économique et sociale de la civilisation ; la religion est authentique et valable si elle entretient chez l'individu une expérience dans laquelle prévaut la souveraineté de la vérité, de la beauté et de la bonté, car c'est là le vrai concept spirituel de la réalité suprême. Par l'amour et l'adoration, elle devient significative en tant que communion avec les hommes et filiation avec Dieu.

99:4.5 Après tout, c'est plutôt ce que l'on croit que ce que l'on connaît qui détermine la conduite et domine les réalisations personnelles. La connaissance purement factuelle exerce très peu d'influence sur l'homme moyen, à moins qu'elle ne soit stimulée émotivement. Mais la stimulation de la religion est supraémotionnelle ; elle unifie toute l'expérience humaine sur des niveaux transcendentaux par contact et libération d'énergies spirituelles dans la vie mortelle.

99:4.6 Durant les temps psychologiquement troublés du vingtième siècle, parmi les bouleversements économiques, les contre-courants moraux et les déchirements sociologiques périodiques accompagnant les transitions orageuses d'une ère scientifique, des milliers et des milliers d'hommes et de femmes sont devenus des pantins ; ils sont anxieux, agités, craintifs, incertains et instables. Plus que jamais dans l'histoire du monde, ils ont besoin de la consolation et de la stabilité d'une religion saine. En face de réalisations scientifiques et de développements mécaniques sans précédent, on trouve une stagnation spirituelle et un chaos philosophique.

99:4.7 Il n'est pas dangereux que la religion devienne de plus en plus une affaire privée - une expérience personnelle - pourvu qu'elle ne perde pas de vue sa motivation de service social désintéressé et aimant. La religion a souffert de beaucoup d'influences secondaires : mélanges soudains de cultures, enchevêtrements de croyances, diminution de l'autorité ecclésiastique, modification de la vie de famille, ainsi que l'urbanisation et la mécanisation.

99:4.8 Le plus grand péril spirituel pour les hommes est le progrès partiel, la situation fâcheuse d'une croissance inachevée : abandonner les religions évolutionnaires de la peur sans saisir immédiatement la religion révélatrice de l'amour. La science moderne, et surtout la psychologie, n'ont affaibli que les religions dépendant essentiellement de la peur, des superstitions et des émotions.

99:4.9 Une transition est toujours accompagnée de confusion. Le monde religieux ne jouira guère de la tranquillité avant la fin de la grande lutte entre les trois philosophies de la religion qui se disputent la prééminence :

99:4.10 1. La croyance spiritiste (en une Déité providentielle) de nombreuses religions.

99:4.11 2. Les croyances humanistes et idéalistes de beaucoup de philosophies.

99:4.12 3. Les conceptions mécanistes et naturalistes de beaucoup de sciences.

99:4.13 Ces trois approches partielles de la réalité du cosmos doivent finir par s'harmoniser grâce à la présentation révélatrice de la religion, de la philosophie et de la cosmologie qui décrit l'existence trine de l'esprit, du mental et de l'énergie comme provenant de la Trinité du Paradis et atteignant l'unification temporelle-spatiale dans la Déité du Suprême.

99.5  Aspects Sociaux de la Religion

99:5.1 La religion est exclusivement une expérience spirituelle personnelle - connaître Dieu comme un Père - mais le corollaire de cette expérience - connaître l'homme comme son frère - entraine l'ajustement du « moi » à d'autres « moi » , ce qui implique l'aspect social ou collectif de la vie religieuse. La religion est d'abord un ajustement intérieur ou personnel ; elle devient ensuite une affaire de service social ou d'ajustement à un groupe. La formation de groupes religieux découle forcément du caractère grégaire des hommes, et le sort de ces groupes religieux dépend beaucoup de l'intelligence de leurs chefs. Dans la société primitive, le groupe religieux n'est pas toujours très différent des groupes économiques et politiques. La religion a toujours été conservatrice de morale et stabilisatrice de société. Cela reste vrai, bien que de nombreux socialistes et humanistes modernes enseignent le contraire.

99:5.2 N'oubliez jamais ceci : la vraie religion consiste à connaître Dieu comme votre Père et l'homme comme votre frère. La religion ne consiste pas à croire servilement à des menaces de punition ou à des promesses magiques de récompenses mystiques futures.

99:5.3 La religion de Jésus est l'influence la plus dynamique qui ait jamais stimulé la race humaine. Jésus a mis en pièces les traditions, détruit les dogmes et appelé l'humanité à réaliser ses plus hauts idéaux dans le temps et dans l'éternité - être parfaite comme le Père qui est aux cieux est parfait.

99:5.4 La religion a peu de chances de jouer son rôle avant que le groupe religieux ne se sépare de tous les autres groupes et ne forme l'association sociale des membres spirituels du royaume des cieux.

99:5.5 La doctrine de la dépravation totale de l'homme a détruit une grande partie du potentiel dont la religion disposait pour produire des répercussions sociales élévatrices par leur nature et inspirantes par leur valeur. Jésus chercha à rétablir la dignité de l'homme en proclamant que tous les hommes sont enfants de Dieu.

99:5.6 Toute croyance religieuse qui réussit à spiritualiser le croyant est certaine d'avoir une répercussion puissante dans la vie sociale de ce croyant. L'expérience religieuse produit infailliblement les « fruits de l'esprit » dans la vie quotidienne du mortel guidé par l'esprit.

99:5.7 Tout aussi certainement que les hommes partagent leurs croyances religieuses, ils créent une sorte de groupe religieux, lequel crée finalement des buts communs. Un jour, les personnes religieuses se réuniront et se mettront à coopérer réellement sur la base de l'unité des idéaux et des buts, plutôt que de tenter d'y parvenir en se basant sur des opinions psychologiques et des croyances théologiques. Ce sont les buts plutôt que les credo qui devraient unir les personnes religieuses. Puisque la vraie religion est une affaire d'expérience spirituelle personnelle, il est inévitable que, individuellement, chaque personne religieuse ait sa propre interprétation personnelle de la manière de réaliser cette expérience spirituelle. Le mot « foi » devrait représenter la relation de l'individu avec Dieu, plutôt qu'une formule de credo sur laquelle un groupe de mortels est parvenu à s'accorder en tant qu'attitude religieuse commune. « Avez-vous la foi ? Alors, ayez-la pour vous-même. »

99:5.8 La foi ne s'occupe que de saisir des valeurs idéales ; ceci est mis en évidence dans la définition du Nouveau Testament déclarant que la foi est la substance des choses que l'on espère et la démonstration de celles qu'on ne voit pas.

99:5.9 L'homme primitif faisait peu d'efforts pour exprimer en paroles ses convictions religieuses. Il dansait sa religion plus qu'il ne l'exprimait en pensée. Les hommes modernes ont imaginé bien des croyances et créé bien des critères de foi religieuse. Il faut que les futures personnes religieuses vivent leur religion, se consacrent sincèrement au service de la fraternité humaine. Il est grand temps que les hommes aient une expérience religieuse si personnelle et si sublime qu'elle ne puisse se concevoir et se manifester que par des « sentiments trop profonds pour s'exprimer par des mots » .

99:5.10 Jésus ne demandait pas à ses disciples de se réunir périodiquement pour réciter des assemblages de mots indiquant leurs croyances communes. Il ordonna seulement qu'ils se réunissent pour effectivement faire quelque chose prendre part au souper commun en souvenance de sa vie d'effusion sur Urantia.

99:5.11 Quelle erreur font les Chrétiens qui, tout en présentant le Christ comme idéal suprême de guide spirituel, exigent que les hommes et les femmes conscients de Dieu rejettent le leadership historique des hommes connaissant Dieu qui ont contribué à éclairer leur nation ou leur race particulière durant les âges passés.

99.6  Religion Institutionnelle

99:6.1 Le sectarisme est une maladie de la religion institutionnelle, et le dogmatisme est un esclavage de la nature spirituelle. Il vaut bien mieux avoir une religion sans Église qu'une Église sans religion. Le tumulte religieux du vingtième siècle n'est pas en lui-même et par lui-même un indice de décadence spirituelle. La confusion apparaît aussi bien avant la croissance qu'avant la destruction.

99:6.2 Il y a un but réel dans la socialisation de la religion. Les activités religieuses collectives ont pour but de mettre en scène la fidélité envers la religion ; de magnifier les attraits de la vérité, de la beauté et de la bonté ; d'entretenir l'attirance des valeurs suprêmes ; d'amplifier le service de fraternité désintéressé ; de glorifier les potentiels de la vie de famille ; de promouvoir l'éducation religieuse ; de fournir de sages conseils et des directives spirituelles et d'encourager le culte en commun. Toutes les religions vivantes encouragent l'amitié humaine, préservent la moralité, favorisent le bien-être du voisinage et facilitent la diffusion de l'évangile essentiel de leurs messages respectifs de salut éternel.

99:6.3 Mais, à mesure que la religion se conforme à des institutions, son pouvoir de faire du bien s'amenuise, tandis que ses possibilités de faire du mal s'accroissent considérablement. Les dangers de la religion formaliste sont les suivants : fixation des croyances et cristallisation des sentiments ; accumulation des droits acquis avec accroissements de la sécularisation ; tendance à uniformiser et à fossiliser la vérité ; religion détournée du service de Dieu au service de l'Église ; penchant des chefs à devenir administrateurs au lieu de ministres ; tendance à former des sectes et des divisions en concurrence ; établissement d'une autorité ecclésiastique oppressive ; naissance de l'état d'esprit aristocratique du « peuple élu » ; entretien d'idées fausses et exagérées sur le sacré ; religion rendue routinière et culte pétrifié ; tendance à vénérer le passé en ignorant les besoins présents ; inaptitude à donner une interprétation moderne de la religion ; enchevêtrement avec des fonctions dans les institutions laïques ; en outre, la religion formaliste crée la fâcheuse discrimination des castes religieuses, elle devient un juge intolérant de l'orthodoxie, elle ne réussit pas à retenir l'intérêt de la jeunesse aventureuse et elle perd graduellement le message sauveur de l'évangile de salut éternel.

99:6.4 La religion officielle freine les hommes dans leurs activités spirituelles personnelles au lieu de les libérer pour un service plus élevé de bâtisseurs du royaume.

99.7  Apports de la Religion

99:7.1 Les Églises et tous les autres groupes religieux devraient se tenir à l'écart de toute activité laïque, mais, en même temps, la religion ne doit rien faire pour gêner ou retarder la coordination sociale des institutions humaines. La vie doit continuer à croitre en signification ; l'homme doit poursuivre sa réforme de la philosophie et sa clarification de la religion.

99:7.2 Il faut que la science politique reconstruise l'économie et l'industrie par les techniques qu'elle apprend des sciences sociales et par la clairvoyance et les motifs fournis par la vie religieuse. Dans toute reconstruction sociale, la religion apporte une fidélité stabilisatrice envers un objet transcendant, un but équilibrant situé au delà et au-dessus de l'objectif temporel immédiat. Au milieu des confusions d'un environnement qui change rapidement, l'homme mortel a besoin d'être soutenu par une vaste perspective cosmique.

99:7.3 La religion inspire à l'homme le courage et la joie de vivre sur terre ; elle unit la patience à la passion, la clairvoyance au zèle, la sympathie au pouvoir et les idéaux à l'énergie.

99:7.4 Jamais un homme ne peut prendre une décision sage sur des questions temporelles ni transcender l'égoïsme des intérêts personnels, à moins de méditer en présence de la souveraineté de Dieu et de faire entrer en ligne de compte les réalités des significations divines et des valeurs spirituelles.

99:7.5 L'interdépendance économique et la fraternisation sociale conduiront finalement à la fraternité. L'homme est naturellement un rêveur, mais la science le dégrise et permet à la religion de l'animer en risquant alors beaucoup moins de précipiter des réactions fanatiques. Les nécessités économiques lient l'homme à la réalité, et l'expérience religieuse personnelle amène le même homme face à face avec les réalités éternelles d'une citoyenneté cosmique en expansion et en progrès constants.

99:7.6 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

100. La Religion dans l'Expérience Humaine

100:0.1 L'EXPÉRIENCE d'une vie religieuse dynamique transforme un individu médiocre en une personnalité douée d'un pouvoir idéaliste. La religion contribue au progrès de tous en encourageant le progrès de chaque individu, et le progrès de chacun est accru par l'accomplissement de tous.

100:0.2 La croissance spirituelle est mutuellement stimulée par l'association intime avec d'autres personnes religieuses. L'amour fournit le terrain du développement religieux - un attrait objectif au lieu d'une satisfaction subjective - et, cependant, il donne la satisfaction subjective suprême. La religion ennoblit les corvées banales de la vie quotidienne.

100.1  Croissance Religieuse

100:1.1 La religion produit la croissance des significations et le rehaussement des valeurs, mais, si l'on se permet d'attribuer un caractère absolu à des évaluations purement personnelles, il en résulte toujours un mal. Un enfant évalue l'expérience d'après le plaisir qu'elle procure. L'homme est mûr dans la mesure où il substitue des significations supérieures au plaisir personnel, allant jusqu'à l'allégeance aux plus hauts concepts des situations de vie diversifiées et des relations cosmiques.

100:1.2 Certaines personnes sont trop affairées pour croitre et se trouvent alors en sérieux danger d'immobilisme spirituel. Il faut prendre des dispositions pour la croissance des significations lors de la différenciation des âges dans les cultures successives et dans les stades passagers des civilisations progressives. Les principaux inhibiteurs de la croissance sont les préjugés et l'ignorance.

100:1.3 Donnez à tout enfant qui se développe une chance de faire sa propre expérience religieuse et ne lui imposez pas une expérience adulte toute faite. Rappelez-vous que le passage, année après année, par les classes successives d'un régime d'instruction établi ne signifie pas nécessairement qu'il y ait progrès intellectuel, et encore bien moins croissance spirituelle. Élargissement du vocabulaire ne veut pas dire développement du caractère. La croissance ne se reconnaît pas vraiment aux simples résultats, mais plutôt aux progrès effectués. Le véritable développement éducatif ressort du rehaussement des idéaux, de l'appréciation accrue des valeurs, des nouvelles significations attribuées aux valeurs et d'une fidélité plus grande aux valeurs suprêmes.

100:1.4 Les enfants ne sont impressionnés d'une manière permanente que par le loyalisme de leurs compagnons adultes ; les préceptes et même l'exemple n'ont pas d'influence durable. Les personnes loyales sont des personnes en cours de croissance, et la croissance est une réalité impressionnante et inspirante. Vivez loyalement aujourd'hui - croissez - et demain prendra soin de lui-même. La manière la plus rapide pour un têtard de devenir une grenouille est de vivre loyalement chaque instant comme un têtard.

100:1.5 Le terrain essentiel à la croissance religieuse présuppose une vie progressive de réalisation de soi, la coordination des tendances naturelles, l'exercice de la curiosité et le plaisir d'aventures raisonnables, le fait d'éprouver des sentiments de satisfaction, le fonctionnement de la peur pour stimuler l'attention et la conscience, l'attrait du merveilleux et l'humilité, c'est-à-dire une conscience normale de notre petitesse. La croissance est également basée sur la découverte de soi accompagnée d'autocritique - de conscience - car la conscience est réellement la critique de soi par notre propre échelle de valeurs, par nos idéaux personnels.

100:1.6 L'expérience religieuse est notablement influencée par la santé physique, le tempérament hérité et le milieu social. Mais ces conditions temporelles n'empêchent pas le progrès spirituel intérieur d'une âme consacrée à faire la volonté du Père qui est aux cieux. Il existe, chez tous les mortels normaux, certaines tendances innées à la croissance et à la réalisation de soi, qui agissent si elles ne sont pas spécifiquement inhibées. La technique infaillible pour stimuler cette dotation constitutive du potentiel de la croissance spirituelle est de maintenir une attitude de sincère dévotion aux valeurs suprêmes.

100:1.7 La religion ne peut être ni conférée, ni reçue, ni prêtée, ni apprise, ni perdue. Elle est une expérience personnelle qui grandit proportionnellement à la recherche croissante des valeurs finales. La croissance cosmique accompagne donc l'accumulation des significations et l'élévation toujours plus poussée des valeurs. Mais la noblesse en elle-même est toujours une croissance inconsciente.

100:1.8 Les habitudes religieuses de pensée et d'action contribuent à l'économie de la croissance spirituelle. On peut développer des prédispositions religieuses qui conduiront à réagir favorablement à des stimuli spirituels, une sorte de réflexe spirituel conditionné. Les habitudes qui favorisent la croissance religieuse englobent la culture de la sensibilité aux valeurs divines, la récognition de la vie religieuse chez les autres, la méditation réfléchie sur les significations cosmiques, un zèle fervent appliqué à la résolution des problèmes, le partage de votre vie spirituelle avec celle de vos compagnons, le fait d'éviter l'égoïsme, le refus d'escompter la miséricorde divine et l'habitude de vivre comme si l'on se trouvait en présence de Dieu. Les facteurs de la croissance religieuse peuvent être intentionnels, mais la croissance elle-même est invariablement inconsciente.

100:1.9 La nature inconsciente de la croissance religieuse ne signifie cependant pas qu'elle soit une activité fonctionnant dans des domaines prétendument subconscients de l'intellect humain ; elle dénote plutôt des activités créatives dans les niveaux superconscients du mental mortel. L'expérience de la réalisation de la réalité de la croissance religieuse inconsciente est la seule preuve positive de l'existence fonctionnelle de la superconscience.

100.2  Croissance Spirituelle

100:2.1 Le développement spirituel dépend, en premier lieu, du maintien d'un lien spirituel vivant avec de vraies forces spirituelles, et, en second lieu, de la production continue de fruits spirituels par transmission, à vos compagnons, de l'aide que vous avez reçue de vos bienfaiteurs spirituels. Le progrès spirituel est basé sur la récognition intellectuelle de la pauvreté spirituelle, doublée de la conscience personnelle de la soif de perfection, du désir de connaître Dieu et d'être semblable à lui, de l'intention sincère de faire la volonté du Père qui est aux cieux.

100:2.2 La croissance spirituelle est d'abord un éveil aux besoins, ensuite un discernement des significations et enfin une découverte des valeurs. La preuve du vrai développement spirituel consiste dans la manifestation d'une personnalité humaine motivée par l'amour, animée par un esprit de service désintéressé et dominée par l'adoration sincère des idéaux de perfection de la divinité. L'ensemble de cette expérience constitue la réalité de la religion par contraste avec les simples croyances théologiques.

100:2.3 La religion peut progresser jusqu'au niveau d'expérience où elle devient une technique éclairée et sage pour réagir spirituellement à l'univers. Cette religion glorifiée peut opérer sur trois niveaux de la personnalité humaine : l'intellectuel, le morontiel et le spirituel ; sur le mental, dans l'âme évoluante et avec l'esprit intérieur.

100:2.4 La spiritualité indique immédiatement votre proximité de Dieu et la mesure de votre utilité pour vos compagnons. La spiritualité rehausse l'aptitude à découvrir la beauté dans les choses, à reconnaître la vérité dans les significations et à trouver la bonté dans les valeurs. Le développement spirituel est déterminé par cette capacité et il est directement proportionnel à l'élimination des aspects égoïstes de l'amour.

100:2.5 Le statut spirituel effectif est la mesure de l'aboutissement à la Déité, l'harmonisation avec l'Ajusteur. Accomplir la finalité de la spiritualité équivaut à atteindre le summum de la réalité, le maximum de ressemblance avec Dieu. La vie éternelle est la recherche perpétuelle des valeurs infinies.

100:2.6 Le but de la réalisation de soi, pour l'homme, devrait être spirituel et non matériel. Les seules réalités qui vaillent l'effort sont divines, spirituelles et éternelles. L'homme mortel a droit à la joie des plaisirs physiques et à la satisfaction des affections humaines ; il tire bénéfice de sa fidélité aux associations humaines et aux institutions temporelles ; mais ce ne sont pas là les fondations éternelles sur lesquelles il faut bâtir la personnalité immortelle qui devra transcender l'espace, vaincre le temps et accomplir la destinée éternelle de perfection divine et de service finalitaire.

100:2.7 Jésus dépeignit la sécurité profonde de l'homme connaissant Dieu en disant : « Pour celui qui connaît Dieu et croit au royaume, qu'importe si toutes les choses terrestres se brisent ? » Les sécurités temporelles sont vulnérables, mais les sécurités spirituelles sont invulnérables. Quand les marées de l'adversité humaine, de l'égoïsme, de la cruauté, de la haine, de la méchanceté et de la jalousie viennent battre l'âme du mortel, on peut se reposer dans l'assurance qu'il existe un bastion intérieur, la citadelle de l'esprit, qui est absolument inexpugnable ; du moins est-ce vrai pour tout être humain qui a confié la garde de son âme à l'esprit intérieur du Dieu éternel.

100:2.8 Après cet accomplissement spirituel assuré soit par une croissance graduelle, soit par une crise spécifique, ils se produit une réorientation de la personnalité, accompagnée du développement d'une nouvelle échelle de valeurs. De tels individus nés d'esprit ont des motivations de vie si renouvelées qu'ils peuvent assister avec calme à la mort de leurs plus chères ambitions et à la destruction de leurs espoirs les plus ardents. Ils savent pertinemment que ces catastrophes sont simplement des cataclysmes rectificateurs qui ruinent leurs créations temporelles, préalablement à la construction des réalités plus nobles et plus durables d'un niveau à la fois nouveau et plus sublime d'accomplissement universel.

100.3  Concepts de Valeur Suprême

100:3.1 La religion n'est pas une technique pour obtenir une paix mentale statique et sereine ; c'est une impulsion destinée à organiser l'âme pour un service dynamique. C'est l'enrôlement de la totalité de l'individualité dans une allégeance pour aimer Dieu et servir les hommes. La religion paie à n'importe quel prix ce qui est essentiel pour atteindre le but suprême, la récompense éternelle. Il y a une plénitude de consécration dans la fidélité religieuse dont la sublimité est magnifique, et cette fidélité est socialement efficace et spirituellement progressive.

100:3.2 Pour une personne religieuse, le mot Dieu devient un symbole signifiant l'approche de la réalité suprême et la récognition de la valeur divine. Ce ne sont ni les préférences ni les aversions humaines qui déterminent le bien et le mal ; les valeurs morales ne résultent pas de ce que les désirs sont exaucés ou les émotions frustrées.

100:3.3 En méditant sur les valeurs, il faut distinguer entre ce qui est une valeur et ce qui a une valeur. Il faut reconnaître la relation entre des activités agréables, leur intégration significative et leur réalisation rehaussée sur des niveaux d'expérience humaine constamment et progressivement plus élevés.

100:3.4 La signification est quelque chose que l'expérience ajoute à la valeur ; c'est la conscience appréciative des valeurs. Un plaisir isolé et purement personnel peut comporter une dévaluation virtuelle des significations, une jouissance dépourvue de sens et frisant le mal relatif. Les valeurs sont expérientielles quand les réalités sont significatives et mentalement associées, quand de telles relations sont reconnues et appréciées par le mental.

100:3.5 Les valeurs ne peuvent jamais être statiques ; réalité signifie changement, croissance. Le changement sans croissance, sans expansion de signification et sans exaltation de valeur, est sans valeur - c'est un mal potentiel. Plus sa qualité d'adaptation cosmique est grande, plus une expérience possède de signification. Les valeurs ne sont pas des illusions conceptuelles ; elles sont réelles, mais dépendent toujours du fait de l'existence des relations. Les valeurs sont toujours à la fois actuelles et potentielles - elles ne représentent pas ce qui était, mais ce qui est et ce qui sera.

100:3.6 L'association des actuels et des potentiels équivaut à la croissance, à la réalisation expérientielle des valeurs. Mais la croissance n'est pas simplement le progrès. Le progrès est toujours significatif, mais, à défaut de croissance, il est relativement sans valeur. La valeur suprême de la vie humaine consiste dans la croissance des valeurs, dans le progrès relatif aux significations et dans la réalisation de la corrélation cosmique intime entre ces deux expériences. Et une telle expérience équivaut à avoir conscience de Dieu. Un tel mortel, bien que n'étant pas surnaturel, devient vraiment suprahumain ; une âme immortelle est en évolution.

100:3.7 L'homme ne peut provoquer la croissance, mais il peut lui fournir des conditions favorables. La croissance est toujours inconsciente, qu'elle soit physique, intellectuelle ou spirituelle. C'est ainsi que croit l'amour ; on ne peut ni le créer, ni le fabriquer ni l'acheter ; il faut qu'il croisse. L'évolution est une technique cosmique de croissance. La croissance sociale ne peut être obtenue par la législation, ni la croissance morale par une meilleure administration. L'homme peut construire une machine, mais sa valeur réelle doit dériver de la culture humaine et d'une appréciation personnelle. L'unique contribution de l'homme à la croissance est la mobilisation de la totalité des pouvoirs de sa personnalité - sa foi vivante.

100.4  Problèmes de Croissance

100:4.1 Une vie religieuse est une vie dévouée et une vie dévouée est une vie créative, originale et spontanée. De nouveaux aperçus religieux surgissent des conflits qui déclenchent le choix de nouvelles et meilleures habitudes de réagir, pour remplacer les modèles anciens et inférieurs de réaction. C'est seulement dans des conflits que de nouvelles significations émergent, et un conflit ne persiste que si l'on refuse d'adopter les valeurs supérieures impliquées dans des significations plus élevées.

100:4.2 La perplexité est inévitable en religion ; il ne peut y avoir de croissance sans conflits psychiques et sans agitation spirituelle. L'organisation d'une norme de vie philosophique entraine des commotions considérables dans le domaine philosophique du mental. Ce n'est pas sans lutte que l'on exerce sa fidélité envers ce qui est grand, bon, vrai et noble. La clarification de la vision spirituelle et le rehaussement de la perspicacité cosmique s'accompagnent d'efforts, et l'intellect humain proteste quand il est sevré de la nourriture que lui procuraient les énergies non spirituelles de l'existence temporelle. Le mental animal indolent se rebelle devant l'effort exigé par la lutte pour résoudre les problèmes cosmiques.

100:4.3 Cependant, le grand problème de la vie religieuse consiste à unifier, par la domination de l'AMOUR, les pouvoirs de l'âme inhérents à la personnalité. La santé, l'efficacité mentale et le bonheur résultent de l'unification de systèmes physiques, de systèmes mentaux et de systèmes spirituels. L'homme comprend beaucoup de choses concernant la santé physique et la santé mentale, mais il a vraiment des idées très peu claires sur le bonheur. Le plus grand bonheur est indissolublement lié au progrès spirituel. La croissance spirituelle procure une joie durable, une paix qui dépasse toute compréhension.

100:4.4 Dans la vie physique, les sens révèlent l'existence des choses et le mental découvre la réalité des significations ; mais c'est l'expérience spirituelle qui révèle aux individus les vraies valeurs de la vie. On atteint ces niveaux supérieurs de vie dans l'amour suprême de Dieu et dans l'amour désintéressé des hommes. Si vous aimez vos compagnons, c'est que vous avez découvert leur valeur. Jésus aimait tellement les hommes parce qu'il leur attribuait une haute valeur. C'est en découvrant les mobiles de vos associés que vous découvrez le mieux leur valeur. Si quelqu'un vous irrite et suscite en vous du ressentiment, vous devriez chercher avec sympathie à discerner son point de vue, les motifs de sa conduite désagréable. Dès lors que vous comprenez votre voisin, vous devenez tolérant, et cette tolérance va se transformer, croitre en amitié et murir en amour.

100:4.5 Essayez de voir, par la pensée, l'image d'un de vos ancêtres primitifs à l'âge des cavernes - un lourdaud petit, mal bâti, sale, hargneux, se tenant les jambes écartées, la massue levée, respirant la haine et l'animosité tandis qu'il regarde férocement droit devant lui. Une telle image ne décrit guère la divine dignité de l'homme ; mais élargissons le tableau. Devant cet homme animé, un tigre machérode se prépare à bondir. Derrière lui se tiennent une femme et deux enfants. Vous reconnaissez immédiatement que l'image représente les débuts de beaucoup de beaux et nobles caractères de la race humaine, et pourtant l'homme est le même dans les deux tableaux. Seulement, dans le second, vous êtes favorisés par un élargissement d'horizon ; vous discernez le mobile de ce mortel en évolution. Son attitude devient digne de louange parce que vous le comprenez. Si vous pouviez seulement sonder les motifs de vos compagnons, combien mieux vous les comprendriez ! Si seulement vous pouviez connaître vos semblables, vous en tomberiez finalement amoureux.

100:4.6 Vous ne pouvez pas aimer vraiment vos compagnons par un simple acte de volonté. L'amour naît seulement d'une compréhension approfondie et consommée des mobiles et des sentiments de votre prochain. Il est moins important d'aimer tous les hommes aujourd'hui que d'apprendre chaque jour à en aimer un de plus. Si, chaque jour ou chaque semaine, vous parvenez à comprendre un compagnon de plus, et si c'est la limite de vos capacités, alors vous êtes certainement en voie de rendre votre personnalité sociale et vraiment spirituelle. L'amour est contagieux ; et, quand la dévotion humaine est intelligente et sage, l'amour a plus d'emprise que la haine. Mais seul l'amour authentique et désintéressé est contagieux. Si seulement chaque mortel pouvait devenir un foyer d'affection dynamique, le virus bénin de l'amour imprégnerait bientôt le courant émotionnel sentimental de l'humanité au point que toute la civilisation serait enveloppée d'amour, et ce serait la réalisation de la fraternité humaine.

100.5  Conversion et Mysticisme

100:5.1 Le monde est rempli d'âmes perdues, non pas perdues au sens théologique, mais ayant perdu leur direction, errant dans la confusion au milieu des théories en « isme » et des cultes d'une ère philosophiquement frustrée. Trop peu de ces âmes ont appris à établir une philosophie de vie remplaçant l'autorité religieuse. (Les symboles de la religion socialisée ne doivent pas être méprisés comme canaux de croissance, bien que le lit de la rivière ne soit pas la rivière.)

100:5.2 La progression de la croissance religieuse conduit, par conflit, de la stagnation à la coordination, de l'insécurité à la foi inébranlable, de la confusion de la conscience cosmique à l'unification de la personnalité, de l'objectif temporel à l'objectif éternel, de l'esclavage de la peur à la liberté de la filiation divine.

100:5.3 Précisons que les professions de loyauté envers les idéaux suprêmes - la perception psychique, émotive et spirituelle de celui qui est conscient de Dieu - peuvent provenir d'une croissance naturelle et graduelle, ou parfois être éprouvées dans certaines conjonctures telles qu'une crise. L'apôtre Paul subit précisément une conversion soudaine et spectaculaire de cet ordre en un jour mémorable sur la route de Damas. Gautama Siddharta passa par une expérience similaire la nuit où, solitaire, il s'assit et chercha à pénétrer le mystère de la vérité finale. Beaucoup d'autres hommes ont eu des expériences semblables ; cependant nombre de vrais croyants ont progressé en esprit sans conversion soudaine.

100:5.4 La plupart des phénomènes spectaculaires associés aux conversions dites religieuses sont entièrement de nature psychologique, mais, de temps à autre, surviennent des expériences qui ont aussi une origine spirituelle. Quand la mobilisation mentale est absolument totale sur un niveau psychique quelconque de l'expansion vers l'aboutissement spirituel, quand les mobiles humains de fidélité à l'idée divine sont parfaits, il arrive très souvent que l'esprit intérieur s'abaisse pour saisir le dessein concentré et consacré du mental superconscient du mortel croyant pour se synchroniser avec lui. Ce sont ces expériences d'unification de phénomènes intellectuels et spirituels qui constituent la conversion, laquelle consiste en facteurs qui dépassent les implications purement psychologiques.

100:5.5 L'émotion seule est une fausse conversion ; il faut avoir la foi aussi bien que la sensation. Dans la mesure où la mobilisation psychique est partielle et où les mobiles de la fidélité humaine sont incomplets, l'expérience de la conversion sera dans la même mesure une réalité mixte, intellectuelle, émotionnelle et spirituelle.

100:5.6 Si l'on est disposé à admettre, comme hypothèse de travail pratique, l'existence d'un mental théorique subconscient dans la vie intellectuelle qui autrement est unifiée, alors, pour être logique, on devrait supposer l'existence d'un domaine semblable et correspondant d'activité intellectuelle ascendante, en tant que niveau superconscient, la zone de contact immédiat avec l'entité spirituelle intérieure, l'Ajusteur de Pensée. Le grand danger de toutes ces spéculations psychiques est que l'on peut prendre les visions et d'autres expériences dites mystiques ainsi que des rêves extraordinaires pour des communications divines au mental humain. Dans le passé, des êtres divins se sont révélés à certaines personnes connaissant Dieu, non pas à cause de leurs transes mystiques ou de leurs visions morbides, mais en dépit de tous ces phénomènes.

100:5.7 En contraste avec la recherche de la conversion, la meilleure manière d'approcher les zones morontielles de contact possible avec l'Ajusteur de Pensée serait la foi vivante et l'adoration sincère, la prière fervente et désintéressée. Dans l'ensemble, une bien trop grande partie de la montée soudaine de souvenirs provenant des niveaux inconscients du mental humain a été considérée à tort comme des révélations divines et des directives spirituelles.

100:5.8 De grands dangers accompagnent la pratique habituelle du rêve éveillé religieux ; le mysticisme peut devenir une technique pour échapper à la réalité, bien qu'il ait parfois été un moyen de communion spirituelle authentique. De courtes périodes où l'on se retire de la scène active de la vie peuvent ne pas présenter de dangers sérieux, mais l'isolement prolongé de la personnalité est fort indésirable. En aucun cas il ne faut cultiver l'état de conscience visionnaire, du genre transe, comme une expérience religieuse.

100:5.9 L'état mystique est caractérisé par une conscience diffuse, avec des ilots vivaces d'attention focalisée opérant sur un intellect relativement passif. Tout cela fait graviter la conscience vers le subconscient plutôt que vers la zone de contact spirituel vers le superconscient. Beaucoup de mystiques ont poussé leur dissociation mentale jusqu'au niveau des manifestations mentales anormales.

100:5.10 L'attitude la plus saine de méditation spirituelle se trouve dans l'adoration réflective et la prière d'actions de grâces. La communion directe avec l'Ajusteur de Pensée, telle qu'elle s'est produite dans les dernières années de la vie incarnée de Jésus, ne devrait pas être confondue avec les expériences, dites mystiques. Les facteurs qui contribuent au déclenchement de la communion mystique dénotent le danger de ces états psychiques. L'état mystique est favorisé par des facteurs tels que fatigue physique, jeûne, dissociation psychique, expériences esthétiques profondes, impulsions sexuelles vivaces, peur, anxiété, fureur et danses échevelées. Nombre de phénomènes résultant de cette préparation préliminaire ont leur origine dans le mental subconscient.

100:5.11 Si favorables que les conditions du moment aient pu être pour des phénomènes mystiques, il faut bien comprendre que Jésus de Nazareth n'a jamais eu recours à de telles méthodes pour communier avec son Père du Paradis. Jésus n'avait ni hallucinations subconscientes ni illusions superconscientes.

100.6  Les Signes d'une Vie Religieuse

100:6.1 Les religions d'évolution et les religions de révélation peuvent différer notablement dans leurs méthodes, mais elles ont une grande similitude dans leurs intentions. La religion n'est pas une fonction spécifique de la vie, c'est plutôt un mode de vie. La vraie religion est une sincère dévotion envers une réalité que la personne religieuse estime être d'une valeur suprême pour lui-même et pour toute l'humanité. Les caractéristiques marquantes de toutes les religions sont une fidélité totale et une sincère dévotion aux valeurs suprêmes. Cette dévotion religieuse aux valeurs suprêmes apparaît dans la relation d'une mère, soi-disant irréligieuse, avec son enfant, et dans le fervent loyalisme de certaines personnes non religieuses envers la cause qu'ils ont épousée.

100:6.2 La valeur suprême acceptée par les personnes religieuses peut être indigne ou même fausse, mais n'en est pas moins religieuse. Une religion est authentique dans la mesure exacte où la valeur qu'elle tient pour suprême est vraiment une réalité cosmique de valeur spirituelle authentique.

100:6.3 Les signes de la réaction humaine aux impulsions religieuses comprennent les qualités de noblesse et de grandeur. Une personne religieuse sincère est consciente d'être un citoyen de l'univers et se rend compte qu'elle établit un contact avec des sources de pouvoir suprahumain. Elle est exaltée et stimulée par l'assurance qu'elle appartient à une fraternité supérieure et ennoblie de fils de Dieu. La conscience de sa valeur propre s'est accrue du stimulant de la recherche des objectifs universels les plus élevés - des buts suprêmes.

100:6.4 Le moi est abandonné à la mystérieuse poussée d'un mobile qui englobe tout, qui impose une autodiscipline accrue, atténue les conflits émotifs et rend la vie humaine vraiment digne d'être vécue. La récognition morbide des limitations humaines se transforme en une conscience naturelle des imperfections humaines qui s'associe à la détermination morale et à l'aspiration spirituelle d'atteindre les buts les plus élevés de l'univers et du superunivers. Cet effort intense pour atteindre les idéaux supra-mortels est toujours caractérisé par un accroissement de patience, de longanimité, de force d'âme et de tolérance.

100:6.5 Mais la vraie religion est un amour vivant, une vie de service. Le détachement de la personne religieuse de quantité de choses purement temporelles et insignifiantes, ne conduit jamais à l'isolement social et cela ne devrait pas détruire le sens de l'humour. La religion authentique n'enlève rien à l'existence humaine, mais ajoute au contraire de nouvelles significations à l'ensemble de la vie. Elle engendre de nouveaux types d'enthousiasme, de zèle et de courage, pouvant même aller jusqu'à l'esprit de croisade ; ce dernier est plus que dangereux s'il n'est pas contrôlé par la clairvoyance spirituelle et la dévotion sincère aux obligations sociales ordinaires des allégeances humaines.

100:6.6 L'un des signes les plus remarquables de la vie religieuse est une paix dynamique et sublime, cette paix qui dépasse toute compréhension humaine, cet équilibre cosmique qui dénote l'absence de tout doute et de toute agitation. Ces niveaux de stabilité spirituelle sont immunisés contre les déceptions. De telles personnes religieuses ressemblent à l'apôtre Paul qui disait : « Je suis persuadé qui ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les pouvoirs, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni hauteur, ni profondeur, ni rien d'autre ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Dieu. »

100:6.7 Un sentiment de sécurité associé à la réalisation d'une gloire triomphante habite la conscience de la personne religieuse qui a saisi la réalité du Suprême et qui poursuit le but de l'Ultime.

100:6.8 Même la religion évolutionnaire a tous ces aspects de fidélité et de grandeur parce qu'elle est une expérience authentique, mais la religion révélée est excellente aussi bien qu'authentique. Les nouvelles allégeances dues à une vision spirituelle élargie créent des niveaux d'amour et de dévotion, de service et de solidarité nouveaux ; et toutes ces perspectives sociales rehaussées agrandissent la conscience de la Paternité de Dieu et de la fraternité des hommes.

100:6.9 La différence caractéristique entre la religion évolutionnaire et la religion révélée consiste en une nouvelle qualité de sagesse divine qui s'ajoute à la sagesse humaine purement expérientielle. Toutefois, c'est l'expérience que l'on a dans et avec les religions humaines qui accroit la capacité de recevoir ultérieurement des dons accrus de sagesse divine et de clairvoyance cosmique.

100.7  L'Apogée de la Vie Religieuse

100:7.1 Bien qu'un mortel ordinaire d'Urantia ne puisse espérer atteindre la haute perfection de caractère acquise par Jésus durant son temps d'incarnation, il est entièrement possible à tout croyant mortel de développer une forte personnalité unifiée selon les lignes devenues parfaites de la personnalité de Jésus de Nazareth. Le trait exceptionnel de la personnalité du Maitre n'était pas tant sa perfection que son harmonie, son exquise unification équilibrée. La présentation la plus efficace de Jésus consiste à suivre l'exemple de celui qui a dit, en faisant un geste vers le Maitre debout devant ses accusations : « Voici l'homme. »

100:7.2 La constante bienveillance de Jésus touchait le coeur des hommes, mais la fermeté de sa force de caractère stupéfiait ceux qui le suivaient. Il était vraiment sincère ; il n'y avait rien d'hypocrite en lui. Il était dégagé de toute affectation ; il était toujours si agréablement franc. Il ne s'abaissait jamais à prétendre et n'avait jamais recours à la simulation. Il vivait la vérité exactement comme il l'enseignait. Il était la vérité. Il était forcé de proclamer la vérité salvatrice à sa génération, même si sa sincérité causait parfois de la peine. Sa loyauté envers toute vérité était sans réserve.

100:7.3 Le Maitre était pourtant si raisonnable, si accessible et si pratique dans tout son ministère ; tous ses plans étaient empreints d'un grand bon sens sanctifié. Il était dégagé de toute tendance fantaisiste, erratique ou excentrique. Il n'était jamais capricieux, fantasque ni hystérique. Tous ses enseignements et tout ce qu'il faisait étaient empreint d'une charmante discrimination associée à un sens extraordinaire de l'à-propos.

100:7.4 Le Fils de l'Homme fut toujours une personnalité bien équilibrée. Ses ennemis eux-mêmes lui témoignaient un respect salutaire ; ils craignaient même sa présence. Jésus était sans peur. Il débordait d'enthousiasme divin, mais ne devenait jamais fanatique. Il était émotivement actif, mais jamais instable. Il avait de l'imagination, mais était toujours pratique. Il faisait franchement face aux réalités de la vie, mais n'était jamais ennuyeux ni prosaïque. Il était courageux, mais jamais téméraire, prudent, mais jamais lâche. Il était compatissant, mais non sentimental, exceptionnel, mais non excentrique. Il était pieux, mais non bigot. Il était si bien équilibré parce qu'il était si parfaitement unifié.

100:7.5 L'originalité de Jésus n'était étouffée d'aucune façon. Il n'était ni lié par la tradition, ni handicapé par soumission à d'étroites pratiques conventionnelles. Il parlait avec une confiance assurée et enseignait avec une autorité absolue. Mais sa magnifique originalité ne lui faisait pas négliger les perles de vérité contenues dans les enseignements de ses prédécesseurs ou de ses contemporains. Et le plus original de ses enseignements était l'accent mis sur l'amour et la miséricorde, au lieu de la peur et du sacrifice.

100:7.6 Jésus avait des vues très larges. Il exhortait ceux qui le suivaient à prêcher l'évangile à tous les peuples. Il était exempt de toute étroitesse de pensée. Son coeur compatissant embrassait toute l'humanité et même un univers. Son invitation était toujours : « Si quelqu'un désire venir, qu'il vienne. »

100:7.7 On a dit à juste titre de Jésus qu' « il avait confiance en Dieu » . En tant qu'homme parmi les hommes, il manifesta la plus sublime confiance envers le Père qui est aux cieux. Il avait confiance en son Père comme un petit enfant a confiance en ses parents terrestres. Sa foi était parfaite, mais jamais présomptueuse. Il importait peu combien la nature pouvait paraître cruelle ou indifférente au bien-être des hommes sur terre, Jésus ne trébucha jamais dans sa foi. Il était immunisé contre les déceptions et insensible aux persécutions. Les échecs apparents ne le touchaient pas.

100:7.8 Il aimait les hommes comme des frères et reconnaissait en même temps combien leurs dons innés et leurs qualités acquises étaient différents. « Il allait son chemin, faisant du bien. »

100:7.9 Jésus était une personne exceptionnellement gaie sans être d'un optimisme aveugle ou déraisonnable. Il exhortait en disant constamment : « Ayez bon courage. » Il put maintenir cette attitude confiante à cause de sa foi inébranlable en Dieu et de sa confiance à toute épreuve dans les hommes. Il manifestait toujours une considération touchante à tous les hommes parce qu'il les aimait et croyait en eux, mais il restait toujours fidèle à ses convictions et merveilleusement ferme dans sa dévotion à faire la volonté de son Père.

100:7.10 Le Maitre était toujours généreux. Il ne se fatigua jamais de dire qu' « il vaut mieux donner que recevoir. » et « vous avez reçu libéralement, donnez libéralement. » Et cependant, malgré sa générosité illimitée, il ne gaspillait jamais et ne faisait pas d'extravagances. Il enseignait qu'il fallait croire pour recevoir le salut. « Car quiconque cherche recevra. »

100:7.11 Il était direct, mais toujours affable. Il disait : « S'il n'en était pas ainsi, je vous l'aurais dit. » Il était franc, mais toujours amical. Il exprimait clairement son amour des pécheurs et sa haine du péché, mais, dans toute cette étonnante franchise, il était infailliblement équitable.

100:7.12 Jésus était toujours de bonne humeur, bien qu'il ait parfois bu largement à la coupe des douleurs humaines. Il faisait front avec intrépidité aux réalités de l'existence, et, cependant, il était rempli d'enthousiasme pour l'évangile du royaume. Mais il contrôlait son enthousiasme, il n'était jamais dominé par lui. Il était consacré sans réserve « aux affaires du Père » . Cet enthousiasme divin amenait ses frères non spirituels à croire qu'il n'avait plus tout son bon sens, mais l'univers qui l'observait l'appréciait comme le modèle de la santé mentale et le modèle de la suprême dévotion du mortel aux critères élevés de la vie spirituelle. Son enthousiasme contrôlé était contagieux et obligeait ses compagnons à partager son divin optimisme.

100:7.13 Cet homme de Galilée n'était pas un homme de douleurs ; il avait une âme joyeuse. Il ne cessait de dire : « Réjouissez-vous et soyez plein d'allégresse. » Mais, lorsque le devoir l'exigea, il accepta de traverser courageusement la « vallée de l'ombre de la mort » . Il était heureux et en même temps humble.

100:7.14 Son courage n'était égalé que par sa patience. Quand on le pressait d'agir prématurément, il se bornait à répondre : « Mon heure n'est pas encore venue. » Il n'était jamais pressé ; son sang-froid était sublime, mais il s'indignait souvent contre le mal et ne tolérait pas le péché. Il fut souvent poussé à résister énergiquement aux tendances contraires au bien-être de ses enfants terrestres, mais son indignation contre le péché ne le conduisit jamais à se mettre en colère contre les pécheurs.

100:7.15 Son courage était magnifique, mais n'allait jamais jusqu'à la témérité. Son mot de passe était : « Ne craignez pas. » Sa bravoure était altière et son courage souvent héroïque, mais son courage était empreint de discernement et contrôlé par la raison. C'était le courage né de la foi, et non la témérité d'une présomption aveugle. Il était vraiment brave, mais ne prenait jamais de risques inutiles.

100:7.16 Le Maitre était un modèle de déférence. Dès sa jeunesse, sa prière commençait par : « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. » Il respectait même le culte erroné de ses compagnons, mais cela ne l'empêchait pas d'attaquer des traditions religieuses ni de livrer assaut aux erreurs des croyances humaines. Il révérait la vraie sainteté, mais pouvait s'adresser avec justesse à ses compagnons en leur disant : « Qui d'entre vous me convaincra de péché ? »

100:7.17 Jésus était grand parce qu'il était bon, et, cependant, il fraternisait avec les petits enfants. Il était doux et modeste dans sa vie personnelle, et, cependant, il était l'homme rendu parfait d'un univers. Ses compagnons l'appelaient Maitre sans en être priés.

100:7.18 Jésus était la personnalité humaine parfaitement unifiée. Et, aujourd'hui, comme autrefois en Galilée, il continue à unifier l'expérience mortelle et à coordonner les efforts humains. Il unifie la vie, ennoblit le caractère et simplifie l'expérience. Il pénètre le mental humain pour l'élever, le transformer et le transfigurer. Il est littéralement vrai que, « si un homme a le Christ Jésus en lui, il est une nouvelle créature ; les anciennes choses sont en train de passer et voici, toutes choses deviennent nouvelles » .

100:7.19 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

101. La Nature Réelle de la Religion

101:0.1 LA RELIGION, en tant qu'expérience humaine, s'étend depuis l'esclavage primitif de la peur, chez les sauvages en évolution, jusqu'à la sublime et magnifique liberté de la foi chez les mortels civilisés, splendidement conscients de leur filiation avec le Dieu éternel.

101:0.2 La religion est l'ancêtre de l'éthique et de la morale supérieures de l'évolution sociale progressive. La religion par elle-même n'est pas simplement un mouvement moral, bien que ses manifestations extérieures et sociales soient puissamment influencées par la force vive éthique et morale de la société humaine. La religion est toujours l'inspiratrice de la nature évoluante des hommes, mais elle n'est pas le secret de cette évolution.

101:0.3 La religion, la foi-conviction de la personnalité, peut toujours triompher de la logique contradictoire et superficielle du désespoir, logique née dans le mental matériel incroyant. Il existe une voix intérieure vraie et authentique, cette « vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde » . Et cette gouverne de l'esprit est distincte des incitations éthiques de la conscience humaine. Le sentiment de l'assurance religieuse est plus qu'un sentiment émotif. L'assurance de la religion transcende la raison mentale et même la logique philosophique. La religion est la foi, la confiance et l'assurance.

101.1  La Vraie Religion

101:1.1 La vraie religion n'est pas un système de croyances philosophiques qui puisse être déduit par raisonnement et démontré par des preuves naturelles. Elle n'est pas non plus une expérience fantastique et mystique de sentiments d'extase indescriptibles, dont seuls peuvent bénéficier les romantiques dévots du mysticisme. La religion n'est pas le produit de la raison, mais, vue de l'intérieur, elle est entièrement raisonnable. La religion ne dérive pas de la logique de la philosophie humaine, mais, en tant qu'expérience des mortels, elle est entièrement logique. La religion est l'expérimentation de la divinité dans la conscience d'un être moral d'origine évolutionnaire ; elle représente une expérience vraie avec des réalités éternelles dans le temps, la réalisation de satisfactions spirituelles durant l'incarnation.

101:1.2 L'Ajusteur de Pensée n'a pas de mécanisme spécial par lequel il puisse atteindre à l'expression de soi. Nulle faculté religieuse mystique n'existe pour recevoir ou exprimer des émotions religieuses. Ces expériences sont rendues possible par le mécanisme naturellement approprié du mental humain, d'où une explication de la difficulté que rencontre l'Ajusteur à entrer en communication directe avec le mental matériel qu'il habite constamment.

101:1.3 L'esprit divin établit le contact avec l'homme mortel, non par des sentiments ou des émotions, mais dans le domaine de la pensée la plus élevée et la plus spiritualisée. Ce sont vos pensées, et non vos sentiments, qui vous conduisent vers Dieu. Seuls les yeux du mental peuvent percevoir la nature divine. Mais le mental qui discerne réellement Dieu, qui entend l'Ajusteur intérieur, est le mental pur. « Sans sainteté, nul ne peut voir le Seigneur. » Toute communion intérieure et spirituelle de cet ordre s'appelle clairvoyance spirituelle. Ces expériences religieuses résultent de l'impression faite sur le mental humain par les opérations conjuguées de l'Ajusteur de Pensée et de l'Esprit de Vérité pendant qu'ils agissent parmi et sur les idées, les idéaux, les aperçus et les efforts spirituels des fils de Dieu en évolution.

101:1.4 La religion vit et prospère donc, non par la vue et les sentiments, mais plutôt par la foi et la clairvoyance. Elle ne consiste ni dans la découverte de faits nouveaux, ni dans la rencontre d'une expérience exceptionnelle ; elle consiste plutôt à trouver de nouvelles significations spirituelles dans des faits déjà bien connus de l'humanité. La plus haute expérience religieuse ne dépend pas d'actes préalables guidés par la croyance, la tradition et l'autorité ; elle n'est pas non plus issue de sentiments sublimes ou d'émotions purement mystiques. Elle est plutôt une expérience profondément grave et effective de communion d'esprit avec les influences spirituelles qui résident dans le mental humain. Dans la mesure où l'on peut définir cette expérience en termes de psychologie, elle consiste simplement à savoir expérimentalement que la réalité de la croyance en Dieu est la réalité d'une telle expérience purement personnelle.

101:1.5 Bien que la religion ne soit pas le produit des spéculations rationalistes d'une cosmologie matérielle, elle est néanmoins le produit d'une clairvoyance entièrement rationnelle issue de l'expérience mentale de l'homme. La religion ne naît ni de méditations mystiques ni de contemplations solitaires, bien qu'elle soit toujours plus ou moins mystérieuse et toujours indéfinissable et inexplicable en termes de raison purement intellectuelle et de logique philosophique. Les germes de la vraie religion ont leur origine dans le domaine de la conscience morale de l'homme et se révèlent par la croissance de la clairvoyance spirituelle ; cette faculté de la personnalité humaine résulte de la présence de l'Ajusteur de Pensée révélateur de Dieu dans le mental humain assoiffé de Dieu.

101:1.6 La foi unit le discernement moral à la discrimination consciencieuse des valeurs, et le sens évolutionnaire préexistant du devoir complète le lignage de la vraie religion. L'expérience de la religion aboutit finalement à la certitude consciente que Dieu existe et à l'assurance indubitable de la survie de la personnalité croyante.

101:1.7 On voit, ainsi, que les aspirations religieuses et les impulsions spirituelles ne sont pas de nature à simplement conduire les hommes à vouloir croire en Dieu ; leur nature et leur puissance ont plutôt pour effet d'inculquer profondément aux hommes la conviction qu'ils devraient croire en Dieu. Le sens du devoir évolutionnaire et les obligations découlant de l'illumination de la révélation font une impression si profonde sur la nature morale de l'homme qu'il atteint finalement cette position mentale et cette attitude de l'âme où il conclut qu'il n'a pas le droit de ne pas croire en Dieu. La sagesse supérieure et supraphilosophique de ces individus éclairés et disciplinés leur apporte, en fin de compte, l'enseignement que, s'ils doutent de Dieu ou n'ont pas confiance en sa bonté, ils se révèlent être infidèles à l'élément le plus réel et le plus profond qui soit dans le mental et l'âme des hommes - l'Ajusteur divin.

101.2  Le Fait de la Religion

101:2.1 Le fait de la religion consiste entièrement dans l'expérience religieuse des êtres humains raisonnables et ordinaires. C'est le seul dans lequel la religion puisse jamais être considérée comme scientifique ou même psychologique. C'est ce même fait d'expérience humaine qui prouve que la révélation est révélation, à savoir que la révélation synthétise les sciences de la nature et la théologie religieuse, apparemment divergentes, en une philosophie de l'univers cohérente et logique, en une explication coordonnée et sans hiatus aussi bien de la science que de la religion, apportant ainsi l'harmonie au mental et la satisfaction à l'esprit. Elle répond, dans l'expérience humaine, aux interrogations du mental avide de savoir comment l'Infini met sa volonté à exécution et fait ses plans dans la matière, avec le mental et sur l'esprit.

101:2.2 La raison est la méthode de la science ; la foi est la méthode de la religion ; la logique est la technique que tâche d'utiliser la philosophie. La révélation compense l'absence du point de vue morontiel en fournissant une technique pour parvenir à l'unité dans la compréhension de la réalité de la matière et de l'esprit ainsi que de leurs relations par l'intermédiaire du mental. La vraie révélation ne dénature jamais la science ; elle ne rend ni la religion déraisonnable, ni la philosophie illogique.

101:2.3 Par l'étude de la science, la raison peut, au travers de la nature, conduire à retrouver une Cause Première, mais il faut une foi religieuse pour transformer la Cause Première de la science en un Dieu de salut ; en outre, la révélation est nécessaire pour valider cette foi, cette clairvoyance spirituelle.

101:2.4 Il y a deux raisons fondamentales pour croire en un Dieu qui entretient la survie humaine :

101:2.5 1. L'expérience humaine, l'assurance personnelle, l'espérance et la confiance ressenties d'une façon ou d'une autre et suscitées par l'Ajusteur de Pensée intérieur.

101:2.6 2. La révélation de la vérité, soit par le ministère personnel direct de l'Esprit de Vérité, soit par l'effusion de Fils divins sur le monde, soit par la révélation de la parole dans des écrits.

101:2.7 Les recherches de la science par la raison s'achèvent à l'hypothèse d'une Cause Première. La religion n'interrompt pas sa propre envolée de foi avant d'être sûre de l'existence d'un Dieu de salut. Les études scientifiques discriminatoires suggèrent logiquement la réalité et l'existence d'un Absolu. La religion croit sans réserve à l'existence et à la réalité d'un Dieu qui entretient la survie de la personnalité. Là où la métaphysique échoue totalement et où la philosophie elle-même échoue partiellement, la révélation réussit : elle affirme que la Cause Première de la science et le Dieu de salut de la religion ne sont qu'une seule et même Déité.

101:2.8 La raison est la preuve de la science, la foi est la preuve de la religion, la logique est la preuve de la philosophie, mais la révélation n'est validée que par l'expérience humaine. La science apporte la connaissance, la religion apporte le bonheur, la philosophie apporte l'unité et la révélation confirme l'harmonie expérientielle de cette approche trine de la réalité universelle.

101:2.9 La contemplation de la nature ne peut révéler qu'un Dieu de la nature, un Dieu de mouvement. La nature ne fait voir que la matière, le mouvement et l'animation - la vie. Sous certaines conditions, la matière additionnée d'énergie se manifeste sous des formes vivantes, mais, alors que la vie naturelle est un phénomène relativement continu, elle reste entièrement transitoire pour les individus. La nature ne fournit pas de base à une croyance logique en la survie de la personnalité humaine. L'homme religieux qui trouve Dieu dans la nature a d'abord et déjà trouvé ce même Dieu personnel dans sa propre âme.

101:2.10 La foi révèle Dieu dans l'âme. La révélation, substitut de la clairvoyance morontielle sur les mondes évolutionnaires, permet à l'homme de voir, dans la nature, le même Dieu que la foi a déployé dans son âme. La révélation réussit ainsi à jeter un pont par-dessus l'abime entre le matériel et le spirituel, et même entre la créature et le Créateur, entre l'homme et Dieu.

101:2.11 La contemplation de la nature conduit logiquement vers la notion de l'existence d'une gouverne intelligente et même d'une supervision vivante, mais elle ne révèle d'aucune manière satisfaisante un Dieu personnel. D'autre part, il n'y a rien, dans la nature, qui empêche de considérer l'univers comme l'oeuvre du Dieu de la religion. On ne peut trouver Dieu par la nature seule, mais, une fois qu'on l'a trouvé autrement, l'étude de la nature devient entièrement compatible avec une interprétation plus élevée et plus spirituelle de l'univers.

101:2.12 La révélation, en tant que phénomène historique, est périodique ; en tant qu'expérience humaine personnelle, elle est continue. La divinité opère dans la personnalité humaine comme don de l'Ajusteur par le Père, comme Esprit de Vérité du Fils et comme Saint-Esprit de l'Esprit de l'Univers, et ces trois dotations supramortelles sont unifiées dans l'évolution expérientielle humaine en tant que ministère du Suprême.

101:2.13 La vraie religion est une pénétration dans la réalité, l'enfant par la foi de la conscience morale, et non un simple assentiment intellectuel à un quelconque corps de doctrines dogmatiques. La vraie religion consiste à éprouver expérimentalement que « l'Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit que nous sommes les enfants de Dieu » . La religion ne consiste pas en des propositions théologiques, mais dans la clairvoyance spirituelle et la sublimité de la confiance de l'âme.

101:2.14 Votre nature la plus profonde - l'Ajusteur divin - crée en vous une faim et une soif de droiture, un certain désir intense de perfection divine. La religion est l'acte de foi par lequel on reconnaît cette impulsion intérieure d'accomplissement divin. Ainsi naissent la confiance et l'assurance de l'âme que vous reconnaissez être le chemin du salut, la technique de survie de la personnalité et toutes les valeurs considérées comme vraies et bonnes.

101:2.15 La réalisation de la religion n'a jamais dépendu et ne dépendra jamais d'un grand savoir ou d'une logique habile. Elle est clairvoyance spirituelle, et c'est précisément pourquoi certains des plus grands éducateurs religieux, et même les prophètes, ont parfois possédé si peu de la sagesse du monde. La foi religieuse est accessible également aux érudits et aux ignorants.

101:2.16 La religion doit toujours être son propre critique et son propre juge ; elle ne peut jamais être évaluée, et encore bien moins comprise, de l'extérieur. Votre seule assurance d'un Dieu personnel consiste en votre propre clairvoyance concernant votre croyance aux choses spirituelles et votre expérience de ces choses spirituelles. Pour tous vos compagnons qui ont eu une expérience semblable, nul argument sur la personnalité ou la réalité de Dieu n'est nécessaire, tandis que, pour tous les autres hommes qui n'ont pas cette certitude de Dieu, aucun argument ne peut jamais être vraiment convaincant.

101:2.17 La psychologie peut assurément essayer d'étudier le phénomène des réactions religieuses à l'entourage social, mais jamais elle ne peut espérer pénétrer les mobiles intérieurs et réels ni le fonctionnement de la religion. Seule la théologie, domaine de la foi et technique de la révélation, peut rendre compte intelligemment de la nature et du contenu de l'expérience religieuse.

101.3  Les Caractéristiques de la Religion

101:3.1 La religion est tellement vitale qu'elle persiste en l'absence de savoir. Elle vit, en dépit de sa contamination par des cosmologies erronées et des fausses philosophies. Elle survit même à la confusion de la métaphysique. À travers toutes les vicissitudes historiques de la religion persiste toujours ce qui est indispensable au progrès et à la survie des hommes : la conscience éthique et la conscience morale.

101:3.2 La clairvoyance de la foi, ou intuition spirituelle, est la dotation du mental cosmique en association avec l'Ajusteur de Pensée, lequel est le don du Père à l'homme. La raison spirituelle, ou intelligence de l'âme, est la dotation du Saint-Esprit, le don de l'Esprit Créatif à l'homme. La philosophie spirituelle, ou sagesse des réalités spirituelles, est la dotation de l'Esprit de Vérité, le don conjugué des Fils d'effusion aux enfants des hommes. La coordination et l'association de ces dotations spirituelles font de l'homme une personnalité spirituelle dans une destinée potentielle.

101:3.3 C'est cette même personnalité spirituelle, sous une forme primitive et embryonnaire qui, en la possession de l'Ajusteur, survit à la mort naturelle dans la chair. Cette entité composite d'origine spirituelle associée à une expérience humaine est rendue capable de survivre (conservée par l'Ajusteur) à la dissolution du moi mental et matériel. Elle y parvient au moyen du chemin vivant fourni par les Fils divins quand l'association temporaire du matériel et du spirituel est rompue par la cessation du mouvement vital.

101:3.4 Par la foi religieuse, l'âme de l'homme se révèle et démontre la divinité potentielle de sa nature émergente par la manière caractéristique dont elle incite la personnalité mortelle à réagir à certaines situations intellectuellement et socialement éprouvantes. La foi spirituelle authentique (la vraie conscience morale) se révèle en ceci :

101:3.5 1. Elle fait progresser l'éthique et la morale malgré les tendances animales inhérentes et adverses.

101:3.6 2. Elle produit une sublime confiance dans la bonté de Dieu, même en face de déceptions amères et de défaites écrasantes.

101:3.7 3. Elle engendre une confiance et un courage profonds malgré l'adversité naturelle et les calamités physiques.

101:3.8 4. Elle fait preuve d'une stabilité inexplicable et d'une tranquillité fortifiante, en dépit de maladies déconcertantes et même de souffrances physiques aiguës.

101:3.9 5. Elle conserve à la personnalité un sang-froid et un équilibre mystérieux en face des mauvais traitements et des plus flagrantes injustices.

101:3.10 6. Elle maintient une confiance divine dans la victoire finale, malgré les cruautés d'un destin apparemment aveugle et l'indifférence apparemment complète des forces naturelles envers le bien-être humain.

101:3.11 7. Elle persiste à croire inébranlablement en Dieu malgré toutes les démonstrations contraires de la logique, et résiste avec succès à tous les autres sophismes intellectuels.

101:3.12 8. Elle continue à montrer une foi indomptable en la survie de l'âme, sans se soucier des enseignements trompeurs de la fausse science ni des illusions persuasives d'une philosophie spécieuse.

101:3.13 9. Elle vit et triomphe indépendamment du fardeau écrasant des civilisations complexes et partielles des temps modernes.

101:3.14 10. Elle contribue à la survivance continue de l'altruisme en dépit de l'égoïsme humain, des antagonismes sociaux, des convoitises industrielles et des dérèglements politiques.

101:3.15 11. Elle adhère fermement à une croyance sublime à l'unité de l'univers et à la gouverne divine, sans se préoccuper de la présence troublante du mal et du péché.

101:3.16 12. Elle continue imperturbablement à adorer Dieu en dépit de tout, et quoi qu'il arrive. Elle ose déclarer : « Même s'il m'immole, je le servirai. »

101:3.17 Nous savons donc, par trois phénomènes, que l'homme a un esprit ou des esprits divins qui l'habitent ; premièrement par expérience personnelle - la foi religieuse ; deuxièmement par révélation - personnelle et raciale ; et troisièmement par l'étonnante manifestation des réactions extraordinaires et non naturelles dont nous venons de donner des exemples en décrivant douze accomplissements de caractère spirituel en face de situations effectives et éprouvantes de l'existence humaine réelle, et il y en a encore d'autres.

101:3.18 Ce sont précisément de telles performances vitales et vigoureuses de la foi, dans le domaine de la religion, qui donnent le droit aux mortels d'affirmer la possession personnelle et la réalité spirituelle de ce don suprême de la nature humaine, l'expérience religieuse.

101.4  Les Limites de la Révélation

101:4.1 Parce que votre monde ignore généralement l'origine des choses, même physiques, il a paru sage de lui fournir, de temps en temps, des notions de cosmologie, mais cela a toujours provoqué des troubles pour l'avenir. Les lois gouvernant la révélation nous gênent grandement, parce qu'elles interdisent de transmettre des connaissances imméritées ou prématurées. Toute cosmologie présentée comme partie d'une religion révélée est destinée à être dépassée au bout de très peu de temps. En conséquence, ceux qui étudient, après coup, cette révélation sont tentés de rejeter tout élément de vérité religieuse authentique qu'elle peut contenir, parce qu'ils découvrent des erreurs manifestes dans les cosmologies associées qui y sont présentées.

101:4.2 L'humanité devrait comprendre que nous, qui participons à la révélation de la vérité, nous sommes très rigoureusement limités par les instructions de nos supérieurs. Nous ne sommes pas libres d'anticiper sur les découvertes scientifiques d'un millénaire. Les révélateurs doivent agir selon les instructions qui forment une partie du commandement de révéler. Nous ne voyons aucun moyen de surmonter cette difficulté, ni dans le présent ni dans un avenir quelconque. Les faits historiques et les vérités religieuses de cette série d'exposés révélateurs subsisteront dans les annales des âges à venir, mais, en même temps, nous savons parfaitement que, d'ici peu d'années, beaucoup de nos affirmations concernant les sciences physiques auront besoin d'être revues, à la suite de développements scientifiques additionnels et de découvertes nouvelles. Nous prévoyons, dès maintenant, ces nouveaux développements, mais il nous est interdit d'inclure, dans nos exposés révélateurs, ces notions que les hommes n'ont pas encore découvertes. Qu'il soit bien clair que les révélations ne sont pas nécessairement inspirées. La cosmologie révélée ici n'est pas inspirée. Elle est limitée par l'autorisation que nous avons de coordonner et de trier les connaissances d'aujourd'hui. La clairvoyance divine ou spirituelle est un don, mais la sagesse humaine doit évoluer.

101:4.3 La vérité est toujours une révélation. C'est une autorévélation quand elle émerge comme résultat du travail de l'Ajusteur intérieur, et c'est une révélation historique quand elle est présentée par le truchement d'autres intermédiaires, groupes ou personnalités célestes.

101:4.4 En dernière analyse, la religion doit être jugée à ses fruits, selon la manière dont elle démontre son excellence divine inhérente et l'étendue de cette démonstration.

101:4.5 La vérité peut n'être inspirée que relativement, bien que la révélation soit invariablement un phénomène spirituel. Les exposés se référant à la cosmologie ne sont jamais inspirés, mais de telles révélations ont une immense valeur, en ce sens qu'elles clarifient au moins provisoirement les connaissances :

101:4.6 1. Elles réduisent la confusion en éliminant d'autorité les erreurs.

101:4.7 2. Elles coordonnent les observations et les faits connus ou sur le point d'être connus.

101:4.8 3. Elles restaurent d'importantes fractions de connaissances perdues concernant des évènements historiques du passé lointain.

101:4.9 4. Elles fournissent des renseignements qui comblent des lacunes fondamentales dans les connaissances acquises par ailleurs.

101:4.10 5. Elles présentent des données cosmiques d'une manière qui éclaire les enseignements spirituels contenus dans la révélation qui les accompagne.

101.5  Expansion de la Religion par Révélation

101:5.1 La révélation est une technique qui permet d'économiser des âges et des âges de temps dans le travail indispensable de triage et de criblage des erreurs de l'évolution, afin de dégager les vérités acquises par l'esprit.

101:5.2 La science traite des faits. La religion ne s'occupe que des valeurs. Par une philosophie éclairée, le mental s'efforce d'unir les significations des faits et des valeurs pour arriver à un concept de la réalité complète. Souvenez-vous que la science est le domaine de la connaissance, la philosophie, le royaume de la sagesse, et la religion, la sphère de l'expérience de la foi. La religion présente néanmoins deux phases de manifestations :

101:5.3 1. La religion évolutionnaire. C'est l'expérience des cultes primitifs, la religion qui découle du mental.

101:5.4 2. La religion révélée. L'attitude universelle qui découle de l'esprit ; c'est la conviction et l'assurance que les réalités éternelles sont conservées, que la personnalité survit, et que l'on atteindra finalement la Déité cosmique dont le dessein a rendu tout ceci possible. Tôt ou tard, la religion évolutionnaire est destinée à recevoir l'expansion spirituelle de la révélation ; cela fait partie du plan de l'univers.

101:5.5 La science et la religion commencent toutes deux par admettre certaines bases généralement acceptées pour en tirer des déductions logiques. Il faut donc aussi que la philosophie commence sa carrière en admettant la réalité de trois choses :

101:5.6 1. Le corps matériel.

101:5.7 2. La phase supramatérielle de l'être humain, l'âme ou même l'esprit intérieur.

101:5.8 3. Le mental humain, mécanisme d'interassociation et d'intercommunication entre l'esprit et la matière, entre le matériel et le spirituel.

101:5.9 Les savants rassemblent des faits, les philosophes coordonnent des idées, tandis que les prophètes exaltent des idéaux. Les sentiments et les émotions accompagnent invariablement la religion, mais ne sont pas la religion. La religion peut être le sentiment de l'expérience, mais difficilement l'expérience des sentiments. Ni la logique (la rationalisation) ni les émotions (les sentiments) ne font nécessairement partie de l'expérience religieuse ; bien que toutes deux puissent être diversement associées à l'exercice de la foi pour faire progresser la clairvoyance spirituelle dans la réalité, le tout selon le statut et les tendances tempéramentales du mental individuel.

101:5.10 La religion évolutionnaire est la manifestation pratique du don de l'adjuvat mental de l'univers local chargé de créer et d'entretenir la caractéristique d'adoration chez l'homme en évolution. Ces religions primitives s'intéressent directement à l'éthique et à la morale, au sens du devoir humain. Elles sont fondées sur l'assurance de la conscience et aboutissent à stabiliser des civilisations relativement éthiques.

101:5.11 Les religions personnellement révélées sont parrainées par les esprits d'effusion représentant les trois personnes de la Trinité du Paradis ; elles s'occupent spécialement de l'expansion de la vérité. La religion évolutionnaire inculque à l'individu l'idée du devoir personnel ; la religion révélée met de plus en plus l'accent sur l'amour, la règle d'or.

101:5.12 La religion évoluée repose entièrement sur la foi. La révélation donne l'assurance supplémentaire de présenter, d'une manière plus étendue, les vérités concernant la divinité et la réalité, et le témoignage encore plus précieux de l'expérience effective qui s'accumule par l'union efficace pratique de la foi de l'évolution et de la vérité de la révélation. Cette union efficace de la foi humaine et de la vérité divine constitue la possession d'un caractère qui est bien en voie d'acquérir effectivement une personnalité morontielle.

101:5.13 La religion évolutionnaire ne fournit que l'assurance de la foi et la confirmation de la conscience. La religion révélée fournit l'assurance de la foi plus la vérité d'une expérience vivante des réalités de la révélation. La troisième étape de la religion, ou troisième phase de l'expérience de la religion, concerne l'état morontiel, l'emprise plus ferme de la mota. Au cours de la progression morontielle, les vérités de la religion révélée subissent une expansion croissante. Vous connaîtrez de mieux en mieux la vérité des valeurs suprêmes, des bienfaits divins, des relations universelles, des réalités éternelles et des destinées ultimes.

101:5.14 Pendant toute la progression morontielle, l'assurance de la vérité remplace de plus en plus l'assurance de la foi. Quand vous serez finalement enrôlés dans le monde spirituel réel, les assurances de la pure clairvoyance spirituelle opéreront alors à la place de la foi et de la vérité, ou plutôt en conjonction avec elles et en se surimposant sur ces anciennes techniques d'assurance de la personnalité.

101.6  L'Expérience Religieuse Progressive

101:6.1 La phase morontielle de la religion révélée concerne l'expérience de la survie ; son grand mobile est d'aboutir à la perfection de l'esprit. La poussée supérieure incitant à l'adoration est également présente, associée à l'impulsion d'un appel à un service éthique accru. La clairvoyance morontielle implique une expansion constante de la conscience du Septuple, du Suprême et même de l'Ultime.

101:6.2 Tout au long de chaque expérience religieuse, depuis ses premiers débuts sur le niveau matériel jusqu'à l'obtention du plein statut d'esprit, l'Ajusteur est le secret permettant la réalisation personnelle de la réalité de l'existence du Suprême. Ce même Ajusteur détient aussi les secrets de votre foi en l'accomplissement de l'Ultime. La personnalité expérientielle de l'homme en évolution, unie à l'Ajusteur essence du Dieu existentiel, constitue le parachèvement potentiel de l'existence suprême et elle est par nature la base permettant l'extériorisation superfinie de la personnalité transcendantale.

101:6.3 La volonté morale embrasse des décisions basées sur une connaissance raisonnée, accrues par la sagesse et sanctionnées par une foi religieuse. De tels choix sont des actes de nature morale et prouvent l'existence d'une personnalité morale, prémices de la personnalité morontielle et finalement du vrai statut d'esprit.

101:6.4 Le type évolutionnaire de connaissance n'est que l'accumulation des matériaux protoplasmiques de la mémoire, c'est la forme la plus primitive de conscience des créatures. La sagesse englobe les idées formulées par la mémoire protoplasmique dans un processus d'associations et de recombinaisons nouvelles ; ce phénomène différencie le mental humain du mental simplement animal. Les animaux ont des connaissances, mais seul l'homme possède l'aptitude à la sagesse. La vérité est rendue accessible à l'individu doué de sagesse par l'effusion sur un tel mental des esprits du Père et des Fils, l'Ajusteur de Pensée et l'Esprit de Vérité.

101:6.5 Lors de son effusion sur Urantia, Christ Micaël vécut sous le règne de la religion évolutionnaire jusqu'à l'époque de son baptême. À partir de ce moment-là et jusqu'à sa crucifixion incluse, il poursuivit son oeuvre par la gouverne conjuguée de la religion évolutionnaire et de la religion révélée. Depuis le matin de sa résurrection jusqu'à son ascension, il traversa les multiples phases de la vie morontielle de transition humaine depuis le monde de la matière jusqu'à celui de l'esprit. Après son ascension, Micaël devint maitre de l'expérience de la Suprématie, la réalisation du Suprême. Étant la seule personne dans Nébadon à posséder l'aptitude illimitée d'expérimenter la réalité du Suprême, il atteignit instantanément le statut de la souveraineté de suprématie dans et sur son univers local.

101:6.6 Chez l'homme, la fusion finale avec l'Ajusteur intérieur et l'unité résultante - la synthèse de l'homme et de l'essence de Dieu en une personnalité - font de lui potentiellement une partie vivante du Suprême, et assurent à l'être jadis mortel le droit de naissance éternel à poursuivre indéfiniment la finalité du service universel avec et pour le Suprême.

101:6.7 La révélation enseigne à l'homme mortel que, pour entreprendre une aventure aussi magnifique et mystérieuse à travers l'espace au moyen de la progression du temps, il doit commencer par organiser ses connaissances en idées-décisions. Il faut ensuite ordonner à la sagesse de travailler sans relâche à sa noble tâche de transformation des idées personnelles en idéaux de plus en plus pratiques, mais néanmoins célestes ; il faut même que ces concepts soient assez raisonnables en tant qu'idées et assez logiques en tant qu'idéaux pour que l'Ajusteur ose les conjuguer et les spiritualiser, de manière à les rendre disponibles pour cette association dans le mental fini qui en fera le complément humain effectif prêt à réagir à l'Esprit de Vérité des Fils, les manifestations spatiales-temporelles de la vérité du Paradis - la vérité universelle. La coordination d'idées-décisions, d'idéaux logiques et de la vérité divine représente la possession d'un caractère droit, condition préalable pour qu'un mortel soit admis aux réalités toujours plus vastes et de plus en plus spirituelles des mondes morontiels.

101:6.8 Les enseignements de Jésus constituèrent la première religion d'Urantia embrassant si pleinement une coordination harmonieuse de connaissance, de sagesse, de foi, de vérité et d'amour pour fournir complètement et simultanément la tranquillité temporelle, la certitude intellectuelle, l'illumination morale, la stabilité philosophique, la sensibilité éthique, la conscience de Dieu et l'assurance formelle de la survie personnelle. La foi de Jésus indiqua le chemin vers la finalité du salut humain, vers l'ultimité de l'aboutissement universel des mortels, puisqu'elle assurait :

101:6.9 1. La délivrance des entraves matérielles dans la réalisation personnelle de la filiation avec Dieu, qui est esprit.

101:6.10 2. La délivrance de l'esclavage intellectuel : l'homme connaîtra la vérité, et la vérité l'affranchira.

101:6.11 3. La délivrance de l'aveuglement spirituel, la réalisation humaine de la fraternité des êtres mortels et la conscience morontielle de la fraternité de toutes les créatures de l'univers ; la découverte de la réalité spirituelle par le service et la révélation de la bonté des valeurs spirituelles par le ministère.

101:6.12 4. La délivrance de l'incomplétude du moi, par le fait d'atteindre les niveaux spirituels de l'univers et finalement par la réalisation de l'harmonie de Havona et la perfection du Paradis.

101:6.13 5. La délivrance du moi, échappant aux limitations de la conscience de soi par l'aboutissement aux niveaux cosmiques du mental Suprême et par la coordination avec les accomplissements de tous les autres êtres conscients de soi.

101:6.14 6. La délivrance du temps, par l'accomplissement d'une vie éternelle de progrès sans fin dans la reconnaissance de Dieu et le service de Dieu.

101:6.15 7. La délivrance du fini, par une unité devenue parfaite avec la Déité dans et par le Suprême, au moyen de laquelle la créature essaye de découvrir transcendantalement l'Ultime sur les niveaux postfinalitaires absonites.

101:6.16 Cette septuple délivrance équivaut à atteindre la réalisation parfaite et complète de l'expérience ultime du Père Universel. Et tout ceci est potentiellement contenu dans la réalité de la foi de l'expérience religieuse humaine, et peut y être contenu effectivement, car la foi de Jésus était nourrie par des réalités dépassant même l'ultime, et elle les révélait. La foi de Jésus approchait du statut d'un absolu universel dans la mesure où la manifestation de cet absolu est possible dans le cosmos de l'espace et du temps en évolution.

101:6.17 En assimilant la foi de Jésus, l'homme mortel peut avoir, dans le temps, un avant-gout des réalités de l'éternité. Au cours de son expérience humaine, Jésus découvrit le Père Final, et ses frères en incarnation dans la vie mortelle peuvent le suivre dans la même expérience de découverte du Père. Tels qu'ils sont, ils peuvent même atteindre, dans cette expérience avec le Père, une satisfaction semblable à celle de Jésus tel qu'il était. De nouveaux potentiels furent actualisés dans l'univers de Nébadon à la suite de l'effusion terminale de Micaël, et l'un d'eux fut une nouvelle illumination du sentier de l'éternité qui conduit au Père de tous et qui peut être parcouru même par les mortels de chair et de sang au cours de leur vie initiale sur les planètes de l'espace. Jésus était et reste le nouveau chemin vivant par lequel l'homme peut entrer dans le divin héritage dont le Père a décrété qu'il lui appartiendrait, pourvu qu'il le demande. En Jésus sont abondamment démontrés à la fois les commencements et les aboutissements de l'expérience de la foi de l'humanité et même de l'humanité divine.

101.7  Une Philosophie Personnelle de la Religion

101:7.1 Une idée n'est qu'un plan théorique d'action, tandis qu'une décision formelle est un plan d'action validé. Un stéréotype est un plan d'action accepté sans validation. Les matériaux avec lesquels un individu peut se bâtir une philosophie personnelle de la religion sont tirés à la fois de son expérience intérieure et de son expérience avec son entourage. Le statut social, les conditions économiques, la possibilité de s'instruire, les orientations morales, l'influence des institutions, les développements politiques, les tendances raciales et les enseignements religieux du temps et du lieu deviennent tous des facteurs dans la formulation d'une philosophie personnelle de la religion. Même les tempéraments innés et les penchants intellectuels déterminent, d'une façon marquée, les types de philosophie religieuse. La vocation, le mariage et les affinités influencent tous l'évolution des niveaux de vie personnels.

101:7.2 Une philosophie de la religion naît d'une croissance fondamentale des idées, accrue de la vie expérimentale, toutes deux modifiées par la tendance à imiter des compagnons. La solidité des conclusions philosophiques dépend de la pénétration, de l'honnêteté et de la discrimination dans la manière de penser en relation avec la sensibilité aux significations et la justesse d'évaluation. Les êtres moralement lâches n'atteignent jamais des niveaux élevés de pensée philosophique. Il faut du courage pour pénétrer de nouveaux plans d'expérience et pour tenter l'exploration des domaines inconnus de la vie intellectuelle.

101:7.3 De nouveaux systèmes de valeurs voient à présent le jour ; de nouvelles formulations de principes et de critères s'établissent ; les habitudes et les idéaux sont rénovés ; une certaine idée d'un Dieu personnel est atteinte, suivie de concepts élargis des relations avec lui.

101:7.4 La grande différence entre une philosophie religieuse et une philosophie non religieuse de la vie réside dans la nature et le niveau des valeurs reconnues, et dans l'objet des allégeances. L'évolution de la philosophie religieuse comporte quatre phases. Cette expérience peut devenir simplement conformiste, résignée à la soumission, à la tradition et à l'autorité. Ou bien, elle peut se satisfaire d'accomplissements mineurs, juste assez pour stabiliser sa vie quotidienne et se trouver alors arrêtée de bonne heure sur ce niveau occasionnel. Les mortels de ce genre croient que le mieux est l'ennemi du bien. Un troisième groupe progresse jusqu'au niveau de l'intellectualité logique, mais y stagne par suite d'esclavage culturel. Il est vraiment lamentable de voir des intelligences géantes maintenues si solidement sous l'emprise cruelle de la servitude culturelle. Il est tout aussi pathétique d'observer ceux qui troquent leur servitude culturelle contre les chaines matérialistes d'une discipline faussement qualifiée de science. Le quatrième niveau de philosophie parvient à s'affranchir de tous les handicaps classiques et traditionnels ; sur ce niveau, on ose penser, agir et vivre honnêtement, loyalement, sans peur et sincèrement.

101:7.5 La pierre de touche pour toute philosophie religieuse consiste à savoir si elle fait ou ne fait pas la distinction entre la réalité du monde matériel et celle du monde spirituel, tout en reconnaissant en même temps leur unification dans l'effort intellectuel et le service social. Une saine philosophie religieuse ne confond pas les choses de Dieu avec celles de César. Elle n'admet pas non plus le culte esthétique du pur merveilleux comme substitut de la religion.

101:7.6 La philosophie transforme la religion primitive, qui était largement un conte de fées de la conscience, en une expérience vivante des valeurs ascendantes de la réalité cosmique.

101.8  Foi et Croyance

101:8.1 La croyance a atteint le niveau de la foi quand elle motive la vie et façonne la manière de vivre. Le fait d'accepter un enseignement comme vrai n'est pas la foi, c'est une simple croyance. La certitude et la conviction ne sont pas non plus la foi. Une disposition mentale n'atteint les niveaux de la foi que si elle domine effectivement la manière de vivre. La foi est un attribut vivant de l'expérience religieuse personnelle authentique. On croit la vérité, on admire la beauté, on respecte la bonté, mais on ne les adore pas. Une telle attitude de foi salvatrice est centrée sur Dieu seul, qui personnifie la vérité, la beauté, la bonté et infiniment plus encore.

101:8.2 La croyance limite et enchaine toujours ; la foi se déploie et libère. La croyance attache, la foi affranchit. Mais la foi religieuse vivante représente plus qu'une association de nobles croyances, plus qu'un système exalté de philosophie ; elle est une expérience vivante s'intéressant aux significations spirituelles, aux idéaux divins et aux valeurs suprêmes ; elle connaît Dieu et sert les hommes. Les croyances peuvent devenir la propriété d'un groupe, mais la foi doit être personnelle. On peut suggérer des croyances théologiques à un groupe, mais la foi ne peut surgir dans le coeur des personnes religieuses qu'individuellement.

101:8.3 La foi falsifie sa mission de confiance quand elle prétend nier les réalités et conférer à ses adeptes des connaissances présumées. La foi est traitresse quand elle pousse à trahir l'intégrité intellectuelle et déprécie la fidélité aux valeurs suprêmes et aux idéaux divins. La foi ne se dérobe jamais au devoir de résoudre les problèmes de la vie des mortels. La foi vivante ne favorise ni la bigoterie, ni la persécution ni l'intolérance.

101:8.4 La foi n'entrave pas l'imagination créatrice, elle n'entretient pas non plus de préjugés irraisonnés contre les découvertes de la recherche scientifique. La foi vivifie la religion et oblige les personnes religieuses à vivre héroïquement la règle d'or. Le zèle de la foi est proportionné à la connaissance, et ses efforts sont le prélude d'une paix sublime.

101.9  Religion et Moralité

101:9.1 Nulle révélation de la religion, qui se prétend telle, ne peut être considérée comme authentique si elle ne reconnaît pas les devoirs, commandés par les obligations morales, qui avaient été créés et entretenus par la religion évolutionnaire antérieure. La révélation élargit infailliblement l'horizon éthique de la religion évoluée, tout en accroissant simultanément et infailliblement les obligations morales résultant de toutes les révélations antérieures.

101:9.2 Quand vous prenez la liberté de porter un jugement critique sur la religion primitive de l'homme (ou sur la religion de l'homme primitif), vous devriez vous souvenir qu'il faut juger les sauvages et estimer leur expérience religieuse selon leurs clartés et leur statut de conscience. Ne commettez pas l'erreur de juger la religion d'autrui d'après vos propres critères de connaissance et de vérité.

101:9.3 La vraie religion est, à l'intérieur de l'âme, cette conviction intime et sublime qui exhorte l'homme, d'une manière irrésistible, à considérer comme mauvais pour lui de ne pas croire aux réalités morontielles qui constituent ses concepts éthiques et moraux les plus élevés, sa plus haute interprétation des plus grandes valeurs de la vie et des plus profondes réalités de l'univers. Et cette religion est simplement l'expérience de vouer sa loyauté intellectuelle aux directives les plus élevées de la conscience spirituelle.

101:9.4 La recherche de la beauté ne fait partie de la religion que dans la mesure où elle est éthique et enrichit le concept de la morale. L'art n'est religieux que s'il se diffuse avec un dessein dérivé de haute motivation spirituelle.

101:9.5 La conscience spirituelle éclairée de l'homme civilisé s'intéresse moins à une croyance intellectuelle spécifique ou à un mode de vie particulier qu'à découvrir la vérité de la vie, la bonne et juste technique pour réagir aux situations toujours récurrentes de l'existence des mortels. La conscience morale est simplement un nom appliqué à la récognition et à la conscience des valeurs éthiques morontielles émergentes auxquelles le devoir exige que l'homme se conforme dans le contrôle et la gouverne de sa conduite au jour le jour.

101:9.6 Nous reconnaissons que la religion est imparfaite, mais il existe au moins deux manifestations pratiques de sa nature et de sa fonction :

101:9.7 1. L'incitation spirituelle et la pression philosophique de la religion poussent l'homme à projeter son estimation des valeurs morales directement à l'extérieur dans les affaires de ses compagnons - c'est la réaction éthique de la religion.

101:9.8 2. La religion crée, pour le mental humain, une conscience spiritualisée de la réalité divine basée sur des concepts antérieurs de valeurs morales, dérivée d'eux par la foi, et coordonnée avec des concepts surimposés de valeurs spirituelles. La religion devient ainsi un censeur des affaires des mortels, une forme de crédit moral glorifié et de confiance dans la réalité, faite des réalités rehaussées du temps et des réalités plus durables de l'éternité.

101:9.9 La foi devient le trait d'union entre la conscience morale et le concept spirituel de la réalité permanente. La religion devient la voie par laquelle l'homme échappe aux limitations matérielles du monde temporel et naturel, et s'oriente vers les réalités célestes du monde éternel et spirituel en utilisant, à cet effet, la technique du salut, la transformation morontielle progressive.

101.10  La Religion en tant que Libératrice de l'Homme

101:10.1 L'homme intelligent sait qu'il est un enfant de la nature, une partie de l'univers matériel. Il ne discerne aucune survie de la personnalité individuelle dans les mouvements et tensions du niveau mathématique de l'univers d'énergie. Jamais non plus l'homme ne peut discerner la réalité spirituelle par l'examen de causes et d'effets physiques.

101:10.2 Un être humain se rend compte aussi qu'il est une partie du cosmos idéationnel, mais, bien qu'un concept puisse persister au delà de la durée de la vie d'un mortel, il n'y a rien d'inhérent au concept qui indique la survivance personnelle de la personnalité qui conçoit. L'épuisement des possibilités de la logique et de la raison ne révélera jamais non plus au logicien ni au raisonneur la vérité éternelle de la survie de la personnalité.

101:10.3 Le niveau matériel de la loi assure la continuité de la causalité, l'interminable réaction de l'effet à l'action antécédente ; le niveau mental suggère la perpétuation dans la continuité de l'idéation, le flot incessant de potentialité conceptuelle dérivant des conceptions préexistantes. Mais aucun de ces niveaux universels ne révèle au chercheur mortel une échappatoire à son statut partiel et à l'intolérable incertitude d'être une réalité transitoire dans l'univers, une personnalité temporelle condamnée à l'anéantissement quand ses énergies vitales limitées seront épuisées.

101:10.4 Seule la voie morontielle conduisant à la clairvoyance spirituelle permet à l'homme de briser les chaines inhérentes à son statut mortel dans l'univers. L'énergie et le mental ramènent bien au Paradis et à la Déité, mais ni la dotation énergétique ni la dotation mentale de l'homme ne proviennent directement de la Déité du Paradis. C'est seulement au sens spirituel que l'homme est un enfant de Dieu, et ceci est vrai parce que c'est seulement au sens spirituel que l'homme est à présent doté et habité par le Père du Paradis. L'humanité ne peut jamais découvrir la divinité autrement que par la voie de l'expérience religieuse et par l'exercice de la vraie foi. L'acceptation de la vérité de Dieu par la foi permet à l'homme d'échapper aux frontières circonscrites des limitations matérielles, et lui fournit un espoir rationnel d'obtenir un sauf-conduit pour sortir du royaume matériel où est la mort, vers le royaume spirituel où est la vie éternelle.

101:10.5 Le dessein de la religion n'est pas de satisfaire la curiosité au sujet de Dieu, mais plutôt d'apporter la constance intellectuelle et la sécurité philosophique, de stabiliser et d'enrichir la vie humaine en mêlant le mortel au divin, le partiel au parfait, l'homme à Dieu. C'est par l'expérience religieuse que les concepts humains de l'idéalité sont dotés de réalité.

101:10.6 Il ne peut jamais y avoir de preuves scientifiques ou logiques de la divinité. La raison seule ne peut jamais valider les valeurs et les bienfaits de l'expérience religieuse. Par contre, il restera toujours vrai que quiconque veut faire la volonté de Dieu comprendra la validité des valeurs spirituelles ; c'est ainsi que, sur le niveau mortel, on s'approche le plus de la possibilité de prouver la réalité de l'expérience religieuse. La foi correspondante fournit la seule manière d'échapper à l'emprise mécanique du monde matériel et aux erreurs déformantes provenant de l'incomplétude du monde intellectuel. C'est la seule solution que l'on ait découverte pour sortir de l'impasse où se trouve la pensée des mortels au sujet de la continuité de la survie de la personnalité individuelle. C'est le seul passeport pour le parachèvement de la réalité et pour l'éternité de vie dans une création universelle d'amour, de loi, d'unité et d'aboutissement progressif à la Déité.

101:10.7 La religion guérit efficacement le sentiment humain d'isolement idéaliste ou de solitude spirituelle. Elle fait admettre le croyant comme fils de Dieu, comme citoyen d'un univers nouveau et significatif. La religion certifie à l'homme que, s'il suit la lueur de droiture discernable dans son âme, il s'identifie par là même avec le plan de l'Infini et le dessein de l'Éternel. Une âme ainsi libérée commence immédiatement à se sentir chez elle dans ce nouvel univers, son univers.

101:10.8 Quand vous passez par l'expérience d'une telle transformation par la foi, vous cessez d'être une partie servile du cosmos mathématique et vous devenez plutôt un fils affranchi volitif du Père Universel. Ce fils affranchi ne lutte plus seul contre le destin inexorable mettant fin à l'existence temporelle ; il ne combat plus toute la nature avec des perspectives irrémédiablement hostiles ; il ne chancelle plus sous la peur paralysante d'avoir peut-être mis sa confiance dans une chimère sans espoir ou engagé sa foi dans une erreur fantaisiste.

101:10.9 Maintenant, les fils de Dieu sont plutôt enrôlés ensemble pour mener le combat où la réalité triomphe des ombres partielles de l'existence. Enfin, toutes les créatures deviennent conscientes du fait que Dieu et toutes les armées divines d'un univers à peu près infini sont à leur côté dans la lutte céleste pour atteindre l'éternité de vie et la divinité de statut. Ces fils affranchis par la foi se sont certainement engagés dans les luttes du temps du côté des forces suprêmes et des personnalités divines de l'éternité ; même les étoiles dans leur course combattent maintenant pour eux. Enfin, ils contemplent l'univers depuis l'intérieur, du point de vue de Dieu, et toutes les incertitudes de l'isolement matériel sont transformées en sécurités de la progression spirituelle éternelle. Le temps lui-même ne devient plus que l'ombre de l'éternité projetée par les réalités du Paradis sur la panoplie mouvante de l'espace.

101:10.10 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

102. Les Fondements de la Foi Religieuse

102:0.1 POUR LE matérialiste incroyant, l'homme est simplement un accident évolutionnaire. Ses espoirs de survivance sont liés à une fiction de son imagination de mortel ; ses frayeurs, ses amours, ses désirs et ses croyances ne sont que les réactions de la juxtaposition accidentelle de certains atomes de matière dépourvus de vie. Nul déploiement d'énergie, nulle expression de confiance ne peuvent le transporter au delà du tombeau. Les oeuvres de dévotion et le génie inspirant les meilleurs hommes sont condamnés à l'annihilation par la mort, à la longue nuit solitaire de l'éternel oubli et de l'anéantissement de l'âme. Un désespoir sans nom est la seule récompense de l'homme pour avoir vécu et travaillé sous le soleil temporel de l'existence mortelle. Chaque jour de la vie resserre lentement et sûrement l'emprise d'un destin impitoyable qu'un univers de matière, hostile et implacable, a décrété comme insulte suprême à tout ce qui est beau, noble, élevé et bon dans les désirs humains.

102:0.2 Telle n'est pas la fin et la destinée éternelle de l'homme. Cette vision n'est que le cri de désespoir poussé par une âme errante qui s'est perdue dans les ténèbres spirituelles, qui lutte bravement en face des sophismes mécanistes d'une philosophie matérialiste, et qui est aveuglée par le désordre et la déformation d'une érudition complexe. Toute cette condamnation aux ténèbres et toute cette destinée de désespoir sont dissipées pour toujours par un seul courageux déploiement de foi du plus humble et du plus ignorant enfant de Dieu sur terre.

102:0.3 Cette foi qui sauve prend naissance dans le coeur humain quand la conscience morale de l'homme se rend compte qu'au cours de l'expérience mortelle, les valeurs humaines peuvent être transposées du matériel au spirituel, de l'humain au divin, du temps à l'éternité.

102.1  Les Assurances de la Foi

102:1.1 Le travail de l'Ajusteur de Pensée est par lui-même l'explication de la manière dont le sens primitif et évolutionnaire du devoir est transmué en une foi supérieure et plus certaine dans les éternelles réalités de la révélation. Il faut que le coeur de l'homme soit avide de perfection pour lui assurer la capacité de comprendre les sentiers de la foi menant à l'aboutissement suprême. Quiconque choisit de faire la volonté divine connaîtra le chemin de la vérité. Il est littéralement vrai « qu'il faut connaître les choses humaines pour les aimer, mais qu'il faut aimer les choses divines pour les connaître. » Mais les doutes honnêtes et les interrogations sincères ne sont pas des péchés ; ces attitudes sont simplement une cause de retard dans le cheminement progressif d'accession à la perfection. Une confiance d'enfant assure l'entrée de l'homme dans le royaume de l'ascension du ciel, mais le progrès dépend entièrement de l'exercice vigoureux de la foi robuste et confiante de l'homme accompli.

102:1.2 La raison de la science est fondée sur les faits observables du temps. La foi religieuse tire argument du programme spirituel de l'éternité. Ce que le savoir et la raison ne peuvent faire pour nous, la vraie sagesse nous exhorte à permettre à la foi de l'accomplir par clairvoyance religieuse et transformation spirituelle.

102:1.3 Par suite de l'isolement dû à la rébellion, la révélation de la vérité sur Urantia a été trop souvent mêlée aux affirmations de cosmologies partielles et transitoires. La vérité reste invariante de génération en génération, mais les enseignements associés concernant le monde physique varient de jour en jour et d'année en année. La vérité éternelle ne devrait pas être dédaignée parce qu'on la rencontre par hasard en compagnie d'idées périmées sur le monde matériel. Plus vous êtes docte en science, moins vous êtes sûr de vous ; plus vous avez de religion, plus vous êtes pénétré de certitude.

102:1.4 Les certitudes de la science proviennent entièrement de l'intellect ; les certitudes de la religion jaillissent des fondements mêmes de la personnalité tout entière. La science fait appel à la compréhension du mental ; la religion fait appel à la fidélité et au dévouement du corps, du mental et de l'esprit, en fait à toute la personnalité.

102:1.5 Dieu est si complètement réel et absolu que l'on ne peut offrir, en témoignage de sa réalité, aucun signe matériel de preuve, aucune démonstration de prétendus miracles. C'est toujours notre confiance en lui qui nous le fera connaître, et notre croyance en lui est entièrement basée sur notre participation personnelle aux manifestations divines de sa réalité infinie.

102:1.6 L'Ajusteur de Pensée intérieur éveille infailliblement, dans l'âme humaine, une véritable soif avide de perfection ainsi qu'une vaste curiosité, lesquelles ne peuvent être convenablement apaisées que par communion avec Dieu, source divine de cet Ajusteur. L'âme assoiffée de l'homme refuse d'être satisfaite tant qu'elle n'est pas parvenue à la réalisation personnelle du Dieu vivant. Quoi que Dieu puisse être de plus qu'une personnalité morale supérieure et parfaite, dans notre concept avide mais fini, il ne peut rien être de moins.

102.2  Religion et Réalité

102:2.1 Un mental observateur et une âme capable de discernement reconnaissent la religion quand ils la rencontrent dans la vie de leurs compagnons. La religion n'a besoin d'aucune définition ; nous connaissons tous ses fruits sociaux, moraux, intellectuels et spirituels. Et tout ceci provient du fait que la religion est la propriété de la race humaine ; elle n'est pas engendrée par la culture. Il est vrai que la perception de la religion est encore humaine, et par conséquent sujette à la servitude de l'ignorance, à l'esclavage des superstitions, aux duperies des sophismes et aux illusions des fausses philosophies.

102:2.2 L'une des particularités caractéristiques de l'assurance religieuse authentique est que, malgré le caractère absolu de ses affirmations et la fermeté de son attitude, l'esprit de son expression est assez équilibré et tempéré pour ne jamais donner la plus petite impression d'affirmation de soi ou d'exaltation de l'ego. La sagesse de l'expérience religieuse est quelque peu paradoxale, en ce sens qu'elle est, à la fois, d'origine humaine et dérivée de l'Ajusteur. La force religieuse n'est pas le produit des prérogatives personnelles de l'individu, mais plutôt la mise en oeuvre de l'association sublime entre l'homme et la source perpétuelle de toute sagesse. C'est ainsi que les paroles et les actes de la religion vraie, dans sa pureté originale, acquièrent une autorité irrésistible pour tous les mortels éclairés.

102:2.3 Il est difficile d'identifier et d'analyser les facteurs d'une expérience religieuse, mais il est facile d'observer que les pratiquants religieux vivent et persévèrent comme s'ils étaient déjà en présence de l'Éternel. Les croyants réagissent à la vie temporelle comme si l'immortalité était déjà à portée de leur main. Dans la vie de ces mortels, on trouve une originalité valable et une spontanéité d'expression qui les classent définitivement à part de leurs compagnons n'ayant absorbé que la sagesse du monde. Les personnes religieuses paraissent vivre effectivement émancipées du harcèlement de la hâte et de la tension douloureuse des vicissitudes inhérentes aux courants séculiers du temps. Elles font montre d'une stabilité de personnalité et d'une sérénité de caractère que les lois de la physiologie, de la psychologie et de la sociologie n'expliquent pas.

102:2.4 Le temps est invariablement un élément pour atteindre la connaissance ; la religion rend ses dons immédiatement accessibles, bien que subsiste le facteur important de la croissance en grâce, un progrès caractérisé dans toutes les phases de l'expérience religieuse. La connaissance est une quête éternelle ; vous apprenez toujours, mais vous n'êtes jamais capable d'arriver à la connaissance complète de la vérité absolue. La connaissance seule ne donne jamais une certitude absolue, mais seulement une probabilité approximative croissante. Par contre, l'âme religieuse spirituellement illuminée sait, et elle sait maintenant. Cette certitude profonde et positive ne conduit cependant pas cette personne religieuse mentalement saine à prendre moins d'intérêt aux avances et aux reculs du progrès de la sagesse humaine, liée dans le domaine matériel aux lents développements de la science.

102:2.5 Même les découvertes de la science ne sont pas vraiment réelles dans la conscience de l'expérience humaine avant d'être éclaircies et mises en corrélation, avant que leurs faits pertinents ne prennent effectivement une signification par leur mise en circuit dans les courants de pensée du mental. L'homme mortel considère même son entourage physique, depuis le niveau mental, selon la perspective de son enregistrement psychologique. Il n'est donc pas étonnant que l'homme interprète l'univers d'une façon hautement unifiée, et cherche ensuite à identifier l'unité énergétique de sa science avec l'unité spirituelle de son expérience religieuse. Le mental est unité ; la conscience mortelle vit sur le niveau mental et perçoit les réalités universelles par les yeux de ses facultés mentales. La perspective mentale ne révèle pas l'unité existentielle de la source de la réalité, la Source-Centre Première, mais elle peut présenter et présente parfois à l'homme la synthèse expérientielle de l'énergie, du mental et de l'esprit dans l'Être Suprême et en tant qu'Être Suprême. Toutefois, le mental ne peut jamais réussir dans cette unification de la diversité de la réalité, à moins que ce mental ne soit solidement conscient des choses matérielles, des significations intellectuelles et des valeurs spirituelles. Il n'y a unité que dans l'harmonie de la triunité de la réalité fonctionnelle, et c'est seulement dans l'unité que la personnalité se satisfait dans la réalisation de la constance et de la cohérence cosmiques.

102:2.6 Dans l'expérience humaine, c'est par la philosophie que l'on trouve le plus facilement l'unité. Bien que le corps de doctrine philosophique doive toujours être fondé sur des faits matériels, la clairvoyance spirituelle du mortel est l'âme et l'énergie du vrai dynamisme philosophique.

102:2.7 L'homme évolutionnaire n'a pas de gout naturel pour les travaux pénibles. Dans la vie expérientielle, pour marcher de pair avec les exigences harcelantes et les besoins pressants d'une expérience religieuse grandissante, il faut une incessante activité dans la croissance spirituelle, l'expansion intellectuelle, le développement factuel et le service social. Il n'y a pas de véritable religion sans une personnalité très active : c'est pourquoi les hommes les plus indolents cherchent souvent à échapper aux rigueurs des activités vraiment religieuses en se dupant ingénieusement eux-mêmes, en se retirant dans le faux abri de doctrines et de dogmes religieux stéréotypés. Mais la vraie religion est vivante. La cristallisation intellectuelle de concepts religieux équivaut à la mort spirituelle. Vous ne pouvez concevoir une religion sans idées, mais, une fois que la religion se trouve réduite simplement à une idée, elle cesse d'être une religion, elle est devenue simplement une espèce de philosophie humaine.

102:2.8 Par ailleurs, d'autres types d'âmes instables et peu disciplinées cherchent à employer les idées sentimentales de la religion pour échapper aux exigences irritantes de la vie. Quand certains mortels vacillants et timides cherchent à échapper à la pression incessante de la vie évolutionnaire, la religion telle qu'ils la conçoivent semble leur offrir le refuge le plus proche, la meilleure échappatoire. Mais la mission de la religion consiste à préparer l'homme à faire face courageusement, et même héroïquement, aux vicissitudes de la vie. La religion est le don suprême de l'homme évolutionnaire, la seule chose qui lui permette de persévérer et « de souffrir avec patience comme s'il voyait Celui qui est invisible » . Cependant, le mysticisme est souvent empreint d'une tendance à se retirer de la vie ; il est embrassé par les humains qui n'apprécient pas les activités plus rudes d'une vie religieuse vécue dans les arènes ouvertes de la société et du commerce avec les hommes. La vraie religion se doit d'agir. La conduite résulte de la religion quand l'homme en a effectivement une, ou plutôt quand l'homme permet à la religion de le posséder vraiment. La religion ne se satisfera jamais de pensées velléitaires, ni de sentiments passifs.

102:2.9 Nous sommes bien conscients du fait que la religion agit souvent d'une manière peu sage et même irreligieuse, mais elle agit. Des convictions religieuses aberrantes ont conduit à de sanglantes persécutions, mais la religion fait toujours quelque chose ; elle est dynamique. !

102.3  Connaissance, Sagesse et Clairvoyance

102:3.1 Les carences intellectuelles et les insuffisances dans l'éducation handicapent inévitablement l'accès aux niveaux religieux supérieurs, car un environnement de la nature spirituelle aussi appauvri dérobe à la religion son principal canal de contact philosophique avec le monde des connaissances scientifiques. Les facteurs intellectuels de la religion sont importants, mais il arrive aussi parfois que leur hypertrophie soit très gênante et embarrassante. La religion doit constamment travailler sous la pression d'une nécessité paradoxale : la nécessité d'employer efficacement la pensée, tout en faisant peu de cas de l'utilité spirituelle de toute pensée.

102:3.2 Les spéculations religieuses sont inévitables, mais toujours nuisibles. La spéculation dénature invariablement son objet. La spéculation tend à faire passer la religion pour quelque chose de matériel ou d'humaniste, et ainsi, interférant alors directement avec la clarté de la pensée logique, elle fait indirectement apparaître la religion comme une fonction du monde temporel, le monde même avec lequel elle devrait éternellement former contraste. La religion sera donc toujours caractérisée par des paradoxes, les paradoxes résultant de l'absence de la connexion expérientielle entre les niveaux matériels et spirituels de l'univers - de la mota morontielle, la sensibilité supraphilosophique permettant de discerner la vérité et de percevoir l'unité.

102:3.3 Les sentiments matériels, les émotions humaines, conduisent directement à des actions matérielles, à des actes égoïstes. Les points de vue religieux, les motivations spirituelles, conduisent directement à des actions religieuses, à des actes désintéressés de service social et de bienveillance altruiste.

102:3.4 Le désir religieux est une quête avide de la réalité divine. L'expérience religieuse est la réalisation de la conscience d'avoir trouvé Dieu. Et, quand un être humain trouve Dieu, le triomphe de sa découverte fait éprouver à son âme une effervescence tellement indescriptible qu'il est poussé à rechercher un affectueux contact de service avec ses compagnons moins éclairés, non pour révéler qu'il a trouvé Dieu, mais plutôt pour permettre au débordement de la bonté éternelle qui surgit dans son âme de réconforter et ennoblir ses compagnons. La religion réelle mène à un service social accru.

102:3.5 La science, la connaissance, conduit à la conscience des faits ; la religion, l'expérience, conduit à la conscience des valeurs ; la philosophie, la sagesse, conduit à coordonner la conscience. La révélation (le substitut de la mota morontielle) conduit à la conscience de la vraie réalité ; tandis que la coordination de la conscience des faits, des valeurs et de la vraie réalité constitue la perception consciente de la réalité de la personnalité, le maximum d'être, en même temps que de la croyance à la possibilité de survie de cette même personnalité.

102:3.6 La connaissance amène à donner un rang aux hommes, à faire naître des couches sociales et des castes. La religion conduit à servir les hommes et à créer ainsi l'éthique et l'altruisme. La sagesse conduit à une meilleure et plus haute communauté dans nos idées et avec nos semblables. La révélation affranchit les hommes et les lance dans l'aventure éternelle.

102:3.7 La science sélectionne les hommes ; la religion aime les hommes, jusqu'à les aimer comme vous-mêmes ; la sagesse fait justice à la différence entre les hommes ; mais la révélation glorifie l'homme et révèle sa capacité d'association avec Dieu.

102:3.8 La science s'efforce vainement de créer la fraternité de la culture. La religion amène à l'existence la fraternité de l'esprit. La philosophie recherche la fraternité de sagesse ; la révélation dépeint la fraternité éternelle, le Corps Paradisiaque de la Finalité.

102:3.9 La connaissance fait naître de l'orgueil dans le fait de la personnalité ; la sagesse est la conscience de la signification de la personnalité ; la religion est l'expérience de la connaissance de la valeur de la personnalité ; la révélation est l'assurance de la survie de la personnalité.

102:3.10 La science cherche à identifier, à analyser et à classifier les parties fractionnées du cosmos illimité. La religion saisit l'idée-du-tout, l'ensemble du cosmos. La philosophie essaye d'identifier les segments matériels de la science avec le concept de clairvoyance spirituelle du tout. Sur les points où la philosophie échoue dans cette tentative, la révélation réussit en affirmant que le cercle cosmique est universel, éternel, absolu et infini. Ce cosmos de l'Infini JE SUIS est donc sans fin, sans bornes et incluant tout - il est sans temps, sans espace et non qualifié. Et nous rendons témoignage que l'Infini JE SUIS est aussi le Père de Micaël de Nébadon et le Dieu du salut humain.

102:3.11 La science montre la Déité comme un fait ; la philosophie présente l'idée d'un Absolu ; la religion envisage Dieu comme une personnalité spirituelle aimante. La révélation affirme qu'il y a unité entre le fait de la Déité, l'idée de l'Absolu et la personnalité spirituelle de Dieu ; de plus, elle présente ce concept comme étant notre Père - le fait universel de l'existence, l'idée éternelle du mental et l'esprit infini de la vie.

102:3.12 La poursuite de la connaissance constitue la science ; la recherche de la sagesse est la philosophie ; l'amour pour Dieu est la religion ; la soif de vérité est une révélation ; mais c'est l'Ajusteur de Pensée intérieur qui attache le sentiment de réalité à la clairvoyance spirituelle de l'homme par rapport au cosmos.

102:3.13 En science, l'idée précède l'expression de sa réalisation ; en religion, l'expérience de la réalisation précède l'expression de l'idée. Il y a une immense différence entre d'une part la volonté-de-croire évolutionnaire, et d'autre part le produit de la raison éclairée, de la clairvoyance religieuse et de la révélation - la volonté qui croit.

102:3.14 Dans l'évolution, la religion amène souvent l'homme à créer ses concepts de Dieu. La révélation montre le phénomène de Dieu faisant évoluer l'homme lui-même, tandis que, dans la vie terrestre de Christ Micaël, nous voyons le phénomène de Dieu se révélant lui-même à l'homme. L'évolution tend à faire ressembler Dieu à l'homme ; la révélation tend à faire ressembler l'homme à Dieu.

102:3.15 La science n'est satisfaite que par les causes premières, la religion, par la personnalité suprême et la philosophie, par l'unité. La révélation affirme que les trois sont un et que toutes sont bonnes. L'éternel réel est le bien de l'univers, et non les illusions temporelles du mal spatial. Dans l'expérience spirituelle de toutes les personnalités, il est toujours vrai que le réel est le bien et que le bien est le réel.

102.4  Le Fait de l'Expérience

102:4.1 En raison de la présence de l'Ajusteur de Pensée dans votre mental, il n'est pas plus mystérieux pour vous de connaître le mental de Dieu que d'être sûr que vous êtes conscient de connaître tout autre mental, humain ou suprahumain. La religion et la conscience sociale ont ceci de commun : elles sont toutes deux fondées sur la conscience de facultés de penser autres. La technique par laquelle vous pouvez accepter comme vôtre l'idée d'un autre est la même qui vous permet de « laisser le mental qui était en Christ être aussi en vous » .

102:4.2 Qu'est-ce que l'expérience humaine ? C'est simplement l'effet réciproque entre un moi actif et interrogateur, et toute autre réalité active et extérieure. La masse de l'expérience est déterminée par la profondeur de concept, plus le total de la reconnaissance de la réalité de ce qui est extérieur. Le mouvement de l'expérience est égal à la force de l'imagination en expectative, plus l'acuité de la découverte sensorielle des qualités externes de la réalité contactée. Le fait de l'expérience se trouve dans la conscience de soi et de l'existence des autres - des choses autres, des mentalités autres, des spiritualités autres.

102:4.3 L'homme devient très tôt conscient qu'il n'est seul ni dans le monde ni dans l'univers. Il se développe une prise de conscience naturelle et spontanée de mentalités autres dans l'entourage de l'individu. La foi transforme cette expérience naturelle en religion, en récognition de Dieu comme réalité - source, nature et destinée - du mental de l'autre, mais cette connaissance de Dieu est toujours une réalité de l'expérience personnelle. Si Dieu n'était pas une personnalité, il ne pourrait devenir une partie vivante de l'expérience religieuse réelle d'une personnalité humaine.

102:4.4 L'élément d'erreur présent dans l'expérience religieuse humaine est directement proportionnel au contenu de matérialisme qui souille le concept spirituel du Père Universel. La progression de l'homme dans l'univers, avant d'atteindre le statut d'esprit, consiste à se débarrasser de ces idées erronées sur la nature de Dieu et sur la réalité du pur et véritable esprit. La Déité est plus que l'esprit, mais l'approche spirituelle est la seule possible pour l'ascendeur humain.

102:4.5 La prière fait assurément partie de l'expérience religieuse, mais les religions modernes ont mis à tort l'accent sur elle, au détriment de la communion d'adoration qui est plus essentielle. Les pouvoirs réflectifs du mental s'approfondissent et s'élargissent par l'adoration. La prière peut enrichir la vie, mais l'adoration illumine la destinée.

102:4.6 La religion révélée est l'élément unifiant de l'existence humaine. La révélation unifie l'histoire, coordonne la géologie, l'astronomie, la physique, la chimie, la biologie, la sociologie et la psychologie. L'expérience spirituelle est vraiment l'âme du cosmos de l'homme.

102.5  La Suprématie du Potentiel d'Intention

102:5.1 Bien que l'établissement du fait de la croyance n'équivaille pas à établir le fait de ce qui est cru, la progression évolutionnaire de la vie simple jusqu'au statut de personnalité démontre bien l'existence, au départ, du potentiel de personnalité. Dans les univers du temps, le potentiel a toujours la suprématie sur l'actuel. Dans le cosmos en évolution, le potentiel représente ce qui va être, et ce qui va être est le développement des décisions intentionnelles de la Déité.

102:5.2 Cette même suprématie des intentions apparaît dans l'évolution de l'idéation mentale quand la peur animale primitive se transmue en un respect constamment plus profond de Dieu et en un effroi croissant devant l'univers. L'homme primitif avait plus de crainte religieuse que de foi. La suprématie des potentiels spirituels sur les réalités mentales est démontrée quand cette lâche frayeur se transforme en foi vivante dans les réalités spirituelles.

102:5.3 On peut faire l'analyse psychologique de la religion évolutionnaire, mais non celle de la religion d'origine spirituelle vécue personnellement. La morale humaine peut reconnaître des valeurs, mais seule la religion peut les conserver, les exalter et les spiritualiser. Malgré cela, la religion est quelque chose de plus qu'une moralité à caractère émotionnel. La religion est à la moralité ce que l'amour est au devoir, ce que la filiation est à la servitude, ce que l'essence est à la substance. La moralité révèle un Contrôleur tout-puissant, une Déité à servir ; la religion révèle un Père tout-aimant, un Dieu à adorer et à aimer. Et de nouveau cela tient à ce que le potentiel spirituel de la religion domine l'actualité des devoirs de la moralité évolutionnaire.

102.6  La Certitude de la Foi Religieuse

102:6.1 L'élimination de la crainte religieuse par la philosophie et les progrès continus de la science contribuent sérieusement à la mortalité des faux dieux. Même si la disparition de ces déités créées par les hommes peut obscurcir momentanément la vision spirituelle, elle détruit, en fin de compte, l'ignorance et la superstition qui ont si longtemps voilé le Dieu vivant, le Dieu d'amour éternel. La relation entre la créature et le Créateur est une expérience vivante, une foi religieuse dynamique, qui n'est pas sujette à une définition précise. Isoler une partie de la vie et l'appeler religion, c'est désintégrer la vie et défigurer la religion. C'est justement pourquoi le Dieu d'adoration réclame une fidélité totale, ou n'en demande aucune.

102:6.2 Les dieux des hommes primitifs n'ont peut-être pas été plus que les ombres de ces hommes. Le Dieu vivant est la lumière divine dont les interruptions constituent les ombres de création de tout l'espace.

102:6.3 La personne religieuse qui atteint la philosophie a foi en un Dieu personnel de salut personnel, en quelque chose de plus qu'une réalité, une valeur, un niveau d'accomplissement, un processus supérieur, une transmutation, l'ultime de l'espace-temps, une idéalisation, la personnalisation de l'énergie, l'entité de la gravitation, une projection humaine, l'idéalisation du moi, la poussée élévatrice de la nature, le penchant à la bonté, l'impulsion en avant de l'évolution ou une hypothèse sublime. La personne religieuse a foi en un Dieu d'amour. L'amour est l'essence de la religion et la source vive des civilisations supérieures.

102:6.4 Dans l'expérience religieuse personnelle, la foi transforme le Dieu de la probabilité philosophique en un Dieu de salut certain. Le scepticisme peut défier les théories de la théologie, mais la conviction que l'on peut se fier à l'expérience personnelle affirme la vérité des croyances qui ont grandi jusqu'à la foi.

102:6.5 On peut arriver à des convictions sur Dieu par de sages raisonnements, mais on n'apprend individuellement à connaître Dieu que par la foi, par l'expérience personnelle. Dans beaucoup de choses qui ont trait à la vie, il faut tenir compte des probabilités, mais, dans le contact avec les réalités cosmiques, on peut éprouver des certitudes quand on aborde leurs significations et leurs valeurs à l'aide d'une foi vivante. Une âme qui connaît Dieu ose dire « je sais » , même quand sa connaissance de Dieu est contestée par l'incroyant qui nie cette certitude parce qu'elle n'est pas entièrement étayée par la logique intellectuelle. Le croyant se borne à répliquer à un tel incroyant : « Comment savez-vous que je ne sais pas ? »

102:6.6 Bien que la raison puisse toujours mettre la foi en doute, la foi peut toujours compléter aussi bien la raison que la logique. La raison crée la probabilité que la foi peut transformer en certitude morale, et même en expérience spirituelle. Dieu est la première vérité et le dernier fait, et c'est pourquoi toute vérité prend origine en lui, tandis que tous les faits existent relativement à lui. Dieu est la vérité absolue. On peut connaître Dieu en tant que vérité, mais pour comprendre Dieu - pour l'expliquer - il faut explorer le fait de l'univers des univers. L'immense abime entre l'expérience de la vérité de Dieu et l'ignorance du fait de Dieu ne peut être comblé que par la foi vivante. La raison seule ne peut établir l'harmonie entre la vérité infinie et le fait universel.

102:6.7 La croyance peut se révéler incapable de résister au doute et de supporter la peur, mais la foi triomphe toujours du doute, car elle est à la fois positive et vivante. Le positif a toujours l'avantage sur le négatif, la vérité sur l'erreur, l'expérience sur la théorie, les réalités spirituelles sur les faits isolés de l'espace et du temps. La preuve convaincante de cette certitude spirituelle réside dans les fruits sociaux de l'esprit que les croyants, hommes de foi, produisent à la suite de leur expérience spirituelle authentique. Jésus a dit : « Si vous aimez votre prochain comme je vous ai aimés, alors tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples. »

102:6.8 Pour la science, Dieu est une possibilité ; pour la psychologie, il est une chose désirable ; pour la philosophie, il est une probabilité ; pour la religion, il est une certitude, une actualité de l'expérience religieuse. La raison exige qu'une philosophie incapable de trouver le Dieu de la probabilité soit très respectueuse de la foi religieuse qui peut trouver le Dieu de la certitude et y parvient. La science ne devrait pas non plus dédaigner l'expérience religieuse en invoquant la crédulité, au moins tant que la science persiste à supposer que les dons intellectuels et philosophiques de l'homme sont issus d'intelligences d'autant moindres que l'on s'éloigne davantage dans le passé, et finalement que ces dons ont pris origine dans la vie primitive qui était totalement dépourvue de pensée et de sentiment.

102:6.9 Il ne faut pas dresser les faits de l'évolution contre la vérité que l'expérience spirituelle de la vie religieuse d'un mortel connaissant Dieu est une réalité et une certitude. Les hommes intelligents devraient cesser de raisonner comme des enfants et essayer d'employer la logique conséquente des adultes, logique qui tolère le concept de la vérité en même temps que l'observation des faits. Le matérialisme scientifique fait faillite quand il persiste, en face de chaque phénomène universel récurrent, à réfuter les objections courantes en rattachant ce qui est reconnu comme supérieur à ce qui est reconnu comme inférieur. La logique exige que l'on reconnaisse les activités d'un Créateur ayant un dessein.

102:6.10 L'évolution organique est un fait. L'évolution motivée ou progressive est une vérité qui rend logiques les phénomènes, qui autrement seraient contradictoires, des accomplissements toujours ascendants de l'évolution. Plus un savant progresse dans la science qu'il a choisie, plus il abandonne les théories matérialistes du fait matériel en faveur de la vérité cosmique - la domination du Mental Suprême. Le matérialisme déprécie la vie humaine ; l'évangile de Jésus rehausse prodigieusement tous les mortels et les exalte divinement. Il faut se représenter l'existence humaine comme l'expérience mystérieuse et fascinante, où l'on réalise la rencontre entre l'homme tendant la main vers le haut et la divinité lui tendant vers le bas la main secourable du salut.

102.7  La Certitude du Divin

102:7.1 Dès lors que le Père Universel existe par lui-même, il s'explique aussi par lui-même ; il vit réellement chez tout mortel doué de raison. Mais vous ne pouvez avoir de certitude en ce qui concerne Dieu à moins de le connaître ; la filiation est la seule expérience qui rende certaine la paternité. L'univers subit partout des modifications. Un univers changeant est un univers dépendant ; une telle création ne peut être ni finale ni absolue. Un univers fini dépend entièrement de l'Ultime et de l'Absolu. L'univers et Dieu ne sont pas identiques ; l'un est la cause et l'autre l'effet. La cause est absolue, infinie, éternelle et invariante. L'effet est temporel-spatial et transcendantal, mais toujours changeant, toujours croissant.

102:7.2 Dieu est le seul et unique fait de l'univers qui soit causé par lui-même. Il est le secret de l'ordre, du plan et du dessein de toute la création des choses et des êtres. L'univers partout changeant est réglé et stabilisé par des lois absolument invariantes, les habitudes d'un Dieu invariant. Le fait de Dieu, la loi divine, ne change pas. La vérité de Dieu, sa relation avec l'univers, est une révélation relative toujours adaptable à l'univers en constante évolution.

102:7.3 Quiconque voudrait inventer une religion sans Dieu ressemble à ceux qui voudraient récolter des fruits sans arbres ou avoir des enfants sans parents. On ne peut obtenir d'effets sans causes, et seul le JE SUIS est sans cause. Le fait de l'expérience religieuse implique Dieu, et un tel Dieu d'expérience personnelle doit être une Déité personnelle. On ne peut adresser une prière à une formule chimique, supplier une équation mathématique, adorer une hypothèse, se confier à un postulat, communier avec un processus, servir une abstraction ou entretenir une camaraderie affectueuse avec une loi.

102:7.4 Il est vrai que beaucoup de traits apparemment religieux peuvent provenir de bases non religieuses. Un homme peut nier Dieu intellectuellement et, cependant, être moralement bon, loyal, filial, honnête et même idéaliste. L'homme peut greffer beaucoup de branches purement humanistes sur sa nature spirituelle fondamentale, et donner ainsi l'apparence de prouver ses affirmations au sujet d'une religion sans dieu, mais cette expérience est dépourvue de valeurs de survie, de connaissance de Dieu et d'ascension vers Dieu ; cette expérience de mortel ne produit que des fruits sociaux et non spirituels. La greffe détermine la nature du fruit, bien que la subsistance vivante soit tirée des racines de la divine dotation originelle de mental et d'esprit.

102:7.5 La marque intellectuelle particulière de la religion est la certitude ; sa caractéristique philosophique est la cohérence ; ses fruits sociaux sont l'amour et le service.

102:7.6 L'individu qui connaît Dieu n'est pas aveugle aux difficultés ni inattentif aux obstacles qui barrent la route pour trouver Dieu dans le dédale des superstitions, des traditions et des tendances matérialistes des temps modernes. Il a rencontré toutes ces menaces et en a triomphé, il les a surmontées par une foi vivante et a atteint, malgré elles, les hautes terres de l'expérience spirituelle. Il est vrai que beaucoup de personnes intérieurement sûres de l'existence de Dieu ont peur d'affirmer ces sentiments de certitude, à cause de la multiplicité et de l'habileté de ceux qui assemblent des objections et grossissent les obstacles à la croyance en Dieu. Nul besoin d'une intelligence supérieure pour repérer des points faibles, poser des questions ou soulever des objections. Par contre, il faut un mental brillant pour répondre à ces questions et résoudre ces difficultés ; la certitude de la foi est la meilleure technique pour traiter toutes ces critiques superficielles.

102:7.7 Si la science, la philosophie ou la sociologie osaient devenir dogmatiques en s'opposant aux prophètes de la vraie religion, alors les hommes connaissant Dieu devraient répliquer à ce dogmatisme injustifié par le dogmatisme à plus longue vue de la certitude provenant de l'expérience spirituelle personnelle : « Je sais ce que j'ai expérimenté parce que je suis un fils du JE SUIS. » Si l'expérience personnelle d'une personne qui a foi dans le Père expérimentable devait être contestée par un dogme, ce fils né de la foi pourrait répondre par le dogme irrécusable affirmant sa filiation effective avec le Père Universel.

102:7.8 Seule une réalité non qualifiée, un absolu, peut se permettre d'être dogmatique avec logique. Ceux qui affectent le dogmatisme, s'ils sont logiques, seront tôt ou tard jetés dans l'emprise de l'Absolu de l'énergie, de l'Universel de la vérité et de l'Infini de l'amour.

102:7.9 Si quelqu'un aborde de façon non religieuse la réalité cosmique en prétendant contester la certitude de la foi sous prétexte que son statut n'est pas prouvé, alors celui qui a l'expérience de l'esprit peut aussi avoir recours à la contestation dogmatique des faits de la science et des croyances de la philosophie en disant qu'ils ne sont pas non plus prouvés, qu'ils sont également des expériences dans la conscience du savant ou du philosophe.

102:7.10 Dieu est la plus inéluctable de toutes les présences, le plus réel de tous les faits, la plus vivante de toutes les vérités, le plus aimant de tous les amis, la plus divine de toutes les valeurs. De toutes les expériences de l'univers, celle dont nous avons le droit d'être plus certain, c'est Dieu.

102.8  Les Preuves de la Religion

102:8.1 La meilleure preuve de la réalité et de l'efficacité de la religion consiste dans le fait de l'expérience humaine. Voici des hommes naturellement craintifs et soupçonneux, doués par naissance d'un fort instinct de conservation et ardemment désireux de survivre à la mort ; ils acceptent pleinement de confier les plus profonds intérêts de leur présent et de leur avenir à la garde et à la direction du pouvoir et de la personne que leur foi appelle Dieu. Telle est l'unique vérité centrale de toute religion. Quant à ce que ce pouvoir ou cette personne exige de l'homme en échange de cette garde et de ce salut final, il n'y a pas deux religions qui soient d'accord ; en fait, elles sont toutes plus ou moins en désaccord.

102:8.2 Pour situer le statut d'une religion sur l'échelle évolutionnaire, le mieux est de l'estimer d'après ses jugements moraux et ses critères éthiques. Plus un type de religion est élevé, plus il encourage une moralité sociale et une culture éthique en constant progrès, et plus il est encouragé par elle. Nous ne pouvons juger une religion par le statut de la civilisation qui l'accompagne ; nous ferions mieux d'apprécier la vraie nature d'une civilisation d'après la pureté et la noblesse de sa religion. Beaucoup d'éducateurs religieux parmi les plus remarquables du monde furent virtuellement des illettrés. La sagesse du monde n'est pas nécessaire pour manifester une foi salvatrice dans les réalités éternelles.

102:8.3 Les différences entre les religions des diverses époques dépendent entièrement de la manière variée dont les hommes comprennent la réalité et reconnaissent les valeurs morales, les relations éthiques et les réalités spirituelles.

102:8.4 L'éthique est l'éternel miroir social ou racial qui reflète fidèlement les progrès, par ailleurs inobservables, des développements internes spirituels et religieux. L'homme a toujours pensé à Dieu dans les termes de ce qu'il connaissait de meilleur, de ses idées les plus profondes et de ses idéaux les plus élevés. Même la religion historique a toujours créé ses conceptions de Dieu en partant de ses plus hautes valeurs reconnues. Toute créature intelligente donne le nom de Dieu à ce qu'elle connaît de meilleur et de plus élevé.

102:8.5 La religion réduite au langage de la raison et à l'expression intellectuelle a toujours osé critiquer la civilisation et le progrès évolutionnaire en les jugeant d'après ses propres critères de culture éthique et de progrès moral.

102:8.6 Bien que la religion personnelle précède l'évolution de la morale humaine, on constate à regret que la religion institutionnelle est invariablement restée à la traine des moeurs, lentement changeantes, des races humaines. La religion organisée s'est montrée retardataire par conservatisme. Les prophètes ont généralement guidé les peuples dans le développement religieux ; les théologiens les ont généralement freinés. La religion, étant une affaire d'expérience intérieure ou personnelle, ne peut jamais anticiper beaucoup sur l'évolution intellectuelle des races.

102:8.7 Mais la religion n'est jamais rehaussée par un appel à de prétendus miracles. La recherche des miracles est un recul vers les religions primitives de magie. La vraie religion n'a rien à faire avec de prétendus miracles, et la religion révélée ne fait jamais appel à des miracles comme preuve de son autorité. La religion est toujours enracinée et fondée sur l'expérience personnelle. Et votre religion la plus élevée, la vie de Jésus, fut précisément une telle expérience personnelle : l'homme, le mortel, cherchant Dieu et le trouvant dans sa plénitude au cours d'une brève vie dans la chair, tandis que, dans cette même expérience humaine se manifesta la présence de Dieu cherchant l'homme et le trouvant, à la pleine satisfaction de l'âme parfaite de suprématie infinie. Voilà la religion, la plus élevée qui ait été révélée jusqu'ici dans l'univers de Nébadon - la vie terrestre de Jésus de Nazareth.

102:8.8 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

103. La Réalité de l'Expérience Religieuse

103:0.1 TOUTES les réactions vraiment religieuses de l'homme sont parrainées de bonne heure par le ministère de l'adjuvat d'adoration et censurées par l'adjuvat de sagesse. La première dotation supramentale de l'homme est la mise en circuit de sa personnalité dans le Saint-Esprit de l'Esprit Créatif de l'univers ; et, longtemps avant les effusions des Fils divins et l'effusion universelle des Ajusteurs, cette influence agit pour élargir le point de vue des hommes sur l'éthique, la religion et la spiritualité. À la suite des effusions des Fils du Paradis, l'Esprit de Vérité libéré apporte sa puissante contribution pour accroitre la capacité humaine à percevoir les vérités religieuses. À mesure que l'évolution progresse sur un monde habité, les Ajusteurs de Pensée participent de plus en plus au développement des types supérieurs de clairvoyance religieuse humaine. L'Ajusteur de Pensée est la fenêtre cosmique par laquelle une créature finie peut avoir, grâce à la foi, un aperçu sur les aspects certains et divins de la Déité illimitée, le Père Universel.

103:0.2 Les tendances religieuses des races humaines sont innées ; elles se manifestent universellement et ont une origine apparemment naturelle ; les religions primitives sont toujours évolutionnaires dans leur genèse. À mesure que l'expérience religieuse naturelle continue à progresser, des révélations périodiques de la vérité viennent ponctuer le cours de l'évolution planétaire, qui autrement ne progresserait que lentement.

103:0.3 Sur Urantia, on trouve aujourd'hui quatre espèces de religions :

103:0.4 1. La religion naturelle ou évolutionnaire.

103:0.5 2. La religion surnaturelle ou révélatoire.

103:0.6 3. La religion courante ou pratique comportant un mélange variable de religions naturelles et surnaturelles.

103:0.7 4. Les religions philosophiques, doctrines théologiques élaborées par les hommes ou imaginées par la philosophie, et créées par la raison.

103.1  Philosophie de la Religion

103:1.1 L'unité de l'expérience religieuse parmi les membres d'un groupe social ou racial dérive de l'identité de nature des fragments de Dieu qui habitent les individus. C'est ce divin dans les hommes qui donne naissance à l'intérêt généreux qu'ils portent au bien-être des autres hommes. Mais, du fait que la personnalité est unique - deux mortels ne sont jamais pareils - il s'ensuit inévitablement que jamais deux êtres humains ne peuvent interpréter de la même manière les directives et les incitations de l'esprit divin qui vit dans leur mental. Les membres d'un groupe de mortels peuvent ressentir une unité spirituelle, mais ne peuvent jamais atteindre l'uniformité philosophique. Cette diversité d'interprétation de la pensée et de l'expérience religieuse est démontrée par le fait que les théologiens et les philosophes du vingtième siècle ont formulé plus de cinq-cents définitions différentes de la religion. En réalité, chaque être humain définit la religion dans les termes de sa propre interprétation fondée sur l'expérience des impulsions divines émanant de l'esprit de Dieu qui l'habite. Cette interprétation est nécessairement unique et complètement différente de la philosophie religieuse de tous les autres êtres humains.

103:1.2 Quand un mortel est en plein accord avec la philosophie religieuse d'un autre mortel, le phénomène indique que ces deux êtres ont eu une expérience religieuse semblable concernant les matières se rapportant à leur similitude d'interprétation philosophique de la religion.

103:1.3 Bien que votre religion soit une affaire d'expérience personnelle, il est très important que vous soyez amené à connaître un grand nombre d'autres expériences religieuses (les interprétations diverses de différents mortels) afin d'empêcher votre vie religieuse de devenir égocentrique - étroite, égoïste et insociable.

103:1.4 Le rationalisme a tort quand il prétend que la religion est tout d'abord une croyance primitive en quelque chose, suivie ensuite par la recherche des valeurs. La religion est avant tout une recherche des valeurs qui formule ensuite un système de croyances interprétatives. Il est beaucoup plus facile aux hommes de s'accorder sur des valeurs religieuses - sur des buts - que sur des croyances - des interprétations. Cela explique comment il se fait que la religion puisse accepter des valeurs et des buts tout en présentant le phénomène troublant de continuer à admettre des centaines de croyances contradictoires - des credo. Cela explique aussi pourquoi une personne donnée peut poursuivre son expérience religieuse tout en abandonnant ou en modifiant beaucoup de ses croyances religieuses. La religion subsiste malgré des changements révolutionnaires dans les croyances religieuses. Ce n'est pas la théologie qui produit la religion, c'est la religion qui donne naissance à la philosophie théologique.

103:1.5 Le fait que des personnes religieuses aient cru en beaucoup de choses erronées n'infirme pas la religion, car elle est fondée sur la récognition de valeurs et validée par la foi de l'expérience religieuse personnelle. La religion est alors basée sur l'expérience et la pensée religieuse ; la théologie, philosophie de la religion, est une honnête tentative pour interpréter cette expérience ; de telles croyances interprétatives peuvent être justes ou fausses, ou être un mélange de vérité et d'erreur.

103:1.6 Le fait de reconnaître consciemment des valeurs spirituelles est une expérience qui transcende l'idéation. Aucun langage humain n'a de mot pour désigner la « sensation » , le « sentiment » , « l'intuition » ou « l'expérience » que nous avons choisi d'appeler la conscience de Dieu. L'esprit de Dieu qui habite l'homme n'est pas personnel - l'Ajusteur est prépersonnel - mais ce Moniteur présente une valeur et exhale un parfum de divinité qui sont personnels au sens le plus élevé et infini du mot. Si Dieu n'était pas au moins personnel, il ne pourrait être conscient, et s'il n'était pas conscient, il serait en deçà de l'humain.

103.2  La Religion et l'Individu

103:2.1 La religion est fonctionnelle dans le mental humain. Elle est réalisée en expérience avant d'apparaître dans la conscience humaine. Un enfant existe environ neuf mois avant de faire l'expérience de la naissance. Mais la « naissance » de la religion n'est pas soudaine ; c'est plutôt une émergence graduelle. Néanmoins, il y a tôt ou tard un « jour de naissance » . On n'entre pas dans le royaume des cieux sans être « né de nouveau » - né de l'Esprit. Bien des naissances spirituelles sont accompagnées d'une grande angoisse spirituelle et de troubles psychologiques marqués, de même que beaucoup de naissances physiques sont caractérisées par des « couches laborieuses » et par d'autres anomalies de la « délivrance » . D'autres naissances spirituelles représentent une croissance normale et naturelle de la récognition de valeurs suprêmes avec un rehaussement de l'expérience spirituelle, bien qu'aucun développement religieux ne se produise sans un effort conscient et des résolutions positives et individuelles. La religion n'est jamais une expérience passive, une attitude négative. Ce que l'on appelle la « naissance de la religion » n'est pas directement associé aux expériences dites de conversion, qui caractérisent habituellement des épisodes religieux se produisant plus tard dans la vie par suite de conflits mentaux, de refoulements émotionnels ou de bouleversements du tempérament.

103:2.2 Mais les personnes qui ont été élevées par leurs parents de manière à grandir avec la conscience d'être les enfants d'un Père céleste aimant ne devrait pas regarder d'un oeil malveillant leurs compagnons mortels qui n'ont pu atteindre la conscience de communion avec Dieu qu'en passant par une crise psychologique, un bouleversement émotionnel.

103:2.3 Le terrain évolutionnaire du mental humain dans lequel germe la semence de la religion révélée est la nature morale qui donne de si bonne heure naissance à une conscience sociale. Les premières incitations de la nature morale d'un enfant ne concerne pas la sexualité, la culpabilité ou l'orgueil personnel, mais plutôt des impulsions de justice et d'équité, un besoin de bienveillance - de ministère secourable auprès de ses compagnons. Quand de tels éveils moraux précoces sont nourris, il se produit un développement graduel de la vie religieuse, relativement dégagé de conflits, de bouleversements et de crises.

103:2.4 Tout être humain éprouve de très bonne heure une sorte de conflit entre ses impulsions égocentriques et ses impulsions altruistes, et, bien des fois, sa première expérience d'avoir conscience de Dieu peut provenir de sa recherche d'une aide suprahumaine pour résoudre de tels conflits moraux.

103:2.5 La psychologie d'une enfant est naturellement positive, et non négative. Tant de personnes sont négatives par suite de leur éducation. Quand nous disons que les enfants sont positifs, nous parlons de leurs impulsions morales, de ces pouvoirs mentaux dont l'apparition signale l'arrivée de l'Ajusteur.

103:2.6 Dans l'émergence de la conscience religieuse et en l'absence de mauvais enseignements, le mental d'un enfant normal se dirige positivement vers la droiture morale et le ministère social, plutôt qu'il ne s'écarte négativement du péché et de la culpabilité. Il peut y avoir conflit ou non dans le développement de l'expérience religieuse, mais les inévitables décisions, efforts et fonctions de la volonté humaine y sont toujours présents.

103:2.7 Le choix moral est d'ordinaire plus ou moins accompagné de conflits moraux, et ce tout premier conflit dans le mental de l'enfant se produit entre les poussées d'égoïsme et les impulsions d'altruisme. L'Ajusteur de Pensée tient compte de la valeur des mobiles égoïstes de la personnalité, mais s'arrange pour attribuer une légère préférence aux impulsions altruistes qui conduisent au but du bonheur humain et aux joies du royaume des cieux.

103:2.8 Quand un être moral choisit d'être altruiste en face d'une incitation à l'égoïsme, il fait une expérience religieuse primitive. Nul animal ne peut faire un tel choix ; cette décision est à la fois humaine et religieuse. Elle embrasse le fait de la conscience de Dieu et montre l'impulsion vers le service social, base de la fraternité des hommes. Quand, par un acte de libre arbitre, le mental choisit un jugement moral droit, cette décision constitue une expérience religieuse.

103:2.9 Toutefois, avant qu'un enfant se soit suffisamment développé pour acquérir la capacité morale, donc pour être capable de choisir le service altruiste, il a déjà développé une nature égoïste forte et bien unifiée. C'est cette situation de fait qui donne naissance à la théorie de la lutte entre les natures « supérieures » et « inférieures » , entre le « vieil homme de péché » et la « nouvelle nature » de grâce. Très tôt dans la vie, un enfant normal commence à apprendre qu'il est « plus béni de donner que de recevoir » .

103:2.10 L'homme tend à identifier son moi, son ego, avec son impulsion à se servir lui-même. Par contraste, il tend à identifier la volonté d'être altruiste avec une influence extérieure à lui - avec Dieu. En vérité, ce jugement est juste, car tous ces désirs altruistes ont effectivement leur origine dans la gouverne de l'Ajusteur de Pensée intérieur, et cet Ajusteur est un fragment de Dieu. La conscience humaine rattache l'impulsion du Moniteur d'esprit à la tendance à être altruiste, à penser fraternellement ; c'est du moins l'expérience première et fondamentale du mental de l'enfant. Quand l'enfant grandissant ne réussit pas à unifier sa personnalité, la tendance altruiste peut s'hypertrophier au point de nuire sérieusement au bien-être du moi. Une conscience qui manque de discernement peut devenir responsable de beaucoup de conflits, soucis et tristesses, et de malheurs humains sans fin.

103.3  La Religion et la Race Humaine

103:3.1 Bien que la croyance aux esprits, la croyance aux rêves et la croyance à diverses autres superstitions aient toutes joué un rôle dans l'origine évolutionnaire des religions primitives, il ne faudrait pas négliger l'influence du clan ou l'esprit de solidarité tribale. Les relations de groupe ont représenté une situation sociale exactement homologue de celle qui a provoqué le conflit entre l'égoïsme et l'altruisme dans la nature morale du mental humain primitif. Malgré leur croyance aux esprits, les aborigènes australiens focalisent encore leur religion sur le clan. Avec le temps, ces concepts religieux tendent à se personnaliser, d'abord sous forme d'animaux, et plus tard sous forme d'un surhomme ou d'un Dieu. Même les races inférieures, telles que les Boschimans africains, qui ne croient même pas à des totems, reconnaissent une différence entre l'intérêt personnel et l'intérêt collectif, distinction primitive entre les valeurs séculières et les valeurs sacrées. Mais le groupe social n'est pas la source de l'expérience religieuse. Indépendamment de l'influence de toutes ces contributions primitives à la religion initiale des hommes, le fait subsiste que la véritable impulsion religieuse a son origine dans des présences spirituelles authentiques qui activent la volonté d'être altruiste.

103:3.2 La croyance primitive aux merveilles et aux mystères naturels, le mana impersonnel, laisse présager la religion ultérieure. Tôt ou tard cependant, la religion évoluante exige que l'individu fasse certains sacrifices personnels pour le bien de son groupe social, accomplisse quelque chose pour rendre d'autres personnes plus heureuses et meilleures. En fin de compte, la religion est destinée à devenir le service de Dieu et des hommes.

103:3.3 La religion est faite pour modifier l'entourage de l'homme, mais une grande partie de la religion des mortels d'aujourd'hui est devenue impuissante à y parvenir. Trop souvent, c'est l'entourage qui a dominé la religion.

103:3.4 Souvenez-vous que, dans la religion de tous les âges, l'expérience la plus importante est le sentiment concernant les valeurs morales et les significations sociales, et non la pensée concernant les dogmes théologiques ou les théories philosophiques. La religion évolue favorablement en même temps que l'élément de magie est remplacé par le concept de morale.

103:3.5 L'évolution de l'homme a passé par les superstitions du mana, la magie, l'adoration de la nature, la peur des esprits et le culte des animaux, pour arriver aux diverses cérémonies par lesquelles les attitudes religieuses individuelles sont devenues les réactions collectives du clan. Les cérémonies se sont ensuite focalisées et cristallisées en croyances tribales, et finalement ces craintes et ces croyances se sont personnalisées en dieux. Mais, dans toute cette évolution religieuse, l'élément moral n'a jamais été totalement absent. L'impulsion de Dieu dans l'homme a toujours été forte. Ces puissantes influences - l'une humaine et l'autre divine - ont assuré la survivance de la religion à travers les vicissitudes des âges, bien qu'elle ait été très souvent menacée d'anéantissement par mille tendances subversives et antagonistes hostiles.

103.4  La Communion Spirituelle

103:4.1 La différence caractéristique entre une réunion sociale et un rassemblement religieux réside dans le fait qu'en contraste avec la première, le second est imprégné d'une atmosphère de communion. De cette manière, l'association humaine engendre un sentiment de communauté avec le divin, et c'est le commencement du culte en commun. Le partage d'un repas commun fut le premier type de communion sociale, et, en conséquence, les religions primitives prirent des dispositions pour qu'une partie du sacrifice cérémoniel fût consommée par les fidèles. Même dans le christianisme, le Souper du Seigneur conserve ce mode de communion. L'atmosphère de la communion procure une période reposante et réconfortante de trêve dans le conflit de l'égocentrisme avec la pression altruiste du Moniteur spirituel intérieur. Et ceci est le prélude du véritable culte - la pratique de la présence de Dieu qui se manifeste par l'émergence de la fraternité des hommes.

103:4.2 Quand l'homme primitif sentait que sa communion avec Dieu avait été interrompue, il avait recours à un sacrifice, dans un effort d'expiation, pour rétablir des relations amicales. La faim et la soif de droiture conduisent à la découverte de la vérité et la vérité augmente les idéaux, et cela crée de nouveaux problèmes pour les individus religieux. En effet, nos idéaux tendent à grandir en progression géométrique, tandis que notre aptitude à vivre à leur hauteur ne s'accroit qu'en progression arithmétique.

103:4.3 Le sentiment de culpabilité (non pas la conscience du péché) provient soit de l'interruption de la communion spirituelle, soit de l'abaissement des idéaux moraux. Vous ne pouvez vous dégager de cette situation fâcheuse qu'en vous rendant compte que vos idéaux les plus élevés ne sont pas nécessairement synonymes de la volonté de Dieu. L'homme ne peut espérer vivre à la hauteur de ses idéaux les plus élevés, mais il peut être fidèle à son intention de trouver Dieu et de devenir de plus en plus semblable à lui.

103:4.4 Jésus balaya toutes les cérémonies de sacrifices et d'expiation. Il détruisit la base de toute cette culpabilité fictive et du sentiment d'isolement dans l'univers en proclamant que l'homme est enfant de Dieu. La religion créature-Créateur fut placée sur une base enfants-parents. Dieu devient un Père aimant pour ses fils et filles mortels. Toutes les cérémonies qui ne font pas légitimement partie de cette relation intime de famille sont abrogées pour toujours.

103:4.5 Dieu le Père ne traite pas l'homme, son enfant, sur la base de ses vertus ou de ses mérites actuels, mais en reconnaissant les mobiles de l'enfant - le dessein et l'intention de la créature. Il s'agit d'une relation de parent à enfant, et cette association est animée par l'amour divin.

103.5  L'Origine des Idéaux

103:5.1 Le mental évolutionnaire primitif donne naissance à un sentiment de devoir social et d'obligation morale dérivé principalement de la peur émotionnelle. La tendance plus positive au service social et l'idéalisme altruiste dérivent de l'impulsion directe de l'esprit divin habitant le mental humain.

103:5.2 L'idée-idéal de faire du bien aux autres - l'impulsion à refuser quelque chose à l'ego au profit de son prochain - est d'abord très circonscrite. Les hommes primitifs ne considèrent comme leurs prochains que les hommes très proches d'eux, ceux qui font bon voisinage avec eux. À mesure que la civilisation religieuse progresse, le concept de la notion du prochain s'amplifie pour englober le clan, la tribu, la nation. Puis Jésus élargit la notion du prochain jusqu'à embrasser l'ensemble de l'humanité, allant jusqu'à dire que nous devrions aimer nos ennemis. Et il y a quelque chose à l'intérieur de tout être humain normal qui lui dit que cet enseignement est moral - juste. Même ceux qui mettent le moins cet idéal en pratique admettent qu'il est juste en théorie.

103:5.3 Tous les hommes reconnaissent la moralité de cette impulsion humaine universelle à être désintéressé et altruiste. Les humanistes attribuent l'origine de cette impulsion à l'action naturelle du mental matériel. Les personnes religieuses reconnaissent plus correctement que l'élan vraiment désintéressé du mental humain est une réponse à la gouverne spirituelle intérieure de l'Ajusteur de Pensée.

103:5.4 On ne peut pas toujours se fier à l'interprétation humaine des conflits primitifs entre la volonté égocentrique et la volonté hétérocentrique. Il faut une personnalité assez bien unifiée pour arbitrer les démêlés multiformes entre les appétits de l'ego et la conscience sociale en éclosion. Notre moi a des droits aussi bien que notre prochain. Aucun ne peut prétendre accaparer exclusivement l'attention et le service de l'individu. L'impuissance à résoudre ce problème donne naissance aux types les plus primitifs de sentiments humains de culpabilité.

103:5.5 Pour atteindre le bonheur humain, il faut que le désir égoïste du moi et la pression altruiste du moi supérieur (esprit divin) soient coordonnés et réconciliés par la volonté unifiée de la personnalité qui s'intègre et supervise. Le mental des hommes évolutionnaires est toujours confronté au problème complexe d'arbitrer les contestations entre l'expansion naturelle des impulsions émotionnelles et la croissance morale des poussées altruistes fondées sur la clairvoyance spirituelle - sur la réflexion religieuse authentique.

103:5.6 La tentative pour faire autant de bien à soi-même qu'au plus grand nombre des autres individualités présente un problème qu'il n'est pas toujours possible de résoudre d'une façon satisfaisante dans un cadre d'espace-temps. Au cours d'une vie éternelle, de tels antagonismes peuvent être résolus, mais, dans une courte vie humaine, ils n'ont pas de solution. Jésus faisait allusion à ce paradoxe lorsqu'il dit : « Quiconque sauvera sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie pour l'amour du royaume la trouvera. »

103:5.7 La poursuite de l'idéal - la lutte pour devenir semblable à Dieu - est un effort continu avant et après la mort. La vie après la mort n'est pas essentiellement différente de l'existence mortelle. Tout ce que nous faisons de bien dans cette vie contribue directement à rehausser la vie future. La vraie religion ne favorise ni l'indolence morale ni la paresse spirituelle en encourageant le vain espoir que toutes les vertus d'un noble caractère vous seront attribuées simplement pour avoir passé par les portes de la mort naturelle. La vraie religion ne minimise pas les efforts de l'homme pour progresser pendant la durée de sa vie terrestre. Tout gain humain contribue directement à enrichir les premiers stades de l'expérience de survie immortelle.

103:5.8 Si l'on enseigne à l'homme que toutes ses impulsions altruistes sont simplement le développement de son instinct grégaire naturel, cela porte un coup fatal à son idéalisme. Par contre, il est ennobli et puissamment stimulé quand il apprend que les incitations supérieures de son âme émanent des forces spirituelles qui habitent son mental de mortel.

103:5.9 Quand un homme comprend pleinement que quelque chose d'éternel et de divin vit en lui et y fait des efforts, cela l'élève hors de lui-même et au delà de lui-même. C'est ainsi qu'une foi vivante dans l'origine suprahumaine de nos idéaux valide notre croyance que nous sommes les fils de Dieu et rend réelles nos convictions altruistes, notre sentiment de la fraternité humaine.

103:5.10 Dans son domaine spirituel, l'homme possède vraiment un libre arbitre. L'homme mortel n'est ni un esclave impuissant de la souveraineté inflexible d'un Dieu tout-puissant, ni la victime de la fatalité désespérante d'un déterminisme cosmique mécaniste. L'homme est vraiment l'architecte de sa propre destinée éternelle.

103:5.11 La contrainte ne peut ni sauver ni ennoblir les hommes. La croissance spirituelle émane de l'intérieur de l'âme en évolution. La contrainte peut déformer la personnalité, mais ne stimule jamais la croissance. Même la contrainte de l'éducation n'apporte qu'un secours négatif, en ce sens qu'elle peut contribuer à empêcher des expériences désastreuses. La croissance spirituelle atteint son maximum quand toutes les contraintes extérieures sont réduites au minimum. « Là où est l'esprit du Seigneur, là est la liberté. » L'homme se développe mieux quand les pressions du foyer, de la communauté, de l'Église et de l'État sont moindres, mais il ne faudrait pas en conclure que, dans une société progressive, les foyers, les institutions sociales, l'Église et l'État n'ont pas leur place.

103:5.12 Quand un membre d'un groupe religieux social s'est conformé aux exigences du groupe, il faudrait l'encourager à jouir de la liberté religieuse dans la pleine expression de son interprétation personnelle des vérités de la croyance religieuse et des faits de l'expérience religieuse. La sécurité d'un groupe religieux dépend de son unité spirituelle et non de son uniformité théologique. Les membres d'un groupe religieux devraient pouvoir jouir de la liberté de penser librement sans devenir forcément des « libres penseurs » . De grands espoirs sont permis pour toute Église qui adore le Dieu vivant, qui valide la fraternité des hommes et qui ose dégager ses membres de toute contrainte dogmatique.

103.6  La Coordination Philosophique

103:6.1 La théologie est l'étude des actions et réactions de l'esprit humain. Elle ne pourra jamais devenir une science, parce qu'il faut toujours qu'elle soit plus ou moins conjuguée avec la psychologie dans son expression personnelle et avec la philosophie dans ses descriptions systématiques. La théologie est toujours l'étude de votre religion ; l'étude de la religion d'autrui est de la psychologie.

103:6.2 Quand l'homme aborde l'étude et l'observation de son univers par l'extérieur, il donne naissance aux diverses sciences physiques. Quand il aborde la recherche de lui-même et de l'univers par l'intérieur, il donne origine à la théologie et à la métaphysique. L'art ultérieur de la philosophie se développe dans un effort pour harmoniser les nombreuses discordances qui apparaissent nécessairement, à première vue, entre les découvertes et les enseignements de ces deux manières diamétralement opposées d'étudier l'univers des choses et des êtres.

103:6.3 La religion s'intéresse, au point de vue spirituel, à la conscience du caractère intérieur de l'expérience humaine. La nature spirituelle de l'homme lui fournit l'occasion de retourner l'univers du dehors vers le dedans. Il est donc vrai que, si toute la création est vue de l'intérieur de l'expérience de la personnalité, elle paraît être de nature spirituelle.

103:6.4 Quand l'homme inspecte l'univers analytiquement à l'aide des facultés matérielles de ses sens physiques et des perceptions mentales associées, le cosmos semble être mécanique et matériel-énergétique. Cette technique d'étude de la réalité consiste à retourner l'univers du dedans vers le dehors.

103:6.5 Un concept philosophique logique et cohérent de l'univers ne peut être bâti ni sur les postulats du matérialisme ni sur ceux du spiritualisme, car ces deux systèmes de pensée appliqués universellement donnent forcément une image déformée du cosmos, le premier ayant contact avec un univers tourné du dedans vers le dehors, et le second saisissant la nature d'un univers tourné du dehors vers le dedans. Ni la science ni la religion seules ne peuvent jamais espérer parvenir, en elles-mêmes et par elles-mêmes, à une compréhension adéquate des vérités et des relations universelles sans être guidées par la philosophie humaine et éclairées par la révélation divine.

103:6.6 L'esprit intérieur de l'homme doit, pour son expression et sa propre réalisation, toujours dépendre du mécanisme et de la technique du mental. De même, l'expérience humaine extérieure de la réalité matérielle est basée sur la conscience mentale de la personnalité qui expérimente. C'est pourquoi les expériences humaines spirituelles et matérielles, intérieures et extérieures, sont toujours en corrélation avec la fonction mentale et conditionnées, quant à leur réalisation consciente, par l'activité du mental. L'homme fait l'expérience de la matière dans son mental. Il fait l'expérience de la réalité spirituelle dans son âme, mais devient conscient de cette expérience dans son mental. L'intellect est l'harmonisateur toujours présent pour conditionner et qualifier la somme totale de l'expérience humaine. Les choses-énergie et les valeurs spirituelles sont teintées par leur interprétation faite par les procédés mentaux de la conscience.

103:6.7 La difficulté que vous éprouvez à coordonner plus harmonieusement la science et la religion provient de ce que vous ignorez complètement le domaine intermédiaire du monde morontiel des êtres et des choses. L'univers local comprend trois degrés, ou stades, de manifestation de la réalité : la matière, la morontia et l'esprit. L'approche morontielle aplanit toutes les divergences entre les découvertes des sciences physiques et le fonctionnement de l'esprit de religion. La raison est la technique de compréhension des sciences ; la foi est la technique de clairvoyance de la religion ; la mota est la technique du niveau morontiel. La mota est une sensibilité à la réalité supramatérielle qui commence à compenser une croissance incomplète ; elle a pour substance la connaissance-raison et pour essence la foi-clairvoyance. La mota est une réconciliation superphilosophique des perceptions divergentes de la réalité ; les personnalités matérielles ne peuvent l'atteindre ; elle est fondée en partie sur l'expérience d'avoir survécu à la vie matérielle dans la chair. Mais beaucoup de mortels ont reconnu qu'il était désirable de posséder une méthode pour concilier les effets réciproques des domaines largement séparés de la science et de la religion. La métaphysique est le résultat des infructueux efforts humains pour franchir cet abime bien reconnu, mais la métaphysique humaine a apporté plus de confusion que de lumière. La métaphysique représente l'effort bien intentionné, mais futile, de l'homme pour compenser l'absence de mota morontielle.

103:6.8 La métaphysique s'est révélée comme un échec ; quant à la mota, les hommes ne peuvent la percevoir. Reste la révélation comme seule technique pour compenser, dans un monde matériel, l'absence de sensibilité à la vérité qu'apporte la mota. La révélation clarifie avec autorité le fatras de la métaphysique développé par le raisonnement sur une planète évolutionnaire.

103:6.9 La science est la tentative de l'homme pour étudier son entourage physique, le monde de l'énergie-matière ; la religion est l'expérience de l'homme avec le cosmos des valeurs spirituelles ; la philosophie a été développée par l'effort mental de l'homme pour organiser et relier les découvertes de ces concepts largement séparés, pour en tirer quelque chose comme une attitude raisonnable et unifiée envers le cosmos. La philosophie, clarifiée par la révélation, fonctionne de manière acceptable en l'absence de mota et en présence de l'effondrement et de la faillite du raisonnement humain substitut de la mota - la métaphysique.

103:6.10 L'homme primitif ne faisait pas la différence entre le niveau de l'énergie et celui de l'esprit. Ce furent les hommes de la race violette et leurs successeurs Andites qui tentèrent, les premiers, de séparer les facteurs mathématiques des facteurs volitifs. Les hommes civilisés ont de plus en plus emboité le pas aux Grecs primitifs et aux Sumériens, qui faisaient la distinction entre l'animé et l'inanimé. À mesure que la civilisation progressera, la philosophie devra combler les abimes de plus en plus vastes entre le concept de l'esprit et le concept de l'énergie. Mais, dans le temps de l'espace, ces divergences sont unifiées dans le Suprême.

103:6.11 La science doit toujours s'appuyer sur la raison, bien que l'imagination et les hypothèses aident à en étendre les frontières. La religion dépendra éternellement de la foi, bien que la raison apporte une influence stabilisatrice et soit une servante utile. Il y a toujours eu et il y aura toujours des interprétations fallacieuses des phénomènes du monde naturel et du monde spirituel, appelées à tort sciences et religions.

103:6.12 Partant de sa compréhension incomplète de la science, sa faible prise sur la religion et ses tentatives avortées en métaphysique, l'homme a tenté de construire ses formules de philosophie. En vérité, l'homme moderne bâtirait une philosophie valable et attrayante de lui-même et de son univers si l'indispensable et très importante liaison métaphysique entre les mondes de la matière et de l'esprit n'était pas rompue, la métaphysique s'étant révélée incapable de jeter un pont sur l'abime morontiel entre le domaine physique et le domaine spirituel. Il manque à l'homme mortel le concept du mental morontiel et de la matière morontielle, et la révélation est la seule technique pour pallier cette carence de données conceptuelles dont l'homme a un besoin urgent pour édifier une philosophie logique de l'univers et pour arriver à comprendre d'une manière satisfaisante la place sûre et certaine qu'il occupe dans cet univers.

103:6.13 La révélation est le seul espoir de l'homme évolutionnaire pour combler le gouffre morontiel. Sans l'aide de la mota, la foi et la raison ne peuvent ni concevoir ni construire un univers logique. Sans la clairvoyance de la mota, le mortel ne peut discerner ni la bonté, ni l'amour, ni la vérité dans les phénomènes du monde matériel.

103:6.14 Quand la philosophie humaine penche fortement vers le monde de la matière, elle devient rationaliste ou naturaliste. Quand la philosophie incline particulièrement vers le niveau spirituel, elle devient idéaliste et même mystique. Quand la philosophie a le malheur de s'appuyer sur la métaphysique, elle devient inévitablement sceptique, embrouillée. Dans le passé, la majeure partie des évaluations intellectuelles et des connaissances humaines a subi l'une de ces trois déformations de perception. La philosophie n'ose pas émettre ses interprétations de la réalité de façon linéaire comme la logique ; il faut toujours qu'elle tienne compte de la symétrie elliptique de la réalité et de la courbure essentielle de tous les concepts de relations.

103:6.15 La philosophie la plus élevée que l'homme mortel puisse atteindre doit être logiquement basée sur la raison de la science, la foi de la religion et la clairvoyance de la vérité fournie par la révélation. Par cette union, l'homme peut compenser quelque peu son impuissance à développer une métaphysique adéquate et son inaptitude à comprendre la mota de la morontia.

103.7  Science et Religion

103:7.1 La science est soutenue par la raison, la religion l'est par la foi. Bien que la foi ne soit pas fondée sur la raison, elle est raisonnable, et, bien qu'elle soit indépendante de la logique, elle est néanmoins encouragée par une saine logique. Même une philosophie idéale ne peut nourrir la foi ; en vérité, avec la science, c'est la foi qui est la source même de cette philosophie. La foi, la clairvoyance religieuse des hommes, ne peut être enseignée avec certitude que par révélation ; elle ne peut être accrue avec certitude que par l'expérience personnelle des mortels avec la présence de l'Ajusteur spirituel du Dieu qui est esprit.

103:7.2 Le vrai salut est la technique de l'évolution divine du mental humain depuis l'identification avec la matière, en passant par les royaumes de liaison morontielle, jusqu'au statut universel supérieur de corrélation spirituelle. De même que, dans l'évolution terrestre, l'instinct intuitif matériel précède l'apparition de la connaissance raisonnée, de même, dans le programme divin de l'évolution céleste, la manifestation de la clairvoyance spirituelle intuitive laisse présager l'apparition ultérieure de la raison et de l'expérience morontielle puis spirituelle, dont le rôle est de transmuer les potentiels de l'homme temporel en actuels et en divinité de l'homme éternel, un finalitaire du Paradis.

103:7.3 À mesure qu'un ascendeur s'avance vers l'intérieur et vers le Paradis pour acquérir l'expérience de Dieu, il s'avance aussi vers l'extérieur et vers l'espace pour comprendre, en termes d'énergie, le cosmos matériel. La progression de la science n'est pas limitée à la vie terrestre de l'homme ; son expérience ascensionnelle de l'univers et du superunivers sera, dans une large mesure, l'étude des transmutations d'énergie et des métamorphoses de la matière. Dieu est esprit, mais la Déité est unité, et l'unité de la Déité n'englobe pas seulement les valeurs spirituelles du Père universel et du Fils Éternel, mais elle est aussi instruite des faits énergétiques du Contrôleur Universel et de l'Ile du Paradis. Quant à ces deux dernières phases de la réalité universelle, elles sont parfaitement reliées dans les relations mentales de l'Acteur Conjoint et unifiées sur le niveau fini dans la Déité émergente de l'Être Suprême.

103:7.4 L'union de l'attitude scientifique et de la clairvoyance religieuse par l'entremise de la philosophie expérientielle fait partie de la longue expérience humaine d'ascension au Paradis. Les approximations des mathématiques et les certitudes de la clairvoyance auront toujours besoin de la fonction harmonisante de la logique mentale, sur tous les niveaux d'expérience inférieurs à l'aboutissement maximum du Suprême.

103:7.5 Jamais la logique ne pourra réussir à harmoniser les découvertes de la science et les aperçus de la religion, à moins que les personnalités, sous leurs deux aspects scientifique et religieux, ne soient dominées par la vérité et sincèrement désireuses de la suivre où qu'elle conduise, sans s'inquiéter des conclusions qu'elle pourrait atteindre.

103:7.6 La logique est la technique de la philosophie, sa méthode d'expression. Dans le domaine de la vraie science, la raison est toujours sensible à la logique authentique. Dans le domaine de la vraie religion, la foi est toujours logique si l'on se base sur le point de vue intérieur, bien qu'elle puisse paraître complètement dénuée de fondement si l'on se place au point de vue extérieur de la méthode scientifique. De l'extérieur, en regardant vers l'intérieur, l'univers peut paraître matériel ; de l'intérieur, en regardant vers l'extérieur, le même univers paraît être entièrement spirituel. La raison est issue de la conscience matérielle, et la foi provient de la conscience spirituelle. Mais, par l'entremise d'une philosophie renforcée par la révélation, la logique peut confirmer les points de vue tant extérieur qu'intérieur et stabiliser ainsi à la fois la science et la religion. Ainsi, par contact commun avec la logique de la philosophie, la science et la religion peuvent se tolérer réciproquement de mieux en mieux et devenir de moins en moins sceptiques.

103:7.7 Au cours de leur développement, la science et la religion ont toutes deux besoin d'une autocritique plus fouillée et plus intrépide, d'une conscience accrue de l'inachèvement de leur statut évolutionnaire. En science comme en religion, les éducateurs ont souvent beaucoup trop confiance en eux-mêmes et sont trop dogmatiques. La science et la religion ne peuvent faire l'autocritique que des faits qui les concernent. À partir du moment où elles s'écartent du stade des faits, la raison abdique ou bien dégénère rapidement en un accord de fausse logique.

103:7.8 La vérité - une compréhension des relations cosmiques, des faits universels et des valeurs spirituelles - est le mieux saisie par le ministère de l'Esprit de Vérité, et c'est par la révélation qu'elle peut être le mieux critiquée. Mais la révélation n'engendre ni une science ni une religion ; sa fonction est de coordonner la science et la religion avec la vérité de la réalité. En l'absence de révélation, ou à défaut de l'accepter ou de la comprendre, l'homme mortel a toujours eu recours à ses futiles essais de métaphysique, celle-ci étant le seul substitut humain à la révélation de la vérité ou à la mota de la personnalité morontielle.

103:7.9 La science du monde matériel permet à l'homme de contrôler et, dans une certaine mesure, de dominer son environnement physique. La religion de l'expérience spirituelle est la source de l'impulsion de fraternité qui permet aux hommes de vivre ensemble dans les complexités de la civilisation d'une ère scientifique. La métaphysique, mais certainement davantage la révélation, procurent un terrain de rencontre pour les découvertes de la science et celles de la religion ; elle rend possible la tentative humaine pour relier logiquement ces domaines de pensée séparés, mais interdépendants, en une philosophie bien équilibrée, empreinte de stabilité scientifique et de certitude religieuse.

103:7.10 Au stade mortel, rien ne peut être prouvé absolument ; la science et la religion sont toutes deux fondées sur des hypothèses. Sur le niveau morontiel, les postulats de la science et de la religion sont susceptibles d'être partiellement prouvés par la logique de la mota. Sur le niveau spirituel de statut maximum, la nécessité d'une preuve finie disparaît graduellement devant l'expérience effective de la réalité, et en présence de la réalité. Mais, même alors, beaucoup de choses au delà du fini restent improuvées.

103:7.11 Toutes les divisions de la pensée humaine sont basées sur certaines hypothèses qui, malgré l'absence de preuves, sont acceptées par la sensibilité à la réalité, inhérente aux facultés mentales humaines. La science entreprend sa carrière de raisonnement tant vantée en supposant la réalité de trois choses : la matière, le mouvement et la vie. La religion commence par l'hypothèse sur la validité de trois choses : le mental, l'esprit et l'univers - l'Être Suprême.

103:7.12 La science devient le domaine de pensée des mathématiques, de l'énergie et de la matière temporelle dans l'espace. La religion ne prétend pas s'occuper seulement de l'esprit temporel et fini, mais aussi de l'esprit d'éternité et de suprématie. C'est seulement par une longue expérience de la mota que ces deux manières extrêmes de percevoir l'univers peuvent être amenées à fournir des interprétations analogues sur les origines, les fonctions, les relations, les réalités et les destinées. C'est par l'entrée dans le circuit des Sept Maitres Esprits que la divergence entre l'énergie et l'esprit est harmonisée au maximum. La première unification de cette divergence a lieu dans la Déité du Suprême, et son unité de finalité se réalise dans l'infinité de la Source-Centre Première, le JE SUIS.

103:7.13 La raison est l'acte de reconnaître les conclusions de la conscience concernant l'expérience dans et avec le monde physique d'énergie et de matière. La foi est l'acte de reconnaître la validité de la conscience spirituelle - chose non susceptible d'être humainement prouvée d'une autre manière. La logique est la progression synthétique de l'unité entre la foi et la raison à la recherche de la vérité ; elle est basée sur les facultés mentales constitutives des mortels, la reconnaissance innée des choses, des significations et des valeurs.

103:7.14 La présence de l'Ajusteur de Pensée apporte une preuve effective de la réalité spirituelle. Toutefois, la validité de cette présence n'est pas démontrable au monde extérieur, mais seulement à celui qui fait l'expérience de cette présence intérieure de Dieu. La conscience d'avoir un Ajusteur est basée sur la réception intellectuelle de la vérité, la perception supramentale de la bonté et la motivation de la personnalité pour aimer.

103:7.15 La science découvre le monde matériel, la religion l'évalue et la philosophie essaie d'interpréter ses significations en coordonnant le point de vue matériel scientifique avec le concept spirituel religieux. Toutefois, l'histoire est un domaine dans lequel la science et la religion ne pourront peut-être jamais se mettre pleinement d'accord.

103.8  Philosophie et Religion

103:8.1 Bien que la science et la philosophie puissent toutes deux admettre la probabilité de Dieu par leur raison et leur logique, seul un homme conduit par l'esprit dans son expérience religieuse personnelle peut affirmer avec certitude que cette Déité suprême et personnelle existe. Par la technique d'une telle incarnation de la vérité vivante, l'hypothèse philosophique de la probabilité de Dieu devient une réalité religieuse.

103:8.2 Le désarroi au sujet de la certitude expérientielle de Dieu provient des interprétations et descriptions dissemblables de cette expérience par des individus distincts et par des hommes de races différentes. On peut avoir très valablement fait l'expérience de Dieu, mais les discours au sujet de Dieu sont intellectuels et philosophiques, donc divergents et souvent spécieux au point que l'on s'y perd.

103:8.3 Un homme bon et noble peut être parfaitement amoureux de sa femme, mais absolument incapable de passer d'une manière satisfaisante un examen écrit sur la psychologie de l'amour conjugal. Un autre homme aimant peu ou n'aimant pas son épouse peut passer très honorablement cet examen. La manière imparfaite dont celui qui aime perçoit la vraie nature de l'objet aimé n'invalide pas le moins du monde la réalité ou la sincérité de son amour.

103:8.4 Si vous croyez vraiment en Dieu - si vous le connaissez et l'aimez par la foi - ne permettez en aucune manière que la réalité de cette expérience soit minimisée ou dépréciée par les insinuations dubitatives de la science, les chicanes de la logique, les postulats de la philosophie ou les adroites suggestions d'âmes bien intentionnées qui voudraient créer une religion sans Dieu.

103:8.5 La certitude de la personne religieuse qui connaît Dieu ne devrait pas être troublée par l'incertitude des matérialistes incrédules. C'est plutôt la foi profonde et la certitude inébranlable du croyant expérientiel qui devraient lancer un puissant défi à l'incertitude des incroyants.

103:8.6 Pour rendre le maximum de services à la science et à la religion, la philosophie devrait éviter les deux extrêmes du matérialisme et du panthéisme. Seule une philosophie qui reconnaît la réalité de la personnalité - la permanence en présence du changement - peut avoir une valeur morale pour l'homme et servir de liaison entre les théories de la science matérielle et celles de la religion spirituelle. La révélation vient compenser les faiblesses de la philosophie en évolution.

103.9  L'Essence de la Religion

103:9.1 La théologie s'occupe du contenu intellectuel de la religion ; la métaphysique (révélation) traite de ses aspects philosophiques. L'expérience religieuse est le contenu spirituel de la religion. L'expérience spirituelle de la religion personnelle reste authentique et valable malgré les fantaisies mythologiques et les illusions psychologiques du contenu intellectuel de la religion, malgré les hypothèses erronées de la métaphysique et les techniques pour se tromper soi-même, malgré les déformations politiques et les travestissements socioéconomiques du contenu philosophique de la religion.

103:9.2 La religion ne concerne pas seulement les manières de penser, mais aussi les manières de ressentir, d'agir et de vivre. La pensée est plus étroitement reliée à la vie matérielle ; elle devrait principalement, mais non complètement, être dominée par la raison et par les faits de la science ; elle devrait l'être par la vérité dans ses extensions immatérielles vers les domaines de l'esprit. Quelles que soient les illusions et les erreurs de votre théologie, votre religion peut être tout à fait authentique et éternellement vraie.

103:9.3 Le bouddhisme dans sa forme originelle est l'une des meilleures religions sans Dieu qui soient apparues dans toute l'histoire évolutionnaire d'Urantia, bien que cette foi ne soit pas restée athée au cours de son développement. La religion sans foi est une contradiction. La religion sans Dieu est une incompatibilité philosophique et une absurdité intellectuelle.

103:9.4 L'origine magique et mythologique de la religion naturelle n'invalide ni la réalité, ni la vérité des religions ultérieures de révélation, ni le parfait évangile sauveur de la religion de Jésus. La vie et les enseignements de Jésus ont définitivement dépouillé la religion des superstitions de la magie, des illusions de la mythologie et de l'esclavage du dogmatisme traditionnel. Mais la magie et la mythologie primitives avaient très efficacement préparé le chemin à une religion ultérieure et supérieure en admettant l'existence et la réalité de valeurs et d'êtres supramatériels.

103:9.5 Bien que l'expérience religieuse soit un phénomène subjectif purement spirituel, cette expérience comporte une attitude de foi positive et vivante envers les domaines les plus élevés de la réalité objective universelle. L'idéal de la philosophie religieuse est une foi-confiance capable d'amener l'homme à dépendre sans réserve de l'amour absolu du Père infini de l'univers des univers. Cette authentique expérience religieuse transcende de loin l'objectivation philosophique des désirs idéalistes ; elle considère effectivement le salut comme acquis et s'occupe uniquement d'apprendre et de faire la volonté du Père du Paradis. Cette religion a pour signes la foi en une Déité suprême, l'espoir d'une survie éternelle et l'amour, spécialement l'amour de ses semblables.

103:9.6 Quand la théologie domine la religion, la religion meurt ; elle devient une doctrine au lieu d'être une vie. La mission de la théologie consiste simplement à faciliter la prise de conscience d'une expérience spirituelle personnelle. La théologie constitue l'effort religieux pour définir, clarifier, exposer et justifier les prétentions expérientielles de la religion qui, en dernière analyse, ne peuvent être validées que par une foi vivante. Dans la philosophie supérieure de l'univers, la sagesse comme la raison s'allient à la foi. La raison, la sagesse et la foi sont les accomplissements humains les plus élevés. La raison fait pénétrer l'homme dans le monde des faits, des choses ; la sagesse le fait pénétrer dans un monde de vérité, de relations ; la foi l'initie à un monde de divinité, d'expérience spirituelle.

103:9.7 La foi emmène bien volontiers la raison aussi loin que la raison peut aller ; la foi continue ensuite son chemin avec la sagesse jusqu'à sa pleine limite philosophique ; après cela, elle ose se lancer dans le voyage sans limites et sans fin de l'univers, en seule compagnie de la vérité.

103:9.8 La science (la connaissance) est fondée sur l'hypothèse inhérente (l'esprit adjuvat) que la raison est valable, que l'univers est susceptible d'être compris. La philosophie (compréhension coordonnée) est fondée sur l'hypothèse inhérente (l'esprit de sagesse) que la sagesse est valable, qu'il est possible de coordonner l'univers matériel avec le spirituel. La religion (la vérité de l'expérience spirituelle personnelle) est basée sur l'hypothèse inhérente (l'Ajusteur de Pensée) que la foi est valable, que Dieu est susceptible d'être connu et atteint.

103:9.9 La pleine réalisation de la réalité de la vie humaine consiste en un consentement progressif à croire ces hypothèses de la raison, de la sagesse et de la foi. Une telle vie est motivée par la vérité et dominée par l'amour, lesquels sont les idéaux de la réalité cosmique objective dont l'existence ne peut être démontrée matériellement.

103:9.10 Une fois que la raison reconnaît le vrai et le faux, elle fait montre de sagesse ; quand la sagesse choisit entre le vrai et le faux, entre la vérité et l'erreur, elle démontre la gouverne de l'esprit. C'est ainsi que les rôles du mental, de l'âme et de l'esprit sont toujours étroitement unis et fonctionnellement associés. La raison s'occupe de la connaissance des faits ; la sagesse s'occupe de la philosophie et de la révélation ; la foi s'occupe de l'expérience spirituelle vivante. Par la vérité, l'homme atteint la beauté, et par l'amour spirituel, il s'élève à la bonté.

103:9.11 La foi conduit à connaître Dieu et pas seulement à un sentiment mystique de la présence divine. Il ne faut pas que la foi soit influencée à l'excès par ses conséquences émotives. La vraie religion est l'expérience de croire et de savoir, aussi bien qu'une satisfaction de sentir.

103:9.12 Il y a, dans l'expérience religieuse, une réalité qui est proportionnelle à son contenu spirituel, et cette réalité est transcendante par rapport à la raison, à la science, à la philosophie, à la sagesse et à tous les autres accomplissements humains. Les convictions résultant de cette expérience sont inébranlables ; la logique de la vie religieuse défie toute contradiction ; la certitude de sa connaissance est suprahumaine ; les satisfactions qui l'accompagnent sont magnifiquement divines ; le courage est indomptable, les dévouements sont inconditionnels, les fidélités sont suprêmes et les destinées sont finales - éternelles, ultimes et universelles.

103:9.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

104. Croissance du Concept de Trinité

104:0.1 IL NE faut pas confondre le concept de Trinité, dans la religion révélée, avec les croyances aux triades des religions évolutionnaires. Les idées de triades sont nées de beaucoup de relations suggestives, mais principalement parce que les droits ont trois phalanges, parce qu'il faut un minimum de trois pieds pour stabiliser un siège, parce que trois points d'appui permettent de dresser une tente ; en outre, pendant longtemps, l'homme primitif ne sut pas compter au delà de trois.

104:0.2 À part certains vocables naturellement couplés tels que passé et présent, jour et nuit, chaud et froid, mâle et femelle, l'homme a généralement tendance à penser en triades : hier, aujourd'hui et demain ; lever du soleil, midi et coucher du soleil ; père, mère et enfant. On fait un triple ban au vainqueur. On enterre les morts le troisième jour et l'on apaise le fantôme par trois aspersions d'eau.

104:0.3 Comme conséquence de ces associations naturelles dans l'expérience humaine, la triade fit son apparition dans la religion, et cela bien avant que la Trinité Paradisiaque des Déités, ou même aucun de ses représentants, eût été révélée à l'humanité. Plus tard, les Persans, les Hindous, les Grecs, les Égyptiens, les Babyloniens, les Romains et les Scandinaves eurent tous des dieux formant des triades, mais ce n'étaient pas encore de vraies trinités. Les triades de déités eurent toutes une origine naturelle et apparurent à un moment ou à un autre chez la plupart des peuples intelligents d'Urantia. Le concept d'une triade évolutionnaire a parfois été mêlé à celui d'une Trinité révélée ; dans ce cas, il est souvent impossible de distinguer l'une de l'autre.

104.1  Concepts Urantiens de Trinité

104:1.1 La première révélation urantienne conduisant à comprendre la Trinité du Paradis, fut faite par l'état-major du Prince Caligastia, il y a environ cinq-cent-mille ans. Ce premier concept fut perdu, pour le monde, pendant les temps troublés qui suivirent la rébellion planétaire.

104:1.2 La seconde présentation de la Trinité fut faite par Adam et Ève dans le premier et le second jardins. Ces enseignements n'avaient pas été entièrement effacés même à l'époque de Machiventa Melchizédek, environ trente-cinq-mille ans plus tard, car le concept des Séthites relatif à la Trinité subsista aussi bien en Mésopotamie qu'en Égypte, mais plus spécialement aux Indes, où il fut longtemps perpétué dans Agni, le tricéphale dieu védique du feu.

104:1.3 La troisième présentation de la Trinité fut faite par Machiventa Melchizédek, et cette doctrine fut symbolisée par les trois cercles concentriques que le sage de Salem portait sur son pectoral. Mais Machiventa trouva très difficile d'enseigner aux Bédouins de Palestine des notions sur le Père Universel, le Fils Éternel et l'Esprit Infini. La plupart de ses disciples crurent que la Trinité se composait des trois Très Hauts de Norlatiadek ; quelques-uns conçurent la Trinité comme composée du Souverain Systémique, du Père de la Constellation et de la Déité Créatrice de l'univers local ; un plus petit nombre encore réussit à comprendre de très loin l'idée de l'association paradisiaque du Père, du Fils et de l'Esprit.

104:1.4 Grâce aux activités des missionnaires de Salem, les enseignements de Melchizédek sur la Trinité se répandirent graduellement dans une grande partie de l'Eurasie et de l'Afrique du Nord. Il est souvent difficile de distinguer entre les triades et les trinités dans les derniers temps des Andites et dans les âges postérieurs à Melchizédek, époques où les deux concepts se mélangèrent et se fondirent dans une certaine mesure.

104:1.5 Parmi les Hindous, le concept trinitaire prit naissance en tant qu'Être, Intelligence et Joie (Une conception hindoue plus tardive fut celle de Brahma, Siva et Vishnou.) Tandis que les descriptions primitives de la Trinité étaient apportées aux Indes par les prêtres séthites, les idées plus récentes sur la Trinité furent importées par les missionnaires de Salem et développées par des penseurs natifs des Indes à l'aide d'une conjugaison de ces doctrines avec les conceptions des triades évolutionnaires.

104:1.6 La foi bouddhique développa deux doctrines de nature trinitaire. La première, présentée par Gautama Siddharta, fut celle du Maitre, de la Loi et de la Fraternité. L'idée ultérieure, qui se développa dans les branches septentrionales des disciples de Bouddha, embrassait le Seigneur Suprême, l'Esprit Saint et le Sauveur Incarné.

104:1.7 Ces idées des Hindous et des bouddhistes étaient de réels postulats trinitaires, c'est-à-dire l'idée d'une triple manifestation d'un Dieu monothéiste. Une vraie conception trinitaire ne consiste pas simplement à grouper ensemble trois dieux séparés.

104:1.8 Les Hébreux avaient des notions de la Trinité par les traditions kénites datant de Melchizédek, mais leur zèle monothéiste pour le Dieu unique Yahweh éclipsa tous ces enseignements, à tel point qu'au moment de l'apparition de Jésus, la doctrine des Élohim avait été pratiquement éliminée de la théologie juive. Le mental hébraïque ne pouvait concilier le concept trinitaire avec la croyance monothéiste au Seigneur Unique, le Dieu d'Israël.

104:1.9 Les pratiquants de la foi islamique ne réussirent pas non plus à saisir l'idée de la Trinité. Il est toujours difficile, à un monothéisme émergeant faisant face au polythéisme, de tolérer le trinitarisme. C'est dans les religions ayant une solide tradition monothéiste doublée de souplesse doctrinale que l'idée de trinité s'implante le mieux. Les grands monothéistes, les Hébreux et les mahométans, trouvèrent difficile de distinguer entre l'adoration de trois dieux, le polythéisme et le trinitarisme, l'adoration d'une seule Déité existant sous une manifestation trine de divinité et de personnalité.

104:1.10 Jésus enseigna la vérité à ses apôtres au sujet des personnes de la Trinité du Paradis, mais ils crurent qu'il parlait figurativement et symboliquement. Ayant été élevés dans le monothéisme hébreu, ils trouvèrent difficile d'admettre la moindre croyance qui parût en conflit avec leur concept dominant de Yahweh. Les premiers chrétiens héritèrent des préjugés hébreux contre le concept de la Trinité.

104:1.11 La première Trinité du christianisme fut proclamée à Antioche et consistait en Dieu, sa Parole et sa Sagesse. Paul était au courant de la Trinité Paradisiaque du Père, du Fils et de l'Esprit, mais il prêchait rarement sur ce thème et n'en fit mention que dans de rares lettres aux nouvelles Églises en formation. Même alors, et comme les autres apôtres, Paul confondait Jésus, Fils Créateur de l'univers local, avec la Seconde Personne de la Déité, le Fils Éternel du Paradis.

104:1.12 Le concept chrétien de la Trinité, qui commença à être admis vers la fin du premier siècle après J.-C., comprenait le Père Universel, le Fils Créateur de Nébadon et la Divine Ministre de Salvington - Esprit-Mère de l'univers local et compagne créative du Fils Créateur.

104:1.13 Depuis l'époque de Jésus et jusqu'à la publication de ces révélations, la véritable identité de la Trinité du Paradis n'a pas été connue sur Urantia (sauf par certaines personnes à qui elle fut spécialement révélée). Bien que le concept chrétien de la Trinité fût erroné en fait, il était pratiquement vrai sous le rapport des relations spirituelles. Il ne souffrait d'embarras que dans ses implications philosophiques et ses conséquences cosmologiques. Nombre de personnes douées d'une mentalité cosmique ont eu peine à croire que la Seconde Personne de la Déité, le second membre d'une Trinité infinie, ait séjourné sur Urantia. En effet, bien que ce soit vrai en esprit, ce n'est pas exact en fait. Les Micaëls Créateurs incorporent pleinement la divinité du Fils Éternel, mais ne sont pas la personnalité absolue.

104.2  Unité Trinitaire et Pluralité de Déité

104:2.1 Le monothéisme s'éleva comme une protestation philosophique contre l'incohérence du polythéisme. Il se développa d'abord au travers d'organisations de type panthéon avec compartimentage des activités surnaturelles, puis dans l'hénothéisme en exaltant un seul dieu au-dessus des nombreux autres, et enfin en excluant tous les dieux, sauf le Dieu Unique de valeur finale.

104:2.2 Le trinitarisme est issu de la protestation expérientielle contre l'impossibilité de concevoir l'unicité d'une Déité solitaire dépourvue d'anthropomorphisme et de rapports avec les significations universelles. Avec le temps, la philosophie tend à abstraire les qualités personnelles du concept de Déité du pur monothéisme, réduisant ainsi cette idée d'un Dieu sans rapports extérieurs au statut d'un Absolu panthéiste. Il a toujours été malaisé de comprendre la nature personnelle d'un Dieu n'ayant pas, sur un pied d'égalité, des relations personnelles avec d'autres êtres personnels coordonnés. La personnalité chez la Déité exige que cette Déité existe en relation avec d'autres Déités personnelles égales.

104:2.3 En reconnaissant le concept de la Trinité, le mental humain peut espérer saisir un aperçu des relations réciproques entre l'amour et la loi dans les créations de l'espace-temps. Par la foi spirituelle, l'homme acquiert la clairvoyance sur l'amour de Dieu, mais il ne tarde pas à découvrir que cette foi spirituelle n'a pas d'influence sur les lois ordonnées de l'univers matériel. Indépendamment de la fermeté de la croyance de l'homme que Dieu est son Père Paradisiaque, les horizons cosmiques en expansion exigent qu'il reconnaisse aussi, comme une loi universelle, la réalité de la Déité du Paradis et qu'il admette la souveraineté de la Trinité. Cette souveraineté qui s'étend du Paradis vers l'extérieur domine même les univers locaux évolutifs des Fils Créateurs et des Filles Créatives issus des trois personnes éternelles dont l'union de déité est le fait, la réalité et l'éternelle indivisibilité de la Trinité du Paradis.

104:2.4 Cette même Trinité Paradisiaque est une entité réelle - non une personnalité, mais néanmoins une réalité véritable et absolue. Sans être une personnalité, elle est une entité compatible avec des personnalités coexistantes - les personnalités du Père, du Fils et de l'Esprit. La Trinité est une réalité de Déité qui dépasse la somme de ses parties, elle est issue de la conjonction des trois Déités Paradisiaques. Les qualités, les caractéristiques et les fonctions de la Trinité ne sont pas la simple somme des attributs des trois Déités Paradisiaques. Les fonctions de la Trinité sont uniques, originales et non entièrement prévisibles d'après l'analyse des attributs du Père, du Fils et de l'Esprit.

104:2.5 Par exemple, le Maitre, lorsqu'il était sur terre, prévint ses disciples que la justice n'est jamais un acte personnel, mais toujours une fonction collective. Les Dieux n'administrent pas non plus la justice en tant que personnes, mais ils accomplissent cette même fonction en tant qu'ensemble collectif, en tant que Trinité du Paradis.

104:2.6 Saisir le concept de l'association trinitaire du Père, du Fils et de l'Esprit prépare le mental humain à la présentation ultérieure de certaines autres relations trines. La raison théologique peut se satisfaire pleinement du concept de la Trinité du Paradis, mais la raison philosophique et cosmologique exige que l'on reconnaisse les autres associations trines de la Source-Centre Première ; il s'agit, en particulier, de ces triunités dans lesquelles l'Infini fonctionne en diverses capacités non paternelles de manifestation universelle - les relations entre le Dieu de la force, de l'énergie, du pouvoir, de la causalité, de la réaction, du potentiel, de l'actuel, de la gravité, de la tension, de l'archétype, du principe et de l'unité.

104.3  Trinités et Triunités

104:3.1 Bien que l'humanité ait parfois commencé à saisir la signification de la Trinité des trois personnes de la Déité, la logique exige que l'intellect humain perçoive l'existence de certaines relations entre les sept Absolus. Mais tout ce qui est vrai de la Trinité du Paradis n'est pas nécessairement vrai d'une triunité, car une triunité est autre chose qu'une trinité. Sous certains aspects fonctionnels, une triunité peut être analogue à une trinité, mais sa nature n'est jamais homologue de celle d'une trinité.

104:3.2 Les mortels d'Urantia sont en train de passer par une grande ère d'expansion des horizons et d'élargissement des concepts ; il faut que l'évolution de leur philosophie cosmique s'accélère pour marcher de pair avec l'expansion du champ intellectuel de la pensée humaine. À mesure que leur conscience cosmique s'étend, les mortels perçoivent les relations réciproques de tout ce qu'ils trouvent dans leur science matérielle, leur philosophie intellectuelle et leur clairvoyance spirituelle. Pourtant, en même temps que toute cette croyance à l'unité du cosmos, les hommes perçoivent la diversité de toutes les existences. Malgré tous les concepts concernant l'invariance de la Déité, les hommes se rendent compte qu'ils vivent dans un univers en changement constant et en croissance expérientielle. Indépendamment de la réalisation de la survie des valeurs spirituelles, les hommes doivent toujours compter avec les mathématiques et les prémathématiques de la force, de l'énergie et du pouvoir.

104:3.3 Il faut concilier, d'une manière ou d'une autre, l'éternelle complétude de l'infinité avec la croissance temporelle des univers en évolution et le caractère incomplet de leurs habitants expérientiels. En quelque sorte, la conception de l'infinitude totale doit être segmentée et qualifiée pour permettre à l'intellect mortel et à l'âme morontielle de saisir le concept de valeur finale et de signification spiritualisante.

104:3.4 Alors que la raison réclame une unité monothéiste de la réalité cosmique, l'expérience finie exige le postulat d'une pluralité d'Absolus et de leur coordination en relations cosmiques. Sans existences coordonnées, la diversité des relations absolues n'a aucune chance d'apparaître, et les différentiels, variables, modificateurs, amortisseurs, qualificateurs ou réducteurs n'ont aucune occasion d'opérer.

104:3.5 Dans les présents exposés, la réalité totale (l'infinité) a été présentée telle qu'elle existe chez les sept Absolus :

104:3.6 1. Le Père Universel.

104:3.7 2. Le Fils Éternel.

104:3.8 3. L'Esprit Infini.

104:3.9 4. L'Ile du Paradis.

104:3.10 5. L'Absolu de Déité.

104:3.11 6. L'Absolu Universel.

104:3.12 7. L'Absolu Non Qualifié.

104:3.13 La Source-Centre Première, qui est Père pour le Fils Éternel, est aussi Archétype pour l'Ile du Paradis. Il est personnalité non qualifiée chez le Fils, mais personnalité en potentiel chez l'Absolu de Déité. Le Père est énergie révélée dans le Paradis-Havona, et en même temps énergie cachée dans l'Absolu Non Qualifié. L'Infini est toujours révélé dans les actes incessants de l'Acteur Conjoint, tandis qu'il fonctionne éternellement dans les activités compensatrices, mais voilées, de l'Absolu Universel. C'est ainsi que le Père est relié aux six Absolus coordonnés, et que l'ensemble des sept englobe le cercle de l'infinité pendant tous les cycles sans fin de l'éternité.

104:3.14 Il semblerait que la triunité de relations absolues soit inévitable. Les personnalités cherchent à s'associer avec d'autres personnalités sur les niveaux absolus aussi bien que sur les autres niveaux. Et l'association des trois personnalités du Paradis rend éternelle la première triunité, l'union personnelle du Père, du Fils et de l'Esprit ; car, lorsque ces trois personnes se joignent en tant que personnes pour opérer en unité, elles constituent une triunité d'unité fonctionnelle, et non une trinité - une entité organique - mais néanmoins une triunité, une triple unanimité fonctionnelle globale.

104:3.15 La Trinité du Paradis n'est pas une triunité ; elle n'est pas une unanimité fonctionnelle ; elle est plutôt une Déité indivise et indivisible. Le Père, le Fils et l'Esprit peuvent (en tant que personnes) entretenir des relations avec la Trinité du Paradis, car la Trinité est leur Déité indivise. Le Père, le Fils et l'Esprit n'entretiennent pas de relations personnelles similaires avec la première triunité, car celle-ci est leur union fonctionnelle en tant que trois personnes. C'est seulement en tant que Trinité - en tant que Déité indivise - qu'ils entretiennent collectivement des relations extérieures avec la triunité de leur groupement personnel.

104:3.16 C'est ainsi que la Trinité du Paradis reste unique parmi les relations absolues ; il y a plusieurs triunités existentielles, mais seulement une Trinité existentielle. Une triunité n'est pas une entité. Elle est fonctionnelle plutôt qu'organique. Ses membres sont associés plutôt que corporatifs. Les composants d'une triunité peuvent être des entités, mais la triunité elle-même est une association.

104:3.17 Il existe toutefois un point de comparaison entre trinité et triunité : les deux se traduisent par des fonctions représentant quelque chose d'autre que la somme discernable des attributs des membres qui les composent. Elles sont donc comparables sous l'angle fonctionnel, mais sans présenter par ailleurs de relations catégoriques. En gros, on pourrait dire qu'elles sont reliées comme la fonction et la structure, mais la fonction de l'association triunité n'est pas la fonction de la structure ou de l'entité trinité.

104:3.18 Les triunités n'en sont pas moins réelles, très réelles. En elles, la réalité totale est rendue fonctionnelle, et, par elles, le Père Universel exerce un contrôle immédiat et personnel sur les fonctions maitresses de l'infinité.

104.4  Les Sept Triunités

104:4.1 En essayant de décrire sept triunités, nous attirons l'attention sur le fait que le Père Universel est le membre primordial de chacune d'elles. Il est, il était et il sera toujours : le Premier Père-Source Universel, le Centre Absolu, la Cause Première, le Contrôleur Universel, le Fournisseur d'Énergie Illimité, l'Unité Originelle, le Soutien sans limite, la Première Personne de Déité, l'Archétype Cosmique Primordial et l'Essence de l'Infinité. Le Père Universel est la cause personnelle des Absolus : il est l'absolu des Absolus.

104:4.2 Voici des suggestions sur la nature et la signification des sept triunités :

104:4.3 La Première Triunité - la triunité personnelle-intentionnelle. C'est le groupement des trois personnalités de Déité :

104:4.4 1. Le Père Universel.

104:4.5 2. Le Fils Éternel.

104:4.6 3. L'Esprit Infini.

104:4.7 C'est la triple union de l'amour, de la miséricorde et du ministère - l'association intentionnelle et personnelle des trois personnalités éternelles du Paradis. C'est l'association divinement fraternelle, aimant les créatures, agissant paternellement et encourageant l'ascension. Les divines personnalités de cette première triunité sont des Dieux qui confèrent la personnalité, effusent l'esprit et attribuent le mental.

104:4.8 C'est la triunité de volition infinie ; elle agit dans tout l'éternel présent et dans la totalité de l'écoulement passé-présent-futur du temps. Cette association produit l'infinité volitive et fournit les mécanismes par lesquels la Déité personnelle devient autorévélatrice pour les créatures du cosmos en évolution.

104:4.9 La Seconde Triunité - la triunité de pouvoir-archétype. Qu'il s'agisse d'un minuscule ultimaton, d'une étoile flamboyante, d'une nébuleuse tourbillonnante ou même de l'univers central ou des superunivers, depuis les plus petites organisations matérielles jusqu'aux plus grandes, l'archétype physique - la configuration cosmique - est toujours dérivé de la fonction de cette triunité, association composée :

104:4.10 1. Du Père-Fils.

104:4.11 2. De l'Ile du Paradis.

104:4.12 3. De l'Acteur Conjoint.

104:4.13 L'énergie est organisée par les agents cosmiques de la Source-Centre Troisième ; elle est façonnée d'après l'archétype du Paradis, la matérialisation absolue. À l'arrière-plan de cette manipulation incessante se trouve la présence du Père-Fils dont l'union a d'abord animé l'archétype du Paradis en faisant apparaître Havona simultanément avec la naissance de l'Esprit Infini, l'Acteur Conjoint.

104:4.14 Dans l'expérience religieuse, les créatures prennent contact avec le Dieu qui est amour, mais cette clairvoyance spirituelle ne doit jamais faire oublier de reconnaître intelligemment le fait universel de l'archétype qui est le Paradis. Par le pouvoir irrésistible de l'amour divin, les personnalités du Paradis enrôlent l'adoration librement consentie de toutes les créatures et conduisent toutes ces personnalités, ainsi nées d'esprit, dans les délices célestes du service perpétuel des fils finalitaires de Dieu. La seconde triunité est l'architecte de la scène spatiale sur laquelle toutes ces opérations se déroulent ; elle détermine les archétypes de configuration cosmique.

104:4.15 Si l'amour caractérise la divinité de la première triunité, l'archétype est la manifestation galaxique de la seconde. La première triunité est pour les personnalités en évolution ce qu'est la seconde pour les univers en évolution. L'archétype et la personnalité sont deux des grandes manifestations des actes de la Source-Centre Première. Et, si difficile que ce soit de le comprendre, il n'en est pas moins vrai que le pouvoir-archétype et la personnalité aimante ne sont qu'une seule et même réalité universelle ; l'Ile du Paradis et le Fils Éternel sont des révélations coordonnées, mais antipodales, de la nature insondable du Père-Force Universel.

104:4.16 La Troisième Triunité - la triunité d'évolution de l'esprit. La totalité de la manifestation spirituelle a son commencement et sa fin dans cette association constituée par :

104:4.17 1. Le Père Universel.

104:4.18 2. Le Fils-Esprit.

104:4.19 3. L'Absolu de Déité.

104:4.20 Depuis la puissance d'esprit jusqu'à l'esprit paradisiaque, tout esprit trouve l'expression de la réalité dans cette association trine de la pure essence d'esprit du Père, des valeurs d'esprit actives du Fils-Esprit et des potentiels d'esprit illimités de l'Absolu de Déité. Les valeurs existentielles de l'esprit ont leur genèse primordiale, leur manifestation complète et leur destinée finale dans cette triunité.

104:4.21 Le Père existe avant l'esprit ; le Fils-Esprit agit comme esprit créateur actif ; l'Absolu de Déité existe comme esprit englobant tout, même ce qui est au delà de l'esprit.

104:4.22 La Quatrième Triunité - la triunité de l'infinité d'énergie. À l'intérieur de cette triunité s'éternisent les commencements et les fins de toute réalité d'énergie depuis la puissance spatiale jusqu'à la monota. Ce groupement comprend les membres suivants :

104:4.23 1. Le Père-Esprit.

104:4.24 2. L'Ile du Paradis

104:4.25 3. L'Absolu Non Qualifié.

104:4.26 Dans le cosmos, le Paradis est le centre de mobilisation de l'énergie-force du cosmos - la position de la Source-Centre Première dans l'univers, le point focal cosmique de l'Absolu Non Qualifié et la source de toute énergie. Existentiellement présent dans cette triunité se trouve le potentiel énergétique de l'infini cosmos, dont le grand univers et le maitre univers ne sont que des manifestations partielles.

104:4.27 La quatrième triunité contrôle absolument les unités fondamentales d'énergie cosmique. Elle les libère de l'emprise de l'Absolu Non Qualifié d'une manière directement proportionnelle à l'apparition chez les Déités expérientielles de la capacité subabsolue à contrôler et à stabiliser le cosmos en métamorphose.

104:4.28 Cette triunité est la force et l'énergie. Les possibilités illimitées de l'Absolu Non Qualifié sont centrées autour de l'absolutum de l'Ile du Paradis, d'où émane l'agitation inimaginable de la quiétude, par ailleurs statique, du Non Qualifié. Les pulsations sans fin du coeur matériel paradisiaque du cosmos infini battent en harmonie avec l'archétype insondable et le plan impénétrable de l'Infini Fournisseur d'énergie, la Source-Centre Première.

104:4.29 La Cinquième Triunité - le triunité d'infinité réactive. Cette association consiste en :

104:4.30 1. Le Père Universel.

104:4.31 2. L'Absolu Universel.

104:4.32 3. L'Absolu Non Qualifié.

104:4.33 Ce groupement rend éternelle la réalisation fonctionnelle de l'infinité de tout ce qu'il est possible de rendre actuel dans les domaines de la réalité n'appartenant pas à la déité. Cette triunité manifeste une capacité illimitée de réaction aux présences et aux actes volitifs, causatifs, tensoriels et archétypaux des autres triunités.

104:4.34 La Sixième Triunité - le triunité de la Déité en association cosmique. Ce groupement est constitué par :

104:4.35 1. Le Père Universel.

104:4.36 2. L'Absolu de Déité.

104:4.37 3. L'Absolu Universel.

104:4.38 C'est l'association de la Déité-dans-le-cosmos, l'immanence de la Déité en conjonction avec sa transcendance. C'est la dernière extension de la divinité sur les niveaux de l'infinité vers les réalités qui se trouvent en dehors du domaine de la réalité déifiée.

104:4.39 La Septième Triunité - la triunité d'unité infinie. Celle-ci est l'unité de l'infinité fonctionnellement manifeste dans le temps et l'éternité, l'unification coordonnée des actuels et des potentiels. Ce groupe se compose :

104:4.40 1. Du Père Universel.

104:4.41 2. De l'Acteur Conjoint.

104:4.42 3. De l'Absolu Universel.

104:4.43 L'Acteur Conjoint intègre universellement les aspects fonctionnels variables de toute la réalité rendue actuelle sur tous les niveaux de manifestation finis, transcendantaux et absolus. L'Absolu Universel compense parfaitement les différenciations inhérentes aux divers aspects de toute réalité incomplète, depuis les potentialités illimitées de réalité de Déité active-volitive et causative jusqu'aux possibilités sans bornes de réalité non déifiée, statique et réactive, dans les domaines incompréhensibles de l'Absolu Non Qualifié.

104:4.44 Quand ils agissent dans cette triunité, l'Acteur Conjoint et l'Absolu Universel sont également sensibles aux présences de Déité et de non déité, ainsi d'ailleurs que la Source-Centre Première qui, dans cette relation, est virtuellement impossible à distinguer conceptuellement du JE SUIS.

104:4.45 Ces approximations sont suffisantes pour élucider le concept des triunités. Faute de connaître le niveau ultime des triunités, vous ne pouvez pleinement comprendre les sept premières. Bien que nous estimions qu'il n'est pas sage de pousser plus loin leur étude, nous pouvons dire qu'il existe quinze associations trines de la Source-Centre Première, dont huit ne sont pas révélées dans ces fascicules. Ces associations non révélées s'occupent de réalités, d'actualisations et de potentialités qui se trouvent au delà du niveau expérientiel de la suprématie.

104:4.46 Les triunités sont le volant fonctionnel de l'infinité, l'unification de la nature unique des Sept Absolus de l'Infinité. C'est la présence existentielle des triunités qui permet au Père-JE SUIS de faire l'expérience de l'unité fonctionnelle d'infinité, malgré la diversification de l'infinité en sept Absolus. La Source-Centre Première est le membre unificateur de toutes les triunités ; en lui, toutes choses ont leur commencement non qualifié, leur existence éternelle et leur destinée infinie - « en lui, toutes choses subsistent » .

104:4.47 Bien que ces associations ne puissent augmenter l'infinité du Père-JE SUIS, elles paraissent rendre possibles les manifestations subinfinies et subabsolues de sa réalité. Les sept triunités multiplient la versatilité, éternisent de nouvelles profondeurs, déifient de nouvelles valeurs, dévoilent de nouveaux potentiels, révèlent de nouvelles significations. Toutes ces manifestations diversifiées dans le temps et l'espace, et dans le cosmos éternel ont leur existence dans l'état statique hypothétique de l'infinité originelle du JE SUIS.

104.5  Triodités

104:5.1 Il existe certaines autres relations trines qui ne contiennent pas le Père dans leur constitution, mais ce ne sont pas vraiment des triunités, et elles sont toujours distinctes des triunités du Père. Elles portent des noms divers, triunités associées, triunités coordonnées et triodités. Elles sont des conséquences de l'existence des triunités. Deux de ces associations sont constituées comme suit :

104:5.2 La Triodité d'Actualisation. Cette triodité consiste en relations réciproques entre trois actuels absolus :

104:5.3 1. Le Fils Éternel.

104:5.4 2. L'Ile du Paradis.

104:5.5 3. L'Acteur Conjoint.

104:5.6 Le Fils Éternel est l'absolu de la réalité d'esprit, la personnalité absolue. L'Ile du Paradis est l'absolu de la réalité cosmique, l'archétype absolu. L'Acteur Conjoint est l'absolu de la réalité mentale, le coordonné de la réalité d'esprit absolue et la synthèse personnalité-pouvoir au niveau de la Déité existentielle. Cette association trine extériorise la coordination du total de la réalité rendue actuelle - spirituelle, cosmique ou mentale. Elle est sans réserve dans l'actualisation.

104:5.7 La Triodité de Potentialité. Cette triodité est formée par l'association des trois Absolus de potentialité :

104:5.8 1. L'Absolu de Déité.

104:5.9 2. L'Absolu Universel.

104:5.10 3. L'Absolu Non Qualifié.

104:5.11 Ainsi se trouvent associés les réservoirs d'infinité de toute réalité d'énergie latente - spirituelle, mentale ou cosmique. Cette association produit l'intégration de toute réalité d'énergie latente. Son potentiel est infini.

104:5.12 De même que les triunités s'occupent primordialement d'unifier fonctionnellement l'infinité, de même les triodités sont impliquées dans l'apparition cosmique des Déités expérientielles. Les triunités sont indirectement intéressées aux Déités expérientielles - Suprême, Ultime et Absolue - mais les triodités le sont directement. Elles apparaissent dans la synthèse émergente de personnalité-pouvoir de l'Être Suprême. Et, pour les créatures temporelles de l'espace, l'Être Suprême est une révélation de l'unité du JE SUIS.

104:5.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

105. Déité et Réalité

105:0.1 MEME POUR les ordres élevés d'intelligences de l'univers, l'infinité n'est que partiellement compréhensible et la finalité de la réalité n'est que relativement intelligible. Quand le mental humain cherche à pénétrer le mystère d'éternité de l'origine et de la destinée de tout ce que l'on appelle réel, il peut lui être utile d'aborder le problème en concevant l'éternité-infinité comme une ellipse à peu près illimitée produite par une cause absolue unique fonctionnant tout au long de ce cycle universel de diversifications sans fin, en cherchant toujours quelque potentiel de destinée absolu et infini.

105:0.2 Quand l'intellect mortel cherche à saisir le concept de la totalité de la réalité, ce mental fini se trouve face à face avec l'infinité-réalité. La totalité de la réalité est l'infinité ; elle ne peut donc jamais être pleinement comprise par un mental dont la capacité conceptuelle est subinfinie.

105:0.3 Le mental humain ne peut guère se former un concept adéquat des existences éternelles et, à défaut de cette compréhension, il est impossible de décrire même nos concepts de la totalité de la réalité. Nous pouvons néanmoins faire un effort pour les présenter, tout en nous rendant pleinement compte qu'il leur faudra subir de profondes déformations au cours du processus de traduction-modification qui amènera ces concepts au niveau de compréhension du mental des mortels.

105.1  Le Concept Philosophique du « JE SUIS »

105:1.1 La causalité primordiale absolue dans l'infinité est attribuée, par les philosophes de l'univers, au Père Universel opérant en tant que JE SUIS infini, éternel et absolu.

105:1.2 La présentation, à l'intellect des mortels, de cette idée d'un JE SUIS infini comporte beaucoup de risques, parce que ce concept est si éloigné de la compréhension expérientielle humaine qu'il implique de sérieuses déformations des significations et des erreurs de conception sur les valeurs. Quoi qu'il en soit, le concept philosophique du JE SUIS fournit aux êtres finis une base pour essayer d'approcher la compréhension partielle des origines absolues et des destinées infinies. Mais, dans toutes nos tentatives pour élucider la genèse et la maturation de la réalité, précisons que, dans toutes les significations et valeurs se rapportant à la personnalité, ce concept du JE SUIS est synonyme de la Première Personne de la Déité, le Père Universel de toutes les personnalités. Ce postulat du JE SUIS n'est toutefois pas aussi facilement identifiable dans les domaines non déifiés de la réalité universelle.

105:1.3 Le JE SUIS est l'Infini ; le JE SUIS est aussi l'infinité. Du point de vue temporel, séquentiel, toute réalité a son origine dans l'infini JE SUIS, dont l'existence solitaire dans l'éternité infinie du passé doit être le premier postulat philosophique d'une créature finie. Le concept du JE SUIS implique l'infinité non qualifiée, la réalité indifférenciée de tout ce qui serait susceptible d'exister dans la totalité d'éternité infinie.

105:1.4 En tant que concept existentiel, le JE SUIS n'est ni déifié ni non déifié, ni actuel ni potentiel, ni personnel ni impersonnel, ni statique ni dynamique. Aucune qualification ne peut être appliquée à l'Infini, si ce n'est que l'on peut affirmer que le JE SUIS est. Le postulat philosophique du JE SUIS est un concept universel un peu plus difficile à comprendre que l'Absolu Non Qualifié.

105:1.5 Pour le mental fini, il faut absolument qu'il y ait un commencement. Or, bien que la réalité n'ait jamais eu de vrai commencement, elle manifeste envers l'infinité certaines relations de source. On peut imaginer, à peu près comme suit, la situation d'éternité préréelle, primordiale. À un moment infiniment lointain et hypothétique de l'éternité passée, on peut concevoir que le JE SUIS était à la fois chose et non-chose, à la fois cause et effet, à la fois volition et réaction. À ce moment hypothétique de l'éternité, l'infinité ne présente nulle part de différenciation. L'infinité est remplie par l'Infini ; l'Infini englobe l'infinité. C'est le moment statique hypothétique de l'éternité ; les actuels sont encore inclus dans leurs potentiels, et les potentiels ne sont pas encore apparus dans l'infinité du JE SUIS. Toutefois, même dans cette situation hypothétique, il nous faut admettre que la possibilité de volonté autonome existe.

105:1.6 Rappelez-vous toujours que la compréhension du Père Universel par l'homme est une expérience personnelle. Dieu, en tant que votre Père spirituel, est compréhensible par vous et par tous les autres mortels, votre concept cultuel expérientiel du Père Universel doit toujours rester moindre que votre postulat philosophique de l'infinité de la Source-Centre Première, le JE SUIS. Quand nous parlons du Père, nous voulons dire Dieu tel qu'il est susceptible d'être compris par ses créatures humbles ou élevées, mais une fraction bien plus grande de la Déité est incompréhensible aux créatures de l'univers. Dieu, votre Père et mon Père, est cette phase de l'Infini que nous percevons dans notre personnalité comme une réalité expérientielle actuelle, mais le JE SUIS subsiste toujours comme notre hypothèse de tout ce que nous sentons inconnaissable dans la Source-Centre Première. Cette hypothèse elle-même reste probablement très en deçà de l'infinité insondée de la réalité originelle.

105:1.7 L'univers des univers, avec les innombrables légions de personnalités qui l'habitent, est un organisme immense et complexe, mais la Source-Centre Première est infiniment plus complexe que les univers et personnalités qui sont devenus réels en réponse à ses décisions volontaires. Quand vous contemplez, avec une crainte respectueuse, l'immensité du maitre univers, arrêtez-vous pour songer que même cette création inconcevable ne peut rien être de plus qu'une révélation partielle de l'Infini.

105:1.8 L'infinité est assurément très éloignée du niveau d'expérience de la compréhension des mortels, mais, même au cours du présent âge sur Urantia, vos concepts de l'infinité grandissent et continueront à grandir durant vos carrières sans fin qui s'échelonneront dans l'éternel futur. L'infinité non qualifiée n'a pas de sens pour les créatures finies, mais l'infinité est capable de se limiter et elle est susceptible d'exprimer la réalité de tous les niveaux d'existence universelle. La face que l'Infini tourne vers toutes les personnalités de l'univers est le visage d'un Père, le Père Universel d'amour.

105.2  Le « JE SUIS » , Trin et Septuple

105:2.1 En considérant la genèse de la réalité, ayez toujours présent à l'esprit que toute réalité absolue vient de l'éternité et n'a pas de commencement d'existence. Par réalité absolue, nous voulons parler des trois personnes existentielles de la Déité, de l'Ile du Paradis et des trois Absolus. Ces sept réalités sont éternelles d'une manière coordonnée, indépendamment du fait que nous recourrions au langage de l'espace-temps pour présenter aux êtres humains la séquence de leur origine.

105:2.2 En suivant « chronologiquement » la description des origines de la réalité, il faut admettre un instant théorique de « première » expression volitive et de « première » répercussion réactive dans le JE SUIS. Dans nos tentatives pour dépeindre la genèse et la génération de la réalité, ce stade peut être conçu comme L'Un Infini se différenciant lui-même de L'Infinitude, mais il faut toujours étendre ce postulat de cette relation duelle à une conception trine en reconnaissant le continuum éternel de L'Infinité, le JE SUIS.

105:2.3 L'autométamorphose du JE SUIS culmine dans les multiples différenciations de la réalité déifiée et de la réalité non déifiée, de la réalité potentielle et actuelle, et de certaines autres réalités que l'on ne peut guère classer ainsi. Ces différenciations du JE SUIS théorique et moniste sont éternellement intégrées par des relations simultanées qui s'établissent dans le même JE SUIS - la préréalité prépotentielle, préactuelle, prépersonnelle, monothétique ; cette préréalité, tout en étant infinie, se révèle comme un absolu en présence de la Source-Centre Première et comme une personnalité dans l'amour sans limite du Père Universel.

105:2.4 Par ces métamorphoses internes, le JE SUIS établit les bases d'une relation septuple avec lui-même. On peut maintenant élargir le concept philosophique (temporel) du JE SUIS solitaire et le concept transitoire (temporel) du JE SUIS trin pour englober le JE SUIS en tant que septuple. Cette nature septuple - ou à sept phases - peut être présentée de la meilleure façon en le rapportant aux Sept Absolus de l'Infinité :

105:2.5 1. Le Père Universel. JE SUIS père du Fils Éternel. C'est la relation de personnalité primordiale des actualités. La personnalité absolue du Fils rend absolu le fait de la paternité de Dieu et institue la filiation potentielle de toutes les personnalités. Cette relation établit la personnalité de l'Infini et consomme sa révélation spirituelle dans la personnalité du Fils Originel. Même les mortels, bien que dans la chair, peuvent expérimenter, sur des niveaux spirituels, cette phase du JE SUIS, s'ils adorent notre Père.

105:2.6 2. Le Contrôleur Universel. JE SUIS cause de l'éternel Paradis. C'est la relation impersonnelle primordiale des actualités, l'association non spirituelle originelle. Le Père Universel est Dieu-amour ; le Contrôleur Universel est Dieu-archétype. Cette relation établit le potentiel des formes - des configurations - et détermine le maitre archétype des relations impersonnelles et non spirituelles - le maitre archétype d'après lequel toutes les copies sont faites.

105:2.7 3. Le Créateur Universel. JE SUIS un avec le Fils Éternel. Cette union du Père et du Fils (en présence du Paradis) inaugure le cycle créateur, lequel est consommé dans l'apparition de la personnalité conjointe et de l'univers éternel. Du point de vue fini des mortels, la réalité commence vraiment avec l'apparition, dans l'éternité, de la création de Havona. Cet acte créateur de la Déité s'effectue par le Dieu d'Action et à travers lui, qui est en essence l'unité du Père-Fils manifestée sur et à tous les niveaux de l'actuel. C'est pourquoi la créativité divine est infailliblement caractérisée par l'unité, et cette unité est le reflet extérieur de l'unicité absolue de la dualité Père-Fils et de la Trinité Père-Fils-Esprit.

105:2.8 4. Le Soutien Infini. JE SUIS associable à lui-même. C'est l'association primordiale de la statique et des potentiels de la réalité. Dans cette relation, tous les facteurs qualifiés et non qualifiés sont compensés. La notion qui permet le mieux de comprendre cette phase du JE SUIS est celle de l'Absolu Universel - l'unificateur de l'Absolu de Déité et de l'Absolu Non Qualifié.

105:2.9 5. Le Potentiel Infini. JE SUIS qualifié par lui même. C'est la borne-repère de l'infinité portant témoignage éternel que le JE SUIS s'est limité par sa propre volonté, à la suite de quoi il s'est exprimé et révélé sous forme triple. Cette phase du JE SUIS est généralement comprise en tant que l'Absolu de Déité.

105:2.10 6. La Capacité Infinie. JE SUIS statique-réactif. C'est la matrice sans bornes, la possibilité de toutes les expansions cosmiques futures. La meilleure manière de concevoir cette phase du JE SUIS est peut-être la notion de la présence supergravitationnelle de l'Absolu Non Qualifié.

105:2.11 7. L'Un Universel de l'Infinité. JE SUIS ce que JE SUIS. C'est la stase, ou relation de l'Infinité avec elle-même, le fait éternel de la réalité de l'infinité et la vérité universelle de l'infinité de la réalité. Dans la mesure où cette relation est discernable en tant que personnalité, elle est révélée aux univers dans le divin Père de toute personnalité - même de la personnalité absolue. Dans la mesure où cette relation est exprimable impersonnellement, l'univers prend contact avec elle en tant que cohérence absolue de pure énergie et de pur esprit en présence du Père Universel. Dans la mesure où cette relation est concevable comme un absolu, elle est révélée dans la primauté de la Source-Centre Première ; en lui nous vivons tous, nous nous mouvons et avons notre existence, depuis les créatures de l'espace jusqu'aux citoyens du Paradis ; et ceci est tout aussi vrai du maitre univers que de l'infinitésimal ultimaton, tout aussi vrai de ce qui doit être que de ce qui est et de ce qui a été.

105.3  Les Sept Absolus de l'Infinité

105:3.1 Les sept relations primordiales à l'intérieur du JE SUIS s'éternisent sous l'aspect des Sept Absolus de l'Infinité. Nous décrivons les origines de la réalité et les différenciations de l'infinité par un exposé séquentiel, mais en fait les sept Absolus sont tous éternels d'une manière non qualifiée et coordonnée. Il est peut-être nécessaire au mental des mortels de concevoir leur commencement, mais cette conception devrait toujours être dominée par la réalisation que les sept Absolus n'ont pas eu de commencement ; ils sont éternels et l'ont toujours été en tant qu'absolus. Les Sept Absolus sont les prémices de la réalité et ils sont décrits comme suit dans les présents fascicules :

105:3.2 1. La Source-Centre Première. Première Personne de la Déité et archétype primordial de non-déité, Dieu, le Père Universel, créateur, contrôleur et soutien ; amour universel, esprit éternel et énergie infinie ; potentiel de tous les potentiels et source de tous les actuels ; stabilité de toute statique et dynamisme de tout changement ; source des archétypes et Père des personnes. Collectivement, les sept Absolus équivalent à l'infinité, mais le Père Universel lui-même est effectivement infini.

105:3.3 2. La Source-Centre Seconde. La Seconde Personne de la Déité, le Fils Éternel et Originel ; les réalités de personnalité absolue du JE SUIS et la base pour la réalisation-révélation du « JE SUIS personnalité » . Nulle personnalité ne peut espérer atteindre le Père Universel sinon par son Fils Éternel. La personnalité ne peut pas non plus atteindre les niveaux spirituels d'existence sans l'action et l'aide de cet archétype absolu de toutes les personnalités. Dans la Source-Centre Seconde, l'esprit est non qualifié, tandis que la personnalité est absolue.

105:3.4 3. La Source-Centre du Paradis. Deuxième archétype de non-déité, l'Ile éternelle du Paradis ; la base pour la réalisation-révélation du « JE SUIS force » et le fondement de l'établissement du contrôle gravitationnel dans tous les univers. Par rapport à toute la réalité actualisée, non spirituelle, impersonnelle et non volitive, le Paradis est l'absolu des archétypes. De même que l'énergie spirituelle est reliée au Père Universel par la personnalité absolue du Fils-Mère, de même toute l'énergie cosmique est maintenue sous le contrôle gravitationnel de la Source-Centre Première par l'archétype absolu de l'Ile du Paradis. Le Paradis n'est pas dans l'espace, c'est l'espace qui existe relativement au Paradis, et la chronicité du mouvement est déterminée par sa relation avec le Paradis. L'Ile éternelle est absolument au repos ; toutes les autres énergies organisées ou en cours d'organisation sont en mouvement perpétuel. Dans tout l'espace, seule est tranquille la présence de l'Absolu Non Qualifié, et le Non Qualifié est coordonné avec le Paradis. Le Paradis existe au foyer de l'espace, le Non Qualifié le pénètre et tout ce qui est relatif a son existence dans ce domaine.

105:3.5 4. La Source-Centre Troisième. Troisième Personne de la Déité, l'Acteur Conjoint ; l'intégrateur infini des énergies cosmiques du Paradis avec les énergies spirituelles du Fils Éternel ; le parfait coordonnateur des mobiles de la volonté et des mécanismes de la force ; l'unificateur de toute réalité actuelle ou en voie d'actualisation. Par les soins de ses multiples enfants, l'Esprit Infini révèle la miséricorde du Fils Éternel, tout en opérant en même temps comme manipulateur infini, tissant perpétuellement l'archétype du Paradis dans les énergies de l'espace. Ce même Acteur Conjoint, ce Dieu d'Action, est l'expression parfaite des plans et desseins illimités du Père-Fils, tout en agissant lui-même comme source du mental et dispensateur de l'intellect aux créatures d'un immense cosmos.

105:3.6 5. L'Absolu de Déité. Les possibilités causales potentiellement personnelles de la réalité universelle, la totalité de tout le potentiel de Déité. L'Absolu de Déité qualifie intentionnellement les réalités non qualifiées, les réalités absolues et les réalités de non-déité. L'Absolu de Déité qualifie l'absolu et rend absolu le qualifié - il est l'initiateur de la destinée.

105:3.7 6. L'Absolu Non Qualifié. Statique, réactif et passif ; l'infinité cosmique non révélée du JE SUIS ; la totalité de la réalité non déifiée et la finalité de tout le potentiel non personnel. L'espace limite les fonctions du Non Qualifié, mais la présence du Non Qualifié est sans limites, elle est infinie. Il existe un concept de périphérie pour le maitre univers, mais la présence du Non Qualifié est illimitée ; l'éternité elle-même ne saurait épuiser la tranquillité sans bornes de cet Absolu de non-déité.

105:3.8 7. L'Absolu Universel. Unificateur du déifié et du non déifié ; corrélateur de l'absolu et du relatif. L'Absolu Universel (étant statique, potentiel et associatif) compense la tension entre l'existentiel éternel et l'inachevé.

105:3.9 Les Sept Absolus de l'Infinité constituent les commencements de la réalité. Considérée par le mental des mortels, la Source-Centre Première paraîtrait antérieure à tous les absolus. Si utile que soit ce postulat, il est invalidé par la coexistence dans l'éternité du Fils, de l'Esprit, des trois Absolus et de l'Ile du Paradis.

105:3.10 C'est une vérité que les Absolus sont des manifestations du JE SUIS-Source-Centre Première ; c'est un fait que ces Absolus n'ont jamais eu de commencement, mais sont d'éternels coordonnés de la Source-Centre Première. Les relations des Absolus dans l'éternité ne peuvent pas toujours être présentées sans que cela implique des paradoxes dans le langage du temps et dans les modèles conceptuels de l'espace. Indépendamment de toute confusion concernant l'origine des Sept Absolus de l'Infinité, c'est à la fois un fait et une vérité que toute réalité est fondée sur leur existence éternelle et sur leurs relations d'infinité.

105.4  Unité, Dualité et Triunité

105:4.1 Les philosophes de l'univers postulent l'existence éternelle du JE SUIS en tant que source primordiale de toute réalité. Ils postulent en même temps que, par lui-même, le JE SUIS se segmente en sept relations primaires avec lui-même - les sept phases de l'infinité. Et, simultanément à ces suppositions, ils formulent le troisième postulat, l'apparition dans l'éternité des Sept Absolus de l'Infinité et l'éternisation des associations duelles des sept phases du JE SUIS avec ces sept Absolus.

105:4.2 L'autorévélation du JE SUIS procède ainsi du moi statique en passant par la segmentation de lui-même et les relations avec lui-même, pour aboutir à des relations absolues - des relations avec des Absolus dérivés de lui-même. La dualité devient ainsi existentielle dans l'association éternelle des Sept Absolus de l'Infinité avec la septuple infinité des phases autosegmentées du JE SUIS autorévélateur. Ces relations duelles, s'éternisant pour les univers sous l'aspect des sept Absolus, rendent éternelles les bases fondamentales de toute la réalité universelle.

105:4.3 On a parfois affirmé que l'unité engendre la dualité, que la dualité engendre la triunité et que la triunité est l'ancêtre éternel de toutes choses. En vérité, il y a trois grandes classes de relations primordiales, et ce sont les suivantes :

105:4.4 1. Relations d'unité. Relations internes du JE SUIS quand on en conçoit l'unité comme une autodifférenciation trine, puis septuple.

105:4.5 2. Relations de dualité. Relations existant entre le JE SUIS en tant que septuple et les Sept Absolus de l'Infinité.

105:4.6 3. Relations de triunité. Ce sont les associations fonctionnelles des Sept Absolus de l'Infinité.

105:4.7 Les relations de triunité s'élèvent sur des fondements de dualité parce que l'interassociation des Absolus est inévitable. De telles associations triunitaires éternisent le potentiel de toute la réalité ; elles englobent la réalité déifiée et la réalité non déifiée.

105:4.8 Le JE SUIS est l'infinité non qualifiée en tant qu'Unité. Les dualités éternisent les fondements de la réalité. Les triunités extériorisent la réalisation de l'infinité en tant que fonction universelle.

105:4.9 Les préexistentiels deviennent existentiels dans les sept Absolus, et les existentiels deviennent fonctionnels dans les triunités, associations fondamentales des Absolus. Et, en même temps que les triunités sont rendues éternelles, les décors de l'univers sont en place - les potentiels existent et les actuels sont présents. Alors, la plénitude de l'éternité voit l'énergie cosmique se diversifier, l'esprit du Paradis se répandre et le don du mental s'effectuer, en même temps que l'attribution de la personnalité grâce à laquelle tous ces dérivés de la Déité et du Paradis sont unifiés dans l'expérience sur le niveau des créatures et unifiés par d'autres techniques sur le niveau des supercréatures.

105.5  Promulgation de la Réalité Finie

105:5.1 De même que la diversification originelle du JE SUIS doit être attribuée à une volition inhérente et contenue en soi, de même la promulgation de la réalité finie doit être imputée aux actes volitifs de la Déité du Paradis et réactions d'ajustements des triunités fonctionnelles.

105:5.2 Avant la déitisation du fini, il semblerait que toutes les diversifications de la réalité aient pris place sur des niveaux absolus ; mais l'acte volitif promulguant la réalité finie implique une qualification de l'absoluité et l'apparition de relativités.

105:5.3 Bien que nous présentions cet exposé comme une séquence et que nous décrivions l'apparition historique du fini comme dérivant directement de l'absolu, il faut se rappeler que les transcendantaux ont à la fois précédé et suivi tout ce qui est fini. Par rapport au fini, les ultimes transcendantaux sont à la fois des causes et des aboutissements.

105:5.4 La possibilité du fini est inhérente à l'Infini, mais la transmutation de la possibilité en probabilité et en inévitabilité doit être attribuée au libre arbitre, existant en soi, de la Source-Centre Première stimulant toutes les associations de triunité. Seule l'infinité de la volonté du Père pouvait qualifier le niveau absolu d'existence de manière à extérioriser un ultime ou à créer un fini.

105:5.5 Avec l'apparition de la réalité relative et qualifiée, prend naissance un nouveau cycle de réalité - le cycle de croissance. C'est un majestueux débordement allant des hauteurs de l'infini vers le domaine du fini, convergeant perpétuellement vers le Paradis et la Déité, et recherchant toujours les hautes destinées commensurables avec une source infinie.

105:5.6 Ces opérations inconcevables marquent le commencement de l'histoire universelle, marquent la venue à l'existence du temps lui-même. Pour une créature, le commencement du fini est la genèse de la réalité ; sous l'angle du mental d'une créature, nulle réalité antérieure au fini n'est concevable. Cette nouvelle réalité finie émergente existe sous deux phases originelles :

105:5.7 1. Les maxima primaires, la réalité suprêmement parfaite, le type havonien d'univers et de créatures.

105:5.8 2. Les maxima secondaires, la réalité suprêmement rendue parfaite, le type superuniversel de créatures et de création.

105:5.9 Les deux manifestations originelles sont donc le parfait par constitution et le rendu parfait par évolution. Les deux sont coordonnées en relations d'éternité, mais, dans les limites du temps, elles semblent différentes. Un facteur temps signifie croissance pour ce qui grandit. Les finis secondaires croissent, donc ceux qui grandissent doivent apparaître comme incomplets dans le temps. Mais ces différences, qui sont tellement importantes de ce côté-ci du Paradis, sont inexistantes dans l'éternité.

105:5.10 Nous parlons du parfait et du rendu parfait comme maxima primaires et secondaires, mais il existe encore un autre type de maximum. La trinitisation et certaines autres relations entre les maxima primaires et les maxima secondaires se traduisent par l'apparition de maxima tertiaires des choses, des significations et des valeurs qui ne sont ni parfaites ni rendues parfaites, mais cependant coordonnées avec leurs facteurs ancestraux.

105.6  Répercussions de la Réalité Finie

105:6.1 L'ensemble de la promulgation des existences finies représente un transfert des potentiels aux actuels, à l'intérieur des associations absolues de l'infinité fonctionnelle. Parmi les nombreuses répercussions de l'actualisation créative du fini, on peut citer :

105:6.2 1. La réaction de la déité, l'apparition des trois niveaux de suprématie expérientielle : l'actualité de la suprématie spirituelle-personnelle dans Havona, le potentiel de suprématie personne-pouvoir dans le grand univers en formation et la capacité à une fonction inconnue du mental expérientiel agissant sur un niveau de suprématie dans le futur maitre univers.

105:6.3 2. La réaction de l'univers impliquait une activation des plans architecturaux pour le niveau spatial superuniversel ; cette évolution se poursuit encore dans toute l'organisation physique des sept superunivers.

105:6.4 3. La répercussion sur les créatures de la promulgation de la réalité finie se traduisit par l'apparition d'êtres parfaits de l'ordre des habitants éternels de Havona et d'ascendeurs évolutionnaires rendus parfaits venant des sept superunivers. Mais le fait d'atteindre la perfection par expérience évolutionnaire (créative dans le temps) implique quelque chose d'autre-que-la-perfection comme point de départ. L'imperfection apparaît ainsi dans les créations évolutionnaires. Et ceci est l'origine du mal potentiel. Les défauts d'adaptation, les inharmonies et les conflits sont inhérents à la croissance évolutionnaire, depuis les univers physiques jusqu'aux créatures personnelles.

105:6.5 4. La réaction de la divinité à l'imperfection inhérente aux délais de l'évolution se révèle dans la présence compensatrice de Dieu le Septuple, dont les activités intègrent ce qui est en voie de perfectionnement, à la fois avec ce qui est parfait et avec ce qui est rendu parfait. Ce délai est inséparable de l'évolution, qui est la créativité dans le temps. À cause de cela et pour d'autres raisons encore, le pouvoir tout-puissant du Suprême est fondé sur les succès de divinité de Dieu le Septuple. Ce délai rend possible aux créatures de participer à la création divine, en permettant aux personnalités créées de devenir partenaires de la Déité dans l'accomplissement du développement maximum. Même le mental matériel de la créature mortelle devient ainsi partenaire de l'Ajusteur divin pour donner sa dualité à l'âme immortelle. Dieu le Septuple fournit aussi des techniques pour compenser les limitations expérientielles de la perfection inhérente ainsi que les limitations préascensionnelles de l'imperfection.

105.7  Extériorisation des Transcendantaux

105:7.1 Les transcendantaux sont subinfinis et subabsolus, mais suprafinis et supracréés. Les transcendantaux s'extériorisent comme un niveau intégrateur reliant les supervaleurs des absolus avec les valeurs maxima des finis. Du point de vue des créatures, ce qui est transcendantal semble s'être extériorisé comme conséquence du fini. Du point de vue de l'éternité, c'est une anticipation du fini ; et d'autres encore le considèrent comme un « préécho » du fini.

105:7.2 Transcendantal ne signifie pas nécessairement absence de développement, mais superévolutionnel au sens fini. Il n'est pas non plus non expérientiel, mais il est une superexpérience au sens où les créatures comprennent l'expérience. La meilleure illustration d'un tel paradoxe est peut-être l'univers central de perfection. Havona n'est pas tout à fait absolu - seule l'Ile du Paradis est vraiment absolue au sens « matérialisé » . Il n'est pas non plus une création évolutionnaire finie comme les sept superunivers. Havona est éternel, mais non immuable au sens d'être un univers sans croissance. Il est habité par des créatures (les natifs de Havona) qui n'ont jamais été effectivement créées, car elles existent de toute éternité. Havona est ainsi un exemple de quelque chose qui n'est pas exactement fini ni cependant absolu. Havona joue en outre le rôle de tampon entre le Paradis absolu et les créations finies, ce qui donne un nouvel exemple de la fonction des transcendantaux ; mais Havona lui-même n'est pas un transcendantal - il est Havona.

105:7.3 De même que le Suprême est associé à des éléments finis, de même l'Ultime est identifié à des transcendantaux. Bien que nous comparions ainsi le Suprême et l'Ultime, ils diffèrent par quelque chose de plus que le degré ; la différence est également qualitative. L'Ultime est quelque chose de plus qu'un Supersuprême projeté sur le niveau transcendantal. L'Ultime est tout cela, mais aussi davantage : l'Ultime est une extériorisation de nouvelles réalités de Déité, la qualification de nouvelles phases de ce qui, jusqu'alors, était non qualifié.

105:7.4 Parmi les réalités associées au niveau transcendantal, nous citerons les suivantes :

105:7.5 1. La présence de Déité de l'Ultime.

105:7.6 2. Le concept du maitre univers.

105:7.7 3. Les Architectes du Maitre Univers.

105:7.8 4. Les deux ordres d'organisateurs de force du Paradis.

105:7.9 5. Certaines modifications de la puissance spatiale.

105:7.10 6. Certaines valeurs de l'esprit.

105:7.11 7. Certaines significations du mental.

105:7.12 8. Les qualités et réalités absonites.

105:7.13 9. L'omnipotence, l'omniscience et l'omniprésence.

105:7.14 10. L'espace.

105:7.15 On peut imaginer l'univers dans lequel nous vivons aujourd'hui comme existant sur des niveaux finis, transcendantaux et absolus. C'est la scène cosmique sur laquelle se jouent les drames sans fin des accomplissements de la personnalité et des métamorphoses de l'énergie.

105:7.16 Toutes ces multiples réalités sont unifiées absolument par les diverses triunités, fonctionnellement par les Architectes du Maitre Univers et relativement par les Sept Maitres Esprits, coordonnateurs subsuprêmes de la divinité de Dieu le Septuple.

105:7.17 Dieu le Septuple représente la révélation de la personnalité et de la divinité du Père Universel aux créatures de statut maximum et submaximum, mais il existe d'autres relations septuples de la Source-Centre Première qui ne concernent pas la manifestation du divin ministère spirituel du Dieu qui est esprit.

105:7.18 Dans l'éternel passé, les forces des Absolus, les esprits des Déités et les personnalités des Dieux se mobilisèrent en réponse à la volonté autonome primordiale de la volonté autonome existant-en-soi. Au cours du présent âge de l'univers, nous assistons tous aux prodigieuses répercussions de l'immense panorama cosmique des manifestations subabsolues des potentiels illimités de toutes ces réalités. Il est parfaitement possible que la diversification continue de la réalité originelle de la Source-Centre Première poursuive son extériorisation vers l'avant et vers l'extérieur pendant des âges et des âges, jusque dans les étendues lointaines et inconcevables de l'infinité absolue.

105:7.19 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

106. Niveaux de Réalité de l'Univers

106:0.1 IL NE suffit pas que le mortel ascendant ait des notions sur les relations de la Déité avec la genèse et les manifestations de la réalité cosmique. Il devrait aussi comprendre quelque chose des relations existant entre lui-même et les nombreux niveaux de réalités existentielles et expérientielles, de réalités potentielles et actuelles. L'orientation de l'homme sur terre, sa clairvoyance cosmique et l'orientation de sa conduite spirituelle sont toutes rehaussées par une meilleure compréhension des réalités de l'univers et de leurs techniques d'interassociation, d'intégration et d'unification.

106:0.2 Le grand univers dans son état présent et le maitre univers émergent sont constitués par de nombreuses formes et phases de réalité, qui, à leur tour, sont existantes sur plusieurs niveaux d'activité fonctionnelle. Il a été fait allusion précédemment, dans ces fascicules, à ces multiples formes et phases de réalités existantes et latentes, et, pour faciliter leur conception, nous les groupons maintenant dans les catégories suivantes :

106:0.3 1. Finis incomplets. C'est le présent statut des créatures ascendantes du grand univers, le présent statut des mortels d'Urantia. Ce niveau englobe l'existence des créatures depuis les humains planétaires jusqu'à, mais non compris, ceux qui ont atteint leur destinée. Il concerne les univers depuis leurs tout premiers débuts physiques jusqu'à, mais non compris, leur ancrage dans la lumière et la vie. Ce niveau constitue la présente périphérie de l'activité créative dans l'espace et le temps. Il semble se déplacer vers l'extérieur en partant du Paradis. En effet, à la clôture du présent âge universel, le grand univers atteindra le stade de lumière et de vie, et cette époque verra certainement apparaître un nouvel ordre de croissance dans le développement sur le premier niveau d'espace extérieur.

106:0.4 2. Finis maxima. C'est le présent statut de toutes les créatures expérientielles qui ont atteint leur destinée - destinée telle qu'elle est révélée dans les limites du présent âge de l'univers. Les univers eux-mêmes peuvent atteindre leur statut maximum aussi bien spirituellement que physiquement, mais le mot « maximum » est lui-même un terme relatif - maximum par rapport à quoi ? Ce qui est maximum et apparemment final dans le présent âge de l'univers peut ne représenter qu'un réel commencement en termes des âges à venir. Certaines phases de Havona paraissent avoir atteint l'ordre maximum.

106:0.5 3. Transcendantaux. Ce niveau suprafini suit la progression finie (en l'anticipant). Il implique la genèse préfinie des commencements finis et la signification postfinie de toutes les terminaisons ou destinées apparemment finies. Beaucoup d'éléments du Paradis-Havona semblent appartenir à l'ordre transcendantal.

106:0.6 4. Ultimes. Ce niveau englobe ce qui a une signification au niveau du maitre univers et empiète sur le niveau de destinée du maitre univers parachevé. Le Paradis-Havona (et en particulier le circuit des mondes du Père) a, sous beaucoup de rapports, une signification ultime.

106:0.7 5. Coabsolus. Ce niveau implique la projection des expérientiels sur un champ d'expression créative dépassant le maitre univers.

106:0.8 6. Absolus. Ce niveau implique la présence éternelle des sept Absolus existentiels. Il peut également comporter un certain degré de réalisations expérientielles associées, mais, s'il en est ainsi, nous ne comprenons pas comment. Peut-être est-ce par le potentiel de contact de la personnalité.

106:0.9 7. Infinité. Ce niveau est préexistentiel et postexpérientiel. L'unité non qualifiée de l'infinité est une réalité hypothétique antérieure à tous les commencements et postérieure à toutes les destinées.

106:0.10 Ces niveaux de réalité sont des symboles de compromis appropriés au présent âge de l'univers et aux perspectives des mortels. Il y a bien d'autres manières de contempler la réalité sous un angle autre-que-mortel et du point de vue d'âges universels différents. Il faut donc reconnaître que les concepts présentés ici sont entièrement relatifs, en ce sens qu'ils sont conditionnés et bornés par :

106:0.11 1. Les limitations du langage des mortels.

106:0.12 2. Les limitations du mental des mortels.

106:0.13 3. Le développement limité des sept superunivers.

106:0.14 4. Votre ignorance des six buts primordiaux de développement superuniversel qui ne concernent pas l'ascension des mortels au Paradis.

106:0.15 5. Votre inaptitude à saisir un point de vue, même partiel, de l'éternité.

106:0.16 6. L'impossibilité de décrire l'évolution et la destinée cosmiques par rapport à tous les âges universels, et non uniquement par rapport au présent âge de développement évolutionnaire des sept superunivers.

106:0.17 7. L'incapacité pour toute créature de saisir la signification réelle des préexistentiels ou des postexpérientiels - ce qui s'étend avant les commencements et après les destinées.

106:0.18 La croissance de la réalité est conditionnée par les circonstances des âges successifs de l'univers. L'univers central n'a subi aucun changement évolutionnaire dans l'âge de Havona, mais, dans les présentes époques de l'âge superuniversel, il subit certaines modifications progressives induites par coordination avec les superunivers évolutionnaires. Les sept superunivers qui évoluent maintenant atteindront un jour le statut ancré de lumière et de vie ; ils arriveront, un jour, à leur limite de croissance pour le présent âge de l'univers. Mais il n'y a pas de doute que le nouvel âge, l'âge du premier niveau d'espace extérieur, dégagera les superunivers de ce qui limite leur destinée dans le présent âge. La saturation se superpose continuellement à l'achèvement.

106:0.19 Telles sont quelques-unes des limitations rencontrées dans notre tentative pour présenter un concept unifié de la croissance cosmique des choses, des significations et des valeurs, et de leur synthèse sur des niveaux de réalité toujours ascendants.

106.1  Association Primaire des Fonctionnels du Fini

106:1.1 Les phases primaires (ou originaires de l'esprit) de la réalité finie trouvent une expression immédiate au niveau des créatures sous forme de personnalités parfaites, et, au niveau des univers sous forme de la parfaite création de Havona. Même la Déité expérientielle est ainsi exprimée en la personne spirituelle de Dieu le Suprême dans Havona. Mais les phases secondaires du fini sont évolutionnaires, conditionnées par le temps ; leur intégration cosmique dépend uniquement de leur croissance et de leurs accomplissements. Tous les ensembles finis secondaires ou en voie de perfectionnement doivent finalement atteindre le même niveau que la perfection primaire, mais cette destinée est sujette à un délai dans le temps. Ce délai est une qualité constitutive du superunivers qui n'est pas innée dans la création centrale. (Nous savons qu'il existe des finis tertiaires, mais la technique de leur intégration n'est pas encore révélée.)

106:1.2 Ce délai du superunivers, cet obstacle sur la route de la perfection, permet aux créatures de participer à la croissance évolutionnaire. Cela leur rend donc possible d'entrer en association avec le Créateur pour évoluer elles-mêmes. Et, pendant cette période d'expansion croissante, l'incomplet est relié au parfait par le ministère de Dieu le Septuple.

106:1.3 Dieu le Septuple signifie que la Déité du Paradis reconnaît les barrières du temps dans les univers évolutionnaires de l'espace. Si loin du Paradis que se situe l'origine d'une personnalité matérielle digne de survie et si profondément enfoncée qu'elle soit dans l'espace, elle trouvera Dieu le Septuple présent et accordant son affectueux et miséricordieux ministère de vérité, de beauté et de bonté à cette créature inachevée qui se débat dans l'évolution. Le ministère de divinité du Septuple s'étend vers l'intérieur, par le Fils Éternel jusqu'au Père du Paradis, et vers l'extérieur, par les Anciens des Jours jusqu'aux Pères des univers locaux - les Fils Créateurs.

106:1.4 Étant personnel et s'élevant par progression spirituelle, l'homme trouve la divinité personnelle et spirituelle de la Déité Septuple ; mais il existe d'autres phases du Septuple qui ne concernent pas la progression de la personnalité. Les aspects de divinité de ce groupement septuple de Déités sont présentement intégrés dans la liaison entre les Sept Maitres Esprits et l'Acteur Conjoint, mais ils sont destinés à être éternellement unifiés dans la personnalité émergente de l'Être Suprême. Les autres phases de la Déité Septuple sont diversement intégrées pendant le présent âge de l'univers, mais toutes sont également destinées à être unifiées dans le Suprême. Dans toutes les phases, le Septuple est la source de l'unité relative de la réalité fonctionnelle du grand univers dans son état présent.

106.2  Intégration Suprême Secondaire du Fini

106:2.1 De même que Dieu le Septuple coordonne fonctionnellement l'évolution finie, de même l'Être Suprême synthétise finalement l'accomplissement de la destinée. L'Être Suprême est l'apogée de déité de l'évolution du grand univers - évolution physique autour d'un noyau d'esprit, et domination finale de ce noyau d'esprit sur les domaines d'évolution physique qui l'entourent et tourbillonnent autour de lui. Tout ceci prend place selon les mandats de la personnalité : la personnalité paradisiaque au sens le plus élevé, la personnalité de Créateur au sens de l'univers, la personnalité de mortel au sens humain, la personnalité Suprême au sens culminant ou totalisateur expérientiel.

106:2.2 Le concept du Suprême doit permettre de reconnaître différentiellement la personne spirituelle, le pouvoir évolutionnaire et la synthèse pouvoir-personnalité - l'unification du pouvoir évolutionnaire avec la personnalité spirituelle et la domination du premier par la seconde.

106:2.3 En dernière analyse, l'esprit vient du Paradis par Havona. L'énergie-matière paraît évoluer dans les profondeurs de l'espace ; elle est organisée en tant que pouvoir par les enfants de l'Esprit Infini en conjonction avec les Fils Créateurs de Dieu. Et tout ceci est expérientiel, c'est une opération dans le temps et l'espace impliquant un vaste éventail d'êtres vivants comprenant même des Créateurs divins et des créatures évolutionnaires. La maitrise du pouvoir des Créateurs divins dans le grand univers s'étend lentement pour englober l'établissement et la stabilisation évolutionnaire des créations de l'espace-temps, et ceci représente la floraison du pouvoir expérientiel de Dieu le Septuple. Elle englobe toute la gamme des aboutissements de la divinité dans le temps et l'espace, depuis le don des Ajusteurs par le Père Universel jusqu'au don de la vie par les Fils du Paradis. Il s'agit d'un pouvoir gagné, d'un pouvoir démontré, d'un pouvoir expérientiel qui contraste avec le pouvoir éternel, le pouvoir insondable, le pouvoir existentiel des Déités du Paradis.

106:2.4 Ce pouvoir expérientiel résultant des accomplissements de divinité de Dieu le Septuple manifeste lui-même les qualités cohésives de divinité en se synthétisant - en se totalisant - en tant que pouvoir tout-puissant de la maitrise expérientielle acquise par les créations évolutionnaires. À son tour, ce pouvoir tout-puissant trouve sa cohésion d'esprit-personnalité sur la sphère-pilote de la ceinture extérieure des mondes de Havona, en union avec la personnalité spirituelle, présente dans Havona, de Dieu le Suprême. La Déité expérientielle porte ainsi à son apogée la longue lutte évolutionnaire en conférant, au produit du pouvoir du temps et de l'espace, la présence spirituelle et la personnalité divine résidant dans la création centrale.

106:2.5 C'est ainsi que l'Être Suprême réussit, en fin de compte, à englober tous les attributs de tout ce qui évolue dans le temps et l'espace, et à doter ces qualités d'une personnalité spirituelle. Dès lors que les créatures, et même les mortels, participent en tant que personnalités à cette majestueuse opération, elles sont certaines d'obtenir la capacité de connaître le Suprême et de percevoir le Suprême en tant que vrais enfants d'une telle Déité évolutionnaire.

106:2.6 Micaël de Nébadon ressemble au Père du Paradis parce qu'il partage sa perfection paradisiaque. De même, les mortels évolutionnaires parviendront un jour à la parenté avec le Suprême expérientiel, car ils partageront vraiment sa perfection évolutionnaire.

106:2.7 Dieu le Suprême est expérientiel ; il est donc complètement connaissable par l'expérience. Les réalités existentielles des sept Absolus ne sont pas perceptibles par la technique de l'expérience ; seules les réalités de personnalité du Père, du Fils et de l'Esprit peuvent être saisies par la personnalité de la créature finie dans l'attitude de prière-adoration.

106:2.8 Dans la synthèse parachevée pouvoir-personnalité de l'Être Suprême se trouvera associée toute l'absoluité de plusieurs triodités aptes à cette association, et cette majestueuse personnalité, fruit de l'évolution, sera susceptible d'être contactée et comprise expérientiellement par toutes les personnalités finies. Quand les ascendeurs atteindront le septième stade postulé d'existence spirituelle, ils y feront l'expérience de réaliser une nouvelle signification-valeur du caractère absolu et infini des triodités, tel que le révèlent les niveaux subabsolus de l'Être Suprême, lequel est connaissable par l'expérience. Mais, pour arriver à ces stades de développement maximum, il faudra probablement attendre que le grand univers tout entier soit ancré d'une manière coordonnée dans la lumière et la vie.

106.3  Association Tertiaire Transcendantale de la Réalité

106:3.1 Les architectes absonites dressent le plan ; les Créateurs Suprêmes l'amènent à l'existence ; l'Être Suprême l'accomplira dans sa plénitude tel qu'il a été créé dans le temps par les Créateurs Suprêmes et prévu dans l'espace par les Maitres Architectes.

106:3.2 Durant le présent âge de l'univers, ce sont les Architectes du Maitre Univers qui ont la charge de coordonner administrativement le maitre univers ; mais l'apparition du Tout-Puissant Suprême à la fin du présent âge de l'univers signifiera que le fini évolutionnaire est parvenu au premier stade de la destinée expérientielle. Cet évènement conduira certainement au fonctionnement parachevé de la première Trinité expérientielle - l'union des Créateurs Suprêmes, de l'Être Suprême et des Architectes du Maitre Univers. Cette Trinité est destinée à effectuer la suite de l'intégration évolutionnaire du maitre univers.

106:3.3 La Trinité du Paradis est vraiment une Trinité d'infinité, et nulle Trinité ne peut être infinie sans inclure cette Trinité originelle. Mais la Trinité originelle est l'aboutissement de l'association exclusive de Déités absolues. Les êtres subabsolus n'ont rien eu à voir dans cette association primordiale. Les Trinités expérientielles qui apparaissent ultérieurement englobent même la contribution des personnalités créées. Ceci est certainement vrai de l'Ultime de la Trinité, où la présence même des Maitres-Fils Créateurs parmi les Créateurs Suprêmes est un gage de la présence simultanée de l'expérience actuelle et authentique de la créature à l'intérieur de cette association trinitaire.

106:3.4 La première Trinité expérientielle permet à des groupes de parvenir aux éventualités ultimes. Les groupes associatifs ont la faculté d'anticiper, voire de transcender les aptitudes individuelles, et ceci est vrai même au delà du niveau fini. Dans les âges à venir, après que les sept superunivers auront été ancrés dans la lumière et la vie, il est hors de doute que le Corps de la Finalité promulguera les desseins des Déités du Paradis tels qu'ils seront dictés par l'Ultime de la Trinité et unifiés en personnalité-pouvoir chez l'Être Suprême.

106:3.5 Dans tous les gigantesques développements universels de l'éternité passée et future, nous détectons l'expansion des éléments compréhensibles du Père Universel. En tant que le JE SUIS, nous postulons philosophiquement qu'il imprègne l'infinité entière, mais nulle créature ne peut concevoir un tel postulat par expérience. À mesure que les univers grandissent, à mesure que la gravité et l'amour s'étendent dans l'espace qui s'organise dans le temps, nous devenons capables de comprendre, de mieux en mieux, la Source-Centre Première. Nous notons que l'action de la gravité pénètre la présence spatiale de l'Absolu Non Qualifié et nous détectons des créatures spirituelles en évolution et en expansion au sein de la présence divine de l'Absolu de Déité, alors que l'évolution spirituelle et l'évolution cosmique s'unifient, par l'action du mental et par l'expérience, sur les niveaux finis de déité, en tant que l'Être Suprême, et se coordonnent, sur les niveaux transcendantaux, en tant qu'Ultime de la Trinité.

106.4  Intégration Quaternaire Ultime

106:4.1 Au sens ultime, la Trinité du Paradis coordonne certainement, mais, en cela, elle fonctionne en tant qu'absolu qui se qualifie lui-même ; l'Ultime de la Trinité expérientielle coordonne le transcendantal en tant que transcendantal. Dans l'éternel futur, par l'accroissement de l'unité, cette Trinité expérientielle rendra encore plus active la présence, en cours d'extériorisation, de la Déité Ultime.

106:4.2 Alors que l'Ultime Trinité est destinée à coordonner la création du maitre univers, Dieu l'Ultime est le pouvoir-personnalisation transcendantal du but vers lequel s'oriente le maitre univers tout entier. L'extériorisation totale de l'Ultime implique le parachèvement de la création du maitre univers, et comporte la pleine émergence de cette Déité transcendantale.

106:4.3 Nous ne connaissons pas les changements qui seront inaugurés par la pleine émergence de l'Ultime. Mais, de même que le Suprême est déjà spirituellement et personnellement présent dans Havona, de même l'Ultime y est également présent, mais au sens absonite et superpersonnel. Par ailleurs, l'existence des Vice-Gérants Qualifiés de l'Ultime a été portée à votre connaissance, sans toutefois que vous ayez été informés du lieu de leur résidence ou de leur fonction présente.

106:4.4 Indépendamment des répercussions administratives accompagnant l'émergence de la Déité Ultime, les valeurs personnelles de sa divinité transcendantale pourront être expérimentées par toutes les personnalités qui auront participé à l'actualisation de ce niveau de la Déité. La transcendance du fini ne peut conduire qu'à atteindre l'ultime. Dieu l'Ultime existe dans la transcendance du temps et de l'espace, mais il est néanmoins subabsolu, malgré son aptitude inhérente à fonctionner en association avec des absolus.

106.5  Association Coabsolue ou de Cinquième Phase

106:5.1 L'Ultime est l'apogée de la réalité transcendantale, de même que le Suprême est la pierre de couronnement de la réalité expérientielle-évolutionnaire. Et l'émergence effective de ces deux Déités expérientielles pose les fondations de la seconde Trinité expérientielle. Celle-ci est la Trinité Absolue, l'union de Dieu le Suprême, de Dieu l'Ultime et du Consommateur non révélé de la Destinée de l'Univers. Et cette Trinité a théoriquement la capacité d'activer les Absolus de potentialité - Absolu de Déité, Absolu Universel et Absolu Non Qualifié ; mais la formation parachevée de cette Trinité Absolue ne pourrait se réaliser qu'après parachèvement de l'évolution du maitre univers tout entier, depuis Havona jusqu'au quatrième et dernier niveau d'espace extérieur.

106:5.2 Précisons que ces Trinités expérientielles sont corrélatives non seulement des qualités de personnalité de la Divinité expérientielle, mais aussi de toutes les qualités autres-que-personnelles qui caractérisent l'unité de Déité qu'elles ont atteinte. Bien que le présent exposé traite essentiellement des phases personnelles de l'unification du cosmos, il n'en reste pas moins vrai que les aspects impersonnels de l'univers des univers sont également destinés à s'unifier. La synthèse personnalité-pouvoir qui se produit actuellement en liaison avec l'évolution de l'Être Suprême en est l'illustration. Les qualités spirituelles personnelles du Suprême sont inséparables des prérogatives de pouvoir du Tout-Puissant, et toutes deux sont complétées par le potentiel inconnu du mental du Suprême. Dieu l'Ultime en tant que personne ne peut pas davantage être considéré en dehors des aspects autres-que-personnels de la Déité Ultime. Enfin, sur le niveau absolu, l'Absolu de Déité et l'Absolu Non Qualifié sont inséparables et indiscernables en présence de l'Absolu Universel.

106:5.3 En elles-mêmes et par elles-mêmes, les trinités ne sont pas personnelles, mais elles ne sont pas contraires à la personnalité. Elles l'englobent plutôt et, dans un sens collectif, elles la mettent en corrélation avec des fonctions impersonnelles. Les trinités sont donc toujours des réalités de déité, mais jamais des réalités de personnalité. Les aspects de personnalité d'une trinité sont individuellement inhérents à ses membres, et, en tant que personnes individuelles, celles-ci ne sont pas cette trinité ; elles sont trinité seulement en tant que groupe. Ce groupe est la trinité, mais la trinité inclut toujours toute la déité qu'elle englobe, la trinité est l'unité de la déité.

106:5.4 Les trois Absolus - Absolu de Déité, Absolu Universel et Absolu Non Qualifié - ne forment pas une trinité, car ils ne sont pas tous des déités. Seul ce qui est déifié peut devenir une trinité ; toutes les autres associations sont des triunités ou des triodités.

106.6  Intégration Absolue ou de Sixième Phase

106:6.1 Le potentiel présent du maitre univers ne peut guère être qualifié d'absolu, bien qu'il soit probablement très proche de l'ultime, et nous estimons impossible d'arriver à révéler pleinement des valeurs-significations absolues dans le champ d'un cosmos subabsolu. Nous rencontrons donc des difficultés considérables quand nous essayons de concevoir une expression totale des possibilités illimitées des trois Absolus, ou même quand nous essayons de nous représenter la personnalisation expérientielle de Dieu l'Absolu sur le niveau présentement impersonnel de l'Absolu de Déité.

106:6.2 Le cadre spatial du maitre univers paraît convenir à l'actualisation de l'Être Suprême, à la formation et à la pleine fonction de l'Ultime de la Trinité, à l'extériorisation de Dieu l'Ultime, et même aux prémices de la Trinité Absolue ; mais nos concepts concernant la pleine fonction de cette seconde Trinité expérientielle paraissent impliquer un facteur qui déborde même le domaine immensément étendu du maitre univers.

106:6.3 Si nous admettons l'hypothèse d'un cosmos-infini - une sorte de cosmos illimité dépassant le maitre univers - et si nous concevons que les développements finals de la Trinité Absolue prendront place à un tel stade superultime d'action, il devient alors possible de conjecturer que la fonction parachevée de la Trinité Absolue trouvera son expression finale dans les créations de l'infinité et consommera l'actualisation absolue de tous les potentiels. L'intégration et l'association de segments toujours plus étendus de la réalité s'approcheront de l'absoluité de statut proportionnellement à l'inclusion de toute la réalité dans les segments ainsi associés.

106:6.4 En d'autres termes, la Trinité Absolue, comme son nom l'indique, est réellement absolue dans sa fonction totale. Nous ne savons pas comment une fonction absolue peut atteindre une expression totale sur une base qualifiée, limitée ou restreinte de quelque autre manière. Partant de là, il nous faut supposer que toute fonction de totalité de cet ordre sera inconditionnée (en potentiel). Et il semblerait aussi que l'inconditionné soit aussi illimité, du moins d'un point de vue qualitatif, bien que nous n'en soyons pas aussi sûrs en ce qui concerne les relations quantitatives.

106:6.5 Nous sommes toutefois certains de ceci : la Trinité du Paradis existentielle est infinie et l'Ultime de la Trinité expérientielle est subinfinie, mais la Trinité Absolue n'est pas aussi facile à classifier ; sa genèse et sa constitution sont expérientielles, mais elle empiète nettement sur les Absolus existentiels de potentialité.

106:6.6 Bien qu'il ne soit guère profitable au mental humain de chercher à saisir ces concepts lointains et suprahumains, nous suggérons que vous imaginiez l'action d'éternité de la Trinité Absolue comme culminant dans une sorte d'expérientialisation des Absolus de potentialité. Cela semble être une conclusion raisonnable en ce qui concerne l'Absolu Universel, sinon l'Absolu Non Qualifié ; du moins, nous savons que l'Absolu Universel n'est pas seulement statique et potentiel, mais aussi associatif au sens de Déité totale de ces mots. Quant aux valeurs concevables de divinité et de personnalité, ces évènements conjecturés impliquent la personnalisation de l'Absolu de Déité ainsi que l'apparition des valeurs suprapersonnelles et des significations ultrapersonnelles inhérentes au parachèvement de la personnalité de Dieu l'Absolu - la troisième et dernière des Déités expérientielles.

106.7  Finalité de la Destinée

106:7.1 Certaines difficultés pour concevoir l'intégration de la réalité infinie sont inhérentes au fait que toutes ces idées contiennent quelque chose de la finalité du développement universel, une sorte de réalisation expérientielle de tout ce qui pourrait un jour exister. Et il est inconcevable que l'infinité quantitative puisse jamais être complètement réalisée dans la finalité. Dans les trois Absolus potentiels, il doit toujours rester des possibilités inexplorées que nul degré de développement expérientiel ne pourra jamais épuiser. L'éternité elle-même, bien qu'absolue, n'est pas plus qu'absolue.

106:7.2 Même une tentative pour concevoir l'intégration finale est inséparable des réalisations de l'éternité non qualifiée, et par conséquent, ce concept est pratiquement irréalisable à quelque époque qu'on puisse le concevoir dans le futur.

106:7.3 La destinée est établie par l'acte volitif des Déités qui constituent la Trinité du Paradis ; la destinée est établie dans l'immensité des trois grands potentiels, dont l'absoluité englobe les possibilités de tous les développements futurs ; la destinée est probablement consommée par l'acte du Consommateur de la Destinée de l'Univers, et cet acte est probablement contenu, ainsi que le Suprême et l'Ultime, dans la Trinité Absolue. Toute destinée expérientielle peut être comprise, au moins partiellement, par des créatures qui expérimentent, mais une destinée qui touche les existentiels infinis ne leur est guère compréhensible. La destinée de finalité est un aboutissement existentiel-expérientiel qui paraît impliquer l'Absolu de Déité. Or, l'Absolu de Déité se tient en relations d'éternité avec l'Absolu Non Qualifié grâce à l'Absolu Universel. Et ces trois Absolus, dont les possibilités sont expérientielles, sont effectivement existentiels, et même davantage, car ils sont sans limites, indépendants du temps et de l'espace, sans mesures ni frontières - vraiment infinis.

106:7.4 L'improbabilité d'atteindre le but n'empêche cependant pas de discuter les théories philosophiques concernant ces destinées hypothétiques. Il est peut-être pratiquement impossible de réaliser l'actualisation de l'Absolu de Déité comme un Dieu absolu que l'on puisse atteindre, et, pourtant, cet accomplissement de finalité reste une possibilité théorique. L'implication de l'Absolu Non Qualifié dans quelque cosmos-infini inconcevable peut être incommensurablement éloignée dans l'avenir de l'interminable éternité, mais une telle hypothèse est néanmoins valable. Les mortels, les morontiens, les esprits, les finalitaires, les Transcendantaux et autres, ainsi que les univers eux-mêmes et toutes les autres phases de réalité ont certainement une destinée potentiellement finale dont la valeur est absolue, mais nous doutons qu'aucun être ou univers réalise jamais complètement tous les aspects d'une telle destinée.

106:7.5 Quel que soit votre stade de croissance dans la compréhension du Père, votre mental chancellera toujours devant l'infinité non révélée du Père-JE SUIS, dont l'immensité inexplorée restera perpétuellement insondable et incompréhensible au cours de tous les cycles de l'éternité. Si grande que soit votre assimilation de Dieu, il en restera toujours une partie beaucoup plus vaste, et vous n'en soupçonnerez même pas l'existence. Et nous sommes persuadés que cela est tout aussi vrai sur les niveaux transcendantaux que dans les domaines de l'existence finie. La recherche de Dieu n'a pas de fin.

106:7.6 L'incapacité de rejoindre Dieu au sens final ne devrait en aucune manière décourager les créatures de l'univers. En vérité, vous pouvez atteindre et atteignez en fait les niveaux de Déité du Septuple, du Suprême et de l'Ultime, qui représentent pour vous ce que la réalisation infinie de Dieu le Père représente pour le Fils Éternel et pour l'Acteur Conjoint dans leur statut absolu d'existence éternelle. Loin d'accabler les créatures, l'infinité de Dieu devrait être l'assurance suprême que, durant tout le futur sans fin, une personnalité ascendante aura, devant elle, ces possibilités de développement de la personnalité et d'association de Déité que l'éternité elle-même ne saurait épuiser ou limiter.

106:7.7 Pour les créatures finies du grand univers, le concept du maitre univers semble à peu près infini, mais il n'y a pas de doute que ses architectes absonites perçoivent sa relativité par rapport à des développements futurs et inimaginables dans le JE SUIS sans fin. L'espace lui-même n'est qu'une condition ultime, une condition de qualification à l'intérieur de l'absoluité relative des zones tranquilles d'espace intermédiaire.

106:7.8 Dans le futur inconcevablement lointain, au moment d'éternité du parachèvement final du maitre univers tout entier, il ne fait pas de doute que nous contemplerons tous rétrospectivement son histoire complète comme un simple commencement, comme simplement la création de certaines fondations finies et transcendantales en vue de métamorphoses encore plus grandes et plus captivantes dans l'infinité inexplorée. À ce moment futur de l'éternité, le maitre univers paraîtra encore jeune ; en vérité, il sera toujours jeune en face des possibilités illimitées de l'éternité sans fin.

106:7.9 L'improbabilité d'atteindre une destinée infinie n'empêche nullement de se former des idées sur cette destinée, et nous n'hésiterons pas à dire que, si les trois potentiels absolus pouvaient un jour être complètement actualisés, il serait possible de concevoir l'intégration finale de la réalité totale. Le développement de cette réalisation est basé sur l'actualisation rendue complète des Absolus Non Qualifié, Universel et de Déité, les trois potentialités dont l'union constitue la latence du JE SUIS, les réalités en suspens de l'éternité, les possibilités irréalisées de tout le futur, et encore davantage.

106:7.10 Le moins qu'on puisse dire est que de telles éventualités sont plutôt lointaines. Néanmoins, dans les mécanismes, personnalités et associations des trois Trinités, nous croyons détecter la possibilité théorique d'une réunification des sept phases absolues du Père-JE SUIS. Et ceci nous met face à face avec le concept de la triple Trinité englobant la Trinité du Paradis de statut existentiel, et les deux Trinités de nature et d'origine expérientielle apparaissant ensuite.

106.8  La Trinité des Trinités

106:8.1 La nature de la Trinité des Trinités est difficile à décrire au mental humain. C'est la somme actuelle de la totalité de l'infinité expérientielle telle qu'elle se manifeste dans une infinité théorique de réalisation éternelle. Dans la Trinité des Trinités, l'infini expérientiel parvient à s'identifier à l'infini existentiel, et tous deux ne font qu'un dans le JE SUIS préexpérientiel et préexistentiel. La Trinité des Trinités est l'expression finale de tout ce qui est contenu dans les quinze triunités et les triodités associées. Il est difficile aux êtres relatifs de comprendre les finalités, qu'elles soient existentielles ou expérientielles ; c'est pourquoi il faut toujours les présenter comme des relativités.

106:8.2 La Trinité des Trinités existe en diverses phases. Elle contient des possibilités, des probabilités et des inévitabilités qui déconcertent l'imagination d'êtres situés bien au-dessus du niveau humain. Elle comporte des implications probablement insoupçonnées par les philosophes célestes, car leurs implications sont contenues dans les triunités, et, en dernière analyse, les triunités sont insondables.

106:8.3 On peut décrire de diverses manières la Trinité des Trinités. Nous choisissons d'en présenter le concept à trois niveaux, c'est-à-dire comme suit :

106:8.4 1. Le niveau des trois Trinités.

106:8.5 2. Le niveau de la Déité expérientielle.

106:8.6 3. Le niveau du JE SUIS.

106:8.7 Ce sont des niveaux d'unification croissante. En réalité, la Trinité des Trinités est le premier niveau, tandis que le second et le troisième sont des dérivatifs d'unification du premier.

106:8.8 LE PREMIER NIVEAU. Sur ce niveau initial d'association, on estime que les trois Trinités fonctionnent comme des groupements parfaitement synchronisés, quoique distincts, de personnalités de Déité.

106:8.9 1. La Trinité du Paradis, l'association des trois Déités du Paradis - le Père, le Fils et l'Esprit. Il faut se rappeler que la Trinité du Paradis possède une triple fonction - une fonction absolue, une fonction transcendantale (Trinité de l'Ultimité) et une fonction finie (Trinité de Suprématie). La Trinité du Paradis est à la fois n'importe laquelle de ces fonctions et toutes ces fonctions, à n'importe quel moment et à tout moment.

106:8.10 2. La Trinité Ultime. C'est l'association de déité des Créateurs Suprêmes, de Dieu le Suprême et des Architectes du Maitre Univers. Bien que cette présentation des aspects de divinité de cette Trinité soit adéquate, il faut noter que cette Trinité comporte d'autres phases, qui semblent toutefois se coordonner parfaitement avec les aspects de divinité.

106:8.11 3. La Trinité Absolue. C'est le groupement de Dieu le Suprême, de Dieu l'Ultime et du Consommateur de la Destinée Universelle en ce qui concerne toutes les valeurs de divinité. Certaines autres phases de ce groupement trin concernent des valeurs autres-que-de divinité dans le cosmos en expansion, mais elles s'unifient avec les phases de divinité, exactement comme les aspects de pouvoir et de personnalité des Déités expérientielles sont actuellement en cours de synthèse expérientielle.

106:8.12 L'association de ces trois Trinités dans la Trinité des Trinités fournit la possibilité d'une intégration illimitée de la réalité. Ce groupement contient des causes, des activités intermédiaires et des effets finals ; des initiateurs, des réalisateurs et des consommateurs ; des commencements, des existences et des destinées. L'association Père-Fils est devenue Fils-Esprit puis Esprit-Suprême et se continue en Suprême-Ultime et Ultime-Absolu, et va même jusqu'à Absolu et Père-Infini - le parachèvement du cycle de la réalité. De même dans d'autres phases qui ne concernent pas d'aussi près la divinité et la personnalité, la Première Grande Source-Centre réalise en soi la non-limitation de la réalité suivant tout le cercle de l'éternité, depuis l'absoluité de l'existence en soi, passant par la révélation perpétuelle de soi, jusqu'à la finalité de la réalisation de soi - depuis l'absolu des existentiels jusqu'à la finalité des expérientiels.

106:8.13 LE DEUXIÈME NIVEAU. La coordination des trois Trinités implique inévitablement l'union conjuguée des Déités expérientielles, qui sont génétiquement associées à ces Trinités. La nature de ce second niveau a été parfois présentée comme suit :

106:8.14 1. Le Suprême. Il est la résultante de déité de l'unité de la Trinité du Paradis en liaison expérientielle avec les Fils Créateurs et les Filles Créatives des Déités du Paradis. Le Suprême est l'incorporation en déité du parachèvement du premier stade d'évolution finie.

106:8.15 2. L'Ultime. Il est la résultante de déité de l'unité issue de la seconde Trinité, la personnification transcendantale et absonite de la divinité. L'Ultime consiste en une unité de nombreuses qualités considérées diversement. Sa conception par les hommes devrait bien inclure au moins les phases d'ultimité qui gèrent l'autorité, qui sont personnellement expérimentables et qui unifient par des tensions, mais la Déité extériorisée comporte beaucoup d'autres aspects non révélés. L'Ultime et le Suprême sont comparables, mais non identiques, et l'Ultime n'est pas simplement une amplification du Suprême.

106:8.16 3. L'Absolu. On soutient beaucoup de théories sur le caractère du troisième membre du second niveau de la Trinité des Trinités. Dieu l'Absolu est indubitablement impliqué dans cette association en tant que personnalité découlant de la fonction finale de la Trinité Absolue, et, cependant, l'Absolu de Déité est une réalité existentielle possédant un statut d'éternité.

106:8.17 La difficulté conceptuelle concernant ce troisième membre est inhérente au fait que présupposer la présence d'un tel membre implique la présence d'un seul Absolu. Théoriquement, si un tel évènement pouvait avoir lieu, nous assisterions à l'unification expérientielle des trois Absolus en un seul. Or, on nous enseigne que, dans l'infinité et existentiellement, il n'y a qu'un seul Absolu. Bien que l'identité de ce troisième membre soit peu claire, on émet souvent l'hypothèse qu'elle pourrait consister en une forme de liaison inimaginable et en une manifestation cosmique de l'Absolu de Déité, de l'Absolu Universel et de l'Absolu Non Qualifié. Il est certain que la Trinité des Trinités ne pourrait guère atteindre son complet fonctionnement sans l'unification totale des trois Absolus, et les trois Absolus ne peuvent guère être unifiés sans la réalisation complète de tous les potentiels infinis.

106:8.18 La déformation de la vérité sera probablement réduite au minimum si le troisième membre de la Trinité des Trinités est conçu comme l'Absolu Universel, pourvu que cette conception envisage que l'Universel n'est pas seulement statique et potentiel, mais également associatif. Toutefois, nous ne percevons pas encore comment il est relié aux aspects créatifs et évolutionnaires de la fonction de la Déité totale.

106:8.19 Bien qu'il soit difficile de se former un concept parachevé de la Trinité des Trinités, il est moins malaisé d'en avoir un concept limité. Si le second niveau de la Trinité des Trinités est conçu comme essentiellement personnel, il devient tout à fait possible de supposer que l'union de Dieu le Suprême, de Dieu l'Ultime et de Dieu l'Absolu est la répercussion personnelle de l'union des Trinités personnelles, lesquelles Trinités sont ancestrales à ces Déités expérientielles. Nous hasardons l'opinion que ces trois Déités expérientielles s'unifieront certainement sur le second niveau, comme conséquence directe de l'unité croissante de leurs Trinités ancestrales et causatives formant le premier niveau.

106:8.20 Le premier niveau consiste en trois Trinités. Le second niveau existe comme l'association de personnalité comprenant des personnalités de Déité d'évolution expérientielle, d'extériorisation expérientielle et expérientielles-existentielles. Et, indépendamment de toute difficulté conceptuelle à comprendre la complète Trinité des Trinités, l'association personnelle de ces trois Déités sur le second niveau est devenue manifeste à notre propre âge de l'univers dans le phénomène de la déitisation de Majeston. Ce dernier fut actualisé sur le second niveau par l'Absolu de Déité agissant par l'intermédiaire de l'Ultime et en réponse au commandement créatif initial de l'Être Suprême.

106:8.21 LE TROISIÈME NIVEAU. Dans une hypothèse non qualifiée du second niveau de la Trinité des Trinités, est comprise la corrélation de toutes les phases de toutes les sortes de réalités qui existent, ont existé ou pourraient exister dans l'ensemble de l'infinité. L'Être Suprême n'est pas seulement esprit, mais aussi mental, pouvoir et expérience. L'Ultime est tout cela, et encore bien davantage. Quant au concept conjoint de l'unicité des Absolus de Déité, Universel et Non Qualifié, il inclut la finalité absolue de toute réalisation de la réalité.

106:8.22 Dans l'union du Suprême, de l'Ultime et de l'Absolu parachevé, il pourrait se produire une reconstitution fonctionnelle de ces aspects de l'infinité qui furent originellement fragmentés par le JE SUIS et qui se traduisirent par l'apparition des Sept Absolus de l'Infinité. Bien que les philosophes de l'univers estiment que ce soit une probabilité extrêmement lointaine, nous nous posons toutefois souvent la question suivante : si le second niveau de la Trinité des Trinités pouvait jamais atteindre une unité trinitaire, qu'arriverait-il, alors, comme conséquence d'une telle unité de déité ? Nous ne le savons pas, mais nous sommes convaincus que cela conduirait directement à la réalisation du JE SUIS comme susceptible d'être atteint par expérience. Du point de vue des êtres personnels, cela pourrait signifier que l'inconnaissable JE SUIS est devenu accessible à l'expérience en tant que Père-Infini. Quant à la signification de ces destinées absolues au point de vue non personnel, c'est une autre question que l'éternité seule pourrait clarifier. Mais, quand nous examinons ces éventualités lointaines en tant que créatures personnelles, nous en déduisons que la destinée finale de toutes les personnalités est la connaissance finale du Père Universel de ces mêmes personnalités.

106:8.23 Le JE SUIS tel que nous le concevons philosophiquement dans l'éternité passée est seul, il n'y a personne en dehors de lui. Si nous regardons dans l'éternité future, nous ne voyons pas qu'en tant qu'existentiel, le JE SUIS puisse jamais changer, mais nous avons tendance à prévoir une vaste différence expérientielle. Un tel concept du JE SUIS implique la pleine réalisation de soi. Il embrasse la galaxie illimitée de personnalités qui sont devenues des participants volontaires dans la révélation de soi du JE SUIS, et qui resteront éternellement des parties volitives absolues de la totalité de l'infinité, des fils de finalité du Père absolu.

106.9  Unification Existentielle Infinie

106:9.1 Dans le concept de la Trinité des Trinités, nous postulons la possibilité de l'unification expérientielle de la réalité illimitée, et nous émettons parfois la théorie que tout pourrait se produire dans l'extrême éloignement de la très lointaine éternité. Mais il existe néanmoins une unification actuelle contemporaine de l'infinité, dans notre âge même, comme dans tous les âges passés et futurs de l'univers ; cette unification est existentielle dans la Trinité du Paradis. L'unification de l'infinité est impensablement lointaine en tant que réalité expérientielle, mais une unité d'infinité non qualifiée domine le présent moment de l'existence de l'univers et elle unit les divergences de toute la réalité avec une majesté existentielle absolue.

106:9.2 Quand des créatures finies essayent de concevoir une unification de l'infini sur les niveaux de finalité de l'éternité consommée, elles se trouvent en face de limitations intellectuelles inhérentes à leur existence finie. Le temps, l'espace et l'expérience forment des barrières aux concepts des créatures ; et pourtant, sans le temps, en dehors de l'espace et à défaut d'expérience, nulle créature ne pourrait parvenir à une compréhension même limitée de la réalité de l'univers. Nulle créature évolutionnaire ne pourrait jamais percevoir les relations de séquence si elle était insensible au temps. Nulle créature ne pourrait sonder les relations de simultanéité si elle ne percevait pas l'espace. Nulle créature évolutionnaire ne pourrait même exister sans expérience. Seuls les Sept Absolus de l'Infinité transcendent réellement l'expérience, et même ceux-là peuvent être expérientiels dans certaines phases.

106:9.3 Le temps, l'espace et l'expérience sont les plus grands auxiliaires de l'homme pour la perception de la réalité relative, et ils sont cependant ses plus formidables obstacles pour la perception de la réalité complète. Les mortels et beaucoup d'autres créatures de l'univers trouvent nécessaire de penser aux potentiels comme étant actualisés dans l'espace et évoluant jusqu'à maturité dans le temps, mais tout ce processus n'est qu'un phénomène de l'espace-temps, qui ne se passe pas effectivement au Paradis et dans l'éternité. Sur le niveau absolu, il n'y a ni temps ni espace ; tous les potentiels peuvent y être perçus comme des actuels.

106:9.4 Le concept de l'unification de toute réalité dans le présent âge de l'univers, ou dans n'importe quel autre âge, est fondamentalement double : existentiel et expérientiel. Cette unité est en cours de réalisation expérientielle dans la Trinité des Trinités, mais le degré d'actualisation apparente de cette triple Trinité est directement proportionnel à la disparition des qualifications et imperfections de la réalité dans le cosmos ; toutefois, l'intégration totale de la réalité est présente sans réserve, éternellement et existentiellement, dans la Trinité du Paradis. Trinité à l'intérieur de laquelle, en ce moment même de l'existence de l'univers, la réalité infinie est absolument unifiée.

106:9.5 Le paradoxe créé par les points de vue expérientiel et existentiel est inévitable ; il résulte, en partie, du fait que la Trinité du Paradis et la Trinité des Trinités sont chacune des relations d'éternité, que les mortels peuvent seulement percevoir comme relativités de l'espace-temps. Le concept humain sur l'actualisation expérientielle progressive de la Trinité des Trinités est le point de vue du temps. Il faut le compléter par le postulat additionnel que la Trinité des Trinités est déjà une réalisation factuelle qui est le point de vue de l'éternité. Mais comment est-il possible de concilier ces deux points de vue ? Nous suggérons aux mortels finis d'accepter la vérité que la Trinité du Paradis est l'unification existentielle de l'infinité, et que l'inaptitude à détecter la présence actuelle et la manifestation complète de la Trinité des Trinités expérientielle provient, en partie, des déformations réciproques dues :

106:9.6 1. Au point de vue humain limité, l'inaptitude à saisir le concept de l'éternité non qualifiée.

106:9.7 2. Au statut humain imparfait, à l'éloignement du niveau absolu des expérientiels.

106:9.8 3. Au dessein de l'existence humaine, au fait que l'humanité est conçue pour évoluer par la technique de l'expérience ; il faut donc qu'elle dépende de l'expérience par inhérence et par constitution. Seul un Absolu peut être à la fois existentiel et expérientiel.

106:9.9 Dans la Trinité du Paradis, le Père Universel est le JE SUIS de la Trinité des Trinités. Ce sont les limitations finies qui empêchent de faire l'expérience du Père comme infini. Le concept du JE SUIS existentiel, solitaire, prétrinitaire et inaccessible, et le postulat du JE SUIS expérientiel, postérieur à la Trinité des Trinités et accessible, ne forment qu'une seule et même hypothèse ; aucun changement effectif n'a eu lieu dans l'Infini ; tous les développements apparents sont dus à l'accroissement des capacités à recevoir la réalité et à apprécier le cosmos.

106:9.10 En dernière analyse, le JE SUIS doit exister avant tous les existentiels et après tous les expérientiels. Ces idées ne clarifieront peut-être pas les paradoxes de l'éternité et de l'infinité dans le mental humain, mais elles devraient au moins inciter les intellects finis à s'attaquer de nouveau à ces problèmes sans fin. Ces problèmes continueront à vous intriguer sur Salvington, et, plus tard, quand vous serez des finalitaires, et encore tout au long de l'avenir illimité de vos carrières éternelles dans les univers en large expansion.

106:9.11 Tôt ou tard, toutes les personnalités de l'univers commencent à se rendre compte que la recherche finale de l'éternité est l'exploration sans fin de l'infinité, le voyage de découverte qui n'aura jamais de fin dans l'absoluité de la Source-Centre Première. Tôt ou tard, nous nous rendons tous compte que la croissance des créatures est proportionnelle à leur identification avec le Père. Nous en venons à comprendre que le fait de vivre la volonté de Dieu est le passeport éternel pour les possibilités sans fin de l'infinité elle-même. Les mortels comprendront, un jour, que la réussite dans la recherche de l'Infini est directement proportionnelle au degré atteint de ressemblance avec le Père, et, qu'au cours du présent âge de l'univers, les réalités du Père sont révélées dans les qualités de divinité. Et ces qualités de divinité sont acquises personnellement par les créatures universelles qui font l'expérience de vivre divinement, et vivre divinement signifie vivre effectivement la volonté de Dieu.

106:9.12 Pour les créatures finies, matérielles et évolutionnaires, une vie basée sur le fait de vivre la volonté du Père conduit directement à la suprématie de l'esprit dans le cadre de la personnalité et rapproche un peu plus ces créatures de la compréhension du Père-Infini. La vie ainsi centrée sur le Père est fondée sur la vérité, sensible à la beauté et dominée par la bonté. La personne qui connaît ainsi Dieu est intérieurement éclairée par l'adoration et extérieurement dévouée au service sincère de la fraternité universelle de toutes les personnalités, un ministère de service rempli de miséricorde et motivé par l'amour. En même temps, toutes ces qualités de vie sont unifiées dans la personnalité évoluante sur des niveaux toujours ascendants de sagesse cosmique, de réalisation de soi, de découverte de Dieu et d'adoration du Père.

106:9.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

107. Origine et Nature des Ajusteurs de Pensée

107:0.1 BIEN QUE le Père Universel réside personnellement au Paradis, au centre même de l'univers, il est présent de manière effective aussi sur les mondes de l'espace dans le mental de ses innombrables enfants du temps, car il les habite sous l'aspect des Moniteurs de Mystère. Le Père éternel est à la fois aussi éloigné que possible de ses fils planétaires mortels et aussi intimement associé que possible avec eux.

107:0.2 Les Ajusteurs sont l'actualité de l'amour du Père incarné dans l'âme des hommes ; emprisonnés dans le mental des mortels, ils sont la véritable promesse de carrière éternelle des hommes. Ils sont l'essence de la personnalité humaine du finalitaire devenu parfait, dont l'homme peut avoir l'avant-gout dans le temps à mesure qu'il domine progressivement la technique divine consistant à parvenir à vivre la volonté du Père, pas à pas, dans toute l'ascension des univers successifs, jusqu'à ce qu'il atteigne effectivement la divine présence de son Père au Paradis.

107:0.3 Ayant commandé à l'homme d'être parfait comme lui-même est parfait, Dieu est descendu sous forme d'Ajusteur pour devenir le partenaire expérientiel de l'homme dans l'accomplissement de la destinée céleste ainsi ordonnée. Le fragment de Dieu qui habite le mental de l'homme constitue l'assurance, absolue et sans réserve, que l'homme peut trouver le Père Universel par son association avec cet Ajusteur divin, venu de Dieu pour trouver l'homme et en faire son fils, même au cours de sa vie dans la chair.

107:0.4 Tout mortel qui a vu un Fils Créateur a vu le Père Universel, et quiconque est habité par un Ajusteur divin est habité pas le Père du Paradis. Tout mortel qui suit consciemment ou inconsciemment les directives de son Ajusteur intérieur vit conformément à la volonté de Dieu. La conscience de la présence de l'Ajusteur est la conscience de la présence de Dieu. La fusion éternelle de l'Ajusteur avec l'âme évolutionnaire de l'homme est l'expérience factuelle de l'union éternelle avec Dieu en tant qu'associé universel de la Déité.

107:0.5 C'est l'Ajusteur qui crée dans l'homme le désir insatiable et l'envie incessante d'être semblable à Dieu, d'atteindre le Paradis et là, devant la personne réelle de la Déité, d'adorer la source infinie de ce don divin. L'Ajusteur est la présence vivante qui relie effectivement le fils mortel à son Père du Paradis et l'attire de plus en plus près du Père. L'Ajusteur est le contrepoids pour compenser l'énorme tension universelle créée par la distance qui sépare Dieu de l'homme et par le degré d'incomplétude de l'homme en contraste avec l'universalité du Père éternel.

107:0.6 L'Ajusteur est une essence absolue d'un être infini, emprisonnée dans le mental d'une créature finie. Il peut, en fin de compte, suivant le choix fait par ce mortel, porter à son terme cette union temporaire de Dieu et de l'homme, et véritablement rendre actuel un nouvel ordre d'existence pour un service universel sans fin. L'Ajusteur est la divine réalité universelle qui factualise la vérité que Dieu est le Père de l'homme. L'Ajusteur est l'infaillible compas cosmique de l'homme, orientant toujours et sûrement l'âme vers Dieu.

107:0.7 Sur les mondes évolutionnaires, les créatures volitives traversent trois stades d'existence dans leur développement général. Depuis l'arrivée de l'Ajusteur jusqu'à la pleine croissance relative d'environ vingt ans d'âge sur Urantia, les Moniteurs sont parfois appelés Changeurs de Pensée. Depuis cette époque jusqu'à l'âge du discernement, environ quarante ans, les Moniteurs de Mystère s'appellent Ajusteurs de Pensée. Depuis l'acquisition du discernement jusqu'à la délivrance de la chair, on les appelle souvent Contrôleurs de Pensée. Ces trois phases de la vie humaine n'ont pas de rapport avec les trois stades de progrès des Ajusteurs dans la duplication du mental et l'évolution de l'âme.

107.1  Origine des Ajusteurs de Pensée

107:1.1 Puisque les Ajusteurs de Pensée sont de l'essence de la Déité originelle, nul ne peut prétendre parler avec autorité de leur nature et de leur origine. Je ne peux communiquer que les traditions de Salvington et les croyances d'Uversa. Je peux seulement expliquer comment nous considérons ces Moniteurs de Mystère et leurs entités associées dans tout le grand univers.

107:1.2 Bien qu'il y ait des opinions diverses sur le mode d'effusion des Ajusteurs de Pensée, il n'existe pas de telles divergences sur leur origine ; tout le monde est d'accord sur le fait qu'ils émanent directement du Père Universel, la Source-Centre Première. Ils ne sont pas des êtres créés, mais des entités de fragmentation constituant la présence factuelle du Dieu infini. De même que leurs nombreux associés non révélés, les Ajusteurs sont d'une divinité pure et sans mélange, des parties non qualifiées et non diluées de la Déité. Ils sont de Dieu et, autant que nous puissions le discerner, ils sont Dieu.

107:1.3 Quant à l'époque où ils commencèrent leur existence séparée en dehors de l'emprise absolue de la Source-Centre Première, nous ne la connaissons pas ; nous ne connaissons pas non plus leur nombre. Nous savons très peu de choses sur leur carrière avant qu'ils n'arrivent sur les planètes du temps pour habiter le mental des hommes. À partir de là, nous sommes plus ou moins au courant de leur progression cosmique jusqu'à et y compris l'accomplissement de leur destinée trine : l'aboutissement à la personnalité par fusion avec un ascendeur mortel, l'aboutissement à la personnalité par décision du Père Universel ou la libération des affectations connues pour les Ajusteurs de Pensée.

107:1.4 Bien que nous ne le sachions pas, nous supposons que de nouveaux Ajusteurs sont continuellement individualisés à mesure que l'univers s'agrandit, et que le nombre des candidats à la fusion avec un Ajusteur s'accroit. Mais il est également possible que nous nous trompions en attribuant un nombre à la quantité des Ajusteurs. Comme Dieu lui-même, il se peut que cette fragmentation de sa nature insondable soit existentiellement infinie.

107:1.5 La technique de l'origine des Ajusteurs de Pensée est l'une des fonctions non révélées du Père Universel. Nous avons toutes raisons de croire que les autres associés absolus de la Source-Centre Première ne participent d'aucune manière à la production des fragments du Père. Les Ajusteurs sont simplement et éternellement les dons divins. Ils sont de Dieu et viennent de Dieu, et ils sont semblables à Dieu.

107:1.6 Dans leurs relations avec les créatures de fusion, ils révèlent un amour céleste et un ministère spirituel qui confirment profondément la déclaration que Dieu est esprit ; mais, en plus de ce ministère transcendant, beaucoup de choses se passent qui n'ont jamais été révélées aux mortels d'Urantia. Nous ne comprenons pas non plus exactement ce qui se passe quand le Père Universel donne quelque chose de lui-même qui fera partie de la personnalité d'une créature du temps. La progression ascendante des finalitaires du Paradis n'a pas non plus révélé encore les pleines possibilités inhérentes à cette association céleste de l'homme et de Dieu. En dernière analyse, les fragments du Père doivent être le don du Dieu absolu aux créatures dont la destinée englobe la possibilité d'atteindre Dieu en tant qu'absolu.

107:1.7 De même que le Père Universel fragmente sa Déité prépersonnelle, de même l'Esprit Infini individualise des portions de son esprit prémental pour qu'elles habitent et fusionnent effectivement avec les âmes évolutionnaires des mortels survivants de la série à fusion avec l'esprit. Mais la nature du Fils Éternel n'est pas fragmentable de cette manière ; l'esprit du Fils Originel est ou bien diffus ou bien personnel de manière discrète. Les créatures fusionnées avec le Fils sont unies à des effusions individualisées de l'esprit des Fils Créateurs du Fils Éternel.

107.2  Classification des Ajusteurs

107:2.1 Les Ajusteurs sont individualisés en tant qu'entités vierges, et tous sont destinés à devenir des Moniteurs, soit libérés, soit fusionnés, soit Personnalisés. Nous croyons savoir qu'il y a sept ordres d'Ajusteurs de Pensée, mais nous ne comprenons pas entièrement ces divisions. Nous désignons souvent ces différents ordres comme suit :

107:2.2 1. Les Ajusteurs Vierges, ceux qui servent pour la première fois dans le mental d'un candidat évolutionnaire à la survie éternelle. Les Moniteurs de Mystère ont une nature divine éternellement uniforme. Leur nature expérientielle est également uniforme quand ils sortent pour la première fois de Divinington ; leur différenciation expérientielle ultérieure résulte de leur expérience effective dans le ministère universel.

107:2.3 2. Les Ajusteurs Avancés, ceux qui ont servi pendant une ou plusieurs périodes chez des créatures volitives, sur des mondes où la fusion finale a lieu entre l'identité de la créature du temps et une portion individualisée de l'esprit de la manifestation dans l'univers local de la Source-Centre Troisième.

107:2.4 3. Les Ajusteurs Suprêmes, les Moniteurs qui ont servi dans l'aventure du temps sur les mondes évolutionnaires, mais dont les partenaires humains ont refusé pour un motif quelconque la survie éternelle, ainsi que les Moniteurs qui ont été ultérieurement affectés chez d'autres mortels appartenant à d'autres mondes en évolution. Un Ajusteur Suprême n'est pas plus divin qu'un Moniteur vierge, mais il a plus d'expérience et peut produire, dans le mental humain, des effets qu'un Ajusteur moins expérimenté serait incapable d'obtenir.

107:2.5 4. Les Ajusteurs Disparus. Il se place ici un hiatus dans nos efforts pour suivre les carrières des Moniteurs de Mystère. Il existe un quatrième stade de service au sujet duquel nous n'avons pas de certitude. Les Melchizédeks enseignent que les Ajusteurs du quatrième stade sont détachés en mission et qu'ils parcourent l'univers des univers. Les Messagers Solitaires inclinent à croire qu'ils sont réunis à la Source-Centre Première et jouissent d'une période d'agréable association avec le Père lui-même. Et il est parfaitement possible qu'un Ajusteur soit en train de parcourir le maitre univers tout en étant simultanément réuni au Père omniprésent.

107:2.6 5. Les Ajusteurs Libérés. Ce sont les Moniteurs de Mystère qui ont été libérés pour l'éternité du service temporel auprès des mortels des sphères en évolution. Quelles fonctions peuvent-ils remplir ? Nous l'ignorons.

107:2.7 6. Les Ajusteurs Fusionnés les finalitaires - ceux qui ne font plus qu'un avec une créature ascendante des superunivers ; ils sont les partenaires éternels des ascendeurs temporels du Corps Paradisiaque de la Finalité. Les Ajusteurs de Pensée fusionnent généralement avec les mortels ascendants du temps. On les enregistre à l'entrée et à la sortie d'Ascendington avec ces mortels survivants ; ils suivent le sort des êtres ascendants. Après fusion avec une âme évolutionnaire ascendante, il semble que l'Ajusteur passe du niveau existentiel absolu de l'univers au niveau expérientiel fini de l'association fonctionnelle avec une personnalité ascendante. Bien qu'il conserve tout le caractère de la nature existentielle divine, un Ajusteur fusionné devient indissolublement lié à la carrière ascendante d'un mortel survivant.

107:2.8 7. Les Ajusteurs Personnalisés. Ce sont ceux qui ont servi avec les Fils du Paradis incarnés, ainsi que beaucoup d'autres qui se sont spécialement distingués pendant qu'ils habitaient un mortel qui a rejeté la survie. Nous avons des raisons de croire que ces Ajusteurs sont personnalisés sur la recommandation des Anciens des Jours du superunivers de leur affectation.

107:2.9 Ces mystérieux fragments de Dieu peuvent être classifiés de beaucoup de manières : selon leur affectation dans l'univers, selon le degré de leur réussite chez un mortel individuel ou même selon l'ascendance raciale de leur candidat humain à la fusion.

107.3  Le Foyer des Ajusteurs sur Divinington

107:3.1 Toutes les activités universelles concernant l'envoi, l'affectation, la direction et le retour des Moniteurs de Mystère en service dans les sept superunivers semblent être concentrées sur la sphère sacrée de Divinington. Autant que je le sache, seuls les Ajusteurs et autres entités du Père ont séjourné sur cette sphère. Il est probable que de nombreuses entités prépersonnelles non révélées partagent Divinington avec les Ajusteurs comme sphère de leur foyer. Nous conjecturons que ces entités compagnes peuvent, en quelque manière, être associées au ministère présent et futur des Moniteurs de Mystère, mais en réalité nous ne le savons pas.

107:3.2 Quand des Ajusteurs de Pensée retournent auprès du Père, ils reviennent à Divinington, royaume présumé de leur origine. Un contact effectif, faisant probablement partie de cette expérience, s'établit tant avec la personnalité paradisiaque du Père qu'avec la manifestation spécialisée de la divinité du Père située, d'après nos renseignements, sur cette sphère secrète.

107:3.3 Bien que nous connaissions quelque chose de chacune des sept sphères secrètes du Paradis, nous en savons moins sur Divinington que sur les autres. Les êtres des ordres spirituels élevés ne reçoivent que les trois injonctions suivantes :

107:3.4 1. Montrer toujours un respect adéquat pour l'expérience et les dons que possèdent leurs seniors et supérieurs.

107:3.5 2. Avoir toujours des égards pour les limitations et l'inexpérience de leurs juniors et subordonnés.

107:3.6 3. Ne jamais chercher à atterrir sur les rives de Divinington.

107:3.7 Je me suis souvent dit qu'il me serait tout à fait inutile d'aller à Divinington. Je serais probablement incapable d'y voir aucun des résidants, sauf des êtres tels que les Ajusteurs Personnalisés que j'ai déjà vus ailleurs. Je suis très certain qu'il n'y a rien de vraiment utile ou profitable pour moi sur Divinington ; rien d'essentiel à ma croissance et à mon développement, autrement, on ne m'aurait pas interdit d'y aller.

107:3.8 Puisque nous ne pouvons presque rien apprendre de Divinington sur la nature et l'origine des Ajusteurs, nous sommes obligés de rassembler des renseignements provenant de mille et une sources différentes, et il nous faut réunir, associer et faire correspondre les données accumulées, pour que cette connaissance ait une valeur d'information.

107:3.9 Le courage et la sagesse dont font preuve les Ajusteurs de Pensée suggèrent qu'ils ont subi un entrainement d'une portée et d'une étendue prodigieuse. Puisqu'ils ne sont pas des personnalités, il faut que cet entrainement leur ait été donné dans les institutions éducatives de Divinington. Les extraordinaires Ajusteurs Personnalisés constituent sans doute les cadres des écoles d'instruction des Ajusteurs de Divinington. Nous savons cependant que ce corps central superviseur est présidé par l'Ajusteur, maintenant personnalisé, du premier Fils Paradisiaque de l'ordre des Micaëls qui paracheva sa septuple effusion sur les races et peuples des royaumes de son univers.

107:3.10 Nous savons en réalité très peu de choses sur les Ajusteurs non personnalisés ; nous ne prenons contact et ne communiquons qu'avec les ordres personnalisés. Ceux-ci reçoivent un nom sur Divinington et sont toujours connus par leur nom, et non par leur numéro. Les Ajusteurs Personnalisés sont domiciliés en permanence sur Divinington ; cette sphère sacrée est leur foyer. Ils ne sortent de cette demeure que par la volonté du Père Universel. On en rencontre très peu dans les domaines des univers locaux, mais ils sont présents en plus grand nombre dans l'univers central.

107.4  Nature et Présence des Ajusteurs

107:4.1 Dire qu'un Ajusteur est divin, c'est simplement reconnaître la nature de son origine. Il est hautement probable qu'une telle pureté de sa divinité embrasse l'essence du potentiel de tous les attributs de la Déité qui peuvent être contenus dans ce fragment de l'essence absolue de la présence universelle du Père Paradisiaque éternel et infini.

107:4.2 La source effective de l'Ajusteur doit être infinie. Avant sa fusion avec l'âme immortelle d'un mortel évolutionnaire, la réalité de l'Ajusteur doit frôler l'absoluité. Les Ajusteurs ne sont pas absolus au sens universel, au sens de la Déité, mais ils sont probablement de vrais absolus dans les limites du potentiel de leur nature fragmentaire. Ils sont qualifiés quant à leur universalité, mais non quant à leur nature. Ils sont limités en étendue, mais, en intensité de signification de valeur et de fait, ils sont absolus. Ils sont des dons divins que nous appelons parfois, pour ces raisons, les fragments qualifiés absolus du Père.

107:4.3 Nul Ajusteur n'a jamais été déloyal envers le Père du Paradis. Les ordres inférieurs de créatures personnelles ont parfois à lutter avec des compagnons déloyaux, mais jamais les Ajusteurs ; ces derniers sont suprêmes et infaillibles dans leur sphère céleste de ministère auprès des créatures, et de fonctions dans l'univers.

107:4.4 Les Ajusteurs non personnalisés ne sont visibles qu'aux Ajusteurs Personnalisés. Les Messagers Solitaires de mon ordre ainsi que les Esprits Inspirés de la Trinité peuvent détecter la présence des Ajusteurs au moyen de phénomènes de réaction spirituelle. Même les séraphins peuvent parfois discerner la luminosité spirituelle supposée associée à la présence de Moniteurs dans le mental matériel des hommes. Mais nul d'entre nous n'est capable de discerner effectivement la présence réelle d'Ajusteurs, à moins qu'ils n'aient été personnalisés, bien que leur nature soit perceptible en union avec les personnalités fusionnées des ascendeurs venant des mondes évolutionnaires. L'invisibilité universelle des Ajusteurs suggère fortement que leur nature et leur origine sont élevées et exclusivement divines.

107:4.5 Une lumière caractéristique, une luminosité spirituelle, accompagne la présence divine ; on l'associe généralement aux Ajusteurs de Pensée. Dans l'univers de Nébadon, cette luminosité paradisiaque est très largement connue sous le nom de « lumière pilote » . Sur Uversa, on l'appelle la « lumière de la vie » . Sur Urantia, on a parfois fait allusion à ce phénomène comme « la vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde » .

107:4.6 Pour tous les êtres qui ont atteint le Père Universel, les Ajusteurs de Pensée Personnalisés sont visibles. Les Ajusteurs de Pensée de tous les stades, ainsi que tous les autres êtres, entités, esprits, personnalités et manifestations de l'esprit, sont toujours discernables par les Personnalités Créatrices Suprêmes issues des Déités du Paradis et qui président les gouvernements majeurs du grand univers.

107:4.7 Pouvez-vous vraiment réaliser la vraie signification de la présence intérieure des Ajusteurs ? Mesurez-vous vraiment ce que signifie le fait qu'un fragment de Déité absolue et infinie, le Père Universel, habite votre nature mortelle finie et fusionne avec elle ? Quand l'homme mortel fusionne avec un fragment effectif de la Cause existentielle du cosmos total, on ne peut plus attribuer aucune limite à la destinée de cette association inimaginable et sans précédent. Dans l'éternité, l'homme découvrira non seulement l'infinité de la Déité objective, mais aussi la potentialité sans fin du fragment subjectif de ce même Dieu. L'Ajusteur continuera toujours à révéler la merveille de Dieu à la personnalité mortelle, et cette révélation céleste ne peut jamais avoir de fin, car l'Ajusteur vient de Dieu et représente Dieu pour l'homme.

107.5  Qualité Mentale des Ajusteurs

107:5.1 Les mortels évolutionnaires ont tendance à considérer le mental comme une médiation cosmique entre l'esprit et la matière, et c'est en vérité le principal ministère du mental tel que vous pouvez le discerner. Il est donc très difficile aux humains de percevoir que les Ajusteurs de Pensée ont un mental, car les Ajusteurs sont des fragmentations de Dieu sur un niveau absolu de réalité qui n'est pas seulement prépersonnel, mais aussi antérieur à toute divergence entre énergie et esprit. Sur un niveau moniste antérieur à la différenciation de l'énergie et de l'esprit, il ne saurait y avoir de fonction médiatrice du mental, parce qu'il n'y a pas de divergences à arbitrer.

107:5.2 Puisque les Ajusteurs peuvent faire des plans, travailler et aimer, ils doivent avoir des pouvoirs d'individualité commensurables avec le mental. Toutes les sortes de Moniteurs supérieures au premier groupe, dit vierge, possèdent une aptitude illimitée à communiquer les uns avec les autres. En ce qui concerne la nature et le but de leur intercommunication, nous ne pouvons presque rien révéler parce que nous ne les connaissons pas. Cependant, nous savons que les Ajusteurs sont en quelque sorte dotés d'une qualité mentale, car autrement ils ne pourraient jamais être personnalisés.

107:5.3 Les qualités mentales des Ajusteurs de Pensée reflètent les qualités mentales du Père Universel et du Fils Éternel - celles qui sont ancestrales à toute espèce de mental issu de l'Acteur Conjoint.

107:5.4 Le type de mental supposé exister chez un Ajusteur doit être semblable à la dotation mentale de nombreux autres ordres d'entités prépersonnelles dont nous présumons qu'elles sont également issues de la Source-Centre Première. Bien que beaucoup de ces ordres n'aient pas été révélés sur Urantia, ils font tous preuve de qualités mentales. Il est possible aussi à ces individualisations de la Déité originelle de s'unifier avec de nombreux types évolutifs d'êtres non mortels, et même avec un nombre limité d'êtres non évolutionnaires qui ont acquis la capacité de fusionner avec ces fragments de la Déité.

107:5.5 Quand un Ajusteur de Pensée a fusionné avec l'immortelle âme morontielle évoluante de l'humain survivant, le mental de l'Ajusteur ne peut être identifié comme continuant à exister séparé du mental de la créature que jusqu'au moment où le mortel ascendeur atteint les niveaux spirituels de la progression universelle.

107:5.6 Quand ces esprits du sixième stade atteignent les niveaux finalitaires d'expérience ascendante, il semble qu'ils transmuent un facteur mental représentant l'union de certaines phases mentales du mortel et de l'Ajusteur, facteur qui avait fonctionné auparavant comme liaison entre les phases humaine et divine de ces personnalités ascendantes. Il est probable que cette qualité mentale expérientielle « suprématise » et accroisse subséquemment la dotation expérientielle de la Déité évolutionnaire - l'Être Suprême.

107.6  Les Ajusteurs en tant que Purs Esprits

107:6.1 Les Ajusteurs de Pensée, tels que les créatures les rencontrent dans leur expérience, révèlent la présence et la gouverne d'une influence spirituelle. L'Ajusteur est assurément un esprit, un pur esprit, mais un esprit plus quelque chose. Nous n'avons jamais été capables de classifier les Moniteurs de Mystère d'une manière satisfaisante ; tout ce que l'on peut dire d'eux avec certitude, c'est qu'ils sont vraiment semblables à Dieu.

107:6.2 L'Ajusteur est la possibilité pour l'homme de devenir éternel. L'homme est la possibilité pour l'Ajusteur de se personnaliser. Votre Ajusteur individuel travaille à vous spiritualiser dans l'espoir d'éterniser votre identité temporelle. Les Ajusteurs sont saturés du magnifique amour du Père des esprits, un amour qui s'effuse de lui-même. Ils vous aiment véritablement et divinement ; ils sont prisonniers de l'espérance spirituelle confinée dans le mental des hommes. Ils souhaitent ardemment que votre mental mortel atteigne la divinité, pour que leur solitude prenne fin et qu'ils soient délivrés avec vous des limitations de l'investiture matérielle et de la vêture du temps.

107:6.3 Le sentier qui vous mène au Paradis est celui de l'aboutissement spirituel, et la nature de l'Ajusteur vous révélera fidèlement la nature spirituelle du Père Universel. Au delà de l'ascension au Paradis et dans les stades postfinalitaires de la carrière éternelle, il est possible que l'Ajusteur prenne contact avec son partenaire jadis humain pour un ministère autre que spirituel ; mais l'ascension vers le Paradis et la carrière finalitaire représentent bien l'association entre l'ascendeur connaissant Dieu, qui se spiritualise, et l'Ajusteur, dont le ministère spirituel révèle Dieu.

107:6.4 Nous savons que les Ajusteurs de Pensée sont des esprits, de purs esprits, probablement des esprits absolus. Mais l'Ajusteur doit être quelque chose de plus qu'une réalité spirituelle exclusive. Des facteurs d'énergie pure sont également présents chez lui en plus de sa qualité mentale supposée. Si l'on veut bien se rappeler que Dieu est la source de l'énergie pure et du pur esprit, il ne sera pas si difficile de percevoir que ses fragments soient énergie et esprit. Il est de fait que les Ajusteurs traversent l'espace sur les circuits de gravité instantanés et universels de l'Ile du Paradis.

107:6.5 Il est assurément surprenant que les Moniteurs de Mystère soient ainsi associés aux circuits matériels de l'univers des univers, mais c'est un fait que, d'un bout à l'autre du grand univers, ils passent comme des éclairs sur les circuits de gravité matérielle. Il est parfaitement possible qu'ils puissent même pénétrer les niveaux de l'espace extérieur ; ils pourraient certainement suivre la présence gravitationnelle du Paradis dans ces régions. Bien que les personnalités de mon ordre puissent également parcourir les circuits mentaux de l'Acteur Conjoint au delà des confins du grand univers, nous n'avons jamais été sûrs de détecter la présence des Ajusteurs dans les régions inexplorées de l'espace extérieur.

107:6.6 Cependant, bien que les Ajusteurs utilisent les circuits de la gravité matérielle, ils n'y sont pas soumis comme l'est la création matérielle. Les Ajusteurs sont des fragments de l'ancêtre de la gravité, et non des conséquences de la gravité ; ils se sont fractionnés sur un niveau d'existence d'univers hypothétiquement antérieur à l'apparition de la gravité.

107:6.7 Les Ajusteurs ne jouissent d'aucune détente depuis le moment de leur effusion jusqu'au jour où ils sont libres de partir pour Divinington après la mort naturelle de leur sujet humain. Et ceux dont les sujets ne passent pas par les portes de la mort naturelle ne bénéficient même pas de ce répit temporaire. Les Ajusteurs n'ont pas besoin d'absorber de l'énergie ; ils sont l'énergie, l'énergie de l'ordre le plus élevé et le plus divin.

107.7  Les Ajusteurs et la Personnalité

107:7.1 Les Ajusteurs de Pensée ne sont pas des personnalités, mais ils sont des entités réelles. Ils sont véritablement et parfaitement individualisés, bien qu'ils ne soient jamais effectivement personnalisés pendant qu'ils habitent un mortel. Les Ajusteurs de Pensée ne sont pas de vraies personnalités, mais ils sont de vraies réalités, réalités de l'ordre le plus pur qui soit connu dans l'univers des univers - ils sont la présence divine. Bien que ces merveilleux fragments du Père ne soient pas personnels, on les mentionne communément comme des êtres, et parfois comme des entités spirituelles, à cause des phases spirituelles de leur présent ministère auprès des hommes.

107:7.2 Si les Ajusteurs de Pensée ne sont pas des personnalités jouissant des prérogatives de la volonté et du pouvoir de choix, comment peuvent-ils donc choisir des sujets humains et se porter volontaires pour habiter ces créatures dans les mondes évolutionnaires ? C'est une question facile à poser, mais il est probable que nul être dans l'univers des univers n'a jamais trouvé la réponse exacte. Même les personnalités de mon ordre, les Messagers Solitaires, ne comprennent pas pleinement les facultés de volonté, de choix et d'amour chez des entités qui ne sont pas personnelles.

107:7.3 Nous avons souvent conjecturé que les Ajusteurs de Pensée doivent être doués de volition sur tous les niveaux prépersonnels de choix. Ils se portent volontaires pour habiter des êtres humains, ils établissent pour la carrière éternelle des hommes, des plans qu'ils adaptent, modifient et substituent selon les circonstances, et ces activités impliquent une volition authentique. Ils ont de l'affection pour les mortels, ils opèrent dans les crises de l'univers, ils sont toujours prêts à agir d'une manière décisive conformément au choix des hommes, et toutes ces réactions sont hautement volitives. Dans toutes les situations n'intéressant pas le domaine de la volonté humaine, leur conduite dénote indéniablement l'exercice de pouvoirs équivalant, sous tous les rapports, à la volonté, au maximum de décision.

107:7.4 Si les Ajusteurs de Pensée possèdent une volition, pourquoi donc sont-ils soumis au vouloir des mortels ? Cela tient, croyons-nous, à ce que la volition des Ajusteurs, bien qu'absolue en nature, est prépersonnelle en manifestation. La volonté humaine fonctionne sur le niveau de la personnalité de la réalité universelle et, dans tout le cosmos, l'impersonnel - le non-personnel, le subpersonnel et le prépersonnel - est toujours sensible à la volonté et aux actes de la personnalité existante.

107:7.5 Dans tout l'univers des êtres créés et des énergies non personnelles, nous ne constatons aucune manifestation de volonté, de volition, de choix et d'amour en dehors des personnalités. Sauf chez les Ajusteurs et autres entités similaires, nous ne voyons nulle part ces attributs de la personnalité fonctionner en association avec des réalités impersonnelles. Il ne serait ni correct de qualifier un Ajusteur de subpersonnel, ni juste de mentionner cette entité comme superpersonnelle, mais il est parfaitement admissible d'employer le mot prépersonnel pour la désigner.

107:7.6 Les êtres de nos ordres appellent « dons divins » ces fragments de la Déité. Nous reconnaissons que les Ajusteurs ont une origine divine et qu'ils constituent probablement la preuve et la démonstration que le Père Universel s'est réservé la possibilité de communiquer directement et sans limite avec toutes les créatures matérielles, et avec chacune d'elles, dans tous ses royaumes pratiquement infinis ; et ceci complètement en dehors de sa présence dans la personnalité de ses Fils Paradisiaques ou de son ministère indirect à travers les personnalités de l'Esprit Infini.

107:7.7 Tous les êtres de la création se réjouiraient d'accueillir des Moniteurs de Mystère, mais aucun ordre d'êtres n'est ainsi habité, sauf les créatures évolutionnaires volitives à destinée de finalitaires.

107:7.8 [Présenté par un Messager Solitaire d'Orvonton.]

108. Mission et Ministère des Ajusteurs de Pensée

108:0.1 LA mission des Ajusteurs de Pensée auprès des races humaines consiste à représenter, à être, le Père Universel pour les créatures mortelles du temps et de l'espace ; tel est le travail fondamental des dons divins. Leur mission est aussi d'élever le mental des mortels et de transférer les âmes immortelles des hommes jusqu'aux hauteurs divines et aux niveaux spirituels de la perfection paradisiaque. Et, par l'expérience transformant ainsi la nature humaine des créatures temporelles en nature divine des finalitaires éternels, les Ajusteurs donnent naissance à un type unique d'êtres formés par l'union éternelle de l'Ajusteur parfait et de la créature devenue parfaite, type que nulle autre technique de l'univers ne serait en mesure de reproduire.

108:0.2 Dans tout l'univers, rien ne peut remplacer le fait de l'expérience sur les niveaux non existentiels. Comme toujours, le Dieu infini est complet et parachevé, infiniment inclusif de toutes choses, sauf du mal et de l'expérience des créatures. Dieu ne peut mal faire ; il est infaillible. Dieu ne peut connaître expérientiellement ce qu'il n'a jamais expérimenté personnellement. La préconnaissance de Dieu est existentielle. C'est pourquoi l'esprit du Père descend du Paradis pour participer avec les mortels finis à toute expérience de bonne foi dans la carrière ascendante ; c'est seulement par cette méthode que le Dieu existentiel pouvait devenir, en vérité et en fait, le Père expérientiel de l'homme. L'infinité du Dieu éternel englobe le potentiel pour l'expérience du fini, lequel potentiel s'actualise, en vérité, dans le ministère des fragments Ajusteurs qui partagent effectivement l'expérience des vicissitudes de la vie humaine.

108.1  Sélection et Affectation

108:1.1 Quand des Ajusteurs sont envoyés de Divinington pour servir auprès des mortels, leurs dotations de divinité existentielle sont identiques, mais ils diffèrent en qualités expérientielles proportionnellement à leurs contacts antérieurs avec des créatures évolutionnaires et en elles. Nous ne pouvons pas expliquer d'après quelles données les Ajusteurs sont affectés, mais nous supposons que ces dons divins sont attribués selon une sage et efficace politique d'une éternelle aptitude à s'adapter à la personnalité habitée. Nous constatons que les Ajusteurs les plus expérimentés habitent souvent le mental humain de type supérieur. Les facteurs héréditaires humains doivent donc jouer un rôle considérable dans la sélection et l'affectation des Ajusteurs.

108:1.2 Bien que nous ne le sachions pas précisément, nous croyons fermement que tous les Ajusteurs de Pensée sont des volontaires ; mais, avant qu'ils ne s'engagent volontairement, ils sont en possession des données complètes concernant le candidat susceptible d'être habité. Les comptes rendus séraphiques sur la généalogie des candidats et sur les modèles projetés pour leur conduite de vie sont transmis, par la voie du Paradis, au corps de réserve des Ajusteurs sur Divinington. La transmission s'effectue par la technique de réflectivité dirigée vers l'intérieur, depuis les capitales des univers locaux jusqu'aux sièges des superunivers. Ces prévisions ne couvrent pas seulement les antécédents héréditaires du candidat mortel, mais aussi l'estimation de ses facultés intellectuelles et de sa capacité spirituelle probables. L'Ajusteur habite donc volontairement un mental dont il connaît pleinement la nature intime.

108:1.3 L'Ajusteur qui se porte volontaire est particulièrement intéressé par trois qualifications du candidat humain :

108:1.4 1. La capacité intellectuelle. Le mental est-il normal ? Quel est le potentiel intellectuel, la capacité de l'intelligence ? L'individu peut-il devenir une créature volitive authentique ? La sagesse aura-t-elle l'occasion de se manifester ?

108:1.5 2. La perception spirituelle. Les perspectives de développement du sentiment de révérence, la naissance et la croissance de la nature religieuse. Quel est le potentiel d'âme, sa capacité de réceptivité spirituelle probable ?

108:1.6 3. Les pouvoirs intellectuels et spirituels conjugués. Le degré auquel ces deux facultés peuvent être associées, conjuguées, de manière à donner de la force au caractère humain et à contribuer de manière certaine à l'évolution d'une âme immortelle ayant valeur de survie.

108:1.7 Nous croyons qu'en présence de ces faits, les Moniteurs s'offrent volontairement pour une affectation. Il est probable que plusieurs Ajusteurs se présenteront pour un poste. Peut-être les ordres personnalisés superviseurs choisissent-ils, dans le groupe de volontaires, celui qui est le mieux qualifié pour la tâche de spiritualiser et rendre éternelle la personnalité du candidat mortel. (Pour l'affectation et le service des Ajusteurs, le sexe de la créature n'entre pas en considération.)

108:1.8 Le court intervalle de temps entre l'offre d'être volontaire et l'envoi effectif de l'Ajusteur est probablement employé sur Divinington dans les écoles des Moniteurs Personnalisés. Là, un modèle actif du mental du mortel en expectative sert à enseigner à l'Ajusteur les plans les plus efficaces pour aborder la personnalité et spiritualiser le mental. Le modèle de mental en question est établi par une combinaison de données fournies par le service de réflectivité du superunivers. Du moins c'est cela que nous comprenons, et notre croyance vient de ce que les Messagers Solitaires, au cours de leur longue carrière universelle, ont réuni des renseignements obtenus par contact avec beaucoup d'Ajusteurs Personnalisés.

108:1.9 Quand les Ajusteurs sont effectivement expédiés de Divinington, il ne s'écoule pratiquement aucun délai entre le moment de leur départ et celui de leur apparition dans le mental du sujet qu'ils ont choisi. La durée moyenne du transit d'un Ajusteur entre Divinington et Urantia est de 117 heures 42 minutes et 7 secondes. La totalité de ce temps est pratiquement employée à l'enregistrement sur Uversa.

108.2  Conditions Préalables au Séjour des Ajusteur

108:2.1 Bien que les Ajusteurs s'offrent volontairement à servir dès que les prévisions concernant une personnalité ont été transmises à Divinington, en fait ils ne reçoivent pas leur affectation avant que le sujet humain ait pris sa première décision de personnalité morale. Le premier choix moral d'un enfant des hommes est automatiquement noté chez le septième adjuvat mental et enregistré immédiatement, par l'intermédiaire de l'Esprit Créatif de l'univers local, sur le circuit universel de gravité mentale de l'Acteur Conjoint. Cet enregistrement s'inscrit en présence du Maitre Esprit qui a juridiction sur le superunivers, et celui-ci transmet aussitôt le renseignement à Divinington. Les Ajusteurs rejoignent leur sujet humain sur Urantia en moyenne juste avant qu'il n'ait six ans. Dans la présente génération, le chiffre moyen de cinq ans, dix mois et quatre jours, c'est-à-dire après 2.134 jours de la vie terrestre de l'enfant.

108:2.2 Les Ajusteurs ne peuvent pas investir le mental mortel avant qu'il n'ait été dument préparé par le ministère intérieur des esprits-mentaux adjuvats et encircuité dans le Saint-Esprit. L'action coordonnée des sept adjuvats est nécessaire pour qualifier le mental humain à recevoir un Ajusteur. Il faut que le mental de la créature manifeste une tendance à l'adoration et dénote le fonctionnement de la sagesse en montrant son aptitude à choisir entre les valeurs émergentes du bien et du mal - à faire un choix moral.

108:2.3 Ainsi, tout est en place dans le mental humain pour recevoir les Ajusteurs, mais, en règle générale, ceux-ci ne viennent pas immédiatement occuper un tel mental, sauf sur les mondes où l'Esprit de Vérité fonctionne comme coordonnateur spirituel des divers ministères d'esprits. Si cet esprit des Fils d'effusion est présent, les Ajusteurs arrivent infailliblement dès que le septième esprit-mental adjuvat commence à fonctionner et signale à l'Esprit-Mère de l'Univers qu'il a accompli, en puissance, la coordination des six adjuvats associés qui avaient précédemment apporté leur ministère à l'intellect du mortel intéressé. C'est pourquoi, depuis le jour de la Pentecôte, les Ajusteurs divins ont été universellement attribués sur Urantia à tout mental normal ayant statut moral.

108:2.4 Même dans le cas où un mental est doué de l'Esprit de Vérité, l'Ajusteur ne peut envahir arbitrairement l'intellect humain avant l'apparition d'une décision morale ; mais, quand une telle décision morale a été prise, cet aide d'esprit assume sa juridiction directement depuis Divinington. Il n'y a ni intermédiaires ni autres autorités ou pouvoirs intervenant entre les Ajusteurs divins et leur sujet humain. Dieu et l'homme sont reliés directement.

108:2.5 Avant l'époque où l'Esprit de Vérité est répandu sur les habitants d'un monde évolutionnaire, l'effusion des Ajusteurs paraît être déterminée par de nombreuses influences d'esprits et attitudes de la personnalité. Nous ne comprenons pas pleinement les lois qui gouvernent ces effusions ; nous ne saisissons pas exactement ce qui détermine l'affectation d'un Ajusteur qui s'est porté volontaire pour habiter un mental en évolution. Par contre, nous observons de nombreuses influences et conditions qui paraissent associées à l'arrivée de l'Ajusteur dans ce mental avant l'effusion de l'Esprit de Vérité, et nous pouvons citer les suivantes :

108:2.6 1. L'affectation de gardiens séraphiques personnels. Si un mortel n'a pas déjà été habité par un Ajusteur, l'affectation d'un gardien personnel fait aussitôt arriver un Ajusteur. Il existe une relation très nette, mais inconnue, entre le ministère des Ajusteurs et celui des gardiens séraphiques personnels.

108:2.7 2. Le fait d'atteindre le troisième cercle d'accomplissement intellectuel et d'aboutissement spirituel. J'ai observé des Ajusteurs arrivant dans un mental mortel lors de la conquête du troisième cercle, et avant même que cet exploit ait pu être signalé aux personnalités de l'univers local chargées de ce genre d'affaires.

108:2.8 3. Lors de la prise d'une décision suprême d'importance spirituelle inhabituelle. Un tel comportement humain, dans une crise planétaire où la personne est impliquée, provoque généralement l'arrivée immédiate de l'Ajusteur en attente.

108:2.9 4. L'esprit de fraternité. Indépendamment du franchissement des cercles psychiques et de l'affectation de gardiens personnels - en l'absence de tout facteur ressemblant à une décision de crise - quand un mortel en évolution commence à être dominé par l'amour de ses compagnons et se consacre à un ministère désintéressé auprès de ses frères incarnés, l'Ajusteur en attente descend invariablement pour habiter le mental d'un tel mortel.

108:2.10 5. La déclaration d'intention de faire la volonté de Dieu. Nous constatons que beaucoup de mortels des mondes de l'espace semblent prêts à recevoir des Ajusteurs et, que pourtant, ces Moniteurs n'apparaissent pas. Continuons à observer ces créatures dans leur vie au jour le jour. Bientôt, elles arrivent insensiblement et presque inconsciemment à la décision de commencer à vouloir faire la volonté du Père qui est aux cieux. Nous remarquons, alors, que des Ajusteurs de Pensée leur sont immédiatement envoyés.

108:2.11 6. L'influence de l'Être Suprême. Sur des mondes où les Ajusteurs ne fusionnent pas avec l'âme évoluante des habitants mortels, nous constatons que des Ajusteurs sont parfois attribués en réponse à des influences qui dépassent entièrement notre compréhension. Nous conjecturons que ces effusions sont déterminées par une action réflexe cosmique prenant naissance chez l'Être Suprême. Quant aux raisons pour lesquelles ces Ajusteurs ne fusionnent pas ou ne peuvent pas fusionner avec ce type particulier de mental mortel en évolution, nous les ignorons. Ces opérations ne nous ont jamais été révélées.

108.3  Organisation et Administration

108:3.1 Autant que nous le sachions, les Ajusteurs sont organisés en une unité opératoire indépendante dans l'univers des univers et sont apparemment administrés directement depuis Divinington. Ils sont uniformes dans les sept superunivers ; tous les univers locaux sont servis par des types identiques de Moniteurs de Mystère. Nous savons, par observation, qu'il existe de nombreuses séries d'Ajusteurs impliquant une organisation sérielle qui s'étend à travers les races, sur les dispensations et aux mondes, systèmes et univers. Il est toutefois extrêmement difficile de suivre la trace de ces dons divins parce qu'ils fonctionnent de façon interchangeable dans tout le grand univers.

108:3.2 La liste complète des Ajusteurs n'existe (en dehors de Divinington) qu'aux sièges des sept superunivers. Le numéro et l'ordre de chaque Ajusteur habitant chaque créature ascendante sont indiqués par les autorités du Paradis au siège du superunivers ; de là, ils sont communiqués au siège de l'univers local intéressé et transmis à la planète particulière impliquée. Mais les archives de l'univers local ne révèlent pas le nombre total des Ajusteurs de Pensée ; les archives de Nébadon contiennent seulement celui des Ajusteurs affectés à l'univers local, tel que ce nombre est indiqué par les représentants des Anciens des Jours. La vraie importance du nombre complet d'Ajusteurs n'est connue que sur Divinington.

108:3.3 Les sujets humains sont souvent connus par le numéro de leur Ajusteur. Les mortels ne reçoivent pas de vrais noms universels avant leur fusion avec leur Ajusteur, union qui est justement signalée par l'octroi du nouveau nom à la nouvelle créature par le gardien de sa destinée.

108:3.4 Bien que nous connaissions les archives des Ajusteurs dans Orvonton et bien que nous n'ayons absolument aucune autorité sur les Ajusteurs ni aucune liaison administrative avec eux, nous croyons fermement qu'il existe une très étroite liaison administrative entre les mondes individuels des univers locaux et la demeure centrale des dons divins sur Divinington. Nous savons qu'à la suite de l'apparition d'un Fils d'effusion Paradisiaque sur un monde évolutionnaire, un Ajusteur Personnalisé est affecté à ce monde comme superviseur planétaire des Ajusteurs.

108:3.5 Il est intéressant de noter qu'en procédant à l'examen d'une planète, les inspecteurs de l'univers local s'adressent toujours au chef planétaire des Ajusteurs de Pensée, de même que, pour présenter leurs recommandations, ils s'adressent aux chefs séraphins et aux dirigeants des autres ordres d'êtres attachés à l'administration d'un monde en évolution. Urantia a subi récemment une de ces inspections périodiques par Tabamantia, superviseur souverain de toutes les planètes où sont effectuées les expériences de vie de l'univers de Nébadon. Les archives révèlent qu'en plus de ses remontrances et de ses critiques formulées auprès des divers chefs des personnalités suprahumaines, il a aussi remis au chef des Ajusteurs le témoignage de reconnaissance ci-dessous. Nous ne savons pas très bien si ce chef se trouvait sur Urantia, sur Salvington, sur Uversa ou sur Divinington, mais voici ce qu'a dit Tabamantia :

108:3.6 « Ayant reçu temporairement autorité sur les séries de planètes expérimentales, je viens vers vous, qui êtes de loin mes supérieurs, et je viens exprimer mon admiration et mon profond respect pour le magnifique groupe de ministres célestes, les Moniteurs de Mystère, qui a volontairement servi sur cette sphère anormale. Quelque pénibles que puissent être les crises, vous ne chancelez jamais. Ni dans les annales de Nébadon, ni devant les commissions d'Orvonton, nul n'a jamais porté d'accusation contre un Ajusteur divin. Vous avez été loyaux dans vos missions, vous avez été divinement fidèles. Vous avez aidé à rectifier les erreurs et à compenser les défaillances de tous ceux qui travaillent sur cette planète troublée. Vous êtes des êtres merveilleux, gardiens du bien chez les âmes de ce monde arriéré. Je vous rends hommage, bien que vous soyez apparemment sous ma juridiction comme ministres volontaires. Je m'incline devant vous en reconnaissant humblement votre désintéressement délicat, votre ministère compréhensif et votre dévouement impartial. Vous méritez le nom de divins serviteurs des habitants mortels de ce monde déchiré de conflits, frappé de malheurs et affligé de maladies. Je vous honore ! Je vous rends presque un culte ! »

108:3.7 Comme suite à une série de faits tendant à le prouver, nous croyons que les Ajusteurs sont hautement organisés, qu'il existe une administration profondément intelligente et efficace dirigeant ces dons divins à partir d'une très lointaine source centrale, probablement Divinington. Nous savons qu'ils viennent de Divinington vers les mondes, et ils y retournent indubitablement après la mort de leur sujet.

108:3.8 Chez les ordres supérieurs d'esprits, il est excessivement difficile de découvrir les mécanismes d'administration. Tout en s'occupant d'accomplir leurs devoirs spécifiques, les personnalités de mon ordre participent certainement inconsciemment, avec de nombreux autres groupes de subdéités personnels et impersonnels, à servir conjointement d'agents de liaison de l'immense univers. Nous soupçonnons que nous servons ainsi parce que nous sommes (en dehors des Ajusteurs Personnalisés) le seul groupe de créatures personnalisées qui soit uniformément conscient de la présence de nombreux ordres d'entités prépersonnelles.

108:3.9 Nous avons conscience de la présence des Ajusteurs, qui sont des fragments de la Déité prépersonnelle de la Source-Centre Première. Nous sentons la présence des Esprits Inspirés de la Trinité, qui sont des expressions suprapersonnelles de la Trinité du Paradis. De même, nous détectons infailliblement la présence spirituelle de certains ordres non révélés d'entités issues du Fils Éternel et de l'Esprit Infini, et nous ne sommes pas entièrement insensibles à d'autres entités qui ne vous sont pas révélées.

108:3.10 Les Melchizédeks de Nébadon enseignent que les Messagers Solitaires sont les coordonnateurs de personnalité de ces différentes influences à mesure qu'elles s'enregistrent dans la Déité en expansion de l'Être Suprême évolutionnaire. Il est très possible que nous participions à l'unification expérientielle de beaucoup de phénomènes inexpliqués du temps, mais nous ne sommes pas consciemment certains de fonctionner ainsi.

108.4  Relations avec d'Autres Influences Spirituelles

108:4.1 À part une coordination possible avec d'autres fragments de la Déité, les Ajusteurs sont entièrement seuls dans leur sphère d'activité dans le mental des mortels. En apparence, le Père peut avoir renoncé à tout exercice direct de pouvoir ou d'autorité personnels dans le grand univers par un acte d'abnégation en faveur des Créateurs Suprêmes, enfants des Déités du Paradis. Les Moniteurs de Mystère démontrent éloquemment le fait que, malgré cela, le Père s'est certainement réservé le droit imprescriptible d'être présent dans le mental et l'âme de ses créatures en évolution afin de pouvoir attirer vers lui l'ensemble des créatures, en coordination avec la gravité spirituelle des Fils du Paradis. Quand votre Fils d'effusion du Paradis était encore sur Urantia, il a dit : « Et moi, si je suis élevé, j'attirerai tous les hommes. » Nous reconnaissons et nous comprenons ce pouvoir spirituel d'attraction des Fils du Paradis et de leurs associés créatifs, mais nous ne comprenons pas aussi complètement les méthodes du Père infiniment sage quand il opère dans et à travers les Moniteurs de Mystère qui vivent et travaillent si courageusement dans le mental humain.

108:4.2 Bien que ces mystérieuses présences ne soient pas subordonnées au travail de l'univers des univers, ni coordonnées avec lui, ni apparemment en liaison avec lui, et bien qu'elles agissent indépendamment dans le mental des enfants des hommes, elles poussent constamment les créatures qu'elles habitent vers des idéaux divins, les attirant toujours plus haut vers les buts et desseins d'une vie future et meilleure. Ces Moniteurs de Mystère aident continuellement à établir la domination spirituelle de Micaël dans tout l'univers de Nébadon, tout en contribuant mystérieusement à stabiliser la souveraineté des Anciens des Jours dans Orvonton. Les Ajusteurs sont la volonté de Dieu, et, puisque les Créateurs Suprêmes, enfants de Dieu, incorporent personnellement aussi la même volonté, il est inévitable que les actes des Ajusteurs et la souveraineté des chefs d'univers locaux soient mutuellement interdépendants. Bien que sans connexion apparente, la présence du Père par les Ajusteurs et la souveraineté du Père par Micaël de Nébadon doivent être des manifestations différentes de la même divinité.

108:4.3 Les Ajusteurs de Pensée semblent aller et venir sans tenir le moindre compte de toute autre présence spirituelle ; ils paraissent opérer selon des lois universelles tout à fait différentes de celles qui gouvernent et contrôlent les accomplissements de toutes les autres influences spirituelles. Malgré cette indépendance apparente, les observations à long terme révèlent indiscutablement que les Ajusteurs opèrent dans le mental humain en coordination et en synchronisme parfaits avec tous les autres ministères d'esprit, y compris les esprits-mentaux adjuvats, le Saint-Esprit, l'Esprit de Vérité et d'autres influences.

108:4.4 Quand un monde est isolé par suite de rébellion, quand une planète est coupée de tous les circuits de communications extérieures, comme le fut Urantia après la rébellion de Caligastia, il ne reste, en dehors des messagers personnels, qu'une seule possibilité de communiquer directement avec des planètes et avec l'univers, et c'est par la liaison des Ajusteurs de Pensée des sphères. Quoi qu'il arrive sur un monde ou dans un univers, les Ajusteurs ne sont jamais directement concernés. L'isolement d'une planète n'affecte en aucune manière ni les Ajusteurs ni leur aptitude à communiquer avec n'importe quelle partie de l'univers local, du superunivers ou de l'univers central. C'est pourquoi, sur les mondes en quarantaine, des contacts s'établissent si fréquemment avec les Ajusteurs suprêmes et autonomes du corps de réserve de la destinée. On a recours à cette technique comme moyen de pallier les handicaps de l'isolement planétaire. Au cours des dernières années, le circuit des Archanges a fonctionné sur Urantia, mais ce moyen de communication est principalement limité aux affaires propres au groupe des archanges.

108:4.5 Nous sommes au courant de beaucoup de phénomènes spirituels qui se produisent dans le vaste univers et que nous n'arrivons pas à comprendre complètement. Nous ne sommes pas encore maitres de tout ce qui se passe autour de nous ; et je crois qu'une grande partie de ce travail insondable est effectuée par les Messagers de Gravité et par certains types de Moniteurs de Mystère. Je ne crois pas que les Ajusteurs se consacrent uniquement à remodeler le mental humain. Je suis persuadé que les Moniteurs Personnalisés et d'autres ordres d'esprits prépersonnels non révélés représentent le contact direct et inexpliqué du Père Universel avec les créatures des mondes habités.

108.5  La Mission des Ajusteurs

108:5.1 Les Ajusteurs acceptent une mission difficile quand ils s'offrent comme volontaires pour habiter des êtres composites comme ceux qui vivent sur Urantia. Mais ils ont assumé la tâche d'exister dans votre mental, d'y recevoir les recommandations des intelligences spirituelles des royaumes et d'entreprendre de dicter ou de traduire ces messages spirituels au mental matériel. Ils sont indispensables pour l'ascension vers le Paradis.

108:5.2 Ce que l'Ajusteur ne peut utiliser dans votre vie présente, ces vérités qu'il ne peut réussir à transmettre à l'homme de ses fiançailles, il les préservera fidèlement pour les utiliser au cours de votre prochain stade d'existence, de même qu'actuellement il transporte de cercle en cercle les éléments qu'il ne peut incorporer dans l'expérience de son sujet humain, à cause de l'inaptitude ou de la carence de la créature à fournir un degré suffisant de coopération.

108:5.3 Vous pouvez compter sur une chose : les Ajusteurs ne perdront jamais rien de ce qui est confié à leurs soins ; nous n'avons jamais entendu parler de défaillances chez ces aides d'esprit. Les anges et d'autres êtres spirituels de type élevé, y compris les types de Fils des univers locaux, peuvent occasionnellement embrasser le mal, peuvent parfois s'écarter du chemin divin, mais les Ajusteurs ne chancellent jamais. On peut absolument se fier à eux, et c'est également vrai pour chacun de leurs sept groupes.

108:5.4 Votre Ajusteur est le potentiel de votre nouvel et prochain ordre d'existence, le don anticipé de votre filiation éternelle avec Dieu. Par et avec le consentement de votre volonté, l'Ajusteur a le pouvoir de soumettre les tendances naturelles du mental matériel à l'action transformatrice des motivations et desseins de votre âme morontielle émergente.

108:5.5 Les Moniteurs de Mystère n'aident pas à penser ; ils ajustent la pensée. Ils travaillent avec le mental matériel en vue de construire, par ajustement et spiritualisation, un nouveau mental pour votre carrière future sur de nouveaux mondes et sous un nouveau nom. Leur mission concerne principalement la vie future, et non la présente. On les appelle aides célestes, et non aides terrestres. Ils ne cherchent pas à faciliter la carrière mortelle ; ils s'occupent plutôt de rendre votre vie raisonnablement difficile et accidentée, afin de stimuler et de multiplier vos décisions. La présence d'un grand Ajusteur de Pensée ne vous donne pas une vie facile et ne vous décharge pas d'avoir à penser énergiquement, mais ce don divin devrait vous conférer une sublime paix mentale et une magnifique tranquillité d'esprit.

108:5.6 Vos émotions passagères et toujours changeantes de joie et de tristesse sont surtout des réactions purement humaines et matérielles à votre climat psychique interne et à votre entourage matériel externe. Ne comptez donc pas sur l'Ajusteur pour des consolations égoïstes et un réconfort humain. Son affaire est de vous préparer à l'aventure éternelle, d'assurer votre survie. Le Moniteur de Mystère n'a pas pour mission d'adoucir vos sentiments d'irritation ou de panser votre orgueil blessé. C'est la préparation de votre âme à la longue carrière ascendante qui retient l'attention et occupe le temps de l'Ajusteur.

108:5.7 Je doute de mon aptitude à vous expliquer exactement ce que les Ajusteurs font dans votre mental et pour votre âme. Je ne crois pas savoir complètement ce qui se passe dans l'association cosmique d'un Moniteur divin et d'un mental humain. Cela reste quelque peu mystérieux pour nous, non quant au plan et au dessein, mais quant au mode effectif d'accomplissement. C'est précisément pourquoi nous nous trouvons en face de si grandes difficultés pour donner un nom approprié à ces dons célestes faits aux mortels.

108:5.8 Les Ajusteurs de Pensée aimeraient changer vos sentiments de crainte en convictions d'amour et de confiance, mais ils ne peuvent le faire arbitrairement et mécaniquement ; c'est à vous que cela incombe. En exécutant les décisions qui vous libèrent des entraves de la crainte, vous fournissez littéralement le point d'appui psychique sur lequel l'Ajusteur peut ensuite appliquer le levier spirituel d'une illumination qui vous élève et vous fait progresser.

108:5.9 Quand on en vient aux conflits aigus et bien définis entre les tendances supérieures et inférieures des races, entre ce qui est réellement bien ou mal (et non simplement ce que vous pouvez appeler bien et mal) vous pouvez compter que l'Ajusteur participera toujours nettement et activement à de telles expériences. Le fait que le partenaire humain puisse être inconscient de telles activités de l'Ajusteur ne retire à cette activité rien de sa valeur et de sa réalité.

108:5.10 Si vous avez un gardien personnel de destinée et si vous ne réussissez pas à survivre, cet ange gardien devra être jugé pour recevoir la justification de l'exécution fidèle de sa mission de confiance. Par contre, les Ajusteurs de Pensée ne sont pas soumis ainsi à une enquête quand leurs sujets ne réussissent pas à survivre. Nous savons tous qu'un ange peut parfois manquer de perfection dans son ministère, mais que les Ajusteurs de Pensée travaillent avec la Perfection du Paradis ; leur ministère est caractérisé par une technique impeccable qui échappe à toute critique possible par des êtres extérieurs à Divinington. Vous avez des guides parfaits ; c'est pourquoi la perfection est un but certainement accessible.

108.6  Dieu en l'Homme

108:6.1 C'est vraiment une merveille de condescendance divine que des Ajusteurs exaltés et parfaits s'offrent pour une existence effective dans le mental des créatures matérielles, telles que les mortels d'Urantia, pour consommer réellement une union probatoire avec des êtres terrestres d'origine animale.

108:6.2 Quel que soit le statut antérieur des habitants d'un monde, consécutivement à l'effusion d'un Fils divin et après l'effusion de l'Esprit de Vérité sur tous les humains, les Ajusteurs accourent en foule sur ce monde pour habiter le mental de toutes les créatures volitives normales. À la suite du parachèvement de la mission d'un Fils d'effusion du Paradis, ces Moniteurs deviennent vraiment le « royaume des cieux en vous » . Par l'effusion des dons divins, le Père s'approche autant qu'il est possible du mal et du péché, car il est littéralement vrai que l'Ajusteur doit coexister dans le mental mortel, même au milieu de l'injustice humaine. Les Ajusteurs intérieurs sont particulièrement tourmentés par les pensées purement égoïstes et viles. Ils sont affligés par l'irrévérence envers ce qui est beau et divin, et ils sont pratiquement contrecarrés dans leur travail par beaucoup d'absurdes peurs animales et anxiétés infantiles des hommes.

108:6.3 Les Moniteurs de Mystère sont indubitablement le don du Père Universel, le reflet de l'image de Dieu projeté dans l'univers. Un grand éducateur avertit jadis les hommes qu'ils devaient être renouvelés dans l'esprit de leur mental, qu'ils devaient devenir des hommes nouveaux, semblables à Dieu, créés en droiture et en parachèvement de la vérité. L'Ajusteur est la marque de la divinité, la présence de Dieu. « L'image de Dieu » ne se rapporte ni à une ressemblance physique ni aux limitations restreintes des facultés des créatures matérielles, mais plutôt au don de la présence spirituelle du Père Universel dans l'effusion céleste des Ajusteurs de Pensée sur les humbles créatures des univers.

108:6.4 L'Ajusteur est la source d'aboutissement spirituel et l'espoir d'avoir en vous un caractère divin. Il est le pouvoir, le privilège et la possibilité de survie qui vous distinguent si entièrement et pour toujours, des créatures simplement animales. Il est le stimulus spirituel de la pensée, supérieur et vraiment interne, par opposition au stimulus externe et physique atteignant le mental par le mécanisme nerveux-énergétique du corps matériel.

108:6.5 Ces fidèles conservateurs de la carrière future doublent infailliblement chaque création mentale d'une contrepartie spirituelle ; lentement et sûrement, ils vous recréent tels que vous êtes réellement (mais seulement en esprit) en vue de la résurrection sur les mondes de survie. Toutes ces délicates recréations spirituelles sont conservées dans la réalité émergente de votre âme immortelle en évolution, votre moi morontiel. Ces réalités existent effectivement, bien que l'Ajusteur soit rarement dans la possibilité d'élever ces reproductions à un niveau suffisant pour les exposer à la lumière de la conscience.

108:6.6 De même que vous en êtes le parent humain, de même l'Ajusteur est le parent divin de votre personne réelle, votre moi supérieur progressant, votre moi morontiel meilleur et votre moi spirituel futur. Et c'est votre âme morontielle évoluante que discernent les juges et les censeurs quand ils décrètent votre survie et qu'ils vous élèvent dans de nouveaux mondes et dans l'existence sans fin en liaison éternelle avec votre fidèle partenaire - Dieu, l'Ajusteur.

108:6.7 Les Ajusteurs sont les ancêtres éternels, les divins originaux de votre âme immortelle en évolution ; ils sont l'impulsion incessante qui conduit l'homme à tenter de maitriser sa présente existence matérielle à la lumière de sa future carrière spirituelle. Les Moniteurs sont les prisonniers d'un espoir invincible, les sources d'une progression perpétuelle. Combien ils sont heureux de communiquer avec leur sujet par des canaux plus ou moins directs ! Quelle immense joie ils éprouvent à se passer de symboles et d'autres méthodes détournées pour adresser directement leurs messages comme des éclairs à l'intellect de leur partenaire humain !

108:6.8 Vous autres humains, vous avez commencé le déploiement sans fin d'un panorama à peu près infini, une expansion illimitée et perpétuelle dans des sphères toujours plus vastes, vous offrant des occasions de service réjouissant, d'aventures incomparables, d'incertitudes sublimes et d'accomplissements sans bornes. Quand les nuages s'amoncellent au-dessus de votre tête, votre foi devrait accepter le fait de la présence de l'Ajusteur intérieur, vous devriez donc être capables de regarder au delà des brouillards des incertitudes de mortel, dans la lumière du soleil d'éternelle droiture qui éclaire les hauteurs des mondes des maisons de Satania, et qui vous appellent.

108:6.9 [Présenté par un Messager Solitaire d'Orvonton.]

109. Position des Ajusteurs par Rapport aux Créatures de l'Univers

109:0.1 LES Ajusteurs de Pensée sont les enfants de la carrière universelle, et en vérité il faut que les Ajusteurs vierges acquièrent de l'expérience pendant que les créatures mortelles croissent et se développent. De même que la personnalité de l'enfant grandit pour les luttes de l'existence évolutionnaire, de même l'Ajusteur grandit au cours de l'entrainement préparatoire au stade suivant de la vie ascendante. De même que l'enfant acquiert une flexibilité d'adaptation en vue de ses activités d'adulte en s'adonnant, dans sa prime enfance, à la vie de société et de jeux, de même l'Ajusteur intérieur acquiert de l'habileté, pour le stade suivant de vie cosmique, en préparant et en répétant, sur le plan mortel, les activités préliminaires qui intéressent la carrière morontielle. L'existence humaine constitue une période de pratique, efficacement employée par l'Ajusteur à se préparer aux responsabilités accrues et aux occasions plus importantes d'une vie future. Mais les efforts de l'Ajusteur, pendant qu'il vit en vous, ne sont pas particulièrement tournés vers les affaires de la vie temporelle et de l'existence planétaire. Les Ajusteurs de Pensée font, aujourd'hui, une sorte de répétition générale des réalités de la carrière universelle dans le mental évoluant des êtres humains.

109.1  Développement des Ajusteurs

109:1.1 Il doit exister un plan complet et minutieux pour éduquer et développer les Ajusteurs vierges avant de les envoyer hors de Divinington, mais en réalité nous ne savons pas grand-chose sur ce sujet. Il existe indubitablement aussi un système étendu pour rééduquer les Ajusteurs qui ont l'expérience d'avoir habité un mortel, avant qu'ils ne se lancent dans une nouvelle mission d'association avec un autre, mais de cela non plus nous ne sommes pas réellement informés.

109:1.2 Des Ajusteurs Personnalisés m'ont dit que, chaque fois qu'un homme habité par un Moniteur ne réussit pas à survivre, le Moniteur est soumis à un cours d'entrainement complémentaire lors de son retour à Divinington. Cette éducation additionnelle est rendue possible par l'expérience d'avoir habité un humain, et elle est toujours donnée avant que l'Ajusteur ne soit renvoyé sur les mondes évolutionnaires du temps.

109:1.3 L'expérience vivante effective n'a pas de substitut cosmique. La perfection de divinité d'un Ajusteur de Pensée nouvellement formé ne dote, en aucune manière, ce Moniteur de Mystère d'une aptitude à remplir un ministère expérimenté. L'expérience est inséparable d'une existence vivante ; elle est la seule chose qu'aucun don divin ne peut vous dispenser d'acquérir par la vie effective. C'est pourquoi, au même titre que tous les êtres qui vivent et fonctionnent dans la sphère présente du Suprême, les Ajusteurs de Pensée doivent acquérir de l'expérience. Il faut qu'ils avancent par évolution, depuis les groupes inférieurs inexpérimentés jusqu'aux groupes supérieurs plus expérimentés.

109:1.4 Les Ajusteurs passent par une carrière précise de développement dans le mental des mortels. Ils atteignent une réalité d'accomplissement qui reste éternellement à leur actif. Ils acquièrent progressivement leur habileté et leurs aptitudes d'Ajusteur à la suite de tous leurs contacts avec les races matérielles, indépendamment de la survie ou de la non-survie de leur sujet mortel particulier. Ils sont aussi associés à égalité avec le mental humain pour stimuler l'évolution de l'âme immortelle capable de survivre.

109:1.5 Les Ajusteurs atteignent leur premier stade d'évolution en fusionnant avec l'âme survivante d'un être mortel. Ainsi, par nature, vous évoluez vers l'intérieur et vers le haut, depuis l'homme jusqu'à Dieu, tandis que les Ajusteurs évoluent vers l'extérieur et vers le bas, depuis Dieu jusqu'à l'homme. Et ainsi le produit final de cette union de la divinité et de l'humanité sera éternellement le fils de l'homme et le fils de Dieu.

109.2  Les Ajusteurs Autonomes

109:2.1 Vous avez été mis au courant de la classification des Ajusteurs d'après leur expérience - Ajusteurs vierges, avancés et suprêmes. Il faut aussi reconnaître une certaine classification fonctionnelle - les Ajusteurs autonomes. Un Ajusteur est classé comme autonome si :

109:2.2 1. Il a acquis une certaine expérience nécessaire dans la vie évoluante d'une créature volitive, soit en l'habitant temporairement sur un type de monde où les Ajusteurs sont seulement prêtés aux sujets mortels, soit sur une planète où la fusion est effective, mais où son humain n'a pas réussi à survivre. Ce Moniteur est ou bien un Ajusteur avancé ou bien un Ajusteur suprême.

109:2.3 2. Il a acquis l'équilibre du pouvoir spirituel chez un humain qui a franchi le troisième cercle psychique et s'est vu affecter un ange gardien personnel.

109:2.4 3. Il a un sujet qui a pris la décision suprême, qui s'est solennellement et sincèrement fiancé avec son Ajusteur. L'Ajusteur voit d'avance le moment où la fusion se réalisera et considère l'union comme un fait accompli.

109:2.5 4. Il a un sujet qui a été enrôlé dans l'un des corps de réserve de la destinée sur un monde évolutionnaire d'ascension des mortels.

109:2.6 5. À un moment donné, au cours du sommeil humain, il a été temporairement détaché du mental du mortel, où il était confiné, pour accomplir quelque exploit de liaison, de contact, de réenregistrement ou un autre service extrahumain lié à l'administration spirituelle du monde de son affectation.

109:2.7 6. Il a servi, en temps de crise, dans l'expérience d'un être humain qui était le complément matériel d'une personnalité spirituelle chargée d'accomplir quelque mission cosmique essentielle à l'économie spirituelle de la planète.

109:2.8 Les Ajusteurs autonomes semblent doués de volonté à un degré notable dans toutes les affaires qui n'impliquent pas la personnalité humaine de leur habitat immédiat, ainsi que le prouvent leurs nombreux exploits au-dedans et au-dehors des mortels auxquels ils sont attachés. Ces Ajusteurs participent à de multiples activités du royaume, mais fonctionnent plus souvent comme hôtes inaperçus des tabernacles terrestres qu'ils ont eux-même choisis.

109:2.9 Il est hors de doute que ces Ajusteurs d'un type plus élevé et plus expérimenté peuvent communiquer avec ceux qui travaillent dans d'autres royaumes. Bien que les Ajusteurs autonomes communiquent ainsi effectivement entre eux, ils ne le font que sur les niveaux de leur travail mutuel et dans le but de préserver des données qu'ils doivent conserver et qui sont essentielles au ministère des Ajusteurs dans les royaumes où ils séjournent ; on sait toutefois qu'en certaines occasions, ils ont agi dans des affaires interplanétaires en temps de crise.

109:2.10 Les Ajusteurs suprêmes et autonomes peuvent quitter le corps humain à volonté. Ces habitants ne forment pas une partie organique ou biologique de la vie d'un mortel ; ils se surimposent divinement à cette vie. Ils furent prévus dans les plans de vie originels, mais ne sont pas indispensables à l'existence matérielle. Il est néanmoins bon de noter que, même temporairement, ils quittent rarement leur tabernacle mortel après s'y être une fois installés.

109:2.11 Les Ajusteurs qui agissent sur un plan supérieur sont ceux qui ont achevé triomphalement les tâches qui leur étaient confiées et qui n'attendent plus que la dissolution du véhicule de vie matérielle ou le transfert de l'âme immortelle.

109.3  Position des Ajusteurs par Rapport aux Types de Mortels

109:3.1 Les caractéristiques du travail spécifique des Moniteurs de Mystère varient conformément à la nature de leur affectation, selon qu'ils sont des Ajusteurs de liaison ou des Ajusteurs de fusion. Certains Ajusteurs sont simplement prêtés pour la durée de vie temporelle de leur sujet ; d'autres sont effusés comme candidats à la personnalité avec la permission de fusionner pour l'éternité si leur sujet survit. Leur travail comporte aussi de légères variantes parmi les divers types planétaires ainsi que dans les différents systèmes et univers. Mais, dans l'ensemble, leurs travaux sont remarquablement uniformes, plus uniformes que ne le sont les devoirs de tout autre ordre créé d'êtres célestes.

109:3.2 Sur certains mondes primitifs (le groupe de la première série) les Ajusteurs habitent le mental des créatures à titre d'entrainement expérientiel, principalement pour se cultiver et se développer progressivement. Des Ajusteurs vierges sont généralement envoyés à ces mondes pendant la période initiale où les hommes primitifs arrivent dans la vallée des décisions, mais où relativement peu d'entre eux choisissent de s'élever à des hauteurs morales dépassant la maitrise de soi et l'acquisition du caractère, pour atteindre les niveaux supérieurs de la spiritualité émergente. (Toutefois, beaucoup d'humains qui ne réussissent pas à fusionner avec leur Ajusteur survivront comme ascendants fusionnés avec l'Esprit.) Les Ajusteurs reçoivent un entrainement précieux et acquièrent une expérience merveilleuse au cours de leur association transitoire avec le mental primitif, et ils peuvent utiliser ultérieurement cette expérience au profit d'êtres supérieurs sur d'autres mondes. Rien de ce qui a une valeur de survie n'est jamais perdu dans le vaste univers.

109:3.3 Sur un autre type de monde (le groupe de la deuxième série), les Ajusteurs sont simplement prêtés aux êtres humains. Là, les Moniteurs ne peuvent jamais atteindre la personnalité par fusion au moyen de ce séjour, mais ils apportent une aide considérable à leurs sujets humains pendant la vie mortelle de ces derniers, beaucoup plus qu'ils ne peuvent en donner aux mortels d'Urantia. En l'espèce, les Ajusteurs sont détachés auprès des créatures mortelles pour la durée d'une seule vie, comme modèles pour leur aboutissement spirituel supérieur. Ils servent d'auxiliaires temporaires dans la tâche mystérieuse de perfectionner un caractère susceptible de survivre. Ces Ajusteurs ne reviennent pas après la mort naturelle. Leurs partenaires survivants atteignent la vie éternelle par fusion avec l'Esprit.

109:3.4 Sur des mondes tels qu'Urantia (le groupe de la troisième série), il y a de vraies fiançailles avec les « dons divins » , un engagement pour la vie et pour la mort. Si vous survivez, il se produira une union éternelle, une fusion perpétuelle, la réunion en un seul être de l'homme et de l'Ajusteur.

109:3.5 Chez les mortels tricérébraux de cette série de mondes, les Ajusteurs parviennent à établir un contact réel beaucoup plus étendu avec leurs sujets pendant leur vie temporelle que dans le cas des types humains monocérébraux ou bicérébraux. Mais, après la mort, les types tricérébraux poursuivent leur carrière exactement comme les êtres à un ou deux cerveaux - à la manière des races d'Urantia.

109:3.6 Sur les mondes où les humains sont bicérébraux, et après le séjour d'un Fils d'effusion du Paradis, il est rare que des Ajusteurs vierges soient affectés à des personnes dont la capacité à survivre est indubitable. Nous croyons que, sur ces mondes, pratiquement tous les Ajusteurs, habitant des hommes et des femmes intelligents et ayant la capacité de survie, appartiennent au type avancé ou au type suprême.

109:3.7 Dans beaucoup de races évolutionnaires primitives d'Urantia, il existait trois groupes d'êtres. Premièrement, ceux qui étaient si proches des animaux que la capacité à recevoir un Ajusteur leur faisait totalement défaut. Deuxièmement, ceux qui montraient à ce sujet une capacité incontestable et qui recevaient rapidement un Ajusteur dès qu'ils atteignaient l'âge de la responsabilité morale. Une troisième classe d'hommes occupait une position frontière ; ils étaient aptes à recevoir des Ajusteurs, mais les Moniteurs ne pouvaient habiter leur mental que sur requête personnelle de chaque individu.

109:3.8 Bien des Ajusteurs vierges ont acquis une précieuse expérience préliminaire en prenant contact avec le mental évolutionnaire chez des êtres virtuellement disqualifiés pour la survie, par suite des tares héréditaires provenant d'ancêtres inaptes et inférieurs. Ces Ajusteurs se sont ainsi mieux qualifiés pour être affectés ultérieurement à un mental d'un type supérieur sur quelque autre monde.

109.4  Les Ajusteurs et la Personnalité Humaine

109:4.1 Les formes supérieures d'intercommunication intelligente entre les êtres humains sont grandement aidées par les Ajusteurs intérieurs. Les animaux ont effectivement des sentiments de sympathie, mais ne se communiquent pas de concepts les uns aux autres ; ils peuvent exprimer des émotions, mais non des idées ni des idéaux. Avant d'avoir reçu des Ajusteurs de Pensée, les hommes d'origine animale n'ont pas non plus de rapports intellectuels d'un type supérieur, ni de communion spirituelle avec leurs compagnons. Toutefois, quand les créatures évolutionnaires développent leur faculté de parole, elles sont sur la bonne voie pour recevoir des Ajusteurs.

109:4.2 Les animaux communiquent effectivement entre eux d'une manière grossière, mais il n'y a que peu ou pas de personnalité dans ce contact primitif. Les Ajusteurs ne sont pas la personnalité, mais des êtres prépersonnels. Toutefois, ils viennent de la source de la personnalité, et leur présence accroit la qualité des manifestations de la personnalité humaine ; cela est spécialement vrai si l'Ajusteur a eu des expériences antérieures.

109:4.3 Le type d'Ajusteur a beaucoup d'influence sur le potentiel d'expression de la personnalité humaine. Au cours de tous les âges, beaucoup de grands dirigeants intellectuels et spirituels d'Urantia ont principalement dû leur influence à la supériorité et à l'expérience préalable de leur Ajusteur intérieur.

109:4.4 Les Ajusteurs intérieurs ont coopéré, dans une large mesure, avec d'autres influences spirituelles pour transformer et humaniser les descendants des hommes primitifs des anciens temps. Si les Ajusteurs habitant le mental des habitants d'Urantia venaient à être retirés, le monde reviendrait lentement à beaucoup de moeurs et de pratiques des hommes des âges primitifs. Les Moniteurs divins sont l'un des vrais potentiels de la civilisation progressive.

109:4.5 J'ai observé un Ajusteur de Pensée habitant un mental sur Urantia et qui, d'après les archives d'Uversa, avait antérieurement habité quinze penseurs d'Orvonton. Nous ne savons pas si ce Moniteur avait eu des expériences similaires dans d'autres superunivers, mais je le suppose. Il est un Ajusteur merveilleux et l'une des forces d'Urantia les plus utiles et les plus puissantes de la présente époque. Ce que d'autres ont perdu pour avoir refusé de survivre, l'hôte humain de cet Ajusteur (et votre monde entier) en profite maintenant. À celui qui n'a pas les qualités de survie, on ôtera même l'Ajusteur expérimenté qu'il a maintenant ; tandis qu'à celui qui a des perspectives de survie, on donnera même l'Ajusteur à expérience préalable d'un déserteur indolent.

109:4.6 Dans un sens, il se peut que les Ajusteurs entretiennent un certain degré de fécondation croisée au niveau planétaire dans les domaines de la vérité, de la beauté et de la bonté, mais il est rare qu'on leur donne l'occasion d'habiter une seconde fois sur la même planète. Nul Ajusteur servant actuellement sur Urantia n'a séjourné précédemment sur ce monde. Je sais de quoi je parle, car nous avons leur numéro et leur curriculum dans les archives d'Uversa.

109.5  Handicaps Matériels au Séjour des Ajusteurs

109:5.1 Les Ajusteurs suprêmes et autonomes sont souvent en mesure d'apporter des facteurs spirituellement importants au mental humain quand il se laisse aller librement dans les canaux débloqués, mais contrôlés, de l'imagination créatrice. À ces moments, et parfois durant le sommeil, l'Ajusteur peut arrêter les courants mentaux, en bloquer le cours, et détourner ainsi la procession des idées. Tout cela est destiné à effectuer de profondes transformations spirituelles dans les replis supérieurs de la superconscience. Les forces et énergies du mental sont ainsi plus complètement ajustées à l'accent des tonalités de contact du niveau spirituel du présent et de l'avenir.

109:5.2 Il est parfois possible d'avoir votre mental illuminé, d'entendre la voie divine qui parle continuellement en vous et de devenir partiellement conscient de la sagesse, de la vérité, de la bonté et de la beauté de la personnalité potentielle qui vous habite constamment.

109:5.3 Mais vos attitudes mentales instables et souvent changeantes ont fréquemment pour effet de contrecarrer les plans des Ajusteurs et d'interrompre leur travail. Ce n'est pas seulement la nature innée des races humaines qui interfère avec les opérations des Ajusteurs. Vos propres opinions préconçues, idées arrêtées et préjugés surannés retardent grandement leur ministère. À cause de ces handicaps, leurs créations inachevées sont souvent seules à émerger dans la conscience ; la confusion des concepts est alors inévitable. C'est pourquoi, dans l'analyse des situations mentales, on ne trouve la sécurité qu'en reconnaissant chaque pensée et chaque expérience exactement pour ce qu'elle est réellement et fondamentalement, sans tenir le moindre compte de ce qu'elle aurait pu être.

109:5.4 Le grand problème de la vie consiste à ajuster les tendances ancestrales de vie aux exigences des impulsions spirituelles provoquées par la présence divine du Moniteur de Mystère. Dans les carrières de l'univers et du superunivers, nul homme ne peut servir deux maitres à la fois, mais, dans la vie que vous vivez présentement sur Urantia, chaque homme est obligé de le faire. Il doit devenir expert dans l'art de pratiquer un compromis humain continu et temporel, tout en n'obéissant spirituellement qu'à un maitre. C'est pourquoi tant de personnes trébuchent et échouent, se fatiguent et succombent sous la tension de la lutte évolutionnaire.

109:5.5 Le legs héréditaire des facultés cérébrales et celui du supercontrôle électrochimique concourent tous deux à délimiter la sphère d'activité efficace d'un Ajusteur, mais nul handicap héréditaire n'empêche jamais (dans un mental normal) l'accomplissement spirituel final. L'hérédité peut intervenir dans la rapidité de conquête de la personnalité, mais elle n'empêche pas la consommation finale de l'aventure ascendante. Si vous voulez bien coopérer avec votre Ajusteur, tôt ou tard il développera l'âme morontielle immortelle. Après fusion avec cette âme, le don divin présentera la nouvelle créature au Maitre Fils souverain de l'univers local et, en fin de compte, au Père des Ajusteurs au Paradis.

109.6  La Persistance des Vraie Valeurs

109:6.1 Les Ajusteurs n'échouent jamais. Rien de ce qui mérite de survivre n'est jamais perdu. Toute valeur significative chez une créature volitive est certaine de survivre, indépendamment de la survie ou de la non-survie de la personnalité qui a découvert cette signification ou estimé cette valeur. Certes, une créature mortelle peut rejeter la survie, mais l'expérience de sa vie n'est pas gaspillée. L'Ajusteur éternel emporte dans un autre monde les caractéristiques valables de cette vie apparemment ratée. Là, il confère ces significations et valeurs survivantes à un mental de type plus élevé, à un mental apte à survivre. Nulle expérience valable n'a jamais eu lieu en vain ; nulle vraie signification, nulle valeur réelle ne périt jamais.

109:6.2 En ce qui concerne les candidats à la fusion, si un Moniteur de Mystère est déserté par son associé mortel, si ce partenaire humain refuse de poursuivre la carrière ascendante, alors, au moment où il est libéré par la mort naturelle (ou auparavant), l'Ajusteur emporte tout ce qui a une valeur de survie et qui a évolué dans le mental de la créature non survivante. Si, à maintes reprises, un Ajusteur ne réussit pas à fusionner avec une personnalité parce que ses sujets humains successifs n'ont pas survécu, et si ce Moniteur vient ultérieurement à être personnalisé, toute l'expérience acquise pour avoir habité et maitrisé le mental de tous ces sujets devient la pleine possession de cet Ajusteur nouvellement Personnalisé ; il bénéficiera de cette dotation et l'emploiera au cours de tous les âges futurs. Un Ajusteur Personnalisé de cet ordre est un assemblage composite de tous les traits survivants de toutes les créatures qui furent ses hôtes.

109:6.3 Quand des Ajusteurs ayant une longue expérience de l'univers s'offrent volontairement pour habiter des Fils divins en mission d'effusion, ils savent parfaitement que ce service, par lui-même, ne leur permettra jamais d'atteindre la personnalité. Mais le Père des esprits octroie souvent la personnalité à ces volontaires et les établit comme dirigeants de leur espèce. Ce sont ces personnalités qui, sur Divinington, ont l'honneur de se voir conférer de l'autorité. Leur nature exceptionnelle incorpore une mosaïque de qualités humaines provenant de leurs multiples expériences d'habitation chez des mortels, et aussi la transcription spirituelle de la divinité humaine du Fils Paradisiaque d'effusion avec lequel ils ont terminé leur expérience d'habitation.

109:6.4 Les activités des Ajusteurs dans votre univers local sont dirigées par l'Ajusteur Personnalisé de Micaël de Nébadon, le même Moniteur qui le guida pas à pas au cours de sa vie humaine dans la chair de Joshua ben Joseph. Cet extraordinaire Ajusteur fut fidèle à sa mission. Ce vaillant Moniteur dirigea sagement la nature humaine du Fils Paradisiaque en guidant toujours son mental mortel dans le choix du sentier de la parfaite volonté du Père. Cet Ajusteur avait servi auparavant chez Machiventa Melchizédek au temps d'Abraham ; il s'était lancé dans des exploits prodigieux avant de l'habiter, et aussi dans l'intervalle de ces expériences d'effusion.

109:6.5 Cet Ajusteur triompha réellement dans le mental humain de Jésus - ce mental qui maintint, dans chacune des situations récurrentes de la vie, une consécration dévouée à la volonté du Père en disant : « Que ta volonté soit faite, et non la mienne. » Une telle consécration décisive constitue le vrai passeport pour franchir les limitations de la nature humaine vers la finalité de l'aboutissement divin.

109:6.6 Ce même Ajusteur reflète maintenant, dans la nature inscrutable de sa puissante personnalité, l'humanité de Joshua ben Joseph antérieure à son baptême, l'éternelle et vivante transcription des valeurs éternelles et vivantes que le plus grand des Urantiens a fait surgir des humbles circonstances d'une vie ordinaire, telle qu'elle fut vécue jusqu'à épuisement total des valeurs spirituelles susceptibles d'être atteintes dans l'expérience d'un mortel.

109:6.7 Toute chose ayant une valeur permanente et qui est confiée à un Ajusteur est assurée d'une survie éternelle. Dans certains cas, les Moniteurs détiennent ces possessions pour les effuser dans l'avenir sur un mental humain qu'ils habiteront. Dans d'autres cas, les Moniteurs, une fois personnalisés, conservent en dépôt ces réalités préservées et survivantes pour les employer plus tard au service des Architectes du Maitre Univers.

109.7  Destinée des Ajusteurs Personnalisés

109:7.1 Nous ne pouvons affirmer que des fragments non Ajusteurs du Père soient personnalisables, mais vous avez été informé que la personnalité est conférée par le Père Universel agissant souverainement dans son libre arbitre. Autant que nous le sachions, les fragments du Père du type Ajusteur n'atteignent la personnalité qu'en acquérant des attributs personnels par l'exercice de leur ministère de service auprès d'un être personnel. Ces Ajusteurs Personnalisés ont leur foyer à Divinington, où ils instruisent et dirigent leurs associés prépersonnels.

109:7.2 Les Ajusteurs de Pensée Personnalisés, dépourvus d'entraves et d'affectation, sont les stabilisateurs et compensateurs souverains de l'immense univers des univers. Ils conjuguent l'expérience du Créateur et des créatures. Ils sont l'existentiel et l'expérientiel. Ils sont des êtres issus conjointement du temps et de l'éternité. Ils associent le facteur personnel et le facteur prépersonnel dans l'administration de l'univers.

109:7.3 Les Ajusteurs Personnalisés sont les infiniment sages et puissants agents d'exécution des Architectes du Maitre Univers. Ils sont les agents personnels du plein ministère du Père Universel - personnel, prépersonnel et superpersonnel. Ils sont les ministres personnels de tout ce qui est extraordinaire, inaccoutumé et inattendu dans tous les royaumes des sphères absonites transcendantales du domaine de Dieu l'Ultime, même jusqu'aux niveaux de Dieu l'Absolu.

109:7.4 Ils sont les seuls êtres des univers qui embrassent en eux-mêmes toutes les relations connues de personnalité. Ils sont omnipersonnels - ils sont avant la personnalité, ils sont la personnalité et ils sont après la personnalité. Comme dans l'éternel passé, ils administrent la personnalité du Père Universel dans l'éternel présent et dans l'éternel futur.

109:7.5 Le Père a donné au Fils Éternel la personnalité existentielle sur les niveaux de l'infini et de l'absolu, mais il a choisi de réserver pour son propre ministère la personnalité expérientielle propre à l'Ajusteur Personnalisé, personnalité qui est donnée à l'Ajusteur prépersonnel existentiel. Ces deux types de personnalité sont donc destinés à la superpersonnalité éternelle future du ministère transcendantal dans les royaumes absonites de l'Ultime et du Suprême-Ultime, allant même jusqu'aux niveaux de l'Ultime-Absolu.

109:7.6 Il est rare de voir des Ajusteurs Personnalisés sans mission dans les univers. À l'occasion, ils entrent en consultation avec les Anciens des Jours ; les Ajusteurs Personnalisés des septuples Fils Créateurs viennent parfois sur les mondes-sièges des constellations pour conférer avec les chefs Vorondadeks.

109:7.7 Quand l'observateur planétaire Vorondadek d'Urantia - le Très Haut conservateur qui assuma d'urgence, il y a peu de temps, la régence de votre monde - affirma son autorité en présence du gouverneur général résident, il débuta dans son administration provisoire d'Urantia avec une équipe complète de son choix. Il attribua immédiatement, à tous ses associés et assistants, leurs postes planétaires respectifs, mais ce ne fut pas lui qui désigna les trois Ajusteurs Personnalisés qui apparurent devant lui aussitôt qu'il assuma la régence. Il ne savait même pas qu'ils apparaîtraient ainsi, car ils n'avaient pas manifesté ainsi leur présence à l'époque d'une régence antérieure. Le Très Haut régent ne donna pas de mission et n'attribua pas de poste à ces Ajusteurs Personnalisés volontaires. Néanmoins, ces trois êtres omnipersonnels comptèrent parmi les plus actifs des êtres célestes nombreux et variés servant alors sur Urantia.

109:7.8 Les Ajusteurs Personnalisés accomplissent une vaste gamme de services pour de nombreux ordres de personnalités de l'univers, mais nous ne sommes pas autorisés à discuter de ces ministères avec des créatures évolutionnaires habitées par des Ajusteurs. Ces extraordinaires divinités humaines comptent parmi les personnalités les plus remarquables de tout le grand univers, et nul n'ose prédire ce que pourront être leurs missions futures.

109:7.9 [Présenté par un Messager Solitaire d'Orvonton.]

110. Position des Ajusteurs par Rapport aux Mortels Individuels

110:0.1 LA don de la liberté à des êtres imparfaits implique inévitablement des tragédies, et il entre dans la nature de la parfaite Déité ancestrale de partager universellement et affectueusement ces souffrances avec un amour fraternel.

110:0.2 Dans la mesure où je suis au courant des affaires d'un univers, je considère l'amour et la dévotion d'un Ajusteur de Pensée comme l'affection la plus véritablement divine de toute la création. L'amour des Fils dans leur ministère auprès des races est magnifique, mais la dévotion d'un Ajusteur à un individu est d'une sublimité émouvante, divinement semblable à celle du Père. Le Père du Paradis semble avoir réservé cette forme de contact personnel avec ses créatures individuelles comme sa prérogative exclusive de Créateur. Et, dans tout l'univers des univers, rien n'est exactement comparable au ministère merveilleux de ces entités impersonnelles qui habitent d'une manière si enchanteresse les enfants des planètes évolutionnaires.

110.1  L'Habitation du Mental Humain

110:1.1 Il ne faudrait pas imaginer les Ajusteurs comme vivant dans le cerveau matériel des êtres humains. Ils ne sont pas des éléments organiques des créatures physiques des royaumes. Il est préférable d'envisager les Ajusteurs de Pensée comme habitant le mental mortel de l'homme, plutôt que confinés dans un organe physique déterminé. Indirectement et sans être reconnu, l'Ajusteur communique constamment avec son sujet humain, spécialement au cours de ces expériences sublimes où le mental prend, dans la superconscience, un contact d'adoration avec l'esprit.

110:1.2 Je voudrais qu'il me soit possible d'aider les mortels évoluants à mieux comprendre et à apprécier plus pleinement le splendide et généreux travail des Ajusteurs qui vivent en eux et qui manifestent une dévotion si fidèle dans la tâche de promouvoir le bien-être spirituel des hommes. Les Moniteurs apportent un appui efficace aux phases supérieures du mental humain. Ils manient avec sagesse et expérience le potentiel spirituel de l'intellect humain. Ces aides célestes se vouent à la tâche prodigieuse de vous guider en sécurité, vers l'intérieur et vers le haut, jusqu'au havre céleste du bonheur. Ces travailleurs infatigables se consacrent à la personnification future du triomphe de la vérité divine dans votre vie éternelle. Ils sont les ouvriers vigilants qui pilotent le mental humain conscient de Dieu, en lui évitant de s'enliser dans le mal, tout en guidant habilement l'âme évoluante des hommes vers les divins havres de la perfection sur des rivages éternels et lointains. Les Ajusteurs sont des conducteurs aimants, vos guides sûrs et certains à travers les dédales obscurs et hasardeux de votre brève carrière terrestre. Ils sont les patients éducateurs qui encouragent constamment leurs sujets à avancer dans les sentiers de la perfection progressive. Ils sont les conservateurs soigneux des valeurs sublimes du caractère des créatures. Je souhaite que vous puissiez les aimer davantage, coopérer plus largement avec eux et les chérir avec plus d'affection.

110:1.3 Bien que ces habitants divins s'occupent principalement de votre préparation spirituelle au prochain stade de l'existence sans fin, ils s'intéressent profondément aussi à votre bien-être temporel et à vos accomplissements réels sur terre. Ils sont ravis de contribuer à votre santé, à votre bonheur et à votre vraie prospérité. Ils ne sont nullement indifférents à votre réussite dans toutes les affaires de progression planétaire qui ne s'opposent pas à votre vie future de progrès éternel.

110:1.4 Les Ajusteurs sont intéressés et concernés par vos actes quotidiens et par les multiples détails de votre vie, dans la mesure exacte où ces actes et détails ont de l'influence pour déterminer vos choix temporels significatifs et vos décisions spirituelles vitales, et sont, en conséquence, des facteurs dans la solution du problème de la survie de votre âme et de votre progrès éternel. L'Ajusteur est passif en ce qui concerne votre bien-être purement temporel, mais divinement actif dans toutes les affaires touchant à votre éternel futur.

110:1.5 L'Ajusteur reste avec vous dans tous les désastres et pendant toutes les maladies qui ne détruisent pas entièrement les fonctions mentales. N'est-il pas cruel de souiller consciemment ou de polluer délibérément de quelque autre manière le corps physique qui doit servir de tabernacle terrestre à ce merveilleux don de Dieu ? Tous les poisons physiques retardent grandement les efforts des Ajusteurs pour exalter le mental matériel, et, par ailleurs, tous les poisons mentaux, tels que la peur, la colère, l'envie, la jalousie, la suspicion et l'intolérance, interfèrent prodigieusement aussi avec le progrès spirituel de l'âme évoluante.

110:1.6 Vous traversez aujourd'hui la période où votre Ajusteur vous courtise. Il suffit que vous vous montriez digne de la confiance mise en vous par l'esprit divin, qui recherche votre mental et votre âme en vue d'une union éternelle, pour que s'établisse finalement cette unité morontielle, cette harmonie céleste, cette coordination cosmique, cet accord divin, cette fusion céleste, ce mélange perpétuel d'identité, cette unité d'existence, qui est si parfaite et définitive que même les personnalités les plus expérimentées ne peuvent jamais dissocier ni reconnaître, comme identités séparées, les deux partenaires fusionnés - l'homme mortel et l'Ajusteur divin.

110.2  Les Ajusteurs et la Volonté Humaine

110:2.1 Quand des Ajusteurs de Pensée habitent le mental humain, ils apportent avec eux les carrières modèles, les vies idéales, telles qu'elles ont été déterminées et préordonnées par eux-mêmes et les Ajusteurs Personnalisés de Divinington, et dont la validité a été confirmée par l'Ajusteur Personnalisé d'Urantia. Ils commencent donc à travailler avec un plan défini et prédéterminé pour le développement intellectuel et spirituel de leur sujet humain, mais nul être humain n'est obligé d'accepter ce plan. Vous êtes tous des sujets prédestinés, mais il n'est pas ordonné d'avance que vous deviez accepter cette prédestination divine. Vous êtes pleinement libres de rejeter tout ou partie du programme des Ajusteurs de Pensée. Leur mission est d'effectuer les changements mentaux et les ajustements spirituels que vous autorisez volontiers et intelligemment ; ils cherchent ainsi à gagner plus d'influence sur l'orientation de votre personnalité. Mais, en aucune circonstance, les Moniteurs divins ne tirent avantage de vous et n'influencent arbitrairement vos choix et vos décisions. Les Ajusteurs respectent la souveraineté de votre personnalité ; ils se soumettent toujours à votre volonté.

110:2.2 Ils sont persévérants, ingénieux et parfaits dans leurs méthodes de travail, mais ne font jamais violence à l'individualité volitive de leurs hôtes. Nul humain ne sera jamais spiritualisé contre sa volonté par un Moniteur divin ; la survie est un don des Dieux qui doit être désiré par les créatures du temps. En dernière analyse, quoi que votre Ajusteur ait réussi à faire pour vous, les annales montreront que la transformation a été accomplie avec votre consentement coopératif. Vous aurez été volontairement un partenaire de l'Ajusteur pour atteindre chaque étape de la prodigieuse transformation de la carrière ascensionnelle.

110:2.3 L'Ajusteur ne cherche pas à contrôler votre mode de pensée en tant que tel, mais plutôt à le spiritualiser, à lui donner un caractère éternel. Ni les anges ni les Ajusteurs ne s'occupent directement d'influencer la pensée humaine ; c'est exclusivement la prérogative de votre personnalité. Les Ajusteurs se consacrent à améliorer, modifier, ajuster et coordonner vos processus mentaux. Toutefois, ils travaillent plus spécialement et spécifiquement à bâtir une contrepartie spirituelle à votre carrière, une transcription morontielle de votre véritable moi en progression, en vue de le faire survivre.

110:2.4 Les Ajusteurs opèrent sur les niveaux supérieurs du mental humain, cherchant sans cesse à créer des répliques morontielles de chaque concept de l'intellect matériel. Il y a donc deux réalités qui sont centrées sur les circuits du mental humain et qui empiètent sur ces circuits : l'une est un moi mortel issu par évolution des plans originels des Porteurs de Vie, l'autre est une entité immortelle venant des hautes sphères de Divinington, un don intérieur de Dieu. Mais le moi mortel est également un moi personnel ; il est doté de la personnalité.

110:2.5 En tant que créature personnelle, vous avez un mental et une volonté. En tant que créature prépersonnelle, l'Ajusteur a un prémental et une prévolonté. Si vous vous conformez si complètement au mental de l'Ajusteur que vos vues sont parfaitement accordées, alors votre mental et le sien n'en forment plus qu'un, et le vôtre est renforcé par celui de l'Ajusteur. Ensuite, si votre volonté ordonne et met à exécution les décisions de ce mental nouveau et conjugué, la volonté prépersonnelle de l'Ajusteur atteint, grâce à votre décision, une expression de personnalité et, en ce qui concerne ce projet particulier, vous et l'Ajusteur ne faites plus qu'un. Votre mental s'est accordé avec la divinité, et la volonté de l'Ajusteur a réussi à s'exprimer personnellement.

110:2.6 Dans la mesure où cette identité est réalisée, vous vous rapprochez mentalement de l'ordre morontiel d'existence. Le terme « mental morontiel » signifie substance et somme d'un mental de nature matérielle et d'un autre de nature spirituelle en coopération. L'intellect morontiel implique donc, dans l'univers local un double mental dominé par une seule volonté. Chez les mortels, c'est une volonté d'origine humaine qui devient divine quand l'homme identifie son mental humain avec la qualité mentale de Dieu.

110.3  Coopération avec l'Ajusteur

110:3.1 Les Ajusteurs jouent le jeu sacré et magnifique des âges ; ils sont engagés dans l'une des aventures suprêmes du temps dans l'espace. Combien ils sont heureux quand votre coopération leur permet de vous prêter assistance dans vos brèves luttes temporelles pendant qu'ils continuent à poursuivre leurs plus vastes tâches d'éternité ! Mais, quand votre Ajusteur essaye de communiquer avec vous, son message se perd généralement dans le flux matériel des courants d'énergie du mental humain ; ce n'est qu'occasionnellement que vous recueillez un écho, un faible et lointain écho de la voix divine.

110:3.2 Votre Ajusteur entreprend de vous piloter à travers la vie terrestre et de mener à bonne fin votre survie. Sa réussite ne dépend pas tant des théories de vos croyances que de vos décisions, de vos déterminations et de la fermeté de votre foi. Tous ces mouvements de croissance de la personnalité deviennent des influences puissantes qui contribuent à votre avancement, parce qu'ils vous aident à coopérer avec l'Ajusteur et à cesser de lui résister. Dans leurs entreprises terrestres, les Ajusteurs de Pensée réussissent ou subissent un échec apparent dans la mesure exacte où les mortels réussissent ou ne réussissent pas à coopérer avec le plan destiné à les élever le long du sentier ascendant aboutissant à la perfection. Le secret de la survie est enveloppé dans le suprême désir des hommes d'être semblables à Dieu, et dans la bonne volonté correspondante, de faire et d'être tout ce qui est essentiel pour satisfaire finalement ce désir dominant.

110:3.3 Quand nous parlons du succès ou de l'échec d'un Ajusteur, nous parlons du point de vue de la survie humaine. Les Ajusteurs n'échouent jamais ; ils sont d'essence divine et sortent toujours triomphants de chacune de leurs entreprises.

110:3.4 Je suis forcé de constater que beaucoup d'entre vous dépensent tellement de temps et d'efforts mentaux pour les choses insignifiantes de la vie, alors que vous négligez à peu près entièrement les réalités plus essentielles qui ont une importance éternelle, précisément ces accomplissements qui concernent l'établissement d'un accord de travail plus harmonieux entre vous et votre Ajusteur. Le grand but de l'existence humaine consiste à se mettre au diapason de la divinité de l'Ajusteur intérieur. Le grand accomplissement de la vie de mortel est d'arriver à se consacrer vraiment et intelligemment aux buts éternels de l'esprit divin qui attend et travaille dans votre mental. Mais un effort dévoué et déterminé pour accomplir la destinée éternelle est entièrement compatible avec l'allégresse et la joie de vivre, et avec une carrière terrestre honorable et réussie. La coopération avec l'Ajusteur de Pensée n'implique pas qu'il faille se torturer, faire semblant d'être pieux ou s'humilier d'une façon hypocrite et ostentatoire. La vie idéale consiste à servir avec amour, plutôt qu'à mener une existence d'appréhension craintive.

110:3.5 Le fait d'être déconcerté, perplexe, et même quelquefois découragé et déchiré, ne signifie pas nécessairement que l'on résiste à la gouverne de l'Ajusteur intérieur. Ces attitudes dénotent parfois un manque de coopération active avec le Moniteur divin et peuvent donc retarder quelque peu les progrès spirituels, mais, pour l'âme qui connaît Dieu, de telles difficultés émotives intellectuelles n'interfèrent pas le moins du monde avec la certitude de survivre. L'ignorance à elle seule ne peut jamais empêcher la survie, pas plus que les doutes confusionnels ou l'incertitude craintive. Seule la résistance consciente à la gouverne de l'Ajusteur peut empêcher la survie de l'âme immortelle en évolution.

110:3.6 Il ne faut pas considérer la coopération avec votre Ajusteur comme un processus particulièrement conscient, car il ne l'est pas. Ce sont vos mobiles et vos décisions, vos fidèles déterminations et vos suprêmes désirs, qui constituent une coopération réelle et efficace. Vous pouvez accroitre consciemment l'harmonie avec l'Ajusteur :

110:3.7 1. En choisissant de répondre à l'appel de la gouverne divine, en basant sincèrement votre vie humaine sur votre plus haute conscience de la vérité, de la beauté et de la bonté, et ensuite en coordonnant ces qualités de divinité par la sagesse, l'adoration, la foi et l'amour.

110:3.8 2. En aimant Dieu et en désirant lui ressembler - par la récognition sincère de la paternité divine et l'adoration aimante du Parent céleste.

110:3.9 3. En aimant les hommes et en désirant sincèrement les servir - par la récognition de tout coeur de la fraternité humaine doublée d'une affection sage et intelligente pour chacun de vos compagnons mortels.

110:3.10 4. En acceptant joyeusement la citoyenneté cosmique - en reconnaissant honnêtement vos obligations progressives envers l'Être Suprême, en ayant conscience de l'interdépendance entre l'homme évolutionnaire et la Déité évoluante. C'est la naissance de la moralité cosmique et l'éveil de la réalisation du devoir universel.

110.4  Le Travail de l'Ajusteur dans le Mental

110:4.1 Les Ajusteurs sont capables de recevoir le courant continu d'intelligence cosmique arrivant par les maitres circuits du temps et de l'espace. Ils ont pleinement contact avec l'intelligence et l'énergie spirituelles des univers. Toutefois, ces puissants habitants intérieurs sont incapables de transmettre beaucoup de ces trésors de sagesse et de vérité au mental de leurs sujets mortels, par suite du manque de nature commune et de l'absence de récognition sensible.

110:4.2 L'Ajusteur de Pensée est engagé dans un effort constant pour spiritualiser votre mental de manière à faire évoluer votre âme morontielle, mais vous restez vous-même presque inconscient de ce ministère intérieur. Vous êtes tout à fait incapable de distinguer les fruits de votre propre intellect matériel de ceux des activités conjointes de votre âme et de votre Ajusteur.

110:4.3 Certaines présentations abruptes de pensées, certaines conclusions et certaines autres images mentales sont parfois l'oeuvre directe ou indirecte de l'Ajusteur ; mais, bien plus souvent, elles représentent l'émergence soudaine, dans la conscience, d'idées qui s'étaient groupées elles-mêmes sur les niveaux mentaux subconscients, ou bien d'évènements naturels et banals de la fonction psychique normale et ordinaire, inhérente aux circuits du mental animal en évolution. (En contraste avec ces émanations subconscientes, les révélations de l'Ajusteur apparaissent dans les domaines de la superconscience.)

110:4.4 Confiez à la garde des Ajusteurs toutes les affaires mentales qui dépassent le niveau ordinaire de la conscience. En temps utile, sinon dans ce monde, du moins dans les mondes des maisons, ils vous rendront largement compte de leur gestion et feront finalement apparaître les significations et valeurs que vous aurez confiées à leur garde et à leurs soins. Si vous survivez, ils ressusciteront chaque trésor valable de votre mental terrestre.

110:4.5 Il existe un immense abime entre l'humain et le divin, entre l'homme et Dieu. Les races d'Urantia sont si largement contrôlées par des processus électriques et chimiques, leur comportement ordinaire ressemble tellement à celui des animaux, leurs réactions habituelles sont si émotives qu'il devient extrêmement difficile aux Moniteurs de les guider et de les diriger. Vous êtes tellement dénués de courage dans les décisions et de dévouement dans la coopération que vos Ajusteurs intérieurs se trouvent à peu près dans l'impossibilité de communiquer directement avec le mental humain. Même quand ils arrivent à faire percevoir une lueur de vérité nouvelle à l'âme humaine évoluante, cette révélation spirituelle aveugle souvent la créature au point de provoquer une crise de fanatisme ou de déclencher quelque autre bouleversement intellectuel ayant des résultats désastreux. Bien des religions nouvelles et d'étranges cultes en « isme » sont nés de communications avortées, imparfaites, mal comprises et déformées des Ajusteurs de Pensée.

110:4.6 Les archives de Jérusem montrent qu'au cours de nombreux millénaires, chaque génération a comporté de moins en moins d'êtres susceptibles d'opérer sans danger avec des Ajusteurs autonomes. Ce tableau alarmant a conduit les personnalités supervisant Satania à considérer avec faveur les propositions de certains de vos superviseurs planétaires plus immédiats, qui recommandent de prendre des mesures propres à favoriser et à conserver les types spirituels supérieurs des races d'Urantia.

110.5  Concepts Erronés de la Gouverne des Ajusteurs

110:5.1 Distinguez bien et ne confondez pas la mission et l'influence de l'Ajusteur avec ce que l'on appelle communément la conscience ; il n'y a pas de lien direct entre eux. La conscience est une réaction humaine et purement psychique. Il ne faut pas la mépriser, mais elle ne représente guère la voix de Dieu pour l'âme, tandis qu'en vérité l'Ajusteur la représenterait si sa voix pouvait être entendue. La conscience vous conseille à juste titre de faire ce qui est juste, mais l'Ajusteur s'efforce en plus de vous dire ce qui est vraiment juste, au moment et dans la mesure où vous êtes capable de percevoir les directives du Moniteur.

110:5.2 L'expérience humaine des rêves, ces déploiements désordonnés et décousus du mental endormi, incohérent, apporte une bonne preuve que les Ajusteurs ne peuvent réussir à harmoniser et à associer les facteurs mentaux divergents de l'homme. Dans l'espace d'une seule vie, les Ajusteurs ne peuvent absolument pas coordonner et synchroniser arbitrairement deux modes de pensée aussi dissemblables et différents que l'humain et le divin. Quand ils y parviennent, comme ils l'ont fait parfois, les âmes intéressées sont transférées directement aux mondes des maisons sans avoir à passer par l'expérience de la mort.

110:5.3 Pendant les périodes de sommeil, l'Ajusteur n'essaye d'accomplir que ce que la volonté de la personnalité habitée avait préalablement pleinement approuvé par les décisions prises et les choix faits à des moments où la conscience était pleinement éveillée. Ces décisions et ces choix se logent alors dans les domaines supramentaux, domaines où se lient les relations réciproques entre l'humain et le divin.

110:5.4 Durant le sommeil de leurs hôtes mortels, les Ajusteurs essayent d'imprimer leurs créations sur les niveaux supérieurs du mental matériel ; certains de vos rêves grotesques montrent que les Ajusteurs ne réussissent pas à établir un contact efficace. Les absurdités de la vie des rêves ne démontrent pas seulement la pression d'émotions refoulées, mais témoignent aussi que les concepts spirituels présentés par les Ajusteurs sont horriblement déformés. Vos propres passions, vos impulsions et d'autres tendances innées se traduisent dans le tableau et substituent leurs désirs inexprimés aux messages divins que les Moniteurs s'efforcent d'introduire dans les archives psychiques pendant l'inconscient du sommeil.

110:5.5 Il est extrêmement dangereux de faire des suppositions sur ce qui, dans la vie onirique, provient de l'Ajusteur. Les Ajusteurs travaillent en effet durant le sommeil, mais vos rêves ordinaires sont des phénomènes purement physiologiques et psychologiques. De même, il est risqué de tenter une discrimination entre l'enregistrement des concepts de l'Ajusteur et la réception plus ou moins continue des ordres de la conscience mortelle. Ce sont des problèmes qui doivent être résolus par le discernement individuel et les décisions personnelles. En tous cas, si un être humain se trompe en rejetant l'expression d'un Ajusteur parce qu'il croit que c'est une expérience purement humaine, cela vaut mieux pour lui que de commettre la bévue d'exalter une réaction du mental humain en lui attribuant une dignité divine. N'oubliez pas que l'influence d'un Ajusteur de Pensée s'exerce en majeure partie, quoique non entièrement, comme une expérience superconsciente.

110:5.6 À des degrés divers, et de plus en plus au cours de votre ascension des cercles psychiques, vous communiquez effectivement parfois directement, mais plus souvent indirectement avec votre Ajusteur. Il est cependant dangereux d'entretenir l'idée que chaque nouveau concept naissant dans le mental humain est dicté par l'Ajusteur. Chez les êtres de votre ordre, ce que vous acceptez comme la voix de l'Ajusteur est en réalité le plus souvent l'émanation de votre propre intellect. Le terrain est dangereux ; et il faut que chaque être humain règle ces problèmes pour lui-même d'après sa sagesse humaine naturelle et sa perspicacité suprahumaine.

110:5.7 Si l'Ajusteur de l'être humain par lequel cette communication est transmise jouit d'un champ d'action aussi large, cela tient surtout à ce que cet humain manifeste une indifférence à peu près complète pour toute manifestation extérieure de la présence intérieure de l'Ajusteur. Il est en vérité très heureux qu'il demeure consciemment tout à fait indifférent à ce processus. Il détient l'un des Ajusteurs les plus expérimentés de son temps et de sa génération. Son gardien de la destinée estime cependant rare et fortuite sa réaction de passivité et son absence d'intérêt pour les phénomènes associés à la présence, dans son mental, de cet Ajusteur aux talents variés. Tout cela constitue une coordination bénéfique d'influences, favorable à la fois pour l'Ajusteur dans la sphère supérieure d'action, et pour le partenaire humain sous les rapports de la santé, de l'efficacité et de la tranquillité.

110.6  Les Sept Cercles Psychiques

110:6.1 La réalisation totale de la personnalité sur un monde matériel est englobée dans la conquête des sept cercles successifs de potentialité des mortels. L'entrée dans le septième cercle marque le fonctionnement initial de la vraie personnalité humaine. La maitrise du premier cercle dénote la maturité relative du mortel. Bien que la traversée des sept cercles de croissance cosmique ne soit pas l'équivalent de la fusion avec l'Ajusteur, la maitrise de ces cercles marque le franchissement des étapes préliminaires à cette fusion avec l'Ajusteur.

110:6.2 L'Ajusteur est votre partenaire à égalité pour franchir les sept cercles - pour aboutir à une maturité humaine relative. L'Ajusteur fait avec vous l'ascension des cercles depuis le septième jusqu'au premier, mais progresse vers le statut d'activité autonome et de suprématie tout à fait indépendamment de la coopération active du mental mortel.

110:6.3 Les cercles psychiques ne sont ni exclusivement intellectuels ni entièrement morontiels. Ils concernent le statut de personnalité, les accomplissements mentaux, la croissance de l'âme et l'accord avec l'Ajusteur. La traversée réussie de ces niveaux exige le fonctionnement harmonieux de la personnalité entière, et non simplement d'une de ses phases. La croissance des fractions n'équivaut pas à la vraie maturation du tout ; en réalité, les parties croissent proportionnellement à l'expansion de l'ensemble du moi - du moi tout entier - matériel, intellectuel et spirituel.

110:6.4 Quand le développement de la nature intellectuelle anticipe sur le spirituel, la situation rend les communications avec l'Ajusteur de Pensée à la fois difficiles et dangereuses. Pareillement, un excès de développement spirituel tend à produire une interprétation fanatique et pervertie des directives spirituelles de l'habitant divin. Le manque de capacité spirituelle rend très difficile de transmettre à un intellect matériel les vérités spirituelles situées dans le superconscient supérieur. C'est à un mental parfaitement équilibré, logé dans un corps aux habitudes saines, aux énergies nerveuses stabilisées et aux fonctions chimiques équilibrées - quand les pouvoirs physiques, mentaux et spirituels se développent en harmonie trine - qu'un maximum de lumière et de vérité peut être communiqué avec un minimum de danger temporel et de risques pour le véritable bien-être d'un tel individu. C'est par cette croissance équilibrée que l'homme fait, un par un, l'ascension des cercles de progression planétaire, depuis le septième jusqu'au premier.

110:6.5 Les Ajusteurs sont toujours proches de vous et en vous, mais il est rare qu'ils puissent vous parler directement comme un autre être vous parlerait. Cercle après cercle, vos décisions intellectuelles, vos choix moraux et votre développement spirituel rendent l'Ajusteur plus apte à fonctionner dans votre mental. Cercle après cercle, vous émergez ainsi des stades inférieurs d'association et d'accord mental avec l'Ajusteur, si bien qu'il peut de mieux en mieux imprimer ses images de la destinée, avec une clarté et une conviction croissantes sur la conscience évoluante de ce mental-âme qui cherche Dieu.

110:6.6 Chaque décision que vous prenez a pour effet soit de gêner, soit de faciliter la fonction de l'Ajusteur. Parallèlement, ces décisions elles-mêmes déterminent votre avancement dans les cercles d'accomplissement humain. Il est vrai que la suprématie d'une décision, sa relation avec une crise, a beaucoup de rapports avec son influence pour franchir les cercles ; cependant le nombre des décisions, les répétitions fréquentes et persistantes, sont également essentiels pour être sûr que ces réactions formeront des habitudes.

110:6.7 Il est difficile de définir avec précision les sept niveaux de la progression humaine, parce que ces niveaux sont personnels. Ils varient pour chaque individu et sont apparemment déterminés par la capacité de croissance de chaque être humain. La conquête de ces niveaux d'évolution cosmique se reflète de trois manières :

110:6.8 1. Accord avec l'Ajusteur. En se spiritualisant, le mental s'approche de la présence de l'Ajusteur proportionnellement au franchissement des cercles.

110:6.9 2. Évolution de l'âme. L'émergence de l'âme morontielle indique l'étendue et la profondeur de la maitrise des cercles.

110:6.10 3. Réalité de la personnalité. Le degré de réalité de l'individualité est directement déterminé par la conquête des cercles. Les personnes deviennent plus réelles à mesure qu'elles s'élèvent du septième au premier niveau d'existence de mortel.

110:6.11 À mesure que l'enfant issu de l'évolution matérielle traverse les cercles, il grandit et devient l'homme mûr aux potentialités immortelles. La réalité sombre de la nature embryonnaire d'un homme au stade du septième cercle cède la place à la manifestation plus claire de la nature morontielle émergente d'un citoyen de l'univers local.

110:6.12 Il est impossible de définir avec précision les sept niveaux, ou cercles psychiques, de croissance humaine, mais il est permis de suggérer les limites minimum et maximum de ces stades de réalisations de la maturité :

110:6.13 Le septième cercle. Les êtres humains pénètrent dans ce niveau quand ils développent leurs pouvoirs de choix personnel, de décision individuelle, de responsabilité morale et leur capacité à atteindre l'individualité spirituelle. Cela dénote le fonctionnement unifié des sept esprits-mentaux adjuvats sous la direction de l'esprit de sagesse, la mise en circuit de la créature humaine dans l'influence du Saint-Esprit et, sur Urantia, le fonctionnement initial de l'Esprit de Vérité en même temps que la réception d'un Ajusteur de Pensée dans le mental du mortel. L'entrée dans le septième cercle fait, d'une créature humaine, un vrai citoyen en puissance de l'univers local.

110:6.14 Le troisième cercle. Le travail de l'Ajusteur est beaucoup plus efficace après que l'ascendeur humain a atteint le troisième cercle et reçu, à titre personnel, un gardien séraphique de la destinée. Bien qu'il n'y ait apparemment pas d'efforts concertés entre l'Ajusteur et le gardien séraphique, on peut néanmoins observer, après l'affectation de l'accompagnateur séraphique personnel, une amélioration indubitable dans toutes les phases d'accomplissement cosmique et de développement spirituel. Quand le troisième cercle est atteint, l'Ajusteur s'efforce de rendre morontiel le mental de l'homme pendant le reste de sa vie de mortel, de franchir les cercles restants et d'atteindre le stade final de l'association divine-humaine avant que la mort naturelle ne dissolve cette association exceptionnelle.

110:6.15 Le premier cercle. Généralement, l'Ajusteur ne peut parler directement et immédiatement avec vous avant que vous ayez atteint le premier cercle, le cercle final d'accomplissement progressif d'un mortel. Ce niveau représente la plus grande réalisation possible des relations mental-Ajusteur au cours de l'expérience humaine, avant que l'âme morontielle évoluante ait été libérée de son support corporel matériel. En ce qui concerne le mental, les émotions et la clairvoyance cosmique, l'aboutissement au premier cercle psychique représente le plus grand rapprochement possible entre le mental matériel et l'Ajusteur spirituel dans l'expérience des hommes.

110:6.16 Peut-être vaudrait-il mieux que ces cercles psychiques de progression des mortels soient dénommés niveaux cosmiques : niveaux où effectivement nous saisissons les significations et réalisons les valeurs d'une approche progressive de la conscience morontielle de l'existence d'une relation initiale entre l'âme évolutionnaire et l'Être Suprême émergent. C'est précisément cette relation qui rend éternellement impossible d'expliquer pleinement la signification des cercles cosmiques au mental matériel. Ces franchissements de cercles n'ont que des rapports relatifs avec le fait d'avoir conscience de Dieu. Celui qui est dans le septième ou sixième cercle peut connaître Dieu - avoir conscience de sa filiation - presque aussi bien que celui qui est dans le second ou le premier cercle, mais les êtres des cercles inférieurs sont beaucoup moins conscients de leur relation expérientielle avec l'Être Suprême, de leur citoyenneté universelle. Le franchissement de ces cercles cosmiques fera partie de l'expérience des ascendeurs sur les mondes des maisons s'ils ne réussissent pas cet accomplissement avant la mort naturelle.

110:6.17 La motivation de la foi transforme en expérience la pleine réalisation de la filiation de l'homme avec Dieu, mais l'action, l'exécution des décisions, est essentielle pour atteindre, par évolution, la conscience de parenté progressive avec l'actualisation cosmique de l'Être Suprême. La foi transmue les potentiels en actuels dans le monde spirituel, mais les potentiels ne deviennent des actuels, dans les domaines finis du Suprême, que par la réalisation de l'expérience du choix et grâce à elle. Choisir de faire la volonté de Dieu réunit, dans un acte de personnalité, la foi spirituelle et les décisions matérielles, et fournit ainsi un point d'appui divin et spirituel permettant au levier humain et matériel de la soif de Dieu d'agir plus efficacement. Cette sage coordination des forces matérielles et spirituelles accroit considérablement la réalisation cosmique du Suprême et la compréhension morontielle des Déités du Paradis.

110:6.18 La maitrise des cercles cosmiques est liée à la croissance quantitative de l'âme morontielle, à la compréhension des significations suprêmes. Mais le statut qualitatif de cette âme immortelle dépend entièrement du degré où elle saisit, par la foi vivante la valeur du fait, ayant potentiel paradisiaque, de la filiation de l'homme mortel vis-à-vis du Dieu éternel. C'est pourquoi ceux qui sont dans le septième cercle vont sur les mondes des maisons pour poursuivre la réalisation de leur croissance cosmique quantitative exactement comme ceux du deuxième cercle, ou même du premier.

110:6.19 Il n'y a qu'une relation indirecte entre le franchissement des cercles cosmiques et l'expérience religieuse spirituelle actuelle ; de tels aboutissements sont réciproques, donc mutuellement bénéfiques. Le développement purement spirituel peut rester presque sans influence sur la prospérité matérielle planétaire, mais le franchissement des cercles accroit toujours le potentiel de réussite et d'accomplissement humain.

110:6.20 Depuis le septième cercle jusqu'au troisième, les sept esprits-mentaux adjuvats exercent une action accrue et unifiée pour sevrer le mental humain de sa dépendance des réalités des mécanismes de la vie matérielle, ce qui le prépare à mieux pénétrer les niveaux morontiels d'expérience. À partir du troisième cercle, l'influence des adjuvats diminue progressivement.

110:6.21 Les sept cercles embrassent l'expérience des mortels qui s'étend, depuis le niveau purement animal le plus élevé, jusqu'au plus bas niveau de contact morontiel effectif de la conscience de soi en tant qu'expérience de la personnalité. La maitrise du premier cercle cosmique dénote que l'on a atteint la maturité prémorontielle du mortel, et marque la terminaison du ministère conjoint des esprits adjuvats en tant qu'influence exclusive d'action mentale dans la personnalité humaine. Au delà du premier cercle, le mental s'apparente de plus en plus à l'intelligence du stade morontiel d'évolution, le ministère conjoint du mental cosmique et des facultés superadjuvates de l'Esprit Créatif d'un univers local.

110:6.22 Les grands jours dans la carrière individuelle des Ajusteurs sont les suivants : d'abord, quand leur sujet humain fait irruption dans le troisième cercle psychique, ce qui assure l'activité autonome du Moniteur et une gamme accrue de fonctions (si l'Ajusteur n'était pas déjà autonome). Ensuite, quand leur partenaire humain atteint le premier cercle psychique, ce qui rend possible la communication réciproque entre eux, au moins dans une certaine mesure. Et, enfin, quand ils sont définitivement et éternellement fusionnés.

110.7  L'Aboutissement à l'Immortalité

110:7.1 Le franchissement des sept cercles cosmiques n'est pas équivalent à la fusion avec l'Ajusteur. Beaucoup de mortels vivant sur Urantia ont franchi ces cercles, mais la fusion dépend encore d'accomplissements spirituels plus grands et plus sublimes ; il faut arriver à harmoniser d'une manière définitive et complète la volonté humaine avec la volonté de Dieu, telle qu'elle réside dans l'Ajusteur de Pensée.

110:7.2 Lorsqu'un être humain a parachevé les cercles d'accomplissement cosmique, et qu'ensuite le choix final de la volonté du mortel permet à l'Ajusteur de Pensée de parachever l'association de l'identité humaine avec l'âme morontielle pendant la vie évolutionnaire physique, alors ces liaisons consommées d'une âme et d'un Ajusteur se rendent indépendamment sur les mondes des maisons. Un ordre issu d'Uversa stipule la fusion immédiate de l'Ajusteur et de l'âme morontielle. Si cette fusion a lieu durant la vie physique, le corps matériel est consumé instantanément, et les êtres humains qui assisteraient à ce spectacle constateraient simplement que le mortel en transfert disparaît « dans des chariots de feu » .

110:7.3 La plupart des Ajusteurs qui ont transféré leurs sujets hors d'Urantia étaient très expérimentés et connus pour avoir habité antérieurement de nombreux mortels sur d'autres sphères. Il faut se rappeler que les Ajusteurs acquièrent une précieuse expérience d'habitation sur des planètes où ils ne sont que prêtés ; il ne s'ensuit pas que l'expérience nécessaire à un travail avancé se gagne uniquement chez les sujets mortels qui ne réussissent pas à survivre.

110:7.4 À la suite de sa fusion avec vous, votre Ajusteur partage votre destinée et votre expérience ; il est vous. Après la fusion de l'immortelle âme morontielle avec l'Ajusteur associé, toute l'expérience et toutes les valeurs de l'un deviennent finalement la propriété de l'autre, de sorte que les deux forment effectivement une seule entité. En un certain sens, ce nouvel être appartient au passé éternel et existe pour l'éternel futur. Tout ce qui était jadis humain dans l'âme qui survit et tout ce qui est expérientiellement divin chez l'Ajusteur deviennent maintenant la possession effective de la nouvelle et toujours ascendante personnalité universelle. Toutefois, sur chaque niveau universel, l'Ajusteur ne peut doter la créature que des attributs qui ont à ce niveau une signification et une valeur. L'unicité absolue avec le Moniteur divin, l'épuisement complet de la dotation d'un Ajusteur, ne peut s'accomplir que dans l'éternité, après que l'on a finalement atteint le Père Universel, le Père des esprits, la source permanente de ces dons divins.

110:7.5 Quand l'âme évoluante et l'Ajusteur divin ont finalement et éternellement fusionné, chacun d'eux acquiert toutes les qualités susceptibles d'être acquises de l'autre. Cette personnalité coordonnée possède toute la mémoire expérientielle de survie jadis détenue par le mental mortel ancestral et, maintenant, par l'âme morontielle. En outre, le finalitaire potentiel englobe toute la mémoire des expériences de l'Ajusteur au cours de ses séjours de tous les temps chez des mortels. Toutefois, l'Ajusteur aura besoin de l'éternité future pour doter complètement cette association de personnalités des significations et valeurs que ce divin Moniteur apporte en provenance de l'éternité passée.

110:7.6 Mais, chez la grande majorité des Urantiens, l'Ajusteur doit patiemment attendre la délivrance par la mort de son sujet, attendre que l'âme émergente se libère de la domination à peu près complète des modèles énergétiques et des forces chimiques inhérentes à votre ordre matériel d'existence. La principale difficulté que vous rencontrez pour entrer en contact avec votre Ajusteur consiste en cette nature matérielle tellement ancrée. Bien peu de mortels sont réellement des penseurs. Vous ne développez pas et ne disciplinez pas votre mental jusqu'au point favorable à une liaison avec les Ajusteurs divins. Le mental humain fait presque la sourde oreille aux arguments spirituels que l'Ajusteur traduit en les extrayant des multiples messages des télédiffusions universelles d'amour provenant du Père des miséricordes. L'Ajusteur constate la quasi-impossibilité d'enregistrer ces directives spirituelles vivifiantes dans un mental animal si complètement dominé par les forces chimiques et électriques inhérentes à votre nature physique.

110:7.7 Les Ajusteurs se réjouissent d'établir le contact avec le mental humain, mais il faut qu'ils soient patients durant les longues années de séjour silencieux pendant lesquelles ils sont impuissants à vaincre votre résistance animale et à communiquer directement avec vous. Plus les Ajusteurs de Pensée s'élèvent sur l'échelle du service, plus ils deviennent efficaces ; mais, durant votre séjour dans la chair, ils ne peuvent jamais vous aborder avec la même affection pleine, sympathique et expressive qu'au moment où vous les discernerez, de mental à mental, sur les mondes des maisons.

110:7.8 Durant la vie mortelle, le corps et le mental matériels vous séparent de votre Ajusteur et empêchent la libre communication avec lui. Après la mort et la fusion éternelle, vous ne faites qu'un avec votre Ajusteur - on ne peut vous distinguer comme êtres séparés - et il n'existe ainsi plus de besoin de communiquer à la manière dont vous le comprenez.

110:7.9 Bien que la voix de l'Ajusteur soit toujours en vous, la plupart d'entre vous l'entendent rarement au cours d'une vie. Les êtres humains qui n'ont pas atteint le troisième et le deuxième cercles entendent rarement la voix directe de l'Ajusteur, sauf dans des moments de suprême désir, dans une situation suprême et à la suite de quelque décision suprême.

110:7.10 Entre le temps où s'établit et se rompt le contact entre le mental humain d'un réserviste de la destinée et les superviseurs planétaires, l'Ajusteur intérieur se trouve parfois placé de telle sorte qu'il lui devient possible de transmettre un message à son partenaire mortel. Assez récemment, sur Urantia, un Ajusteur autonome transmit un message de cet ordre à son associé humain, membre du corps de réserve de la destinée. Ce message commençait par ces mots : « Et maintenant, sans blesser ni mettre en péril le sujet de ma dévotion empressée, et, quant à moi, sans intention de lui infliger un châtiment excessif ou de le décourager, enregistrez la prière que je lui adresse. » Suivait une exhortation magnifiquement touchante et suppliante où l'Ajusteur demandait, entre autres, que le sujet « me donne plus fidèlement sa coopération sincère, supporte plus gaiement les obligations que j'ai mis en place, exécute plus fidèlement le programme que j'ai arrangé, passe plus patiemment par les épreuves que j'ai choisies, suive avec plus de persévérance et d'entrain le sentier que j'ai tracé, reçoive plus humblement le crédit qui peut lui être attribué à la suite de mes efforts incessants - transmettez ainsi mes remontrances à l'homme que j'habite. J'effuse sur lui l'affection et le dévouement suprêmes d'un esprit divin. Dites aussi à mon sujet bien-aimé que j'agirai avec sagesse et puissance jusqu'au bout, jusqu'à ce que sa dernière bataille terrestre ait pris fin. Je serai fidèle à la personnalité qui m'est confiée. Je l'exhorte à survivre et à ne pas me décevoir, à ne pas me priver de la récompense de ma lutte persévérante et intense. Pour atteindre la personnalité, nous dépendons de la volonté humaine. J'ai fait patiemment progresser ce mental humain, cercle après cercle, et le chef de mon ordre m'a témoigné son approbation. Cercle après cercle, je poursuis jusqu'au jugement. J'attends avec plaisir et sans appréhension l'appel nominal de la destinée. Je suis prêt à tout soumettre aux tribunaux des Anciens des Jours. »

110:7.11 [Présenté par un Messager Solitaire d'Orvonton.]

111. L'Ajusteur et l'Âme

111:0.1 LA présence de l'Ajusteur divin dans le mental humain rend perpétuellement impossible à la science ou à la philosophie d'atteindre une compréhension satisfaisante de l'âme évoluante de la personnalité humaine. L'âme morontielle est fille de l'univers, et l'on ne peut réellement la connaître que par clairvoyance cosmique et par découverte spirituelle.

111:0.2 Le concept d'une âme et d'un esprit intérieur n'est pas nouveau sur Urantia. Il a fréquemment apparu dans les divers systèmes de croyances planétaires. Beaucoup de religions orientales et quelques religions occidentales ont perçu que l'homme est divin par héritage en même temps qu'humain par hérédité. Le sentiment de la présence intérieure ajouté à l'omniprésence extérieure de la Déité a longtemps fait partie de bien des religions urantiennes. Les hommes ont longtemps cru à l'existence de quelque chose qui grandit à l'intérieur de la nature humaine, quelque chose de vital destiné à durer au delà de la courte durée d'une vie temporelle.

111:0.3 Avant que les hommes ne se soient rendu compte que leur âme évoluante était engendrée par un esprit divin, ils ont cru qu'elle résidait dans divers organes physiques - l'oeil, le foie, les reins, le coeur et, plus tard, le cerveau. Les sauvages associaient l'âme au sang, à la respiration, aux ombres et à leur image réfléchie dans l'eau.

111:0.4 Dans leur conception de l'atman, les instructeurs hindous se rapprochèrent réellement d'une appréciation de la nature et de la présence de l'Ajusteur, mais ils ne réussirent pas à distinguer la présence concomitante de l'âme évoluante et potentiellement immortelle. Les Chinois reconnurent cependant deux aspects d'un être humain, le yang et le yin, l'âme et l'esprit. Les Égyptiens et beaucoup de tribus africaines croyaient aussi à deux facteurs, le ka et le ba ; ils ne croyaient généralement pas que l'âme fût préexistante, mais seulement l'esprit.

111:0.5 Les habitants de la vallée du Nil croyaient que chaque individu favorisé se voyait attribuer à sa naissance, ou peu après, un esprit protecteur qu'ils appelaient le ka. Ils enseignaient que cet esprit gardien restait avec le sujet mortel pendant toute sa vie et passait avant lui à l'état futur. Sur les murs d'un temple de Louxor, où se trouve décrite la naissance d'Amenhotep III, le petit prince est dépeint sur le bras du dieu du Nil, et auprès de lui se trouve un autre enfant, apparemment identique au prince, qui symbolise l'entité que les Égyptiens appelaient le ka. Cette sculpture fut achevée au quinzième siècle avant J.-C.

111:0.6 On croyait que le ka était un génie spirituel supérieur qui désirait guider dans les meilleures voies de la vie temporelle, l'âme humaine associée, mais surtout influencer la prospérité du sujet dans l'au-delà. Quand un Égyptien de cette période mourait, on escomptait que son ka l'attendrait de l'autre côté du Grand Fleuve. Tout d'abord, on supposa que seuls les rois possédaient un ka, mais on ne tarda pas à croire que tous les hommes justes en avaient un. Parlant du ka intérieur de son coeur, un chef égyptien a dit : « Je n'ai pas négligé ses paroles, j'ai craint de transgresser ses directives. Cela m'a fait prospérer grandement. J'ai réussi grâce à ce qu'il m'a fait faire. J'ai été distingué par sa gouverne. » Beaucoup croyaient que le ka était un « oracle de Dieu en chacun » et qu'ils allaient « passer une éternité avec un coeur joyeux dans les faveurs du Dieu qui est en vous » .

111:0.7 Chaque race urantienne de mortels évoluants a un mot équivalent au concept d'âme. Beaucoup de peuplades primitives croyaient que l'âme jetait des regards au dehors sur le monde à travers les yeux humains ; c'est pourquoi elles craignaient si lâchement la malveillance du mauvais oeil. Elles ont longtemps cru que « l'esprit de l'homme est la lampe du Seigneur » . Le Rig-Véda dit : « Mon mental parle à mon coeur. »

111.1  Le Cadre Mental du Choix

111:1.1 Bien que les Ajusteurs aient à effectuer un travail de nature spirituelle, ils sont obligés de l'exécuter tout entier sur des bases intellectuelles. Le mental est le terrain humain à partir duquel le Moniteur d'esprit doit faire apparaître, par évolution, l'âme morontielle, avec la coopération de la personnalité qu'il habite.

111:1.2 Il existe une unité cosmique dans les divers niveaux mentaux de l'univers des univers. Le moi intellectuel a son origine dans le mental cosmique d'une manière fort semblable aux nébuleuses, dont l'origine est dans les énergies cosmiques de l'espace universel. Sur le niveau humain (donc personnel) du moi intellectuel, le potentiel d'évolution de l'esprit devient dominant avec le consentement du mental mortel, à cause de la dotation spirituelle de la personnalité humaine associée à la présence créative dans ce moi humain, d'un foyer-entité ayant une valeur absolue. Toutefois, cette domination du mental matériel par l'esprit est subordonnée à deux expériences : d'une part il faut que ce mental ait évolué par le ministère des sept esprits-mentaux adjuvats, et d'autre part il faut que le moi matériel (personnel) choisisse de coopérer avec l'Ajusteur intérieur pour créer et entretenir le moi morontiel, l'âme évolutionnaire potentiellement immortelle.

111:1.3 Le mental matériel est le cadre dans lequel les personnalités humaines vivent, sont conscientes d'elles-mêmes, prennent des décisions, choisissent ou abandonnent Dieu, se rendent éternelles ou se détruisent elles-mêmes.

111:1.4 L'évolution matérielle vous a procuré une machine à vivre, votre corps. Le Père lui-même vous a doté de la réalité d'esprit la plus pure que l'on connaisse dans l'univers, votre Ajusteur de Pensée. Mais le mental a été remis entre vos mains, il est sujet à vos propres décisions, et c'est par le mental que vous vivez ou mourez. C'est à l'intérieur de ce mental et avec ce mental que vous prenez les décisions morales qui vous permettent de devenir semblables à l'Ajusteur, c'est-à-dire semblables à Dieu.

111:1.5 Le mental de mortel est un système intellectuel temporaire prêté aux êtres humains pour la durée d'une vie matérielle, et, selon la manière dont ils emploient ce mental, ils acceptent ou rejettent le potentiel d'existence éternelle. Le mental est à peu près la seule fraction de réalité universelle que vous possédiez et qui soit soumise à votre volonté. L'âme - le moi morontiel - dépeindra fidèlement l'accumulation des décisions temporelles que le moi mortel aura prises. La conscience humaine repose doucement sur le mécanisme électrochimique sous-jacent, et touche délicatement le système énergétique morontiel-spirituel qui la domine. Au cours de sa vie de mortel, l'être humain n'est jamais complètement conscient d'aucun de ces deux systèmes, et c'est pourquoi il lui faut travailler dans le mental dont il est conscient. Ce qui assure la survie n'est pas tellement ce que le mental comprend, mais plutôt ce que le mental cherche à comprendre. Ce n'est pas tellement ce à quoi le mental ressemble, mais ce à quoi le mental s'efforce de ressembler, qui constitue son identification à l'esprit. Ce n'est pas tant le fait pour l'homme d'être conscient de Dieu qui se traduit par son ascension de l'univers, mais plutôt son désir ardent de rencontrer Dieu. Ce que vous êtes aujourd'hui n'est pas aussi important que ce que vous devenez jour après jour et dans l'éternité.

111:1.6 Le mental est l'instrument cosmique sur lequel la volonté humaine peut jouer les dissonances de la destruction ou sur lequel cette même volonté humaine peut faire résonner les délicates mélodies de l'identification avec Dieu et de la survie éternelle qui en résulte. L'Ajusteur donné à l'homme est, en dernière analyse, imperméable au mal et incapable de pécher, mais le mental humain peut effectivement être dénaturé, déformé et rendu laid et mauvais par les machinations coupables d'une volonté humaine égoïste et perverse. De même, ce mental peut être rendu noble, beau, vrai et bon - effectivement grand - en accord avec la volonté illuminée par l'esprit, d'un être humain connaissant Dieu.

111:1.7 Le mental évolutionnaire n'est pleinement stable et digne de confiance que lorsqu'il se manifeste aux deux extrémités de l'intellectualité cosmique - totalement mécanisée ou entièrement spiritualisée. Entre les deux extrêmes intellectuels du pur contrôle machinal et de la vraie nature spirituelle, se situe cet immense groupe d'individus dont le mental évolue et s'élève, et dont la stabilité et la tranquillité dépendent du choix fait par leur personnalité, et de leur identification avec l'esprit.

111:1.8 Toutefois, l'homme n'abandonne pas servilement et passivement sa volonté à l'Ajusteur. Il choisit plutôt activement, positivement et coopérativement de suivre les directives de l'Ajusteur, quand il a conscience que ces directives diffèrent des désirs et impulsions du mental mortel naturel. Les Ajusteurs manipulent le mental de l'homme, mais ne le dominent jamais contre sa volonté. Pour les Ajusteurs, la volonté de l'homme est suprême. C'est ainsi qu'ils la considèrent et la respectent, tandis qu'ils s'efforcent d'atteindre les buts spirituels d'ajustement de la pensée et de transformation du caractère dans le cadre à peu près illimité de l'intellect humain en évolution.

111:1.9 Le mental est votre navire, l'Ajusteur est votre pilote, la volonté humaine est le capitaine. Le maitre du vaisseau mortel devrait avoir la sagesse de se fier au divin pilote pour conduire l'âme ascendante dans les havres morontiels de la survie éternelle. C'est seulement par égoïsme, par paresse et par le péché que la volonté de l'homme peut rejeter la gouverne d'un pilote aussi aimant et de naufrager finalement la carrière du mortel sur les dangereux écueils du refus de la miséricorde et sur les récifs de la pratique du péché. Avec votre consentement, ce fidèle pilote fera traverser en sécurité les obstacles du temps et les handicaps de l'espace, jusqu'à la source même du mental divin et aller même au delà, jusqu'au Père des Ajusteurs au Paradis.

111.2  Nature de l'Âme

111:2.1 Dans toutes les fonctions mentales de l'intelligence cosmique, la totalité du mental domine les fonctions intellectuelles fractionnaires. Dans son essence, le mental est une unité fonctionnelle, et c'est pourquoi le mental ne manque jamais de manifester cette unité constitutive, même quand il est gêné et entravé par les choix et les actes malavisés d'un moi égaré. Cette unité du mental cherche invariablement la coordination d'esprit sur tous les niveaux de son association avec un moi ayant dignité volitive et prérogatives d'ascension.

111:2.2 Le mental matériel de l'homme mortel est le métier cosmique qui porte le tissu morontiel sur lequel l'Ajusteur de Pensée intérieur brode les modèles spirituels d'un caractère universel possesseur de valeurs durables et de significations divines - une âme survivante à destinée ultime et à carrière sans fin, un finalitaire potentiel.

111:2.3 La personnalité humaine s'identifie au mental et à l'esprit maintenus en rapport fonctionnel par la vie dans un corps matériel. Cette relation fonctionnelle entre ce mental et cet esprit n'a pas pour résultat quelque combinaison des qualités ou attributs du mental et de l'esprit, mais plutôt une valeur universelle entièrement nouvelle, originale et unique, ayant un potentiel de durée éternelle, l'âme.

111:2.4 La création évolutionnaire de cette âme immortelle résulte de trois facteurs, et non de deux. Ces trois antécédents de l'âme morontielle humaine sont les suivants :

111:2.5 1. Le mental humain et toutes les influences cosmiques qui le précèdent et qui agissent sur lui.

111:2.6 2. L'esprit divin qui habite ce mental humain et tous les potentiels inhérents à un tel fragment de spiritualité absolue, ainsi que toutes les influences et tous les facteurs spirituels qui lui sont associés dans la vie humaine.

111:2.7 3. La relation entre le mental matériel et l'esprit divin, qui dénote une valeur et comporte une signification ne se trouvant dans aucun des deux facteurs de cette association. La réalité de cette relation unique n'est ni matérielle ni spirituelle, mais morontielle. C'est l'âme.

111:2.8 Les médians ont depuis longtemps appelé mental intermédiaire cette âme évoluante de l'homme, par contraste avec le mental inférieur ou matériel et le mental supérieur ou cosmique. Le mental intermédiaire est en réalité un phénomène morontiel, puisqu'il existe dans le domaine intermédiaire entre le matériel et le spirituel. Le potentiel de cette évolution morontielle est inhérent aux deux impulsions universelles du mental : l'impulsion du mental fini de la créature pour connaître Dieu et rejoindre la divinité du Créateur, et l'impulsion du mental infini du Créateur pour connaître l'homme et aboutir à l'expérience de la créature.

111:2.9 Cette opération céleste faisant apparaître par évolution l'âme immortelle est rendue possible parce que le mental mortel est, en premier lieu, personnel et, en second lieu, en contact avec des réalités supraanimales ; il possède une dotation supramatérielle de facultés cosmiques qui assure l'évolution d'une nature morale capable de prendre des décisions morales, ce qui produit un contact créatif de bonne foi avec les ministères spirituels associés et avec l'Ajusteur de Pensée intérieur.

111:2.10 Le résultat inévitable de cette spiritualisation du mental humain par contact est la naissance graduelle d'une âme, progéniture conjointe d'un mental adjuvat dominé par une volonté humaine ardemment désireuse de connaître Dieu et qui travaille en liaison avec les forces spirituelles de l'univers qui sont sous le contrôle d'un fragment effectif du Dieu même de toute la création - le Moniteur de Mystère. C'est ainsi que la réalité matérielle et mortelle du moi transcende les limitations temporelles du mécanisme de la vie physique et atteint une nouvelle expression et une nouvelle identification dans le véhicule évoluant qui doit assurer la continuité de l'individualité, l'âme morontielle et immortelle.

111.3  L'Âme en Évolution

111:3.1 Les erreurs du mental mortel et les dérèglements de la conduite humaine peuvent notablement retarder l'évolution de l'âme. Toutefois, ils ne sauraient inhiber ce phénomène morontiel une fois qu'il a été déclenché par l'Ajusteur intérieur avec le consentement de la volonté de la créature. Mais, à tout moment antérieur à la mort physique, la même volonté matérielle et humaine a le pouvoir de revenir sur son choix et de rejeter la survie. Même après avoir survécu, le mortel ascendant conserve la prérogative de choisir le rejet de la vie éternelle. À tout moment avant la fusion avec l'Ajusteur, la créature évoluante et ascendante peut décider de renoncer à suivre la volonté du Père du Paradis. La fusion avec l'Ajusteur dénote que l'ascendeur a éternellement et irrévocablement choisi de faire la volonté du Père.

111:3.2 Durant la vie dans la chair, l'âme en évolution a la faculté de renforcer les décisions supramatérielles du mental humain. Étant supramatérielle, l'âme ne fonctionne pas par elle-même sur le niveau matériel de l'expérience humaine. Sans la collaboration d'un esprit de la Déité tel que l'Ajusteur, cette âme subspirituelle ne peut pas non plus fonctionner au-dessus du niveau morontiel. De même, l'âme ne prend pas de décisions finales avant que la mort ou le transfert n'ait rompu son association matérielle avec le mental mortel, à moins que ce mental matériel n'ait librement et volontairement délégué l'autorité nécessaire à son âme morontielle fonctionnellement associée. Durant la vie, la volonté mortelle, le pouvoir de décision et de choix de la personnalité, réside dans les circuits mentaux matériels. Au fur et à mesure du développement du mortel sur terre, ce moi, avec ses inestimables pouvoirs de choix, s'identifie de plus en plus avec l'entité émergente : l'âme morontielle. Après la mort et la résurrection sur le monde des maisons, la personnalité humaine est complètement identifiée avec le moi morontiel. L'âme est ainsi l'embryon du futur véhicule morontiel de l'identité de la personnalité.

111:3.3 Cette âme immortelle a d'abord une nature entièrement morontielle, mais elle possède une telle capacité de développement qu'elle s'élève invariablement aux vrais niveaux spirituels dignes de la fusion avec les esprits de la Déité. La fusion a généralement lieu avec le même esprit du Père Universel qui avait déclenché ce phénomène créatif dans le mental de la créature.

111:3.4 Le mental humain et l'Ajusteur divin sont tous deux conscients de la présence et de la nature distincte de l'âme en évolution. L'Ajusteur l'est pleinement et le mental, partiellement. Quant à l'âme, au fur et à mesure de sa propre croissance évolutionnaire, elle devient de plus en plus consciente du mental humain et de l'Ajusteur divin en tant qu'identités associées. L'âme participe des qualités du mental humain aussi bien que de celles de l'esprit divin, mais elle évolue constamment vers un accroissement du contrôle spirituel et de la domination divine, en stimulant une fonction mentale dont les significations cherchent à se coordonner avec les vraies valeurs spirituelles.

111:3.5 La carrière de mortel, l'évolution de l'âme, n'est pas tant une épreuve qu'une éducation. La foi dans la survie des valeurs suprêmes est l'essence de la religion. L'expérience religieuse authentique consiste à unir les valeurs suprêmes et les significations cosmiques en tant que réalisation de la réalité universelle.

111:3.6 Le mental connaît la quantité, la réalité, les significations. Mais la qualité - les valeurs - sont ressenties. Ce qui ressent est la création conjointe du mental qui connaît et de l'esprit associé qui confère la réalité.

111:3.7 Dans la mesure où l'âme morontielle évoluante de l'homme s'imprègne de vérité, de beauté et de bonté en tant que réalisation de valeur de la conscience de Dieu, l'être résultant devient indestructible. S'il n'y a aucune survivance des valeurs éternelles dans l'âme évoluante de l'homme, l'existence mortelle est alors dépourvue de sens et la vie elle-même est une illusion tragique. Mais ceci est éternellement vrai que : ce que vous commencez dans le temps, vous l'achèverez sûrement dans l'éternité - si cela mérite d'être achevé.

111.4  La Vie Intérieure

111:4.1 La récognition est le processus intellectuel consistant à faire cadrer les impressions sensorielles reçues du monde extérieur avec les modèles appartenant à la mémoire de l'individu. La compréhension implique que ces impressions sensorielles reconnues et les modèles de la mémoire qui y sont associés ont été intégrés ou organisés en un réseau dynamique de principes.

111:4.2 Les significations dérivent d'une conjugaison de récognition et de compréhension ; les significations n'existent pas dans un monde entièrement sensoriel ou matériel. Les significations et les valeurs ne sont perçues que dans les sphères intérieures ou supramatérielles d'expérience humaine.

111:4.3 Les progrès de la vraie civilisation sont tous nés dans ce monde intérieur de l'humanité. Seule la vie intérieure est vraiment créative. La civilisation ne peut guère progresser quand la majorité de la jeunesse d'une génération consacre son attention et son énergie à la poursuite matérialiste du monde sensoriel ou extérieur.

111:4.4 Le monde intérieur et le monde extérieur ont des séries différentes de valeurs. Toute civilisation est en péril quand les trois quarts de sa jeunesse entrent dans des professions matérialistes et se consacrent à la recherche des activités sensorielles du monde extérieur. La civilisation est en danger quand la jeunesse néglige de s'intéresser à l'éthique, à la sociologie, à l'eugénisme, à la philosophie, aux beaux-arts, à la religion et à la cosmologie.

111:4.5 C'est seulement au niveau supérieur du mental superconscient empiétant sur le domaine de l'esprit de l'expérience humaine que l'on trouve ces concepts supérieurs associés à des maitres modèles efficaces qui contribueront à bâtir une civilisation meilleure et plus durable. La personnalité est créative par nature, mais ne fonctionne créativement que dans la vie intérieure de l'individu.

111:4.6 Les cristaux de neige ont toujours une forme hexagonale, mais jamais deux d'entre eux ne sont identiques. Les enfants se modèlent sur des types, mais il n'y en pas deux qui soient identiques, même s'ils sont jumeaux. Les personnalités s'apparentent à des types, mais sont toujours uniques.

111:4.7 Le bonheur et la joie prennent origine dans la vie intérieure. On ne peut ressentir tout seul une joie réelle. Une vie solitaire est fatale pour le bonheur. Même les familles et les nations jouissent mieux de la vie si elles la partagent avec d'autres.

111:4.8 Vous ne pouvez contrôler réellement le monde extérieur - l'environnement. C'est la créativité du monde intérieur qui est la plus sujette à vos directives, parce que la personnalité y est si largement délivrée des entraves de la loi de cause et d'effet. Une souveraineté volitive limitée est associée à la personnalité.

111:4.9 Dès lors que la vie intérieure de l'homme est vraiment créative, chaque personne porte la responsabilité de choisir si cette créativité sera spontanée et entièrement dépendante du hasard, ou si elle sera contrôlée, dirigée et constructive. Comment une imagination créative peut-elle produire des résultats valables si la scène sur laquelle elle fonctionne est déjà occupée par des préjugés, des haines, des peurs, des rancunes, des sentiments de revanche et des sectarismes ?

111:4.10 Les idées peuvent prendre leur origine dans les stimuli du monde extérieur, mais les idéaux naissent seulement dans les royaumes créatifs du monde intérieur. Les nations du monde sont actuellement dirigées par des hommes qui ont une surabondance d'idées, mais une carence d'idéaux. C'est l'explication de la pauvreté, des divorces, des guerres et des haines raciales.

111:4.11 Voici le problème : si l'homme avec son libre arbitre est intérieurement doté de pouvoirs créatifs, il nous faut alors reconnaître que la libre créativité contient le potentiel de la libre destructivité. Et, quand la créativité s'oriente vers le pouvoir destructeur, on se trouve en face des dévastations du mal et du péché - oppressions, guerres et destructions. Le mal est une créativité partielle qui tend vers la désintégration et, en fin de compte, la destruction finale. Tout conflit est mauvais en ce sens qu'il inhibe la fonction créative de la vie intérieure - c'est une espèce de guerre civile dans la personnalité.

111:4.12 La créativité intérieure contribue à ennoblir le caractère par intégration de la personnalité et unification de l'individualité. Il est éternellement vrai que le passé est inchangeable et que seul l'avenir peut être modifié par le ministère de la créativité du moi intérieur au moment présent.

111.5  La Consécration du Choix

111:5.1 En faisant la volonté de Dieu, une créature ne fait rien de plus ni de moins que de montrer son bon vouloir pour partager sa vie intérieure avec Dieu - le Dieu même qui a rendu possible la vie de cette créature, avec ses valeurs et ses significations intérieures. Partager, c'est être semblable à Dieu - divin. Dieu partage tout avec le Fils Éternel et l'Esprit Infini ; et ceux-ci, à leur tour, partagent toutes choses avec les Fils divins et les Filles-esprit des univers.

111:5.2 L'imitation de Dieu est la clef de la perfection. Le secret de la survie et de la perfection dans la survie est de faire sa volonté.

111:5.3 Les mortels vivent en Dieu, et Dieu a donc voulu vivre dans les mortels. De même que les hommes se confient à lui, de même lui - le premier - a confié une partie de lui-même aux hommes pour les accompagner. Il a consenti à vivre dans les hommes et à habiter en eux en se soumettant à la volonté humaine.

111:5.4 La paix dans la vie présente, la survie dans la mort, la perfection dans la prochaine vie, le service dans l'éternité, tout cela est accompli (en esprit) dès maintenant, quand la personnalité créée consent à - choisit de - soumettre la volonté de la créature à la volonté du Père. Quant au Père, il a déjà choisi de subordonner un fragment de lui-même à la volonté de la personnalité de la créature.

111:5.5 Ce choix de la créature n'est pas un abandon de la volonté. Il est une consécration de la volonté, une expansion de la volonté, une glorification de la volonté, un perfectionnement de la volonté. Un tel choix élève la volonté de la créature du niveau de signification temporelle à cet état supérieur où la personnalité du fils créé communie avec la personnalité du Père-esprit.

111:5.6 Le choix de faire la volonté du Père est la découverte spirituelle du Père-esprit par l'homme mortel, même s'il faut qu'un âge s'écoule avant que le fils créé puisse effectivement se tenir en la présence réelle de Dieu au Paradis. Ce choix ne consiste pas tant en une négation de la volonté de la créature - « que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » - mais plutôt en une affirmation de la créature : « c'est ma volonté que ta volonté soit faite » . Si ce choix est décidé, le fils choisissant Dieu aboutira, tôt ou tard, à l'union intérieure (la fusion) avec le fragment de Dieu qui l'habite. Tout en se perfectionnant, ce même fils trouvera la satisfaction suprême de la personnalité dans une communion adoratrice entre la personnalité de l'homme et la personnalité de son Auteur, deux personnalités dont les attributs créateurs se sont unis pour toujours dans une mutualité d'expression librement voulue - la naissance d'une autre association éternelle entre la volonté de l'homme et la volonté de Dieu.

111.6  Le Paradoxe Humain

111:6.1 Maintes difficultés temporelles des mortels proviennent de leur double relation avec le cosmos. L'homme est une partie de la nature - il existe dans la nature - et, cependant, il est capable de transcender la nature. L'homme est fini, mais il est habité par une étincelle d'infinité. Cette situation double ne fournit pas seulement un potentiel pour le mal, mais elle engendre aussi de nombreuses situations sociales et morales empreintes de beaucoup d'incertitudes et de bon nombre de soucis.

111:6.2 Le courage exigé pour triompher de la nature et pour transcender son moi est un courage qui peut succomber devant les tentations de l'orgueil. Le mortel capable de transcender son moi peut céder à la tentation de défier sa conscience de soi. Le dilemme humain résulte du double fait que l'homme est asservi à la nature et qu'en même temps il possède une liberté unique - la liberté de choix et d'action spirituels. Sur les niveaux matériels, l'homme se trouve subordonné à la nature, tandis que, sur les niveaux spirituels, il triomphe de la nature et de tous les éléments temporels et finis. Un tel paradoxe est inséparable des tentations, du mal potentiel et des erreurs de décision ; et, quand le moi devient altier et arrogant, le péché peut apparaître.

111:6.3 Le problème du péché n'existe pas par lui-même dans le monde fini. Le fait d'être fini n'est empreint ni de mal ni de péché. Le monde fini a été bâti par un Créateur infini - il est l'oeuvre de ses Fils divins - et doit donc être bon. Ce sont le mauvais usage, la déformation et la perversion du fini qui donnent naissance au mal et au péché.

111:6.4 L'esprit peut dominer le mental ; de même le mental peut contrôler l'énergie, mais il ne peut le faire que par sa propre manipulation intelligente des potentiels de métamorphose inhérents au niveau mathématique des causes et effets dans les domaines physiques. Le contrôle de l'énergie n'est pas inhérent au mental de la créature ; il est une prérogative de la Déité, mais le mental de la créature peut manipuler l'énergie, et la manipule effectivement dans la mesure exacte où il est devenu maitre des secrets de l'énergie de l'univers physique.

111:6.5 Quand l'homme souhaite modifier la réalité physique, que ce soit lui-même ou son environnement, il y réussit dans la mesure où il a découvert les façons et moyens de contrôler la matière et de diriger l'énergie. Sans aide, le mental est impuissant à influencer quoi que ce soit de matériel, sauf son propre mécanisme physique auquel il est inéluctablement lié. Mais, par l'emploi intelligent du mécanisme corporel, le mental peut créer d'autres mécanismes, même des rapports d'énergies et des relations vivantes, au moyen desquels ce mental peut de mieux en mieux contrôler et même dominer son niveau physique dans l'univers.

111:6.6 La science est la source des faits et le mental ne peut opérer en l'absence de faits. Dans l'édification de la sagesse, les faits sont les pierres de taille réunies par le ciment de l'expérience de la vie. L'homme peut trouver l'amour de Dieu sans les faits et découvrir les lois de Dieu sans l'amour, mais jamais il ne peut commencer à apprécier la symétrie infinie, l'harmonie céleste et l'exquise plénitude de la nature inclusive de tout de la Source-Centre Première avant d'avoir trouvé la loi divine et l'amour divin, et de les avoir unifiés dans sa propre philosophie cosmique en évolution.

111:6.7 L'expansion des connaissances matérielles permet une plus grande appréciation intellectuelle de la signification des idées et de la valeur des idéaux. Un être humain peut trouver la vérité dans son expérience intérieure, mais il a besoin de connaître clairement les faits pour appliquer sa découverte personnelle de la vérité aux exigences brutalement pratiques de la vie quotidienne.

111:6.8 Il est tout naturel que l'homme soit harcelé de sentiments d'insécurité quand il se voit inextricablement lié à la nature, alors qu'il possède des pouvoirs spirituels qui transcendent entièrement toutes les choses temporelles et finies. Seule la confiance religieuse - la foi vivante - peut soutenir l'homme au milieu de ces problèmes difficiles et troublants.

111:6.9 De tous les dangers qui assaillent la nature mortelle de l'homme et mettent en péril son intégrité spirituelle, l'orgueil est le plus grand. Le courage est valeureux, mais l'égoïsme est vaniteux et suicidaire. Une confiance raisonnable en soi n'est pas à déplorer. L'aptitude de l'homme à se transcender est la seule chose qui le distingue du règne animal.

111:6.10 L'orgueil est trompeur, grisant, et engendre le péché, que ce soit chez un individu, un groupe, une race ou une nation. Il est littéralement vrai que « l'orgueil va au devant de la ruine » .

111.7  Le Problème de l'Ajusteur

111:7.1 L'incertitude dans la sécurité est l'essence de l'aventure du Paradis - incertitude dans le temps et le mental, incertitude sur les évènements du déroulement de l'ascension au Paradis ; sécurité en esprit et dans l'éternité, sécurité dans la confiance sans réserve du fils créé en la compassion divine et l'amour infini du Père Universel ; incertitude en tant que citoyen inexpérimenté de l'univers ; sécurité en tant que fils ascendant dans les demeures universelles d'un Père infiniment puissant, sage et aimant.

111:7.2 Puis-je vous exhorter à prêter attention à l'écho lointain du fidèle appel que l'Ajusteur adresse à votre âme ? L'Ajusteur intérieur ne peut ni arrêter ni même changer matériellement la lutte inhérente à votre carrière dans le temps ; l'Ajusteur ne peut réduire les tribulations de votre vie au cours de votre voyage en ce monde où l'on peine. L'habitant divin ne peut que s'abstenir patiemment pendant que vous menez le combat de la vie telle qu'elle est vécue sur votre planète. Par contre, au cours de vos travaux et soucis, de vos luttes et de vos peines, vous pourriez, si seulement vous le vouliez, permettre au vaillant Ajusteur de combattre avec vous et pour vous. Vous pourriez être tellement encouragé et inspiré, passionné et intrigué, si vous vouliez seulement permettre à l'Ajusteur de présenter constamment le tableau du vrai mobile, du but final et de l'éternel dessein de toute cette difficile lutte ascendante avec les problèmes ordinaires de votre présent monde matériel.

111:7.3 Pourquoi n'aidez-vous pas l'Ajusteur dans sa tâche qui consiste à vous montrer la contrepartie spirituelle de tous ces efforts matériels opiniâtres ? Pourquoi ne permettez-vous pas à l'Ajusteur de vous fortifier à l'aide des vérités spirituelles du pouvoir cosmique pendant que vous luttez contre les difficultés temporelles de l'existence des créatures ? Pourquoi n'encouragez-vous pas l'aide divin à vous réconforter en vous montrant clairement le panorama éternel de la vie universelle pendant que vous considérez avec perplexité les problèmes de l'heure qui passe ? Pourquoi refusez-vous d'être éclairé et inspiré par le point de vue de l'univers pendant que vous peinez au milieu des handicaps du temps et que vous vous débattez dans le dédale des incertitudes qui assaillent le voyage de votre vie de mortel ? Pourquoi ne pas permettre à l'Ajusteur de spiritualiser vos pensées, même si vos pieds doivent fouler les sentiers matériels des efforts terrestres ?

111:7.4 Les races supérieures d'Urantia sont mêlées de façon complexe. Elles sont un mélange de nombreuses races et souches d'origines différentes. Cette nature composite rend extrêmement difficile aux Moniteurs de travailler efficacement durant la vie, et complique nettement les problèmes de l'Ajusteur et du gardien séraphique après la mort. Il n'y a pas très longtemps, je me trouvais sur Salvington et j'entendis un gardien de la destinée présenter un exposé en règle pour excuser les difficultés rencontrées dans son ministère auprès de son sujet humain. Ce séraphin disait :

111:7.5 « Une grande partie de ma difficulté provenait de l'interminable conflit entre les deux natures de mon sujet : la poussée de l'ambition contrariée par l'indolence animale ; les idéaux d'un peuple supérieur barrés par les instincts d'une race inférieure ; les desseins élevés d'un mental élevé rencontrant l'antagonisme des impulsions héréditaires primitives ; les vues à long terme d'un Moniteur prévoyant contrecarrées par l'étroitesse de vues d'une créature du temps ; les plans progressifs d'un être ascendant modifiés par les désirs et les envies d'une nature matérielle ; les éclairs d'intelligence universelle annulés par les impératifs énergétiques chimiques d'une race en évolution ; les émotions d'un animal s'opposant à la pression des anges ; l'entrainement d'un intellect annihilé par les tendances de l'instinct ; l'expérience de l'individu se heurtant aux penchants accumulés de la race ; les buts du meilleur dominés par l'impulsion du pire ; l'envol du génie neutralisé par le poids de la médiocrité ; le progrès du bon retardé par l'inertie du mauvais ; l'art du beau souillé par la présence du mal ; l'entrain de la santé neutralisé par l'asthénie due à la maladie ; la fontaine de foi polluée par les poisons de la peur ; la source de joie aigrie par les eaux de l'affliction ; l'allégresse de l'anticipation désillusionnée par l'amertume de la réalisation ; les joies de la vie toujours menacées par les tristesses de la mort. Quelle vie, et sur quelle planète ! Et pourtant, à cause de l'incitation et de l'appui toujours présents de l'Ajusteur de Pensée, cette âme a atteint un bon degré de bonheur et de succès, et s'est élevée dès maintenant aux salles de jugement de maisonnia. »

111:7.6 [Présenté par un Messager Solitaire d'Orvonton.]

112. La Survie de la Personnalité

112:0.1 LES planètes évolutionnaires sont les sphères d'origine des hommes. Les mondes initiaux de la carrière humaine ascendante. Urantia est votre point de départ ; c'est là que vous êtes joint à votre divin Ajusteur de Pensée en une union temporaire. Vous avez été doté d'un guide parfait ; si donc vous voulez sincèrement courir la course du temps et atteindre le but final de la foi, la récompense des âges sera vôtre : vous serez éternellement uni à votre Ajusteur intérieur. C'est alors que commencera votre vie réelle, la vie ascendante dont votre présent état mortel n'est que le prélude. C'est alors que commencera votre mission sublime et progressive comme finalitaire dans l'éternité qui se déploie devant vous. Pendant tous ces âges et stades successifs de croissance évolutionnaire, une partie de vous reste toujours absolument inchangée ; c'est la personnalité - la permanence en présence du changement.

112:0.2 Il serait sans doute présomptueux de vouloir définir la personnalité, mais il pourrait être utile de remémorer certaines choses connues à son sujet :

112:0.3 1. La personnalité est cette qualité dans la réalité qui est conférée par le Père Universel lui-même, ou par l'Acteur Conjoint agissant pour le Père.

112:0.4 2. Elle peut être conférée à tout système énergétique vivant qui inclut le mental ou l'esprit.

112:0.5 3. Elle n'est pas entièrement soumise aux entraves des causes antécédentes. Elle est relativement créative ou cocréative.

112:0.6 4. Quand elle est conférée à des créatures matérielles évolutionnaires, elle fait que l'esprit s'efforce de maitriser l'énergie-matière par l'intermédiaire du mental.

112:0.7 5. Alors qu'elle est dépourvue d'identité, la personnalité peut unifier l'identité de tout système énergétique vivant.

112:0.8 6. Sa sensibilité au circuit de personnalité est seulement qualitative, contrairement à celle des trois énergies qui sont à la fois qualitativement et quantitativement sensibles à la gravité.

112:0.9 7. La personnalité est invariante en présence du changement.

112:0.10 8. Elle peut faire un don à Dieu - la consécration du libre arbitre à faire la volonté de Dieu.

112:0.11 9. Elle est caractérisée par la moralité - la conscience de la relativité des relations avec d'autres personnes. Elle discerne des niveaux de conduite et fait parmi eux un choix judicieux.

112:0.12 10. La personnalité est unique, absolument unique : elle est unique dans le temps et l'espace ; elle est unique dans l'éternité et au Paradis ; elle est unique lorsqu'elle est conférée - il n'en existe pas de copies ; elle est unique à tout moment de l'existence ; elle est unique par rapport à Dieu - qui ne fait pas acception de personnes, mais qui ne les additionne pas non plus, car elles ne sont pas additionnables - Elles sont associables, mais non totalisables.

112:0.13 11. La personnalité réagit directement à la présence d'une autre personnalité.

112:0.14 12. Elle est un élément qui peut être ajouté à l'esprit, ce qui illustre la primauté du Père par rapport au Fils. (Le mental n'a pas besoin d'être ajouté à l'esprit).

112:0.15 13. La personnalité peut survivre au décès physique avec l'identité qui est dans l'âme survivante. L'Ajusteur et la personnalité sont invariants ; la relation entre les deux (dans l'âme) n'est que changement, évolution continue ; et, si ce changement (la croissance) cessait, ce serait la fin de l'âme.

112:0.16 14. La personnalité a une conscience unique du temps, quelque chose d'autre que la perception du temps par le mental ou l'esprit.

112.1  Personnalité et Réalité

112:1.1 La personnalité est conférée par le Père Universel à ses créatures en tant que don potentiellement éternel. Un tel don divin est destiné à fonctionner sur de nombreux niveaux et dans des situations universelles successives allant de l'humble fini jusqu'au plus haut absonite, et même jusqu'aux frontières de l'absolu. La personnalité joue ainsi son rôle sur trois plans cosmiques ou dans trois phases de l'univers :

112:1.2 1. Statut de position. La personnalité fonctionne avec une égale efficacité dans l'univers local, dans le superunivers et dans l'univers central.

112:1.3 2. Statut de signification. La personnalité joue un rôle effectif sur les niveaux du fini, de l'absonite et même empiétant sur l'absolu.

112:1.4 3. Statut de valeur. La personnalité peut être réalisée expérientiellement dans les domaines progressifs du matériel, du morontiel et du spirituel.

112:1.5 La personnalité a un champ d'action perfectionné dont la performance est de dimensions cosmiques. La personnalité finie a trois dimensions qui fonctionnent à peu près comme suit :

112:1.6 1. La longueur représente la direction et la nature du progrès - le mouvement à travers l'espace et conformément au temps - l'évolution.

112:1.7 2. La profondeur verticale embrasse les impulsions et attitudes des organismes, les niveaux variables de réalisation de soi et le phénomène général de réaction à l'environnement.

112:1.8 3. La largeur embrasse les domaines de coordination, d'association et d'organisation de l'individualité.

112:1.9 Le type de personnalité conféré aux mortels d'Urantia a un potentiel de sept dimensions d'expression du moi ou de réalisation de la personne. Ces phénomènes dimensionnels sont réalisables à raison de trois sur le niveau fini, trois sur le niveau absonite et un sur le niveau absolu. Sur les niveaux subabsolus, cette septième dimension, ou dimension de totalité, peut être expérimentée en tant que fait de la personnalité. Cette dimension suprême est un absolu associable et, bien que n'étant pas infinie, elle possède un potentiel dimensionnel permettant une pénétration subinfinie de l'absolu.

112:1.10 Les dimensions finies de la personnalité sont en rapport avec la longueur, la profondeur et la largeur cosmiques. La longueur correspond à une signification ; la profondeur traduit une valeur ; et la largeur inclut la clairvoyance - la capacité d'éprouver une conscience indiscutable de la réalité cosmique.

112:1.11 Sur le niveau morontiel, toutes ces dimensions finies du niveau matériel sont grandement rehaussées, et certaines nouvelles valeurs dimensionnelles sont réalisables. Toutes ces expériences dimensionnelles amplifiées du niveau morontiel sont merveilleusement articulées avec la dimension suprême, celle de la personnalité, par l'influence de la mota, et aussi la cause de la contribution des mathématiques morontielles.

112:1.12 Beaucoup de difficultés éprouvées par les mortels dans leur étude de la personnalité humaine pourraient être évitées si la créature finie voulait se rappeler que les niveaux dimensionnels et les niveaux spirituels ne sont pas coordonnés dans la réalisation expérientielle de la personnalité.

112:1.13 La vie est en réalité un processus qui prend place entre l'organisme (l'individualité) et son environnement. La personnalité communique des valeurs d'identité et des significations de continuité à cette association d'un organisme et d'un environnement. On reconnaîtra ainsi que le phénomène de stimulation-réaction n'est pas un simple processus machinal, puisque la personnalité fonctionne comme facteur dans la situation totale. Il reste toujours vrai que les mécanismes sont naturellement passifs et les organismes, naturellement actifs.

112:1.14 La vie physique est un processus qui prend place entre l'organisme et l'environnement, plutôt qu'à l'intérieur de l'organisme. Tout processus de cet ordre tend à créer et à établir des modèles organiques de réaction à cet environnement, et tous ces modèles directeurs exercent une grande influence sur le choix du but.

112:1.15 C'est par l'intermédiaire du mental que le moi et l'environnement établissent un contact significatif. L'aptitude et la bonne disposition de l'organisme à établir des contacts significatifs avec l'environnement (à réagir à des incitations) représentent l'attitude de la personnalité tout entière.

112:1.16 La personnalité agit difficilement dans l'isolement. L'homme est, par naissance, une créature sociable ; il est dominé par un désir ardent d'appartenance. Il est littéralement vrai « qu'aucun homme ne vit pour lui-même » .

112:1.17 Mais le concept de la personnalité, en tant que signifiant la totalité de la créature qui vit et fonctionne, représente beaucoup plus que l'intégration de relations ; ce concept signifie l'unification de tous les facteurs de la réalité en même temps que la coordination des relations. Entre deux objets, il existe des relations, mais trois objets ou davantage aboutissent à un système, et un système représente beaucoup plus que des relations élargies ou complexes. Cette distinction est capitale, car, dans un système cosmique, les membres individuels ne sont pas reliés les uns aux autres autrement que par rapport au tout, et grâce à l'individualité de ce tout.

112:1.18 Dans l'organisme humain, la somme des parties constitue l'individu - l'individualité - mais ce processus n'a rien de commun avec la personnalité, qui est l'unificateur de tous ces facteurs dans leurs rapports avec les réalités cosmiques.

112:1.19 Dans un agrégat, les parties sont additionnées. Dans un système, les parties sont agencées. Les systèmes sont significatifs par leur organisation - les valeurs de position. Dans un bon système, tous les facteurs sont en position cosmique. Dans un mauvais système, ou bien il manque quelque chose, ou bien quelque chose est déplacé, dérangé. Dans le système humain, c'est la personnalité qui unifie toutes les activités et qui, à son tour, communique les qualités d'identité et de créativité.

112.2  Le Moi

112:2.1 Dans l'étude de l'individualité, il serait bon de se rappeler :

112:2.2 1. Que les systèmes physiques sont subordonnés.

112:2.3 2. Que les systèmes intellectuels sont coordonnés.

112:2.4 3. Que la personnalité est superordonnée.

112:2.5 4. Que la force spirituelle intérieure est potentiellement directrice.

112:2.6 Dans tout concept de l'individualité, il faudrait reconnaître que le fait de la vie vient d'abord, et son évaluation ou son interprétation ensuite. Un enfant commence par vivre, et réfléchit ultérieurement sur sa vie. Dans l'économie cosmique, le discernement précède la prévision.

112:2.7 Le fait universel de Dieu se faisant homme a pour toujours changé toutes les significations et modifié toutes les valeurs de la personnalité humaine. Dans le vrai sens du mot, l'amour implique une estime mutuelle de personnalités entières, qu'elles soient humaines ou divines, ou humaines et divines. Des fractions du moi peuvent fonctionner de nombreuses façons - réfléchir, ressentir, souhaiter - mais seuls les attributs coordonnés de la personnalité entière sont focalisés dans une action intelligente. Tous ces pouvoirs sont associés à la dotation spirituelle du mental humain quand un être humain aime sincèrement et de façon désintéressée un autre être, humain ou divin.

112:2.8 Tous les concepts humains de la réalité sont basés sur l'hypothèse que la personnalité humaine est actuelle. Tous les concepts des réalités suprahumaines sont basés sur l'expérience de la personnalité humaine avec les réalités cosmiques et dans ces réalités cosmiques que sont certaines entités spirituelles et personnalités divines associées. Dans l'expérience humaine, tout ce qui n'est pas spirituel, sauf la personnalité, est un moyen en vue d'une fin. Toute véritable relation entre un mortel et d'autres personnes - humaines ou divines - est une fin en soi. Et une telle association avec la personnalité de la Déité est le but éternel de l'ascension de l'univers.

112:2.9 La possession d'une personnalité identifie l'homme en tant qu'être spirituel, puisque l'unité de l'individualité et de la conscience de soi de la personnalité sont des dons du monde supramatériel. Le fait même qu'un mortel matérialiste puisse nier l'existence de réalités supramatérielles démontre, en lui-même et par lui-même, que la synthèse spirituelle et la conscience cosmique sont présentes dans son mental humain et y sont à l'oeuvre.

112:2.10 Il existe un grand abime cosmique entre la matière et la pensée, et un gouffre encore incommensurablement plus grand entre le mental matériel et l'amour spirituel. La conscience, et encore bien moins la conscience de soi, ne peuvent être expliquées par aucune théorie d'association électronique mécanique, ni par aucun phénomène d'énergie matérialiste.

112:2.11 À mesure que le mental poursuit l'analyse ultime de la réalité, la matière échappe aux sens matériels, mais peut encore rester réelle pour le mental. Quand la clairvoyance spirituelle recherche la réalité qui subsiste après la disparition de la matière et la poursuit jusqu'à une analyse ultime, la matière disparaît pour le mental, mais la clairvoyance de l'esprit peut encore percevoir les réalités cosmiques et les valeurs suprêmes de nature spirituelle. En conséquence, la science cède la place à la philosophie, tandis que la philosophie doit se plier aux conclusions inhérentes à l'expérience spirituelle authentique. La pensée abdique devant la sagesse, et la sagesse se perd dans une adoration illuminée et réflective.

112:2.12 Dans la science, le moi humain observe le monde matériel ; la philosophie est l'observation de cette observation du monde matériel ; la religion, la vraie expérience spirituelle, est la réalisation expérientielle de la réalité cosmique de l'observation de l'observation de toute cette synthèse relative des matériaux énergétiques du temps et de l'espace. Construire une philosophie de l'univers exclusivement sur le matérialisme, c'est ignorer le fait que toutes les choses matérielles sont initialement conçues comme réelles dans l'expérience de la conscience humaine. L'observateur ne peut pas être la chose observée. L'évaluation exige que l'évaluateur transcende quelque peu la chose évaluée.

112:2.13 Dans le temps, la pensée conduit à la sagesse, et la sagesse mène à l'adoration. Dans l'éternité, l'adoration conduit à la sagesse et la sagesse aboutit à la finalité de la pensée.

112:2.14 La possibilité d'unifier le moi en évolution est inhérente aux qualités de ses facteurs constitutifs qui sont : les énergies de base, les tissus essentiels, le super contrôle chimique fondamental, les idées suprêmes, les mobiles suprêmes, les buts suprêmes et le divin esprit d'effusion du Paradis - le secret de la conscience de soi de la nature spirituelle de l'homme.

112:2.15 Le dessein de l'évolution cosmique est d'atteindre l'unité de la personnalité par une maitrise croissante de l'esprit, par une réponse volitive aux enseignements et aux directives de l'Ajusteur de Pensée. La personnalité, tant humaine que suprahumaine, est caractérisée par une qualité cosmique inhérente que l'on pourrait appeler « l'évolution de la maitrise » , l'expansion du contrôle à la fois de soi-même et de son environnement.

112:2.16 Une personnalité ascendante ayant été humaine passe par deux grandes phases de maitrise volitive croissante du moi et dans l'univers :

112:2.17 1. L'expérience préfinalitaire, ou de la recherche de Dieu, consiste à accroitre la réalisation de soi par une technique d'expansion et d'actualisation de l'identité en même temps que la solution des problèmes cosmiques et la maitrise de l'univers qui en résulte.

112:2.18 2. L'expérience postfinalitaire, ou révélant Dieu, dans laquelle la réalisation de soi subit une expansion créative par la révélation de l'Être expérientiel Suprême aux intelligences cherchant Dieu, mais n'ayant pas encore atteint les niveaux divins où elles sont semblables à Dieu.

112:2.19 Les personnalités descendantes passent par des expériences analogues au cours de leurs diverses aventures dans l'univers, pendant qu'elles recherchent l'accroissement de leur capacité à connaître avec certitude et à exécuter les volontés divines des Déités Suprême, Ultime et Absolue.

112:2.20 Durant la vie physique, le moi matériel, l'ego-entité de l'identité humaine, dépend du fonctionnement continu du véhicule vital matériel, du maintien continu de l'équilibre instable des énergies et de l'intellect, auquel on a donné le nom de vie sur Urantia. Mais l'individualité ayant valeur de survie, l'individualité qui peut transcender l'expérience de la mort, ne se constitue qu'en établissant un transfert potentiel du siège de l'identité de la personnalité évoluante, depuis le véhicule de la vie transitoire - le corps matériel - jusqu'à l'âme morontielle de nature plus durable et immortelle, et ensuite au delà, sur les niveaux où l'âme s'imprègne de réalité spirituelle et atteint finalement le statut de réalité d'esprit. Ce transfert effectif d'une association matérielle à une identification morontielle s'effectue par la sincérité, la persistance et la fermeté des décisions de la créature humaine dans sa recherche de Dieu.

112.3  Le Phénomène de la Mort

112:3.1 Les Urantiens ne reconnaissent, en général, qu'une seule sorte de mort, la cessation physique des énergies vitales ; mais, en ce qui concerne la survie de la personnalité, il y a en réalité trois espèces de morts :

112:3.2 1. La mort spirituelle (de l'âme). Si un mortel rejette la survie et quand il l'a rejetée définitivement ; quand il a été déclaré spirituellement insolvable et morontiellement en faillite suivant l'opinion conjointe de l'Ajusteur et du séraphin survivant, quand un tel avis coordonné a été enregistré sur Uversa, et après que les Censeurs et leurs associés réflectifs ont vérifié ces conclusions, les dirigeants d'Orvonton ordonnent la libération immédiate du Moniteur intérieur. Cependant, cette libération de l'Ajusteur n'affecte en aucune manière les devoirs du séraphin personnel ou collectif qui s'occupe de cet individu abandonné par l'Ajusteur. Cette sorte de mort a une signification définitive, indépendante des énergies vivantes qui peuvent continuer temporairement à animer les mécanismes physiques et mentaux. Du point de vue cosmique, l'intéressé est déjà mort. La continuation de la vie dénote simplement la persistance de la force vive matérielle des énergies cosmiques.

112:3.3 2. La mort intellectuelle (du mental). Quand les circuits vitaux du ministère adjuvat supérieur sont rompus par les aberrations de l'intellect, ou par la destruction partielle du mécanisme cérébral, et si cet état de choses dépasse un certain point critique où il est devenu irréparable, l'Ajusteur intérieur est immédiatement libéré et part pour Divinington. Dans les annales de l'univers, on considère qu'une personnalité mortelle a rencontré la mort dès que les circuits mentaux essentiels de l'action volitive humaine ont été détruits. Et ceci est encore la mort, indépendamment du fait que le mécanisme vivant du corps physique continue à fonctionner. Privé du mental volitif, le corps a cessé d'être humain, mais l'âme d'un tel individu peut survivre ; cela dépend du choix antérieur de sa volonté humaine.

112:3.4 3. La mort physique (corps et mental). Quand la mort atteint un être humain, l'Ajusteur reste dans la citadelle du mental jusqu'à ce qu'il cesse de fonctionner comme un mécanisme intelligent, c'est-à-dire à peu près jusqu'au moment où les énergies cérébrales mesurables cessent leurs pulsations vitales rythmiques. À la suite de cette désintégration, l'Ajusteur prend congé du mental en voie de disparition, avec tout aussi peu de cérémonie qu'il y était entré un certain nombre d'années auparavant, et se rend à Divinington en passant par Uversa.

112:3.5 Après la mort, le corps matériel retourne au monde élémental d'où il provenait, mais deux facteurs immatériels de la personnalité survivante persistent : en premier lieu, l'Ajusteur de Pensée préexistant, avec la mémoire transcrite de la carrière mortelle, se rend sur Divinington ; en second, lieu l'âme morontielle immortelle du trépassé est confiée au gardien de la destinée. Ces phases et aspects de l'âme, ces formules d'identité jadis cinétiques et maintenant statiques, sont essentielles pour la repersonnalisation sur les mondes morontiels ; et c'est la réunion de l'Ajusteur et de l'âme qui reconstitue la personnalité survivante, qui vous rend de nouveau conscient au moment du réveil morontiel.

112:3.6 Pour ceux qui n'ont pas de gardien séraphique personnel, les conservateurs collectifs accomplissent fidèlement et efficacement le même service de sauvegarde de l'identité et de résurrection de la personnalité. Les séraphins sont indispensables pour reconstituer la personnalité.

112:3.7 Lors de la mort de son sujet, l'Ajusteur de Pensée perd temporairement sa personnalité, mais non son identité, tandis que le sujet humain perd son identité, mais non sa personnalité ; sur les mondes des maisons, les deux se réunissent en une manifestation éternelle. Jamais un Ajusteur parti ne revient sur terre avec l'identité de l'être qu'il avait précédemment habité. Jamais la personnalité n'est manifestée sans la volonté humaine ; et jamais un être humain séparé de son Ajusteur après la mort ne manifeste une identité active ou n'établit une communication quelconque avec les êtres vivants sur terre. Ces âmes séparées de l'Ajusteur sont entièrement et absolument inconscientes pendant le court ou long sommeil de la mort. Il ne peut se produire aucune manifestation d'aucune sorte de la personnalité, ni exister aucune aptitude à engager des communications avec d'autres personnalités avant le parachèvement de la survie. Ceux qui vont sur les mondes des maisons n'ont pas l'autorisation d'envoyer des messages en retour à ceux qu'ils aimaient. Il est de règle, dans tous les univers, d'interdire ce genre de communications pendant la durée de la dispensation en cours.

112.4  Les Ajusteurs après la Mort

112:4.1 Quand une mort de nature matérielle, intellectuelle ou spirituelle survient, l'Ajusteur fait ses adieux à son hôte mortel et part pour Divinington. Un contact réflectif est établi à partir de leur siège respectif entre les superviseurs du gouvernement de l'univers local et ceux du superunivers, après quoi la sortie du Moniteur est enregistrée sous le même numéro d'inscription que son entrée dans les domaines du temps.

112:4.2 D'une manière que nous ne comprenons pas entièrement, les Censeurs Universels sont capables d'entrer en possession d'un résumé de la vie humaine telle qu'elle est incorporée dans le duplicata de la transcription, faite par l'Ajusteur, des valeurs spirituelles et des significations morontielles du mental habité. Les Censeurs ont la faculté de s'approprier la version de l'Ajusteur sur le caractère de survie et les qualités spirituelles de l'humain décédé, et toutes ces données, ainsi que les archives séraphiques, sont disponibles pour être présentées au moment du jugement de l'individu concerné. Ces renseignements sont également utilisés pour confirmer les ordres superuniversels qui rendent possible à certains ascendeurs de commencer immédiatement leur carrière morontielle, c'est-à-dire de se rendre sur les mondes des maisons aussitôt après leur désintégration physique, en anticipant sur la terminaison officielle d'une dispensation planétaire.

112:4.3 Après la mort physique, et sauf pour les individus transférés de chez les vivants, l'Ajusteur libéré se rend immédiatement sur la sphère-foyer de Divinington. Les détails de ce qui se passe sur ce monde, en attendant la réapparition effective du mortel survivant, dépendent principalement de la réponse à la question suivante : l'être humain s'élève-t-il aux mondes des maisons de son propre droit individuel, ou bien attend-il une convocation dispensationnelle des survivants endormis d'un âge planétaire ?

112:4.4 Si son associé mortel appartient à un groupe qui sera repersonnalisé à la fin d'une dispensation, l'Ajusteur ne retournera pas immédiatement au monde des maisons de l'ancien système où il servait, mais il optera pour l'une des affectations temporaires suivantes :

112:4.5 1. Enrôlement dans les rangs des Moniteurs disparus pour des services non révélés.

112:4.6 2. Affectation pour un temps à l'observation du régime du Paradis.

112:4.7 3. Enrôlement dans l'une des nombreuses écoles d'entrainement de Divinington.

112:4.8 4. Stationnement pour un temps comme observateur estudiantin sur l'une des six autres sphères sacrées constituant le circuit des mondes paradisiaques du Père.

112:4.9 5. Affectation au service des messagers des Ajusteurs Personnalisés.

112:4.10 6. Devenir instructeur adjoint dans les écoles de Divinington consacrées à l'éducation des Moniteurs appartenant au groupe vierge.

112:4.11 7. Affectation à sélectionner un groupe de mondes possibles pour servir au cas où il y aurait des motifs raisonnables de croire que le partenaire humain pourrait avoir rejeté la survie.

112:4.12 Si, au moment où la mort vous surprend, vous avez atteint le troisième cercle ou un royaume supérieur, et qu'en conséquence un gardien personnel de la destinée vous a été affecté, et si la transcription finale du résumé de votre caractère de survie soumise par l'Ajusteur est certifiée inconditionnellement par le gardien de la destinée - si le séraphin et l'Ajusteur sont essentiellement d'accord sur chaque rubrique de leurs exposés et recommandations concernant votre vie - si les Censeurs Universels et leurs associés réflectifs sur Uversa confirment ces données sans équivoque ni réserve, alors les Anciens des Jours lancent comme un éclair, sur les circuits de communications allant à Salvington, l'ordre de rehausser votre statut. Ainsi couverts, les tribunaux du Souverain de Nébadon décrèteront le passage immédiat de l'âme survivante aux salles de résurrection des mondes des maisons.

112:4.13 D'après les informations que je reçois, si l'individu humain survit sans délai, l'Ajusteur se fait inscrire à Divinington, se rend au Paradis devant la personne du Père Universel, revient aussitôt pour être étreint par les Ajusteurs Personnalisés du superunivers et de l'univers local où il est affecté, reçoit la confirmation du chef Moniteur Personnalisé de Divinington, et passe ensuite immédiatement à la « réalisation de la transition d'identité » . De là, il est invité, à la troisième période et sur le monde des maisons, à habiter la forme même de personnalité préparée pour recevoir l'âme survivante du mortel terrestre, telle que cette forme a été projetée par le gardien de la destinée.

112.5  La Survie du Moi Humain

112:5.1 L'individualité est une réalité cosmique, qu'elle soit matérielle, morontielle ou spirituelle. L'actualité de l'état personnel est le don du Père Universel agissant de lui-même et par lui-même ou par ses multiples agents universels. Dire qu'un être est personnel, c'est reconnaître l'individuation relative d'un tel être, à l'intérieur de l'organisme cosmique. Le cosmos vivant est un agrégat presque infiniment intégré d'unités réelles dont chacune est relativement soumise à la destinée de l'ensemble. Mais les unités personnelles ont été dotées de la faculté effective de choisir entre l'acceptation et le rejet de leur destinée.

112:5.2 Ce qui vient du Père est éternel comme le Père, et ceci est tout aussi vrai pour la personnalité, que Dieu donne en vertu de son libre arbitre, que pour le divin Ajusteur de Pensée, fragment actuel de Dieu. La personnalité de l'homme est éternelle, mais, quant à l'identité, c'est une réalité éternelle conditionnée. Du fait qu'elle est apparue en réponse à la volonté du Père, la personnalité atteindra une destinée de Déité, mais l'homme doit choisir s'il sera présent ou non à l'aboutissement de cette destinée. À défaut de choix positif, la personnalité atteint directement la Déité expérientielle en devenant une partie de l'Être Suprême. Le cycle est préordonné, mais la participation de l'homme à ce cycle est optionnelle, personnelle et expérientielle.

112:5.3 L'identité du mortel est une condition transitoire de la vie temporelle dans l'univers. Elle n'est réelle que dans la mesure où la personnalité choisit de devenir un phénomène continu de l'univers. Voici la différence essentielle entre l'homme et un système énergétique : le système énergétique doit continuer, il n'a pas le choix, mais l'homme a tout à voir dans la détermination de sa propre destinée. L'Ajusteur est vraiment le sentier vers le Paradis, mais il faut que l'homme suive lui-même ce sentier par sa propre décision, par le choix de son libre arbitre.

112:5.4 Les êtres humains ne possèdent d'identité que dans le sens matériel. De telles qualités du moi sont exprimées par le mental matériel tel qu'il fonctionne dans le système énergétique de l'intellect. Quand on dit que l'homme a une identité, on reconnaît qu'il possède un circuit mental qui a été subordonné aux actes et aux choix de la volonté de la personnalité humaine. Mais cette manifestation est toutefois matérielle et purement temporaire, de même que l'embryon humain est un stade transitoire parasite de la vie humaine. Dans la perspective cosmique, les êtres humains naissent, vivent et meurent relativement en un instant ; ils ne sont pas durables. Mais, par son propre choix, la personnalité mortelle possède le pouvoir de transférer son siège d'identité du système éphémère intellect-matière au système supérieur âme-morontia, lequel, en association avec l'Ajusteur de Pensée, est créé comme nouveau véhicule pour la manifestation de la personnalité.

112:5.5 C'est ce pouvoir de choix lui-même, cette marque distinctive universelle des créatures douées de libre arbitre, qui constitue la plus grande chance de l'homme et sa suprême responsabilité cosmique. La destinée éternelle du futur finalitaire dépend de l'intégrité de la volition humaine. Pour acquérir la personnalité éternelle, le divin Ajusteur dépend de la sincérité du libre arbitre du mortel. Pour réaliser un nouveau fils ascendant, le Père Universel dépend de la fidélité du choix du mortel. Pour rendre actuelle l'évolution expérientielle, l'Être Suprême dépend de la fermeté et de la sagesse des décisions-actions humaines.

112:5.6 Les cercles cosmiques de croissance de la personnalité doivent finalement être atteints, mais il peut arriver que, sans qu'il y ait faute de votre part, les accidents du temps et les handicaps de l'existence matérielle vous aient empêché de dominer ces niveaux sur votre planète natale. Si vos intentions et vos désirs ont une valeur de survie, des décrets seront émis pour prolonger votre période probatoire. On vous allouera du temps supplémentaire pour démontrer ce que vous valez.

112:5.7 Si jamais il y a un doute sur l'opportunité de faire avancer une identité humaine sur les mondes des maisons, les gouvernements de l'univers décident invariablement dans l'intérêt personnel de l'individu. Sans hésiter, ils élèvent cette âme au statut d'être transitionnel, tout en continuant leurs observations sur ses intentions morontielles et ses desseins spirituels émergents. Ainsi, la divine justice est certaine d'être accomplie et la divine miséricorde se voit accorder une nouvelle occasion d'étendre son ministère.

112:5.8 Les gouvernements d'Orvonton et de Nébadon ne prétendent pas atteindre une perfection absolue dans l'exécution détaillée du plan universel de repersonnalisation des mortels, mais ils prétendent manifester de la patience, de la tolérance, de la compréhension et une sympathie miséricordieuse, et ils le font réellement. Nous préférons assumer le risque d'une rébellion dans un système plutôt que de courir le risque de priver un seul individu, se débattant dans n'importe quel monde évolutionnaire, de la joie éternelle de poursuivre la carrière ascendante.

112:5.9 Cela ne signifie pas que les êtres humains doivent bénéficier d'une seconde chance après avoir rejeté la première ; il n'en est nullement ainsi. Mais cela signifie que toutes les créatures volitives doivent avoir une véritable occasion de faire un choix indubitable, pleinement conscient et définitif. Les Juges souverains des univers ne priveront jamais du statut de personnalité un être qui n'a pas définitivement et pleinement fait le choix éternel. L'âme humaine doit recevoir et recevra pleine et ample occasion de révéler sa véritable intention et son dessein réel.

112:5.10 Après leur mort, les humains les plus évolués spirituellement et cosmiquement se rendent immédiatement sur les mondes des maisons. En général, ce dispositif opère pour ceux qui ont un gardien séraphique affecté à leur personne. D'autres mortels peuvent être détenus jusqu'à ce que le jugement de leurs affaires ait été parachevé, après quoi ils peuvent aller aux mondes des maisons. Ils peuvent aussi être affectés aux rangs des survivants endormis qui seront repersonnalisés en masse à la fin de la dispensation planétaire en cours.

112:5.11 Deux difficultés entravent mes efforts pour expliquer exactement ce qui se passe pour vous dans la mort, le vous survivant, qui est distinct de l'Ajusteur qui vous quitte. L'une d'elles consiste dans l'impossibilité de transmettre, à votre niveau de compréhension, une description adéquate d'une opération se situant à la frontière des domaines physique et morontiel. L'autre difficulté provient des restrictions placées par les autorités célestes gouvernant Urantia sur ma mission en tant que révélateur de la vérité. Beaucoup de détails intéressants pourraient être présentés, mais je ne les révèle pas sur le conseil de vos superviseurs planétaires immédiats. Toutefois, je reste dans les limites de mes attributions en exposant ce qui suit :

112:5.12 Un élément réel, un produit de l'évolution humaine, quelque chose en sus du Moniteur de Mystère, survit à la mort. Cette entité nouvellement apparue est l'âme, et elle survit à la mort de votre corps physique aussi bien qu'à celle de votre mental matériel. Cette entité est l'enfant conjoint de la vie et des efforts conjugués du vous humain en liaison avec le vous divin, l'Ajusteur. Cet enfant d'ascendance humaine et divine constitue l'élément survivant d'origine terrestre ; c'est le moi morontiel, l'âme immortelle.

112:5.13 Cet enfant, dont la signification persiste et la valeur survit, est entièrement inconscient pendant la période allant de la mort à la repersonnalisation ; il reste confié au gardien séraphique de la destinée pendant toute la période d'attente. Après la mort, vous n'agirez pas en tant qu'être conscient avant d'avoir atteint la nouvelle conscience morontielle sur les mondes des maisons de Satania.

112:5.14 Au moment de la mort, l'identité fonctionnelle associée à la personnalité humaine est interrompue par la cessation du mouvement vital. Bien que la personnalité humaine transcende ses fragments constituants, elle dépend d'eux pour cette identité fonctionnelle. L'arrêt de la vie détruit les formes du cerveau physique nécessaires à la dotation mentale, et cette interruption du mental met fin à la conscience humaine. Après cela, la conscience de la créature ne peut plus réapparaître avant qu'ait été arrangée une situation cosmique permettant à la même personnalité humaine de fonctionner de nouveau en relation avec l'énergie vivante.

112:5.15 Pendant le transit des mortels survivants entre leur monde d'origine et les mondes des maisons, que leur personnalité ait été reconstituée à la troisième période, ou qu'elle fasse son ascension à l'époque d'une résurrection collective, les données constitutives de leur personnalité sont fidèlement préservées par les archanges sur leurs mondes d'activités spéciales. Les archanges ne sont pas les conservateurs de la personnalité (comme les anges gardiens conservent l'âme) mais il n'en est pas moins vrai que tout facteur identifiable de personnalité est efficacement préservé sous la garde de ces fidèles dépositaires des éléments de la survie humaine. Quant à l'emplacement exact de la personnalité du mortel pendant la période intermédiaire entre la mort et la survie, nous ne le connaissons pas.

112:5.16 La situation qui rend la repersonnalisation possible est créée dans les salles de résurrection des planètes réceptrices morontielles de l'univers local. Là, dans les chambres d'assemblage de la vie, les autorités supervisantes fournissent cette combinaison d'énergie universelle - morontielle, mentale et spirituelle - qui permet de restituer la conscience au survivant endormi. Le réassemblage des parties constituantes d'une personnalité autrefois matérielle implique :

112:5.17 1. La construction d'une forme appropriée, un modèle morontiel d'énergie, dans laquelle le nouveau survivant peut établir le contact avec la réalité non spirituelle, et à l'intérieur de laquelle la variante morontielle du mental cosmique peut être mise en circuit.

112:5.18 2. Le retour de l'Ajusteur chez la créature morontielle en attente. L'Ajusteur est l'éternel conservateur de votre identité ascendante. Votre Moniteur représente l'assurance absolue que c'est vous-même et non un autre qui occuperez la forme morontielle créée pour le réveil de votre personnalité. Et l'Ajusteur sera présent à la reconstitution de votre personnalité pour reprendre le rôle de guide paradisiaque de votre moi survivant.

112:5.19 3. Quand ces conditions préalables à la repersonnalisation ont été réunies, le conservateur séraphique des potentialités de l'âme immortelle assoupie, avec l'assistance de nombreuses personnalités cosmiques, attribue cette entité morontielle à la forme corporelle et mentale morontielle préparée à cet effet ; en même temps, il engage cet enfant évolutionnaire du Suprême dans une association éternelle avec l'Ajusteur en attente. Cela parachève la repersonnalisation, la reconstitution de la mémoire, de la clairvoyance et de la conscience - l'identité.

112:5.20 Le fait de la repersonnalisation consiste dans la prise de possession, par le moi humain qui se réveille, de la phase morontielle encircuitée du mental cosmique nouvellement séparé. Le phénomène de la personnalité dépend de la persistance de l'identité de la réaction de l'individualité à son environnement universel ; et celle-ci ne peut s'effectuer que par l'intermédiaire du mental. L'individualité persiste malgré un changement continu dans tous les facteurs composant le moi ; dans la vie physique, le changement est graduel ; lors de la mort et de la repersonnalisation, le changement est soudain. La véritable réalité de toute individualité (personnalité) est capable de réagir de manière adéquate aux situations de l'univers, grâce aux modifications incessantes de ses parties constituantes ; la stagnation se termine inévitablement par la mort. La vie humaine est un changement perpétuel des facteurs de la vie, unifiés par la stabilité de la personnalité invariante.

112:5.21 Quand vous vous réveillerez ainsi sur le monde des maisons de Jérusem, vous serez tellement changé, votre transformation spirituelle sera si grande que, sans l'aide de votre Ajusteur de Pensée et du gardien de la destinée qui rattacheront si pleinement votre nouvelle vie sur les nouveaux mondes à votre ancienne vie sur votre premier monde, il vous serait d'abord difficile de relier votre nouvelle conscience morontielle aux réminiscences de votre identité antérieure. Malgré la continuité de l'individualité personnelle, une grande partie de votre vie de mortel vous paraîtrait d'abord un vague rêve embrumé. Toutefois, le temps clarifiera beaucoup de souvenirs associés à votre vie de mortel.

112:5.22 L'Ajusteur de Pensée ne vous rappellera et ne vous répètera que les souvenirs et les expériences formant une partie essentielle de votre carrière universelle. Si l'Ajusteur a été associé à l'évolution de quoi que ce soit dans le mental humain, alors ces expériences dignes d'intérêt survivront dans la conscience éternelle de l'Ajusteur. Toutefois, une grande partie de votre vie passée et de vos souvenirs n'ayant ni signification spirituelle ni valeur morontielle, périront avec le cerveau matériel. Bien des expériences matérielles disparaîtront comme d'anciens échafaudages vous ayant servi de pont pour passer au niveau morontiel et n'ayant désormais plus d'utilité dans l'univers. Mais la personnalité et les relations entre personnalités ne sont jamais des échafaudages ; la mémoire humaine des relations de personnalités a une valeur cosmique et persistera. Sur les mondes des maisons, non seulement vous connaîtrez et serez connus de ceux qui furent vos associés dans la courte mais mystérieuse vie physique sur Urantia, mais vous vous les rappellerez et ils se souviendront de vous.

112.6  Le Moi Morontiel

112:6.1 De même qu'un papillon émerge du stade de la chenille, de même la vraie personnalité des êtres humains émergera sur les mondes des maisons en se révélant, pour la première fois, séparée de son ancien linceul de chair matérielle. La carrière morontielle dans l'univers local concerne l'élévation continue du mécanisme de la personnalité, depuis le niveau morontiel initial d'existence de l'âme jusqu'au niveau morontiel final de spiritualité progressive.

112:6.2 Il est difficile de vous instruire au sujet de vos formes morontielles de personnalité pour la carrière de l'univers local. Vous serez dotés de modèles morontiels capables de manifester la personnalité, mais en dernière analyse ce sont des enveloppes qui dépassent votre compréhension. Bien qu'entièrement réelles, ces formes ne sont pas des modèles énergétiques de l'ordre matériel que vous comprenez maintenant. Toutefois, sur les mondes de l'univers local, elles jouent le même rôle que vos corps matériels sur les planètes où naissent les hommes.

112:6.3 Dans une certaine mesure, l'apparence de la forme corporelle matérielle est sensible au caractère de l'identité de la personnalité. À un degré limité, le corps physique reflète quelque chose de la nature innée de la personnalité. La forme visible morontielle la reflète encore davantage. Dans la vie physique, les mortels peuvent être très beaux extérieurement tout en étant laids intérieurement. Dans la vie morontielle, la forme visible de la personnalité varie directement d'après la nature de la personnalité intérieure, en s'y adaptant de plus en plus à mesure que les niveaux s'élèvent. Sur le niveau spirituel, la forme extérieure et la nature intérieure commencent à s'approcher d'une identification complète qui se perfectionne progressivement sur les niveaux d'esprit de plus en plus élevés.

112:6.4 Dans l'état morontiel, l'ascendeur est doté de la variante nébadonienne du mental cosmique du Maitre Esprit d'Orvonton. L'intellect mortel en tant que tel a péri, a cessé d'exister comme une entité universelle focalisée, séparée des circuits mentaux indifférenciées de l'Esprit Créatif. Par contre, les valeurs et les significations du mental humain n'ont pas péri. Certaines phases mentales persistent dans l'âme survivante ; certaines valeurs expérientielles de l'ancien mental humain sont détenues par l'Ajusteur ; et l'histoire de la vie humaine telle qu'elle a été vécue dans la chair, subsiste dans l'univers local, ainsi que certains enregistrements vivants chez les nombreux êtres s'occupant de l'évaluation finale de l'ascendeur mortel ; ces êtres s'échelonnent depuis les séraphiques jusqu'aux Censeurs Universels, et probablement au delà jusqu'au Suprême.

112:6.5 La volition d'une créature ne peut exister sans le mental, mais elle persiste malgré la perte de l'intellect matériel. Pendant les premiers temps qui suivent la résurrection, la personnalité ascendante est guidée, dans une large mesure, par les modèles de caractère hérités de sa vie humaine et par l'action nouvellement apparue de la mota morontielle. Ces guides de la conduite sur les mondes des maisons opèrent d'une manière acceptable au cours des premiers stades de la vie morontielle et avant que la volonté morontielle n'émerge dans sa plénitude comme expression volitive de la personnalité ascendante.

112:6.6 Dans la carrière de l'univers local, il n'y a pas d'influences comparables aux sept esprits-mentaux adjuvats de l'existence humaine. Le mental morontiel doit évoluer par contact direct avec le mental cosmique, tel que ce mental cosmique a été modifié et traduit par la source créative de l'intellect de l'univers local - la Divine Ministre.

112:6.7 Avant la mort, le mental humain a conscience d'être indépendant de la présence de l'Ajusteur ; pour pouvoir fonctionner, le mental adjuvat n'a besoin que du modèle associant l'énergie et la matière. Mais l'âme morontielle, étant superadjuvate, ne retient pas la conscience d'elle-même sans l'Ajusteur quand elle est privée du mécanisme du mental matériel. Cette âme évoluante possède toutefois une continuité de caractère dérivée des décisions prises par son ancien mental adjuvat associé et ce caractère devient une mémoire active quand les formes de cet ancien mental reçoivent l'énergie de l'Ajusteur revenu.

112:6.8 La persistance de la mémoire est la preuve que l'identité de l'individualité originelle est retenue ; elle est essentielle pour parachever l'autoconscience de la continuité et de l'expansion de la personnalité. Les mortels qui s'élèvent sans Ajusteur dépendent de l'instruction de leurs associés séraphiques pour reconstruire leur mémoire humaine ; à part cela, l'âme morontielle des mortels fusionnés avec l'Esprit n'est pas limitée. Le modèle de la mémoire persiste dans l'âme, mais requiert la présence de l'ancien Ajusteur pour devenir immédiatement capable de se réaliser en tant que mémoire continue. Sans l'Ajusteur, il faut un temps considérable au survivant humain pour réexplorer et réapprendre, pour recapter la mémoire consciente des significations et valeurs de son existence antérieure.

112:6.9 L'âme ayant valeur de survie reflète fidèlement à la fois les actes et les mobiles qualitatifs et quantitatifs de l'intellect matériel, siège antérieur de l'identité de l'individualité. En choisissant la vérité, la beauté et la bonté, le mental mortel entre dans sa carrière universelle prémorontielle sous la tutelle des sept esprits-mentaux adjuvats unifiés sous la direction de l'esprit de sagesse. Par la suite, quand les sept cercles d'aboutissement prémorontiel ont été franchis, le don du mental morontiel se surimpose sur le mental adjuvat, ce qui inaugure la carrière préspirituelle ou morontielle de progression dans l'univers local.

112:6.10 Quand une créature quitte sa planète natale, elle laisse derrière elle le ministère des adjuvats et ne dépend plus que de l'intellect morontiel. Quand un ascendeur quitte l'univers local, il a atteint le niveau spirituel d'existence ayant dépassé le niveau morontiel. Cette entité spirituelle nouvellement apparue se met alors en harmonie avec le ministère direct du mental cosmique d'Orvonton.

112.7  Fusion avec l'Ajusteur

112:7.1 La fusion avec l'Ajusteur de Pensée transmet à la personnalité des actualités éternelles qui n'étaient auparavant que potentielles. Parmi ces nouvelles dotations, on peut mentionner : la fixation de la qualité de divinité, la mémoire et l'expérience de l'éternité passée, l'immortalité et une phase d'absoluité potentielle qualifiée.

112:7.2 Quand votre course terrestre dans une forme temporaire a été courue, vous êtes destiné à vous réveiller sur les rives d'un monde meilleur, et finalement vous serez uni avec votre fidèle Ajusteur dans une éternelle étreinte. Et cette fusion constitue le mystère qui fait que Dieu et l'homme sont un, le mystère de l'évolution de la créature finie, mais cela est éternellement vrai. La fusion est le secret de la sphère sacrée d'Ascendington, et nulle créature, sauf celles qui ont expérimenté la fusion avec l'esprit de la Déité, ne peut comprendre la vraie signification des valeurs réelles qui se joignent quand l'identité d'une créature du temps s'unifie pour l'éternité avec l'esprit de la Déité du Paradis.

112:7.3 La fusion avec l'Ajusteur s'effectue habituellement pendant que l'ascendeur réside encore dans son système local. Elle peut se produire sur sa planète natale comme une transcendance de la mort naturelle ; elle peut avoir lieu sur n'importe quel monde des maisons ou au quartier général du système. La fusion peut même être retardée jusqu'au moment du séjour au siège de la constellation ; ou encore, dans certains cas spéciaux, elle peut ne pas être consommée avant que l'ascendeur ait atteint la capitale de l'univers local.

112:7.4 Quand la fusion avec l'Ajusteur a été effectuée, la carrière éternelle de la personnalité ne court plus aucun danger dans l'avenir. Les êtres célestes passent par une longue expérience pour être éprouvés ; mais les mortels passent par des épreuves relativement courtes et intensives sur les mondes évolutionnaires et morontiels.

112:7.5 La fusion avec l'Ajusteur ne se produit jamais avant que les décrets du superunivers aient confirmé que la nature humaine a porté son choix d'une manière définitive et irrévocable sur la carrière éternelle. Ceci est l'autorisation d'union qui, une fois proclamée, constitue pour la personnalité fusionnée le laissez-passer l'autorisant finalement à quitter les confins de l'univers local pour se rendre, en son temps, au quartier général du superunivers. De là, et dans un avenir lointain, un seconaphin enveloppera le pèlerin du temps pour le long vol qui le conduira dans l'univers central de Havona et vers l'aventure de la Déité.

112:7.6 Sur les mondes évolutionnaires, l'individualité est matérielle ; elle est un objet dans l'univers et se trouve soumise comme tel aux lois de l'existence matérielle. Elle est un fait dans le temps et elle est sensible aux vicissitudes du temps. Là, les décisions de survie doivent être formulées. Dans l'état morontiel, le moi est devenu une réalité de l'univers nouvelle et plus durable ; sa croissance continue est fondée sur son harmonisation progressive avec les circuits mentaux et spirituels de l'univers. Maintenant, les décisions de survie se confirment. Quand le moi atteint le niveau spirituel, il est devenu une valeur certaine dans l'univers, et cette nouvelle valeur est fondée sur le fait que les décisions de survie ont été prises, ce dont témoigne la fusion éternelle avec l'Ajusteur de Pensée. Après avoir atteint le statut d'une vraie valeur de l'univers, la créature devient potentiellement libre de rechercher la plus haute valeur universelle - Dieu.

112:7.7 De tels êtres fusionnés sont doubles dans leurs réactions universelles. D'une part ils sont des individus morontiels distincts ayant certaines analogies avec les séraphins, et d'autres part ils sont potentiellement des êtres de l'ordre des finalitaires du Paradis.

112:7.8 Mais, en réalité, l'individu fusionné avec son Ajusteur est une seule personnalité, un seul être, dont l'unité défie toute tentative d'analyse par quelqu'intelligence de l'univers que ce soit. Ainsi ayant passé devant les tribunaux de l'univers local, depuis les plus modestes jusqu'aux plus élevés, sans qu'aucun ait pu identifier séparément l'homme et l'Ajusteur, vous serez finalement conduit devant le Souverain de Nébadon, Père de votre univers local. Là, vous recevrez, de la main même de l'être dont la paternité créative dans cet univers temporel a rendu possible le fait de votre vie, les lettres de créance qui vous donneront le droit de poursuivre finalement votre carrière dans le superunivers, à la recherche du Père Universel.

112:7.9 L'Ajusteur triomphant a-t-il gagné la personnalité par son magnifique service à l'humanité, ou le vaillant humain a-t-il acquis l'immortalité par ses efforts sincères pour devenir semblable à l'Ajusteur ? Ce n'est ni l'un ni l'autre ; c'est ensemble qu'ils ont consommé l'évolution d'un membre d'un des ordres de nature unique de personnalités ascendantes du Suprême, d'un être que l'on trouvera toujours serviable, fidèle et efficace, un candidat à une croissance et à un développement nouveaux tendant toujours à s'élever, ne s'arrêtant jamais dans l'ascension céleste avant que les sept circuits de Havona aient été traversés et que l'âme, d'ancienne origine terrestre se tenant en adoration, reconnaisse la personnalité même du Père du Paradis.

112:7.10 Pendant toute cette magnifique ascension, l'Ajusteur de Pensée est le gage divin de la stabilisation spirituelle future et entière de l'ascendeur mortel. Entretemps, la présence du libre arbitre humain procure à l'Ajusteur un canal éternel pour libérer la nature divine et infinie. Maintenant, ces deux identités n'en font plus qu'une ; nul évènement du temps ou de l'éternité ne peut plus séparer l'homme et l'Ajusteur ; ils sont inséparables, ils ont fusionné pour l'éternité.

112:7.11 Sur les mondes à fusion d'Ajusteurs, la destinée du Moniteur de Mystère est identique à celle du mortel ascendant - le Corps Paradisiaque de la Finalité. Ni l'Ajusteur ni le mortel ne peuvent atteindre ce but unique sans la pleine coopération et la fidèle entraide de l'autre. Cette association extraordinaire est l'un des phénomènes cosmiques les plus passionnants et les plus stupéfiants du présent âge de l'univers.

112:7.12 À partir du moment de la fusion avec l'Ajusteur, le statut de l'ascendeur est celui de la créature évolutionnaire. Le partenaire humain fut le premier à jouir de la personnalité ; il est donc hiérarchiquement supérieur à l'Ajusteur dans toutes les questions concernant la récognition de la personnalité. L'être fusionné a pour quartier général au Paradis Ascendington, et non Divinington ; ce composé unique de Dieu et d'homme a rang de mortel ascendant sur tout le chemin s'élevant jusqu'au Corps de la Finalité.

112:7.13 Quand un Ajusteur fusionne avec un ascendeur mortel, le numéro de cet Ajusteur est rayé des archives du superunivers. Quant à ce qui se passe dans les archives de Divinington, je n'en sais rien, mais je suppose que l'on place le dossier de cet Ajusteur dans les cercles secrets des cours intérieures de Grandfanda, chef en exercice du Corps de la Finalité.

112:7.14 Avec la fusion de l'Ajusteur, le Père Universel a accompli sa promesse de se donner lui-même à ses créatures matérielles. Il a exécuté la promesse et le plan de l'effusion éternelle de divinité sur l'humanité. Maintenant, commence la tentative humaine pour réaliser et actualiser les possibilités illimitées inhérentes à l'association céleste avec Dieu, qui est ainsi devenue un fait.

112:7.15 La destinée actuellement connue des mortels survivants est le Corps de la Finalité au Paradis ; c'est aussi le but de la destinée pour tous les Ajusteurs de Pensée qui ont été joints dans une union éternelle à leur compagnon mortel. Les finalitaires du Paradis travaillent présentement à de nombreuses entreprises dans le grand univers, mais nous supposons tous qu'ils auront d'autres tâches peut-être encore plus célestes à accomplir dans le lointain futur, après que les sept superunivers auront été ancrés dans la lumière et la vie, et que le Dieu du fini aura finalement émergé du mystère qui entoure aujourd'hui cette Déité Suprême.

112:7.16 On vous a décrit, dans une certaine mesure, l'organisation et le personnel de l'univers central, des superunivers et des univers locaux. On vous a dit certaines choses sur le caractère et l'origine de diverses personnalités qui régissent présentement ces vastes créations. L'on vous a également informé que d'immenses galaxies d'univers sont en processus d'organisation bien au delà de la périphérie du grand univers, dans le premier niveau d'espace extérieur. On vous a également notifié, au cours de ces exposés, que l'Être Suprême dévoilera sa fonction tertiaire non révélée dans ces régions actuellement inexplorées de l'espace extérieur ; et l'on vous a également dit que les finalitaires du corps paradisiaque sont les enfants expérientiels du Suprême.

112:7.17 Nous croyons que les mortels fusionnés avec leur Ajusteur, ainsi que leurs compagnons finalitaires, sont destinés à fonctionner, d'une façon ou d'une autre, dans l'administration des univers du premier niveau d'espace extérieur. Nous n'avons pas le moindre doute qu'en temps voulu, ces énormes galaxies deviendront des univers habités. Nous sommes également convaincus que, parmi leurs administrateurs, on trouvera les finalitaires paradisiaques dont la nature est la conséquence cosmique de l'interpénétration de la créature et du Créateur.

112:7.18 Quelle aventure ! quelle histoire romanesque ! Une gigantesque création destinée à être administrée par les enfants du Suprême, ces Ajusteurs personnalisés et humanisés, ces mortels devenus éternels et semblables aux Ajusteurs, ces alliances mystérieuses et ces associations éternelles entre les plus hautes manifestations connues de l'essence de la Source-Centre Première et la forme la plus humble de vie intelligente capable de comprendre et d'atteindre le Père Universel. Nous imaginons que de tels êtres amalgamés, ces associations du Créateur et de la créature, deviendront des chefs splendides, des administrateurs incomparables et des directeurs compréhensifs et compatissants pour toutes les formes de vie intelligente susceptibles de prendre naissance dans ces futurs univers du premier niveau d'espace extérieur.

112:7.19 Certes, votre origine est terrestre, animale, et votre corps est poussière. Mais, si vous le voulez effectivement, si vous le désirez réellement, à coup sûr, l'héritage des âges est à vous et, un jour, vous servirez dans les univers en votre vraie qualité - enfants du Dieu Suprême de l'expérience et fils divins du Père Paradisiaque de toutes les personnalités.

112:7.20 [Présenté par un Messager Solitaire d'Orvonton.]

113. Les Gardiens Séraphiques de la Destinée

113:0.1 APRÈS avoir présenté nos exposés sur les Esprits Tutélaires du Temps et l'Armée des Messagers de l'Espace, nous en venons à l'étude des anges gardiens, les séraphins consacrés au ministère auprès des mortels individuels pour l'élévation et la perfection desquels tout l'immense plan de survie et de progression spirituelle a été préparé. Sur Urantia, dans les âges passés, ces gardiens de la destinée étaient à peu près le seul groupe d'anges reconnu. Les séraphins planétaires sont, en effet, les esprits tutélaires envoyés pour rendre service à ceux qui survivront. Ces séraphins accompagnateurs ont fonctionné comme aides spirituels des hommes mortels dans tous les grands évènements du passé et du présent. Lors de bien des révélations, « la parole fut prononcée par des anges » , et de nombreuses directives du ciel ont été « reçues par le ministère des anges » .

113:0.2 Les séraphins sont les traditionnels anges célestes, les esprits tutélaires qui vivent si près de vous et font tant pour vous. Ils ont servi sur Urantia depuis les tout premiers temps de l'intelligence humaine.

113.1  Les Anges Gardiens

113:1.1 L'enseignement au sujet des anges gardiens n'est pas un mythe ; certains groupes d'êtres humains ont effectivement des anges personnels. C'est en récognition de cela que Jésus a dit, en parlant des enfants du royaume des cieux : « Prenez garde de ne pas mépriser un de ces petits, car je vous dis que leurs anges voient continuellement la présence de l'esprit de mon Père. »

113:1.2 Originellement, les séraphins furent spécialement désignés pour chaque race distincte d'Urantia. Mais, depuis l'effusion de Micaël, ils sont affectés d'après l'intelligence, la spiritualité et la destinée humaines. Au point de vue intellectuel, l'humanité est divisée en trois classes :

113:1.3 1. Les hommes dotés d'un mental au-dessous de la normale - ceux qui n'exercent pas un pouvoir normal de volonté ; ceux qui ne prennent pas les décisions courantes. Cette classe inclut ceux qui ne peuvent pas comprendre Dieu ; ils manquent de capacité à adorer intelligemment la Déité. Un corps de séraphins, une compagnie, avec un bataillon de chérubins, est affecté à la tutelle des Urantiens mentalement inférieurs à la normale, et veille à ce que la justice et la miséricorde leur soient témoignées dans la lutte pour la vie sur terre.

113:1.4 2. Le type moyen normal de mental humain. Du point de vue de la tutelle séraphique, la plupart des hommes et des femmes sont groupés en sept classes selon leur statut dans le franchissement des cercles du progrès humain et du développement spirituel.

113:1.5 3. Les hommes dotés d'un mental supérieur à la normale - les hommes et femmes de grande décision doués d'un potentiel indubitable d'accomplissement spirituel ; ceux qui ont plus ou moins établi le contact avec leur Ajusteur intérieur ; les membres des divers corps de réserve de la destinée. Quel que soit le cercle où un humain se trouve, si l'intéressé est enrôlé dans l'un des divers corps de réserve de la destinée, un séraphin personnel lui est immédiatement affecté ; dorénavant, et jusqu'à la fin de sa carrière terrestre, ce mortel bénéficiera du ministère continu et de la vigilance incessante d'un ange gardien. De même, quand un être humain prend la décision suprême, quand il s'est réellement fiancé avec son Ajusteur, un gardien personnel est immédiatement affecté à cette âme.

113:1.6 Dans le ministère auprès des êtres dits normaux, les affectations séraphiques sont faites d'après les cercles d'intellectualité et de spiritualité que les hommes ont atteints. Vous commencez revêtu de votre mental de mortel dans le septième cercle, et vous progressez vers l'intérieur en travaillant à vous comprendre vous-même, à triompher de vous-même, à vous maitriser vous-même ; et, si la mort naturelle ne termine pas votre carrière en transférant vos luttes aux mondes des maisons, vous avancez, cercle après cercle, jusqu'à ce que vous atteigniez le premier cercle, ou cercle intérieur de contact et de communion relative avec l'Ajusteur intérieur.

113:1.7 Dans le cercle initial, le septième, un ange gardien et une compagnie de chérubins assistants sont affectés à la garde vigilante de mille mortels. Dans le sixième cercle, un couple séraphique et une compagnie de chérubins sont affectés à guider les ascendeurs par groupes de cinq-cents. Quand le cinquième cercle est atteint, les êtres humains sont groupés en compagnies d'environ cent, et un couple de gardiens séraphiques, avec un groupe de chérubins, les prend en charge. Après avoir atteint le quatrième cercle, les mortels sont groupés par dix, et là encore un couple de séraphins, assisté d'une compagnie de chérubins, est chargé de veiller sur eux.

113:1.8 Quand un mental humain transcende l'inertie de l'hérédité animale et atteint le troisième cercle d'intellectualité humaine et de spiritualité acquise, un ange personnel (en réalité deux) sera désormais entièrement et exclusivement consacré à cet ascendeur mortel. Ainsi, en plus des Ajusteurs de Pensée intérieurs toujours présents et de plus en plus efficaces, ces âmes humaines reçoivent l'assistance indivise de ces gardiens personnels de la destinée, dans tous leurs efforts pour compléter l'expérience du troisième cercle, traverser le second et atteindre le premier.

113.2  Les Gardiens de la Destinée

113:2.1 Les séraphins ne sont pas appelés gardiens de la destinée avant le moment où ils ont été désignés pour s'associer à une âme humaine qui a réalisé un ou plusieurs des trois accomplissements suivants : elle a pris la décision suprême de devenir semblable à Dieu, ou elle est entrée dans le troisième cercle, ou elle a été enrôlée dans l'un des corps de réserve de la destinée.

113:2.2 Dans l'évolution des races, un gardien de la destinée est affecté au tout premier être qui atteint le cercle de conquête requis. Sur Urantia, le premier mortel qui obtint un gardien personnel fut Rantowoc, un sage de la race rouge dans la très haute antiquité.

113:2.3 Tous les anges désignés sont choisis dans un groupe de séraphins volontaires, et les affectations sont toujours décidées selon les besoins humains et en tenant compte du statut du couple angélique - à la lumière de son expérience séraphique, de son habileté et de sa sagesse. Seuls les séraphins ayant longtemps servi, ceux des types les plus expérimentés et les mieux éprouvés, reçoivent une affectation de gardien de la destinée. De nombreux gardiens ont gagné une précieuse expérience sur les mondes des séries sans fusion avec les Ajusteurs. À l'instar des Ajusteurs, les séraphins accompagnent ces êtres pendant la durée d'une seule vie ; ensuite, ils sont libérés en vue d'une nouvelle affectation. Beaucoup de gardiens d'Urantia ont bénéficié de cette expérience pratique préalable sur d'autres mondes.

113:2.4 Quand des êtres humains ne réussissent pas à survivre, leurs gardiens personnels ou collectifs peuvent servir, à maintes reprises, dans des rôles semblables sur la même planète. Les séraphins acquièrent une considération sentimentale pour des mondes particuliers et nourrissent une affection spéciale pour certaines races et certains types de créatures mortelles auxquels ils ont été étroitement et intimement associés.

113:2.5 Les anges développent une affection durable pour leur associés humains, et une chaude amitié pour eux naîtrait aussi en vous si seulement vous pouviez vous faire une image d'eux. Dépouillés de vos corps matériels et nantis de formes spirituelles, vous seriez très proches des anges par beaucoup d'attributs de la personnalité. Ils partagent la plupart de vos émotions et en éprouvent quelques-unes en supplément. La seule émotion qui vous fasse agir et qui leur soit quelque peu difficile à comprendre est l'héritage de peur animale qui occupe une place si importante dans la vie mentale de l'habitant moyen d'Urantia. Les anges trouvent réellement difficile de comprendre pourquoi vous permettez, avec tant de persistance, à vos pouvoirs intellectuels supérieurs, et même à votre foi religieuse, d'être pareillement dominés par la peur et d'être si complètement démoralisés par des paniques irréfléchies dues à la crainte et à l'anxiété.

113:2.6 Tous les séraphins ont des noms individuels, mais, dans les listes d'affectation au service des mondes, on les désigne fréquemment par leur numéro planétaire. Au siège de l'univers, ils sont enregistrés avec leur nom et leur numéro. Le gardien de la destinée du sujet humain employé pour la présente communication par contact est le numéro 3 du groupe 17 de la compagnie 126 du bataillon 4 de l'unité 384 de la légion 6 du corps 37 de la 182.314è armée séraphique de Nébadon. C'est sous le numéro planétaire 3.641.852 que ce séraphin est actuellement affecté à ce sujet sur Urantia.

113:2.7 Dans le ministère de tutelle personnelle, dans l'affectation des anges comme gardiens de la destinée, les séraphins offrent toujours volontairement leurs services. Dans la ville de la présente visitation, un mortel fut récemment admis au corps de réserve de la destinée. Puisque des anges gardiens personnels servent les hommes se trouvant dans ce cas, plus de cent séraphins qualifiés se portèrent candidats. Le directeur planétaire en choisit douze parmi les plus expérimentés et désigna ensuite le séraphin qu'ils sélectionnèrent comme étant le plus indiqué pour guider cet être humain durant le voyage de sa vie. Pour préciser, ils sélectionnèrent un couple de séraphins également bien qualifiés, dont l'un des membres sera toujours à son poste.

113:2.8 Les séraphins peuvent avoir à assurer des services continus, mais l'un des membres du couple angélique peut toujours se décharger de toute responsabilité de service. À l'instar des chérubins, les séraphins servent généralement par couples, mais, contrairement à leurs associés moins avancés, les séraphins travaillent parfois isolément. Pratiquement, dans tous leurs contacts avec des êtres humains, ils peuvent opérer à titre individuel. C'est seulement pour communiquer et servir sur les circuits supérieurs des univers que la présence des deux anges est nécessaire.

113:2.9 Quand un couple séraphique accepte une affectation de gardien, il sert ainsi pour le reste de la vie de l'être humain intéressé. Le complément d'existence (l'un des deux anges) devient l'historien de l'entreprise. Ces séraphins complémentaires sont les anges enregistreurs pour les mortels des mondes évolutionnaires. Les archives sont conservées par le couple de chérubins (un chérubin et un sanobin) qui est toujours associé aux gardiens séraphiques, mais ces archives sont toujours parrainées par l'un des séraphins.

113:2.10 En vue de se reposer et de se recharger en énergie vitale des circuits universels, le gardien est périodiquement relevé par son complément et, durant son absence, le chérubin associé opère comme archiviste ; il en va de même quand le séraphin complémentaire est à son tour absent.

113.3  Position par Rapport à d'Autres Influences Spirituelles

113:3.1 L'une des choses les plus importantes qu'un gardien de la destinée fasse pour son sujet humain consiste à effectuer une coordination personnelle des nombreuses influences spirituelles impersonnelles qui habitent, entourent et affectent le mental et l'âme de la créature mortelle en évolution. L'être humain est une personnalité, et il est extrêmement difficile aux esprits non personnels et aux entités prépersonnelles d'établir un contact direct avec un mental aussi complètement matériel et personnellement distinct. Le ministère de l'ange gardien unifie plus ou moins toutes ces influences et leur permet d'être mieux appréciées par la nature morale en expansion de la personnalité humaine évoluante.

113:3.2 Ce gardien séraphique relie plus spécialement entre eux les multiples agents et influences de l'Esprit Infini, depuis les domaines des contrôleurs physiques et des esprits-mentaux adjuvats jusqu'au Saint-Esprit de la Divine Ministre et à la présence de l'Esprit Omniprésent de la Troisième Source-Centre du Paradis. Après avoir ainsi unifié et rendu plus personnels ces vastes ministères de l'Esprit Infini, le séraphin entreprend de relier cette influence intégrée de l'Acteur Conjoint aux présences spirituelles du Père et du Fils.

113:3.3 L'Ajusteur est la présence du Père ; l'Esprit de Vérité est la présence des Fils. Ces dons divins sont unifiés et coordonnés sur les niveaux inférieurs d'expérience spirituelle humaine par le ministère des gardiens séraphiques. Les serviteurs angéliques ont le don de conjuguer l'amour du Père et la miséricorde du Fils dans leur ministère auprès des hommes.

113:3.4 C'est là que se révèle la raison pour laquelle le gardien séraphique devient finalement le conservateur personnel des modèles mentaux, des formules mnémotechniques et des réalités de l'âme du survivant humain pendant l'intervalle entre sa mort physique et sa résurrection morontielle. En dehors des enfants tutélaires de l'Esprit Infini, nul ne pourrait agir ainsi pour le compte des créatures humaines durant cette phase de transition d'un niveau de l'univers à un autre niveau plus élevé. Même quand vous entrez dans le sommeil de transition terminal, au moment où vous passez du temps à l'éternité, un haut supernaphin participe similairement à votre transit pour conserver votre identité de créature et assurer l'intégrité de votre personne.

113:3.5 Sur le niveau spirituel, les séraphins rendent personnels beaucoup de ministères universels qui, autrement, resteraient impersonnels et prépersonnels ; ils sont des coordonnateurs. Sur le niveau mental, ils mettent en corrélation le mental et la morontia ; ils sont des interprètes. Sur le niveau physique, ils manipulent le milieu terrestre par leur liaison avec les Maitres Contrôleurs Physiques et par le ministère coopératif des créatures médianes.

113:3.6 Ceci est un exposé des fonctions multiples et compliquées d'un séraphin assistant ; mais comment une telle personnalité angélique subordonnée, créée sur un niveau qui, dans l'univers, est à peine supérieur à celui de l'humanité, peut-elle accomplir des choses aussi difficiles et complexes ? Nous ne le savons pas réellement, mais nous supposons que ce ministère extraordinaire est facilité de quelque manière mystérieuse par l'action non reconnue et non révélée de l'Être Suprême, la Déité en voie d'actualisation des univers évoluants du temps et de l'espace. Dans tout le royaume de la survie progressive, en l'Être Suprême et par l'Être Suprême,les séraphins sont une part essentielle de la continuité de la progression humaine.

113.4  Domaines Séraphiques d'Action

113:4.1 Les gardiens séraphiques ne sont pas le mental, bien qu'ils proviennent de l'Esprit Créatif, la source qui donne également naissance au mental humain. Les séraphins sont des stimulateurs du mental ; ils cherchent continuellement à provoquer, dans le mental humain, des décisions propices à l'atteinte des cercles. Ils ne le font pas comme les Ajusteurs, qui opèrent de l'intérieur et par l'âme ; ils agissent plutôt de l'extérieur vers l'intérieur en travaillant par l'environnement social, éthique et moral des êtres humains. Les séraphins n'exercent pas l'attrait divin des Ajusteurs du Père Universel, mais ils opèrent comme agents personnels du ministère de l'Esprit Infini.

113:4.2 Le mortel soumis aux directives de l'Ajusteur est également réceptif à la gouverne séraphique. L'Ajusteur est l'essence de la nature éternelle de l'homme ; le séraphin est l'éducateur de la nature évoluante de l'homme - le mental humain dans cette vie et l'âme morontielle dans la suivante. Sur les mondes des maisons, vous aurez conscience et connaissance des instructeurs séraphiques, mais, dans leur première vie, les hommes n'en sont généralement pas conscients.

113:4.3 Les séraphins opèrent comme éducateurs en guidant les pas de la personnalité humaine dans des sentiers d'expériences nouvelles et progressives. L'acceptation de la gouverne d'un séraphin conduit rarement à une vie de facilité. En suivant ces directives, vous êtes sûr de rencontrer et, si vous en avez le courage, de traverser les escarpements du choix moral et du progrès spirituel.

113:4.4 L'impulsion à l'adoration a largement son origine dans les suggestions spirituelles des adjuvats mentaux supérieurs, renforcées par les directives de l'Ajusteur. Mais la tendance à prier, que les mortels conscients de Dieu éprouvent si fréquemment, prend souvent naissance à la suite d'une influence séraphique. Le gardien séraphique manoeuvre constamment l'environnement humain en vue d'augmenter la perspicacité cosmique de l'ascendeur humain afin qu'un tel candidat à la survie réalise, de meilleure façon, la présence de l'Ajusteur intérieur et apporte, ainsi, une coopération accrue à la mission spirituelle de la divine présence.

113:4.5 Bien qu'il n'existe apparemment aucune communication entre l'Ajusteur intérieur et le séraphin qui l'entoure, les deux semblent travailler toujours en parfaite harmonie et en charmant accord. Les gardiens s'activent le plus au moment où les Ajusteurs s'activent le moins, mais il existe une étrange corrélation entre leurs ministères. Il n'est guère possible que cette magnifique coopération soit accidentelle ou fortuite.

113:4.6 La personnalité tutélaire du gardien séraphique, la présence de Dieu par l'Ajusteur intérieur, l'action encircuité du Saint-Esprit et la conscience du Fils par l'Esprit de Vérité sont toutes divinement reliées en une unité significative de ministère spirituel dans une personnalité humaine et auprès d'elle. Bien que ces influences célestes proviennent de différentes sources et de différents niveaux, elles sont toutes intégrées dans la présence enveloppante et évoluante de l'Être Suprême.

113.5  Ministère Séraphique auprès des Mortels

113:5.1 Les anges ne forcent pas le sanctuaire du mental humain. Ils ne manipulent pas la volonté des mortels et n'entrent pas non plus en contact direct avec les Ajusteurs intérieurs. Le gardien de votre destinée vous influence de toutes les manières compatibles avec la dignité de votre personnalité. En aucun cas, ces anges n'interfèrent avec le libre arbitre humain. Ni les anges ni aucun autre ordre de personnalité de l'univers n'ont pouvoir ou autorité pour réduire ou restreindre les prérogatives du choix humain.

113:5.2 Les anges sont si proches de vous et veillent sur vous d'une manière si touchante qu'au figuré « ils pleurent à cause de votre intolérance et de votre entêtement volontaires » . Les séraphins ne versent pas de pleurs physiques ; ils n'ont pas de corps physiques et ne possèdent pas non plus d'ailes. Par contre, ils ont des émotions spirituelles et ils éprouvent des sensations et des sentiments de nature spirituelle comparables, sous certains rapports, aux émotions humaines.

113:5.3 Les séraphins agissent pour votre compte tout à fait indépendamment de vos appels directs. Ils exécutent les ordres de leurs supérieurs et fonctionnent ainsi sans se soucier de vos caprices passagers ni de votre humeur changeante. Cela n'implique pas que vous ne puissiez rendre leurs tâches plus aisées ou plus difficiles, mais plutôt que les anges ne s'occupent pas directement de vos appels ou de vos prières.

113:5.4 Pendant que les hommes mortels vivent dans la chair, l'intelligence des anges ne leur est pas directement accessible. Les séraphins ne sont ni des suzerains ni des directeurs, mais simplement des gardiens. Les séraphins vous gardent et ne cherchent pas à vous influencer directement. Il vous faut dresser la carte de votre propre parcours, mais ensuite les anges agissent pour faire le meilleur usage possible de la route que vous avez choisie. Sauf exception, ils n'interviennent pas arbitrairement dans les affaires courantes de la vie humaine, mais, quand ils reçoivent de leurs supérieurs des instructions pour accomplir un exploit inhabituel, vous pouvez être sûrs qu'ils trouveront quelques moyens d'exécuter ces ordres. Les gardiens n'imposent donc pas leur présence dans les tableaux du drame humain, sauf en cas d'urgence, et alors c'est généralement sur l'ordre direct de leurs supérieurs. Ce sont ces êtres qui vont vous suivre pendant de nombreux âges, et ils reçoivent ainsi une préparation à leur travail futur et à leur association de personnalité.

113:5.5 Dans certaines circonstances, les séraphins peuvent agir comme ministres sous forme matérielle auprès des êtres humains, mais les cas où cela se produit sont fort rares. Avec l'assistance des créatures médianes et des contrôleurs physiques, les séraphins peuvent exercer une vaste gamme d'activités au profit des êtres humains, allant jusqu'au contact effectif avec l'humanité, mais de tels cas sont très inhabituels. Dans la plupart des cas, les évènements du royaume physique se poursuivent sans être modifiés par l'action séraphique. Toutefois, il s'est produit des circonstances où des chainons vitaux dans la chaine de l'évolution humaine étaient en danger et où les gardiens séraphiques ont alors agi, et, à juste titre, de leur propre chef.

113.6  Les Anges Gardiens après la Mort

113:6.1 Après vous avoir donné un aperçu du ministère des séraphins pendant la vie terrestre, je vais essayer de vous renseigner sur la conduite des gardiens de la destinée au moment de la désintégration physique de leurs associés humains. Quand vous mourez, votre curriculum de vie, vos spécifications d'identité, et l'entité morontielle de l'âme humaine - produite conjointement par le mental humain et par l'Ajusteur divin - sont fidèlement conservés par le gardien de la destinée avec toutes les autres valeurs rattachées à votre existence future, bref, tout ce qui constitue votre moi, votre vrai moi, sauf l'identité de l'existence continue représentée par l'Ajusteur qui s'en va, et l'actualité de la personnalité.

113:6.2 Dès que, dans le mental humain, disparaît la lumière pilote, la luminosité spirituelle que les séraphins associent à la présence de l'Ajusteur, l'ange accompagnateur en rend compte personnellement aux anges commandant hiérarchiquement son groupe, sa compagnie, son bataillon, son unité, sa légion et son armée. Ensuite, après avoir été dument inscrit pour l'aventure finale du temps et de l'espace, cet ange reçoit du chef des séraphins planétaires un ordre de mission pour se présenter à l'Étoile du Soir (ou à un autre lieutenant de Gabriel) qui commande l'armée séraphique de ce candidat à l'ascension de l'univers. Après que le commandant de cette suprême unité organisée lui en a donné l'autorisation, le gardien de la destinée se rend sur le premier monde des maisons pour y attendre que la conscience de son ancien pupille dans la chair soit rétablie.

113:6.3 Au cas où l'âme humaine ne réussirait pas à survivre après avoir reçu l'affectation d'un ange personnel, le séraphin accompagnateur doit se rendre au siège de l'univers local pour apporter son témoignage au rapport complet de son complément, comme indiqué précédemment. Ensuite, il se présente devant les tribunaux des archanges pour être absous de tout blâme au sujet de l'échec de son sujet qui n'a pas survécu. Après cela, il retourne sur les mondes pour y être affecté à un nouveau mortel ayant le potentiel d'ascension, ou à quelque autre département du ministère séraphique.

113:6.4 Mais les anges servent les créatures évolutionnaires de bien d'autres manières que la tutelle individuelle ou collective. Les gardiens personnels dont les sujets ne vont pas immédiatement sur les mondes des maisons n'attendent pas, là, dans l'oisiveté, l'appel nominal du jugement dispensationnel ; ils sont réaffectés à de nombreuses missions tutélaires dans tout l'univers.

113:6.5 Le séraphin gardien est le fidéicommissaire conservateur des valeurs de survie de l'âme endormie du mortel, tandis que l'Ajusteur absent est l'identité de cet être immortel de l'univers. Quand les deux collaborent dans les salles de résurrection de maisonnia en conjonction avec la forme morontielle nouvellement construite, le réassemblage des facteurs constituants de la personnalité de l'ascendeur mortel a lieu.

113:6.6 L'Ajusteur vous identifiera. L'ange gardien vous repersonnalisera et vous présentera de nouveau au fidèle Moniteur de vos jours terrestres.

113:6.7 Cependant, quand un âge planétaire se termine, quand on rassemble ceux qui se trouvent dans les cercles inférieurs d'accomplissement humain, c'est leur gardien collectif qui les réassemble dans les salles de résurrection des sphères des maisons, ainsi que le rapportent vos Écritures : « Et il enverra ses anges à voix puissante, et il rassemblera ses élus d'une extrémité à l'autre du royaume. »

113:6.8 La technique de la justice exige que les gardiens personnels ou collectifs répondent à l'appel nominal dispensationnel au nom de toutes les personnalités non survivantes. Les Ajusteurs de ces non-survivants ne reviennent pas ; quand l'appel a lieu, le séraphin répond, mais les Ajusteurs ne répondent pas. Cela constitue la « résurrection des injustes » , en réalité la constatation officielle de leur cessation d'existence en tant que créatures. Cet appel nominal de la justice suit immédiatement l'appel nominal de la miséricorde, la résurrection des survivants endormis. Mais ce sont des affaires qui ne regardent personne d'autre que les Juges suprêmes et omniscients des valeurs de survie. Ces problèmes de jugement ne nous concernent réellement pas.

113:6.9 Les gardiens collectifs peuvent servir sur une planète d'âge en âge et devenir, finalement, les conservateurs des âmes endormies de milliers et de milliers de survivants endormis. Ils peuvent servir ainsi sur de nombreux mondes différents dans un système donné, puisque la réponse de résurrection a lieu sur les mondes des maisons.

113:6.10 Tous les gardiens personnels et collectifs du système de Satania qui s'égarèrent dans la rébellion de Lucifer doivent être détenus sur Jérusem jusqu'au jugement final de la rébellion, bien que nombre d'entre eux se soient sincèrement repentis de leur folie. Les Censeurs Universels ont déjà, de manière discrétionnaire, enlevé à ces gardiens désobéissants et infidèles tous les éléments de leurs dépôts d'âmes et confié la conservation de ces réalités morontielles à la garde de seconaphins volontaires.

113.7  Les Séraphins et la Carrière Ascendante

113:7.1 Le premier éveil sur les rives du monde des maisons marque vraiment une date dans la carrière d'un mortel ascendant. C'est là que vous voyez effectivement, pour la première fois, les compagnons angéliques longtemps aimés et toujours présents de vos jours terrestres. C'est là aussi que vous devenez vraiment conscient de l'identité et de la présence du Moniteur divin qui a si longtemps habité votre mental sur terre. Une telle expérience constitue un glorieux réveil, une véritable résurrection.

113:7.2 Sur les sphères morontielles, les séraphins accompagnateurs (il y en a deux) sont ouvertement vos compagnons. Non seulement ces anges s'associent à vos progrès dans la carrière des mondes de transition en vous aidant de toutes les manières possibles à acquérir le statut morontiel et spirituel, mais ils saisissent aussi l'occasion d'avancer en étudiant eux-mêmes dans les écoles complémentaires pour séraphins évolutionnaires, entretenues sur les mondes des maisons.

113:7.3 La race humaine fut créée juste un peu inférieure aux types les plus simples des ordres angéliques. C'est pourquoi la première affectation de votre vie morontielle sera d'assister les séraphins dans le travail immédiat en attente, au moment où vous atteignez la conscience de personnalité après avoir été dégagé des liens de la chair.

113:7.4 Avant de quitter les mondes des maisons, tous les ascendeurs mortels auront des associés ou gardiens séraphiques permanents. Au cours de votre ascension des sphères morontielles, ce sont finalement les gardiens séraphiques dont le témoignage authentifie les décrets qui certifient votre union éternelle avec l'Ajusteur de Pensée. L'ange et l'Ajusteur ont établi ensemble l'identité de votre personnalité en tant qu'enfant de la chair venant des mondes du temps. Ensuite, quand vous atteignez la maturité de l'état morontiel, vos anges gardiens vous accompagnent à travers Jérusem et les mondes associés de progrès et de culture du système. Après cela, ils vont avec vous sur Édentia et ses soixante-dix sphères de vie sociale avancée. Ultérieurement, ils vous piloteront jusqu'aux Melchizédeks et vous suivront dans la magnifique carrière des mondes-sièges de l'univers. Et, quand vous aurez assimilé la sagesse et la culture des Melchizédeks, ils vous emmèneront sur Salvington où vous vous trouverez face à face avec le Souverain de tout Nébadon. Ces guides séraphiques vous suivront encore à travers les secteurs, mineur et majeur, du superunivers jusqu'aux mondes d'accueil d'Uversa, et resteront avec vous jusqu'au moment final où un seconaphin vous emportera dans le long voyage vers Havona.

113:7.5 Quelques gardiens de la destinée attachés aux pèlerins ascendants durant leur carrière terrestre les suivent dans leur parcours à travers Havona. Les autres font leurs adieux temporaires à leurs associés humains de longue date, et ensuite, pendant que ces ascendeurs traversent les cercles de l'univers central, ces gardiens de la destinée franchissent les cercles de Séraphington. Ils seront prêts sur les rives du Paradis quand leurs associés mortels s'éveilleront du dernier sommeil temporel de transit dans les nouvelles expériences de l'éternité. Ces séraphins ascendants entrent ultérieurement dans différents services du corps finalitaire et du Corps Séraphique du Parachèvement.

113:7.6 L'homme et l'ange peuvent être ou ne pas être réunis dans le service éternel, mais quel que soit l'endroit où les séraphins sont affectés, ils restent toujours en communication avec leurs anciens pupilles des mondes évolutionnaires, les mortels ascendants du temps. Les associations intimes et les liens affectueux des royaumes d'origine humaine ne sont jamais oubliés ni complètement rompus. Dans les âges éternels, les hommes et les anges coopéreront dans le service divin comme ils l'ont fait dans la carrière du temps.

113:7.7 Pour les séraphins, la manière la plus sûre d'arriver jusqu'aux Déités du Paradis consiste à guider avec succès une âme d'origine évolutionnaire jusqu'aux portes du Paradis. C'est pourquoi une affectation comme gardien de la destinée est le poste séraphique le plus hautement apprécié.

113:7.8 Seuls les gardiens de la destinée sont enrôlés dans les corps primaires ou corps des mortels de la Finalité ; et ces couples se sont lancés dans l'aventure suprême d'unité d'identité. Ces deux êtres ont déjà atteint leur biunification spirituelle sur Séraphington avant d'être admis dans le corps finalitaire. Dans cette expérience, les deux natures angéliques, si complémentaires dans toutes les fonctions de l'univers, deviennent vraiment deux en un, en esprit, au stade ultime ayant pour conséquence une nouvelle capacité de recevoir un fragment non Ajusteur du Père du Paradis et à fusionner avec lui. Ainsi, quelques-uns des anges qui vous aiment et qui vous étaient associés dans le temps deviennent aussi vos associés finalitaires dans l'éternité, enfants du Suprême et fils perfectionnés du Père du Paradis.

113:7.9 [Présenté par le Chef des Séraphins stationnés sur Urantia.]

114. Le Gouvernement Planétaire des Séraphins

114:0.1 LES Très Hauts gouvernent dans les royaumes des hommes au moyen de beaucoup de forces et d'agents célestes, mais principalement par le ministère des séraphins.

114:0.2 Aujourd'hui à midi, la liste d'appel des anges planétaires, gardiens et autres, sur Urantia comportait 501.234.619 couples de séraphins. J'avais sous mes ordres deux-cents armées séraphiques - 597.196.800 couples de séraphins soit 1.194.393.600 anges individuels. Toutefois, le contrôle n'en fait apparaître que 1.002.469.238. Il s'ensuit donc que 191.924.362 anges étaient absents de ce monde pour des services concernant des transports, des messages ou la mort. (Sur Urantia, il y a à peu près autant de chérubins que de séraphins, et ils sont organisés d'une manière similaire.)

114:0.3 Les séraphins et leurs chérubins associés s'occupent activement des détails du gouvernement suprahumain d'une planète, spécialement sur les mondes isolés par suite de rébellion. Les anges, habilement aidés par les médians, fonctionnent sur Urantia comme de véritables ministres supramatériels exécutant les ordres du gouverneur général résident et de tous ses associés et subordonnés. En tant que classe, les séraphins occupent beaucoup d'autres postes que ceux de gardien individuel ou collectif.

114:0.4 Urantia n'est pas dépourvue d'une supervision appropriée et efficace par les dirigeants de son système, de sa constellation et de son univers local, mais son gouvernement planétaire ne ressemble à celui d'aucun autre monde dans le système de Satania, ni même dans tout Nébadon. Le caractère unique de votre plan de supervision est dû à nombre de circonstances inhabituelles :

114:0.5 1. Le statut de modification de la vie sur Urantia.

114:0.6 2. La situation critique résultant de la rébellion de Lucifer.

114:0.7 3. Les dislocations dues à la faute adamique.

114:0.8 4. Les irrégularités nées du fait qu'Urantia fut l'un des mondes d'effusion du Souverain de l'Univers. Micaël de Nébadon est le Prince Planétaire d'Urantia.

114:0.9 5. La fonction spéciale des vingt-quatre directeurs planétaires.

114:0.10 6. L'installation sur la planète d'un circuit d'archanges.

114:0.11 7. La désignation plus récente, comme Prince Planétaire vice-gérant, de Machiventa Melchizédek, jadis incarné sur Urantia.

114.1  La Souveraineté d'Urantia

114:1.1 La souveraineté originelle d'Urantia était à la charge du souverain du système de Satania. Il la délégua d'abord à une commission mixte de Melchizédeks et de Porteurs de Vie, et ce groupe opéra sur Urantia jusqu'à l'arrivée d'un Prince Planétaire régulièrement nommé. Après la chute du Prince Caligastia, à l'époque de la rébellion de Lucifer, Urantia n'eut pas de relation sûre et bien établie avec l'univers local et ses divisions administratives jusqu'à ce que Micaël eût parachevé son effusion dans la chair et que l'Union des Jours l'eût proclamé Prince Planétaire d'Urantia. Cette proclamation fixa, en principe pour toujours, le statut de votre monde en sécurité, mais, en pratique, le Fils Créateur Souverain ne fit rien pour administrer personnellement la planète, sauf qu'il établit sur Jérusem la commission de vingt-quatre anciens mortels d'Urantia avec autorité pour le représenter dans le gouvernement d'Urantia et de toutes les autres planètes en quarantaine du système. Un membre de ce conseil réside maintenant en permanence sur Urantia comme gouverneur général résident.

114:1.2 L'autorité de vice-gérant pour agir à la place de Micaël comme Prince Planétaire a été récemment conférée à Machiventa Melchizédek, mais ce Fils de l'univers local n'a pas pris la moindre mesure pour modifier le régime planétaire actuel des administrations successives des gouverneurs généraux résidents.

114:1.3 Il est peu probable qu'un changement notable soit apporté au gouvernement d'Urantia durant la présente dispensation, à moins que le Prince Planétaire vice-gérant ne s'y rende pour assumer les responsabilités de son titre. Certains de nos associés estiment que, dans un proche avenir, le plan consistant à envoyer sur Urantia l'un des vingt-quatre conseillers pour agir comme gouverneur général sera remplacé par l'arrivée officielle de Machiventa Melchizédek avec le mandat de vice-gérant de la souveraineté d'Urantia. Comme Prince Planétaire en exercice, il continuerait indubitablement à administrer la planète jusqu'au jugement final de la rébellion de Lucifer, et probablement même jusqu'à l'époque lointaine de l'ancrage de la planète dans la lumière et la vie.

114:1.4 Certains croient que Machiventa ne viendra pas prendre personnellement en mains les affaires d'Urantia avant la fin de la présente dispensation. D'autres estiment que le Prince vice-gérant ne peut venir, comme tel, avant que Micaël ne revienne sur Urantia comme il l'a promis lorsqu'il était encore dans la chair. D'autres encore, y compris le narrateur, s'attendent que Melchizédek apparaisse à tout moment.

114.2  Le Conseil des Superviseurs Planétaires

114:2.1 Depuis l'époque de l'effusion de Micaël sur votre monde, la direction générale d'Urantia a été confiée sur Jérusem à un groupe spécial composé de vingt-quatre anciens Urantiens. Les qualifications pour faire partie de cette commission nous sont inconnues, mais nous avons constaté que ceux qui en sont devenus membres ont tous contribué à étendre la souveraineté du Suprême dans le système de Satania. Par nature, ils étaient tous de vrais dirigeants quand ils opéraient sur Urantia. Sauf pour Machiventa Melchizédek, ces qualités de chef ont encore été accrues par l'expérience du monde des maisons et complétées par l'entrainement de la citoyenneté de Jérusem. Les nominations des membres du conseil des vingt-quatre sont proposées par le cabinet de Lanaforge, appuyées par les Très Hauts d'Édentia, approuvées par la Sentinelle Affectée de Jérusem et décidées par Gabriel de Salvington conformément aux ordres de Micaël. Les membres nommés temporairement ont exactement les mêmes prérogatives que les membres permanents de cette commission de superviseurs spéciaux.

114:2.2 Ce conseil d'administrateurs planétaires s'occupe spécialement de superviser les activités d'Urantia résultant du fait que Micaël y a effectué son effusion terminale. Ses membres sont maintenus en contact étroit et immédiat avec Micaël, grâce aux activités de liaison d'une Brillante Étoile du Soir, le même être qui servit Jésus pendant toute son effusion de mortel.

114:2.3 Présentement, c'est Jean, que vous appelez « le Baptiste » , qui préside quand le conseil est en session sur Jérusem, mais celui qui est, de droit, chef du conseil est la Sentinelle Affectée de Satania, le représentant direct et personnel de l'Inspecteur Associé de Salvington et de l'Agent Exécutif Suprême d'Orvonton.

114:2.4 Les membres de cette même commission d'anciens Urantiens agissent aussi à titre consultatif comme superviseurs des trente-six autres mondes du système isolés par la rébellion. Ils rendent un très précieux service en maintenant Lanaforge, le Souverain Systémique, en contact étroit et compatissant avec les affaires de ces planètes, qui restent encore plus ou moins sous le supercontrôle des Pères de la Constellation de Norlatiadek. À titre individuel, ces vingt-quatre conseillers se rendent fréquemment sur chacune des planètes en quarantaine, et spécialement sur Urantia.

114:2.5 Chacun des autres mondes isolés possède une commission consultative similaire et plus ou moins nombreuse de membres qui les ont habités autrefois, mais ces autres commissions sont subordonnées au groupe des vingt-quatre anciens d'Urantia. Les membres de ce groupe s'intéressent donc activement à toutes les phases de progrès humain sur chacun des mondes en quarantaine de Satania, mais ils s'occupent spécialement et particulièrement du bien-être et de l'avancement des races humaines d'Urantia. En effet, ils ne supervisent directement les affaires d'aucune planète, sauf d'Urantia, et, même là, leur autorité n'est pas complète, excepté dans certains domaines concernant la survie des mortels.

114:2.6 Nul ne sait combien de temps ces vingt-quatre conseillers d'Urantia continueront dans leur présent statut, détachés du programme régulier des activités universelles. Sans aucun doute, ils poursuivront leur présent service jusqu'à ce que se produise, dans le statut planétaire, un changement tel que la fin d'une dispensation, la pleine prise de pouvoir par Machiventa Melchizédek, le jugement final de la rébellion de Lucifer ou la réapparition de Micaël sur le monde de son effusion finale. Le présent gouverneur général résident d'Urantia incline à croire que tous, sauf Machiventa, pourraient être libérés pour l'ascension vers le Paradis dès que le système de Satania sera rétabli dans les circuits de la constellation. Toutefois, d'autres opinions ont également cours.

114.3  Le Gouverneur Général Résident

114:3.1 Tous les cent ans du temps d'Urantia, le corps des vingt-quatre superviseurs planétaires de Jérusem désigne un de ses membres pour séjourner sur votre monde et y agir comme son délégué exécutif, comme gouverneur général résident. À l'époque où se préparaient ces exposés, cet agent exécutif fut changé, et le vingtième à assurer ce service remplaça le dix-neuvième. Le nom du présent superviseur planétaire ne vous est pas communiqué, uniquement à cause de la tendance excessive des mortels à vénérer, voire à déifier, leurs compatriotes extraordinaires et leurs supérieurs suprahumains.

114:3.2 Le gouverneur général résident n'a aucune autorité personnelle effective pour diriger les affaires du monde, sauf en tant que représentant des vingt-quatre conseillers de Jérusem. Il agit comme coordonnateur de l'administration supra-humaine ; il est le chef respecté et le dirigeant universellement reconnu des êtres célestes exerçant leur fonction sur Urantia. Tous les ordres d'armées angéliques le considèrent comme leur directeur coordonnateur, tandis que les médians réunis (depuis que 1-2-3 le premier est parti pour devenir l'un des vingt-quatre conseillers) considèrent les gouverneurs généraux successifs comme leurs pères planétaires.

114:3.3 Bien que le gouverneur général ne possède pas d'autorité effective et personnelle sur la planète, il communique tous les jours des dizaines d'ordonnances et de décisions qui sont acceptées comme finales par toutes les personnalités concernées. Il tient beaucoup plus d'un conseiller paternel que d'un chef technique. Sous certains rapports, il opère comme le ferait un Prince Planétaire, mais son administration se rapproche davantage de celle des Fils Matériels.

114:3.4 Le gouvernement d'Urantia est représenté dans les conseils de Jérusem selon un arrangement d'après lequel le gouverneur général, revenant de servir, siège comme membre temporaire du cabinet des Princes Planétaires du Souverain Systémique. Quand Machiventa fut désigné comme Prince vice-gérant, on s'attendait qu'il prît immédiatement sa place dans le conseil des Princes Planétaires de Satania, mais, jusqu'ici, il n'a fait aucun geste dans ce sens.

114:3.5 Le gouvernement supramatériel d'Urantia ne maintient pas de relations organiques très étroites avec les unités supérieures de l'univers local. En un sens, le gouverneur général résident représente Salvington aussi bien que Jérusem, puisqu'il agit au nom des vingt-quatre conseillers qui représentent directement Micaël et Gabriel ; et le gouverneur planétaire, étant un citoyen de Jérusem, peut opérer comme porte-parole du Souverain du Système. Les autorités de la constellation sont représentées directement par un Fils Vorondadek, l'observateur d'Édentia.

114.4  Le Très Haut Observateur

114:4.1 La souveraineté d'Urantia est encore compliquée du fait que jadis, peu après la rébellion planétaire, le gouvernement de Norlatiadek a pris l'initiative discrétionnaire d'exercer l'autorité planétaire. Un Fils Vorondadek, observateur pour les Très Hauts d'Édentia, réside encore sur Urantia comme fidéicommissaire de la souveraineté planétaire, en l'absence d'action directe par Micaël. Le présent Très Haut observateur (et jadis régent) est le vingt-troisième à servir ainsi sur Urantia.

114:4.2 Certains groupes de problèmes planétaires restent encore sous le contrôle des Très Hauts d'Édentia, leur juridiction s'étant exercée au temps de la rébellion de Lucifer. C'est un fils Vorondadek, l'observateur de Norlatiadek, qui exerce l'autorité dans ces affaires et maintient des relations consultatives très étroites avec les superviseurs planétaires. Les commissaires raciaux sont très actifs sur Urantia, et les divers chefs de leurs groupes sont officieusement rattachés à l'observateur Vorondadek résident, qui joue, auprès d'eux, le rôle de directeur consultatif.

114:4.3 En cas de crise, ce serait ce fils Vorondadek d'Édentia, occupant actuellement un poste d'observation, qui serait le chef effectif et souverain du gouvernement, sauf pour certaines affaires purement spirituelles. (Dans ces problèmes exclusivement spirituels et dans certaines affaires purement personnelles, l'autorité suprême paraît dévolue à l'archange commandant attaché au quartier général divisionnaire de l'ordre des archanges récemment établi sur Urantia.)

114:4.4 Un Très Haut observateur jouit du pouvoir discrétionnaire de prendre en mains le gouvernement planétaire en temps de crise grave, et les annales rapportent que ce fut trente-trois fois le cas dans l'histoire d'Urantia. À ces époques, le Très Haut observateur fait fonction de Très Haut régent. Il exerce alors une autorité indiscutée sur tous les ministres et administrateurs résidant sur la planète, à la seule exception de l'organisation divisionnaire des archanges.

114:4.5 Les régences des Vorondadeks ne sont pas spéciales aux planètes isolées après rébellion, car les Très Hauts peuvent intervenir à tout moment dans la gestion des mondes habités en interposant la sagesse supérieure des dirigeants de la constellation dans les affaires des royaumes des hommes.

114.5  Le Gouvernement Planétaire

114:5.1 L'administration actuelle d'Urantia est vraiment difficile à décrire. Il n'existe pas de gouvernement officiel défini selon les lignes de l'organisation de l'univers, avec des départements législatifs, exécutifs et judiciaires séparés. Les vingt-quatre conseillers forment le groupe qui se rapproche le plus de la branche législative du gouvernement planétaire. Le gouverneur général est un chef exécutif provisoire et consultatif, le Très Haut observateur ayant le droit de veto. Nul pouvoir judiciaire n'opère sur la planète avec une autorité absolue - il n'y a que des commissions de conciliation.

114:5.2 Par consentement mutuel, la majorité des problèmes impliquant des séraphins et des médians est tranchée par le gouverneur général. Toutefois, sauf quand le gouverneur général exprime les ordres des vingt-quatre conseillers, ses ordonnances sont toutes sujettes à appel auprès des commissions de conciliation, auprès des autorités locales constituées pour le fonctionnement planétaire ou même auprès du Souverain Systémique de Satania.

114:5.3 L'absence de l'état-major corporel d'un Prince Planétaire et du régime matériel d'un Fils et d'une Fille Adamiques est partiellement compensée par le ministère spécial des séraphins et par les services exceptionnels des médians. L'absence du Prince Planétaire est efficacement compensée par la présence trine des archanges, du Très Haut observateur et du gouverneur général.

114:5.4 Ce gouvernement planétaire, organisé d'une manière plutôt vague et quelque peu personnelle, est plus efficace que prévu, à cause du gain de temps apporté par l'assistance des archanges et de leur circuit toujours disponible et si souvent utilisé en cas d'urgence planétaire ou de difficultés administratives. Techniquement, la planète est encore spirituellement isolée dans les circuits de Norlatiadek, mais, en cas d'urgence, on peut maintenant éviter ce handicap en employant le circuit des archanges. Bien entendu, l'isolement planétaire a peu d'importance pour les mortels individuels depuis que l'Esprit de Vérité a été répandu sur toute chair, il y a dix-neuf-cents ans.

114:5.5 Chaque journée administrative sur Urantia commence par une conférence consultative à laquelle assistent le gouvernement général, le chef planétaire des archanges, le Très Haut observateur, le supernaphin superviseur, le chef des Porteurs de Vie résidents et des hôtes invités parmi les Fils élevés de l'univers ou parmi certains visiteurs estudiantins séjournant à ce moment-là sur la planète.

114:5.6 Le cabinet administratif direct du gouvernement général se compose de douze séraphins, chefs en exercice des douze groupes d'anges spéciaux opérant comme directeurs suprahumains immédiats du progrès et de la stabilité planétaires.

114.6  Les Maitres Séraphins de la Supervision Planétaire

114:6.1 Quand le premier gouverneur général arriva sur Urantia simultanément avec l'effusion de l'Esprit de Vérité, il était accompagné de douze groupes de séraphins spéciaux, diplômés de Séraphington, qui furent immédiatement affectés à certains services planétaires particuliers. Ces anges supérieurs sont connus sous le nom de maitres séraphins de la supervision planétaire. À part le supercontrôle du Très Haut observateur, ils sont sous la direction immédiate du gouverneur général résident.

114:6.2 Tout en opérant sous la supervision générale de ce dernier, ces douze groupes d'anges reçoivent directement leurs ordres du conseil séraphique des douze chefs en exercice de chaque groupe. Ce conseil sert aussi de cabinet volontaire pour le gouverneur général résident.

114:6.3 En tant que chef planétaire des séraphins, je préside ce conseil des chefs séraphiques. Je suis un supernaphin volontaire de l'ordre primaire, servant sur Urantia comme successeur de celui qui fut jadis chef des armées d'anges de la planète et qui fit défaut au moment de la sécession de Caligastia.

114:6.4 Les douze corps de maitres séraphins de la supervision planétaire opèrent sur Urantia comme suit :

114:6.5 1. Les anges de l'époque. Ils sont les anges de l'époque en cours, le groupe dispensationnel. Ces ministres célestes sont chargés de surveiller et de diriger les affaires de chaque génération afin qu'elles s'insèrent selon les prévisions dans la mosaïque de l'âge durant lequel elles apparaissent. Le présent corps des anges de l'époque servant sur Urantia est le troisième groupe affecté à la planète durant la présente dispensation.

114:6.6 2. Les anges du progrès. Ces séraphins ont la tâche d'inaugurer le progrès évolutionnaire des âges sociaux successifs. Ils encouragent le développement de la tendance au progrès, inhérente aux créatures évolutionnaires. Ils travaillent sans cesse à établir l'état de choses tel qu'il devrait être. Le groupe présentement en place est le second de cet ordre affecté à la planète.

114:6.7 3. Les gardiens de la religion. Ils sont les « anges des Églises » qui luttent ardemment pour ce qui est et pour ce qui a été. Ils s'efforcent de maintenir les idéaux de ce qui a survécu, afin d'assurer la sécurité du transit des valeurs morales entre deux époques. Ils forment la contrepartie des anges du progrès en cherchant constamment à transférer, d'une génération à la suivante, les valeurs impérissables des antiques structures démodées, dans des modèles nouveaux, donc moins cristallisés, de pensée et de conduite. Ces anges soutiennent des formes spirituelles, mais ne sont pas la source du sectarisme excessif et des absurdes controverses déchirantes entre personnes prétendument religieuses. Le corps de ces gardiens fonctionnant présentement sur Urantia est le cinquième à servir ainsi.

114:6.8 4. Les anges de la vie nationale. Ils sont les « anges des trompettes » , dirigeant les accomplissements politiques de la vie nationale sur Urantia. Le groupe qui assure présentement le supercontrôle des relations internationales est le quatrième du genre servant sur la planète. C'est particulièrement par le ministère de cette division séraphique que « les Très Hauts règnent dans les royaumes des hommes » .

114:6.9 5. Les anges des races. Ils travaillent à conserver les races évolutionnaires du temps, sans se soucier de leurs enchevêtrements politiques et de leurs groupements religieux. Sur Urantia, on trouve les restes de neuf races humaines qui se sont mêlées et combinées pour former les peuples des temps modernes. Ces séraphins attachés aux races sont étroitement associés au ministère des commissaires raciaux. Leur groupe résidant présentement sur Urantia est le corps originel affecté à la planète peu après le jour de la Pentecôte.

114:6.10 6. Les anges du futur. Ils sont les anges des projets, qui prévoient un âge futur et font des plans pour réaliser le meilleur d'une nouvelle dispensation en progrès. Ils sont les architectes des ères successives. Le groupe présentement sur la planète a fonctionné comme tel depuis le commencement de la présente dispensation.

114:6.11 7. Les anges de l'illumination. Urantia reçoit présentement l'aide de son troisième corps de séraphins consacrés à développer l'éducation planétaire. Ces anges s'occupent d'instruire mentalement et moralement les individus, familles, groupes, écoles, communautés, nations et les races entières.

114:6.12 8. Les anges de la santé. Ils sont les ministres séraphiques affectés à l'assistance des agents humains consacrés à promouvoir la santé et la prévention contre les maladies. Le présent corps est le sixième groupe à servir ainsi au cours de la présente dispensation.

114:6.13 9. Les séraphins du foyer. Urantia bénéficie en ce moment des services du cinquième groupe de cet ordre de ministres angéliques consacrés à préserver et à faire progresser la vie des foyers, institution fondamentale de la civilisation humaine.

114:6.14 10. Les anges de l'industrie. Ce groupe séraphique s'occupe de stimuler le développement industriel et d'améliorer les conditions économiques parmi les peuples d'Urantia. Il a été remplacé sept fois depuis l'effusion de Micaël.

114:6.15 11. Les anges de la récréation. Ils sont les séraphins qui stimulent les valeurs de jeu, d'humour et de repos. Ils cherchent toujours à élever le niveau des divertissements des hommes et à promouvoir ainsi l'emploi le plus profitable des loisirs humains. Le présent corps est le troisième de cet ordre apportant son ministère à Urantia.

114:6.16 12. Les anges du ministère suprahumain. Ils sont les anges des anges, les séraphins affectés au ministère de toutes les autres vies suprahumaines, temporaires ou permanentes, sur la planète. Ce corps a servi depuis le commencement de la présente dispensation.

114:6.17 Quand ces groupes de maitres séraphins ont des opinions différentes en matière de politique ou de procédure planétaire, leurs différends sont généralement arbitrés par le gouverneur général ; mais toutes les ordonnances de ce dernier sont sujettes à appel selon la nature et la gravité des affaires impliquées dans le désaccord.

114:6.18 Aucun de ces groupes angéliques n'exerce de contrôle direct ou arbitraire sur les domaines de leur affectation. Ils ne peuvent contrôler totalement les affaires de leurs champs d'action respectifs, mais il leur est loisible de manipuler les conditions planétaires et d'associer des circonstances de manière à influencer favorablement les sphères d'activité humaine auxquelles ils sont attachés, et ils le font.

114:6.19 Les maitres séraphins de la supervision planétaire emploient de nombreux dispositifs pour exécuter leurs missions. Ils opèrent comme centres d'échange pour les idées, comme focalisateurs pour le mental et comme promoteurs de projets. Ils sont incapables d'introduire des concepts nouveaux et plus élevés dans le mental humain, mais agissent souvent pour intensifier un idéal supérieur déjà apparu dans l'intellect humain.

114:6.20 En dehors de ces nombreux moyens d'action positive, les maitres séraphins assurent le progrès planétaire contre les périls vitaux en mobilisant, en entrainant et en maintenant le corps de réserve de la destinée. La principale fonction de ces réservistes est de protéger le progrès évolutionnaire contre un effondrement. Ils représentent le dispositif mis en place par les forces célestes pour se prémunir contre les surprises ; ce corps est leur garant contre les désastres.

114.7  Le Corps de Réserve de la Destinée

114:7.1 Le corps de réserve de la destinée se compose de vivants, hommes et femmes, qui ont été admis au service spécial de l'administration suprahumaine des affaires du monde. Ce corps comprend les hommes et les femmes de chaque génération choisis par les directeurs spirituels du royaume pour contribuer au ministère de miséricorde et de sagesse auprès des enfants du temps sur les mondes évolutionnaires. Dans l'exécution des plans concernant l'ascension, la règle générale est de commencer à utiliser cette liaison de créatures volitives humaines dès qu'elles sont compétentes et dignes d'assumer ces responsabilités. En conséquence, dès que des hommes et des femmes apparaissent sur la scène de l'action temporelle avec une capacité mentale suffisante, un statut moral adéquat et la spiritualité requise, ils sont rapidement affectés au groupe céleste approprié de personnalités planétaires à titre d'agents humains de liaison, d'assistants mortels.

114:7.2 Quand des êtres humains sont choisis comme protecteurs de la destinée planétaire et deviennent des individus pivots dans les plans poursuivis par les administrateurs du monde, alors le chef des séraphins planétaires confirme leur attachement temporel au corps séraphique et désigne des gardiens personnels de la destinée pour servir auprès de ces mortels. Tous ces réservistes ont des Ajusteurs conscients d'eux-mêmes, et la plupart d'entre eux opèrent dans les cercles cosmiques supérieurs d'accomplissement intellectuel et d'aboutissement spirituel.

114:7.3 Les mortels du royaume sont choisis, pour servir dans le corps de réserve de la destinée sur les mondes habités, pour les raisons suivantes :

114:7.4 1. Capacité spéciale à être secrètement entrainés pour de nombreuses missions d'urgence possibles dans la conduite de diverses activités des affaires du monde.

114:7.5 2. Consécration sincère à une cause sociale, économique, politique, spirituelle ou autre, doublée d'une bonne volonté pour servir sans récompenses ni marques de reconnaissance humaines.

114:7.6 3. Possession d'un Ajusteur de Pensée doué d'une extraordinaire variété de talents et ayant probablement eu, avant de venir sur Urantia, l'expérience d'avoir affronté des difficultés planétaires et lutté dans des situations critiques où un monde était menacé.

114:7.7 Chaque division de service céleste planétaire a droit à un corps de liaison composé de ces mortels ayant statut de réservistes de la destinée. Un monde habité emploie en moyenne soixante-dix corps de la destinée séparés qui sont en relation intime avec la conduite suprahumaine courante des affaires de ce monde. Sur Urantia, il y a douze corps de réserve de la destinée, un pour chacun des groupes planétaires de supervision séraphique.

114:7.8 Les douze groupes urantiens de réservistes de la destinée se composent d'habitants mortels de la sphère, qui ont été formés pour occuper de nombreuses positions clefs sur terre et sont maintenus prêts à agir en cas d'urgence planétaire. L'ensemble de ces corps comprend présentement 962 personnes. Le corps le plus restreint en compte 41 et le plus nombreux 172. À l'exception de moins d'une vingtaine de personnalités de contact, les membres de ce groupe unique n'ont aucunement conscience d'avoir été préparés pour agir éventuellement dans certaines crises planétaires. Ces réservistes mortels sont choisis par les corps auxquels ils sont respectivement attachés ; ils sont également entrainés et préparés dans leur mental profond par la technique conjuguée du ministère de l'Ajusteur de Pensée et du gardien séraphique. Bien souvent, de nombreuses autres personnalités célestes participent à cet entrainement inconscient ; dans toute cette préparation spéciale, les médians rendent des services précieux et indispensables.

114:7.9 Sur beaucoup de mondes, les médians secondaires les mieux adaptés sont capables d'établir, à des degrés variables, le contact avec les Ajusteurs de Pensée de certains mortels favorablement constitués, en pénétrant habilement le mental où habite l'Ajusteur. (C'est précisément par une telle combinaison fortuite d'adaptation cosmique que les présentes révélations ont été matérialisées en langue anglaise sur Urantia.). De tels mortels des mondes évolutionnaires offrant des possibilités de contact, sont mobilisés dans les nombreux corps de réserve. Dans une certaine mesure, c'est grâce à ces petits groupes de personnalités ayant des vues d'avenir que la civilisation spirituelle progresse et que les Très Hauts peuvent régner dans les royaumes des hommes. Les hommes et les femmes de ces corps de réserve de la destinée ont ainsi divers degrés de contact avec leurs Ajusteurs par le ministère intermédiaire des créatures médianes ; mais ces humains-là sont peu connus de leurs compagnons, sauf dans les rares crises sociales et situations spirituelles critiques où ces personnalités de réserve agissent pour empêcher l'effondrement de la culture évolutionnaire ou l'extinction de la lumière de la vérité vivante. Sur Urantia, ces réservistes de la destinée n'ont été que rarement mis en vedette dans les pages de l'histoire humaine.

114:7.10 Les réservistes opèrent inconsciemment comme conservateurs des connaissances planétaires essentielles. Bien des fois, à la mort d'un réserviste, certaines données vitales du mental sont transférées du réserviste mourant à un successeur plus jeune au moyen d'une liaison entre leurs deux Ajusteurs de Pensée. Il ne fait pas de doute que les Ajusteurs opèrent aussi, avec ce corps de réserve, de bien des manières qui nous sont inconnues.

114:7.11 Sur Urantia, le corps de réserve de la destinée n'a pas de chef permanent, mais il a ses propres conseils permanents qui constituent son organisation gouvernementale. Ceux-ci comprennent le conseil judiciaire, le conseil d'authenticité historique, le conseil sur la souveraineté politique et beaucoup d'autres. De temps en temps, et conformément à l'organisation du corps de réserve, ces conseils permanents ont nommé des chefs (mortels) titulaires de l'ensemble du corps de réserve pour une fonction spécifique. Le mandat de tels chefs réservistes est généralement une affaire de quelques heures et se limite à l'exécution d'une tâche précise et immédiate.

114:7.12 C'est à l'époque des Adamites et des Andites que le corps de réserve d'Urantia atteignit son effectif maximum. Il diminua constamment, en même temps que le sang violet se diluait, et passa par un minimum aux environs du jour de la Pentecôte ; depuis lors, il a recommencé à croitre régulièrement.

114:7.13 (Le corps de réserve cosmique des citoyens d'Urantia ayant conscience de l'univers comprend présentement plus de mille mortels ayant, au sujet de la citoyenneté cosmique, une clairvoyance qui transcende de loin la sphère de leur demeure terrestre, mais il m'est interdit de révéler la vraie nature de la fonction de ce groupe exceptionnel d'êtres humains vivants.)

114:7.14 Les Urantiens, qui subissent un isolement spirituel relatif de leur monde par rapport à certains circuits de l'univers local, ne devraient pas se laisser aller à éprouver un sentiment d'abandon cosmique ou d'orphelinage planétaire. Il existe, sur la planète, une supervision suprahumaine très précise et efficace des affaires du monde et des destinées humaines.

114:7.15 Il est toutefois vrai qu'en mettant les choses au mieux, vous ne pouvez avoir qu'une faible idée d'un gouvernement planétaire idéal. Depuis les premiers temps du Prince Planétaire, Urantia a souffert de l'avortement du plan divin préparé pour sa croissance mondiale et son développement racial. Les mondes loyaux de Satania ne sont pas gouvernés comme Urantia. Néanmoins, par comparaison avec les autres mondes isolés, votre gouvernement planétaire ne fait pas si mauvaise figure ; on peut dire qu'il est pire sur un ou deux autres mondes seulement, et un peu meilleur sur quelques-uns, mais la majorité se trouve sur un pied d'égalité avec vous.

114:7.16 Dans l'univers local, nul ne paraît savoir quand prendra fin le statut instable de votre administration planétaire. Les Melchizédeks de Nébadon sont enclins à croire qu'il se produira peu de changements dans le gouvernement et l'administration de la planète jusqu'à la seconde venue personnelle de Micaël sur Urantia. Il est indubitable qu'à ce moment-là, sinon auparavant, des changements radicaux seront effectués dans la direction de la planète. Quant à la nature de ces modifications dans l'administration du monde, personne ne paraît capable d'émettre même une hypothèse. Dans toute l'histoire des mondes habités de l'univers de Nébadon, il n'y a pas de précédent à un tel évènement. Parmi les nombreuses choses difficiles à comprendre concernant le futur gouvernement d'Urantia, l'une des plus importantes est l'installation sur la planète d'un circuit et d'un quartier général divisionnaire d'archanges.

114:7.17 Votre monde isolé n'est pas oublié dans les conseils de l'univers. Urantia n'est pas une orpheline cosmique stigmatisée par le péché et coupée, par la rébellion, de la vigilante protection divine. Depuis Uversa jusqu'à Salvington, et ainsi de suite en descendant jusqu'à Jérusem, et même en montant vers Havona et le Paradis, tout le monde sait que nous sommes ici. Vous autres mortels habitant présentement Urantia, vous êtes tout aussi affectueusement chéris et fidèlement gardés, et même davantage, que si votre sphère n'avait jamais été trahie par un Prince Planétaire sans foi. Il reste éternellement vrai que « le Père lui-même vous aime. »

114:7.18 [Présenté par le Chef des Séraphins stationnés sur Urantia.]

115. L'Être Suprême

115:0.1 AVEC Dieu le Père, la grande relation est la filiation. Avec Dieu le Suprême, l'accomplissement est la condition préalable au statut - il faut faire quelque chose aussi bien qu'être quelque chose.

115.1  Relativité des Cadres Conceptuels

115:1.1 Des intellects partiels, incomplets et évoluants seraient impuissants dans le maitre univers, incapables de former le moindre modèle rationnel de pensée, si tout mental, supérieur ou inférieur, n'avait pas l'aptitude innée à former un cadre universel dans lequel il peut penser. Si le mental ne peut aboutir aux véritables conclusions et pénétrer jusqu'aux véritables origines, il sera infailliblement amené à imaginer des conclusions et à inventer des origines, afin d'avoir un moyen de penser logiquement dans le cadre de ces hypothèses mentalement créées. De tels cadres universels pour la pensée des créatures sont indispensables aux opérations intellectuelles rationnelles, mais, sans aucune exception, ils sont erronés à un plus ou moins haut degré.

115:1.2 Les cadres conceptuels de l'univers ne sont que relativement vrais. Ils sont d'utiles échafaudages qui doivent finalement céder la place devant l'expansion de la compréhension cosmique croissante. Les manières de comprendre la vérité, la beauté et la bonté, la moralité, l'éthique, le devoir, l'amour, la divinité, l'origine, l'existence, le dessein, la destinée, le temps, l'espace et même la Déité, ne sont que relativement justes. Dieu est beaucoup, beaucoup plus qu'un Père, mais le Père est la plus haute conception humaine de Dieu. Néanmoins, la description sous forme Père-Fils des relations entre le Créateur et la créature sera accrue par les conceptions suprahumaines de la Déité que l'on atteint dans Orvonton, dans Havona et au Paradis. L'homme est obligé de penser dans un cadre universel de mortel, mais cela ne signifie pas qu'il ne puisse imaginer d'autres cadres plus élevés, à l'intérieur desquels la pensée peut prendre place.

115:1.3 En vue de faciliter la compréhension humaine de l'univers des univers, nous avons appelé finis, absonites et absolus les divers niveaux de la réalité cosmique. Parmi eux, seul l'absolu est éternel sans qualification, vraiment existentiel. Les absonites et les finis sont des dérivés, des modifications, des qualifications et des atténuations de la réalité absolue, originelle et primordiale de l'infinité.

115:1.4 Les domaines du fini existent en vertu du dessein éternel de Dieu. Les créatures finies, supérieures et inférieures, peuvent proposer des théories, et elles l'ont fait, sur la nécessité du fini dans l'économie cosmique, mais, en dernière analyse, le fini existe parce que Dieu l'a ainsi voulu. On ne peut expliquer l'univers, et une créature finie ne peut offrir un motif rationnel pour sa propre existence individuelle, sans faire appel aux actes antérieurs et à la volonté préexistante d'êtres ancestraux, Créateurs ou procréateurs.

115.2  La Base Absolue de la Suprématie

115:2.1 Du point de vue existentiel, rien de nouveau ne peut arriver dans aucune des galaxies. En effet, le parachèvement de l'infinité inhérent au JE SUIS est éternellement présent dans les sept Absolus, il est fonctionnellement associé dans les triunités, et il est associé d'une manière transmissible dans les triodités. Mais le fait que l'infinité soit ainsi existentiellement présente dans ces associations absolues ne rend nullement impossible de réaliser de nouveaux expérientiels cosmiques. Du point de vue des créatures finies, l'infinité contient beaucoup de facteurs potentiels, d'éléments comportant une possibilité future plutôt qu'une actualité présente.

115:2.2 La valeur est un élément unique dans la réalité de l'univers. Nous ne comprenons pas comment la valeur d'une chose infinie et divine pourrait être accrue, mais nous découvrons que les significations peuvent être modifiées, sinon accrues, même dans les relations de la Déité infinie. Pour les univers expérientiels, même les valeurs divines sont accrues, en tant qu'actualités, par une compréhension élargie des significations de la réalité.

115:2.3 Tout le plan de la création et de l'évolution universelles sur tous les niveaux expérientiels est apparemment une affaire de conversion des potentialités en actualités ; et cette transmutation concerne également les domaines de la puissance spatiale, de la puissance mentale et de la puissance spirituelle.

115:2.4 La méthode apparente par laquelle les possibilités du cosmos sont amenées à l'existence effective varie de niveau en niveau. Dans le fini, c'est l'évolution expérientielle et, dans l'absonite, c'est l'extériorisation expérientielle. L'infinité existentielle inclut assurément tout sans réserve, et il faut bien que cette omni-inclusivité englobe même la possibilité de faire des expériences évolutionnaires finies. Et la possibilité d'une telle croissance expérientielle devient une actualité universelle par des relations de triodités empiétant sur le Suprême, et le pénétrant.

115.3  L'Originel, l'Actuel et le Potentiel

115:3.1 Le cosmos absolu est conceptuellement sans limites. Définir l'étendue et la nature de cette réalité primordiale équivaut à donner des qualifications à l'infinité et à affaiblir le pur concept d'éternité. L'idée de l'infini-éternel, de l'éternel-infini, est non qualifiée en étendue et absolue en fait. Nul langage d'Urantia, passé, présent ou futur, n'est adéquat pour exprimer la réalité de l'infinité ou l'infinité de la réalité. L'homme, créature finie dans un cosmos infini, doit se contenter d'images déformées et de conceptions étriquées de cette existence sans limites, sans bornes, sans commencement et sans fin, qui dépasse réellement ses facultés de compréhension.

115:3.2 Le mental ne peut jamais espérer saisir le concept d'un Absolu sans essayer d'abord de fractionner l'unité de cette réalité. Le mental unifie toutes les divergences, mais, en l'absence totale de divergences, le mental ne trouve aucune base pour tenter de formuler des concepts compréhensibles.

115:3.3 L'état statique primordial de l'infinité exige une segmentation avant toute tentative humaine pour le comprendre. L'infinité comporte une unité dont l'expression, dans ces fascicules, a été le JE SUIS - le premier postulat du mental des créatures. Mais une créature ne pourra jamais comprendre comment il se fait que cette unité devienne une dualité, une triunité et une diversité tout en restant une unité non qualifiée. L'homme rencontre un problème similaire quand il s'arrête pour contempler la Déité indivise de la Trinité à côté de la personnalisation multiple de Dieu.

115:3.4 L'homme est loin de l'infinité, et c'est uniquement cette distance qui fait exprimer ce concept en un seul mot. D'une part l'infinité est UNITÉ, et d'autre part elle est DIVERSITÉ sans fin ni limites. Observée par des intelligences finies, l'infinité est le plus grand paradoxe de la philosophie des créatures et de la métaphysique finie. Bien que, dans l'expérience de l'adoration, la nature spirituelle de l'homme s'étende jusqu'au Père qui est infini, son maximum de capacité intellectuelle à comprendre ne dépasse pas la conception de l'Être Suprême. Au delà du Suprême, les concepts sont de plus en plus des noms et de moins en moins de véritables désignations de la réalité ; ils deviennent de plus en plus la projection vers le superfini de la compréhension finie de la créature.

115:3.5 Une conception fondamentale du niveau absolu implique un postulat de trois phases :

115:3.6 1. L'Originel. Le concept non qualifié de la Source-Centre Première, la manifestation initiale du JE SUIS dont toute réalité tire son origine.

115:3.7 2. L'Actuel. L'union des trois Absolus d'actualité, les Sources-Centres Seconde, Troisième et Paradisiaque. Cette triodité du Fils Éternel, de l'Esprit Infini et de l'Ile du Paradis constitue la révélation actuelle de l'originalité de la Source-Centre Première.

115:3.8 3. Le Potentiel. L'union des trois Absolus de potentialité, l'Absolu de Déité, l'Absolu Non Qualifié et l'Absolu Universel. Cette triodité de potentialité existentielle constitue la révélation potentielle de l'originalité de la Source-Centre Première.

115:3.9 L'interassociation de l'Originel, de l'Actuel et du Potentiel produit les tensions intérieures de l'infinité, qui se traduisent par la possibilité de toutes les croissances dans l'univers ; et la croissance est la nature du Septuple, du Suprême et de l'Ultime.

115:3.10 Dans l'association de l'Absolu de Déité, de l'Absolu Universel et de l'Absolu Non Qualifié, la potentialité est absolue tandis que l'actualité est émergente. Dans l'association des Sources-Centres Seconde, Troisième et Paradisiaque, l'actualité est absolue tandis que la potentialité est émergente. Dans l'originalité de la Source-Centre Première, nous ne pouvons dire de l'actualité ou de la potentialité ni qu'ils sont existants ni qu'ils sont émergents le Père est.

115:3.11 Du point de vue du temps, l'Actuel représente ce qui fut et ce qui est ; le Potentiel est ce qui devient et qui sera ; l'Originel est ce qui est. Du point de vue de l'éternité, les différences entre l'Originel, l'Actuel et le Potentiel n'apparaissent pas de cette façon. Ces qualités trines ne se distinguent pas ainsi sur les niveaux d'éternité paradisiaque. Dans l'éternité, tout est - seulement, tout n'a pas encore été révélé dans le temps et l'espace.

115:3.12 Du point de vue des créatures, l'actualité est substance, et la potentialité est capacité. L'actualité existe au centre, et de là elle se développe dans l'infinité périphérique ; la potentialité part de la périphérie de l'infinité vers l'intérieur et converge au centre de toutes choses. L'Originel est ce qui d'abord cause, et ensuite équilibre les doubles mouvements du cycle de la réalité, où les potentiels se métamorphosent en actuels et où les actuels existants prennent un caractère potentiel.

115:3.13 Les trois Absolus de potentialité opèrent sur le niveau purement éternel du cosmos ; ils ne fonctionnent donc jamais comme tels sur les niveaux subabsolus. Sur les niveaux descendants de la réalité, la triodité de potentialité se manifeste avec l'Ultime et sur le Suprême. Il est possible que le potentiel ne réussisse pas à s'actualiser dans le temps en partie et sur des niveaux subabsolus, mais jamais dans l'ensemble. La volonté de Dieu prévaut finalement, elle ne prévaut pas toujours au niveau individuel, mais elle prévaut invariablement en ce qui concerne l'ensemble.

115:3.14 C'est dans la triodité d'actualité que les éléments existants du cosmos ont leur centre ; qu'il s'agisse d'esprit, de mental ou d'énergie, tous sont centrés dans cette association du Fils, de l'Esprit et du Paradis. La personnalité du Fils spirituel est le maitre archétype pour toutes les personnalités dans tous les univers. La substance de l'Ile du Paradis est le maitre archétype, dont Havona est une parfaite révélation et les superunivers une révélation en voie de perfectionnement. L'Acteur Conjoint est la source qui, tout à la fois, anime mentalement l'énergie cosmique, transforme en concepts les desseins spirituels, et intègre les causes et effets mathématiques des niveaux matériels avec les intentions et mobiles volitifs du niveau spirituel. Dans un univers fini et pour un univers fini, le Fils, l'Esprit et le Paradis opèrent dans l'Ultime et sur l'Ultime tel qu'il est conditionné et qualifié dans le Suprême.

115:3.15 L'actualité (de la Déité) est ce que l'homme recherche dans son ascension vers le Paradis. La Potentialité (de la divinité humaine) est ce que l'homme fait apparaître dans cette recherche. L'Originel est ce qui rend possible la coexistence et l'intégration de l'homme actuel, de l'homme potentiel et de l'homme éternel.

115:3.16 La dynamique finale du cosmos concerne le transfert continuel de la réalité de la potentialité à l'actualité. En théorie, il pourrait y avoir une fin à cette métamorphose, mais, en fait, la chose est impossible, étant donné que le Potentiel et l'Actuel sont tous deux encircuités dans l'Originel (dans le JE SUIS), et cette identification rend éternellement impossible de fixer une limite au développement progressif de l'univers. Tout ce qui est identifié avec le JE SUIS ne peut jamais cesser de progresser, car l'actualité des potentiels du Je SUIS est absolue, et la potentialité des actuels du JE SUIS l'est également. Les actuels ouvriront toujours de nouvelles voies pour que des potentiels, jusque-là impossibles, se réalisent - non seulement chaque décision humaine actualise une nouvelle réalité dans l'expérience humaine, mais elle ouvre aussi une nouvelle capacité de croissance humaine. Dans chaque enfant vit un homme, et dans l'homme mûr connaissant Dieu réside le progresseur morontiel.

115:3.17 Un état statique de la croissance ne peut jamais apparaître dans le cosmos total puisque la base de la croissance - les actuels absolus - est non qualifiée et que les possibilités de croissance - les potentiels absolus - sont illimitées. Dans la pratique, les philosophes de l'univers sont arrivés à la conclusion qu'il n'existe rien que l'on puisse considérer comme une terminaison.

115:3.18 D'un point de vue restreint, il existe en réalité beaucoup de fins, de terminaisons d'activité ; mais, d'un point de vue plus large sur un niveau supérieur de l'univers, il n'y a rien qui finisse ; il n'y a que des transitions d'une phase de développement à une autre. La chronologie majeure du maitre univers concerne les divers âges universels : les âges de Havona, des superunivers et des univers extérieurs. Toutefois, même ces divisions fondamentales de relations séquentielles ne peuvent être que des bornes relatives sur la grande route sans fin de l'éternité.

115:3.19 La pénétration finale de la vérité, de la beauté et de la bonté de l'Être Suprême ne pourrait qu'ouvrir, à la créature en progression, ces qualités absonites de divinité ultime qui dépasse les niveaux conceptuels de vérité, de beauté et de bonté.

115.4  Les Sources de la Réalité Suprême

115:4.1 Toute considération des origines de Dieu le Suprême doit commencer par la Trinité du Paradis, car la Trinité est la Déité originelle, tandis que le Suprême est une Déité dérivée. Toute considération de la croissance du Suprême doit tenir compte des triodités existentielles, car elles englobent toute l'actualité absolue et toute la potentialité infinie (en conjonction avec la Source-Centre Première). Quant au Suprême évolutionnaire, il est le foyer culminant et personnellement volitif de la transmutation - la transformation - des potentiels en actuels dans et sur le niveau fini d'existence. Les deux triodités, l'actuelle et la potentielle, englobent la totalité des relations réciproques de croissance dans les univers.

115:4.2 La source du Suprême se trouve dans la Trinité du Paradis - Déité éternelle, actuelle et indivise. Le Suprême est avant tout une personne-esprit, et cette personne-esprit est une branche issue du tronc de la Trinité. Mais le Suprême est en second lieu une Déité de croissance - de croissance évolutionnaire - et cette croissance dérive des deux triodités, l'actuelle et la potentielle.

115:4.3 S'il est difficile de comprendre que les triodités infinies puissent fonctionner sur le niveau fini, remarquez que leur infinité même doit contenir en elle-même la potentialité du fini. L'infinité englobe toutes choses, depuis l'existence finie la plus humble et la plus conditionnée jusqu'aux réalités inconditionnellement absolues les plus élevées.

115:4.4 Il est moins malaisé de comprendre que l'infini contient le fini que de saisir comment cet infini est effectivement manifesté à ce fini. Mais les Ajusteurs de Pensée qui habitent les hommes sont l'une des preuves éternelles que même le Dieu absolu (en tant qu'absolu) peut établir un contact direct avec les plus humbles et les plus insignifiantes créatures volitives de l'univers, et l'établit effectivement.

115:4.5 Les triodités qui englobent collectivement l'actuel et le potentiel se manifestent sur le niveau fini en conjonction avec l'Être Suprême. La technique de ces manifestations est à la fois directe et indirecte : directe dans la mesure où les relations de triodité se répercutent directement dans le Suprême, et indirecte dans la mesure où elles dérivent du niveau extériorisé de l'absonite.

115:4.6 La réalité du Suprême, qui est le total de la réalité du fini, est en voie de croissance dynamique entre les potentiels non qualifiés de l'espace extérieur et les actuels non qualifiés au centre de toutes choses. Le domaine fini devient ainsi une factualité par la coopération des agents absonites du Paradis et des Personnalités Créatrices Suprêmes du temps. L'acte de faire murir les possibilités qualifiées des trois grands Absolus potentiels est la fonction absonite des Architectes du Maitre Univers et de leurs associés transcendantaux. Quand ces éventualités ont atteint un certain point de maturation, les Personnalités Créatrices Suprêmes émergent du Paradis pour aborder la tâche multimillénaire d'amener les univers en évolution à une existence de fait.

115:4.7 La croissance de la Suprématie dérive des triodités ; la personne-esprit du Suprême dérive de la Trinité ; mais les prérogatives de pouvoir du Tout-Puissant sont basées sur les succès de divinité de Dieu le Septuple, tandis que la jonction des prérogatives de pouvoir du Tout-Puissant Suprême avec la personne-esprit de Dieu le Suprême s'effectue grâce au ministère de l'Acteur Conjoint. C'est ce dernier qui a fait don du mental du Suprême comme facteur de conjonction dans cette Déité évolutionnaire.

115.5  Position du Suprême par Rapport à la Trinité du Paradis

115:5.1 L'Être Suprême dépend absolument de l'existence et de l'action de la Trinité du Paradis pour la réalité de sa nature personnelle et spirituelle. Alors que la croissance du Suprême est une affaire de relations de triodités, la personnalité-esprit de Dieu le Suprême dépend et dérive de la Trinité du Paradis. Cette dernière subsiste toujours comme source-centre absolue de stabilité infinie et parfaite autour de laquelle la croissance évolutionnaire du Suprême se développe progressivement.

115:5.2 La fonction de la Trinité est reliée à celle du Suprême, car la Trinité fonctionne sur tous les niveaux, (sur la totalité de ceux-ci) y compris le niveau de la fonction de Suprématie. Mais, de même que l'âge de Havona cède la place à l'âge des superunivers, de même l'action discernable de la Trinité comme créatrice immédiate cède la place aux actes créateurs des enfants des Déités du Paradis.

115.6  Position du Suprême par Rapport aux Triodités

115:6.1 La triodité d'actualité continue à fonctionner directement aux époques postérieures à Havona ; la gravité du Paradis saisit les unités de base de l'existence matérielle ; la gravité spirituelle du Fils Éternel agit directement sur les valeurs fondamentales de l'existence spirituelle ; et la gravité mentale de l'Acteur Conjoint s'empare infailliblement de toutes les significations vitales de l'existence intellectuelle.

115:6.2 Mais, à mesure que chaque stade créatif étend son activité dans l'espace inexploré, ses fonctions et son existence se trouvent de plus en plus éloignées de l'action directe des forces créatrices et des personnalités divines siégeant à l'emplacement central - l'Ile absolue du Paradis et les Déités infinies qui y résident. Ces niveaux successifs d'existence cosmique deviennent donc de plus en plus dépendants des développements à l'intérieur des trois Absolus de potentialité de l'infinité.

115:6.3 L'Être Suprême englobe des possibilités de ministère cosmique non apparemment manifestées chez le Fils Éternel, chez l'Esprit Infini, ou dans les réalités non personnelles de l'Ile du Paradis. Cette affirmation est faite en tenant dument compte du caractère absolu de ces trois actualités fondamentales, mais la croissance du Suprême n'est pas seulement fondée sur ces actualités de Déité et du Paradis ; elle participe également aux développements intérieurs de l'Absolu de Déité, de l'Absolu Universel et de l'Absolu Non Qualifié.

115:6.4 Non seulement le Suprême grandit à mesure que les Créateurs et les créatures des univers en évolution arrivent à ressembler à Dieu, mais cette Déité finie fait aussi l'expérience d'une croissance résultant de la maitrise des possibilités finies du grand univers par les créatures et les Créateurs. Le mouvement du Suprême est double : en intensité vers le Paradis et la Déité, et en extension vers l'illimité des Absolus de potentiel.

115:6.5 Au cours du présent âge de l'univers, ce double mouvement se révèle dans les personnalités descendantes et ascendantes du grand univers. Les Personnalités Créatrices Suprêmes et tous leurs divins associés reflètent le mouvement centrifuge et divergent du Suprême, tandis que les pèlerins ascendants des sept superunivers indiquent la tendance centripète et convergente de la Suprématie.

115:6.6 La Déité finie cherche toujours une double corrélation intérieure vers le Paradis et ses Déités, et extérieure vers l'infinité et les Absolus qui s'y trouvent contenus. La puissante éruption de la divinité créative du Paradis qui se personnalise dans les Fils Créateurs et manifeste son pouvoir dans les contrôleurs de pouvoir, indique un vaste épanchement de Suprématie dans les domaines de la potentialité, tandis que l'interminable procession des créatures ascendantes du grand univers assiste à la puissante poussée intérieure de la Suprématie vers l'unité avec la Déité du Paradis.

115:6.7 Les êtres humains ont appris que le mouvement de l'invisible peut parfois être discerné en observant son effet sur le visible. Quant à nous dans les univers, nous avons appris depuis longtemps à détecter les mouvements et tendances de la Suprématie en observant comment ces évolutions se répercutent chez les personnalités et les modèles du grand univers.

115:6.8 Sans en être certains, nous croyons que le Suprême, en tant que réflexion finie de la Déité du Paradis, a entamé une progression éternelle dans l'espace extérieur. Toutefois, en tant que qualification des trois Absolus potentiels de l'espace extérieur, cet Être Suprême cherche perpétuellement la cohérence paradisiaque. Et ce double mouvement paraît rendre compte de la plupart des activités fondamentales dans les univers présentement organisés.

115.7  La Nature du Suprême

115:7.1 Dans la Déité du Suprême, le Père-JE SUIS est parvenu à se libérer relativement complètement des limitations inhérentes à un statut infini, à une existence éternelle et à une absoluité de nature. Mais Dieu le Suprême n'a pu être dégagé de toutes les limitations existentielles qu'en devenant sujet aux qualifications expérientielles d'une fonction universelle. En atteignant la capacité d'expérience, le Dieu fini est également soumis à la nécessité de l'acquérir ; en réussissant à se libérer de l'éternité, le Tout-Puissant rencontre les barrières du temps ; et le Suprême n'a pu connaître la croissance et le développement que comme conséquence d'une existence partielle et d'une nature non parachevée - celles d'un être non absolu.

115:7.2 Tout ceci doit être conforme au plan du Père, qui a basé le progrès fini sur l'effort, l'accomplissement de la créature sur la persévérance, et le développement de la personnalité sur la foi. En ordonnant ainsi l'évolution-expérience du Suprême, le Père a rendu possible, aux créatures finies, d'exister dans les univers et d'atteindre un jour, par progression expérientielle, la divinité de la Suprématie.

115:7.3 Toute la réalité, y compris le Suprême et même l'Ultime, à l'exception des valeurs non qualifiées des sept Absolus, est relative. Le fait de la Suprématie est fondé sur le pouvoir du Paradis, la personnalité du Fils et l'action du Conjoint, mais la croissance du Suprême est liée à l'Absolu de Déité, l'Absolu Non Qualifié et l'Absolu Universel. Et cette Déité synthétisante et unifiante - Dieu le Suprême - est la personnification de l'ombre finie projetée à travers le grand univers par l'unité infinie de la nature insondable du Père du Paradis, la Source-Centre Première.

115:7.4 Dans la mesure où les triodités opèrent directement sur le niveau fini, elles empiètent sur le Suprême, qui est la focalisation de Déité et la totalisation cosmique des qualifications finies des natures de l'Absolu Actuel et de l'Absolu Potentiel.

115:7.5 On considère que la Trinité du Paradis est l'inévitabilité absolue. Les Sept Maitres Esprits sont apparemment les inévitabilités de la Trinité. L'actualisation du Suprême en pouvoir-mental-esprit-personnalité doit être l'inévitabilité de l'évolution.

115:7.6 Dieu le Suprême ne paraît pas avoir été inévitable dans l'infinité non qualifiée, mais il paraît l'être sur tous les niveaux de relativité. Le Suprême est indispensable pour focaliser, résumer et englober l'expérience évolutionnaire, en unifiant efficacement dans sa nature de Déité, les résultats de ce mode de perception de la réalité. Il semble accomplir tout cela en vue de contribuer à faire apparaître l'extériorisation inévitable, la manifestation superexpérientielle et superfinie de Dieu l'Ultime.

115:7.7 On ne peut apprécier pleinement l'Être Suprême qu'en prenant en considération sa source, sa fonction et sa destinée : ses relations avec la Trinité qui lui donne origine, l'univers d'activité et la Trinité Ultime de destinée immédiate.

115:7.8 En totalisant les facteurs de l'expérience évolutionnaire, le Suprême relie le fini à l'absonite, de même que le mental de l'Acteur Conjoint intègre la divine spiritualité du Fils personnel avec les énergies immuables de l'archétype du Paradis, et que la présence de l'Absolu Universel unifie la stimulation de la Déité avec la réactivité du Non Qualifié. Cette unité doit être une révélation du travail non décelé de l'unité originelle de la Première Cause-Père et du premier Archétype-Source de toutes les choses et de tous les êtres.

115:7.9 [Présenté par un Puissant Messager en séjour temporaire sur Urantia.]

116. Le Tout-Puissant Suprê

116:0.1 SI L'HOMME reconnaissait que ses Créateurs - ses superviseurs immédiats - sont finis tout en étant divins, et que le Dieu du temps et de l'espace est une Déité évoluante et non absolue, les contradictions des inégalités temporelles cesseraient d'être de profonds paradoxes religieux. La foi religieuse ne serait plus prostituée à accroitre la suffisance des fortunés, tout en ne servant qu'à encourager une résignation stoïque chez les infortunées victimes des privations sociales.

116:0.2 Quand on examine l'exquise perfection des sphères de Havona, il est à la fois raisonnable et logique de croire qu'elles furent faites par un Créateur parfait, infini et absolu. Avec la même raison et la même logique, toute personne honnête observant le tumulte, les imperfections et les injustices d'Urantia serait forcée de conclure que votre monde a été fait et se trouve dirigé par des Créateurs subabsolus, préinfinis et autres-que-parfaits.

116:0.3 La croissance expérientielle implique une association entre la créature et le Créateur - Dieu et l'homme en association. La croissance est la marque distinctive de la Déité expérientielle : il n'y a pas eu de croissance de Havona ; Havona existe et a toujours existé ; c'est un univers existentiel comme les Dieux éternels qui sont sa source. Par contre, la croissance caractérise le grand univers.

116:0.4 Le Tout-Puissant Suprême est une Déité vivante et évoluante de pouvoir et de personnalité. Son domaine présent, le grand univers, est aussi un royaume croissant de pouvoir et de personnalité. La destinée du Tout-Puissant Suprême est la perfection, mais son expérience présente englobe les éléments de croissance et de statut incomplet.

116:0.5 L'Être Suprême exerce d'abord ses fonctions dans l'univers central en tant que personnalité spirituelle, et ensuite dans le grand univers en tant que Dieu le Tout-Puissant, une personnalité de pouvoir. La fonction suivante du Suprême, dans le maitre univers, est actuellement latente et n'existe que sous forme d'un potentiel mental inconnu. Nul ne sait exactement ce que révèlera ce troisième développement de l'Être Suprême. Certains croient qu'au moment où les superunivers seront ancrés dans la lumière et la vie, le Suprême opérera à partir d'Uversa comme souverain tout-puissant et expérientiel du grand univers, tout en étendant son pouvoir en tant que super-tout-puissant des univers extérieurs. D'autres imaginent que le troisième stade de Suprématie impliquera le troisième niveau de manifestation de la Déité. En réalité, aucun de nous n'en sait rien.

116.1  Le Mental Suprême

116:1.1 L'expérience de la personnalité de toute créature évoluante est une phase de l'expérience du Tout-Puissant Suprême. L'asservissement intelligent de chaque segment physique du superunivers fait partie du contrôle croissant du Tout-Puissant Suprême. La synthèse créative du pouvoir et de la personnalité est une partie de l'impulsion créative du Mental Suprême ; elle est aussi l'essence même de la croissance évolutionnaire de l'unité chez l'Être Suprême.

116:1.2 Le Mental Suprême a pour fonction d'unir les attributs de pouvoir et de personnalité de la Suprématie. Le résultat de l'évolution parachevée du Tout-Puissant Suprême sera une Déité unifiée et personnelle - et non une association d'attributs divins vaguement coordonnés. Dans une perspective plus large, il n'y aura pas de Tout-Puissant en dehors du Suprême, ni de Suprême en dehors du Tout-Puissant.

116:1.3 Pendant toute la durée des âges évolutionnaires, le potentiel de pouvoir physique du Suprême est dévolu aux Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir, et son potentiel mental repose chez les Sept Maitres Esprits. Le Mental Infini est la fonction de l'Esprit Infini. Le mental cosmique est le ministère des Sept Maitres Esprits. Le Mental Suprême est en voie d'actualisation dans la coordination du grand univers et en association fonctionnelle avec la révélation et l'aboutissement de Dieu le Septuple.

116:1.4 Le mental dans l'espace-temps, le mental cosmique, fonctionne différemment dans les sept superunivers, mais il est coordonné chez l'Être Suprême par une technique inconnue d'association. Le supercontrôle Tout-Puissant du grand univers n'est pas exclusivement physique et spirituel. Dans les sept superunivers, il est primordialement matériel et spirituel, mais on y rencontre aussi des phénomènes du Suprême qui sont à la fois intellectuels et spirituels.

116:1.5 Nous en savons réellement moins sur le mental de la Suprématie que sur tout autre aspect de cette Déité évoluante. Son mental est incontestablement actif dans tout le grand univers, et l'on croit qu'il a une destinée potentielle comportant de vastes fonctions dans le maitre univers. Quoi qu'il en soit, nous savons ceci : alors que le physique peut atteindre une croissance complète et que l'esprit peut aboutir à la perfection de son développement, le mental ne cesse jamais de progresser - il est la technique expérientielle du progrès sans fin. Le Suprême est une Déité expérientielle et n'aboutit jamais à parachever son aboutissement mental.

116.2  Le Tout-Puissant et Dieu le Septuple

116:2.1 L'apparition de la présence du pouvoir universel du Tout-Puissant coïncide avec l'apparition des hauts créateurs et contrôleurs des superunivers évolutionnaires sur la scène de l'action cosmique.

116:2.2 Dieu le Suprême tient de la Trinité du Paradis ses attributs d'esprit et de personnalité, mais il actualise son pouvoir dans les agissements des Fils Créateurs, des Anciens des Jours et des Maitres Esprits, dont les actes collectifs sont la source de son pouvoir croissant en tant que souverain tout-puissant auprès des sept superunivers et dans les sept superunivers.

116:2.3 La Déité Non Qualifiée du Paradis est incompréhensible aux créatures évoluantes du temps et de l'espace. L'éternité et l'infinité impliquent un niveau de réalité de déité que les créatures spatiales-temporelles ne peuvent comprendre. L'infinité de déité et la souveraineté absolue sont inhérentes à la Trinité du Paradis, et la Trinité est une réalité située quelque peu au delà de la compréhension des mortels. Il faut que les créatures de l'espace-temps aient des origines, des relativités et des destinées pour saisir les relations universelles et comprendre les valeurs significatives de la divinité. C'est pourquoi la Déité du Paradis atténue et qualifie encore autrement les personnalisations extraparadisiaques de la divinité, et amène ainsi à l'existence les Créateurs Suprêmes et leurs associés ; ceux-ci transportent la lumière de la vie de plus en plus loin de la source Paradisiaque, jusqu'à ce qu'elle trouve sa plus lointaine et belle expression dans la vie terrestre des Fils d'effusion sur les mondes évolutionnaires.

116:2.4 Telle est l'origine de Dieu le Septuple, dont l'homme mortel rencontre les niveaux successifs dans l'ordre suivant :

116:2.5 1. Les Fils Créateurs (et les Esprits Créatifs).

116:2.6 2. Les Anciens des Jours.

116:2.7 3. Les Sept Maitres Esprits.

116:2.8 4. L'Être Suprême.

116:2.9 5. L'Acteur Conjoint.

116:2.10 6. Le Fils Éternel.

116:2.11 7. Le Père Universel.

116:2.12 Les trois premiers niveaux sont les Créateurs Suprêmes, les trois derniers sont les Déités du Paradis. Le Suprême intervient toujours comme personnalisation spirituelle-expérientielle de la Trinité du Paradis et comme foyer expérientiel du pouvoir tout-puissant évolutionnaire des enfants créateurs des Déités du Paradis. L'Être Suprême est la révélation maximum de la Déité aux sept superunivers pour le présent âge de l'univers.

116:2.13 La technique de la logique des mortels pourrait amener à croire que la réunification expérientielle des actes collectifs des trois premiers niveaux de Dieu le Septuple équivaut au niveau de la Déité du Paradis, mais tel n'est pas le cas. La Déité du Paradis est la Déité existentielle. Les Créateurs Suprêmes, dans leur divine unité de pouvoir et de personnalité, constituent et expriment un nouveau potentiel de pouvoir de Déité expérientielle. Et ce potentiel de pouvoir d'origine expérientielle trouve inévitablement et inéluctablement son union avec la Déité expérientielle issue de la Trinité - l'Être Suprême.

116:2.14 Dieu le Suprême n'est pas la Trinité du Paradis ; il n'est pas non plus l'un ou l'ensemble des Créateurs superuniversels, dont les activités fonctionnelles synthétisent effectivement son pouvoir tout-puissant en évolution. Dieu le Suprême a bien son origine dans la Trinité, mais il ne devient manifeste aux créatures évolutionnaires, comme personnalité de pouvoir, que par les fonctions coordonnées des trois premiers niveaux de Dieu le Septuple. Le Tout-Puissant Suprême devient maintenant un fait dans le temps et l'espace, grâce aux activités des Personnalités Créatrices Suprêmes, de même que, dans l'éternité, l'Acteur Conjoint coexista instantanément par la volonté du Père Universel et du Fils Éternel. Ces êtres des trois premiers niveaux de Dieu le Septuple sont la nature même et la source du pouvoir du Tout-Puissant Suprême ; c'est pourquoi ils doivent toujours accompagner et soutenir ses actes administratifs.

116.3  Le Tout-Puissant et la Déité du Paradis

116:3.1 Les Déités du Paradis ne se bornent pas à agir directement dans tout le grand univers par leurs circuits de gravité ; elles opèrent également par leurs divers agents et autres manifestations tels que :

116:3.2 1. Les focalisations mentales de la Source-Centre Troisième. La cohésion des domaines finis de l'énergie et de l'esprit est littéralement assurée par les présences mentales de l'Acteur Conjoint. Ceci est vrai à partir de l'Esprit Créatif dans un univers local, puis pour les Esprits Réflectifs d'un superunivers et jusqu'aux Maitres Esprits dans le grand univers. Les circuits mentaux émanant de ces divers foyers d'intelligence représentent le cadre cosmique où les créatures peuvent exercer leur choix. Le mental est la réalité flexible que créatures et Créateurs peuvent manier si aisément ; c'est le chainon essentiel reliant la matière et l'esprit. L'effusion mentale de la Source-Centre Troisième unifie la personne spirituelle de Dieu le Suprême avec le pouvoir expérientiel du Tout-Puissant évolutionnaire.

116:3.3 2. Les révélations de personnalité de la Source-Centre Seconde. Les présences mentales de l'Acteur Conjoint unifient l'esprit de divinité avec l'archétype d'énergie. Les incarnations d'effusion du Fils Éternel et de ses Fils Paradisiaques unifient, fusionnent en fait, la nature divine d'un Créateur avec la nature évoluante d'une créature. Le Suprême est à la fois créature et créateur, et la possibilité qu'il ait cette double qualité se révèle dans les actes d'effusion du Fils Éternel et de ses Fils coordonnés et subordonnés. Les membres des ordres de filiations qui s'effusent, les Micaëls et les Avonals, ajoutent effectivement, à leur nature divine, les natures de bonne foi des créatures qui sont devenues les leurs lorsqu'ils ont effectivement vécu la vie des créatures sur les mondes évolutionnaires. Quand la divinité se met à ressembler à l'humanité, cette relation comporte en elle-même la possibilité pour l'humanité de devenir divine.

116:3.4 3. Les présences intérieures de la Source-Centre Première. Le mental unifie les causalités d'esprit avec les réactions d'énergie ; le ministère d'effusion unifie les descentes de divinité avec les ascensions des créatures ; et les fragments intérieurs du Père Universel unifient effectivement les créatures en évolution avec Dieu au Paradis. Des personnalités appartenant à de nombreux ordres sont habitées par des présences analogues du Père. Chez les mortels, ces fragments divins de Dieu sont les Ajusteurs de Pensée. Les Moniteurs de Mystère sont, pour les êtres humains, ce qu'est la Trinité du Paradis pour l'Être Suprême. Les Ajusteurs sont des fondements absolus, et, sur des fondements absolus, le libre arbitre peut faire apparaître, par évolution, la réalité divine d'une nature se prolongeant dans l'éternité, la nature de finalitaire dans le cas des hommes, la nature de Déité chez Dieu le Suprême.

116:3.5 Quand les Fils divins des ordres paradisiaques s'effusent sous forme de créatures, cela leur permet d'enrichir leur personnalité en acquérant la nature effective des créatures de l'univers ; en même temps, ces effusions révèlent infailliblement aux créatures elles-mêmes le sentier du Paradis pour atteindre la divinité. Le don des Ajusteurs par le Père Universel lui permet d'attirer à lui la personnalité des créatures volitives. Dans toutes ces relations internes des univers finis, l'Acteur Conjoint est la source toujours présente du ministère mental, grâce auquel ces activités prennent place.

116:3.6 C'est ainsi, et de bien d'autres manières, que les Déités du Paradis participent aux évolutions du temps à mesure qu'elles se déroulent sur les planètes tourbillonnantes de l'espace et qu'elles culminent dans l'émergence de la personnalité du Suprême, conséquence de toute l'évolution.

116.4  Le Tout-Puissant et les Créateurs Suprêmes

116:4.1 L'unité du Tout Suprême dépend de l'unification progressive des parties finies. L'actualisation du Suprême est, à la fois, le résultat et la cause de ces mêmes unifications des facteurs de suprématie - les créateurs, créatures, intelligences et énergies des univers.

116:4.2 Au cours des âges où la souveraineté de la Suprématie se développe dans le temps, le pouvoir tout-puissant du Suprême dépend des actes de divinité de Dieu le Septuple ; en même temps, il semble y avoir une relation particulièrement étroite entre l'Être Suprême et l'Acteur Conjoint, ainsi qu'avec ses personnalités primaires, les Sept Maitres Esprits. L'Esprit Infini opère en tant qu'Acteur Conjoint sous beaucoup de formes qui compensent l'inachèvement de la Déité évolutionnaire, et il entretient des relations très étroites avec le Suprême. L'intimité de ces relations est partagée, d'une certaine façon, par les Sept Maitres Esprits mais, spécialement par le Maitre Esprit Numéro Sept qui parle pour le Suprême. Ce Maitre Esprit connaît - est en contact personnel avec - le Suprême.

116:4.3 Très tôt dans le lancement du plan de création superuniverselle, les Maitres Esprits se joignirent à la Trinité ancestrale pour créer conjointement les quarante-neuf Esprits Réflectifs. En même temps, l'Être Suprême opéra créativement pour porter à leur apogée les actes conjoints de la Trinité du Paradis et des enfants créatifs de la Déité du Paradis. Majeston apparut, et a toujours focalisé depuis lors la présence cosmique du Mental Suprême, tandis que les Maitres Esprits continuent d'être les sources-centres du vaste ministère du mental cosmique.

116:4.4 Mais les Maitres Esprits conservent la supervision des Esprits Réflectifs. Le septième Maitre Esprit (dans sa supervision générale du superunivers d'Orvonton depuis l'univers central) est en contact personnel avec les sept Esprits Réflectifs situés sur Uversa (et il en a le supercontrôle). Dans son administration et son contrôle des relations intérieures de son superunivers et des relations extérieures entre superunivers, il est en contact réflectif avec les Esprits Réflectifs de son propre type, situés sur chacune des capitales superuniverselles.

116:4.5 Non seulement les Maitres Esprits soutiennent et accroissent la souveraineté de la Suprématie, mais, à leur tour, ils sont affectés par les desseins créatifs du Suprême. En général, les créations collectives des Maitres Esprits sont d'ordre quasi matériel (directeurs de pouvoir, etc...), tandis que leurs créations individuelles sont d'ordre spirituel (supernaphins, etc...). Mais, quand les Maitres Esprits produisirent collectivement les Sept Esprits des Circuits en réponse à la volonté et au dessein de l'Être Suprême, il y a lieu de noter que les fruits de cet acte créatif sont spirituels, et non matériels ou quasi matériels.

116:4.6 La voie suivie par les Maitres Esprits des superunivers est aussi celle des triumvirats qui régissent chacune de ces supercréations - les Anciens des Jours. Ces personnifications du jugement-en-justice de la Trinité dans le temps et l'espace sont, sur le terrain de l'action, les leviers destinés à mobiliser le pouvoir tout-puissant du Suprême ; ils servent de septuples points focaux pour l'évolution de la souveraineté trinitaire dans le domaine de l'espace et du temps. De leur position avantageuse, à mi-chemin entre le Paradis et les mondes en évolution, ces souverains d'origine Trinitaire voient, connaissent et coordonnent les deux chemins.

116:4.7 Ce sont toutefois les univers locaux qui représentent les vrais laboratoires dans lesquels se réalisent les expérimentations mentales, les aventures galactiques, les développements de la divinité et les progrès de la personnalité. Le total cosmique de ces éléments constitue la base effective sur laquelle le Suprême s'appuie pour achever dans l'expérience et par l'expérience, l'évolution de la déité.

116:4.8 Dans les univers locaux, les Créateurs eux-mêmes évoluent ; la présence de l'Acteur Conjoint évolue depuis un vivant foyer de pouvoir jusqu'au statut de la divine personnalité d'un Esprit-Mère d'Univers ; le Fils Créateur évolue depuis la nature de divinité paradisiaque existentielle jusqu'à la nature expérientielle de souveraineté suprême. Les univers locaux sont les points de départ de la véritable évolution, les frayères de personnalités imparfaites de bonne foi qui bénéficient du libre choix de devenir les cocréatrices d'elles-mêmes telles qu'elles doivent être.

116:4.9 Dans leurs effusions sur les mondes évolutionnaires, les Fils Magistraux finissent par acquérir une nature qui exprime la divinité du Paradis unifiée par expérience avec les plus hautes valeurs spirituelles de la nature matérielle humaine. Par ces effusions et par d'autres, les Micaëls Créateurs acquièrent de même les points de vue cosmiques et les natures des enfants de leur propre univers local. Ces Maitres Fils Créateurs ont alors à peu près parachevé l'expérience subsuprême, et, quand leur souveraineté sur leur univers local s'étend au point d'englober les Esprits Créatifs associés, on peut dire qu'elle approche des confins de la suprématie dans les limites des présents potentiels du grand univers en évolution.

116:4.10 Quand les Fils d'effusion révèlent aux hommes de nouveaux chemins pour trouver Dieu, ils ne créent pas ces sentiers permettant d'atteindre la divinité. Ils éclairent plutôt ces éternelles grandes routes de la progression qui conduit à la personne du Père du Paradis en passant par la présence du Suprême.

116:4.11 L'univers local est le point de départ pour les personnalités qui sont les plus éloignées de Dieu et qui peuvent donc faire l'expérience au plus haut degré de l'ascension spirituelle dans l'univers et atteindre une participation maximale dans la cocréation d'eux-mêmes. Ces mêmes univers locaux procurent également les plus grandes profondeurs d'expérience aux personnalités descendantes qui atteignent ainsi quelque chose qui, pour elles, est aussi significatif qu'est l'ascension du Paradis pour une créature évoluante.

116:4.12 L'homme mortel paraît nécessaire à la pleine fonction de Dieu le Septuple, dans la mesure où ce groupement de divinité culmine dans le Suprême en voie d'actualisation. Des personnalités de beaucoup d'autres ordres de l'univers sont tout aussi nécessaires à l'évolution du pouvoir tout-puissant du Suprême, mais notre description est présentée pour édifier des êtres humains ; elle est donc largement limitée aux facteurs agissant sur l'évolution de Dieu le Septuple et qui sont en rapport avec l'homme mortel.

116.5  Le Tout-Puissant et les Contrôleurs Septuples

116:5.1 Vous avez été instruits des relations de Dieu le Septuple avec l'Être Suprême, et vous devriez maintenant reconnaître que le Septuple englobe les contrôleurs aussi bien que les créateurs du grand univers. Ces septuples contrôleurs du grand univers comprennent :

116:5.2 1. Les Maitres Contrôleurs Physiques.

116:5.3 2. Les Centres Suprêmes de Pouvoir.

116:5.4 3. Les Directeurs Suprêmes de Pouvoir.

116:5.5 4. Le Tout-Puissant Suprême.

116:5.6 5. Le Dieu d'Action - l'Esprit Infini.

116:5.7 6. L'Ile du Paradis.

116:5.8 7. La Source du Paradis - le Père Universel.

116:5.9 Ces sept groupes sont fonctionnellement inséparables de Dieu le Septuple et constituent le niveau du contrôle physique de cette association de Déité.

116:5.10 La bifurcation entre l'énergie et l'esprit (qui découle de la présence conjointe du Fils Éternel et de l'Ile du Paradis) fut symbolisée au sens superuniversel quand les Sept Maitres Esprits se lancèrent ensemble dans leur premier acte de création collective. Cet épisode se traduisit par l'apparition des Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir. En même temps, les circuits spirituels des Maitres Esprits se différencièrent, par contraste, d'avec les activités physiques de supervision des directeurs de pouvoir, et le mental cosmique apparut immédiatement comme un nouveau facteur coordonnant la matière et l'esprit.

116:5.11 Le Tout-Puissant Suprême évolue en tant que supercontrôleur du pouvoir physique du grand univers. Dans le présent âge de l'univers, ce potentiel de pouvoir physique paraît centré chez les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir qui opèrent par les emplacements fixes des centres de pouvoir et par les présences mobiles des contrôleurs physiques.

116:5.12 Les univers du temps ne sont pas parfaits ; c'est leur destinée. La lutte pour la perfection ne concerne pas seulement les niveaux intellectuel et spirituel, mais aussi le niveau physique d'énergie et de masse. L'ancrage des sept superunivers dans la lumière et la vie présuppose qu'ils aient atteint la stabilité physique. On conjecture que l'établissement final de l'équilibre matériel signifiera que l'évolution du contrôle physique du Tout-Puissant est parachevée.

116:5.13 Aux premiers temps de l'édification d'un univers, même les Créateurs du Paradis s'intéressent primordialement à l'équilibre matériel. Le modèle d'un univers local prend forme non seulement comme résultat des activités des centres de pouvoir, mais aussi à cause de la présence, dans l'espace, de l'Esprit Créatif. Tout au long de ces époques primitives de l'édification d'un univers local, le Fils Créateur fait montre d'un attribut peu compris de contrôle matériel, et il ne quitte pas sa planète-capitale avant que l'équilibre global de son univers local ait été établi dans ses grandes lignes.

116:5.14 En dernière analyse, toute énergie répond au mental, et les contrôleurs physiques sont les enfants du Dieu mental qui est l'animateur de l'archétype du Paradis. Les directeurs de pouvoir consacrent sans relâche leur intelligence à établir leur contrôle sur la matière. Leur lutte pour dominer physiquement les relations énergétiques et les mouvements massiques ne cesse jamais avant qu'ils n'aient obtenu une victoire finie sur les énergies et les masses qui constituent leur domaine perpétuel d'activité.

116:5.15 Les luttes spirituelles du temps et de l'espace concernent l'évolution de la maitrise de l'esprit sur la matière par la médiation du mental (personnel). L'évolution physique (non personnelle) des univers s'occupe d'amener l'énergie cosmique à s'harmoniser avec les concepts mentaux d'équilibre soumis au supercontrôle de l'esprit. L'évolution totale de l'ensemble du grand univers est une affaire d'unification par la personnalité, du mental contrôlant l'énergie, avec l'intellect coordonné par l'esprit ; elle sera révélée dans la pleine apparition du pouvoir tout-puissant du Suprême.

116:5.16 La difficulté pour parvenir à un état d'équilibre dynamique est inhérente au fait de la croissance du cosmos. Les circuits établis de la création physique sont continuellement perturbés par l'apparition de nouvelles énergies et de nouvelles masses. Un univers croissant est un univers instable ; en conséquence, nulle partie de l'ensemble cosmique ne peut trouver de stabilité réelle avant que la plénitude des temps ne voie apparaître le parachèvement matériel des sept superunivers.

116:5.17 Dans les univers ancrés dans la lumière et la vie, il n'y a pas d'évènements physiques inattendus présentant une importance majeure. Un contrôle relativement complet sur la création matérielle a été atteint. Cependant, les problèmes de relations entre les univers ancrés et les univers en évolution continuent à mettre au défi l'habileté des Directeurs de Pouvoir de l'Univers. Mais ces problèmes disparaîtront graduellement avec la restriction des nouvelles activités créatives à mesure que le grand univers approchera de l'apogée de son expression évolutionnaire.

116.6  Le Domination de l'Esprit

116:6.1 Dans les superunivers évolutionnaires, l'énergie-matière est dominante sauf dans la personnalité, où l'esprit, par la médiation du mental, lutte pour la maitrise. Le but des univers évolutionnaires est l'assujettissement de l'énergie-matière par le mental, la coordination du mental avec l'esprit, et tout ceci, en vertu de la présence créative et unificatrice de la personnalité. Ainsi, par rapport à la personnalité, les systèmes physiques deviennent subordonnés, les systèmes mentaux deviennent coordonnés et les systèmes spirituels deviennent directifs.

116:6.2 Sur les niveaux de déité, cette union du pouvoir et de la personnalité s'exprime dans le Suprême et sous la forme du Suprême. Mais l'évolution effective de la domination de l'esprit est une croissance basée sur les actes du libre arbitre des Créateurs et des créatures du grand univers.

116:6.3 Sur les niveaux absolus, l'énergie et l'esprit ne font qu'un, mais, aussitôt que l'on s'écarte de ces niveaux absolus, des différences apparaissent, et, à mesure que l'énergie et l'esprit plongent dans l'espace en s'éloignant du Paradis, l'abime entre eux s'élargit, et, quand ils en arrivent aux univers locaux, ils sont devenus tout à fait divergents. Ils ont cessé d'être identiques, ils ne sont pas non plus semblables et le mental doit intervenir pour les relier.

116:6.4 Le fait que l'énergie puisse être dirigée par les personnalités des contrôleurs révèle qu'elle est sensible à l'action du mental. Le fait que la masse puisse être stabilisée par l'action de ces mêmes entités contrôlantes indique que la masse est sensible à la présence du mental génératrice d'ordre. Quant au fait que l'esprit lui-même, chez une personnalité volitive, puisse s'efforcer de dompter l'énergie-matière par l'intermédiaire du mental, il révèle l'unité potentielle de toute création finie.

116:6.5 À l'intérieur de l'univers des univers, il existe une interdépendance de toutes les forces et personnalités. Les Fils Créateurs et les Esprits Créatifs dépendent de la coopération active des centres de pouvoir et des contrôleurs physiques dans l'organisation des univers ; les Directeurs Suprêmes de Pouvoir sont incomplets sans le supercontrôle des Maitres Esprits. Chez un être humain, le mécanisme de la vie physique est en partie sensible aux commandements du mental (personnel). À son tour, ce mental lui-même peut être dominé par les directives d'un esprit motivé ; le résultat d'un tel développement évolutionnaire est l'apparition d'un nouvel enfant du Suprême, d'une nouvelle unification personnelle des diverses sortes de réalités cosmiques.

116:6.6 Et ce qui est vrai pour les parties est vrai également pour le tout ; la personnalité d'esprit de la Suprématie a besoin du pouvoir évolutionnaire du Tout-Puissant pour arriver à parachever sa Déité et pour atteindre sa destinée d'association Trinitaire. L'effort est fait par les personnalités du temps et de l'espace, mais il appartient au Tout-Puissant Suprême de porter à son apogée et de couronner cet effort. Et, puisque la croissance du tout est une somme de la croissance collective des parties, il s'ensuit également que l'évolution des parties est une réflexion segmentée de la croissance motivée du tout.

116:6.7 Au Paradis, la monota et l'esprit ne font qu'un - on ne peut les distinguer que par le nom. Dans Havona, la matière et l'esprit, tout en comportant des différences notables, sont en même temps en harmonie innée. Par contre, dans les sept superunivers, il y a une grande divergence, un grand abime entre l'énergie cosmique et l'esprit divin, et, en conséquence, un plus grand potentiel expérientiel pour l'action mentale qui s'efforce d'harmoniser et, finalement, d'unifier les modèles physiques avec les desseins spirituels. Dans les univers de l'espace qui évoluent dans le temps, la divinité s'estompe davantage, les problèmes difficiles à résoudre sont plus nombreux, et leur solution fournit de plus grandes occasions d'acquérir de l'expérience. L'ensemble de cette situation superuniverselle crée un plus vaste cadre d'existence évolutionnaire dans lequel la possibilité d'expériences cosmiques est offerte aussi bien à la créature qu'au Créateur - et même à la Déité Suprême.

116:6.8 La domination de l'esprit, qui est existentielle sur les niveaux absolus, devient une expérience évolutionnaire sur les niveaux finis et dans les sept superunivers, et cette expérience est partagée au même titre par tous, depuis l'homme mortel jusqu'à l'Être Suprême. Tous font leur possible, leur meilleur effort personnel pour aboutir. Tous, personnellement, participent à la destinée.

116.7  L'Organisme Vivant du Grand Univers

116:7.1 Le grand univers n'est pas seulement une création matérielle physiquement splendide, spirituellement sublime et intellectuellement grandiose, mais aussi un organisme vivant magnifique et sensible. Une vie réelle envoie ses pulsations dans tout le mécanisme de l'immense création du vibrant cosmos. La réalité physique des univers symbolise la réalité perceptible du Tout-Puissant Suprême. Cet organisme matériel et vivant est pénétré par des circuits d'intelligence, de même que le corps humain est traversé par un réseau de conduits nerveux sensitifs. L'univers physique est traversé par des canaux d'énergie qui activent efficacement la création matérielle, de même que le corps humain est nourri et animé par le système circulatoire qui distribue les produits énergétiques assimilables de la nourriture. L'immense univers n'est pas dépourvu de centres coordonnateurs effectuant un magnifique supercontrôle comparable au délicat système de contrôle chimique du mécanisme humain. Si seulement vous saviez quelque chose de la constitution physique d'un centre de pouvoir, nous pourrions par analogie vous en dire beaucoup plus long sur l'univers physique.

116:7.2 De même que les mortels comptent sur l'énergie solaire pour maintenir la vie, de même le grand univers dépend des énergies inépuisables émanant du Bas-Paradis pour entretenir les activités matérielles et les mouvements cosmiques de l'espace.

116:7.3 Le mental a été donné aux hommes pour leur permettre de devenir conscients de leur propre identité et de leur personnalité ; et un mental - même un Mental Suprême - a été attribué à la totalité du fini pour que l'esprit de la personnalité émergente du cosmos s'efforce toujours de dominer l'énergie-matière.

116:7.4 L'homme mortel est sensible à la gouverne de l'esprit, de même que le grand univers est sensible à la vaste emprise de la gravité d'esprit du Fils Éternel, à la cohésion supramatérielle universelle des valeurs spirituelles éternelles de toutes les créations contenues dans le cosmos fini du temps et de l'espace.

116:7.5 Les êtres humains sont capables de s'identifier pour toujours avec la réalité totale et indestructible de l'univers - par fusion avec l'Ajusteur de Pensée intérieur. De même, le Suprême dépend perpétuellement de la stabilité absolue de la Déité Originelle, la Trinité du Paradis.

116:7.6 L'aspiration à la perfection du Paradis que l'homme éprouve, son effort pour atteindre Dieu, créent dans le cosmos vivant une tension de divinité authentique qui ne peut se résoudre que par l'évolution d'une âme immortelle. C'est ce qui arrive dans l'expérience d'une créature humaine à titre individuel, mais, quand toutes les créatures et tous les Créateurs du grand univers s'efforcent d'atteindre Dieu et la perfection divine, il s'établit une profonde tension cosmique qui ne trouve sa résolution que dans la synthèse sublime du pouvoir tout-puissant avec la personne spirituelle du Dieu évoluant de toutes les créatures, l'Être Suprême.

116:7.7 [Parrainé par un Puissant Messager séjournant temporairement sur Urantia.]

117. Dieu le Suprême

117:0.1 DANS LA mesure où nous faisons la volonté de Dieu, quel que soit le lieu de l'univers où nous ayons notre existence, le potentiel tout-puissant du Suprême devient d'autant plus actuel. La volonté de Dieu est le dessein de la Source-Centre Première tel qu'il est potentialisé dans les trois Absolus, personnalisé chez le Fils Éternel, conjoint pour une action universelle chez l'Esprit Infini et éternisé dans les archétypes perpétuels du Paradis. Et Dieu le Suprême devient la plus haute manifestation finie de la volonté totale de Dieu.

117:0.2 Si tous les habitants du grand univers réussissaient, dans la mesure du possible, à vivre pleinement la volonté de Dieu, les créations de l'espace-temps s'ancreraient alors dans la lumière et la vie, et le Tout-Puissant, le potentiel de déité de la Suprématie, deviendrait un fait par l'émergence de la personnalité divine de Dieu le Suprême.

117:0.3 Quand un mental en évolution s'accorde avec les circuits du mental cosmique, quand un univers en évolution se stabilise selon le modèle de l'univers central, quand un esprit en progression prend contact avec le ministère unifié des Maitres Esprits, quand la personnalité ascendante d'un mortel s'accorde finalement avec la divine gouverne de l'Ajusteur intérieur, alors l'actualité du Suprême est devenue plus réelle d'un degré dans les univers ; la divinité de la Suprématie s'est alors avancée d'un pas vers la réalisation cosmique.

117:0.4 Les parties et les individus du grand univers évoluent comme une réflexion de l'évolution totale du Suprême, tandis qu'à son tour, le Suprême est le total cumulatif synthétique de toute l'évolution du grand univers. Du point de vue humain, ils sont tous deux des réciprocités évolutionnaires et expérientielles.

117.1  Nature de l'Être Suprême

117:1.1 Le Suprême est la beauté de l'harmonie physique, la vérité de la signification intellectuelle et la bonté de la valeur spirituelle. Il est la douceur du véritable succès et la joie de l'accomplissement perpétuel. Il est la surâme du grand univers, la conscience du cosmos fini, le parachèvement de la réalité finie et la personnification de l'expérience Créateur-créature. Dans toute l'éternité future, Dieu le Suprême exprimera la réalité de l'expérience volitive dans les relations trinitaires de la Déité.

117:1.2 En les personnes des Créateurs Suprêmes, les Dieux sont descendus du Paradis dans les domaines du temps et de l'espace pour y créer et y faire évoluer des créatures douées de la capacité d'atteindre le Paradis et capables d'y monter en quête du Père. Cette procession universelle des Créateurs descendants qui révèlent Dieu, et des créatures ascendantes qui le recherchent, révèle l'évolution de Déité du Suprême en qui les descendeurs et les ascendeurs parviennent à se comprendre mutuellement, à découvrir la fraternité éternelle et universelle. L'Être Suprême devient ainsi la synthèse finie de l'expérience de la cause du Créateur parfait et de la réponse de la créature en voie de perfectionnement.

117:1.3 Le grand univers contient la possibilité d'une unification complète et il la recherche toujours. Cela provient du fait que cette existence cosmique est une conséquence des actes créateurs et des mandats de pouvoir attribués par la Trinité du Paradis, laquelle est une unité non qualifiée. C'est précisément cette unité trinitaire qui s'exprime dans le cosmos fini par le Suprême, et dont la réalité devient de plus en plus apparente à mesure que les univers atteignent le niveau maximum d'identification avec la Trinité.

117:1.4 La volonté du Créateur et la volonté de la créature sont qualitativement différentes, mais aussi expérientiellement apparentées, car le Créateur et la créature peuvent collaborer à l'aboutissement de la perfection universelle. L'homme peut travailler en liaison avec Dieu et ainsi cocréer un finalitaire éternel. Dieu peut oeuvrer humainement par les incarnations de ses Fils, qui aboutissent ainsi à la suprématie de l'expérience des créatures.

117:1.5 Chez l'Être Suprême, le Créateur et la créature sont unis en une seule Déité, dont la volonté est l'expression d'une seule personnalité divine. Et cette volonté du Suprême est quelque chose de plus que la volonté du Créateur ou de la créature, de même que la volonté souveraine du Maitre Fils de Nébadon est maintenant quelque chose de plus qu'une combinaison de volonté de divinité et de volonté d'humanité. L'union de la perfection du Paradis et de l'expérience dans l'espace-temps produit une nouvelle valeur significative sur les niveaux de Déité de la réalité.

117:1.6 La divine nature évoluante du Suprême devient un fidèle portrait de l'incomparable expérience de toutes les créatures et de tous les Créateurs dans le grand univers. Chez le Suprême, la nature créative et l'état de créature ne font qu'un ; ils sont unis pour toujours par l'expérience née des vicissitudes impliquées dans la solution des multiples problèmes qui assaillent toute création finie le long du sentier éternel, où elle cherche à se perfectionner et à se libérer des entraves de l'inachèvement.

117:1.7 La vérité, la beauté et la bonté sont reliées dans le ministère de l'Esprit, la splendeur du Paradis, la miséricorde du Fils et l'expérience du Suprême. Dieu le Suprême est la vérité, la beauté et la bonté, car ces concepts de divinité représentent des maxima finis d'expérience d'idéation. Les sources éternelles de ces qualités trines de divinité se placent sur des niveaux superfinis, mais une créature ne peut concevoir ces sources que comme supervérité, superbeauté et superbonté.

117:1.8 Micaël, qui est un créateur, révéla l'amour divin du Père Créateur pour ses enfants terrestres. Et, ayant découvert et reçu cette divine affection, les hommes peuvent aspirer à révéler cet amour à leurs frères dans la chair. Une telle affection des créatures reflète véritablement l'amour du Suprême.

117:1.9 Le Suprême est symétriquement inclusif. La Source-Centre Première est potentielle dans les trois grands Absolus ; elle est actuelle au Paradis, dans le Fils et dans l'Esprit : mais le Suprême est à la fois actuel et potentiel, un être de suprématie personnelle et de pouvoir tout-puissant, sensible à la fois à l'effort des créatures et au dessein du Créateur. Il agit par lui-même sur l'univers et réagit en lui-même à l'ensemble de l'univers ; il est simultanément le créateur suprême et la suprême créature. La Déité de Suprématie exprime ainsi la totalité du fini tout entier.

117.2  La Source de la Croissance Évolutionnaire

117:2.1 Le Suprême est Dieu-dans-le-temps ; il est le secret de la croissance des créatures dans le temps ; il est aussi la conquête du présent incomplet et la consommation du futur en voie de perfectionnement. Et le fruit de toute la croissance finie est : le pouvoir contrôlé par l'esprit au moyen du mental et en vertu de la présence unifiante et créative de la personnalité. La conséquence culminante de toute cette croissance est l'Être Suprême.

117:2.2 Pour les mortels, exister équivaut à croitre. Il semblerait qu'il en soit ainsi même au sens plus large de l'univers, car l'existence dirigée par l'esprit paraît aboutir à une croissance expérientielle - à une élévation de statut. Cependant, nous avons soutenu depuis longtemps que la croissance présente, caractéristique de l'existence des créatures dans le présent âge de l'univers, est une fonction du Suprême. Nous soutenons également que ce type de croissance est particulier à l'âge de croissance du Suprême et qu'il prendra fin avec le parachèvement de la croissance du Suprême.

117:2.3 Considérez le statut des fils trinitisés par des créatures. Ils sont nés et vivent dans le présent âge de l'univers. Ils ont une personnalité ainsi que des dons mentaux et spirituels. Ils ont des expériences et s'en souviennent, mais ils ne croissent pas comme les ascendeurs. Nous croyons et nous comprenons que ces fils trinitisés par des créatures, tout en se trouvant dans le présent âge de l'univers, appartiennent en réalité au prochain âge de l'univers - l'âge qui suivra le parachèvement de la croissance Suprême. Ils ne sont donc pas dans le Suprême, dont le présent statut est inachevé et par conséquent va s'élargissant. Ils ne participent donc pas à la croissance expérientielle du présent âge de l'univers, mais sont tenus en réserve pour l'âge universel suivant.

117:2.4 Les Puissants Messagers de mon ordre ont été étreints par la Trinité et ne participent pas au développement du présent âge de l'univers. En un sens, notre statut est celui du précédent âge de l'univers, comme l'est en fait celui des Fils Stationnaires de la Trinité. Une chose est certaine : notre statut est fixé par l'embrassement de la Trinité, et notre expérience a cessé de se traduire par une croissance.

117:2.5 Ceci n'est vrai ni des finalitaires ni d'aucun des ordres évolutionnaires et expérientiels qui participent au processus de croissance du Suprême. Vous autres mortels, qui vivez aujourd'hui sur Urantia et qui pouvez aspirer à atteindre le Paradis et le statut de finalitaires, vous devriez comprendre que cette destinée est réalisable uniquement parce que vous êtes dans le Suprême, que vous en faites partie et qu'en conséquence, vous participez au cycle de croissance du Suprême.

117:2.6 Il viendra un jour où cette croissance du Suprême prendra fin ; son statut aboutira à un parachèvement (au sens énergie-esprit). Cette terminaison de l'évolution du Suprême verra aussi la fin de l'évolution des créatures en tant que parties de la Suprématie. Par quelle sorte de croissance peuvent être caractérisés les univers de l'espace extérieur ? Nous n'en savons rien, mais nous sommes tout à fait certains que ce sera quelque chose de très différent de tout ce que l'on aura vu au cours du présent âge de l'évolution des sept superunivers. Les citoyens évolutifs du grand univers auront certainement pour fonction de compenser, pour les habitants de l'espace extérieur, l'absence du facteur de croissance que représentait la Suprématie.

117:2.7 L'Être Suprême, tel qu'il existera lors de la consommation du présent âge de l'univers, fonctionnera comme un souverain expérientiel dans le grand univers. Les citoyens de l'espace extérieur - ceux du prochain âge universel - auront un potentiel de croissance postsuperuniversel, une capacité d'accomplissement évolutionnaire présupposant la souveraineté du Tout-Puissant Suprême, et excluant, par conséquent, la participation des créatures à la synthèse de pouvoir-personnalité du présent âge de l'univers.

117:2.8 On peut donc considérer le caractère incomplet du Suprême comme une vertu, puisqu'il rend possible la croissance évolutionnaire de la création et des créatures des univers du présent âge. Le vide a sa vertu, car il peut être rempli par l'expérience.

117:2.9 L'une des questions de la philosophie finie qui excite le plus la curiosité est la suivante : l'Être Suprême s'actualise-t-il en réponse à l'évolution du grand univers, ou bien ce cosmos fini évolue-t-il progressivement en réponse à l'actualisation graduelle du Suprême ? Ou bien est-il possible qu'ils soient mutuellement interdépendants pour leur développement, qu'ils soient des réciproques évolutionnaires, chacun déclenchant la croissance de l'autre ? Nous sommes simplement certains de ceci : les créatures et les univers, infimes ou élevés, sont en évolution dans le Suprême et, à mesure qu'ils évoluent, on voit apparaître la somme unifiée de toute l'activité finie du présent âge de l'univers. Et ceci est l'apparition de l'Être Suprême qui, pour toutes les personnalités, est l'évolution du pouvoir tout-puissant de Dieu le Suprême.

117.3  Signification du Suprême pour les Créatures de l'Univers

117:3.1 La réalité cosmique, que l'on désigne diversement sous les noms d'Être Suprême, de Dieu le Suprême et du Tout-Puissant Suprême, est la synthèse complexe et universelle des phases émergentes de toutes les réalités finies. La vaste diversification de l'énergie éternelle, de l'esprit divin et du mental universel atteint son apogée finie dans l'évolution du Suprême, qui est la totalité de toutes les croissances finies qui se réalisent elles-mêmes sur les niveaux de déité de parachèvement fini maximum.

117:3.2 Le Suprême est le canal divin à travers lequel coule l'infinité créative des triodités, qui se cristallise dans le panorama galactique de l'espace, où prend place la magnifique épopée des personnalités du temps : la conquête par l'esprit sur l'énergie-matière par l'intermédiaire du mental.

117:3.3 Jésus a dit : « Je suis le chemin vivant » , et il est en effet le chemin vivant conduisant du niveau matériel de conscience de soi au niveau spirituel de la conscience de Dieu. De même qu'il est le chemin vivant d'ascension menant du moi à Dieu, de même le Suprême est le chemin vivant allant de la conscience finie à la transcendance de conscience, et même jusqu'à la clairvoyance de l'absonité.

117:3.4 Votre Fils Créateur peut effectivement être ce canal vivant entre l'humanité et la divinité, car il a expérimenté personnellement dans sa totalité le parcours de ce sentier universel de progression, depuis la véritable humanité de Joshua ben Joseph, le Fils de l'Homme, jusqu'à la divinité paradisiaque de Micaël de Nébadon, le Fils du Dieu infini. D'une manière semblable, l'Être Suprême peut fonctionner comme voie d'approche universelle pour transcender les limitations du fini vers la transcendance, car il est l'incorporation effective et le résumé personnel de toute l'évolution, la progression et la spiritualisation des créatures. Même les expériences dans le grand univers des personnalités descendantes du Paradis forment la fraction expérientielle du Suprême complémentaire de sa totalisation des expériences ascendantes des pèlerins du temps.

117:3.5 C'est plus que figurativement que l'homme mortel est créé à l'image de Dieu. Du point de vue physique, cette affirmation n'est guère vraie, mais, en se référant à certains potentiels universels, elle est un fait réel. Dans la race humaine, se déroule un drame d'accomplissement évolutionnnaire quelque peu homologue à celui qui prend place, sur une échelle infiniment plus vaste, dans l'univers des univers. L'homme, personnalité volitive, devient créatif en liaison avec un Ajusteur, entité impersonnelle, en présence des potentialités finies du Suprême, et il en résulte l'épanouissement d'une âme immortelle. Dans les univers, les personnalités Créatrices du temps et de l'espace fonctionnent en liaison avec l'esprit impersonnel de la Trinité du Paradis, et deviennent ainsi créatrices d'un nouveau potentiel de pouvoir de réalité de Déité.

117:3.6 Étant une créature, l'homme mortel n'est pas exactement semblable à l'Être Suprême qui est déité, mais l'évolution de l'homme ressemble sous certains rapports à la croissance du Suprême. L'homme grandit consciemment du matériel vers le spirituel par la force, le pouvoir et la persistance de ses propres décisions ; il grandit aussi à mesure que son Ajusteur de Pensée développe de nouvelles techniques pour descendre des niveaux spirituels vers les niveaux morontiels de l'âme ; et, dès que l'âme vient à l'existence, elle commence à croitre en elle-même et par elle-même.

117:3.7 Cela ressemble quelque peu au mode d'expansion de l'Être Suprême. Sa souveraineté croit dans et par les actes et les accomplissements des Personnalités Créatrices Suprêmes ; c'est l'évolution de la majesté de son pouvoir en tant que chef du grand univers. Sa nature de Déité dépend également de l'unité préexistante de la Trinité du Paradis. Mais l'évolution de Dieu le Suprême présente encore un autre aspect : non seulement il évolue par les Créateurs et dérive de la Trinité, mais il évolue aussi par lui-même et dérive de lui-même. Dieu le Suprême est lui-même un participant volitif et créateur de l'actualisation de sa propre déité. D'une manière homologue, l'âme morontielle humaine est un partenaire volitif, cocréateur de sa propre immortalisation.

117:3.8 Le Père collabore avec l'Acteur Conjoint pour manipuler les énergies du Paradis et les rendre sensibles au Suprême. Le Père collabore avec le Fils Éternel pour engendrer les personnalités Créatrices, dont les actes culmineront un jour dans la souveraineté du Suprême. Le Père collabore à la fois avec le Fils et l'Esprit dans la création des personnalités trinitaires destinées à fonctionner comme dirigeants du grand univers jusqu'au moment où le parachèvement de son évolution aura qualifié le Suprême pour assumer cette souveraineté. Le Père coopère ainsi, et de bien d'autres manières encore, avec ses coordonnés, qu'ils soient Déités ou non Déités, pour faire progresser l'évolution de la Suprématie, mais il fonctionne également seul en ces matières. C'est probablement dans le ministère des Ajusteurs de Pensée et de leurs entités associées que sa fonction solitaire se révèle le mieux.

117:3.9 La Déité est unité ; elle est existentielle dans la Trinité, expérientielle dans le Suprême, et réalisée chez les créatures mortelles par la fusion avec l'Ajusteur. La présence des Ajusteurs de Pensée chez les hommes mortels révèle l'unité essentielle de l'univers puisque l'homme, le type de personnalité le plus infime de l'univers, contient en lui-même un fragment effectif de la plus haute réalité éternelle, le Père originel lui-même, Père de toutes les personnalités.

117:3.10 L'Être Suprême évolue en vertu de sa liaison avec la Trinité du Paradis et par suite des succès de divinité des enfants créateurs et administrateurs issus de cette Trinité. L'âme immortelle de l'homme fait évoluer sa propre destinée éternelle en s'associant à la divine présence du Père du Paradis, et selon les décisions de personnalité du mental humain. Ce que la Trinité est pour Dieu le Suprême, l'Ajusteur de Pensée l'est pour l'homme en évolution.

117:3.11 Au cours du présent âge de l'univers, l'Être Suprême paraît incapable de fonctionner directement comme créateur, sauf dans les cas où les possibilités finies d'action ont été épuisées par les agents créatifs du temps et de l'espace. Jusqu'ici, cela n'est arrivé qu'une fois dans l'histoire de l'univers : quand les possibilités d'action finie en matière de réflectivité universelle furent épuisées, alors le Suprême fonctionna comme culminateur créatif de toutes les actions créatrices antérieures. Nous croyons qu'il opérera de nouveau comme culminateur dans les âges futurs dès que les éléments créateurs antérieurs auront parachevé un cycle approprié d'activité créatrice.

117:3.12 Les hommes n'ont pas été créés par l'Être Suprême, mais, littéralement, à partir de la potentialité du Suprême, et leur vie même dérive de cette potentialité. Le Suprême ne fait pas non plus évoluer l'homme, et cependant le Suprême est l'essence même de l'évolution. Du point de vue fini, nous vivons, nous nous mouvons et nous avons effectivement notre existence dans l'immanence du Suprême.

117:3.13 Le Suprême ne peut apparemment pas déclencher une cause originelle, mais il paraît être le catalyseur de toute croissance universelle, et il semble appelé à faire culminer, dans sa totalité, la destinée de tous les êtres expérientiels évolutionnaires. Le Père donne naissance au concept d'un cosmos fini ; les Fils Créateurs rendent factuelle cette idée dans le temps et dans l'espace avec le consentement et la coopération des Esprits Créatifs ; le Suprême fait culminer ce total fini et établit les relations de cet ensemble avec la destinée de l'absonite.

117.4  Le Dieu Fini

117:4.1 En observant les luttes incessantes des créatures de toute la création pour atteindre la perfection dans leur statut et la divinité de leur être, nous ne pouvons éviter de croire que ces efforts interminables dénotent la lutte constante du Suprême pour atteindre sa propre réalisation divine. Dieu le Suprême est la Déité finie, et il doit affronter les problèmes du fini dans le sens total de ce mot. Nos luttes avec les vicissitudes du temps, dans les évolutions de l'espace, reflètent ses efforts pour aboutir à sa propre réalité et à la plénitude de souveraineté, à l'intérieur de la sphère d'action que sa nature évoluante amplifie aux extrêmes limites du possible.

117:4.2 Dans tout le grand univers, le Suprême lutte pour s'exprimer. La mesure de son évolution divine est fondée sur l'action de sagesse de chacune des personnalités existantes. Quand un être humain choisit la survie éternelle, il cocrée la destinée et, dans la vie de ce mortel ascendant, le Dieu fini trouve un accroissement de réalisation de soi au niveau de la personnalité et un agrandissement de sa souveraineté expérientielle. Par contre, si une créature rejette la carrière éternelle, la fraction du Suprême qui dépendait du choix de cette créature subit un retard inévitable, une carence qui doit être compensée par une expérience substitutive ou collatérale. Quant à la personnalité du non-survivant, elle est absorbée dans la surâme de la création et devient une partie de la Déité du Suprême.

117:4.3 Dieu est si confiant, si aimant, qu'il remet une fraction de sa divine nature aux mains des êtres humains eux-mêmes pour qu'ils la garde en sureté et réalisent leur moi. La nature du Père, la présence de l'Ajusteur, est indestructible, quel que soit le choix de l'être mortel. L'enfant du Suprême, le moi en évolution, peut être détruit, nonobstant le fait que la personnalité potentiellement unifiante de ce moi égaré persistera en tant que facteur de la Déité de Suprématie.

117:4.4 La personnalité humaine peut véritablement détruire l'individualité du statut de créature. Tout ce qui était valable dans la vie de cette suicidée cosmique subsistera, mais ces qualités ne persisteront pas en tant que créature individuelle. Le Suprême trouvera de nouvelles expressions dans les créatures des univers, mais plus jamais sous la forme de cette personne particulière ; la personnalité unique d'un non-ascendeur retourne au Suprême comme une goutte d'eau retourne à la mer.

117:4.5 Toute action isolée des fractions personnelles du fini a relativement peu d'importance pour l'apparition finale du Tout-Suprême, mais le tout ne dépend pas moins de la totalité des actes de ses multiples parties. La personnalité du mortel individuel est insignifiante en face du total de la Suprématie, mais la personnalité de chaque être humain représente une valeur significative irremplaçable dans le fini. Une fois que la personnalité a été exprimée, elle ne trouve plus jamais à s'exprimer identiquement, sauf dans la continuité d'existence de cette même personnalité vivante.

117:4.6 Ainsi, tandis que nous cherchons à exprimer notre moi, le Suprême s'efforce en nous et avec nous d'exprimer la déité. De même que nous trouvons le Père, de même le Suprême a retrouvé le Créateur Paradisiaque de toutes choses. De même que nous maitrisons les problèmes de la réalisation de soi, de même le Dieu d'expérience atteint la suprématie toute-puissante dans les univers du temps et de l'espace.

117:4.7 L'humanité ne procède pas sans efforts à son ascension dans l'univers, et le Suprême n'évolue pas non plus sans agir avec dessein et intelligence. Les créatures n'atteignent pas la perfection par simple passivité, et l'esprit de Suprématie ne peut pas non plus rendre factuel le pouvoir du Tout-Puissant sans un ministère incessant de service auprès de la création finie.

117:4.8 La relation temporelle de l'homme avec le Suprême est le fondement de la moralité cosmique, la sensibilité universelle au devoir, et son acceptation. C'est une moralité qui transcende le sens temporel du bien et du mal relatifs ; elle est directement basée sur l'appréciation consciente, par la créature, d'une obligation expérientielle envers la Déité expérientielle. L'homme mortel et toutes les autres créatures finies sont créés à partir du potentiel vivant d'énergie, de mental et d'esprit qui existe dans le Suprême. C'est dans les ressources du Suprême que l'ascendeur, composé d'un mortel et d'un Ajusteur, puise pour créer le caractère immortel et divin d'un finalitaire. C'est en utilisant la réalité même du Suprême que l'Ajusteur, avec le consentement de la volonté humaine, tisse les modèles de la nature éternelle d'un fils ascendant de Dieu.

117:4.9 Quand un Ajusteur évolue en rendant spirituelle et éternelle une personnalité humaine, ses progrès provoquent directement une extension de la souveraineté du Suprême. Ces accomplissements dans l'évolution humaine sont en même temps des accomplissements dans l'actualisation évolutionnaire du Suprême. Il est vrai que les créatures ne pourraient pas évoluer sans le Suprême, mais il est peut-être également vrai que l'évolution du Suprême ne pourra jamais atteindre sa plénitude sans que toutes les créatures ne parachèvent leur propre évolution. La grande responsabilité cosmique des personnalités conscientes d'elles-mêmes réside dans le fait que la Déité Suprême dépend, dans un certain sens, du choix de la volonté des mortels. Et la progression mutuelle de l'évolution des créatures et de l'évolution du Suprême est fidèlement et complètement indiquée aux Anciens des Jours par les mécanismes inscrutables de la réflectivité universelle.

117:4.10 Le grand défi présenté à l'homme mortel est le suivant : Déciderez-vous de personnaliser, dans votre propre individualité évoluante, les significations du cosmos ayant une valeur expérimentale ? Ou bien, en rejetant la survie, permettrez-vous à ces secrets de la Suprématie de reposer endormis en attendant qu'une autre créature, à un autre moment, essaye à sa manière d'apporter une contribution de créature à l'évolution du Dieu fini ? En ce cas, ce sera sa contribution au Suprême, et non la vôtre.

117:4.11 La grande lutte du présent âge de l'univers se déroule entre le potentiel et l'actuel - tout ce qui est encore inexprimé cherchant à s'actualiser. Si un mortel poursuit l'aventure du Paradis, il suit les mouvements du temps qui s'écoulent comme des courants dans le fleuve de l'éternité. Si un mortel rejette la carrière éternelle, il va à contrecourant des évènements dans les univers finis. La création mécanique se meut inexorablement selon le développement du dessein du Père du Paradis, mais la création volitive a le choix d'accepter ou de rejeter le rôle de la participation de la personnalité dans l'aventure de l'éternité. Un mortel ne peut détruire les valeurs suprêmes de l'existence humaine, mais il peut très nettement empêcher l'évolution de ces valeurs dans sa propre expérience personnelle. Dans la mesure où le moi humain refuse ainsi de prendre part à l'ascension du Paradis, le Suprême est retardé exactement d'autant pour atteindre l'expression de sa divinité dans le grand univers.

117:4.12 L'homme a reçu en garde non seulement la présence de l'Ajusteur du Père Paradisiaque, mais aussi le contrôle sur la destinée d'une fraction infinitésimale de l'avenir du Suprême. Car, de même que l'homme atteint sa destinée humaine, de même le Suprême accomplit sa destinée sur les niveaux de déité.

117:4.13 Chacun de vous doit donc se décider comme nous avons dû le faire jadis : Ferez-vous défaut au Dieu du temps, qui dépend tellement des décisions du mental fini ? Ferez-vous défaut à la personnalité Suprême des univers en vous adonnant paresseusement à une régression animale ? Ferez-vous défaut au grand frère de toutes les créatures, qui dépend tellement de chaque créature ? Pouvez-vous vous permettre de passer dans le royaume de l'irréalisé, alors que s'étend devant vous la vue enchanteresse de la carrière universelle - la divine découverte du Père du Paradis et la divine participation à la recherche et à l'évolution du Dieu de Suprématie ?

117:4.14 Les dons de Dieu - ses effusions de réalité - ne lui enlèvent rien ; il n'aliène pas sa création, mais il a établi des tensions dans les créations circulant autour du Paradis. Dieu commence par aimer l'homme et lui confère le potentiel d'immortalité - la réalité éternelle. Et, dans la mesure où il aime Dieu, l'homme devient éternel en actualité. Et voici un mystère : Plus un homme approche Dieu de près par l'amour, plus la réalité - l'actualité - de cet homme est grande. Plus un homme se retire de Dieu, plus il approche de près la non-réalité - la cessation d'existence. Quand un homme consacre sa volonté à faire la volonté du Père, quand un homme donne à Dieu tout ce qu'il a, alors Dieu fait de cet homme plus qu'il n'est.

117.5  La Surâme de la Création

117:5.1 Le grand Suprême est la surâme cosmique du grand univers. En lui, les qualités et quantités du cosmos trouvent vraiment leur réflexion de déité. Sa nature de déité est la mosaïque composée du total immense de la nature de tous les Créateurs et de toutes les créatures dans l'ensemble des univers en évolution. Et le Suprême est également une Déité en voie d'actualisation et incorporant une volonté créative qui embrasse un dessein universel en évolution.

117:5.2 Les « moi » intellectuels, potentiellement personnels, du domaine fini émergent de la Source-Centre Troisième et accomplissent, dans le Suprême, la synthèse de Déité de l'espace-temps fini. Quand la créature se soumet à la volonté du Créateur, elle ne submerge ni n'abandonne sa personnalité. Les individus qui participent, en tant que personnalités, à l'actualisation du Dieu fini ne perdent pas leur individualité volitive en fonctionnant ainsi. De telles personnalités croissent au contraire progressivement en prenant part à cette grande aventure de la Déité. En s'unissant ainsi à la divinité, l'homme exalte, enrichit, spiritualise et unifie son moi en évolution, et atteint le seuil même de la suprématie.

117:5.3 L'immortelle âme évoluante de l'homme, création conjointe du mental matériel et de l'Ajusteur, monte en tant qu'âme au Paradis, et ensuite, quand elle est enrôlée dans le Corps de la Finalité, elle s'allie de quelque manière nouvelle au circuit de gravité spirituelle du Fils Éternel par une technique d'expérience appelée transcendance finalitaire. De tels finalitaires deviennent alors des candidats acceptables pour être reconnus expérientiellement comme personnalités de Dieu le Suprême. Et, quand ces intellects mortels atteindront le septième stade d'existence spirituelle dans les futures affectations non révélées du Corps de la Finalité, ce mental binaire deviendra trin. Le mental humain et le mental divin accordés, seront glorifiés en union avec le mental expérientiel de l'Être Suprême désormais actualisé.

117:5.4 Dans l'éternel futur, Dieu le Suprême sera actualisé - créativement exprimé et spirituellement dépeint - dans le mental spiritualisé, l'âme immortelle, de l'homme ascendant, de la même manière que le Père Universel fut révélé dans la vie terrestre de Jésus.

117:5.5 L'homme ne s'unit pas avec le Suprême et ne fond pas en lui son identité personnelle, mais les répercussions universelles de l'expérience de tous les hommes forment bel et bien une partie de l'expérimentation du Suprême. « L'acte est à nous, les conséquences sont à Dieu. »

117:5.6 La personnalité en progrès laisse une trainée de réalité actualisée lors de son passage par les niveaux ascendants de l'univers. Qu'elles soient mentales, spirituelles ou énergétiques, les créations croissantes du temps et de l'espace sont modifiées par la progression des personnalités à travers leurs domaines. Quand l'homme agit, le Suprême réagit, et cette opération constitue le fait de la progression.

117:5.7 Les grands circuits d'énergie, de mental et d'esprit ne sont jamais la propriété permanente de la personnalité ascendante. Ces ministères, restent pour toujours, une partie de la Suprématie. Dans l'expérience du mortel, l'intellect humain réside dans les pulsations rythmiques des esprits-mentaux adjuvats ; il met en actes ses décisions dans le cadre produit par sa mise en circuit dans ce ministère. Lors de la mort, le moi humain est séparé pour l'éternité du circuit adjuvat. Bien que ces adjuvats ne semblent jamais transmettre l'expérience d'une personnalité à une autre, ils peuvent transmettre à Dieu le Suprême, par Dieu le Septuple, les répercussions impersonnelles des décisions-actions, et ils le font. (C'est du moins vrai pour les adjuvats d'adoration et de sagesse.)

117:5.8 Il en est de même pour les circuits spirituels : l'homme les utilise dans son ascension à travers les univers, mais ne les possède jamais comme partie de sa personnalité éternelle. Mais ces circuits de ministère spirituel, qu'il s'agisse de l'Esprit de Vérité, du Saint-Esprit ou des présences spirituelles superuniverselles, ces circuits de ministère spirituel sont réceptifs et réactifs aux valeurs émergentes chez une personnalité ascendante, et ces valeurs sont fidèlement transmises au Suprême par le Septuple.

117:5.9 Bien que des influences spirituelles, telles que le Saint-Esprit et l'Esprit de Vérité, soient des ministères de l'univers local, leur gouverne n'est pas entièrement confinée dans les limites géographiques d'une création locale donnée. Quand l'ascendeur passe au delà des frontières de son univers local d'origine, il n'est pas entièrement privé du ministère de l'Esprit de Vérité, qui l'a si constamment enseigné et guidé à travers les dédales philosophiques des mondes matériels et morontiels, et qui, lors de chaque crise de l'ascension, dirigeait infailliblement le pèlerin du Paradis en lui disant toujours : « Voilà le chemin. » Quand vous quitterez les domaines de l'univers local, l'esprit directeur réconfortant des Fils de Dieu qui s'effusent du Paradis vous guidera encore par l'intermédiaire du ministère de l'esprit de l'Être Suprême émergent et des dispositifs de la réflectivité superuniverselle.

117:5.10 Comment ces multiples circuits de ministère cosmique enregistrent-ils, dans le Suprême, les significations, les valeurs et les faits de l'expérience évolutionnaire ? Sans en être tout à fait certains, nous croyons que cet enregistrement prend place, grâce aux personnes des Créateurs Suprêmes originaires du Paradis, qui sont les pourvoyeurs directs des circuits du temps et de l'espace. L'expérience mentale accumulée des sept esprits-mentaux adjuvats au cours de leur ministère sur le niveau physique de l'intellect est une partie de l'expérience de la Divine Ministre dans son univers local, et, par cet Esprit Créatif, l'expérience trouve vraisemblablement le moyen de s'enregistrer dans le mental de la Suprématie. De même, les expériences humaines avec l'Esprit de Vérité et le Saint-Esprit sont probablement enregistrées par des techniques similaires dans la personne du Suprême.

117:5.11 Même l'expérience de l'homme et de l'Ajusteur doit trouver un écho dans la divinité de Dieu le Suprême. En effet, quand les Ajusteurs font leur expérience, ils sont semblables au Suprême, et l'âme évoluante des mortels est créée grâce à la possibilité préexistante de cette expérience à l'intérieur du Suprême.

117:5.12 De cette manière, les multiples expériences de toute la création deviennent une partie de l'évolution de la Suprématie. Les créatures utilisent simplement les qualités et quantités du domaine fini dans leur ascension vers le Père ; les conséquences impersonnelles de cette utilisation restent pour toujours une partie du cosmos vivant, la personne Suprême.

117:5.13 Ce que l'homme emporte avec lui comme possession de personnalité, ce sont les conséquences sur son caractère de l'expérience acquise en employant les circuits mentaux et spirituels du grand univers au cours de son ascension au Paradis. Quand un homme décide et quand il consomme sa décision dans une action, il fait une expérience ; les significations et valeurs de cette expérience font pour toujours partie de son caractère éternel sur tous les niveaux, depuis le fini jusqu'au final. Un caractère cosmiquement moral et divinement spirituel représente le capital accumulé des décisions personnelles de la créature qui furent éclairées par une adoration sincère, glorifiées par un amour intelligent et consommées dans un service fraternel.

117:5.14 Le Suprême en évolution compensera, en fin de compte, les créatures finies pour leur inaptitude à établir autre chose qu'un contact expérientiel limité avec l'univers des univers. Les créatures peuvent atteindre le Père du Paradis, mais leur mental évolutionnaire est fini, donc incapable de réellement comprendre le Père infini et absolu. Mais, puisque tout ce qu'expérimente la créature s'enregistre dans le Suprême et en fait partie, quand toutes les créatures auront atteint le niveau final de l'expérience finie et que le développement total de l'univers leur aura permis d'atteindre Dieu le Suprême en tant que présence actuelle de divinité, alors, du fait même de ce contact, elles auront contact avec la totalité de l'expérience. Le domaine fini du temps contient en lui-même les germes de l'éternité. On nous enseigne qu'à l'époque où la plénitude de l'évolution verra l'épuisement de la capacité cosmique de croissance, l'ensemble du domaine fini entrera dans les phases absonites de la carrière éternelle en recherchant le Père en tant qu'Ultime.

117.6  À la Recherche du Suprême

117:6.1 Nous cherchons le Suprême dans les univers, mais nous ne le trouvons pas. « Il est le dedans et le dehors de toutes les choses et de tous les êtres, en mouvement et au repos. Méconnaissable dans son mystère, il est proche quoique lointain. » Le Tout-Puissant Suprême est « la forme de ce qui est encore informe, le modèle de ce qui est encore incréé » . Le Suprême est votre demeure universelle ; quand vous le trouverez, cela ressemblera à un retour au foyer. Il est l'auteur expérientiel de vos jours et, d'une manière homologue à celle des parents humains, il a grandi dans l'expérience de la parenté divine. Il vous connaît parce qu'il ressemble à une créature aussi bien qu'à un créateur.

117:6.2 Si vous désirez vraiment trouver Dieu, vous ne pouvez éviter de voir naître dans votre mental la conscience du Suprême. De même que Dieu est votre Père divin, de même le Suprême est votre Mère divine, en qui vous êtes nourri pendant toute votre vie de créature de l'univers. « Combien le Suprême est universel - on le trouve de tous côtés ! Les choses de la création illimitée dépendent de sa présence pour vivre, et nul ne se la voit refuser. »

117:6.3 Ce que Micaël est pour Nébadon, le Suprême l'est pour le cosmos fini. Sa Déité est le large canal par lequel l'amour du Père s'écoule extérieurement vers toute la création, et il est la grande voie par laquelle les créatures finies passent vers l'intérieur à la recherche du Père, qui est amour. Même les Ajusteurs de Pensée sont reliés au Suprême ; en nature et en divinité originelles, ils sont semblables au Père, mais, quand ils font l'expérience des opérations du temps dans les univers de l'espace, ils deviennent semblables au Suprême.

117:6.4 L'acte d'une créature choisissant de faire la volonté du Créateur est une valeur cosmique et possède une signification universelle à laquelle réagit immédiatement une force de coordination non révélée, mais omniprésente, probablement le fonctionnement de l'action toujours plus étendue de l'Être Suprême.

117:6.5 L'âme morontielle d'un mortel évoluant est réellement la fille de l'action du Père Universel par l'Ajusteur, et l'enfant de la réaction de l'Être Suprême, la Mère Universelle. L'influence maternelle domine la personnalité humaine pendant toute l'enfance de l'âme croissant dans l'univers local. L'influence des parents divins devient plus égale après la fusion avec l'Ajusteur et durant la carrière superuniverselle, mais, quand les créatures du temps commencent la traversée de l'univers central d'éternité, la nature paternelle devient de plus en plus manifeste, atteignant son apogée de manifestation finie lors de la récognition du Père Universel et de l'admission au Corps de la Finalité.

117:6.6 Dans et par l'expérience d'accession au statut finalitaire, les qualités expérientielles maternelles du moi ascendant sont prodigieusement influencées par le contact et l'imprégnation de la présence spirituelle du Fils Éternel et de la présence mentale de l'Esprit Infini. Ensuite, dans tous les domaines d'activités finalitaires du grand univers, apparaît un nouvel éveil du potentiel maternel latent du Suprême, une nouvelle réalisation des significations expérientielles, et une nouvelle synthèse des valeurs expérientielles de toute la carrière d'ascension. Il semble que cette réalisation du moi doive se poursuivre dans la carrière universelle des finalitaires du sixième stade jusqu'à ce que l'hérédité maternelle du Suprême parvienne à un synchronisme fini avec l'hérédité paternelle de l'Ajusteur. Cette mystérieuse période de fonctionnement dans le grand univers représente la suite de la carrière adulte de l'ascendeur mortel parvenu à la perfection.

117:6.7 Le parachèvement du sixième stade d'existence et l'entrée dans le stade septième et final de statut spirituel préluderont probablement aux âges progressifs d'expérience enrichissante, de sagesse murissante et de réalisation de la divinité. Dans la nature de finalitaire, cela équivaudra vraisemblablement à l'aboutissement complet de la lutte mentale pour la réalisation de soi en tant qu'esprit, au parachèvement de la coordination de la nature humaine ascendante avec la divine nature d'Ajusteur dans les limites des possibilités du fini. Un magnifique moi universel de cette espèce devient ainsi le fils finalitaire éternel du Père du Paradis aussi bien que l'enfant universel éternel de la Mère Suprême, un moi universel qualifié pour représenter à la fois le Père et la Mère des univers et des personnalités dans toute activité ou entreprise concernant l'administration finie des choses et des êtres créés, créateurs ou évoluants.

117:6.8 Tous les humains dont l'âme évolue sont littéralement les fils évolutionnaires de Dieu le Père et de Dieu la Mère, l'Être Suprême. Mais, jusqu'au moment où l'homme mortel devient conscient dans son âme de son héritage divin, cette assurance d'apparentement à la Déité doit être réalisée par la foi. L'expérience de la vie humaine est le cocon cosmique dans lequel les dons universels de l'Être Suprême et la présence dans l'univers du Père Universel (ces dons et cette présence n'étant pas des personnalités) préparent, par évolution, l'âme morontielle temporelle et le caractère finalitaire humain-divin de destinée universelle et de service éternel.

117:6.9 Les hommes oublient bien trop souvent que Dieu est la plus grande expérience dans l'existence humaine. Les autres expériences sont limitées dans leur nature et leur contenu, mais l'expérience de Dieu n'a pas d'autres limites que la capacité des créatures à comprendre, et cette expérience par elle-même accroit cette capacité. Quand les hommes sont à la recherche de Dieu, ils recherchent tout. Quand ils trouvent Dieu, ils ont tout trouvé. La recherche de Dieu est une effusion illimitée d'amour accompagnée de la découverte surprenante d'un nouvel amour plus grand à effuser.

117:6.10 Tout véritable amour vient de Dieu, et l'homme reçoit l'affection divine dans la mesure où lui-même effuse cet amour sur ses compagnons. L'amour est dynamique. On ne peut jamais le capturer ; il est vivant, libre, passionnant et toujours en mouvement. L'homme ne peut jamais saisir l'amour du Père pour l'emprisonner dans son coeur. L'amour du Père ne peut devenir réel pour l'homme mortel qu'en passant par sa personnalité, alors qu'à son tour lui-même effuse cet amour sur ses compagnons. Le grand circuit d'amour part du Père, se diffuse par les fils vers les frères et, de là, se dirige vers le Suprême. L'amour du Père apparaît dans la personnalité du mortel par le ministère de l'Ajusteur intérieur. Ce fils qui connaît Dieu révèle cet amour à ses frères de l'univers, et cette affection fraternelle est l'essence de l'amour du Suprême.

117:6.11 On ne peut s'approcher du Suprême que par expérience ; et dans les époques en cours de création, il n'y a que trois voies accessibles aux créatures pour atteindre la Suprématie :

117:6.12 1. Les citoyens du Paradis descendent de l'Ile éternelle par Havona, où ils acquièrent la capacité de comprendre la Suprématie en observant les différences de réalité entre le Paradis et Havona, et en découvrant, par exploration, les multiples activités des Personnalités Créatrices Suprêmes, allant depuis les Maitres Esprits jusqu'aux Fils Créateurs.

117:6.13 2. Les ascendeurs de l'espace-temps, montant des univers évolutionnaires des Créateurs Suprêmes, approchent de près le Suprême quand ils traversent Havona comme préliminaire à une appréciation croissante de l'unité de la Trinité du Paradis.

117:6.14 3. Les natifs de Havona acquièrent une compréhension du Suprême par des contacts avec les pèlerins descendants du Paradis et avec les pèlerins ascendants des sept superunivers. Les natifs de Havona sont par inhérence en position d'harmoniser les points de vue essentiellement différents des citoyens de l'Ile éternelle et des citoyens des univers évolutionnaires.

117:6.15 Pour les créatures évolutionnaires, il y a sept grandes voies pour s'approcher du Père Universel, et chacune de ces voies d'ascension au Paradis passe par la divinité d'un des Sept Maitres Esprits, et chacune de ces approches est rendue possible par un accroissement de la réceptivité expérientielle faisant suite au fait que la créature a servi dans le superunivers qui reflète la nature de ce Maitre Esprit. La somme de ces sept expériences constitue la limite actuellement connue de la conscience qu'une créature peut avoir de la réalité et de l'actualité de Dieu le Suprême.

117:6.16 Ce ne sont pas seulement les limitations propres à l'homme qui l'empêchent de trouver le Dieu fini ; c'est aussi l'état d'incomplétude de l'univers. Même l'état d'incomplétude de toutes les créatures - passées, présentes et futures - rend le Suprême inaccessible. Tout individu qui a atteint le niveau divin de ressemblance à Dieu peut trouver Dieu le Père, mais jamais une créature individuelle ne pourra trouver personnellement Dieu le Suprême avant l'époque, très lointaine, où toutes les créatures le trouveront simultanément parce que la perfection aura été universellement atteinte.

117:6.17 Bien qu'au cours du présent âge de l'univers, vous ne puissiez trouver personnellement le Suprême comme vous pouvez trouver et trouverez effectivement le Père, le Fils et l'Esprit, néanmoins, l'ascension vers le Paradis et la carrière universelle subséquente créeront graduellement, dans votre conscience, la récognition de la présence universelle et l'action cosmique du Dieu de toute expérience. Les fruits de l'esprit sont la substance du Suprême tel qu'il est réalisable dans l'expérience humaine.

117:6.18 Le fait que l'homme atteindra un jour le Suprême est une conséquence de sa fusion avec l'esprit de la Déité du Paradis. Chez les Urantiens, cet esprit est la présence de l'Ajusteur du Père Universel, mais, bien que le Moniteur de Mystère provienne du Père et soit semblable au Père, nous doutons que même ce don divin puisse accomplir la tâche impossible de révéler à une créature finie la nature du Dieu infini. Nous soupçonnons que ce que les Ajusteurs révèleront aux futurs finalitaires du septième stade sera la divinité et la nature de Dieu le Suprême. Et cette révélation représentera, pour une créature finie, l'homologue de la révélation de l'Infini pour un être absolu.

117:6.19 Le Suprême n'est pas infini, mais il englobe probablement toute la fraction d'infinité qu'une créature finie pourra jamais réellement saisir. Comprendre plus que le Suprême, c'est être plus que fini !

117:6.20 Toutes les créations expérientielles sont interdépendantes dans leur réalisation de la destinée. Seule la réalité existentielle est contenue et existante en soi. Havona et les sept superunivers ont besoin les uns des autres pour atteindre le maximum d'accomplissement fini. De même, ils dépendront un jour des univers futurs de l'espace extérieur pour atteindre leur transcendance finie.

117:6.21 Un ascendeur humain peut trouver le Père ; Dieu est existentiel, donc réel, indépendamment du statut d'expérience dans l'univers total. Mais nul ascendeur isolé ne trouvera le Suprême avant que tous les ascendeurs aient atteint la maturité universelle maximum qui les qualifiera pour participer simultanément à cette découverte.

117:6.22 Le Père ne fait pas acception de personnes ; il traite chacun de ses fils ascendants comme des individus cosmiques. De même, le Suprême ne fait pas acception de personnes ; il traite ses enfants expérientiels comme un seul total cosmique.

117:6.23 L'homme peut découvrir le Père dans son coeur, mais il lui faudra rechercher le Suprême dans le coeur de tous les autres hommes, et, quand toutes les créatures révèleront parfaitement son amour, le Suprême deviendra alors pour elles une actualité de l'univers. Et ceci est simplement une autre manière de dire que les univers seront ancrés dans la lumière et la vie.

117:6.24 L'aboutissement, pour toutes les personnalités, à la réalisation de soi devenue parfaite, plus l'aboutissement, dans tous les univers, à un équilibre devenu parfait équivaut à l'aboutissement du Suprême et témoigne que toute la réalité finie est libérée des limitations de l'existence incomplète. Cet épuisement de tous les potentiels finis conduit à l'aboutissement parachevé du Suprême, qui peut aussi être défini comme l'actualisation évolutionnaire accomplie de l'Être Suprême lui-même.

117:6.25 Les hommes ne trouvent pas le Suprême d'une façon soudaine et spectaculaire, comme un tremblement de terre ouvre des abimes dans les roches ; mais ils le trouvent lentement et patiemment, comme une rivière qui érode doucement le sol où elle coule.

117:6.26 Quand vous trouverez le Père, vous découvrirez la grande cause de votre ascension spirituelle dans les univers. Quand vous trouverez le Suprême, vous découvrirez le grand résultat de votre carrière de progression vers le Paradis.

117:6.27 Mais nul mortel connaissant Dieu ne peut jamais être solitaire dans son voyage à travers le cosmos, car il sait que le Père fait à ses côtés chaque pas du chemin, tandis que la route même qu'il poursuit est la présence du Suprême.

117.7  L'Avenir du Suprême

117:7.1 La réalisation accomplie de tous les potentiels finis équivaut au parachèvement de la réalisation de toute l'expérience évolutionnaire. Cela suggère l'émergence finale du Suprême en tant que présence d'une Déité toute-puissante dans les univers. Nous croyons qu'au stade de développement en question, le Suprême sera personnalisé d'une manière aussi distincte que le Fils Éternel, aussi concrètement détenteur de pouvoirs que l'Ile du Paradis, aussi complètement unifié que l'Acteur Conjoint, tout cela s'entendant dans les limites des possibilités finies de la Suprématie lors de la culmination du présent âge de l'univers.

117:7.2 Bien que ceci soit un concept de l'avenir du Suprême parfaitement approprié, nous voudrions attirer l'attention sur certains problèmes inhérents à ce concept :

117:7.3 1. Les Superviseurs Non Qualifiés du Suprême ne pouvaient guère être déifiés à un stade quelconque antérieur à son évolution parachevée, et cependant ces mêmes superviseurs exercent, dès maintenant, de manière limitée la souveraineté de suprématie en ce qui concerne les univers ancrés dans la lumière et la vie.

117:7.4 2. Le Suprême ne pourrait guère fonctionner dans l'Ultimité de la Trinité avant d'avoir atteint sa complète actualité de statut universel, et cependant l'Ultimité de la Trinité est dès maintenant une réalité qualifiée, et vous avez été mis au courant de l'existence des Vice-Gérants Qualifiés de l'Ultime.

117:7.5 3. Le Suprême n'est pas complètement réel pour les créatures de l'univers, mais de nombreuses raisons permettent d'inférer qu'il est tout à fait réel pour la Déité Septuple s'étendant depuis le Père Universel du Paradis jusqu'aux Fils Créateurs et aux Esprits Créatifs des univers locaux.

117:7.6 Il se peut qu'aux limites supérieures du fini, où le temps rejoint le temps transcendé, il y ait une sorte d'estompage et de mélange des séquences. Il se peut que le Suprême soit capable de prévoir sa présence universelle sur ces niveaux supratemporels, et ensuite d'anticiper sur son évolution future dans une mesure limitée en réfléchissant cette prévision de l'avenir sur les niveaux finis sous l'aspect de l'Immanence de l'Incomplet Projeté. On peut observer de tels phénomènes chaque fois que le fini entre en contact avec le superfini, comme dans les expériences des êtres humains habités par des Ajusteurs de Pensée, qui représentent de véritables prédictions des futurs accomplissements universels de l'homme dans toute l'éternité.

117:7.7 Quand les ascendeurs mortels sont admis au corps finalitaire du Paradis, ils prêtent serment à la Trinité du Paradis et, en prêtant ce serment d'allégeance, ils promettent, par là, une fidélité éternelle à Dieu le Suprême, qui est la Trinité telle que la comprennent toutes les personnalités de créatures finies. Par la suite, quand les compagnies de finalitaires fonctionnent dans les univers en évolution, elles ne sont soumises qu'aux ordres émanant du Paradis jusqu'à l'époque mémorable de l'ancrage des univers locaux dans la lumière et la vie. À mesure que les nouvelles organisations gouvernementales de ces créations parvenues à la perfection commencent à refléter la souveraineté émergente du Suprême, nous remarquons que les compagnies finalitaires isolées reconnaissent alors l'autorité juridictionnelle de ces nouveaux gouvernements. Il apparaît que Dieu le Suprême évolue comme unificateur du Corps évolutionnaire de la Finalité, mais il est hautement probable que la destinée éternelle de ces sept corps de la Finalité sera dirigée par le Suprême en tant que membre de la Trinité Ultime.

117:7.8 L'Être Suprême contient trois possibilités superfinies de manifestation universelle :

117:7.9 1. La collaboration absonite dans la première Trinité expérientielle.

117:7.10 2. Les relations coabsolues dans la seconde Trinité expérientielle.

117:7.11 3. La participation coinfinie dans la Trinité des Trinités, mais nous ne concevons pas d'une manière satisfaisante ce que cela signifie en réalité.

117:7.12 C'est là une des hypothèses généralement acceptées sur l'avenir du Suprême, mais il existe aussi nombre de spéculations concernant ses relations avec le présent grand univers après que ce dernier aura atteint son statut de lumière et de vie.

117:7.13 Le présent but des superunivers, tels qu'ils sont et dans la limite de leurs potentiels, est de devenir parfaits à l'instar de Havona. Cette perfection concerne l'accomplissement physique et spirituel, allant jusqu'au développement de l'administration, du gouvernement et de la fraternité. Nous croyons que, dans les âges à venir, les possibilités de dysharmonie, de mauvaise adaptation et de dérèglement finiront par s'épuiser dans les superunivers. Les circuits d'énergie seront en parfait équilibre et complètement soumis au mental, tandis que l'esprit, en présence de la personnalité, aura réussi à dominer le mental.

117:7.14 L'on conjecture qu'à cette époque extrêmement lointaine, la personne spirituelle du Suprême et le pouvoir acquis du Tout-Puissant auront atteint un développement coordonné, et que tous deux, unifiés dans et par le Mental Suprême, deviendront factuels sous l'aspect de l'Être Suprême, une actualité parachevée dans les univers. Cette actualité sera alors observable par toutes les intelligences des créatures, sujette aux réactions de toutes les énergies créées, coordonnée chez toutes les entités spirituelles et expérimentée par toutes les personnalités de l'univers.

117:7.15 Ce concept implique la souveraineté effective du Suprême dans le grand univers. Il est tout à fait probable que ceux qui sont présentement les administrateurs de la Trinité poursuivront leurs fonctions en tant que vice-gérants du Suprême, mais nous croyons que les démarcations actuelles entre les sept superunivers disparaîtront graduellement et que la totalité du grand univers fonctionnera comme un tout rendu parfait.

117:7.16 Il est possible que le Suprême réside alors personnellement sur Uversa, le quartier général d'Orvonton, d'où il dirigerait l'administration des créations du temps, mais, en réalité, ce n'est qu'une hypothèse. Il reste cependant certain que l'on pourra nettement prendre contact avec la personnalité de l'Être Suprême en un lieu spécifique, bien que l'ubiquité de sa présence de Déité doive probablement continuer à imprégner l'univers des univers. Nous ne savons pas ce que sera la relation des citoyens superuniversels de cet âge avec le Suprême, mais elle pourrait ressembler aux relations actuelles entre les natifs de Havona et la Trinité du Paradis.

117:7.17 Le grand univers rendu parfait de ces temps futurs sera immensément différent de ce qu'il est à présent. Adieu les aventures passionnantes de l'organisation des galaxies de l'espace, l'implantation de la vie sur les mondes incertains du temps et l'harmonie émergeant par évolution du chaos, la beauté des potentiels, la vérité des significations et la bonté des valeurs. Les univers du temps auront achevé l'accomplissement de leur destinée finie ! Peut-être y aura-t-il un intervalle de repos, de détente, à la fin de la lutte multimillénaire pour la perfection évolutionnaire, mais pas pour longtemps ! Certainement, sûrement et inexorablement, l'énigme de la Déité émergente de Dieu l'Ultime mettra au défi les citoyens devenus parfaits des univers établis, exactement comme leurs ancêtres évolutionnaires, qui se débattaient, furent jadis mis au défi par la recherche de Dieu le Suprême. Le rideau de la destinée cosmique s'écartera pour dévoiler la grandeur transcendante de l'attirante recherche absonite du Père Universel sur les niveaux supérieurs et nouveaux, révélés dans l'aspect ultime de l'expérience des créatures.

117:7.18 [Parrainé par un Puissant Messager séjournant temporairement sur Urantia.]

118. Le Suprême et l'Ultime - Temps et Espace

118:0.1 AU SUJET des diverses natures de la Déité, on peut dire que :

118:0.2 Le Père est le moi existant en soi.

118:0.3 Le Fils est le moi coexistant.

118:0.4 L'Esprit est le moi existant conjointement.

118:0.5 Le Suprême est le moi expérientiel-évolutionnaire.

118:0.6 Le Septuple est la divinité distributive d'elle-même.

118:0.7 L'Ultime est le moi transcendantal-expérientiel.

118:0.8 L'Absolu est le moi existentiel-expérientiel.

118:0.9 Dieu le Septuple est indispensable à l'aboutissement évolutionnaire du Suprême, mais le Suprême est également indispensable à l'émergence finale de l'Ultime. La double présence du Suprême et de l'Ultime constitue l'association fondamentale de la Déité subabsolue et dérivée, car tous deux sont interdépendants et complémentaires pour accomplir la destinée. Ensemble, ils forment le pont expérientiel qui relie les commencements et les parachèvements de toute croissance créative dans le maitre univers.

118:0.10 La croissance créative est sans fin, mais toujours satisfaisante ; elle est sans fin en étendue, mais toujours ponctuée par les moments satisfaisants pour la personnalité, où le but provisoire est atteint, et qui servent si efficacement de prélude à la mobilisation pour de nouvelles aventures de croissance cosmique, d'exploration de l'univers et d'aboutissement à la Déité.

118:0.11 Bien que le domaine des mathématiques soit cerné de limitations qualitatives, il procure cependant au mental fini une base conceptuelle pour contempler l'infinité. Les nombres n'ont pas de limitation quantitative, même dans la compréhension d'un mental fini. Si grand que soit le nombre conçu, vous pouvez toujours envisager d'y ajouter une unité. Vous pouvez également comprendre que vous restez en deçà de l'infini, car quel que soit le nombre de fois que vous répétez cette addition, vous pouvez toujours la répéter une fois de plus.

118:0.12 En même temps, les séries infinies peuvent être totalisées à un point donné quelconque, et ce total (ou plus exactement ce total partiel) procure à une personne donnée, ayant à un moment donné un statut donné, la plénitude de la douceur d'avoir atteint un but. Mais, tôt ou tard, la même personne recommence à languir après des buts nouveaux et supérieurs ; et ces aventures de croissances se renouvelleront éternellement dans la plénitude des temps et dans les cycles de l'éternité.

118:0.13 Chaque âge successif de l'univers est le prélude de l'ère suivante de croissance cosmique, et chaque époque de l'univers fournit une destinée immédiate à tous les stades précédents. En soi et par soi, Havona est une création parfaite, mais limitée dans sa perfection. La perfection de Havona, se répandant dans les superunivers évolutionnaires, y trouve non seulement une destinée cosmique, mais aussi la libération des limitations de l'existence préévolutionnaire.

118.1  Le Temps et l'Éternité

118:1.1 Il est utile à l'homme, pour son orientation cosmique, d'arriver à comprendre aussi bien que possible les rapports de la Déité avec le cosmos. La Déité absolue est éternelle par nature, mais les Dieux sont reliés au temps, en tant qu'expérience dans l'éternité. Dans les univers évolutionnaires, l'éternité est la perpétuité temporelle - l'éternel maintenant.

118:1.2 La personnalité de la créature mortelle peut devenir éternelle en s'identifiant avec l'esprit intérieur par la technique consistant à choisir de faire la volonté du Père. Cette consécration de la volonté équivaut à la réalisation d'un dessein de réalité éternelle. Cela signifie que le dessein de la créature est devenu invariant par rapport à la succession des instants ; ou, en d'autres termes, que les moments qui se succèdent ne verront aucun changement dans le dessein de la créature. Un million ou un milliard de moments n'y changeront rien. Les nombres ont cessé d'avoir une signification concernant le dessein de la créature. C'est ainsi que le choix de la créature s'ajoutant au choix de Dieu se traduit par les réalités éternelles de l'union sans fin entre l'esprit de Dieu et la nature de l'homme, au service perpétuel des enfants de Dieu et de leur Père du Paradis.

118:1.3 Il existe, dans tout intellect donné, une relation directe entre la maturité et la conscience d'une unité de temps. Cette unité de temps peut être un jour, une année ou une période plus longue, mais elle est inévitablement le critère par lequel le moi conscient apprécie les circonstances de la vie et par lequel l'intellect qui conçoit mesure et évalue les faits de l'existence temporelle.

118:1.4 L'expérience, la sagesse et le jugement coïncident avec l'allongement de l'unité de temps dans l'expérience des mortels. Quand le mental humain remonte dans le passé, il évalue l'expérience antérieure avec le dessein d'influencer une situation présente. Quand le mental s'étend dans l'avenir, il essaye d'évaluer la signification future d'une action possible. Ayant ainsi tenu compte à la fois de l'expérience et de la sagesse, la volonté humaine prend une décision-jugement dans le présent, et le plan d'action ainsi né du passé et de l'avenir vient à l'existence.

118:1.5 Dans la maturité du moi qui se développe, le passé et l'avenir sont réunis pour éclairer la vraie signification du présent. À mesure que le moi mûrit, il recourt pour son expérience à un passé de plus en plus lointain, tandis que ses prévisions de sagesse cherchent à pénétrer de plus en plus profondément dans l'avenir inconnu. Et, à mesure que le moi qui conçoit étend davantage sa portée dans le passé et le futur, son jugement dépend de moins en moins du présent momentané. La décision-action commence ainsi à échapper aux liens du présent en mouvement, tandis qu'elle revêt progressivement les aspects de la signification passé-futur.

118:1.6 La patience est pratiquée par les mortels dont les unités de temps sont courtes. La vraie maturité transcende la patience par une longanimité née d'une réelle compréhension.

118:1.7 Murir, c'est vivre plus intensément dans le présent et en même temps échapper aux limitations du présent. Les plans de maturité, fondés sur l'expérience passée, se réalisent dans le présent de manière à rehausser les valeurs de l'avenir.

118:1.8 L'unité de temps chez les personnes non mûres concentre les significations-valeurs dans le moment présent de telle manière que le présent est dissocié de sa vraie relation avec le non-présent - le passé-futur. L'unité de temps de la maturité à des proportions qui révèlent les relations coordonnées du passé-présent-futur de telle manière que le moi commence à pénétrer le sens de l'ensemble des évènements, il commence à apercevoir le paysage du temps sous la perspective panoramique des horizons élargis, et peut-être à soupçonner le continuum éternel, sans commencement ni fin, dont les fragments s'appellent le temps.

118:1.9 Sur les niveaux de l'infini et de l'absolu, le moment présent contient tout le passé aussi bien que tout le futur. JE SUIS signifie également J'AI ÉTÉ et JE SERAI, et ceci représente notre meilleur concept de l'éternité et de l'éternel.

118:1.10 Sur le niveau absolu et éternel, la réalité potentielle a tout autant de signification que la réalité actuelle. C'est seulement sur les niveaux finis et pour les créatures liées par le temps que la différence paraît si vaste. Pour Dieu en tant qu'absolu, un ascendeur mortel qui a pris la décision éternelle est déjà un finalitaire du Paradis. Mais, grâce aux Ajusteurs de Pensée intérieurs, le Père Universel n'est pas limité ainsi dans sa perception, mais il peut aussi être au fait de - et participer à - toutes les luttes temporelles concernant les problèmes de l'ascension des créatures, depuis les niveaux d'existence où celles-ci ressemblent à des animaux jusqu'à ceux où elles ressemblent à Dieu.

118.2  Omniprésence et Ubiquité

118:2.1 Il ne faut pas confondre l'ubiquité de la Déité avec l'ultimité de la divine omniprésence. Le Père Universel veut que le Suprême, l'Ultime et l'Absolu compensent, coordonnent et unifient son ubiquité dans l'espace-temps et son omniprésence dans l'espace-temps-transcendé avec sa présence absolue et universelle pour laquelle l'espace et le temps n'existent pas. Vous devriez vous rappeler que, si l'ubiquité de la Déité est bien souvent associée à l'espace, elle n'est pas nécessairement conditionnée par le temps.

118:2.2 En tant qu'ascendeurs mortels et morontiels, vous discernez progressivement Dieu par le ministère de Dieu le Septuple. Par Havona, vous découvrez Dieu le Suprême. Au Paradis, vous le trouvez comme une personne, et ensuite, en tant que finalitaires, vous essayerez bientôt de le connaître comme Ultime. Étant finalitaires, il semble qu'après avoir atteint l'Ultime, il n'y ait qu'une voie à suivre, celle de commencer la recherche de l'Absolu. Nul finalitaire ne sera troublé par les incertitudes de l'atteinte de l'Absolu de Déité, puisqu'à la fin des ascensions suprême et ultime, il aura rencontré Dieu le Père. Ces finalitaires croiront certainement que, même s'ils réussissent à trouver Dieu l'Absolu, ils ne feront que découvrir le même Dieu, le Père du Paradis se manifestant sur des niveaux plus proches de l'infini et de l'universel. Il est hors de doute que l'aboutissement à Dieu dans l'absolu révèlerait l'Ancêtre Primordial des univers aussi bien que le Père Final des personnalités.

118:2.3 Dieu le Suprême peut ne pas être une démonstration de l'omniprésence de la Déité dans l'espace-temps, mais il est littéralement une manifestation de l'ubiquité divine. Entre la présence spirituelle du Créateur et les manifestations matérielles de la création, se trouve le vaste domaine du devenir ubiquitaire - l'émergence universelle de la Déité évolutionnaire.

118:2.4 Si Dieu le Suprême assume jamais le contrôle direct des univers du temps et de l'espace, nous sommes convaincus que cette administration divine fonctionnera sous le supercontrôle de l'Ultime. Dans ce cas, Dieu l'Ultime commencerait à devenir manifeste aux univers du temps en tant que Tout-Puissant transcendantal (l'Omnipotent) exerçant le supercontrôle du supertemps et de l'espace transcendé relatifs aux fonctions administratives du Tout-Puissant Suprême.

118:2.5 Le mental humain peut, comme nous-mêmes, se poser la question suivante : Si l'évolution de Dieu le Suprême, atteignant l'autorité administrative dans le grand univers, est accompagnée par des manifestations accrues de Dieu l'Ultime, une émergence homologue de Dieu l'Ultime dans les univers prévus de l'espace extérieur sera-t-elle accompagnée de révélations similaires et rehaussées de Dieu l'Absolu ? En réalité, nous n'en savons rien.

118.3  Rapports entre le Temps et l'Espace

118:3.1 C'est seulement par l'ubiquité que la Déité a pu unifier les manifestations de l'espace-temps pour les conceptions finies, car le temps est une succession d'instants, tandis que l'espace est un système de points associés. Après tout, vous percevez le temps par analyse et l'espace par synthèse. Vous coordonnez et vous associez ces deux conceptions dissemblables par la perspicacité intégratrice de la personnalité. Dans le monde animal, l'homme est seul à posséder cette faculté de percevoir l'espace-temps. Pour un animal, le mouvement a une signification, mais il ne prend une valeur que pour une créature ayant statut de personnalité.

118:3.2 Les choses sont conditionnées par le temps, mais la vérité est hors du temps. Plus vous connaissez la vérité, plus vous êtes la vérité, mieux vous pouvez comprendre le passé et saisir l'avenir.

118:3.3 La vérité est inébranlable - éternellement exempte de toutes les vicissitudes transitoires, bien que jamais inerte et conventionnelle, mais toujours vibrante et adaptable - rayonnant la vie. Mais, quand la vérité devient liée aux faits, alors l'espace et le temps conditionnent tous deux ses significations et mettent en corrélation ses valeurs. Ces réalités de la vérité couplées aux faits deviennent des concepts et sont, en conséquence, reléguées au domaine des réalités cosmiques relatives.

118:3.4 La liaison de la vérité absolue et éternelle du Créateur avec l'expérience factuelle des créatures finies et temporelles fait apparaître une nouvelle valeur émergente du Suprême. Le concept du Suprême est essentiel pour coordonner le monde supérieur invariant et divin avec le monde inférieur fini et toujours changeant.

118:3.5 Parmi toutes les choses non absolues, c'est l'espace qui est le plus proche d'être absolu. En apparence, l'espace est absolument ultime. La réelle difficulté que nous avons à comprendre l'espace sur le niveau matériel provient du fait que les corps matériels existent dans l'espace, mais que l'espace existe aussi dans ces mêmes corps matériels. Nombres de facteurs concernant l'espace sont absolus, mais cela ne signifie pas que l'espace soit absolu.

118:3.6 Pour comprendre les rapports de l'espace, il peut être utile de supposer, relativement parlant, que l'espace est, après tout, une propriété de tous les corps matériels. Donc, quand un corps se meut dans l'espace, il emporte aussi avec lui toutes ses propriétés, même l'espace qui est dans ce corps en mouvement et en fait partie.

118:3.7 Tous les modèles de la réalité occupent de l'espace sur les niveaux matériels mais, les modèles spirituels n'existent qu'en relation avec l'espace ; ils n'occupent ni ne déplacent d'espace, et n'en contiennent pas non plus. Pour nous, l'énigme maitresse de l'espace concerne le modèle d'une idée. Quand nous abordons le domaine mental, nous rencontrons bien des problèmes embarrassants. Le modèle d'une idée - sa réalité - occupe-t-il de l'espace ? En vérité nous n'en savons rien, bien que nous soyons certains qu'un modèle d'idée ne contient pas d'espace ; mais il ne serait guère prudent d'admettre que l'immatériel est toujours non spatial.

118.4  Causalité Primaire et Secondaire

118:4.1 Bien des difficultés théologiques et des dilemmes métaphysiques de l'homme mortel sont dus à ce qu'il ne situe pas bien la personnalité de la Déité, et attribue, en conséquence, des aspects infinis et absolus à la Divinité subordonnée et à la Déité évolutionnaire. Il existe certainement une vraie Cause Première, mais il ne faut pas oublier qu'il existe aussi une foule de causes coordonnées et subordonnées, à la fois causes associées et causes secondaires.

118:4.2 La différence essentielle entre causes premières et causes secondes réside en ce que les causes premières produisent des effets originels dépourvus de facteurs héréditaires dérivés d'une causalité antécédente quelconque. Les causes secondaires produisent des effets comportant invariablement une hérédité provenant d'autres causes antérieures.

118:4.3 Les potentiels purement statiques inhérents à l'Absolu Non Qualifié réagissent aux causes engendrées par l'Absolu de Déité qui sont produites par l'action de la Trinité du Paradis. En présence de l'Absolu Universel, ces potentiels statiques imprégnés de causalité deviennent aussitôt actifs et sensibles à l'influence de certains agents transcendantaux, dont l'action aboutit à la transmutation de ces potentiels activés en leur conférant le statut de véritables possibilités universelles de développement, de capacités actualisées pour la croissance. C'est sur ces potentiels ainsi développés que les créateurs et contrôleurs du grand univers jouent l'épopée sans fin de l'évolution cosmique.

118:4.4 Si l'on ne tient pas compte des existentiels, la causalité a une constitution fondamentale triple. Telle qu'elle opère dans le présent âge de l'univers et concernant le niveau fini des sept superunivers, on peut la concevoir comme suit :

118:4.5 1. L'activation des potentiels statiques. C'est l'établissement de la destinée dans l'Absolu Universel par les actions de l'Absolu de Déité, opérant dans et sur l'Absolu Non Qualifié, par suite des commandements volitifs de la Trinité du Paradis.

118:4.6 2. L'extériorisation de capacités d'univers. Ceci implique la transformation de potentiels indifférenciés en des plans séparés et définis. C'est l'acte de l'Ultimité de la Déité et des multiples agents du niveau transcendantal. Ces actes anticipent parfaitement sur les futurs besoins de l'ensemble du maitre univers. C'est en liaison avec la ségrégation de potentiels que les Architectes du Maitre Univers existent en tant que véritables personnifications du concept de Déité des univers. Leurs plans paraissent ultimement limités en étendue dans l'espace par le concept de la périphérie du maitre univers, mais, en tant que plans, ils ne sont pas autrement conditionnés par le temps ou l'espace.

118:4.7 3. La création et l'évolution des actuels d'univers. C'est sur un cosmos imprégné de la présence de l'Ultimité de la Déité productrice de capacités que les Créateurs Suprêmes opèrent pour effectuer, dans le temps, les transmutations de potentiels mûris en actuels expérientiels. À l'intérieur du maitre univers, toute actualisation de la réalité potentielle est limitée par la capacité ultime de développement, et conditionnée par l'espace-temps aux stades finals de son émergence. Les Fils Créateurs sortant du Paradis sont, en actualité, des créateurs transformateurs au sens cosmique. Cela n'invalide, en aucune manière, le concept de créateurs que les hommes s'en font ; du point de vue fini, il est certain qu'ils peuvent créer et qu'ils le font.

118.5  Omnipotence et Compossibilité

118:5.1 L'omnipotence de la Déité n'implique pas le pouvoir de faire ce qui est infaisable. Dans le cadre espace-temps, et en se plaçant au point de vue intellectuel de la compréhension humaine, même le Dieu infini ne peut créer des cercles carrés ni produire du mal qui soit naturellement bon. Dieu ne peut faire de choses non divines. Cette contradiction de termes philosophiques équivaut au non-être et implique que rien n'a été ainsi créé. Un trait de caractère d'une personnalité ne peut être à la fois divin et non divin. La compossibilité est innée dans le pouvoir divin. Tout ceci dérive du fait que l'omnipotence ne se borne pas à créer des choses ayant une nature, mais qu'elle donne aussi naissance à la nature de toutes les choses et de tous les êtres.

118:5.2 Au commencement, le Père fait tout ; mais, à mesure que le panorama de l'éternité se déroule en réponse à la volonté et aux commandements de l'Infini, il ressort de plus en plus que les créatures, même les hommes, doivent devenir des partenaires de Dieu pour réaliser la finalité de la destinée. Ceci est vrai même dans la vie dans la chair ; quand l'homme et Dieu entrent en association, on ne peut assigner aucune limite aux possibilités futures de cette association. Quand l'homme se rend compte que le Père Universel est son partenaire dans la progression éternelle, quand il fusionne avec la présence intérieure du Père, il a rompu, en esprit, les entraves du temps et il est déjà entré dans les progressions de l'éternité, à la recherche du Père Universel.

118:5.3 La conscience du mortel passe des faits aux significations, et ensuite aux valeurs. La conscience du Créateur part de la valeur de l'idée, passe par la signification des mots et arrive au fait de l'action. Pour sortir de l'impasse de l'unité non qualifiée inhérente à l'infinité existentielle, il faut toujours que Dieu agisse. La Déité doit toujours fournir l'univers archétypal, les personnalités parfaites, la vérité, la beauté et la bonté originelles que toutes les créations subdivines s'efforcent d'atteindre. Il faut toujours que Dieu trouve d'abord l'homme pour que l'homme puisse ensuite trouver Dieu. Un Père Universel est toujours nécessaire avant que puissent exister une filiation universelle et la fraternité universelle qui s'ensuit.

118.6  Omnipotence et Omnificence

118:6.1 Dieu est vraiment omnipotent, mais non omnificent - il ne fait pas personnellement tout ce qui se fait. L'omnipotence englobe le potentiel de pouvoir du Tout-Puissant Suprême et de l'Être Suprême, mais les actes volitifs de Dieu le Suprême ne sont pas des agissements personnels de Dieu l'Infini.

118:6.2 Soutenir l'omnificence de la Déité primordiale équivaudrait à priver de leurs droits près d'un million de Fils Paradisiaques Créateurs, sans mentionner les innombrables armées des divers autres ordres d'aides qui apportent leur concours créatif. Dans tout l'univers, il n'y a qu'une seule Cause sans cause. Toutes les autres causes sont dérivées de cette unique Grande Source-Centre Première, et rien, dans cette philosophie, ne fait violence au libre arbitre des myriades d'enfants de la Déité disséminées dans un immense univers.

118:6.3 Dans un cadre local, la volition peut paraître fonctionner comme une cause sans cause, mais elle présente infailliblement des facteurs héréditaires qui établissent des relations avec la Première Cause unique, originelle et absolue.

118:6.4 Toute volition est relative. Au sens initial, seul le Père-JE SUIS possède la finalité volitive. Au sens absolu, seuls le Père, le Fils et l'Esprit exercent les prérogatives d'une volonté non conditionnée par le temps et non limitée par l'espace. L'homme mortel est doué de libre arbitre, du pouvoir de choisir ; bien que ce choix ne soit pas absolu, il est néanmoins relativement final sur le niveau fini et en ce qui concerne la destinée de la personnalité qui choisit.

118:6.5 Sur un niveau quelconque n'atteignant pas l'absolu, la volition rencontre des limitations inhérentes à la personnalité même qui exerce le pouvoir de choix. L'homme ne peut choisir au delà du domaine de ce qui est choisissable. Par exemple, il ne peut choisir d'être autre chose qu'un humain, sauf qu'il peut décider de devenir plus qu'un homme. Il peut choisir d'entreprendre l'ascension de l'univers, mais cela tient, en l'espèce, à une coïncidence spéciale entre le choix humain et la volonté divine. Ce qu'un fils désire et que le Père veut arrivera en toute certitude.

118:6.6 Dans la vie humaine, des lignes de conduite optionnelles s'ouvrent et se ferment continuellement. Durant les périodes où le choix est possible, la personnalité humaine décide constamment entre de nombreuses lignes d'action. La volition temporelle est reliée au temps et doit attendre l'écoulement du temps pour trouver l'occasion de s'exprimer. La volition spirituelle a commencé à gouter la liberté hors des entraves du temps, car elle a réussi à échapper partiellement à la séquence du temps ; cela est parce que la volition spirituelle s'identifie avec la volonté de Dieu.

118:6.7 La volition, l'acte de choisir, doit fonctionner dans le cadre universel qui s'est actualisé en réponse à des choix supérieurs et antérieurs. Tout le champ de la volonté humaine est strictement limité au fini, sauf sur un point particulier : quand l'homme choisit de trouver Dieu et d'être semblable à lui, ce choix est superfini ; l'éternité seule peut révéler s'il est également superabsonite.

118:6.8 Reconnaître l'omnipotence de la Déité, c'est jouir de la sécurité dans votre expérience de citoyenneté cosmique, c'est posséder l'assurance de la sureté dans le long voyage au Paradis. Par contre, accepter le sophisme de l'omnificence, c'est embrasser la colossale erreur du panthéisme.

118.7  Omniscience et Prédestination

118:7.1 Dans le grand univers, la fonction de la volonté du Créateur et la fonction de la volonté de la créature s'exercent dans les limites et selon les possibilités établies par les Maitres Architectes. Toutefois, la prédétermination de ces limites maxima n'abroge pas, le moins du monde, la souveraineté de la volonté de la créature à l'intérieur de ces frontières. La préconnaissance ultime - la pleine tolérance de tous les choix finis - ne constitue pas non plus une abrogation de la volition finie. Un être humain mûr et perspicace peut parfois prévoir fort exactement la décision d'un associé plus jeune, mais cette préconnaissance n'enlève rien à la liberté ni à l'authenticité de la décision même. Les Dieux ont sagement limité le champ d'action de la volonté immature mais, à l'intérieur de ces limites définies, elle n'en reste pas moins une véritable volonté.

118:7.2 Même la corrélation suprême de tous les choix passés, présents et futurs n'invalide pas l'authenticité de ces choix. Elle dénote plutôt la tendance préordonnée du cosmos et suggère la préconnaissance de ces êtres volitifs qui peuvent choisir ou refuser de devenir des parties contributives de l'actualisation expérientielle de toute la réalité.

118:7.3 L'erreur dans le choix fini est liée au temps et limitée par lui. Elle ne peut exister que dans le temps et à l'intérieur de la présence évoluante de l'Être Suprême. Ce choix erroné est possible dans le temps et dénote (en dehors de l'inachèvement du Suprême) un certain domaine de choix dont les créatures immatures doivent être dotées pour bénéficier de la progression dans l'univers en établissant par leur libre arbitre le contact avec la réalité.

118:7.4 Le péché, dans l'espace conditionné par le temps, prouve clairement la liberté temporelle - et même la licence - de la volonté finie. Le péché dépeint l'immaturité, d'une part éblouie par la liberté volitive relativement souveraine de la personnalité, et d'autre part manquant de percevoir les obligations et devoirs suprêmes de la citoyenneté cosmique.

118:7.5 L'iniquité, dans les domaines finis, révèle la réalité transitoire de toute individualité non identifiée à Dieu. Une créature ne devient véritablement réelle dans les univers que si elle s'identifie à Dieu. La personnalité finie ne se crée pas elle-même, mais, dans le cadre superuniversel du choix, elle détermine elle-même sa destinée.

118:7.6 Le don de la vie rend les systèmes matériels-énergétiques capables de se perpétuer, de se propager et de s'adapter eux-mêmes. Le don de la personnalité communique, aux organismes vivants, des prérogatives additionnelles de disposer d'eux-mêmes, d'évoluer eux-mêmes et de s'identifier eux-mêmes avec un esprit de la Déité susceptible de fusionner avec eux.

118:7.7 Les organismes vivants subpersonnels dénotent un mental animant l'énergie-matière, d'abord sous l'aspect de contrôleurs physiques et ensuite sous l'aspect d'esprits-mentaux adjuvats. Le don de la personnalité vient du Père et communique, au système vivant, d'uniques prérogatives de choix. Or, si la personnalité a la prérogative d'exercer le choix volitif de s'identifier à la réalité, et si ce choix est sincère et libre, alors il faut que la personnalité évoluante ait aussi le choix possible de se désorienter, de se disloquer et de se détruire elle-même. La possibilité cosmique de se détruire ne peut être évitée si l'on veut que la personnalité évoluante soit vraiment libre dans l'exercice de sa volonté finie.

118:7.8 C'est pourquoi la sécurité est accrue si l'on rétrécit les limites du choix personnel sur tous les niveaux inférieurs d'existence. Le choix se dégage de plus en plus à mesure que l'on s'élève dans les univers. À la fin, il devient très proche de la liberté divine quand la personnalité ascendante atteint le statut de divinité, la suprématie de consécration aux desseins universels, le parachèvement de la sagesse cosmique et l'identification finale de la créature avec la volonté et les voies de Dieu.

118.8  Contrôle et Supercontrôle

118:8.1 Dans les créations de l'espace-temps, le libre arbitre est enserré dans des restrictions et des limitations. L'évolution de la vie matérielle est d'abord machinale, puis activée par le mental ; enfin, après avoir été douée de la personnalité, elle peut se laisser gouverner par l'esprit. L'évolution organique sur les mondes habités est physiquement limitée par le potentiel des implantations originelles de vie physique faites par les Porteurs de Vie.

118:8.2 L'homme mortel est une machine, un mécanisme vivant ; ses racines se trouvent vraiment dans le monde physique d'énergie. Bien des réactions humaines sont de nature machinale ; une grande partie de la vie ressemble à une mécanique. Mais l'homme, qui est un mécanisme, est beaucoup plus qu'une machine ; il est doué d'un mental et habité par l'esprit ; et, bien qu'au cours de sa vie matérielle il ne puisse jamais échapper au mécanisme électrochimique de son existence, il peut apprendre à subordonner de plus en plus ce mécanisme de vie physique à la sagesse directrice de l'expérience par le processus consistant à consacrer le mental humain à exécuter les incitations spirituelles de l'Ajusteur de Pensée intérieur.

118:8.3 L'esprit libère le fonctionnement de la volonté ; le mécanisme le limite. Le choix imparfait, non contrôlé par le mécanisme et non identifié à l'esprit, est dangereux et instable. La domination mécanique assure la stabilité aux dépens du progrès. L'alliance avec l'esprit dégage le choix du niveau physique, et, en même temps, assure la stabilité divine résultant d'une clairvoyance universelle accrue et d'une compréhension cosmique plus vaste.

118:8.4 Le grand danger qui menace la créature quand elle parvient à se libérer des entraves du mécanisme vital est qu'elle ne réussisse pas à compenser cette perte de stabilité en effectuant une liaison fonctionnelle harmonieuse avec l'esprit. Le choix de la créature, quand elle est relativement dégagée de la stabilité mécanique, pourrait tendre à la libérer elle-même davantage, indépendamment d'une plus grande identification avec l'esprit.

118:8.5 Tout le principe de l'évolution biologique rend impossible l'apparition, sur les mondes habités, d'hommes primitifs doués d'une grande maitrise d'eux-mêmes. C'est pourquoi le même plan créatif, qui traduit le dessein de l'évolution, fournit également les restrictions extérieures de temps et d'espace, de faim et de peur, qui circonscrivent efficacement le champ des choix subspirituels de ces créatures non cultivées. À mesure que le mental de l'homme réussit à traverser des barrières de plus en plus difficiles à franchir, le même plan créatif contient aussi des dispositions pour que l'héritage racial de sagesse expérientielle péniblement acquis s'accumule lentement - en d'autre termes, ce plan prévoit un équilibre entre les contraintes extérieures en régression et les contraintes intérieures croissantes.

118:8.6 La lenteur de l'évolution, du progrès culturel humain, témoigne de l'efficacité de ce frein - l'inertie matérielle - qui agit si puissamment pour ralentir les vitesses dangereuses du progrès. C'est ainsi que le temps lui-même amortit et répartit les conséquences (qui autrement seraient mortelles) du fait d'échapper prématurément aux barrières successives qui limitent l'activité humaine. Car, lorsque la culture progresse trop rapidement, lorsque les accomplissements matériels dépassent l'évolution de la sagesse adoratrice, alors, la civilisation contient en elle-même des germes de récession. À moins que cette civilisation ne soit étayée par un accroissement rapide de sagesse expérientielle, de telles sociétés humaines redescendront des niveaux élevés, mais prématurés, qu'elles ont atteints, et les « âges de ténèbres » de l'interrègne de la sagesse témoigneront, alors, de la résurgence inexorable du déséquilibre entre la liberté du moi et le contrôle du moi.

118:8.7 L'iniquité de Caligastia consista à court-circuiter le régulateur du temps de la libération humaine progressive. Il détruisit arbitrairement les barrières restrictives dont le mental des mortels de cette époque n'avait pas encore triomphé par expérience.

118:8.8 Le mental qui peut abréger partiellement le temps et l'espace prouve, par cet acte même, qu'il possède en lui-même les germes de sagesse qui peuvent efficacement remplacer le mur de contrainte qu'il a transcendé.

118:8.9 Lucifer chercha similairement à empêcher le fonctionnement régulateur du temps, qui freinait l'aboutissement prématuré à certaines libertés dans le système local. Un système local ancré dans la lumière et la vie a acquis expérientiellement les points de vue et la clairvoyance qui rendent praticable la mise en oeuvre de nombreuses techniques qui ne feraient que bouleverser et détruire le même royaume pendant les âges antérieurs à cet ancrage.

118:8.10 À mesure que l'homme s'affranchit des entraves de la peur, qu'il relie les continents et les océans avec ses machines, et les générations et les siècles avec sa documentation, il doit substituer à chaque contrainte transcendée une contrainte nouvelle et volontaire assumée en accord avec les impératifs moraux de la sagesse humaine en expansion. Ces restrictions que l'on s'impose volontairement sont à la fois les plus puissants et les plus subtils de tous les facteurs de la civilisation humaine : les concepts de justice et les idéaux de fraternité. L'homme se qualifie même pour supporter les restrictions de la miséricorde quand il ose aimer ses semblables, quand il réussit à débuter dans la fraternité spirituelle, quand il décide de traiter ses compagnons de la manière dont il voudrait être traité, et même de leur accorder le traitement qu'il suppose que Dieu leur accorderait.

118:8.11 Une réaction automatique de l'univers est stable et se poursuit sous une certaine forme dans le cosmos. Une personnalité qui connaît Dieu et désire faire sa volonté, qui a de la clairvoyance spirituelle, est divinement stable et éternellement existante. La grande aventure de l'homme consiste dans le transit de son mental mortel de la stabilité de la statique mécanique à la divinité de la dynamique spirituelle, et il réalise cette transformation par la force et la persévérance de ses propres décisions de personnalité, dans chaque situation de la vie, en déclarant : « C'est ma volonté que ta volonté soit faite. »

118.9  Les Mécanismes de l'Univers

118:9.1 Le temps et l'espace sont un mécanisme conjoint du maitre univers. Ils sont les dispositifs permettant aux créatures finies de coexister avec l'Infini dans le cosmos. Les créatures finies sont efficacement isolées des niveaux absolus par le temps et l'espace. Mais ces moyens d'isolement, sans lesquels nul mortel ne pourrait exister, fonctionnent directement pour limiter le champ de l'action finie. Sans eux, nulle créature ne pourrait agir, mais, par eux, les actes de chaque créature sont nettement limités.

118:9.2 Les mécanismes créés par un mental supérieur fonctionnent pour libérer ses sources créatives, mais, dans une certaines mesure, ils limitent invariablement l'action de toutes les intelligences subordonnées. Pour les créatures des univers, cette limitation devient apparente en tant que mécanisme de l'univers. L'homme ne dispose pas d'un libre arbitre sans frein, il y a des limites à l'étendue de son choix, mais, à l'intérieur de ce champ libre, sa volonté est relativement souveraine.

118:9.3 Le mécanisme vital de la personnalité humaine, le corps physique, est le produit d'un projet créatif supramortel ; il ne peut donc jamais être parfaitement contrôlé par l'homme lui-même. C'est seulement quand l'ascendeur, en liaison avec l'Ajusteur fusionné, créera par lui-même le mécanisme destiné à exprimer sa personnalité, qu'il parviendra à le contrôler à la perfection.

118:9.4 Le grand univers est un mécanisme aussi bien qu'un organisme. Il est mécanique et vivant. C'est un mécanisme vivant animé par un Mental Suprême, se coordonnant avec un Esprit Suprême, et trouvant son expression sur les niveaux maxima d'unification de pouvoir et de personnalité en tant qu'Être Suprême. Mais nier le mécanisme de la création finie, c'est nier le fait et méconnaître la réalité.

118:9.5 Les mécanismes sont le produit du mental, du mental créateur agissant sur les potentiels cosmiques et en eux. Les mécanismes sont des cristallisations fixes de la pensée du Créateur, et ils fonctionnent toujours en fidèle conformité avec le concept volitif qui leur a donné naissance. Mais la raison d'être d'un mécanisme quelconque se trouve dans son origine, et non dans sa fonction.

118:9.6 Il ne faudrait pas penser que ces mécanismes limitent l'action de la Déité. La vérité est bien plutôt que, par ces mécanismes eux-mêmes, la Déité est parvenue à une phase d'expression éternelle. Les mécanismes fondamentaux de l'univers sont venus à l'existence en réponse à la volonté absolue de la Source-Centre Première ; ils fonctionneront donc éternellement en parfaite harmonie avec le plan de l'Infini ; ils sont en vérité les archétypes non volitifs de ce plan lui-même.

118:9.7 Nous comprenons quelque peu comment le mécanisme du Paradis est en corrélation avec la personnalité du Fils Éternel, c'est la fonction de l'Acteur Conjoint. Et nous avons des théories sur les opérations de l'Absolu Universel concernant les mécanismes théoriques du Non qualifié et la personne potentielle de l'Absolu de Déité. Quant aux Déités évoluantes du Suprême et de l'Ultime, nous constatons que certaines de leurs phases impersonnelles s'unissent actuellement avec leurs contreparties volitives, et qu'en conséquence, une nouvelle relation se dessine entre l'archétype et la personne.

118:9.8 Dans l'éternité du passé, le Père et le Fils trouvèrent l'union dans l'unité d'expression de l'Esprit Infini. Si, dans l'éternité du futur, les Fils Créateurs et les Esprits Créatifs des univers locaux du temps et de l'espace devaient parvenir à une union créative dans les royaumes de l'espace extérieur, on peut se demander ce que créerait leur unité comme expression conjuguée de leurs divines natures ? Il se pourrait bien que nous assistions à une manifestation non encore révélée de la Déité Ultime, à l'apparition d'un nouveau type de superadministrateurs. Ces êtres engloberaient des prérogatives de personnalité uniques, puisqu'ils seraient l'union du Créateur personnel, de l'Esprit Créatif impersonnel, de l'expérience des créatures mortelles et de la personnalisation progressive de la Divine Ministre. Ces êtres pourraient être ultimes, en ce sens qu'ils engloberaient la réalité personnelle et impersonnelle tout en conjuguant les expériences du Créateur et des créatures. Quels que soient les attributs de ces tierces personnes, de ces trinités fonctionnelles hypothétiques des créations de l'espace extérieur, elles entretiendraient, avec leurs Pères Créateurs et leurs Mères Créatives, certaines relations analogues à celles que l'Esprit Infini entretient avec le Père Universel et le Fils Éternel.

118:9.9 Dieu le Suprême est la personnalisation de toute l'expérience de l'univers, la focalisation de toute l'évolution finie, la réalité de toutes les créatures portée au maximum, la consommation de la sagesse cosmique, l'incorporation des harmonieuses beautés des galaxies du temps, la vérité des significations du mental cosmique et la bonté des valeurs spirituelles suprêmes. Dans l'éternel futur, Dieu le Suprême synthétisera ces multiples diversités finies en un ensemble expérientiel significatif, de même qu'elles sont déjà unies existentiellement sur les niveaux absolus de la Trinité du Paradis.

118.10  Les Fonctions de la Providence

118:10.1 La providence ne signifie pas que Dieu ait décidé toutes choses pour nous et d'avance. Dieu nous aime trop pour faire cela, car ce ne serait rien de moins qu'une tyrannie cosmique. L'homme a, en vérité, des pouvoirs relatifs de choix. L'amour divin n'est pas non plus cette sorte d'affection à courte vue qui dorloterait et gâterait les enfants des hommes.

118:10.2 Le Père, le Fils et l'Esprit - en tant que Trinité - ne sont pas le Tout-Puissant Suprême, mais la suprématie du Tout-Puissant ne peut jamais se manifester sans eux. La croissance du Tout-Puissant est centrée sur les Absolus d'actualité et fondée sur les Absolus de potentialité, mais les fonctions du Tout-Puissant Suprême sont reliées aux fonctions de la Trinité du Paradis.

118:10.3 Il semblerait que, chez l'Être Suprême, toutes les phases d'activité de l'univers soient partiellement réunies par la personnalité de cette Déité expérientielle. En conséquence, si nous désirons envisager la Trinité comme un seul Dieu, et si nous limitons ce concept au présent grand univers connu et organisé, nous découvrons que l'Être Suprême en évolution est la réplique partielle de la Trinité du Paradis. Et nous voyons ensuite que cette Déité Suprême évolue en tant que synthèse de personnalité de la matière, du mental et de l'esprit finis dans le grand univers.

118:10.4 Les Dieux ont des attributs, mais la Trinité a des fonctions et, à l'instar de la Trinité, la providence est une fonction, le composé du supercontrôle autre-que-personnel de l'univers des univers. Elle s'étend depuis les niveaux évolutionnaires du Septuple, qui se synthétisent dans le pouvoir du Tout-Puissant, et s'élève au delà, à travers les royaumes transcendantaux de l'Ultimité de la Déité.

118:10.5 Dieu aime chaque créature comme un enfant, et son amour couvre de son ombre chaque créature dans le temps et dans l'éternité. La providence fonctionne en considération du total et s'occupe de la fonction de chaque créature dans la mesure où cette fonction est reliée au total. Quand la providence intervient auprès d'un être, cela dénote l'importance de la fonction de cet être en ce qui concerne la croissance évolutionnaire d'un ensemble donné. Cet ensemble peut être la race totale, la nation totale, la planète totale ou même un total plus élevé. C'est l'importance de la fonction de la créature qui occasionne une intervention providentielle, et non l'importance de la créature en tant que personne.

118:10.6 Néanmoins, le Père, en tant que personne, peut à tout moment interposer une main paternelle dans le courant des évènements cosmiques qui se déroulent selon la volonté de Dieu, en harmonie avec la sagesse de Dieu, et qui sont motivés par l'amour de Dieu.

118:10.7 Toutefois ce que l'homme appelle la providence est trop souvent le produit de sa propre imagination, la juxtaposition fortuite de circonstances dues au hasard. Il existe néanmoins, dans le domaine fini de l'existence universelle, une providence réelle et émergente, une véritable corrélation, en cours d'actualisation, des énergies de l'espace, des mouvements du temps, des pensées de l'intellect, des idéaux du caractère, des désirs des natures spirituelles et des actes volitifs intentionnels des personnalités évoluantes. Les circonstances des royaumes matériels trouvent leur intégration finie définitive dans les présences imbriquées du Suprême et de l'Ultime.

118:10.8 Il est de plus en plus possible de discerner la providence à mesure que les mécanismes du grand univers se perfectionnent jusqu'à un point de précision finale par le supercontrôle du mental, à mesure que le mental des créatures s'élève à la perfection de l'aboutissement à la divinité par une intégration devenue parfaite avec l'esprit, et en conséquence à mesure que le Suprême émerge comme un unificateur actuel de tous ces phénomènes de l'univers.

118:10.9 Certaines des conditions étonnamment fortuites, prévalant occasionnellement sur les mondes évolutionnaires, peuvent être dues à la présence, graduellement émergente, du Suprême ; l'avant-gout de ses futures activités universelles. La plupart des évènements que les mortels appellent providentiels ne le sont pas ; le jugement humain en ces matières est fortement handicapé par un manque de vision pénétrant les vraies significations des circonstances de la vie. Bien des circonstances qu'un homme appellerait bonnes chances peuvent en réalité être des malchances. Le sourire de la fortune, qui donne des loisirs non gagnés et des richesses imméritées, peut se révéler la plus grande des afflictions humaines. La cruauté apparente d'un destin pervers, qui accumule les tribulations sur quelque malheureux mortel, peut en réalité être le feu qui, lors de la trempe, transmue le fer doux de la personnalité immature en l'acier trempé d'un vrai caractère.

118:10.10 Il existe une providence dans les univers en évolution, et les créatures peuvent la découvrir exactement dans la mesure où elles ont atteint la capacité de percevoir le dessein de ces univers en évolution. La capacité complète de discerner les buts de l'univers équivaut au parachèvement évolutionnaire de la créature ; en d'autres termes, on peut dire qu'elle a, alors, atteint le Suprême dans les limites du présent état des univers incomplets.

118:10.11 L'amour du Père agit directement dans le coeur de l'individu, indépendamment des actions et réactions de tous les autres individus. La relation est personnelle - homme et Dieu. La présence impersonnelle de la Déité (Tout-Puissant Suprême et Trinité du Paradis) manifeste de la considération pour le tout, mais non pour la partie. La providence du supercontrôle de la Suprématie devient de plus en plus apparente à mesure que les fragments successifs de l'univers progressent dans la réalisation de leurs destinées finies. À mesure que les systèmes, constellations, univers et superunivers s'ancrent dans la lumière et la vie, le Suprême émerge de plus en plus comme corrélateur significatif de tout ce qui se passe, tandis que l'Ultime émerge graduellement comme unificateur transcendantal de toutes choses.

118:10.12 Au commencement, sur un monde évolutionnaire, les évènements naturels d'ordre matériel et les désirs personnels des êtres humains paraissent souvent contradictoires. Bien des faits qui se passent sur un monde en évolution sont plutôt difficiles à comprendre pour les mortels - la loi de la nature paraît si souvent cruelle, impitoyable et indifférente à tout ce qui est vrai, beau et bon pour la compréhension humaine. Mais, à mesure que l'humanité poursuit son développement planétaire, nous constatons que ce point de vue est modifié par les facteurs suivants :

118:10.13 1. L'élargissement de la vision de l'homme sa meilleure compréhension du monde dans lequel il vit, sa capacité accrue à comprendre les faits matériels du temps, les idées significatives de la pensée et les idéaux valables de la clairvoyance spirituelle. Tant que les hommes ne prennent, pour étalon de mesure, que des objets de nature physique, ils n'ont aucune chance de trouver l'unité dans le temps et l'espace.

118:10.14 2. L'accroissement de la maitrise de l'homme l'accumulation graduelle de la connaissance des lois du monde matériel, des buts de l'existence spirituelle et des possibilités de coordonner ces deux réalités par la philosophie. L'homme sauvage était impuissant devant les massacres causés par les forces naturelles, servile devant la domination cruelle de ses propres peurs intérieures. L'homme à demi civilisé commence à ouvrir les réserves de secrets des royaumes naturels, et sa science détruit, lentement mais sûrement, ses superstitions, tout en lui procurant une nouvelle base factuelle élargie pour comprendre les significations de la philosophie et les valeurs de la véritable expérience spirituelle. L'homme civilisé atteindra, un jour, la maitrise relative des forces physiques de sa planète ; l'amour de Dieu qu'il porte dans son coeur se répandra effectivement comme amour du prochain, tandis que les valeurs de l'existence humaine s'approcheront de la limite des capacités des mortels.

118:10.15 3. L'intégration de l'homme dans l'univers l'accroissement de la perspicacité de l'homme et de ses accomplissements expérientiels l'amène à une harmonie plus étroite avec les présences unifiantes de la Suprématie - la Trinité du Paradis et l'Être Suprême. Et c'est cela qui établit la souveraineté du Suprême sur les mondes ancrés depuis longtemps dans la lumière et la vie. Ces planètes évoluées sont, en vérité, des poèmes d'harmonie, des images de beauté et de bonté accomplie atteinte par la poursuite de la vérité cosmique. Et si ces choses peuvent arriver à une planète, alors de plus grandes peuvent advenir à un système et aux plus vastes unités du grand univers à mesure qu'elles aussi parviennent à une stabilité dénotant que leur potentiel de croissance finie est épuisé.

118:10.16 Sur une planète de cet ordre avancé, la providence est devenue une actualité. Les circonstances de la vie y sont harmonisées, non seulement parce que l'homme a réussi à dominer les problèmes matériels de son monde, mais aussi parce qu'il a commencé à vivre conformément à la tendance des univers. Il suit le sentier de Suprématie qui aboutit au Père Universel.

118:10.17 Le royaume de Dieu est dans le coeur des hommes, et, quand ce royaume devient actuel dans le coeur de chaque individu d'un monde, alors la loi de Dieu est devenue actuelle sur cette planète ; et ceci est l'accès de l'Être Suprême à la souveraineté.

118:10.18 Pour réaliser l'action de la providence dans le temps, il faut que l'homme accomplisse sa tâche, qui est d'atteindre la perfection. Mais l'homme peut déjà avoir l'avant-gout de cette providence dans ses significations éternelles en méditant sur le fait universel que toutes choses, bonnes ou mauvaises, concourent à faire progresser les humains connaissant Dieu dans leur recherche du Père de tous.

118:10.19 La providence se discerne de mieux en mieux à mesure que les hommes s'élèvent du matériel au spirituel. L'acquisition d'une clairvoyance spirituelle parachevée permet à la personnalité ascendante de détecter l'harmonie dans ce qui était auparavant un chaos. Même la mota morontielle représente un réel progrès dans cette direction.

118:10.20 La providence est en partie le supercontrôle du Suprême inachevé, manifesté dans les univers inachevés. Elle restera donc toujours :

118:10.21 1. Partielle, parce que l'actualisation de l'Être Suprême est incomplète, et

118:10.22 2. Imprévisible, à cause des fluctuations dans l'attitude des créatures, qui varie constamment de niveau en niveau en causant une réaction réciproque apparemment variable chez le Suprême.

118:10.23 Quand les hommes prient pour que la providence interviennent dans les circonstances de leur vie, la réponse à leurs prières est bien souvent leur propre changement d'attitude envers la vie. Mais la providence n'est pas capricieuse ; elle n'est pas non plus fantastique ni magique. Elle représente l'émergence lente et sûre du puissant souverain des univers finis, dont les créatures évoluantes détectent occasionnellement la majestueuse présence au cours de leurs progrès dans l'univers. La providence est la marche sûre et certaine des galaxies de l'espace et des personnalités du temps vers les buts de l'éternité, d'abord dans le Suprême, ensuite dans l'Ultime et peut-être dans l'Absolu. Nous croyons que la même providence existe dans l'infinité et qu'elle est la volonté, les actions et le dessein de la Trinité du Paradis, qui motive ainsi l'apparition de myriades d'univers dans le panorama cosmique.

118:10.24 [Parrainé par un Puissant Messager en séjour temporaire sur Urantia.]

119. Les Effusions du Christ Micaël

119:0.1 CHEF des Étoiles du Soir de Nébadon, je suis affecté à Urantia par Gabriel avec la mission de révéler l'histoire des sept effusions de Micaël de Nébadon, Souverain de cet univers ; mon nom est Gavalia. Au cours de cette présentation, je m'en tiendrai strictement aux limitations imposées par mon mandat.

119:0.2 L'attribut d'effusion est inhérent aux Fils Paradisiaques du Père Universel. Dans leur désir d'approcher de près les expériences de la vie des créatures qui leur sont subordonnées, les Fils Paradisiaques des divers ordres reflètent la nature divine de leurs parents du Paradis. Le Fils Éternel de la Trinité du Paradis a montré la voie dans cette pratique en s'effusant sept fois, sur les sept circuits de Havona, à l'époque de l'ascension de Grandfanda et des premiers pèlerins du temps et de l'espace. Et le Fils Éternel continue à s'effuser sur les univers locaux de l'espace en la personne de ses représentants, les Fils Micaël et les Fils Avonals.

119:0.3 Quand le Fils Éternel effuse un Fils Créateur sur un univers local projeté, ce Fils Créateur assume la pleine responsabilité de parachever, de contrôler et de maitriser ce nouvel univers ; il fait également, à la Trinité éternelle, le serment solennel de ne pas assumer la pleine souveraineté de la nouvelle création avant que ses sept effusions sous forme de créatures n'aient été achevées avec succès et confirmées par les Anciens des Jours ayant juridiction sur le superunivers intéressé. Cette obligation est assumée par chaque Fils Micaël qui se porte volontaire pour sortir du Paradis et entreprendre la création et l'organisation d'un univers.

119:0.4 Le but de ces incarnations sous forme de créatures est de permettre à ces Créateurs de devenir des souverains sages, compatissants, justes et compréhensifs. Ces Fils divins sont naturellement justes, mais ils deviennent d'une bienveillance miséricordieuse à la suite de ces expériences successives d'effusion. Ils sont naturellement miséricordieux, mais ces expériences les font devenir encore plus miséricordieux et d'une nouvelle manière. Ces effusions sont les dernières étapes de leur éducation et de leur formation pour la tâche sublime de gouverner les univers locaux dans la divine droiture et par un juste jugement.

119:0.5 Bien que ces effusions apportent de nombreux avantages accessoires aux divers mondes, systèmes et constellations, ainsi qu'aux différents ordres d'intelligences universelles qu'elles touchent et qu'elles améliorent, leur destination primordiale reste néanmoins de parachever la formation personnelle et l'éducation universelle d'un Fils Créateur lui-même. Ces effusions ne sont pas indispensables pour diriger un univers local d'une manière sage, juste et efficace, mais elles sont absolument nécessaires pour savoir administrer d'une manière équitable, miséricordieuse et compréhensive cette création qui fourmille de formes de vie variées et de myriades de créatures intelligentes, mais imparfaites.

119:0.6 Les Fils Micaël commencent leur oeuvre d'organisation d'un univers avec une juste et complète sympathie pour les divers ordres d'êtres qu'ils ont créés. Ils ont de vastes réserves de miséricorde pour toutes ces créatures différentes, et même de la pitié pour celles qui s'égarent et s'enlisent dans le bourbier d'égoïsme qu'elles ont elles-mêmes produit. Mais les Anciens des Jours estiment que ces dons de justice et de droiture ne suffisent pas. Ces dirigeants trins des superunivers ne confirmeront jamais un Fils Créateur comme Souverain d'un univers avant qu'il n'ait réellement acquis le point de vue de ses propres créatures par une expérience effective dans l'environnement où elles ont leur existence et de la même façon que ces créatures elles-mêmes. De cette manière, ces Fils deviennent des chefs avisés et compréhensifs ; ils parviennent à connaître les divers groupes sur lesquels ils règnent et exercent une autorité universelle. Par une expérience vivante, ils acquièrent une miséricorde pratique, un jugement équitable et la patience née de l'existence d'une créature expérientielle.

119:0.7 L'univers local de Nébadon est maintenant gouverné par un Fils Créateur qui a parachevé son service d'effusions. Il règne avec une juste et miséricordieuse suprématie sur tous les vastes royaumes de son univers en voie d'évolution et de perfectionnement. Micaël de Nébadon est la 611.121e effusion du Fils Éternel sur les univers du temps et de l'espace, et il a commencé l'organisation de votre univers local il y a environ quatre-cent-milliards d'années. Micaël s'est préparé à sa première aventure d'effusion à peu près à l'époque où Urantia prenait sa forme actuelle, il y a un milliard d'années. Ses effusions ont eu lieu à des intervalles d'environ cent-cinquante-millions d'années, la dernière prenant place sur Urantia il y a dix-neuf-cents ans. Je vais maintenant décrire la nature et le caractère de ces effusions aussi complètement que mon mandat me le permet.

119.1  La Première Effusion

119:1.1 Ce fut un évènement solennel sur Salvington, il y a presque un milliard d'années, quand l'assemblée des directeurs et des chefs de l'univers de Nébadon entendit Micaël annoncer que son frère ainé Emmanuel assumerait bientôt l'autorité dans Nébadon, tandis que lui (Micaël) s'absenterait pour une mission inexpliquée. Nulle autre proclamation ne fut faite au sujet de cette opération, sauf dans le message d'adieu télédiffusé aux Pères des Constellations, qui disait entre autres instructions : « Pendant cette période, je vous place sous la garde et les soins d'Emmanuel, tandis que je vais exécuter le commandement de mon Père du Paradis. »

119:1.2 Après avoir ainsi transmis ses adieux, Micaël apparut sur l'aire de départ de Salvington, exactement comme en bien des occasions antérieures où il s'était préparé à partir pour Uversa ou pour le Paradis, mais cette fois il y vint seul. Il termina son allocution de départ par les paroles suivantes : « Je vous quitte seulement pour une courte période. Je sais que beaucoup d'entre vous souhaiteraient m'accompagner, mais vous ne pouvez venir là où je vais. Vous ne pouvez accomplir ce que je suis sur le point d'accomplir. Je pars faire la volonté des Déités du Paradis et, quand j'aurai terminé ma mission et acquis cette expérience, je reprendrai ma place parmi vous. » Ayant ainsi parlé, Micaël de Nébadon disparut de la vue de tous ceux qui étaient rassemblés et ne réapparut pas pendant vingt années du temps standard. Dans tout Salvington, seuls Emmanuel et la Divine Ministre savaient ce qui se passait, et l'Union des Jours ne partagea son secret qu'avec le chef exécutif de l'univers, Gabriel, la Radieuse Étoile du Matin.

119:1.3 Tous les habitants de Salvington et ceux qui demeuraient sur les mondes-sièges des constellations et des systèmes se réunirent autour de leurs stations réceptrices respectives de renseignements universels, espérant recevoir une indication sur la mission et le lieu de séjour du Fils Créateur. Ils ne reçurent pas de message significatif avant le troisième jour qui suivit le départ de Micaël. Ce jour-là, on enregistra sur Salvington, en provenance de la sphère Melchizédek, siège de cet ordre dans Nébadon, une communication décrivant simplement l'opération suivante, extraordinaire et sans précédent : « Aujourd'hui, à midi, est apparu, sur l'aire d'atterrissage de ce monde, un étrange Fils Melchizédek qui n'est pas de notre nombre, mais qui est entièrement semblable aux membres de notre ordre. Il était accompagné d'un omniaphin solitaire, titulaire d'une procuration régulière d'Uversa, qui présenta des instructions adressées à notre chef de la part des Anciens des Jours avec l'accord d'Emmanuel de Salvington. Elles ordonnaient que ce nouveau Fils Melchizédek fût reçu dans notre ordre et affecté au service de secours d'urgence des Melchizédeks de Nébadon. Les instructions ont été données en conséquence et la chose est faite. »

119:1.4 C'est à peu près tout ce qui se trouve dans les archives de Salvington au sujet de la première effusion de Micaël. Rien n'y apparaît plus pendant un siècle du temps d'Urantia, après quoi est inscrit le fait du retour de Micaël reprenant, sans l'annoncer, la direction des affaires de Nébadon. On peut toutefois trouver sur le monde Melchizédek une étrange inscription, un récit du service de cet exceptionnel Fils Melchizédek du corps de secours d'urgence de cet âge. Ce rapport est conservé dans un modeste temple situé présentement à l'avant de la façade de la demeure du Père Melchizédek. Elle comprend la narration des services de ce Fils Melchizédek transitoire durant son affectation à vingt-quatre missions d'urgence dans l'univers. Ce rapport, que j'ai relu tout récemment, se termine comme suit :

119:1.5 « Aujourd'hui, à midi, sans avertissement préalable et en présence seulement de trois de nos frères, ce Fils visiteur de notre ordre a disparu de notre monde comme il était venu, accompagné simplement d'un omniaphin solitaire. Ce rapport se termine maintenant par la confirmation que ce visiteur a vécu comme un Melchizédek, semblable à un Melchizédek, il a travaillé comme un Melchizédek et fidèlement accompli toutes ses missions en tant que Fils de notre ordre affecté aux secours d'urgence. Par consentement universel, il est devenu chef des Melchizédeks parce qu'il a gagné notre amour et notre adoration par sa sagesse incomparable, son amour suprême et sa splendide consécration à ses devoirs. Il nous a aimés, il nous a compris, il a servi avec nous et nous sommes pour toujours ses loyaux et dévoués compagnons Melchizédeks, car cet étranger sur notre monde est maintenant devenu, pour l'éternité, un ministre universel de nature Melchizédek. »

119:1.6 C'est tout ce qu'il m'est permis de vous raconter sur la première effusion de Micaël. Bien entendu, nous comprenons pleinement que l'étrange Melchizédek qui, si mystérieusement, servit avec les Melchizédeks, il y a un milliard d'années, n'était autre que Micaël incarné pendant la mission de sa première effusion. Les archives ne spécifient pas que cet unique et efficace Melchizédek était Micaël, mais on croit universellement qu'il l'était. Il est peu probable que l'affirmation concrète de ce fait puisse se trouver en dehors des archives de Sonarington, et nous n'avons pas accès aux documents de ce monde secret. C'est seulement sur ce monde sacré des Fils divins que l'on connaît entièrement les mystères de l'incarnation et de l'effusion. Nous connaissons tous les faits des effusions de Micaël, mais nous ne comprenons pas comment ils se sont produits. Nous ne savons pas comment le chef d'un univers, le créateur des Melchizédeks, peut si soudainement et si mystérieusement devenir l'un d'eux, vivre parmi eux comme tel et travailler pendant cent ans comme un Fils Melchizédek. Cependant, c'est ce qui est arrivé.

119.2  La Seconde Effusion

119:2.1 Durant près de cent-cinquante-millions d'années après l'effusion Melchizédek de Micaël, tout alla bien dans l'univers de Nébadon, puis des troubles commencèrent à poindre dans le système 11 de la constellation 37. Ces troubles étaient liés à un malentendu avec un Fils Lanonandek, un Souverain Systémique qui avait été jugé par les Pères de la Constellation avec approbation du Fidèle des Jours, conseiller du Paradis pour cette constellation. Le Souverain Systémique protestataire n'avait pas entièrement accepté le verdict. Après plus de cent ans de mécontentement, il entraîna ses associés dans une rébellion contre la souveraineté du Fils Créateur. Cette rébellion compta parmi les plus étendues et les plus désastreuses qui aient jamais été suscitées dans l'univers de Nébadon ; elle est jugée et terminée depuis longtemps par l'action des Anciens des Jours d'Uversa.

119:2.2 Lutentia, ce Souverain Systémique rebelle, régna autocratiquement sur la planète de son quartier général pendant plus de vingt années du temps standard de Nébadon. Après cela, les Très Hauts, avec l'approbation d'Uversa, ordonnèrent sa mise à l'écart et prièrent les dirigeants de Salvington de désigner un nouveau Souverain Systémique pour prendre en charge ce système de mondes habités troublé et déchiré de conflits.

119:2.3 En même temps que cette requête était reçue sur Salvington, Micaël lança la seconde de ces extraordinaires proclamations d'intention de s'absenter du siège de l'univers dans le but « d'exécuter le commandement de mon Père du Paradis » . Il promit de « revenir au moment approprié » et concentra toute l'autorité entre les mains de son frère du Paradis, Emmanuel, l'Union des Jours.

119:2.4 Ensuite, par la même technique observée au moment de son départ pour l'effusion Melchizédek, Micaël prit de nouveau congé de la sphère de son quartier général. Trois jours après ce congé inexpliqué, un nouveau membre inconnu apparut dans le corps de réserve des Fils Lanonandeks primaires de Nébadon. Ce nouveau Fils apparut à midi, sans avoir été annoncé, et accompagné d'un tertiaphin solitaire titulaire d'une procuration régulière des Anciens des Jours d'Uversa, confirmée par Emmanuel de Salvington, et ordonnant que ce nouveau Fils fût affecté au système 11 de la constellation 37 comme successeur de Lutentia détrôné, et avec pleine autorité en tant que Souverain Systémique en exercice, en attendant la nomination d'un nouveau souverain en titre.

119:2.5 Pendant plus de dix-sept ans du temps universel, ce chef temporaire étrange et inconnu administra les affaires et jugea sagement les différends de ce système local troublé et démoralisé. Nul Souverain Systémique ne fut jamais plus ardemment aimé ni aussi généralement honoré et respecté. Le nouveau chef mit de l'ordre avec justice et miséricorde dans ce système turbulent, tout en apportant assidument son ministère à tous ses sujets. Il offrit même, à son prédécesseur rebelle, le privilège de partager le trône d'autorité s'il voulait seulement faire des excuses à Emmanuel pour ses incartades, mais Lutentia dédaigna ces offres de miséricorde. Il savait bien que l'étrange et nouveau Souverain Systémique n'était autre que Micaël, précisément le chef universel qu'il avait si récemment défié. Par contre, des millions de ses partisans égarés et trompés acceptèrent le pardon de ce nouveau chef, connu à cette époque sous le nom de Souverain Sauveur du système de Palonia.

119:2.6 Vint alors le jour mémorable où arriva le nouveau Souverain Systémique attitré, désigné par les autorités de l'univers comme successeur permanent de Lutentia détrôné. Tout Palonia pleura le départ du chef systémique le plus noble et le plus bienveillant que Nébadon eût jamais connu. Il était aimé dans tout le système et adoré par ses compagnons de tous les groupes de Fils Lanonandeks. Son départ n'eut pas lieu brusquement. Une grande cérémonie fut organisée lorsqu'il quitta le quartier général systémique. Même son prédécesseur égaré lui envoya le message suivant : « Tu es juste et droit dans toutes tes voies. Bien que je continue à rejeter la règle du Paradis, je suis forcé d'avouer que tu es un administrateur équitable et miséricordieux. »

119:2.7 Alors, ce chef temporaire du système rebelle prit congé de la planète de son bref séjour administratif. Trois jours après, Micaël réapparaissait sur Salvington et reprenait la direction de l'univers de Nébadon. La troisième proclamation d'Uversa ne tarda pas à suivre pour annoncer l'extension juridictionnelle de l'autorité et de la souveraineté de Micaël. La première proclamation avait été faite au moment de son arrivée dans Nébadon, la seconde avait été publiée peu après le parachèvement de l'effusion Melchizédek et celle-ci suivait la fin de la seconde effusion, ou mission Lanonandek.

119.3  La Troisième Effusion

119:3.1 Le Conseil suprême de Salvington venait d'achever l'étude d'un appel des Porteurs de Vie de la planète 217 dans le système 87 de la constellation 61, demandant que l'on envoie à leur aide un Fils Matériel. Or cette planète était située dans un système de mondes habités où un autre Souverain Systémique s'était égaré, la seconde rébellion de cet ordre survenue jusque-là dans tout Nébadon.

119:3.2 À la demande de Micaël, on garda en suspens la requête des Porteurs de Vie de cette planète en attendant qu'Emmanuel puisse l'étudier et donner son avis. C'était une procédure irrégulière, et je me rappelle bien que nous escomptions quelque chose d'insolite. Nous n'eûmes pas longtemps à attendre. Micaël remit la direction de l'univers entre les mains d'Emmanuel, tandis qu'il confiait le commandement des forces célestes à Gabriel. Ayant ainsi disposé de ses responsabilités administratives, il prit congé de l'Esprit Mère de l'Univers et disparut de l'aire de départ de Salvington exactement comme il l'avait fait en deux occasions antérieures.

119:3.3 Comme on pouvait s'y attendre, un étrange Fils Matériel apparut trois jours après, sans avoir été annoncé, sur le monde-siège du système 87 dans la constellation 61. Il était accompagné d'un seconaphin solitaire, accrédité par les Anciens des Jours d'Uversa et confirmé par Emmanuel de Salvington. Le Souverain Systémique en exercice nomma immédiatement ce nouveau et mystérieux Fils Matériel comme faisant fonction de Prince Planétaire du monde 217, et cette désignation fut aussitôt confirmée par les Très Hauts de la constellation 61.

119:3.4 C'est ainsi que ce Fils Matériel unique commença sa carrière difficile sur un monde en quarantaine, sur une planète en sécession et en rébellion située dans un système encerclé, sans aucune communication avec l'univers extérieur ; il travailla seul pendant une génération entière du temps planétaire. Ce Fils Matériel du service de secours amena au repentir et fit revenir dans la bonne voie le Prince Planétaire défaillant et tout son état-major, et fut témoin du retour de la planète au service loyal de la règle du Paradis telle qu'elle est établie dans les univers locaux. Au moment approprié, un Fils et une Fille Matériels arrivèrent sur ce monde rajeuni et racheté. Quand ils furent dument installés comme chefs planétaires visibles, le Prince Planétaire d'urgence ou de transition prit officiellement congé et disparut, un jour, à midi. Trois jours plus tard, Micaël réapparaissait à sa place accoutumée sur Salvington, et bientôt les télédiffusions du superunivers transmirent la quatrième proclamation des Anciens des Jours annonçant une nouvelle promotion de la souveraineté de Micaël dans Nébadon.

119:3.5 Je regrette de ne pas être autorisé à raconter la patience, la force d'âme et l'habileté avec lesquelles ce Fils Matériel fit face aux situations éprouvantes sur cette planète perturbée. La réhabilitation de ce monde isolé constitue l'un des chapitres les plus magnifiques et les plus touchants des annales du salut de tout Nébadon. Vers la fin de cette mission, tous les habitants de Nébadon avaient compris pourquoi leur chef bien-aimé avait choisi de se lancer dans ces effusions répétées en prenant la similitude de quelque ordre subordonné d'êtres intelligents.

119:3.6 Les effusions de Micaël comme Fils Melchizédek, puis comme Fils Lanonandek et ensuite comme Fils Matériel sont toutes également mystérieuses et inexplicables. Dans chaque cas, il apparut soudainement comme un individu pleinement développé du groupe de l'effusion. Le mystère de ces incarnations ne sera jamais connu, sauf de ceux qui ont accès au cercle intérieur des archives sur la sphère sacrée de Sonarington.

119:3.7 Depuis cette merveilleuse effusion comme Prince Planétaire d'un monde isolé en rébellion, jamais aucun des Fils ou Filles Matériels de Nébadon n'a été tenté de se plaindre de son affectation ou de trouver à redire aux difficultés de sa mission planétaire. Les Fils Matériels savent une fois pour toutes qu'ils ont, dans le Fils Créateur de leur univers, un souverain compréhensif et un ami compatissant, qui a « été en tous points tenté et éprouvé » comme eux-mêmes doivent aussi être tentés et éprouvés.

119:3.8 Chacune de ces missions fut suivie d'une ère de service et de loyauté accrus parmi les intelligences célestes originaires de l'univers ; chacun des âges successifs d'effusion fut caractérisé par un progrès et une amélioration dans toutes les méthodes d'administration de cet univers et dans toutes les techniques de gouvernement. Depuis cette effusion en question, aucun des Fils ou Filles Matériels n'a jamais participé en connaissance de cause à une rébellion contre Micaël ; ils l'aiment et l'honorent avec trop de dévotion pour jamais le rejeter consciemment. C'est seulement par des tromperies et des sophismes que des Adams des temps récents ont été égarés par des personnalités rebelles de type supérieur.

119.4  La Quatrième Effusion

119:4.1 Ce fut à la fin d'un des périodiques appels nominaux millénaires d'Uversa que Micaël s'occupa de remettre le gouvernement de Nébadon entre les mains d'Emmanuel et de Gabriel. Bien entendu, nous nous rappelions ce qui était arrivé dans le passé à la suite d'une telle initiative. Nous nous préparâmes tous à assister à la disparition de Micaël pour sa quatrième mission d'effusion, et il ne nous fit pas attendre longtemps, car il ne tarda pas à se rendre à l'aire de départ de Salvington où nous le perdîmes de vue.

119:4.2 Le troisième jour après cette disparition en vue d'une effusion, nous remarquâmes, dans les télédiffusions universelles destinées à Uversa, cette nouvelle significative émanant du quartier général séraphique de Nébadon : « Nous rendons compte de l'arrivée imprévue d'un séraphin inconnu accompagné d'un supernaphin solitaire et de Gabriel de Salvington. Ce séraphin non enregistré possède les qualificatifs de l'ordre de Nébadon et porte des lettres de créance des Anciens des Jours d'Uversa, confirmées par Emmanuel de Salvington. Il se révèle que ce séraphin appartient à l'ordre suprême des anges d'un univers local, et nous l'avons déjà affecté au corps des conseillers d'Enseignement. »

119:4.3 Pour cette effusion séraphique, Micaël fut absent de Salvington pendant une période de plus de quarante années du temps standard de l'univers. Durant cet intervalle, il fut attaché comme conseiller d'Enseignement séraphique, une sorte de poste de secrétaire particulier, à vingt-six maitres instructeurs successifs, et travailla sur vingt-deux mondes différents. Son affectation finale fut celle de conseiller et d'assistant attaché à la mission d'effusion d'un Fils Instructeur de la Trinité sur le monde 462 du système 84 de la constellation 3 dans l'univers de Nébadon.

119:4.4 Durant les sept années de cette affectation, ce Fils Instructeur de la Trinité ne fut jamais tout à fait persuadé de l'identité de son associé séraphique. Il est vrai que, durant cette période, tous les séraphins furent considérés avec un intérêt et un soin particuliers. Nous savions parfaitement que notre Souverain bien-aimé était au loin dans l'univers, sous la forme d'un séraphin, mais nous ne pûmes jamais être certains de son identité. Il ne fut jamais identifié positivement avant l'époque de son attachement à la mission d'effusion de ce Fils Instructeur de la Trinité. Au cours de cette période, les séraphins suprêmes furent toujours traités avec une sollicitude spéciale, de crainte que l'un de nous ne découvre qu'à son insu, il avait été l'hôte recevant le Souverain de l'univers en mission d'effusion sous forme d'une créature. En ce qui concerne les anges, il est donc devenu éternellement vrai que leur Créateur et Chef a été « en tous points tenté et éprouvé dans la similitude d'une personnalité séraphique » .

119:4.5 À mesure que ces effusions successives participèrent davantage de la nature des formes inférieures de la vie universelle, Gabriel fut de plus en plus associé à ces aventures d'incarnation, opérant comme agent de liaison universel entre Micaël en effusion et Emmanuel, chef intérimaire de l'univers.

119:4.6 Micaël a maintenant passé par l'expérience d'effusion de trois ordres des Fils universels qu'il avait créés : les Melchizédeks, les Lanonandeks et les Fils Matériels. Ensuite, il condescend à se personnaliser dans la similitude de la vie angélique sous l'aspect d'un séraphin suprême, avant de tourner son attention vers les diverses phases des carrières ascendantes de ses créatures volitives de la forme la plus humble, les mortels évolutionnaires du temps et de l'espace.

119.5  La Cinquième Effusion

119:5.1 Il y a un peu plus de trois-cent-millions d'années à la manière dont on compte le temps sur Urantia, nous fûmes témoins d'un nouveau transfert d'autorité sur l'univers à Emmanuel, et nous observâmes les préparatifs de départ de Micaël. Cette occasion fut différente des précédentes, en ce sens que Micaël annonça que sa destination était Uversa, siège du superunivers d'Orvonton. Notre Souverain partit en temps voulu, mais les télédiffusions du superunivers ne mentionnèrent jamais son arrivée auprès de la cour des Anciens des Jours. Peu après son départ de Salvington, les télédiffusions d'Uversa firent paraître ce compte rendu significatif : « Il est arrivé aujourd'hui, sans annonce préalable ni numéro d'identité, un pèlerin ascendant d'origine mortelle venant de l'univers de Nébadon, confirmé par Emmanuel de Salvington et accompagné de Gabriel de Nébadon. Cet être non identifié présente le statut d'un véritable esprit et il a été reçu dans notre communauté. »

119:5.2 Si vous visitiez Uversa aujourd'hui, vous y entendriez raconter l'histoire du temps où Éventod y séjourna, car c'est sous ce nom que fut connu, sur Uversa, ce pèlerin spécial et inconnu du temps et de l'espace. Cet ascendeur mortel, ou du moins une splendide personnalité exactement semblable aux ascendeurs du stade spirituel, vécut et travailla sur Uversa pendant onze années du temps standard d'Orvonton. Cet être reçut les affectations et accomplit les tâches d'un être mortel spirituel, en commun avec ses semblables des divers univers locaux d'Orvonton. En « tous points il fut tenté et éprouvé, de même que ses compagnons » , et, dans toutes les circonstances, il se montra digne de la confiance de ses supérieurs et immanquablement força le respect et l'admiration loyale de ses compagnons spirituels.

119:5.3 Sur Salvington, nous suivîmes la carrière de ce pèlerin spirituel avec un intérêt extrême, sachant parfaitement, par la présence de Gabriel, que cet ascendeur modeste et sans numéro d'ordre n'était autre que le chef effusé de notre univers local. Cette première apparition de Micaël incarné dans le rôle d'un stade d'évolution de mortel fut un évènement qui passionna et captiva tout Nébadon. Nous avions entendu parler de ces choses, mais maintenant nous pouvions les observer. Micaël apparut sur Uversa comme un mortel spirituel pleinement développé et parfaitement entrainé ; il continua sa carrière comme tel jusqu'au moment où un groupe d'ascendeurs mortels progressa jusqu'à Havona. Il eut alors un entretien avec les Anciens des Jours et prit aussitôt congé d'Uversa, en compagnie de Gabriel, d'une manière soudaine et discrète. Peu après, il apparut à sa place accoutumée sur Salvington.

119:5.4 Ce ne fut pas avant le parachèvement de cette effusion que nous commençâmes à soupçonner que Micaël allait probablement s'incarner dans la similitude de ses divers ordres de personnalités universelles, allant des plus hauts Melchizédeks jusqu'au bas de l'échelle chez les mortels de chair et de sang des mondes évolutionnaires du temps et de l'espace. Vers cette époque, les collèges Melchizédeks commencèrent à enseigner la probabilité que Micaël s'incarnerait, un jour, comme un mortel dans la chair, et l'on se mit à spéculer beaucoup sur les techniques possibles d'une effusion aussi inexplicable. Le fait que Micaël en personne ait joué le rôle d'un ascendeur mortel prêtait un intérêt nouveau et accru à tout le plan de progression des créatures sur la route qui monte à travers l'univers local et le superunivers.

119:5.5 Cependant, la technique de ces effusions successives resta un mystère. Gabriel lui-même avoue qu'il ne comprend pas la méthode par laquelle ce Fils du Paradis, créateur d'un univers, peut, à volonté, assumer la personnalité et vivre la vie d'une de ses propres créatures subordonnées.

119.6  La Sixième Effusion

119:6.1 Maintenant que tout Salvington était habitué aux préliminaires d'une effusion imminente, Micaël convoqua les hôtes de sa planète-siège et, pour la première fois, exposa le reste du plan d'incarnation ; il annonça qu'il devrait bientôt quitter Salvington en vue d'assumer la carrière d'un mortel morontiel auprès de la cour des Très Hauts Pères sur la planète-siège de la cinquième constellation. Ensuite, nous entendîmes, pour la première fois, l'annonce que sa septième et dernière effusion aurait lieu dans la similitude de la chair mortelle sur un monde évolutionnaire.

119:6.2 Avant de quitter Salvington pour sa sixième effusion, Micaël adressa une allocution aux habitants rassemblés de la sphère, et partit sous le regard de tous les assistants, accompagnés d'un séraphin solitaire et de la Radieuse Étoile du Matin de Nébadon. La direction de l'univers avait de nouveau été confiée à Emmanuel, mais les responsabilités administratives avaient été plus largement réparties.

119:6.3 Micaël apparut au siège de la cinquième constellation comme un mortel morontiel de statut ascendant dans la plénitude de ses moyens. Je regrette qu'il me soit interdit de révéler les détails de cette carrière d'un mortel morontiel non numéroté, car ce fut l'une des époques les plus extraordinaires et stupéfiantes dans l'expérience d'effusion de Micaël, sans même en excepter son séjour poignant et tragique sur Urantia. Parmi les nombreuses restrictions qui me furent imposées quand j'acceptai ma mission, l'une d'elles m'interdit de donner les détails de cette merveilleuse carrière de Micaël sous l'aspect du mortel morontiel d'Endantum.

119:6.4 Quand Micaël revint de cette effusion morontielle, il fut évident pour nous tous qu'il était devenu l'un de nos semblables, que le Souverain de l'Univers était aussi l'ami et l'aide compatissant des formes d'intelligences créées, même les plus humbles, de ses royaumes. Nous avions déjà noté auparavant qu'il acquérait progressivement le point de vue des créatures dans l'administration de l'univers, car cette assimilation était apparue graduellement ; mais elle devint plus marquée après le parachèvement de son effusion comme mortel morontiel, et encore davantage après son retour de la carrière de fils du charpentier sur Urantia.

119:6.5 Gabriel nous informa d'avance du moment où Micaël serait libéré de son effusion morontielle, et, en conséquence, nous préparâmes une réception appropriée sur Salvington. Des millions et des millions d'êtres s'étaient rassemblés des mondes-sièges des constellations de Nébadon, et la majorité des hôtes des mondes adjacents fut réunie pour lui souhaiter la bienvenue à la reprise de son règne sur son univers. En réponse à nos nombreux discours de bienvenue et marques d'appréciation pour un Souverain portant un intérêt aussi vital à ses créatures, Micaël se borna à répondre : « Je me suis simplement occupé des affaires de mon Père. Je fais simplement ce qui plaît aux Fils du Paradis qui aiment leurs créatures et cherchent ardemment à les comprendre. »

119:6.6 Mais, à partir de ce jour-là et jusqu'à l'heure où Micaël se lança dans son aventure sur Urantia en tant que Fils de l'Homme, tout Nébadon poursuivit la discussion des nombreux exploits de son Chef Souverain alors qu'il exerçait ses activités sur Endantum en tant qu'incarnation effusée d'un ascendeur mortel morontiel évolutionnaire ; il y fut en tous points éprouvé comme ses compagnons rassemblés des mondes matériels de toute la constellation où il séjournait.

119.7  La Septième et Dernière Effusion

119:7.1 Pendant des dizaines de milliers d'années, nous attendîmes tous avec impatience la septième et dernière effusion de Micaël. Gabriel nous avait appris que cette mission terminale s'effectuerait dans la similitude de la chair mortelle, mais nous ignorions complètement le moment, le lieu et le processus de cette aventure culminante.

119:7.2 L'annonce publique que Micaël avait choisi Urantia pour théâtre de son effusion finale fut faite peu après la nouvelle de la défaillance d'Adam et d'Ève. Ainsi, pendant plus de trente-cinq-mille ans, votre monde a occupé une place marquante dans les conseils de l'univers local tout entier. À part le mystère de l'incarnation, nulle étape de l'effusion sur Urantia ne comporta de secrets. Du commencement à la fin, et jusqu'au retour triomphal de Micaël sur Salvington comme Souverain Suprême de son univers, tout ce qui se passa sur votre monde infime, mais hautement honoré, reçut la publicité universelle la plus complète.

119:7.3 Jusqu'au moment de l'évènement lui-même, nous n'avions jamais su que Micaël apparaîtrait sur terre comme un bébé impuissant du royaume, mais nous avions pensé qu'il emploierait cette méthode. Auparavant, il était toujours apparu comme un individu pleinement développé du groupe de personnalités choisi pour l'effusion. Quand la télédiffusion de Salvington annonça que le petit enfant de Bethléem était né sur Urantia, cette nouvelle fit sensation.

119:7.4 Non seulement nous nous rendîmes alors compte que notre Créateur et ami franchissait l'étape la plus précaire de toute sa carrière en risquant apparemment sa position et son autorité dans cette effusion sous forme de bébé sans défense, mais nous comprîmes aussi que son expérience dans cette effusion finale sous la forme d'un être mortel l'installerait pour l'éternité sur son trône comme souverain indiscuté et suprême de l'univers de Nébadon. Pendant un tiers de siècle du temps de la Terre, tous les regards, dans toutes les parties de notre univers local, convergèrent sur Urantia. Toutes les intelligences se rendirent compte que la dernière effusion suivait son cours. Nous connaissions depuis longtemps la rébellion de Lucifer dans Satania et la désaffection de Caligastia sur Urantia ; nous comprenions donc fort bien l'intensité de la lutte qui aurait lieu quand notre chef condescendrait à s'incarner sur Urantia sous l'humble forme et la similitude de la chair mortelle.

119:7.5 Joshua ben Joseph, le bébé juif, fut conçu et naquit dans le monde exactement comme tous les autres enfants avant lui et après lui, sauf que cet enfant particulier était l'incarnation de Micaël de Nébadon, un divin Fils du Paradis et le créateur de tout cet univers local de choses et d'êtres. Ce mystère de l'incarnation de la Déité dans la forme humaine de Jésus, dont l'origine était par ailleurs naturelle sur Urantia, restera éternellement impénétré. Même dans l'éternité, vous ne connaîtrez jamais la technique et la méthode de l'incarnation du Créateur dans la forme et la similitude de ses créatures. C'est le secret de Sonarington, et ces mystères sont la propriété exclusive des Fils divins qui ont passé par l'expérience de l'effusion.

119:7.6 Certains sages de la Terre connaissaient l'arrivée imminente de Micaël. Par les contacts entre mondes, ces sages doués de clairvoyance spirituelle apprirent l'effusion prochaine de Micaël sur Urantia, et les séraphins en firent l'annonce, par l'intermédiaire des médians, à un groupe de prêtres chaldéens dont le chef était Ardnon. Ces hommes de Dieu rendirent visite à l'enfant nouveau-né. Le seul événement surnaturel associé à la naissance de Jésus fut cette annonciation à Ardnon et à ses compagnons par les séraphins qui avaient autrefois été attachés à Adam et Ève dans le premier jardin.

119:7.7 Les parents humains de Jésus étaient des gens moyens de leur époque et de leur génération, et ce Fils de Dieu incarné naquit donc d'une femme et fut élevé à la manière ordinaire des enfants de cette race et de cet âge.

119:7.8 L'histoire du séjour de Micaël sur Urantia, le récit de l'effusion humaine du Fils Créateur sur votre monde, est une affaire qui dépasse la portée et le but du présent fascicule.

119.8  Le Statut de Micaël après ses Effusions

119:8.1 Après l'effusion finale et réussie de Micaël sur Urantia, non seulement il fut accepté par les Anciens des Jours comme chef souverain de Nébadon, mais il fut aussi reconnu par le Père Universel comme dirigeant confirmé de l'univers local qu'il avait créé. Lors de son retour sur Salvington, ce Micaël, Fils de l'Homme et Fils de Dieu, fut proclamé chef permanent de Nébadon. D'Uversa vint la huitième proclamation de la souveraineté de Micaël, tandis que du Paradis arriva une déclaration conjointe du Père Universel et du Fils Éternel qui instituait cet être, union de Dieu et de l'homme, comme seul chef de l'univers, et qui ordonnait à l'Union des Jours stationné sur Salvington de signifier son intention de se retirer au Paradis. Les Fidèles des Jours sur les mondes-sièges des constellations reçurent aussi des instructions pour démissionner des conseils des Très Hauts. Mais Micaël ne voulut pas consentir que fussent retirés les Fils Trinitaires de conseil et de coopération. Il les rassembla sur Salvington et les pria personnellement de rester perpétuellement à leur poste dans Nébadon. Ils signifièrent, à leurs directeurs du Paradis, leur désir d'accéder à cette requête, et peu après furent émis les ordres de séparation d'avec le Paradis qui attachaient pour toujours ces Fils de l'univers central à la cour de Micaël de Nébadon.

119:8.2 Il avait fallu presque un milliard d'années du temps d'Urantia pour parachever la carrière d'effusion de Micaël et pour procéder à l'établissement définitif de son autorité suprême dans l'univers de sa propre création. Micaël naquit créateur, il fut éduqué comme administrateur, formé comme dirigeant, mais il lui fallut gagner sa souveraineté par expérience. C'est ainsi que votre petit monde fut connu de tout Nébadon comme le cadre où Micaël paracheva l'expérience exigée de tout Fils Créateur du Paradis avant qu'il ne reçoive la direction et le contrôle illimités de l'univers créé par lui-même. À mesure que vous vous élèverez dans l'univers local, vous en apprendrez davantage sur les idéaux des personnalités impliquées dans les effusions antérieures de Micaël.

119:8.3 En parachevant ses effusions de créature, non seulement Micaël établissait sa propre souveraineté, mais il augmentait aussi la souveraineté évoluante de Dieu le Suprême. Au cours de ces effusions, non seulement le Fils Créateur se lança dans une exploration descendante des diverses natures de la personnalité des créatures, mais il parvint aussi à révéler les volontés diversifiées des Déités du Paradis dont l'unité synthétique, telle qu'elle est révélée par les Créateurs Suprêmes, dévoile la volonté de l'Être Suprême.

119:8.4 Ces divers aspects volitifs des Déités sont éternellement personnalisés dans les natures divergentes des Sept Maitres Esprits, et chacune des effusions de Micaël était particulièrement révélatrice de l'une de ces manifestations de divinité. Dans son effusion Melchizédek, il manifesta la volonté unifiée du Père, du Fils et de l'Esprit. Dans son effusion Lanonandek, il manifesta la volonté du Père et du Fils. Dans l'effusion adamique, il révéla la volonté du Père et de l'Esprit, et, dans l'effusion séraphique, la volonté du Fils et de l'Esprit. Dans l'effusion en tant que mortel sur Uversa, il dépeignit la volonté de l'Acteur Conjoint, et, dans l'effusion de mortel morontiel, la volonté du Fils Éternel. Enfin, dans l'effusion matérielle sur Urantia, il vécut la volonté du Père Universel, précisément comme un mortel de chair et de sang.

119:8.5 Du parachèvement de ces sept effusions résulta la souveraineté suprême de Micaël et également la création de la possibilité, pour le Suprême, d'atteindre la souveraineté dans Nébadon. Dans aucune de ses effusions, Micaël ne révéla Dieu le Suprême, mais la somme de ses sept effusions est une nouvelle révélation de l'Être Suprême dans Nébadon.

119:8.6 Dans l'expérience de la descente de Dieu vers l'homme, Micaël expérimentait en même temps une ascension partant des possibilités de manifestations partielles. Il s'élevait à la suprématie de l'action finie et à la finalité de la libération de son potentiel pour des fonctions absonites. Micaël, Fils Créateur, est un créateur dans l'espace-temps, mais Micaël, Maitre Fils septuple, est membre de l'un des corps divins constituant l'Ultimité de la Trinité.

119:8.7 En faisant l'expérience de révéler les volontés des Sept Maitres Esprits issus de la Trinité, le Fils Créateur a passé par l'expérience de dévoiler la volonté du Suprême. En opérant comme révélateur de la volonté de la Suprématie, Micaël, à l'instar de tous les autres Maitres Fils, s'est identifié lui-même avec le Suprême pour l'éternité. Au cours du présent âge de l'univers, il révèle le Suprême et participe à l'actualisation de la souveraineté de la Suprématie. Par contre, dans le prochain âge de l'univers, nous croyons que Micaël collaborera avec l'Être Suprême dans la première Trinité expérientielle dans les univers de l'espace extérieur et en faveur de ces univers.

119:8.8 Urantia est le sanctuaire sentimental de tout Nébadon ; la plus importante de dix-millions de planètes habitées, la demeure humaine de Christ Micaël, souverain de tout Nébadon, ministre Melchizédek auprès des royaumes, sauveur systémique, rédempteur adamique, compagnon séraphique, associé des esprits ascendants, progresseur morontiel, Fils de l'Homme dans la similitude de la chair mortelle et Prince Planétaire d'Urantia. Et vos Écritures disent la vérité en affirmant que ce même Jésus a promis de revenir, un jour, sur le monde de son effusion terminale, le Monde de la Croix.

119:8.9 [Ce fascicule, décrivant les sept effusions de Christ Micaël, est le soixante-troisième et dernier d'une série de présentations parrainée par de nombreuses personnalités, retraçant l'histoire d'Urantia jusqu'à l'époque où Micaël apparut sur terre dans la similitude de la chair mortelle. Ces fascicules furent autorisés par une commission nébadonienne de douze membres agissant sous la direction de Mantutia Melchizédek. Nous avons rédigé ces exposés et nous les avons mis en langue anglaise par une technique permise par nos supérieurs, en l'an 1935 de l'ère chrétienne d'Urantia.]